institut des droits de l`homme des avocats européens
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institut des droits de l`homme des avocats européens
5 INSTITUT DES DROITS DE L’HOMME DES AVOCATS EUROPÉENS – ISTITUTO DEI DIRITTI DELL'UOMO DEGLI AVVOCATI EUROPEI – INSTITUT FÜR MENSCHENRECHTE DER EUROPÄISCHEN ANWÄLTE – ƊƎƓƔƊƔƐƕƔƐ ƂƎƉƒƙƑƊƎƙƎ ƅƊƋƂƊƙƍƂƔƙƎ ƔƙƎ ƆƕƒƙƑƂƊƙƎ ƅƊƋƈƄƐƒƙƎ – INSTITUDO DE DERECHOS HUMANOS DE ABOGADOS EUROPEOS – INSTITUT LIDSKÝCH PRAV EVROPSKÝCH ADVOKATU – INSTYTUT ADWOKATÓW EUROPEJSKICH NA RZECZ PRAW CZáOWIEKA – INSTITUT FOR MENNESKERETTIGHEDER AF EROPEAEISKE ADVOKATER – INSTITUTO DE DIREITOS HUMANOS DOS ADVOGADOS EUROPEUS – EUROPEAN BAR HUMAN RIGHTS INSTITUTE Les grands barreaux d'Europe pour la défense des droits de l'Homme Deux cents avocats assassinés, emprisonnés, persécutés dans le monde Rapport 2015 de l'Observatoire mondial des violations des droits de la défense et des droits des avocats dans le monde AVANT-PROPOS de Christian CHARRIERE-BOURNAZEL INTRODUCTION 2014. L’avocat entravé par Bertrand FAVREAU www.idhae.org 6 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde LES AVOCATS DU MONDE Sans l’IDHAE, nous ne prêterions pas l’attention que méritent, d’un bout à l’autre de l’univers, ces martyrs de la défense que sont nos confrères persécutés. Les avocats occidentaux ne risquent que leur réputation à l’occasion de chacune des affaires qu’ils prennent en charge. La plupart se soucient moins de leur gloire que d’obtenir au profit de ceux qui s’en sont remis à eux la justice qu’ils attendaient ou le conseil salutaire. Mais celles et ceux dont vous lirez ici les monographies ont avec courage et parfois héroïsme sacrifié leur confort, leur situation, leur liberté et parfois même leur vie pour l’honneur de défendre. Chacun de ces visages nous émeut à un double titre : il est à la fois un miroir puisque nous sommes tous avocats ; il est en même temps l’autre face de nous-mêmes, celle du proscrit que nous pourrions devenir si demain un mauvais vent soufflait sur nos démocraties. Une question se pose alors irrésistiblement : aurais-je le même courage que ceux et celles que cet ouvrage arrache à l’anonymat dans l’espoir que ses bourreaux lâchent prise ? Les missions d’observation judiciaire auxquelles les uns et les autres nous participons, missionnés par telle ONG ou telle association d’avocats, sont à chaque fois l’occasion de témoigner notre solidarité confraternelle à nos confrères persécutés et de recevoir d’eux, en échange, de sublimes leçons de courage. En décembre 2008, les représentants de plusieurs dizaines de barreaux du monde et d’organisations professionnelles nationales ou internationales avaient signé, à Paris, la « Convention des avocats du monde » aux termes de laquelle ils se sont engagés à se prêter main forte à chaque fois que les droits de la défense seraient menacés et les avocats en péril. 7 7 8 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde Nous ne nous battons pas pour nous-mêmes mais pour ceux que nous avons la mission de défendre, que leurs combats soient justes ou leurs fautes bien réelles. Mais précisément parce que les institutions judiciaires de tous les pays du monde ont le pouvoir d’écraser la personne, qu’elle ait tort ou raison, qu’elle soit fautive ou innocente, qu’elle se batte pour elle-même ou pour des valeurs supérieures, nous savons que notre mission d’avocat permet qu’elle ne soit pas broyée mais considérée dans sa dignité d’être humain. Nous devons inlassablement revendiquer l’immunité, non pas comme un privilège, mais parce qu’elle est le corollaire du droit fondamental de chaque personne d’être toujours et partout protégée par ce chevalier, l’avocat, comme on se revêt d’une armure. Nous devons au bâtonnier Bertrand Favreau d’avoir créée le 27 février 1984 le prix Ludovic Trarieux, décerné par l’Institut des droits de l’homme des avocats européens. Dans le lignage du fondateur de la Ligue des droits de l’homme, nous ne nous lasserons jamais de rappeler que nous sommes les tribuns de la Plèbe universelle et les pèlerins infatigables de l’universel chaos. Hommage soit rendu à ceux qui ont le courage d’assumer cet honneur jusqu’aux plus grands sacrifices. Ce sont nos maîtres. Christian Charrière-Bournazel 8 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde 2014. L’avocat entravé Personne n’aura la tentation funeste de faire le décompte du nombre de vies à jamais perdues, du nombre d’années de prison cumulées par chacun subies, des angoisses éprouvées chaque matin et des frayeurs endurées à chaque pas. L’avocat doit vivre au sein du monde tel qu’il est et ne saurait y échapper. D’autres professions paient un plus lourd tribut, elles ne sont pas oubliées ici. Assassinés. Si le Honduras et la Colombie conservent sans conteste, sur la durée, la tête du classement funèbre, à y regarder de plus près, c’est le Mexique mais aussi la Russie qui devraient alarmer. Certes on a tué en Argentine presque autant qu’en Colombie, on a assassiné à Panama et aux Philippines (au moins quatre tués cette année) des hommes parce qu’ils étaient des avocats. Les avocats meurent aussi au Pérou et en République dominicaine. Mais il demeure que l’on a tué cette année plus d’avocats au Mexique (12 assassinats et cinq tentatives) qu’au Honduras, qui détient le record du monde du taux de criminalité par habitants, où 81 avocats y ont été assassinés – 68 hommes – 13 femmes depuis 2010 tandis qu’une centaine d'autres ont dû fuir leur pays. C’est bien au Mexique que l’on a abattu le Secrétaire Général du Conseil national des avocats, que l’on peut s’y reprendre impunément à trois fois contre ceux qui en avaient réchappé. Il serait trop commode de n’y voir que le rôle du crime organisé. On meurt aussi pour les mêmes motifs et selon les mêmes modes en Russie sur la terre d’Europe, ou en Afrique et en Asie du Sud-Est parce qu’on est avocat. Au Pakistan, le massacre des avocats chiites se poursuit même si un examen quantitatif trop hâtif pourrait conduire à s’y tromper. S’il y a moins de morts que les années précédentes, c’est précisément parce que beaucoup déjà sont morts et que tant d’autres ont fui. Mais au-delà des attentats ciblés et des meurtres sectaires, redoublent désormais les attaques meurtrières contre les lieux de justice et les menaces contre les avocats qui défendent les accusés de blasphème. Non il ne s’agit pas d’une chronique de la criminalité ordinaire en mode corporatiste car c’est bien l’avocat et le barreau qui sont visés. Au cours de l’année, on aura ainsi abattu outre le Secrétaire Général du Conseil national des avocats au Mexique, l’ancien Secrétaire Général du Barreau de Budhana en Inde, et enlevé le président du barreau national au Sri Lanka et celui du Barreau national au Nigéria. 9 9 10 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde Dans tant de pays, c’est la terre nourricière qui est meurtrière. Elle tue les paysans, les syndicalistes mais, de plus en plus, aussi et d’abord, leurs avocats. En Colombie, au Brésil, au Honduras, au Mexique la terre tue. Sa possession ou plutôt sa dépossession, sa préservation, sa revendication exposent quotidiennement à la mort ceux qui les défendent. Cela n’est pas le monopole de l’Amérique latine latifundiaire. La menace plane sur tous continents dès lors qu’il s’agit de minorités spoliées. De Wendy Mutegi au Kenya à Gustaf Kawer en Indonésie. Emprisonnés. Si, ailleurs, la vie semble moins directement exposée, c’est alors la liberté qui en péril. Parfois comme un préalable. On survit, mais emprisonné pour de longues années. Condamné à purger des peines à deux chiffres, en Iran déjà si souvent cité, qui a condamné cette année un cinquième membre du Centre des défenseurs des droits de l’Homme dont tous les fondateurs ont déjà depuis 2012, entendu prononcer contre eux un total de 50 années de prison. Condamnés aussi en Arabie saoudite où Walid Abu al-Khair est pour quinze années sous les verrous pour « manque de respect envers les autorités », tandis que trois de ses confrères sont pour cinq et huit ans derrière les barreaux pour des tweets jugés « offensants » pour le monarque. Là encore, il ne saurait s’agir trop naïvement de particularités répressives d’un Orient compliqué à la justice opaque. Ailleurs, encore, des peines plus lourdes ont été prononcées aux portes de l’Europe : Shukhrat Kudratov, neuf ans d’enfermement dans une prison à sécurité maximale au Tadjikistan, à l’instar de Bakhtiyar Mammadov, huit ans de prison en Azerbaïdjan et de Vadim Kuramshin, douze ans de privation de liberté au Kazakhstan. Et s’il devait y avoir un palmarès cynique, il lui faudrait une palme qui reviendrait, en 2014, au Cameroun avec vingt-cinq années de prison de Lydienne Yen Eyoum, pour un différend sur des honoraires perçus de son client sur fond de règlement de comptes avec l’ancienne équipe gouvernementale déchue. La démesure en apparaît telle que la Chine ou le Vietnam pourraient comparativement faire figure - à tort - de pays de modération parce que Ding Jiaxi et Xu Zhiyong ou Lê Quoc Quân s’y seraient vus infliger des peines de moins de cinq ans. Impression trompeuse puisque l’année 2014 a marqué une répression accrue envers les avocats et que l’on redoute le pire pour ceux d’entre eux qui attendent leur jugement: Pu Zhiqiang, Qu Zhenhong, Tang Jingling, Xia Lin, Yu Wenshang, Chang Boyang et Ji Laisong. Est-ce véritablement d’ailleurs la longueur de la peine qui doit interpeller ? Partout, la succession de courtes peines récurrentes intervient pour casser la mission de l’avocat, jusqu’à des travaux d’intérêt général pour le simple bénéfice de la sanction qui va obliger l’avocat trop ardent à devoir se retirer de la défense de son client. (Azerbaïdjan). On dissuade, on entrave, on menace… 10 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde Menacés, ils le sont pour certains comme s’ils étaient des condamnés en sursis, ou victimes de souffrances d’apparence plus vénielle, qui pourraient paraître plus supportable. Mais les violences physiques, peuvent aller jusqu’à l’internement de force dans un hôpital psychiatrique comme au Kazakhstan. En Chine, quatre avocats pour avoir voulu rendre visite à des clients dans une « prison noire » ont été détenu pour quinze jours: ils en sont ressortis avec des vertèbres cassées, des côtes brisées etc. selon leur recours enregistré par les Nations unies. Assassinés, emprisonnés, persécutés, ils sont trop souvent oubliés aussi. Passé l’instant d’émotion, trop d’appels convenus, de soutiens déclarés, se transforment en impunité assurée, trop de disparus et de détenus finissent dans l’indifférence au fond d’une geôle où parfois pire dans une absence de sépulture. Chaque année leur nom doit être répété, leur cas doit être évoqué, parce que, pour eux, rien n’a changé et que leur bourreau sait que l’oubli des autres est le meilleur garant de son impunité. Nul ne peut dire avec certitude, aujourd’hui, qui détient les disparus d’hier. Personne ne sait qui sont les geôliers de Khalil Maatouk Roshdy El Sheikh Rasheed, Abdullah Khalil, ou Razan Zeitouneh. On sait seulement que ce ne sont pas les mêmes. Force gouvernementale ou rébellion sans visage ? Mais chacun est fondé à penser que leur sort est peut-être pire à certains égards que celui des assassinés. Le destin de tout prisonnier syrien, selon Anouar Bounni, n’est que « la mort lente » ou « la mort en silence ». Une fois encore, en 2014, la crainte s’est faite certitude en ce qui concerne Maen alGhoneimi. Il a d’abord disparu, puis on a convoqué sa famille pour lui restituer son cadavre. On le bride, on l’intimide, on l’entrave. Une lente dérive se met en place. Dans les sociétés de culture judiciaire récente, certes la norme est édictée et en apparence respectée. Mais toute une logique se met en place pour parvenir à l’éradication de la défense. Elle s’illustre de toute une gamme de modalités subtiles que l’on ne saurait tenter énumérer tant est vaste l’imagination qui les conçoit. On bride l’avocat, on l’intimide, on l’entrave. On empêche les entretiens, la communication, les visites, on surveille, on écoute, on enregistre les échanges avec son client (Thaïlande, Bahreïn et tant d’autres pays toutes latitudes confondues). On fouille, on perquisitionne, on saisit. A peine le procès ouvert, on impose à un avocat le sens de sa plaidoirie, son argumentation et ses moyens, jusqu’au droit d’invoquer l’innocence de son client (Chine). On l’évacue manu militari de l’audience au cours de ses explications, si le discours ne semble pas « convenir » (Chine, Swaziland). En cours de procédure, on l’entend comme témoin à propos de tel ou tel fait de l’affaire pour lui faire abandonner la défense de son client (Azerbaïdjan, Moldavie). 11 11 12 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde D’une façon générale on le stigmatise, on l’expose, on le met en danger. Les demandes de protection sont refusées ou accordées avec parcimonie à titre provisoire, et le plus souvent demeurent sans réponse, de la part des Etats euxmêmes. Seul demeure l’appel aux instances internationales, dans les régions où il en existe. Tant de crimes, tant de menaces contre les avocats menaces, font l’objet d’autant de plaintes, de déclarations, de dénonciations. Mais elles sont rarement suivies d’enquêtes effectives, et presque jamais de poursuites. Mais il est des raffinements plus subtils pour entraver la défense. On discrédite l’avocat, on le diffame par la puissance de diffusion de moyens d’État (Swaziland, Mexique). On criminalise son discours et le bien fondé même de son droit à rémunération (Russie, Cameroun). Plus radicalement, on l’empêche d’intervenir, on suspend, on supprime son droit d’exercer la profession parce qu’il a obtenu à deux reprises l’acquittement de son client devant un tribunal (Kazakhstan). Obligés de satisfaire, sans doute à contrecœur, aux obligations des normes internationales qui fixent le cadre intangible d’un système judiciaire, les Etats certes s’y conforment, toujours avec leur marge d’appréciation. Beaucoup se donnent le confort de l’apparence. Les textes sont ratifiés, transposés, promulgués. Dans chacun de ces pays, l’avocat existe, il est présent au procès mais empêché d’assurer une défense libre et effective. Dans le cérémonial judiciaire, le défenseur en vient à être réifié tel un accessoire obligé du rituel procédural. Il en vient à n’être plus qu’un LPmeuble par destination des prétoires. Il n’est plus membre du Barreau que comme la barre qui lui donne son nom. Cette tentation existe dans tous les pays envers les avocats qui veulent assurer une défense effective de leurs clients. Plus que jamais, l’arme absolue pour éliminer un avocat, avant, pendant ou après un procès sensible, demeure d’en faire un criminel de droit commun pour faire taire tous les appels, tous les soutiens, toutes les indignations. Le prisonnier politique n’existerait plus sinon ça et là par une maladresse grossière de quelque gouvernement. Il n’existerait pas de prisonnier de conscience en Azerbaïdjan, au Kazakhstan, en Russie, au Vietnam, en Arabie saoudite ou ailleurs. Toute activité ou litige impliquant un quelconque aspect financier n’y peut relever que de l’extorsion, de la corruption, de la fraude aggravée, ou d’autres types de détournement, en vertu d’une qualification intuitu personae qui s’applique aux avocats trop actifs dans la défense des droits de l’homme. Double avantage pour l’autorité de poursuite : les peines encourues peuvent être beaucoup plus lourdes, l’opinion internationale reste muette. 12 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde Un avocat exposé chaque jour à des menaces pour sa sécurité et sa liberté personnelles à cause de la défense de son client, qui voit ses échanges avec son client détenu détournés pour l’incriminer à son tour, dont on suspecte la rémunération légitime, est un avocat entravé. Entravé, mais aussi de surcroît radié parfois. La fine fleur du Barreau iranien et chinois, est empêchée pour de longues années ou à jamais d’exercer sa profession. A Téhéran, à Pékin mais aussi en Arabie Saoudite, au Kazakhstan, en Azerbaïdjan, au Burundi, en Chine, ou au Vietnam, et pour le même motif : leur activisme en faveur des droits de l‘homme. Le sort de ceux dont la licence a été suspendue n’est sans doute qu’un sursis. Sursis encore pour ceux que l’on maintient sous la menace : Sardar Mushtaq Gill au Pakistan ou Nena Santos en Asie du Sud-Est jusqu’aux portes de l’Europe comme Ramazan Demir en Turquie. Tout cela, pourrait-on rétorquer, ne concerne qu’une minorité d’avocats (qui d’ailleurs ne sont pas les seules victimes). Sur les 30.000 avocats que compte l’Iran, à peine une centaine accepte de plaider des affaires sensibles liées à la répression politique. En Chine, les avocats engagés dans la défense des droits de l’homme ne sont que quelques dizaines, dont les plus actifs ont déjà été radiés du Barreau. En Azerbaïdjan au Tadjikistan, au Kazakhstan ou en Biélorussie, les doigts d’une main suffisent à compter les avocats qui acceptent de défendre des militants de l’opposition, les minorités ethniques ou les groupes victimes de discriminations. Ce sont précisément ceux-là qui sont assassinés, emprisonnés, persécutés. La question est bien là. « L’avocat est son client » On a trop longtemps cru qu’il suffisait de proclamer ce principe cardinal, condition première de la possibilité d’exercer la mission, selon lequel on ne saurait en aucun cas « assimiler les avocats à leurs clients ou à la cause de leurs clients », à peine d’anéantir tout à la fois le droit à un procès équitable, les droits de la défense et autres règles élémentaires de toute société démocratique. Ce sont ceux qui constituent, dans beaucoup de pays, le seul rempart contre l’arbitraire des répressions, des violations, des discriminations. Cette minorité d’avocat défend principalement les minorités là où elles ne sont pas respectées. Devrait-il être inacceptable au inconcevable qu’un avocat chiite défende plus naturellement des Chiites, qu’un avocat ouzbek défende des Ouzbeks, qu’un avocat kurde défende les Kurdes ou un palestinien des Palestiniens ? N’est-il pas normal de défendre les Papous en Indonésie, la minorité apatride des Rohingyas en Birmanie ? A-t-on le droit de défendre les militants LGBT en Russie, sans être soi-même, victime de violence après l’audience ? Faut-il pour cela nécessairement devoir y exposer sa vie, sa liberté ou sa sécurité ? 13 13 14 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde Le mal est et demeure enkysté. Aux yeux de trop de gouvernement, d’administration, de groupes, c’est le rôle de l’avocat qui est en cause. L’avocat est une cible parce qu’il défend une cause ou un client. L’avocat est assimilé à la cause, à son client. L’avocat n’assiste pas son client. Il ne le défend pas. Dans le regard de ses ennemis, l’avocat est son client. C’est assurément un des principes de base relatifs au rôle du Barreau qui veut que les avocats aient « une conduite conforme à la loi ». Cela est devenu un argument inlassablement répété. Il l’est d’autant plus utilement que personne n’entend soutenir que l’avocat serait un avocat sans loi. Cette loi est parfois idiomatique, toujours plurielle et toujours recommencée en ce qui concerne le champ d’activité des avocats. Depuis le mois de novembre, en Chine, le chef de l’État ne cesse de répéter que son seul souci de « gouverner par la loi ». Toute la question relève de la conformité et de la qualité de la loi. L’incontestable justification de la nécessité de lutter contre le terrorisme ne peut être éludée. Elle ne peut obéir à aucune réfutation ou à aucune réserve. Elle laisse sans argument. Les Etats le savent. La menace est internationale mais la réponse judiciaire est le plus souvent nationale. Le curseur peut être modifié à volonté : dans la désignation du groupe terroriste, dans le nombre, et plus encore, dans l’amplitude des suspensions ou suppressions de libertés ou des mesures d’exception dans chaque pays. La question est ancienne, voire éternelle. Dans le domaine judiciaire elle pourrait se poser ainsi : jusqu’à quel degré de mesures d’exception, de suspension des libertés fondamentales, de limitation des droits de la défense, d’obstacles aux relations entre un avocat et son client détenu, peut-on aller avant d’en être revenu à des pratiques que l’on croyait révolues ? Certains sont aujourd’hui en prison uniquement parce qu’ils sont ou ont été les avocats de guérilleros des FARC, de militants palestiniens du Hamas, de militants de l’ETA. Ils ont rempli auprès d’eux le rôle d’assistance et de conseil qui doit être celui d’un avocat. Le pouvaient-ils, le devaient-ils ? Cela revient à poser une question complémentaire qui est une autre question : ces militants, fussent-ils des criminels, devaient-ils ou non être défendus ? Tous les moyens sont-ils justifiables pour entraver, dans certains cas, cette défense ou les contraindre à quitter leur mission d’avocat ? Face à ces lois justifiées par la lutte antiterroriste, on sait que même les pays où les droits de la défense semblaient le mieux enracinés s’interrogent. Certains vacillent… Aucun n’est épargné. 14 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde S’il est un point commun à l’ensemble de dispositions, tous pays confondus, c’est qu’elles font des droits de la défense et des avocats, les premiers menacés. Elles induisent un phénomène subtil d’érosion des droits fondamentaux semblable au processus naturel de l’érosion des berges dans lequel la perte progressive de matériau abouti à un recul du trait de côte. Ici la perte de substance peut aboutir à faire reculer, non pas le trait de côte, mais le seuil minimal de libertés intangibles. On sait que le processus finit toujours par entraîner des glissements ou des écroulements. La loi de la falaise est sans appel. Au terme de ce mouvement, les constructions les plus anciennes, les édifices d’apparence immuables, qui y trouvaient leur assise, sapés dans leurs fondements s’y ensevelissent. Comment ne pas se remémorer, qu’en France, en des temps où une vague d’attentats terroristes avait stupéfié l’opinion et fait de nombreux morts, Léon Blum, alors jeune auditeur au Conseil d’Etat, n’avait pas hésité à prendre la plume pour dénoncer les graves dangers de ces lois d’exception hâtives, redondantes, dictées par l’émotion et l’indignation légitimes, mais aussi par la peur, que suscitent la mort d’innocents. Elle stigmatisait alors les « lois excessives et barbares » qui « blessent l'humanité » et qui ont « pour résultat de mettre en péril les libertés élémentaires de tous les citoyens »1. La lutte contre le terrorisme pour sauver des vies humaines peut-il conduire à tout accepter ? Certainement pas de blesser l’humanité et de mettre en péril les libertés élémentaires. Ils existent pour et par ceux qui les réclament Certes, ce n’est pas à l’Occident orgueilleux de donner d’arrogantes leçons au monde. Il y a longtemps qu’il n’en donne plus, il en reçoit. Aujourd’hui les droits de l’homme ne s’apprécient pas à l’aune de leur déclaration ou de leur proclamation. Ils n’appartiennent pas à ceux qui les proclament (ou les descendants de ceux qui les ont proclamés), mais à ceux qui les réclament parce qu’ils souffrent de leur absence, de leur insuffisance ou de leur violation. Les droits de l’homme se sont ressourcés pour retrouver leur message originel d’aspiration à l’universel dans la quête exprimée par les victimes qui y aspirent. Elles les revendiquent, jusqu’au sacrifice pour en jouir, non pas pour ellesmêmes, mais pour tous les autres. En 2014, plus que jamais ils ont été célébrés, invoqués et réclamés dans certains pays tandis que d’autres, qui n’était pas forcément très loin des nôtres, les trouvaient surannés, dépassés, laxistes et dangereux. En Chine, en Iran en Syrie, en Égypte, en Papouasie ou au Kazakhstan, ceux qui luttent, immuablement fiers de leur culture, ont une claire conscience de ce que les droits de l’homme sont les seules armes dont ils disposent. C’est la seule arme qu’ils brandissent de leur main nue même si parfois, c’est le poing fermé. 1 La Revue Blancheǡͳͷͳͺͻͺ 15 15 16 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde En Chine, en février 2014, Chen Guangcheng s’exclamait encore : « Nous ne cesserons jamais ce combat tant que la Chine n’est pas un pays libre et démocratique qui respecte les Droits de l’Homme ». Au Pakistan, Sardar Mushtag Gill, qui risque chaque jour d’être abattu en raison de son combat contre la loi sur le blasphème, ne reculait pas : « Ces menaces ne nous réduirons pas au silence et ne nous empêcherons pas de continuer notre combat pour les droits de l’homme ». Comme en Egypte, en Turquie, au Soudan, au Brésil, lutter pour la liberté d’opinion, la liberté de manifestation, contre toutes les doctrines, croyances, religions qui voudraient les limiter, les juguler ou les supprimer, est partout le premier devoir de l’avocat. De tous les avocats que l’on peut croiser au gré des pages de cet ouvrage, le message est unique. Il est universel au-delà de leur pays, de leur culture ou de leur religion parce qu’ils ont choisi de trouver le salut dans le combat pour l’universalisme. Alors qu’ils sont toujours menacés et souvent condamnés, voici qu’aujourd’hui on les insulte. En Chine, les sept plus courageux défenseurs des droits de l’homme ont été traités officiellement « d’imposteurs », de délinquants, de fauteurs de troubles menant un combat « vide de toute portée ». Un juge de la Haute Cour du Swaziland a cru pouvoir traiter dans un arrêt de « honte pour la profession judiciaire » un avocat qu’il condamnait. Au Mexique, c’est le Secrétariat de la Marine qui a traité ceux qui défendent les familles des 43 disparus du collège d’Ayotzinapa de « dangereux pour la gouvernance » du pays, de « manipulateurs » qui « recherchent des avantages pour elles-mêmes afin d’atteindre leur propre objectifs ». Nouvelle persécution, ultime outrage, en vérité, car ces avocats n’ont pas renié leur serment, ni perdu leur âme. En leur qualité d’avocat, ils ont illustré la formule d’Aristote selon laquelle « Le courage est la première des qualités humaines car elle garantit toutes les autres. » En cela, ils ont tous fait preuve d’une qualité qui fait défaut à tant d’autres. Comme l’écrit par ailleurs Christian CHARRIERE-BOURNAZEL, ils sont « nos maîtres ». Ces « maîtres », ce sont aussi ces avocats radiés en Chine, en Iran, en Syrie, en Turquie, en Azerbaïdjan, au Kirghizistan, ou ailleurs. Etre avocat c’est un état d’esprit. Il n’est pas besoin d’habilitation, de certificat, de licence, que nul dès lors ne saurait jamais leur retirer. Nous ne saurions avoir d’autres modèles à suivre et d’autres références à citer. À respecter. Bertrand Favreau 16 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde 2015 Deux cents avocats persécutés dans le monde Une Chronologie Janvier CHINE – 5 janvier 2014 : Liu Shihui arrêté au commissariat de police de Dadongjie à Guangzhou après avoir soutenu une plainte contre la police en faveur du défenseur des droits de l’homme Chen Jianfang. ESPAGNE – 8 janvier 2014 : Arantza Zulueta, José Campo et Jon Enparantza, arrêtés pour leurs liens avec les prisonniers membres de l’ETA et placés à l’isolement. HONDURAS – 17 janvier 2014 : Oswaldo Luján abattu au sortir de son cabinet. CHINE – 25 janvier 2014 : Xu Zhiyong condamné à quatre années de prison. Son avocat, Zhang Qingfang, emmené par la police tout de suite après le verdict pour l’empêcher de parler à la presse. MEXIQUE – 28 janvier 2014 : Pedro Garcia assassiné dans son bureau à Guadalupe dans l’État de Zacatecas. BURUNDI – 28 janvier 2014 : Isidore Rufyikiri, Bâtonnier de l'Ordre des avocats du Burundi, radié de l'Ordre des avocats par la Cour d’appel. PANAMA – 30 janvier 2014 : Gabriel Echeverri assassiné à Chiriquí. SYRIE – 31 janvier 2014 : Disparition forcée de Roshdy El Sheikh Rasheed, VicePrésident de l'Arab Organization for Human Rights – AOHR. Février MEXIQUE – 5 février 2014 : Javier Samano Bazúa, abattu près de son cabinet à Mazatlan. ISRAËL/PALESTINE – 6 février 2014 : Muhammad Abed, un avocat israélien et trois collègues palestiniens Fares Abu Hassan, à la tête de la Fondation Solidarité pour les droits de l’Homme à Naplouse (SFHR) Ahmad Bitawi, et Oussama Makbul ont été arrêtés pour avoir transmis des messages du Hamas à des détenus emprisonnés en Israel. RUSSIE – 6 février 2014 : Menaces contre Dmitry Egoshin lors d'une séance d'identification de l’agresseur de son client. PAKISTAN – 9 février 2014 : Rana Abdul, l’avocat de la famille du ministre des minorités assassiné. Shahbaz Bhatti, menacé de mort par les extrémistes. RDC – 12 février 2014 : Actes d'intimidation à l'encontre de Didier Kalemba avocat de l'Association Congolaise pour l'Accès à la Justice (ACAJ). 17 17 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde 18 COLOMBIE – 13 février 2014 : Ulfrán Manuel López Rangel tué de plusieurs blessures par balles près du village de Mandinguilla. CHINE – 14 février 2014 : Wang Cheng interrogé par la police de Hangzhou sur des soupçons d’« incitation à la subversion ». SYRIE – 17 février 2014 : Jihan Amin, collaboratrice du Centre de recherches juridiques, Khalil Matouk et sa fille, arrêtés par des membres des forces de sécurité. PHILIPPINES – 18 février 2014 : Noel D. Archival, le spécialiste des affaires médiatiques assassiné à Dalaguete, dans l’île de Cebu. VIETNAM – 18 février 2014 : La condamnation de Lê Quoc Quân a été confirmée en appel. PANAMA – 22 février 2014 : César Guardia assassiné à La Chorrera. INDE – 23 février 2014 : RK Asha, avocat et militant de Thrissur, maltraité et agressé par des policiers. TURQUIE – 24 février 2014 : Ümit Kocasakal, Bâtonnier du Barreau d’Istanbul, et des membres de son Conseil de l’Ordre, traduits devant la Cour pénale à Silivri. ARABIE SAOUDITE – 24 février 2014 : Confirmation de la peine de prison de Walid Abu al-Khair en appel. PHILIPPINES – 24 février 2014 : Bartolome Rayco et Madonna Escio, défenseurs des consommateurs d'énergie à Bicol, victimes de violences et d’arrestations illégales. RUSSIE – 28 février 2014 : Arrestation de Taisiya Baskayeva. Mars IRAK – 2 mars 2014 : Marwan Abdel Moneim assassiné à al-Arkebah au nord-est de Bakouba. PAKISTAN – 3 mars 2014 : Rao Abdul Rashid, Tanveer Ahmed Shah et Fizza Malik, tués lors d’une attaque contre le Palais de justice de Islamabad. ISRAËL/PALESTINE – 6 mars 2014 : Amjad Safadi, Nadim Ghrayeb, Mahmoud Abu Sneineh, Mehdat et Shirin Issawi, arrêtés par la police des forces israéliennes à Jérusalem-Est. TADJIKISTAN – 7 mars 2014 : Fakhriddin Zokirov arrêté. HONDURAS – 8 mars 2014 : Marlen Cruz Licona, l’avocate des campesinos, arrêtée et traduite devant le Tribunal de San Pedro Sula. MEXIQUE – 10 mars 2014 : Leonel Rivero Rodríguez et Augusto César Sandino Rivero Espinosa, victimes de harcèlement et d’actes d’intimidation. ALGÈRIE – 11 mars 2014 : Mohcine Amara, arrêté à son domicile pour « injures » contre la personne du Bâtonnier. SOUDAN – 12 mars 2014 : Abdelaziz Eltoum Ibrahim et Abdelmoniem Adam Mohamed, arrêtés par le Service national de la sûreté et du renseignement. ISRAËL/PALESTINE – 6 mars 2014 : Medhat Issawi arrêté par la police des forces israéliennes à Jérusalem-Est. HONDURAS – 14 mars 2014 : Lenin Adolfo Castañeda, assassiné à Iriona. HONDURAS – 14 mars 2014 : José Nicolás Bernárdez, assassiné à San Pedro Sula. SWAZILAND – 18 mars 2014 : Thulani Maseko, emprisonné pour avoir exprimé son opinion par le biais d’articles de presse. SOUDAN – 18 mars 2014 : Al Radi Ali Ibrahim, arrêté à Souq Arabi après la visite de l'Union des étudiants du Darfour dans les bureaux de l’Association des Avocats du Darfour (DBA). CHINE – 21 mars 2014 : Jiang Tianyong, Tang Jitian, Wang Cheng et Zhang Junjie arrêtés. Li Jinxing, connu comme Wu Lei, Zhang Lei, Hu Guiyun et Jiang Yuanmin, en grève de la faim. 18 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde HONDURAS – 24 mars 2014 : l'épouse de José Armando Martinez Motiño abattue à son tour, trois mois et 20 jours après son mari dans le quartier Hato de Enmedio. PHILIPPINES – 24 mars 2014 : Menaces et harcèlement contre Catherine DannugSalucon. ISRAËL/PALESTINE – 26 mars 2014 : Amro Iskafi arrêté lors d’une convocation au centre d'interrogatoire de la prison de Moskobiyyeh. KAZAKHSTAN – 26 mars 2014 : La Cour suprême confirme la radiation de Polina Zhukova. ÉQUATEUR – 26 mars 2014 : Menaces de mort contre Juan Pablo Saenz, l'avocat des villageois qui poursuivent Chevron pour sa pollution toxique en Amazonie. SYRIE – 26 mars 2014 : Maen al-Ghoneimi avait été arrêté en 2013 : la police apprend à sa famille qu’il est mort en prison. NIGERIA – 27 mars 2014 : Horrace Egbon Dafiogho et Sam Ekwajor tués à Delta. CHINE – 28 mars 2014 : Li Jinglin empêché de rencontrer la militante Ge Zhihui. Avril PÉROU – 2 avril 2014 : Milagros Aponte Roque abattue de sept balles devant la porte de son cabinet, à Casma (Ancash). PAKISTAN – 2 avril 2014 : Menaces et intimidations à l’encontre de Sardar Mushtaq Gill menacé de perdre sa licence d’avocat. HONDURAS – 6 avril 2014 : Roberto Cruz Nieto abattu sur le Boulevard Morazán à Tegucigalpa. CHINE – 8 avril 2014 : Arrestation de Wang Quanping pour « création de troubles ». CHINE – 9 avril 2014 : Cheng Hai et les avocats de Ding Jiaxi se retirent de l’audience pour protester contre les violations de la procédure par le Tribunal. AUSTRALIE – 10 avril 2014 : Roberto Garreton, avocat chilien spécialisé dans les droits de l'Homme, interdit de territoire par le gouvernement nauruan. PAKISTAN – 10 avril 2014 : Waqar ul Hassan Shah, assassiné à Karachi. PAKISTAN – 11 avril 2014 : Sardar Ameer Khan, tué devant l’entrée du Tribunal de Rawalpindi. PAKISTAN – 12 avril 2014 : Ghulam Haider assassiné rue Martin dans la ville de Karachi à Jamshed. CHINE – 14 avril 2014 : Tang Jitian, Wang Cheng et Jiang Tianyong ont recouvré la liberté après quinze jours de détention administrative à Jiansanjiang. ARABIE SAOUDITE – 15 avril 2014 : Walid Abu al-Khair, arrêté à l’audience alors qu’il était jugé pour insulte aux autorités. BANGLADESH – 16 avril 2014 : Enlèvement du mari de Rizwana Hasan, directeur exécutif de l'Association des avocats du Bangladesh spécialisés en droit de l’environnement (BELA). CHINE – 18 avril 2014 : Ding Jiaxi condamné à 3 ans et demi de prison pour « rassemblement illégal ». CHINE – 23 avril 2014 : La police empêche Mo Shaoping de rencontrer le vicechancelier allemand. RÉPUBLIQUE DOMINICAINE – 24 avril 2014 : Amancio Herrera Turbí assassiné à Santiago. COLOMBIE – 29 avril 2014 : Menaces contre Leonardo Jaimes Marín, avocat des prisonniers politiques et victimes d'exécution extrajudiciaires et membre de la Fondation Comité de Solidarité avec les Prisonniers Politiques (FCSPP). MEXIQUE – 30 avril 2014 : Francisco Javier Estrada Sanchez blessé dans un attentat avec des armes de 9 mm. 19 19 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde 20 Mai PAKISTAN – 3 mai 2014 : Mohammad Idris et son chauffeur Noman Shah ont été tués dans Orangi ville de Karachi. TRINIDAD ET TOBAGO – 4 mai 2014 : Dana Saroop Seetahal, assassinée près de Port of Spain. CHINE – 6 mai 2014 : Pu Zhiqiang, incarcéré après une demande d’enquête au sujet de l’écrasement des manifestations de la place Tian’anmen en 1989. ISRAËL – 6 mars 2014 : Amjad al-Safadi, mort après 42 jours de torture. PAKISTAN – 7 mai 2014 : Rashid Rehman abattu dans son bureau de Multan parce qu’il défendait un professeur d'université accusé de blasphème. PÉROU – 8 mai 2014 : Juan Francisco Torres Carmen, avocat de la municipalité provinciale de Trujillo, abattu de huit balles. ISRAËL – 8 mai 2014 : Shirin Isssawi entame une grève de la faim. CHINE – 9 mai 2014 : Ma Gangquan et Ding Xikui, empêchés de s’entretenir avec leur cliente l’écrivaine Liu Di. PAKISTAN – 13 mai 2014 : 68 avocats inculpés de « blasphème » après une manifestation contre la détention arbitraire d’un de leurs confrères. CHINE – 15 mai 2014 : Qu Zhenhong, la nièce de Pu Zhiqiang, qui assurait la défense de son oncle, à son tour placée en détention pour avoir « illégalement obtenu des informations personnelles ». CHINE – 16 mai 2014 : Tang Jingling, arrêté pour « incitation au désordre et trouble à l’ordre public », dans la province du Guangdong. ARGENTINE – 19 mai 2014 : Francisco Sirera assassiné à Trinidad. INDE – 19 mai 2014 : Sanjiv Malik, ancien Secrétaire Général du Barreau de Budhana abattu à Muzaffarnagar, dans l'État de l'Uttar Pradesh. RUSSIE – 19 mai 2014 : Georgy Antonov, interrogé en tant que témoin dans l’affaire de son client et poursuivi pénalement pour le contraindre à abandonner la défense de ses clients. RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO – 19 mai 2014 : L’ancien Bâtonnier de Ntoto Aley Angu Damase, suspendu et frappé d’inéligibilité de cinq ans au poste de Bâtonnier national pendant la campagne électorale. MEXIQUE – 21 mai 2014 : Juan Pablo García Murgía abattu dans son bureau à Acapulco. EGYPTE – 22 mai 2014 : Mohamed Ramadan et Mohamed Hafez arrêtés. HONDURAS – 25 mai 2014 : Rosalío Morales Carrillo criblé de 39 balles sur la route de Tegucigalpa à Comayagua. ARGENTINE – 26 mai 2014 : Daniel Juan Berdugo assassiné à San Fernando. MEXIQUE – 26 mai 2014 : Salvador Urbina Quiroz et Cesar Cordero Gutiérrez, assassinés dans leur bureau à Ciudad Juárez, Chihuahua. CHINE – 26 mai 2014 : Liu Shihui, libéré et renvoyé de force dans sa ville en Mongolie Intérieure par des officiers chargés de la sécurité de l'État. CHINE – 26 mai 2014 : Ji Laisong, arrêté à Zhengzhou pour « rassemblement public troublant l'ordre public ». CHINE – 27 mai 2014 : Chang Boyang arrêté à son tour dans la province du Hebab pour « rassemblement public troublant l'ordre public ». ÉMIRATS ARABES UNIS – 29 mai 2014 : Victoria Meads bannie du territoire à vie. IRAN – 31 mai 2014 : Hadi Esmaeilzadeh condamné à quatre ans de prison et deux ans d’interdiction d’exercice professionnel pour propagande contre l’État. 20 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde Juin COLOMBIE – 3 juin 2014 : Jeison Paba Reyes menacé de mort. ROYAUME-UNI – 6 juin 2014 : Menaces de mort contre Phil Shiner, auteur de poursuites contre les soldats britanniques pour crimes de guerre présumés en Irak. RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO – 9 juin 2014 : Menaces disciplinaires contre Muyambo Kyassa, John Kabeya, Jean Ngindu, Deplhin Konde, Musiku Nsiku, Kiboko et Georges Kapiamba par l'Ordre des Barreaux de Lubumbashi. PARAGUAY – 9 juin 2014 : Assassinat de l’avocat et journaliste Edgar Pantaleón Fernández Fleitas, dans les locaux de son cabinet à Concepción. IRAK – 10 juin 2014 : Uda Taha Kurdi, arrêté à la Cour centrale de Bagdad et mort en détention. INDE – 13 juin 2014 : Laimayum Sevananda Sharma, victime de violences. MEXIQUE – 20 juin 2014 : Efrain Ramirez Herrera assassiné devant sa maison à Garcia Gineres. CHINE – 21 juin 2014 : Arrestation de Tang Jingling sous l'accusation d’« incitation à la subversion contre l’autorité de l'État ». COLOMBIE – 21 juin 2014 : Luis Evelio Londoño tué par balles à l'est de Cali alors qu’il voyageait dans un taxi. PARAGUAY – 24 juin 2014 : Edgar Pantaleón Fernández Fleitas assassiné à Concepcion. LIBYE – 25 juin 2014 : Salwa Bouguiguis assassinée chez elle à Benghazi. CHINE – 30 juin 2014 : Retrait de licence pour Jiang Tianyong, Tang Jitian, Wang Cheng, Liu Wei, Tang Jingling, Teng Biao, et Zheng Enchong traités « d’imposteurs ». Juillet NIGERIA – 3 juillet 2014 : Olakunle Fadipe, ancien membre de la Commission nationale des droits de l’homme, assassiné à Lagos. CHINE – 3 juillet 2014 : Tang Tianhao de Chongqing empêché de rencontrer son client. PANAMA – 4 juillet 2014 : Alfonso Montoya Rodríguez assassiné à Condado del Rey. ARABIE SAOUDITE – 6 juillet 2014 : Walid Abu al-Khair condamné à 15 ans de prison, à autant d'années d'interdiction de voyage et à 200.000 riyals (54.000 dollars environ) « d'amende » pour insulte aux autorités. CHINE – 10 juillet 2014 : Retrait de la licence professionnelle de l’avocat Wang Quanping. BRESIL – 12 juillet 2014 : Eloisa Samy arrêtée lors de manifestations violemment réprimées par la police à Rio de Janeiro. SRI LANKA – 15 juillet 2014 : Tentatives d’intimidations contre Upul Jayasuriya, Président de l’association du Barreau du Sri Lanka. CHINE – 18 juillet 2014 : La Cour populaire intermédiaire n°1 de Pékin confirme la peine de Ding Jiaxi à 3 ans et demi de prison. ETATS-UNIS – 19 juillet 2014 : Chaumtoli Huq, avocate musulmane, arrêtée alors qu’elle attendait sa famille devant un restaurant à Times Square. CHINE – 21 juillet 2014 : Chang Weiping, convoqué par la police après avoir réclamé de s’entretenir avec ses clients. RUSSIE – 21 juillet 2014 : Harcèlement de Ivan Pavlov, chef des avocats de l'Institut pour Institute for Freedom of Information Development Foundation. TADJIKISTAN – 21 juillet 2014 : Shukhrat Kudratov placé en détention préventive. MEXIQUE – 22 juillet 2014 : Alberto Rodriguez Sosa, tué de deux balles à Salina Cruz, État d'Oaxaca. 21 21 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde 22 PAKISTAN – 23 juillet 2014 : Moubarak Raza Kazmi assassiné à Karachi. SWAZILAND – 25 juillet 2014 : Thulani Maseko condamné à deux ans de prison. TUNISIE – 25 juillet 2014 : Zoubeir Louhichi dépose plainte contre un imam qui lance des appels au meurtre contre l’UGTT. Le Procureur ne fait rien et c’est l’avocat que l’on poursuit. HONDURAS – 26 juillet 2014 : Juan Osorio Eliseo Aguiriano assassiné à Choloma. MEXIQUE – 29 juillet 2014 : Luis Alberto Arias de la Cruz, échappe à un attentat sur le Paseo Tabasco à Villahermosa. CHINE – 30 juillet 2014 : Li Jinxing et Liu Hao passés à tabac par un groupe d’inconnus devant le centre de détention municipal de Jiaozuo. CHINE – 31 juillet 2014 : Li Xiongbing appelé à se retirer de l'affaire par le Bureau de la sécurité publique et le Bureau des affaires judiciaires de Pékin. Août PHILIPPINES – 1er août 2014 : menaces de radiation du Barreau pour Nena Santos, avocate des victimes du massacre d'Ampatuan pour ses critiques contre l’enquête. BRESIL – 1er août 2014 : Menaces de mort contre Ermogenes Jacinto de Souza. COLOMBIE – 2 août 2014 : Emir Bravo Muñoz, Président de la fondation des droits de l’Homme de Pitalito obligé de quitter la ville en raison de menaces de mort. AZERBAÏDJAN – 5 août 2014 : le Parquet ordonne le gel des comptes bancaires de l’Association des Avocats d’Azerbaïdjan. SWAZILAND – 6 août 2014 : Sipho Gumedze, victime de déclarations diffamatoires et de menaces proférées par le Premier ministre. AZERBAÏDJAN – 8 août 2014 : Intigam Aliyev placé en détention. PHILIPPINES – 8 août 2014 : Cristobal Fernandez, abattu à son domicile de Poblacion, à San Fabian. COLOMBIE – 9 août 2014 : Rommel Durán Castellanos, l’avocat de la communauté de Pitalito arrêté à Curumaní. ARABIE SAOUDITE – 11 août 2014 : Walid Abu al-Khair maltraité pendant son transfert entre les prisons de Jeddah et de Malaz. CHINE – 12 août 2014 : Tang Tianhao et Wang Yu empêchés de rencontrer leur client par les autorités de Mudanjiang (Heilongjiang). INDONÉSIE – 19 août 2014 : Poursuites judiciaires contre Gustaf Kawer, avocat des Papous, pour « crimes contre l'autorité publique ». RUSSIE – 19 août 2014 : Harcèlement de Ivan Pavlov, la justice confirme l'expulsion de sa femme vers les États-Unis. MALAISIE – 18 août 2014 : N. Surendran arrêté sous l’accusation de sédition en vertu de la loi malaisienne sur la sédition. MEXIQUE – 22 août 2014 : Ramon Marcelino Pacheco Gómez abattu alors qu'il quittait son domicile. PHILIPPINES – 24 août 2014 : Rodolfo R. Felicio, abattu alors qu'il intervenait dans un litige foncier à Rizal, à l'est de Manille. RÉPUBLIQUE DOMINICAINE – 25 août 2014 : Rafael Mercedes Castro tué à El Seibo. ARGENTINE – 30 août 2014 : Horacio Augusto Ruiz assassiné alors qu'il quittait son domicile dans le quartier de Villa Devoto. BAHREÏN – 30 août 2014 : Mohamed al-Jishi empêché de s’entretenir avec Maryam al-Khawaja, directrice du Gulf Center for Human Rights avant son interrogatoire par le Procureur. 22 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde Septembre MEXIQUE – 1er septembre 2014 : Cipriano Puertas Rubio assassiné à Minatitlan. KIRGHIZSTAN – 4 septembre 2014 : Makhamajan Abdujaparov agressé dans son bureau par un agent du Comité d'État pour la sécurité nationale. MOLDAVIE – 5 septembre 2014 : Actes d’intimidation et poursuites contre Alexandru Bernaz. CHINE – 5 septembre 2014 : Cheng Hai, qui avait défendu Ding Jiaxi, perd sa licence professionnelle annuelle pour avoir à cette occasion « troublé l’ordre du Tribunal » lors du procès d’avril dernier. VENEZUELA – 11 septembre 2014 : Menaces téléphoniques contre Omar Ernesto Martinez Silva à San Cristobal, Tachira. RUSSIE – 12 septembre 2014 : Tatyana Akimtseva, assassinée devant son immeuble du centre de Moscou. SRI LANKA – 13 septembre 2014 : Menaces de mort contre Namal Rajapakshe et Manjula Pathiraja. INDONÉSIE – 16 septembre 2014 : Anum Siregar, avocate papoue, attaquée par une personne inconnue à Wamena, dans la province de Papouasie, après une audience au Tribunal. HONDURAS – 16 septembre 2014 : Dilmer Eleuterio Reyes, assassiné en même temps que son frère à San Pedro Sula. ETATS-UNIS – 16 septembre 2013 : Stephen Kass, arrêté et poursuivi pour avoir parlé à un militant de « Occupy Wall Street ». HONDURAS – 18 septembre 2014 : Rafael Alberto Paredes Paz, assassiné à San Pedro Sula. IRAK – 22 septembre 2014 : Samira Saleh al-Naimi exécutée publiquement par le groupe dit « État islamique » après avoir été torturée pendant plusieurs jours. KENYA – 23 septembre 2014 : Wendy Wanja Mutegi menacée parce qu’elle assure la défense d'une communauté autochtone dans l'est du Kenya. VENEZUELA – 26 septembre 2014 : Danyel Jhoel Luengo tué par deux hommes à moto à Maracaibo. CAMEROUN – 26 septembre 2014 : l'avocate franco-camerounaise, Lydienne YenEyoum, condamnée à 25 ans de prison par le Tribunal spécial anticorruption de Yaoundé pour détournement de fonds. MYANMAR (EX-BIRMANIE) – 26 septembre 2014 : Kyaw Hla Aung, éminent défenseur des droits de l’homme Rohingya, condamné à 18 mois de prison sur la base de fausses accusations de participation à des émeutes. MEXIQUE – 30 septembre 2014 : Aubert Sergio de la Cruz de los Santos abattu dans son cabinet en plein cœur de Villahermosa. AFRIQUE DU SUD – 30 septembre 2014 : Mzukisi Stali placé en cellule lors d’une audience à East London pour non renouvellement de son assurance. KENYA – 30 septembre 2014 : Wendy Wanja Mutegi reçoit des menaces de mort. Octobre COLOMBIE – 1er octobre 2014 : Julio Cesar Walteros, avocat qui avait soulevé des irrégularités dans le procès d’une victime de viol, assassiné à Acacias. MEXIQUE – 3 octobre 2014 : Rodolfo González Delgadillo, assassiné à León Guanajuato. PARAGUAY – 5 octobre 2014 : Óscar Vidal Ruiz Díaz blessé par armes à feu à Asuncion. 23 23 24 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde PHILIPPINES – 9 octobre 2014 : Jacinto Turqueza, ancien journaliste devenu un avocat, assassiné à Bangued, dans la province d'Abra. NIGERIA – 11 octobre 2014 : Enlèvement de l'ancien president du barreau national du Nigéria (NBA), Okey Wali. CHINE – 13 octobre 2014 : Arrestation de Yu Wensheng Li Duilong et Wang Cheng dans les bureaux du cabinet Daoheng Law Office à Pékin. VENEZUELA – 15 octobre 2014 : Omar Ernesto Silva Martínez, menacé et sous surveillance. IRAN – 19 octobre 2014 : Nasrin Sotoudeh, interdite d'exercer son activité pendant trois ans. RUSSIE – 22 octobre 2014 : Poursuite du harcèlement contre Sapiyat Magomedova à Khassaviourt au Daghestan. PÉROU – 23 octobre 2014 : Edgar Flores Muñoz, assassiné à Huacho. HONDURAS – 23 octobre 2014 : Iris Elizabeth Argueta, assassinée à Catacamas, Olancho, dans l'est du Honduras. RUSSIE – 24 Octobre 2014 : Vitaliy Moiseyev, abattu à Moscou, six semaines après Tatyana Akimtseva. IRAN – 25 octobre 2014 : Nasrin Sotoudeh, arrêtée et détenue pendant sept heures dans un centre de détention du ministère du Renseignement à Téhéran. BIÉLORUSSIE – 25 octobre 2014 : Andrei Fedorkov, détenu pendant trois jours à Minsk. COLOMBIE – 27 octobre 2014 : Luis Alfonso Freite Mendoza à nouveau la cible de menaces. ARABIE SAOUDITE – 27 octobre 2014 : Abdulrahman al-Subaihi, Bander alNogaithan et Abdulrahman al-Rumaih, condamnés de 5 à 8 ans d’emprisonnement pour « insultes à la justice ». ARABIE SAOUDITE – 28 octobre 2014 : Souad al-Shammary première femme avocate dans le pays, arrêtée. AZERBAÏDJAN – 24 octobre 2014 : Javad Javadov, l’un des avocats de Leyla Yunus, exclu de la défense de sa cliente pour avoir critiqué la procédure à l’audience. RÉPUBLIQUE DOMINICAINE – 30 octobre 2014 : Van Teasley, l’avocat américain de la communauté LGBT, bâillonné et étranglé dans sa résidence secondaire de Santo Domingo. Novembre RÉPUBLIQUE DOMINICAINE – 3 novembre 2014 : Efraín Febles Mercedes assassiné à Villa Hermosa, province de la Romana. AZERBAÏDJAN – 10 décembre 2014 : Khalid Bagirov, le second avocat de LeylaYunus, exclu de la défense. Suspension de sa licence d’avocat. AZERBAÏDJAN – 6 novembre 2014 : Alaif Hasanov, le troisième avocat de Leyla Yunus, condamné à 240 heures de service communautaire en raison de ses déclarations publiques sur les conditions de détention de sa cliente. ZIMBABWE – 6 novembre 2014 : Kennedy Masiye, passé à tabac par la police. CHINE – 8 novembre 2014 : Xia Lin, avocat de Pu Zhiqiang, placé en détention. CHINE – 10 novembre 2014 : Zhang Lei est interdit de se rendre à Paris. HONDURAS – 11 novembre 2014 : Edwin Geovanny Eguigure Abdul, tué de plusieurs coups de couteau à El Chimbo. MEXIQUE – 10 novembre 2014 : Noé Treviño Naranjo, assassiné à Saltillo. THAÏLANDE – 11 novembre 2014 : l'Armée interrompt une consultation entre Sor Rattabanee Polkaw et les communautés locales. 24 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde ARGENTINE – 11 novembre 2014 : Cristian Biasín, assassiné dans son cabinet. CHINE – 13 novembre 2014 : Ni Yulan, confinée dans un appartement à Pékin par la police sans aucune nourriture. MEXIQUE – 19 novembre 2014 : Juan Carlos Rodríguez, abattu de trois balles dans la tête dans une auberge de Cuernavaca. EGYPTE – 19 novembre 2014 : Mahienour El-Massry, de nouveau arrêtée dans la région autour de Stanley Bridge à Alexandrie. RUSSIE – 20 novembre 2014 : poursuite du harcèlement contre Sapiyat Magomedova et Musa Suslanov. RUSSIE – 25 novembre 2014 : Vitaly Cherkasov, agressé après une audience à SaintPétersbourg. CHINE – 29 novembre 2014 : Libération sous caution de Chang Boyang, après 6 mois de détention. Décembre COLOMBIE – 2 décembre 2014 : Jacqueline Amaya Martínez, assassinée, au kilomètre 16 sur la route Bogota-Choachi. PAKISTAN – 3 décembre 2014 : Attentat contre Shahbaz Gormani, le nouvel avocat du professeur accusé de blasphème. MEXIQUE – 4 décembre 2014 : Harcèlement et menaces contre Mariano Gómez López, porte-parole et avocat de l'Assemblée populaire des peuples indigènes de Juchitán, (APPJ), dans l'État d'Oaxaca. SOUDAN – 6 décembre 2014 : Amin Mekki Medani, arrêté après avoir participé à des pourparlers avec le gouvernement à Addis-Abeba. MEXIQUE – 8 décembre 2014 : Vidulfo Rosales Sierra, défenseur des familles des étudiants disparus de Ayotzinapa, victime de diffamation et de harcèlement. IRAN – 10 décembre 2014 : Nouvelle arrestation de Nasrin Sotoudeh, alors qu’elle voulait célébrer la Journée internationale des droits de l’Homme. COLOMBIE – 11 décembre 2014 : Leidy Juliana González, enceinte de six mois, trouvée à son domicile avec une balle dans la tête. CHINE – 11 décembre 2014 : Zhang Keke, arrêté par la police pour avoir invoqué les droits constitutionnels de liberté d'expression et de religion au Tribunal. KAZAKHSTAN – 15 décembre 2014 : Zinaida Mukhortova, libérée de l’hôspitalisation forcée en établissement psychiatrique. INDE – 23 décembre 2014 : Bhima Yadav, abattu à son domicile parce qu'il n'avait pas obtenu la mise en liberté sous caution de tous ses clients dans un litige foncier. INDE – 23 décembre 2014 : Devendra Khandelwal, kidnappé, assassiné, brulé et enterré parce qu'il refusait de régler un litige foncier à l’amiable. 25 25 26 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde 26 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde Ils ont marqué l’année 2014 27 27 28 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde 28 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde EGYPTE Mahienour el-Massry Militante de droits de l’Homme, plusieurs fois emprisonnée sous le régime du Président Moubarak, puis du Président Morsi, Mahienour el-Massry fut une figure de proue du soulèvement qui a renversé Hosni Moubarak à Alexandrie en 2011, Elle a continué la lutte après le « printemps arabe » en œuvrant en faveur de l'indépendance du système judiciaire et des droits des prisonniers organisant des manifestations pacifiques, sensibilisant le public par le biais des médias sociaux et organisant le soutien des prisonniers politiques sous la forme d'évènements solidaires et de collectes de fonds pour payer leurs cautions. Mahinour el-Massry a été condamnée le 2 janvier 2014 par contumace à deux ans d'emprisonnement et une amende de 50.000 LE (environ 5.000 €) en vertu d’une loi interdisant toute manifestation n’ayant pas obtenue l’autorisation préalable du Ministère de l'Intérieur, pour avoir participé à une telle manifestation organisée par des avocats devant un commissariat de police à Alexandrie. Cette manifestation se tenait à l’occasion du procès des assassins de Khaled Saïd, jeune homme décédé suite à son arrestation fin 2010, devenu l’un des symboles de la révolution du 25 janvier. Le 20 mai, sa peine a été confirmée. Cette loi a été dénoncée par le Hautcommissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Navi Pillay, ainsi que par le Rapporteur spécial de l'ONU sur la liberté de réunion et d'association pacifiques, Miana Kiai. Fin juin 2014, alors qu'elle était derrière les barreaux, Mahienour el-Massry s'est vue attribuer le Prix International des Droits de l’Homme Ludovic-Trarieux 2014. Le Jury avait lancé un appel aux autorités égyptiennes pour qu’elles la libèrent immédiatement et sans condition. Mahinour el-Massry a vu sa peine de six mois de prison annulée le 21 septembre 2014. Elle a été libérée de prison le jour même. Le Prix lui a été remis à Florence le 31 octobre 2014 à l’occasion du Congrès annuel de l’Union Internationale des Avocats. 29 29 30 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde IRAK – 22 septembre 2014 Samira Saleh al-Naimi Exécutée publiquement par le groupe se disant « État islamique » après avoir été torturée pendant plusieurs jours Samira Saleh al-Naimi était une avocate irakienne respectée et réputée pour son combat en faveur des droits des femmes irakiennes et des populations désavantagées. Son travail se différenciait pour sa lutte constante et pacifique en faveur des droits des pauvres. Elle a été enlevée le 17 septembre à son domicile, à Mossoul, dans le nord de l’Irak, par des hommes de Daesh, la milice se proclamant « État islamique », puis emmenée dans un lieu secret, où elle a été torturée pendant cinq jours dans le but de la forcer à se repentir. Elle a ensuite été exécutée sur une place publique le 22 septembre 2014 au cœur de Mossoul. En fait, elle aurait été condamnée à une exécution publique par un Tribunal islamiste pour apostasie, c’est-à-dire pour avoir abandonné l’Islam. Ses parents ont été appelés pour récupérer son corps. Habitante de la capitale, Mossoul, la plus grande ville aux mains des djihadistes depuis le mois de juin 2014, Samira Saleh al-Naimi avait publié sur Facebook des critiques dénonçant la destruction à l’explosif de mosquées et de sanctuaires à Mossoul, par ses nouveaux occupants (page qui a disparu depuis). Elle avait décrit comme « barbare » le comportement des hommes de Daesh. La milice de l’État islamique prône un retour aux origines de l’Islam et réprouve le fait de vénérer des lieux de sépultures. L’« État islamique » a proclamé que Samira Saleh al-Naimi avait été condamnée, parce que elle avait qualifiée la destruction du patrimoine irakien de « barbare », parce qu’il est constitué de symboles religieux sacrés pour les musulmans, les chrétiens et les juifs. Samira Saleh al-Naimi était avocate. Elle défendait les droits des prisonniers et luttait contre la pauvreté. Selon la Mission d’assistance des Nations-Unies en Irak, les femmes qui exercent une profession libérale courent davantage de risques d’être victimes d’exécutions par l’État islamique. 30 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde PAKISTAN – 7 mai 2014 Rashid Rehman Le coordonnateur régional de la Commission des droits de l'Homme abattu parce qu’il défendait un universitaire accusé de blasphème Le 7 mai, Rashid Rehman, 56 ans, avocat bien connu et coordonnateur régional de la Commission des droits de l'Homme du Pakistan (HRCP) a été abattu par deux hommes armés qui sont entrés dans son bureau à Multan, dans la province du Pendjab, situé dans le bâtiment de la Commission des droits de l’Homme du Pakistan (HRCP). Ses tueurs s’étaient présentés comme des clients potentiels. Touché par cinq balles, il a succombé à ses blessures dans l'ambulance qui le conduisait à l'hôpital. Les faits se sont déroulés sous les yeux de ses confrères. L'un de ses associés et un client ont été grièvement blessés lors de la fusillade. Il avait accepté de défendre un Professeur, Junaid Hafeez, maître de conférences au département d'anglais de l'université Bahauddin Zakriya de Multan, accusé d'avoir diffamé le prophète Mahomet sur sa page Facebook l'an dernier. Rashid Rehman avait été ouvertement menacé le 9 avril lors d'une audience du Tribunal conduite par le juge chargé de l'affaire de Junaid Hafeez. Les menaces avaient été proférées par plusieurs hommes, dont l'avocat de l'accusation : « Vous ne serez pas présent à la prochaine audience » lui avait-on dit, « car vous ne serez alors plus en vie ». Face à la totale passivité du juge devant ces menaces ouvertes, la HRCP avait envoyé une plainte au Chief Minister de la province du Pendjab et à la police de Multan. Elle avait sollicité une protection qui n'avait pas été accordée. La police n'avait pas même interrogé les personnes qui avaient proféré les menaces, alors que Rashid Rehman les avait identifiées. Rashid Rehman travaillait avec la HRCP depuis plus de 20 ans. Il était coordonnateur de la Commission pour le Pendjab. Il connaissait les risques qu'il prenait. Il savait aussi que beaucoup d'autres avaient refusé de prendre l’affaire. Il avait reçu des menaces de mort de la part d'autres avocats. Rashid Rehman pensait que tout le monde a droit à un avocat surtout lorsqu’il doit faire face à l'accusation la plus grave au Pakistan. « Il a dit qu'il allait vivre pour la lutte et était prêt à mourir pour la lutte. Toute sa vie, il a aidé les opprimés » a déclaré un haut fonctionnaire de la HRCP. Des rapports ont indiqué que la dénonciation contre lui avait été portée par des étudiants extrêmistes. Sept mois après sa mort, le 3 décembre 2014, Shahbaz Gormani, son successeur dans la défense du Professeur Junaid Hafeez contre les accusations de blasphème, a été à son tour victime d’un attentat dont il a réchappé de justesse. (Voir page 74). 31 31 32 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde SYRIE Maen al-Ghoneimi Arrêté depuis dix mois, la police apprend à sa famille qu’il est mort en prison mais refuse de révéler où il est enterré Ce n’est que le 26 mars 2014 que la police militaire de Damas a prévenu la famille de Maen al-Ghoneimi de ce qu’il était décédé en détention, un peu plus de deux mois plus tôt, le 14 janvier 2014. La police a remis ses effets personnels à sa famille mais a refusé de révéler où il était enterré. Selon la police, son décès serait dû à une crise cardiaque. Il aura été détenu au secret jusqu'à ce que l'on apprenne la nouvelle de son décès. La nouvelle de sa mort a eu un effet dévastateur sur sa famille qui a refusé d’y croire pendant plusieurs jours, s’accrochant désespérément à l’espoir qu’il y ait eu erreur sur la personne. Tout au long de sa détention, ses proches n’avaient pas été autorisés à lui rendre visite et n’avaient reçu aucune information officielle sur le lieu où il se trouvait. Les seules nouvelles dont ils disposaient, provenaient d’anciens détenus qui avaient été incarcérés avec lui. Mais il semble que les policiers ont découvert qu’il avait participé à des sit-in. Maen al-Ghoneimi avait été arrêté par hasard par les forces de sécurité le 20 mai 2013, alors qu’il montait dans une voiture, dans le quartier d’al-Rabwa pour rentrer chez lui. Aucune charge n’avait été formulée contre lui. Selon sa famille il était en bonne santé au moment de son arrestation et il ne souffrait d’aucun problème cardiaque. Mais il semble qu'il ait été torturé et s’il est tombé malade, il n'a pas été soigné pendant sa détention. Membre du syndicat des avocats de Damas. Maen al-Ghoneimi avait participé activement à des manifestations pacifiques et des sit-ins d'avocats, au Palais de justice de Damas pour réclamer la libération de détenus et exiger la fin du bain de sang. Il défendait les personnes déplacées à l’intérieur de la Syrie, ce qui les expose à un plus grand risque d’arrestation. Comme Khalil Matouq, lui-même détenu depuis plus de deux ans et demi, comme Abdullah al-Khalil, et comme Burhan al-Siqal, mort en détention fin 2013, Maen alGhoneimi faisait partie des avocats spécialistes des droits de l’Homme qui sont devenus une cible permanente. Beaucoup ont été arrêtés ou sont morts des suites de la torture en détention. (Voir p.136) 32 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde LIBYE Salwa Bouguiguis La militante inlassable de l'égalité des sexes assassinée chez elle à Benghazi Avocate et militante des droits de l’Homme, Salwa Bouguiguis a été tuée chez elle à Benghazi, dans la soirée du 25 juin 2014. Cinq hommes inconnus cagoulés et qui portaient des uniformes militaires ont pénétré dans sa maison et l’ont d’abord poignardée avant de lui tirer dans la tête. Un garde de sécurité a été blessé par une balle. Transportée dans un état critique au Centre médical de Benghazi, elle a succombé à ses blessures peu de temps plus tard. Son mari, qui était dans la maison de famille au moment de l'attaque, n’a plus réapparu depuis. Il est donc à craindre qu’il n’ait été enlevé par les mêmes hommes. Salwa Bouguiguis a été tuée le jour des élections générales du pays en Libye et quelques jours après avoir appelé les citoyens à participer au processus de vote. Elle avait publié des photos d'elle dans le bureau de vote sur sa page Facebook. Elle avait également donné une interview à Al-Nabaa la chaîne de télévision libyenne, dans laquelle elle avait parlé de la détérioration de la situation de la sécurité à Benghazi où les civils sont blessés lors de combats entre unités de l'armée et milices. Salwa Bouguiguis, militante inlassable de l'égalité des sexes et de la participation des femmes à la vie politique, cette féministe libérale, avait joué un rôle important dans la manifestation du 17 février 2011 qui marqua le début de protestation contre le régime de Kadhafi. Elle avait été également membre du Conseil National de Transition (CNT), ex-bras politique de la rébellion. Elle était depuis la VicePrésidente d’un Comité préparatoire pour le dialogue national en Libye. Depuis la révolution de 2011, la Libye a été le théâtre d’affrontements et une série d’attaques et d’assassinats visant des militants, des avocats, des diplomates. Il y a moins d’un an, le 26 juillet 2013, un autre avocat, Abdessalem al-Mesmari a été tué alors qu’il sortait de la mosquée. Il était l’un des fondateurs de la « Coalition du 17 février » une branche de la rébellion contre le régime, avant la création du Conseil National de Transition (CNT) qui a rassemblé toutes les forces de l’opposition et a gouverné le pays jusqu’aux élections en juillet 2012. 33 33 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde 34 CAMEROUN Lydienne Yen Eyoum 25 ans de prison pour avoir perçu des honoraires sur des fonds récupérés par décision de justice pour le Ministère des Finances . Après près de cinq ans de détention provisoire à Kondengui, la prison centrale de Yaoundé, Lydienne Yen-Eyoum, avocate au barreau de Douala, a été condamnée à 25 ans de prison par le Tribunal Criminel Spécial (TCS) anticorruption de Yaoundé. Elle a été déclarée coupable d'avoir détourné 1,077 milliards de francs CFA (environ 1,5 million d'euros). Elle a aussi été condamnée à payer une amende de 1,153 milliard de francs CFA. Le Tribunal a tenu à préciser qu’elle bénéficiait des « circonstances atténuantes ». Lydienne Yen-Eyoum s’est pourvue en cassation. Son co-accusé, l'ancien ministre des Finances Polycarpe Abah Abah, a en revanche été déclaré non-coupable, mais il reste poursuivi dans plusieurs autres dossiers. Lydienne Yen-Eyoum-Loyse, qui est franco-camerounaise, a été arrêtée le 8 janvier 2010 dans le cadre d'une enquête sur une affaire de corruption. Elle, et de nombreuses autres personnalités dont des ex-ministres et dirigeants d'entreprises publiques, sont les victimes d’une vaste opération, nommée « Épervier », lancée en 2006 sous la pression des bailleurs de fonds pour mettre fin aux détournements. En 2012, le président Paul Biya a créé un Tribunal criminel spécial anticorruption pour les juger. Mais les accusés affirment être victimes de règlements de comptes politiques. Il était reproché à Lydienne Yen-Eyoum d'avoir perçu des honoraires sur des fonds qu'elle avait réussi à récupérer par décision de justice pour le compte du Ministère des Finances, dont elle était l’avocate depuis de nombreuses années. Dûment mandatée pour défendre les intérêts de l'État par les divers ministres qui se sont succédé pour régler un litige vieux de 17 ans, Lydienne Yen-Eyoum n’a cessé de clamer qu’elle avait reçu l’accord du Ministère pour se faire payer ses honoraires sur les fonds recouvrés. Pour ces faits, l’avocate est détenue depuis le 11 janvier 2010 dans des conditions inhumaines et dégradantes à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé. En mars 2014, le comité de soutien français de Lydienne Yen-Eyoum, présidé par Thierry Michel Atangana qui a lui-même été incarcéré pendant 17 ans au Cameroun, a dénoncé à nouveau ses conditions de détention « terrifiantes » alors qu’elle partage une cellule de 12 m² avec quatorze autres détenues. Un autre de ses co-accusés, l’ancien ministre délégué aux Finances en charge du Budget, Henri Engoulou, est décédé en détention le 8 mai 2014. (Voir 200 avocats 2014, p.117) 34 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde ARABIE SAOUDITE Souad al-Shammari La première femme avocate du pays arrêtée pour un tweet Souad al-Shammari, farouche militante des droits des femmes dans le royaume, cofondateur du Réseau libéral saoudien, et première femme avocate de l'Arabie saoudite, a été arrêtée le 28 octobre 2014. Elle a été placée en détention sans inculpation à l’issue de quatre heures d’interrogatoire au bureau des enquêtes et des poursuites judiciaires à Djedda. Le Procureur Général lui a alors dit qu’elle restait détenue en vue d’autres interrogatoires, dans la section pour femmes de la prison générale de Briman à Djedda. Son arrestation serait liée à un tweet, publié il y a tout juste un an, dans lequel elle jugeait « ridicule » que les dignitaires religieux wahhabites imposent qu’un musulman – sunnite mâle – dusse porter une longue barbe pour se différencier des non-musulmans. Sur son compte twitter – qui a plus de cent mille abonnés – elle a écrit que « les Juifs, les prêtres, les communistes et les marxistes aussi portaient la barbe ». La plaisanterie avait été considérée comme une menace de déstabilisation. Elle avait été accusée par des religieux d'insulter le prophète. Souad al-Shammari est bien connue pour son opposition au système de tutelle en Arabie saoudite, selon lequel l’autonomie des femmes est soumise à l’autorité de tuteurs masculins. Elle a ainsi participé à des campagnes appelant à la fin de l’interdiction de conduire pour les Saoudiennes. Elle est l'une des co-fondatrices, avec Raif Badawi, du réseau Saudi Liberal Network – le Réseau des Libéraux saoudiens – un forum de discussion sur Internet qui rassemble des militants réclamant pacifiquement des réformes sociales et politiques – dont le site internet a depuis été fermé par les autorités. Raif Badawi, l’un des membres fondateurs de ce réseau, a été condamné en septembre dernier à dix ans de prison et 1 000 coups de fouet pour son militantisme en ligne. Il a été fouetté en public en janvier 2015. Mais, contrairement à Raif Badawi, Souad al-Shammari a été libérée le 29 janvier 2015 après trois mois de détention, dans une cellule prévue pour huit femmes mais en contenant le double, où elle a été obligée de dormir à même le sol. Elle n’a pas obtenu de grâce du nouveau roi Salman bin Abdulaziz al-Saud. Sa libération est soumise à la condition de « réduire ses activités », de ne pas participer à des conférences « hostiles au gouvernement » ou de s'associer à « l'internationalisme libéral » et doit s'abstenir d'attaquer les institutions. 35 35 36 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde 36 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde Assassiné(e)s en 2014 37 37 38 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde 38 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde ARGENTINE – 19 mai 2014 Francisco Sirera Assassiné de 20 coups de couteau devant la porte de sa maison à Trinidad Francisco Sirera 61 ans, père de quatre enfants, a été tué vers 22h30 alors qu'il arrivait à son domicile, à Trinidad, la capitale. Il était attendu par un homme qui s’est ensuite enfui avec un complice sur une moto Il a reçu plus de 20 coups de couteau dans le corps, dont deux au cœur. Le meurtre s’est révélé lié à une affaire dont s’occupait l'avocat, dont des témoins avaient assisté à une discussion la veille dans une salle d’audience du Palais de Justice. Les responsables du meurtre se sont révélés être le père et le frère d’un client inculpé pour trafic et abus sexuel de sa sœur à 14 ans, que défendait l’avocat. Ce dernier emprisonné au pénitencier de Chimbas depuis 2012, s’était plaint publiquement en juillet 2013 d’avoir été sauvagement battu par le personnel pénitentiaire. Francisco Sirera père de quatre enfants, était le frère d’un médecin connu de la ville. ARGENTINE – 26 mai 2014 Daniel Juan Berdugo Assassiné à San Fernando dans la banlieue nord de Buenos Aires indifférence sur un bien immobilier Daniel Juan Berdugo, 64 ans, a été tué de dix balles dans une de ses propriétés dans le quartier de San Fernando, dans la banlieue nord de Buenos Aires, par un homme qui a également blessé par balles un peintre en train de procéder à des travaux de rénovation du logement. L’avocat a été tué par vengeance en raison d’une procédure concernant la succession d’une femme décédée. L'auteur présumé de l'assassinat a été arrêté et l’instigateur s’est révélé être un voisin de la victime, qui aurait embauché le tueur de 22 ans pour se venger de la perte du bien qui avait appartenu à sa mère. Daniel Juan Berdugo, était légalement propriétaire du bien depuis 22 ans. Il lui avait été attribué en vertu d’une décision du Tribunal civil de San Isidro en 1992, en paiement de frais de justice réglementés, dont étaient redevables les héritiers de trois successions successives qui n’étaient jamais parvenus à un accord sur le partage. 39 39 40 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde ARGENTINE – 30 août 2014 Horacio Augusto Ruiz Assassiné alors qu'il quittait son domicile dans le quartier de Villa Devoto avec sa femme et sa fille de neuf mois Horacio Augusto Ruiz, 52 ans, avocat pénaliste de renom, a été tué alors qu'il quittait son domicile avec sa femme, également avocate, et sa fille de neuf mois, dans le quartier de Villa Devoto à l'ouest de Buenos Aires. Il était revenu déposer quelques affaires chez lui, tandis que sa femme et son bébé l’attendaient dans la voiture. Quatre hommes armés ont surgi sur les lieux à bord d'un véhicule et lui ont tiré une balle de 9 mm, dans la tête. Rien ne lui a été dérobé. Augusto Horacio Ruiz, qui s'est spécialisé dans le droit pénal, avait défendu entre autres clients, des hooligans et le baron de la drogue colombien, Luis Caicedo Velandia, alias « Don Lucho » arrêté en avril 2010 et réclamé par la justice américaine pour trafic de drogue et blanchiment d'argent. ARGENTINE – 11 novembre 2014 Cristian Biasín Assassiné dans son cabinet au nord-est de Buenos Aires Cristian Biasín, 44 ans, a été tué par une balle dans le cou dans son cabinet dans le district de José Clemente Paz, au nord-ouest de la ville de Buenos Aires. L'avocat et son conjoint étaient dans le bureau qui a été pris d'assaut par deux hommes, dont l'un était armé. Un des assaillants a conduit l’avocat dans la salle de bain et l’a menotté. Il aurait demandé à l’avocat s’il allait lui rembourser l’argent qu'il lui devait, après quoi il a tiré une balle dans la nuque, le tuant instantanément. Après la fusillade, le meurtrier s’est enfuit dans une voiture blanche avec son complice sans rien voler. Cristian Biasín était membre de l'Association du Barreau de San Martín et membre du Conseil de discipline. Il avait défendu la famille de Miguel Ramirez, un jeune homme décédé après avoir été frappé par une fusée lors d'un concert du groupe de rock La Renga en avril 2011, à La Plata. 40 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde COLOMBIE 13 février 2014 Ulfrán Manuel López Rangel Tué de plusieurs blessures par balle près du village de Mandinguilla Ulfrán Manuel López Rangel, 42 ans, avocat pénaliste renommé à El Banco, le département de Magdalena, a été retrouvé mort par un villageois sur un sentier près du village de Mandinguilla, dans le département de Cesar. Son corps était à quelques mètres de son véhicule, menotté et nu avec une chemise sur la tête. Il avait l’humérus droit fracturé par deux impacts de balle et le visage défiguré par les coups de soleil. Ulfrán Manuel López Rangel était le frère de l'ancien candidat à la mairie d'El Banco, Víctor Rangel et le beau-frère de Jorge Castaño, qui était en campagne en vue des élections à la chambre des députés dans la circonscription de Magdalena. Pénaliste réputé, lauréat de l’Université Sergio Arboleda, de Bogotá, il était un militant social proche des plus défavorisés, œuvrant contre l'injustice et la discrimination. COLOMBIE – 21 juin 2014 Luis Evelio Londoño Tué à un feu rouge alors qu’il voyageait dans un taxi Luis Evelio Londoño, 52 ans, a été abattu à un feu rouge d’une balle alors qu’il voyageait dans un taxi, à l'est de Cali. Avocat pénaliste, il avait travaillé dans l'Unité de réaction immédiate du Bureau du Procureur. En 2011, il avait été l’avocat de Tomás García Escobar, alias « El Indio », un guérillero des FARC, capturé au cours des opérations qui ont conduit à la mort de Guillermo León Sáenz Vargas alias « Alfonso Cano », le chef du groupe rebelle. 41 41 42 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde COLOMBIE – 1er octobre 2014 Julio Cesar Walteros Assassiné à Acacias après avoir dénoncé des irrégularités dans le procès d’une victime de viol Julio Cesar Walteros, 41 ans, avocat, a été abattu de trois balles dans la tête, par deux individus à bord d’une moto, dans le quartier Villa Lucia à Acacias, Meta. Sa femme a également été blessée à la jambe. La police n’a pas mis longtemps à chercher le mobile du meurtre. En effet, entre autres litiges, Julio Cesar Walteros était l’avocat de Dayana Martinez, une jeune femme qui accusait son petit ami et quatre autres jeunes de l’avoir violée, en 2012, en lui administrant de la scopolamine dans une discothèque, avant de l’emmener dans un endroit isolé à Acacias. Julio Cesar Walteros avait révélé de graves irrégularités dans le procès des cinq hommes et s’était employé à obtenir une révision de l’enquête. Le 1er octobre, la justice lui a donné raison et avait ordonné la re-arrestation des violeurs présumés. L'avocat a été tué, à 20h30, le soir même de la décision. COLOMBIE – 2 décembre 2014 Jacqueline Amaya Martínez Au kilomètre 16 sur la route Bogota-Choachi Jacqueline Amaya Martínez, 53 ans, a été tuée de deux blessures par balles le 2 décembre, au kilomètre 16, sur la route Bogota-Choachi, près du parc écologique Matarredonda, à Bogotà. En 2010, elle avait dénoncé l'occupation irrégulière d’un terrain de 2 000 hectares, près du parc écologique Matarredonda, entre Bogota et Choachi. Elle était venue assister en compagnie d’un expert, à une délimitation des terrains par un inspecteur de la police, dans le cadre du litige foncier l’opposant à une famille occupante. Elle a été violemment attaquée par plusieurs personnes sur le terrain et frappée à plusieurs reprises avec un objet contondant, en présence de l'inspecteur de police. Elle a essayé de s’enfuir mais elle a été rattrapée et abattue de deux balles dans la tête. Le tueur présumé a été arrêté. Il s’agissait d’un membre de la famille qui occupait le terrain litigieux. 42 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde COLOMBIE – 11 décembre 2014 Leidy Juliana González L’avocate enceinte de six mois trouvée à son domicile avec une balle dans la tête Leidy Juliana Gonzalez, 29 ans, a été retrouvée morte à son domicile situé à Fernando de la Mora. Enceinte de six mois, Leidy Juliana Gonzalez avait une blessure par balle à la tête, causée par une balle de calibre 357. Sur les lieux, un revolver et une note ont été retrouvés, ainsi que des balles dans la voiture. Le mari ne connaissait pas l'existence de l'arme à feu dans la maison. Il avait parlé avec elle quelques heures plus tôt et n’a pas confirmé le scénario du suicide. Les voisins n’ont entendu aucun bruit de tir. Leidy Juliana Gonzalez était l’avocate de divers trafiquants de drogue. Elle avait défendu Nery Pinazo Ricardi, impliqué dans des entreprises illégales à la frontière avec le Brésil. Selon l’avocate de la famille, Gilda Burgstaller, plusieurs caractéristiques frappantes attestent qu’il ne s’agit pas d’un suicide. La note prétendument écrite par la victime, explique de façon énigmatique qu’elle ne peut supporter d’avoir commis une « escroquerie ». La clé de la maison a été jetée et il semble que quelqu'un ait fermé la porte avant de partir. Dans la voiture deux boîtes où elle avait des papiers ont disparu. Tout porterait ainsi à croire que la scène du crime a été organisée pour simuler un suicide, ce qui suppose l’intervention d’un assassin professionnel et un important potentiel économique des commanditaires. Le Parquet qui n’a pas davantage été convaincu par la thèse du suicide, a ouvert une enquête pour homicide. 43 43 44 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde HONDURAS – 17 janvier 2014 Oswaldo Luján Abattu à côté de son fils au sortir de son cabinet à Tela, Atlantida Oswaldo Luján a été abattu de plusieurs balles par un tueur à gage à bord d'une moto au sortir de son cabinet. Il venait de quitter son bureau, avec un de ses plus jeunes fils, pour aller en voiture dans le centre de Tela, à Atlantida. Sa femme, qui montait l'escalier pour rejoindre son appartement situé dans le même bâtiment, a entendu les coups de feu et a vu son mari gisant inanimé sur le trottoir entre une grille de métal et la voiture. L’avocat a été tué sur le coup mais son fils n'a pas été blessé. Oswaldo Luján était un avocat renommé à Atlantida. Il était conseiller juridique et assesseur de la municipalité de Tela. Après avoir pris connaissance des faits, un groupe d'avocats a condamné l'attaque et exigé que le crime ne reste pas impuni. Le Barreau de Tela a organisé une manifestation devant le siège du Ministère public pour demander publiquement aux autorités que justice soit faite sur ce dossier. Oswaldo Luján est le quatrième avocat assassiné dans la région de Tela depuis 2012. HONDURAS – 24 mars 2014 José Armando Martinez Motiño L'épouse de José Armando Martinez Motiño abattue à son tour, trois mois et vingt jours après son mari dans le quartier de Hato d’Enmedio Trois mois et 20 jours après son mari, Reyna Margarita Cáceres de Motiño a été assassinée alors qu’elle rentrait à son domicile dans le quartier de Hato de Enmedio, à l'est de Tegucigalpa. Dans ce même secteur, le 3 décembre 2013, deux hommes avaient également attaqué et tué l'avocat José Armando Martínez Motiño. Les raisons de ces assassinats restent toujours inconnues. La famille redoute désormais que d’autres membres ne soient à leur tour visés. José Armando Martinez Motiño, qui avait été dans le passé, juge de Transito à Tegucigalpa, exerçait comme avocat libéral dans le quartier de Miramontes où il traitait des affaires de droit civil et le droit du travail. Il ne traitait pas de dossiers sensibles. 44 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde HONDURAS – 14 mars 2014 José Nicolás Bernárdez Assassiné à San Pedro Sula José Nicolás Bernárdez a été assassiné au volant de son camion pick-up, à 7h40 du matin, par des indivdus à moto dans le quartier populaire de Cabañas de San Pedro Sula, la deuxième ville la plus importante du pays. L’avocat José Nicolás Bernárdez était réputé pour être un homme travailleur, reconnu et respecté par ses pairs. Il traitait des dossiers dans tous les domaines du droit et prestait au sein du « Centro Integrado de Justicia » comme défenseur. Il n’avait jamais fait l’objet de quelconques menaces. Candidat du parti « Unificación Democrática » (UD) et membre du « Movimiento Pueblo Organizado en Resistencia del Partido Libertad y Refundación » (Libre), il luttait pour un pays moins violent. Il dirigeait par ailleurs le « Frente Reivindicador Democrático », de la section de San Pedro Sula du Barreau du Honduras. Dans les heures qui ont suivi, sur la même côte nord du Honduras, l’avocat et juge de paix, Lenin Adolfo Castañeda était assassiné dans des conditions similaires, à Tocoa. HONDURAS – 14 mars 2014 Lenin Adolfo Castañeda Le fils du leader paysan assassiné dans le centre de Tocoa Lenin Adolfo Castañeda 32 ans, un avocat qui remplissait les fonctions de juge de paix de la ville d’Iriona, dans le département de Colón a été assassiné à 9h30 du matin, dans le centre de Tocoa. Des hommes à bord d'un camion ont tiré sur lui devant la porte de sa maison à las Flores. Il a été touché par six balles. L'avocat avait participé la semaine précédente aux élections de la section de Tocoa de l'Association du barreau du Honduras (CAH) pour élire de nouveaux dirigeants. Mariée avec l’avocate Lorena Hernandez Portillo, Lenin Adolfo Castañeda était le fils d'Adolfo Castañeda, fondateur du Mouvement paysan unifié de l'Aguán (MUCA), qui a déclaré avoir reçu y a plus d'un an des menaces téléphonique « de lui faire du mal, en enlevant ce qu'il aimait le plus ». Adolfo Castañeda père, décédé le 17 novembre 2014, avait mis directement en cause la responsabilité des propriétaires fonciers de la région. 45 45 46 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde HONDURAS – 16 septembre 2014 Dilmer Eleuterio Reyes Assassiné à cause d’un honoraire impayé à San Pedro Sula Dilmer Eusebio Reyes Torres, 42 ans, a été abattu par quatre hommes armés à moto en même temps que son frère Elvis Talmiro Reyes Torres, 38 ans, qui vit aux ÉtatsUnis. Les agresseurs, après les avoir suivis sur un boulevard de San Pedro Sula, ont cerné le véhicule que venait d'acheter Elvis Reyes, avant de tirer. La voiture s’est écrasée contre un arbre sur le bas-côté. Les deux hommes sont morts. Dilmer Eusebio Reyes Torres était bien la personne visée car l'un des hommes s’est approché du véhicule du côté où il était assis, pour lui donner le coup de grâce. Dilmer Eusebio Reyes Torres avait son cabinet dans le quartier de Medina. L’enquête a mis en évidence l’existence d’un différend sur des honoraires dus à l’avocat et l’implication possible dans le meurtre d’une personne qui restait redevable envers lui d’une importante somme d’argent. En 2010, son père et son neveu, et en 2013 un autre frère, avaient été assassinés. HONDURAS – 18 septembre 2014 Rafael Alberto Paredes Paz Assassiné devant son domicile à San Pedro Sula Rafael Alberto Paredes Paz 60 ans, a été abattu, par plusieurs individus de huit balles devant son domicile, dans le quartier Prado Alto de San Pedro Sula. Rafael Alberto Paredes Paz avait exercé les fonctions de secrétaire municipal à Puerto Cortés ainsi que chef comptable de la même municipalité. Il était devenu tardivement avocat. À l’âge de 54 ans, il avait choisi d’aller à l'université pour obtenir son diplôme d’avocat. Il pratiquait peu comme avocat plaidant et effectuait l’essentiel de son travail en dehors des prétoires. Il n’avait jamais eu de problèmes ou fait l’objet d’aucune menace. Sa famille et ses amis de l’avocat ont témoigné de son honorabilité et d’une vie sans tache ne permettant pas d’imaginer les mobiles du crime. 46 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde HONDURAS – 23 octobre 2014 Iris Elizabeth Argueta La défenseure publique assassinée à côté du parc central de Catacamas, dans l'est du Honduras Iris Elizabeth Argueta, 35 ans, a été assassinée, à côté du parc central de Catacamas, à 210 km à l'est de la capitale du Honduras, par deux hommes à bord d’une moto. Elle a reçu le premier tir, alors qu’elle essayait de se garer sur le côté de la place centrale. Elle a pu sortir de sa voiture et a tenté de s’enfuir à pied. Mais, les agresseurs l'ont suivi et ont tiré à trois reprises dans la poitrine. Transférée à l'hôpital de San Francisco de Juticalpa, elle a immédiatement subi une intervention chirurgicale. Elle est morte quelques heures plus tard. Célibataire, originaire de Catacamas, Iris Elizabeth Argueta était depuis un an et demi, défenseure publique à Catacamas, après y avoir exercé les fonctions de juge de paix. Professionnelle, diligente et très impliquée dans son travail, elle était connue pour son engagement en faveur de la justice pour ceux qui n’avaient pas les moyens d’engager un avocat à titre privé. Elle était surveillée depuis plusieurs jours. Un homme armé l’avait suivie la semaine précédente, mais elle avait réussi à s’échapper. En sa qualité de défenseure publique, Iris Elizabeth Argueta ne bénéficiait pas de sécurité personnelle bien que les défenseurs publics soient souvent désignés pour représenter des personnes de réputation douteuse. Le chef de la magistrature du Honduras, Jorge Rivera Avilés, de la Cour suprême, venu pour assister aux obsèques, a été publiquement pris à partie en raison de l’absence de protection des officiers judiciaires du pays. Il n’a pas été en mesure de répondre aux accusations exprimées par les proches et les confrères de la victime et il a préféré quitter les lieux. La Commission nationale des droits de l’Homme du Honduras (CONADEH) a fait une déclaration publique pour rappeler la gravité de la situation pour les professionnels du droit et l’obligation pour les autorités de les protéger. 47 47 48 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde HONDURAS – 6 avril 2014 Roberto Nieto Cruz Abattu sur parking d’une fabrique de beignets à Tegucigalpa Roberto Nieto Cruz, 56 ans, a été assassiné alors qu’il marchait près du pont Las Lomas, sur le Boulevard Morazán à Tegucigalpa. Un tueur à gages à bord d’une moto a tiré trois fois sur lui à bout sur portant. Roberto Nieto Cruz a été abattu à l'entrée du parking d’une fabrique de beignets sur lequel il avait tenté de se réfugier. Le mobile de l’assassinat reste inexpliqué. La police a exclu le vol car il avait sur lui son teléphone, son agenda et aucun de ses objets personnels n’avait disparu. Roberto Nieto Cruz était avocat mais aurait travaillé au Ministère public. HONDURAS – 25 mai 2014 Rosalío Morales Carrillo Criblé de 39 balles sur la route de Tegucigalpa à Comayagua Rosalío Morales Carrillo, 58 ans, a été abattu sur la route qui mène de Tegucigalpa, et à Comayagua. Son véhicule a été pris alors qu’il revenait de San Isidro, Siguatepeque où il avait procédé à des démarches pour une affaire d’ordre foncier. Son pick-up rouge portait les impacts d’entrée et de sortie d’au moins 30 tirs de différents calibres. 39 douilles de pistolet compté sur la scène du crime. Rosalío Morales Carrillo était impliqué dans la politique de sa région. Il avait participé aux élections primaires de 2008. Il figurait sur la liste des candidats à la députation présentée par le Movimiento Liberal Elvincita, mais il n'a pas été élu. Le mobile du crime reste inconnu, la famille n’ayant par ailleurs souhaité faire aucune déclaration sur le drame. HONDURAS – 26 juillet 2014 Juan Osorio Eliseo Aguiriano Assassiné à Choloma Juan Eliseo Osorio Aguiriano, 66 ans, a été tué à bout portant dans le quartier López Arellano, à Choloma, département de Cortés dans le nord du Honduras par trois individus. Il est possible que son assassinat soit lié à un dossier d’occupation illégale dans lequel il intervenait depuis peu comme avocat. 48 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde HONDURAS – 11 novembre 2014 Edwin Geovanny Eguigure Abdul Tué de plusieurs coups de couteau à El Chimbo Edwin Geovanny Eguigure Abdul, 39 ans, originaire de La Ceiba, Atlantida, résidant à Santa Lucia, à l'est de Francisco Morazán, fut le neuvième avocat assassiné au Honduras en 2014 et le quatrième en moins de deux mois. Le 11 novembre 2014, il a recu plusieurs coups de couteau devant ses deux enfants et sa femme alors qu’ils se rendaient à pied à l'endroit où ils avaient garé leur voiture, à El Chimbo, sur la route menant à Valle de Angeles. Un autre agresseur a tiré avec un pistolet, puis a fui la scène L'avocat a expiré instantanément. Il avait été procureur adjoint et avait démissionné le 15 juin 2011 pour travailler de façon autonome en tant que défenseur privé. La famille a déclaré ignorer les raisons pour lesquelles il avait été tué. Un parent a offert une récompense de 100.000 lempiras honduriens (environ 4.000 €) à toute personne qui fournirait des informations sur l'identité des auteurs et commanditaires de l'assassinat d’Edwin Geovanny Eguigure Abdul. Un étudiant suspecté d’avoir participé à l’assassinat a été arrêté en novembre 2014. L’enquête suit son cours quant aux autres personnes impliquées dans les faits. MEXIQUE – 28 janvier 2014 Pedro Garcia Assassiné dans son bureau à Guadalupe, dans l’État de Zacatecas Pedro Garcia 30 ans, a été poignardé à mort dans son bureau dans le centre-ville de Guadalupe. Il avait ce matin-là donné un rendez-vous à un client. Les deux hommes auraient eu une discussion qui se serait envenimée. Le client aurait sorti une arme blanche et l’aurait poignardé à plusieurs reprises jusqu’à la mort. D'autres avocats ont trouvé le corps et ont donné aux autorités des informations sur l’agresseur en fuite qui ont permis l’arrestation du meurtrier. Dans le passé, Pedro García avait reçu des menaces et avait même fait l’objet d’un enlèvement par le crime organisé. Le Barreau de Guadalupe s’est déclaré profondément choqué par l’assassinat. 49 49 50 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde MEXIQUE – 5 février 2014 Javier Samano Bazúa L’ancien juge devenu avocat abattu près de son cabinet à Mazatlan Javier Samano Bazúa, 60 ans, ancien juge devenu avocat devant les Tribunaux civils a été tué de trois balles, prés de son cabinet dans le quartier de la gare à Mazatlan. Il est mort deux heures après à la clinique de l'ISSTE. Javier Samano Bazúa était docteur en droit, ancien juge civil, membre de la Cour suprême de l'État de Sinaloa, et professeur à l'UAS (Université Autonome de Sinaloa). Il avait été candidat aux elections municipales pour le Partido Sinaloense (PAS). Devenu avocat après sa retraite, il plaidait devant les Tribunaux civils et pénaux auprès de qui il jouissait de prestige et d’influence. Javier Samano Bazúa, avait exprimé son inquiétude sur le silence et la désinformation manifesté autour de l’affaire de l’ancien juge Isidro Hernandez Ramirez, qui aurait été mis en cause dans une affaire de fraude présumée contre la Commission fédérale de l'électricité (CFE) et qui a été retrouvé égorgé, en juin 2013, avec ses membres de la famille sur une route de campagne à Concordia. MEXIQUE – 21 mai 2014 Juan Pablo García Murguía L’ancien directeur du Service juridique de la ville abattu dans son bureau à Acapulco Juan Pablo García Murguia, 51 ans, ancien directeur du Service juridique d’Acapulco, a été retrouvé mort dans son bureau dans les locaux du « cabinet » Murguía and Associates à Acapulco. L'avocat a été abattu de quatre balles dans le corps, l'une dans le visage et les autres dans la poitrine et le dos. Trois douilles de calibre 0,25 ont été retrouvées à l'intérieur du bureau. Juan Pablo García Murgía a été directeur des affaires juridiques de la Ville d'Acapulco, dans l'administration du maire Alberto López Rosas. Proche de l'ancien maire d'Acapulco, il avait été sur la liste des trois candidats au poste de procureur général de l'État soumise au Congrès en 2011. 50 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde MEXIQUE – 26 mai 2014 Salvador Urbina Quiroz Le Secrétaire exécutif de la Confédération nationale des avocats du Mexique assassiné à Ciudad Juárez Salvador Urbina Quiroz, surnommé Chava Urbina, a été assassiné à Ciudad Juárez, au nord de l'État de Chihuahua, dans son bureau, où il se trouvait en compagnie d'un juge de paix, Cesar Cordero. Deux hommes sont entrés et ont tiré à plusieurs reprises, puis se sont enfuis dans un fourgon. Grièvement blessé, les deux hommes sont morts après avoir été transportés dans une clinique. Avocat renommé et respecté à Ciudad Juárez, Salvador Urbina Quiroz était l’ancien Président du Barreau de Ciudad Juárez et le Secrétaire exécutif de la Confédération nationale des avocats du Mexique. Il était l’un des experts juridiques les plus consultés par les médias. Il avait contribué à divers organes de presse, en particulier au journal de la ville, El Diario de Juárez. Il était devenu une voix incontournable critiquant l'impunité officielle, dénonçant la violence et l'insécurité, les abus d'autorité et tous les excès du pouvoir violant les droits des citoyens. Dans le passé, sa vie avait été menacée au moins à deux reprises. En avril 2011, il avait dû fuir Ciudad Juárez dans l’urgence pour se réfugier aux États-Unis à la demande du Procureur Général, après l’interception par la police de communications révélant l’imminence d’un meurtre par le crime organisé. C’est à cette occasion que Salvador Urbina Quiroz avait envoyé une lettre aux médias, depuis El Paso, au Texas, son lieu d’exil : « Il est difficile de se séparer de toi, ma ville, de toi, mon peuple, de mon travail et de ma lutte pour mes idéaux de défense de l'État de droit et de restauration de la paix et de la tranquillité sociale auxquels nous tenons et le pire est de fuir sans avoir absolument rien fait de mal, sinon au contraire avoir lutté pour libérer Juarez de celui-ci, un délinquant sait que faire le mal, voler, tuer, frauder, l’expose à la loi qui traque les voyous, et s’enfuit pour sauver sa vie ou ne pas aller en prison, mais c’est un drame de devoir fuir sans avoir commis de crime ou fait quelque chose de mal. » Salvador Urbina Quiroz était revenu à Ciudad Juarez parce que les autorités de l'État avaient affirmé que la sécurité était revenue dans la ville frontalière grâce à la « stratégie et la main ferme de l'autorité ». Un peu plus de trois ans après, les menaces de mort ont été mises à exécution. Les auteurs du crime ont été arrêtés le 29 juillet. Ils ont révélé que le commanditaire du crime était le chef du gang appelé les « Artistes assassins ». 51 51 52 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde MEXIQUE – 20 juin 2014 Efrain Ramirez Herrera Assassiné devant sa maison, à Mérida, dans le Yucatan Efrain Ramirez Herrera, 56 ans, a été assassiné de deux balles, dont l'une en plein visage, à Mérida, alors qu’il venait de garer sa voiture dans son garage. Avocat connu à Merida, Ramirez Herrera était selon ses voisins un homme serviable, sérieux, et convivial qui se consacrait entièrement aux affaires de son cabinet de conseil juridique et immobilier. Efrain Ramirez Herrera avait consenti des prêts d'argent aux commerçants et aux particuliers ce qui l’avait amené à posséder des dizaines de véhicules donnés en garanties de prêts accordés et à travailler dans l'achat et la vente de voitures d'occasion. Le meurtre pourrait avoir été commis pour se venger de la saisie par la police fédérale de 42 véhicules, opérée la veille à Merida. Une autre piste le relie à la plainte d’une personne qui revendique la propriété d'une parcelle en accusant Efrain Ramirez Herrera d’un transfert de propiété à son préjudice à la suite d’une fausse procuration. Le notaire avait été acquitté. MEXIQUE – 31 juillet 2014 Mayra Alejandra Garcia Almeida Mayra Alejandra Garcia Almeida, 34 ans, originaire de Cardenas, dans l’état de Tabasco a été exécutée, par balles, à Ciudad del Carmen dans l'État voisin de Campeche, dans la péninsule du Yucatán. Arrivée la veille, pour passer une semaine chez sa sœur, elle était en train de manger des tacos avec son compagnon, Juan José García Morales, 36 ans, caporal des Marines, lorsque deux personnes casquées à bord d'une moto ont tiré sur eux à plusieurs reprises. La femme est morte d’une balle en plein poumon droit. Touché à l’abdomen, l'homme, transporté à l'hôpital de la marine, a été déclaré hors de danger. Selon la famille, elle avait reçu des menaces de mort. Le meurtre pourrait être lié à de possibles de représailles. Mayra Alejandra Garcia Almeida serait intervenue dans la défense de personnes liées à la criminalité organisée. Elle était apparentée à l’épouse de Jorge Luis Martínez Rodríguez, alias « El Taz » arrêté en août 2012 à Ciudad del Carmen soupçonné d’avoir agi pour le Cartel « Los Zetas » pour trafic de carburant et de drogue dans les États de Tabasco, de Campeche et de Veracruz. 52 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde MEXIQUE – 1er septembre 2014 Cipriano Puertas Rubio Exécuté dans son bureau à Minatitlán dans l'État de Veracruz pour avoir tenté de sauver son fils Cipriano Puertas Rubio, 54 ans, avocat très connu, de Minatitlán dans l'État de Veracruz, surnommé « l’avocat des causes difficiles », a été abattu dans son cabinet, par des hommes armés qui tentaient de kidnapper son fils, Cipriano Puertas Decuir, âgé de 24 ans. Des hommes armés ont fait irruption dans le cabinet de l'avocat, en fin d’après-midi, sur l’avenue de l’Armée Mexicaine, à Minatitlán. Une première tentative d’enlèvement a échoué, le fils étant parti se cacher dans le bureau de son père. Cipriano Puertas Rubio s’est interposé sans arme pour tenter d'empêcher l'enlèvement de son fils. Les hommes ont alors tiré à plusieurs reprises sur lui, une balle mortelle a fini par lui traverser la tête. Après avoir abattu le père, les agresseurs se sont emparés du fils qu’ils ont emmené avec eux dans leur fuite. Toutefois, ils l’ont relâché après quatre heures de détention, sans que l’on sache si c’est à la suite de négociations avec la famille qu’ils avaient contactée pour exiger la remise de cinq millions de pesos. Lors des obsèques à Coatzacoalcos, les avocats en colère ont organisé une marche et des manifestations contre l'insécurité dans la partie sud de l'État de Veracruz. Ils se sont indignés de la réaction du responsable de la Sécurité publique qui s’était borné à recommander aux habitants d'acheter des cadenas, des chiens et des systèmes de sécurité afin d’échapper à la criminalité. « Nous voulons la justice », « Nous exigeons la sécurité pour notre profession », « Qui est le prochain ? ». Plus tard, ils ont pris d'assaut le bureau du Procureur régional, dans lequel ils sont entrés en groupe pour exiger une enquête effective et immédiate. Pour sa part, le Président du Barreau de Coatzacoalcos a publiquement révélé que l’incident n’était pas isolé. Plus de la moitié des avocats du Barreau à Coatzacoalcos ont reçu des menaces. Certains d’entre eux ont dû changer de domicile ou de lieu de travail, ont retiré les plaques de leurs cabinet et d'autres ont réduit leur activité professionnelle. La campagne a porté ses fruits puisque le 22 septembre 2014, deux suspects ont été inculpés pour assassinat et enlèvement. Selon le site Plumas libre, les agresseurs sont membres d’un gang et auraient pu bénéficier depuis vingt ans de protection de la part de certaines autorités judiciaires de l'État. 53 53 54 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde MEXIQUE – 22 juillet 2014 Alberto Rodriguez Sosa Tué sur le parking d’un centre commercial à Salina Cruz Alberto Rodriguez Sosa, 43 ans a été tué sur le parking d’un centre commercial du port de Salina Cruz, dans l’État d'Oaxaca alors qu'il sortait d’une réunion avec d’autres avocats au « Café Aroma ». Un véhicule a bloqué sa voiture et trois hommes sont sortis en tirant avec des armes automatiques. Alberto Rodriguez Sosa a tenté de s'échapper, mais il a été fauché par une dizaine de balles dont deux l’ont frappé à la poitrine. 36 douilles de balles de différents calibres ont été retrouvées sur la scène du crime. La personne qui se trouvait dans la voiture avec lui n'a pas été blessée. MEXIQUE – 22 août 2014 Ramon Marcelino Pacheco Gómez Abattu ans son propre véhicule garé devant son domicile Ramon Marcelino Pacheco Gómez, 34 ans, a été abattu dans son propre véhicule garé devant son domicile dans la rue Cuitzeo du nouveau quartier de Moroleón probablement en raison d’un règlement de comptes. Trois douilles de calibre 0,9 mm ont été retrouvées sur la chaussée soit autant que le nombre de blessures reçues par la victime à la poitrine et à l'abdomen. L'avocat, originaire de Mexico s’était voué à la défense des délinquants. MEXIQUE – 10 novembre 2014 Noé Treviño Naranjo Assasiné à Saltillo Noah Treviño Naranjo, 38 ans, avocat de Saltillo a été re trouvé dans un sac en plastique dans un fossé, dans le quartier de San Lucas Xochimanca à Saltillo Il portait des signes évidents de torture et d'ensachage, hier matin, dans les environs de Xochimilco. Selon le personnel du Ministère de la Sécurité publique, l'homme a été pieds et poings liés, et bâillonné avec du ruban adhésif. Parmi ses biens a été trouvé un titre qui pourrait être identifié. Noé Treviño Naranjo avait un cabinet de droit commercial à Saltillo et accomplissait ses prestations juridiques pour des entreprises. 54 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde MEXIQUE – 30 septembre 2014 Aubert Sergio de la Cruz de los Santos Abattu dans son cabinet en plein cœur de Villahermosa Aubert Sergio de la Cruz de los Santos, 40 ans, a été abattu de cinq balles de calibre 9 mm, par des hommes armés et masqués qui sont entrés dans son cabinet d'avocat, rue Melchor Ocampo, dans le centre de Villahermosa. Après avoir menacé la secrétaire, le chauffeur ainsi qu’un client qui attendait, les hommes ont tué l’avocat de deux balles dans la tête et dans la gorge. Un ingénieur en construction qui se trouvait dans son bureau a également été grièvement blessé. Aubert Sergio de la Cruz de los Santos avait travaillé comme conseil juridique du Bureau du Procureur Général de 2003 à 2011 et sa femme Liliana de la Cruz était un agent du Ministère public. Le crime serait lié à une vengeance. Sergio de la Cruz Aubert de los Santos aurait perdu un recours civil dans lequel plus de 15 millions de pesos ont été saisis. Mais, il n’est pas exclu que le crime organisé y ait participé, compte-tenu du mode opératoire utilisé. MEXIQUE – 3 octobre 2014 Rodolfo González Delgadillo Assassiné sur un boulevard en plein jour à León dans l'État du Guanajuato Rodolfo González Delgadillo, 37 ans, a été assassiné en plein milieu d’après-midi, alors qu’il était en train de garer sa voiture sur le Boulevard Adolfo Lopez Mateos à León de los Aldamas, dans l'État du Guanajuato. Une fourgonnette s’est portée à son niveau et un homme a tiré à huit reprises sur lui à travers la vitre, avec un pistolet muni d’un silencieux. Il a été touché de sept balles dans la poitrine, la tête et le dos. Dans la voiture, ont été retrouvés des documents concernant des procès et des questions agraires. Rodolfo Gonzalez Delgadillo – appelé affectueusement « Fofo » par ses confrères – était diplômé en droit de l'Université de La Salle León. « Avocat sérieux et impliqué », selon ses confrères, il exerçait depuis douze ans à León. La Présidente du Barreau de l'État de Guanajuato, Maria Eugenia Rodríguez Saavedra qui connaissait la victime, a exigé des autorités une enquête approfondie afin que le crime ne reste pas impuni et a demandé à ce que la sécurité des avocats soit assurée. Elle a estimé que tous les avocats étaient en danger et leur a recommandé d'être extrêmement « vigilants dans leurs relations avec les clients », parce qu’ils sont tous « sous la menace de la même insécurité ». 55 55 56 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde PANAMA – 30 janvier 2014 Gabriel Francisco Echeverri Abad Assassiné en buvant une bière dans un bar à David, au Chiriquí Gabriel Francisco Echeverri Abad, 38 ans, a été mortellement blessé de cinq balles dans le corps alors qu’il se trouvait dans un bar à David, la capitale de la province de Chiriquí au sud-ouest du Panama. Un homme est entré et s’est dirigé vers l'avocat. Il a commandé une bière et après l’avoir bue en silence, a sorti un pistolet et lui a tiré deux balles dans le cou et trois dans le dos. Gabriel Echeverri était poursuivi pour homicide, pour des faits remontant à 2010. Il plaidait la légitime défense. L’affaire l’avaient obligé, après une période de détention, à s’installer en dehors de la ville pendant plusieurs années. Il n’était revenu à David qu’en 2013, après avoir obtenu une mesure de protection. Il subissait régulièrement des menaces. L'audience concernant l’homicide était fixée au 4 février devant le Tribunal supérieur du Troisième district judiciaire, à David. PANAMA – 22 février 2014 César Guardia Assassiné sur son cheval lors d’un rodéo à La Chorrera Cesar Guardia était en train de participer à un rodéo dans le quartier de Santa Rita, à La Chorrera.Au moment où il est sortir de la piste sur son cheval, un homme, apparemment mineur s’est approché de lui et a tiré à cinq reprises dans sa direction, le tuant et blessant en même temps le cheval. Cesar Guardia était l’un des avocats du trafiquant de drogue José Castrillon Henao et faisait également partie de l'équipe de défense d’un ancien magistrat accusé de pratiquer sans habilitation. En 1996, il avait été arrêté dans le cadre d’une enquête relative à un chèque controversé présenté comme un financement pour la campagne électorale de 1994. Il avait été également arrêté, en 2001, dans le cadre d’une enquête concernant un de ses clients, p pour blanchiment d'argent. PARAGUAY – 9 juin 2014 Edgar Pantaleón Fernández Fleitas Assassiné dans les locaux de son cabinet à Concepción Edgar Pantaleón Fernández Fleitas, avocat et journaliste, était occupé à travailler dans son cabinet lorsque un tueur non-identifié est entré et a ouvert le feu à six reprises sur lui. Selon le parquet de Concepción, ville connue pour être une plaque tournante du trafic de drogue, l’attaque semblait viser davantage l’activité d’information de la victime que son travail d’avocat. Edgar Pantaleón Fernández Fleitas présentait une émission quotidienne « Ciudad de la furia » sur une radio locale, dans laquelle il critiquait ouvertement les autorités judiciaires et dénonçait des cas de corruption par les cartels de la drogue. Il avait déjà reçu des menaces enregistrées par la Commission interaméricaine des droits de l’homme. Des associations de journalistes ont demandé de ne pas exclure le mobile professionnel. 56 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde PÉROU – 2 avril 2014 Milagros Aponte Roque Assassinée devant la porte de sa maison à Casma, Ancash Milagros Aponte Roque, 29 ans, a été abattue de sept balles par des hommes armés devant la porte de son cabinet, près de la gare de Casma, dans la région d’Ancash, au nord du Pérou. Elle était en compagnie d’un client qui a été grièvement blessé. Avocate pénaliste, Milagros Aponte Roque défendait des clients « repentis » qui avaient collaboré avec la police pour l’arrestation de criminels. Elle était aussi, l’avocate de « Cholo Nelson », le cerveau présumé de l’assassinat en 2012 du maire de la province de Casma, qui a été arrêté au cours de la même semaine. PÉROU – 8 mai 2014 Juan Francisco Torres Carmen L’avocat de la municipalité provinciale de Trujillo, abattu de huit balles Juan Francisco Torres Carmen, 49 ans, avocat de la municipalité provinciale de Trujillo, a été abattu dans le bloc 20 de l’ensemble immobilier La Marqueza. Il avait reçu un appel d'un inconnu pour le retrouver dans un restaurant à proximité de La Lenita. Il s’est rendu au rendez-vous sans prévoir qu'il serait tué. Après avoir attendu, il a vu arriver un homme qui a dégainé un pistolet et a tiré à huit reprises sur lui. Le mobile du crime est toujours sous enquête mais la Division des enquêtes criminelles a émis l'hypothèse d'un règlement de compte. En effet, John Torres était connu pour avoir entrepris des procédures judiciaires contre différentes sociétés et consortiums qui avaient commis des infractions graves au détriment de la communauté. PÉROU – 23 octobre 2014 Edgar Flores Muñoz Assassiné à Huacho Edgar Flores Muñoz, 39 ans, a été abattu dans une embuscade par des hommes armés à La Tablada à Huacho dans la province de Huaura. Il roulait en direction de Huacho, accompagné par un policier et deux autres personnes, pour inspecter mille hectares de terres appartenant à sa mère. Son véhicule a dû s’arrêter dans l'obscurité parce que la route avait été bloquée à l’aide de troncs et de branchages. Aussitôt le véhicule immobilisé, une rafale de coups de feu est partie des roseaux entourant la route, tuant l'avocat et un policier. Chacun a reçu le coup de grâce de deux balles dans la tête. Edgar Flores Muñoz a reçu trois balles dans le visage et deux dans la tête. L’enquête a révélé que les meurtriers auraient été engagés par les concessionnaires de terres de La Tablada, quartier de Santa Maria. 57 57 58 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde REPUBLIQUE DOMINICAINE – 24 avril 2014 Amancio Herrera Turbí Assassiné pour un différend sur le paiement d’honoraires Amancio Turbi Herrera, avocat, 51 ans, a été assassiné, à Santiago par deux hommes non identifiés sur une moto alors qu'il quittait son cabinet, situé près du Monument aux Héros de la Restauration en plein cœur de la ville. Une des balles l'a frappé à la tête. Rien ne lui a été dérobé. Amancio Herrera Turbí s’était engagé tardivement dans la profession d’avocat après une carrière dans la police. Il était spécialisé en matières civiles et était en charge de la gestion d’une entreprise immobilière. Il avait un différend avec un client, auquel il réclamait le paiement d’honoraires dans le cadre d’une procédure de divorce. Au soir de sa mort, les avocats de la ville ont allumé des bougies dans les locaux du Palais de Justice et ont exigé une enquête approfondie. REPUBLIQUE DOMINICAINE – 25 août 2014 Rafael Mercedes Castro Tué à El Seibo Le corps sans vie de l’avocat et ancien Procureur, Rafael Castro Mercedes, 52 ans, a été découvert dans sa résidence d’El Seibo par son fils. Il portait la trace de plusieurs blessures dans le dos et sur le cou. Aucune trace de violence n'a été observée. Rafael Castro avait exercé à plusieurs reprises en tant que membre du Parti réformiste social-chrétien (PRSC), les fonctions de Procureur, ainsi que de régisseur et gouverneurs intérimaire d’El Seibo sous le Président Balaguer. Devenu un avocat en vue, il s’occupait d’affaires civiles et commerciales importantes et dans une moindre mesure pénales, impliquant des chaînes hôtelières. A la suite de son assassinat, le « Comité por el Esclarecimiento de la muerte del Dr. Pedro Rafael Castro Mercedes » s’est constitué pour demander que soient éclaircies les causes de sa mort. Cinq personnes font actuellement l’objet d’une enquête. 58 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde REPUBLIQUE DOMINICAINE – 3 novembre 2014 Efraín Febles Mercedes Assassiné sur le marché de Villa Hermosa province de La Romana Efraín Febles Mercedes, connu sous le nom de « Primate » a été abattu sur le nouveau marché de la ville par deux hommes masqués à bord d’une moto, de six balles dont deux dans la tête. Efraín Febles Mercedes était avocat mais également commerçant, propriétaire de deux entreprises dans le marché municipal et le marché de Villa Verde à La Romana et travaillait également pour la compagnie « Samuel Abreu » à Higuey. Le Barreau de la République dominicaine a dénoncé les rumeurs selon lesquelles il aurait été impliqué dans des affaires criminelles ayant conduit à un règlement de compte et réclamé une enquête sérieuse sur la mort de l’avocat. REPUBLIQUE DOMINICAINE – 30 octobre 2014 Van Teasley L’avocat américain de la communauté LGBT, bâillonné et étranglé dans sa résidence secondaire de Santo Domingo Van Teasley 55 ans et avocat à Washington, a été retrouvé mort dans sa résidence secondaire à Santo Domingo, ligoté et bâillonné, les lieux ne présentant aucun signe d'effraction. De nationalité américaine, Van Teasley était un avocat pénaliste connu, pratiquant essentiellement à Washington D.C. Il s’était rendu en République Dominicaine pour un long week-end dans sa résidence secondaire à Saint-Domingue où il venait régulièrement. Il était connu pour son engagement dans la défense des personnes gays, lesbiennes, transexuelles et était également régulièrement désigné dans la représentation de personnes vulnérables et sans revenus. Son assassinat pourrait avoir été préparé de longue date dans le but de lui dérober ses biens. Un proche parent a suggéré que sa mort pourrait être la conséquence de son engagement dans la défense des militants LGBT. 59 59 60 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde TRINITE-ET-TOBAGO – 4 mai 2014 Dana Saroop Seetahal Assassinée alors qu’elle rentrait à son domicile, près de Port of Spain Dana Saroop Seetahal, 59 ans, a été assassinée dans la nuit du 3 au 4 mai 2014 alors qu’elle se trouvait au volant de son véhicule, en route vers son domicile à Port d'Espagne, Trinité. Son agresseur a bloqué le véhicule et tiré cinq fois à travers la fenêtre côté conducteur. Il est toujours recherché. Les enquêteurs ont récupéré plusieurs douilles sur les lieux. Dana Saroop Seetahal était à la fois sénatrice indépendante au Parlement de Trinitéet-Tobago, avocate pratiquant à titre privé et professeure à la Hugh Wooding Law School, où elle a enseigné notamment la procédure pénale. Elle avait été admise au Barreau en 1979. Elle a reçu le statut de « avocat-conseil » en 2006. En 2008, elle a ouvert son cabinet « El Dorado Chambers » à Port d'Espagne. Le meurtre serait lié à son rôle d’avocat principal dans l’affaire Vindra NaipaulCoolman, un dossier très sensible impliquant de hautes personnalités du pays. VENEZUELA – 26 septembre 2014 Danyel Jhoel Luengo Tué par deux hommes à moto à Maracaibo Danyel Jhoel Luengo, avocat pénaliste de 43 ans, a été tué par deux personnes à bord d’une moto en face du centre commercial Salto Angel, à Maracaibo. Il se trouvait devant le restaurant Brasa Dorada où il avait un rendez-vous lorsque des agresseurs ont d’abord tenté de s’emparer de son ordinateur portable puis lui ont tiré trois balles dans la poitrine et la tête. Il est mort sur le coup. Danyel Jhoel Luengo était un avocat pénaliste connu du cabinet « Law Firm Alliance », qui défendait habituellement des clients arrêtés pour des infractions d’enlèvement et de vol caractérisé. Il aurait demandé d'importantes sommes d'argent à ses clients qui n’auraient pas été satisfaits des résultats obtenus. Les agresseurs, parmi lesquels figurait une femme, seraient des membres d’un gang de la région. 60 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde PHILIPPINES – 18 février 2014 Noel D. Archival Assassiné à Dalaguete, dans l’île de Cebu Noel D. Archival, 52 ans, avocat de Cebu City en charge d’affaires pénales très médiatisées a été tué ainsi que son assistant et son chauffeur, après avoir été pris dans une embuscade, sur la route nationale à Barangay Coro, Dalaguete, Cebu. Noel D. Archival, et deux collaborateurs Paolo Cortes et Edu Mendoza, revenaient à Cebu, après une audience du Tribunal régional 38 de Dumaguete City. Les aggresseurs ont utilisé deux camionnettes pour encadrer le véhicule et forcer le chauffeur à s’arrêter près d'une falaise. Ils ont ensuite perforé de 31 trous la voiture à l’arrêt, à l’aide d'un fusil M16 Armalite. Noel D. Archival s’est affalé sans vie sur la banquette arrière où il est mort sur le coup, tout comme Edu Mendoza. Le chauffeur Alejandro Jaime et l'autre collaborateur de l'avocat, Paolo Cortes, touché au bras gauche ont été amenés dans un hôpital de Cebu. Alejandro Jaime a été déclaré mort à son arrivée au Centre médical de Cebu. Seul Paolo Cortes a survécu. Qualifié de « l'un des avocats les plus en vue dans les salles d'audience » car il s'occupait de beaucoup d’affaires ou de « célèbre avocat » de la ville de Cebu par le Sun Star local, Noel D. Archival avait défendu l'accusé dans l’affaire à sensation de l’étudiant Frederick Cahayang, décédé lors d'un rite d'initiation de fraternité dans une station balnéaire de Compostelle en 1991. Le Barreau intégré des Philippines (IBP), section de Cebu a exhorté le public à ne pas considérer les avocats comme leurs ennemis car ils ne sont que les représentants de leurs clients. La présidente de la section de Cebu City de l’IBP, Elaine Bathan, a affirmé que la mort de Noel D. Archival était liée à son exercice professionnel. Elle a ajouté que par mesure de précaution les avocats devraient procéder à une évaluation des affaires avant de les accepter. Pour d’autres, le type de l’embuscade de style militaire mettrait en cause des forces organisées. Selon le Bureau national d'enquête, quatre fonctionnaires du Groupe de patrouille routière seraient suspectés. L’assassinat de Noel D. Archival a suscité la colère des membres du Barreau. Il a relancé au sein de la profession un vaste débat sur la nécessité d'armer les avocats. 61 61 62 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde PHILIPPINES – 8 août 2014 Cristobal Fernandez Tué à son domicile dans le Pangasinan pour avoir introduit une procédure contre le propriétaire d’une porcherie Cristobal Fernandez, 64 ans, avocat dans la province du Pangasinan, dans l’île de Luzon, a été abattu le 8 Août 2014 à son domicile de Poblacion, à San Fabian. Il se trouvait devant sa maison, occupé à vérifier son courrier électronique avant de se rendre à une audience au Tribunal de Basista quand deux hommes casqués à bord d’une moto sont survenus. Un des hommes a fait irruption dans la maison et a tiré à plusieurs reprises, le touchant à la tête, à l'aisselle et au bras. Cristobal Fernandez a été déclaré mort à son arrivée à l'hôpital de Decena à Dagupan. La police a récupéré quatre douilles de calibre 45. Trois mois après, les autorités du Pangasinan ont déclaré que les deux suspects étaient des membres d’un gang connu pour participer à des exécutions ciblées. L'affaire serait liée à la pétition des résidents d’Angio demandant la fermeture de la porcherie très proche des écoles publiques. Cristobal Fernandez avait introduit une procédure contre le propriétaire de la ferme avec l'aide du Conseil de village d’Angio. PHILIPPINES – 24 août 2014 Rodolfo R. Felicio Abattu alors qu'il intervenait dans un litige foncier à Rizal, à l'est de Manille Le 24 août 2014, Rodolfo R. Felicio a été tué dans un camping à Taytay, Rizal, à l'est de Manille. Quatre hommes à moto ont tiré des coups de feu sur lui alors qu’il dormait dans une tente. Spécialiste des litiges fonciers, il a été abattu alors qu'il travaillait pour une famille, sur un litige foncier à Rizal. Rodolfo R. Felicio a été impliqué dans des affaires importantes, comme le lancement d'une poursuite privée contre les auteurs présumés de l'enlèvement, de la torture et de l’assassinat du leader syndical philippin, Rolando Olalia et de son chauffeur Leonor Alay-ay. Membre de l'Union Nationale des Avocats du Peuple (NUPL), il était également membre de l'équipe d'intervention rapide, composée de membres de la NUPL et de l’organisation des droits de l'homme KARAPATAN, qui avait pour mission de répondre immédiatement aux cas de violations des droits de l'homme, telles que les exécutions extrajudiciaires de militants politiques commises par les forces de sécurité et les groupes paramilitaires. 62 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde PHILIPPINES – 9 octobre 2014 Jacinto Turqueza L’ancien journaliste devenu avocat, assassiné à Bangued, dans la province d'Abra Ancien journaliste, Jacinto dit « Jack » Turqueza, 47 ans, a été abattu à Bangued, la capitale provinciale d’Abra par deux hommes armés non identifiés sur une moto. Il roulait sur sa moto dans la ville de Tuguegarao lorsque les agresseurs qui l’avaient suivi, lui ont tiré quatre balles dans la tête et dans le thorax. Il est mort sur le coup. Professionnel des médias, ancien correspondant de Manilla Bulletin et journaliste d’Abra Aujourd'hui, il avait cessé sa carrière en tant que journaliste pour devenir avocat. Il travaillait comme agent administratif du Procureur de la province d'Abra. Jack Turqueza était également un ancien diffuseur de la station de radio locale dzBA. Le meurtre pourrait être lié à son travail dans le bureau du Procureur dans le cadre du ministère de la Justice. INDE – 19 mai 2014 Sanjiv Malik L’ancien Secrétaire Général du Barreau de Budhana abattu à Muzaffarnagar, une ville de l'État de l'Uttar Pradesh en Inde Sanjiv Malik, 42 ans, ancien Secrétaire Général du Barreau de Budhana, dans l’État d’Uttar Pradesh, a été tué par balle par quatre personnes non identifiées à Gani Kheri, un quartier de Muzaffarnagar. Sanjiv Malik était en voiture avec son père lorsqu’il a été interpellé par un véhicule apparemment en difficulté stationné sur le bord de la route. Il s’était arrêté pour proposer de l’aide au conducteur lorsque les trois passagers lui ont tiré trois balles dans la tête. Les quatre hommes ont pris la fuite mais ont été poursuivis par les villageois de Muzaffarnagar à quarante kilomètres. Les villageois les ont lynchés et ont ensuite brulé le véhicule. Tous sont décédés. La police pense que le meurtre de l’avocat a été commandité par une tierce personne, les quatre auteurs n’étant pas de la région. Un suspect a été arrêté à Dehli le 5 août 2014. Il s’agit d’un adversaire de Sanjiv Malik dans un litige foncier. 63 63 64 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde INDE – 23 décembre 2014 Bhima Yadav Abattu à son domicile parce qu'il n'avait pas obtenu la mise en liberté sous caution de tous ses clients dans un litige foncier Bhima Yadav, 45 ans, a été abattu à son domicile par deux assaillants qui sont arrivés sur une moto dans le village de Behlolpur à Noida. Arrivés sur une moto, deux agresseurs se sont précipités à l'intérieur de la maison et ont tiré sur lui à bout portant. Son fils a entendu son père parler aux deux assaillants avant d'être abattu. Yadav a été emmené à l'hôpital Fortis à Noida, où il a été déclaré mort à son arrivée. Selon la police, le motif semble être l'échec de l'avocat à obtenir une mise en liberté sous caution en faveur de ses clients dans un litige foncier en cours devant la Cour de district Gautam Budh Nagar. Bhima Yadav s’occupait de l’affaire depuis quatre ans. Six de ses clients avaient été arrêtés récemment. Yadav avait reçu des honoraires de ses clients pour obtenir leur libération sous caution. Mais, s’il a bien réussi à obtenir une liberté sous caution pour certains, il n'a pas réussi à l’obtenir pour tous. Cela semble avoir provoqué des représailles de deux des clients, deux habitants du village de Sarfabad, Noida, contre lesquels une plainte FIR (first information report) a été déposée. Aucune arrestation n'a été opérée. INDE – 23 décembre 2014 Devendra Khandelwal Kidnappé, assassiné, brulé et enterré parce qu'il refusait de régler un litige foncier à l’amiable Devendra Khandelwal, 55 ans, résident dans la localité Bhagwandeen Nagar, a été attiré dans un bar près du Tribunal de district à Indore, le 23 décembre 2014, puis a été kidnappé par deux personnes à l'extérieur des locaux du Tribunal. Six jours après l'enlèvement la police a révélé qu'il avait été étranglé à mort, brûlé et enterré dans une forêt près du village de Karahi, dans le district de Khargone. Ram Khandelwal était occupé depuis plusieurs mois par un litige foncier concernant la propriété d'une parcelle de terrain dans le secteur de Bhawarkuan. Il semble que Ram Khandelwal n’étant pas disposé à régler le différend à l’amiable, son adversaire se soit a attaché les services d'un agent immobilier qui aurait assuré pouvoir résoudre le différend. L’agent immobilier fait partie des quatre assassins présumés. La mort de Devendra Khandelwal a suscité la colère des avocats d’Indore qui ont violemment protesté à la suite de l’enlèvement et de l’assassinat de leur confrère, et ont exigé la promulgation de la loi sur la protection des avocats que le chef du gouvernement de l'État du Madhya Pradesh, Shivraj Singh Chauhan, avait promis de mettre en œuvre en 2012. Alléguant des irrégularités dans l'enquête de police, 5.000 avocats se sont abstenus de toute activité pendant une journée. Les accusés auraient été battus par des avocats en colère lors de leur première comparution devant le Tribunal. Le représentant de l’Association du Barreau District d’Indore a toutefois formellement démenti que des avocats aient malmené les accusés. 64 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde PAKISTAN – 3 mars 2014 Rao Abdul Rashid, Tanveer Haider Shah et Fizza Malik Trois avocats tués dans un attentat suicide contre le Palais de Justice à Islamabad Rao Abdul Rashid Tanveer Haider Shah et Fizza Malik Le 3 mars 2014, des hommes armés ont tué onze personnes dont trois avocats avant de se faire exploser. Six hommes armés d'armes automatiques et de grenades se sont introduits, vers 9 heures du matin dans les passages étroits qui séparent les divers bâtiments de la Cour de district d’Islamabad. Lors d'un assaut qui a duré 45 minutes, ils ont ouvert le feu sans discernement avec des armes automatiques, après avoir lancé des grenades dans les salles d’audience. Les agresseurs ont cherché le cabinet du juge Rafaqat Awan qui avait été pendant plus dix ans avocat au barreau d’Islamabad avant d'être élevé au poste de juge en 2013. Un des hommes armés est entré dans la salle d'audience du juge Rafaqat Awan, a tiré et l'a tué. Le juge Awan avait libéré en 2013 l'accusé d'une affaire de blasphème et avait été averti par ses collègues d’avoir à se tenir sur ses gardes. Il déclarait cependant n’avoir « pas peur des fanatiques ». Parmi les dix autres victimes, figurent trois avocats : Rao Abdul Rashid, 72 ans, un avocat chevronné d’Islamabad à qui les agresseurs ont ordonné de se lever avant de l’abattre ; Tanveer Haider Shah, 58 ans, avocat auprès de la Cour suprême et une très jeune avocate de 24 ans, Fizza Malik. Originaire du village de Phulgaran, Fizza Malik, récemment diplômée en droit de la London School of Law, avait commencé l’exercice de la profession d’avocat à Islamabad, seulement deux mois plus tôt. Deux autres avocats Rai Azhar Hussain et Mian Abdul Razzaq figurent au nombre des 29 blessés. Deux kamikazes, âgés de 14-15 ans, se sont fait exploser à l'intérieur des bâtiments du Palais de justice. L'un des assaillants s’est fait exploser devant la porte du bureau d'un juge, tandis que l'autre visait le bureau du président de l’ordre des Avocats. Leurs complices ont réussi à s’échapper en abandonnant derrière eux deux armes. C’est la pire attaque terroriste dans la capitale depuis l’attentat de l'Hôtel Marriott qui avait tué 54 personnes en 2008. Les représentants du Barreau d’Islamabad ont sévèrement fustigé la police pour avoir failli dans sa mission d’assurer la sécurité des magistrats et des avocats. Ils ont reproché aux policiers d’être restés en faction devant les salles d’audience sans essayer de réagir alors que des forces de l’ordre ne sont intervenues que 45 minutes plus tard en se bornant à actionner des sirènes et à procéder au bouclage de la zone. 65 65 66 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde PAKISTAN – 10 avril 2014 Waqar ul Hassan Shah Le Vice-Président de la Ligue Musulmane (PMLN) assassiné à Karachi Le 10 avril 2014, Waqar ul Hassan Shah se rendait à son cabinet, lorsqu’il a été pris dans une embuscade dans le quartier de Gulshane Iqbal, à Karachi. Quatre hommes en moto ont ouvert le feu sur sa voiture avant de prendre la fuite. Grièvement blessé à la tête et à la poitrine, Waqar ul Hassan Shah a succombé à ses blessures dans l’ambulance qui le menait à l’hôpital. Avocat senior, Waqar ul Hassan Shah, de confession chiite, était le Vice-Président de la Ligue Musulmane du Pakistan (PMLN) des avocats au Sindh. L’Association du Barreau de Karachi a condamné l’assassinat et a organisé un boycott des audiences. Les avocats ont été appelés à participer à un sit-in afin de mettre en place les actions appropriées contre les intimidations, agressions et assassinats dont les avocats pakistanais ne cessent d’être victimes. PAKISTAN – 11 avril 2014 Sardar Ameer Khan Tué avec son neveu à l’entrée du Tribunal de Rawalpindi Sardar Ameer Khan (ou Samir Amir), un avocat chevronné – candidat au Conseil du barreau du Pendjab – et son neveu ont été pris dans une fusillade devant une entrée réservée à l'entrée des juges d’un Tribunal de district de Rawalpindi. Des hommes ont ouvert le feu blessant grièvement Sardar Ameer Khan et tuant son neveu sur le coup. Deux autres personnes ont été blessées. Les assaillants ont pris la fuite en emmenant avec eux Sardar Ameer Khan. Pris en filature, ils ont été arrêtés par la police. L’avocat a alors été transféré à l’hôpital, mais il a succombé à ses blessures. PAKISTAN – 12 avril 2014 Ghulam Haider Abattu sur la route de Jahangir, à Karachi Ghulam Haider, avocat de confession chiite, 45 ans, a été abattu par des hommes en moto alors qu’il venait de quitter son bureau et rentrait chez lui. Les assaillants ont ouvert le feu sur sa voiture avant de prendre la fuite. Ghulam Haider a reçu trois balles dans la tête. Il avait été directeur adjoint du bureau de l’ombudsman fédéral. Le barreau de Karachi a dénoncé l’inaction du gouvernement face à l’augmentation des assassinats ciblés du fait des croyances religieuses des victimes. Les avocats du Barreau de Karachi ont organisé un boycott des tribunaux après les deux assassinats d’avocats qui ont eu lieu dans la région de Karachi, en moins de 48 heures. 66 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde PAKISTAN – 23 juillet 2014 Moubarak Raza Kazmi Assassiné alors qu’il achetait des fruits dans un bazar à Karachi Moubarak Raza Kazmi, 60 ans, un avocat chiite de la Haute Cour du Sindh, a été abattu par quatre hommes sur deux motos qui ont tiré sur lui alors qu’il achetait des fruits de sa voiture dans un bazar de Gulshan-e-Iqbal. Il est mort sur le coup. Le Barreau auprès de la Haute Cour du Sindh (SHCBA) et le Barreau de Karachi (KBA) ont décrété un boycott des audiences de la Haute Cour du Sindh et des Tribunaux inférieurs dans l'ensemble Sindh en signe de deuil et de protestation contre le meurtre de Moubarak Raza Kazmi. Le Président du Barreau de la Haute Cour du Sindh (SHCBA), ZK Jatoi a publiquement condamné l’assassinat et a exhorté le gouvernement et les responsables de provinciaux à faire arrêter les assaillants. Il rappelé que près de 40 avocats avaient récemment été pris pour cible à Karachi. Il a condamné le meurtre ciblé de chiites et déclaré que le gouvernement n'avait pas réussi à empêcher les meurtres et d'arrêter les coupables impliqués dans les meurtres. Après avoir tenu plusieurs réunions avec les responsables concernés, pour assurer la sécurité des avocats et l'indemnisation des héritiers des confrères assassinés, il a anoncé que le gouvernement du Sind avait accepté de payer 500,000 Rs (environ 4.300 €) en compensation aux familles. Répondant à une question, il a dit que la majorité des avocats avait été tués pour des raisons sectaires, certains avaient été ciblés pour des questions connexes, tandis que d'autres ont été frappés lors de déplacements avec leurs clients. PAKISTAN – 3 mai 2014 Mohammad Idris Assassiné avec son chauffeur, à Orangi dans la province de Karachi Le 3 mai 2014, les corps de Mohammad Idris et de son chauffeur Noman Shah ont été retrouvés criblés de balles dans la ville d’Orangi, dans la province de Karachi. Les premières informations laissent penser que cet assassinat serait lié à l’engagement politique des victimes, notamment à celui du chauffeur qui était membre du parti « Muttahida Qaumi Movement » ou MQM. Le MQM est le quatrième parti politique pakistanais et représente la population mohajir (immigrée) de langue ourdou. Le parti est particulièrement implanté dans la province du Sind et dans la ville de Karachi. Saif Yar Khan, membre du MQM, a exhorté les Gouverneurs de la province du Sind de faire la lumière sur cet assassinat. Il a également rappelé que les membres du parti politique MQM étaient perpétuellement victimes d’agressions et que le MQM ne parvenait plus à faire face à ce climat de violences et d’insécurité insoutenable. 67 67 68 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde IRAK – 2 mars 2014 Marwan Abdel Moneim Tué à al-Arkebah au nord-est de Bakouba Des hommes armés non identifiés ont ouvert le feu sur un véhicule dans lequel se trouvait l'avocat Marwan Abdel Moneim dans le village d’al-Arkebah dans Miqdadiya, nord-est de Bakouba, le chef-lieu de la province irakienne du Diyala. Marwan Abdel Moneim a été tué sur le coup. La ville est située à 50 kilomètres au nord-est de Bagdad. Les résidents de Bakouba ont dit qu'ils craignaient un renouvellement de la guerre sectaire. La ville de Baquba est principalement sunnite, mais les villages voisins sont chiites et la province a été le théâtre des pires violences sectaires que le pays a connu. Les combats se sont rapprochés de Bagdad et l'offensive est conduite par des combattants des groupes sunnites des Brigades 1920 et par l'Armée islamique, selon une source de renseignement iraquienne. Les deux groupes sont présents depuis longtemps, dans la province de Diyala et ont été impliqués dans certains des combats les plus sanglants au cours des batailles sectaires de 2005 à 2007. Les brigades 1920 ont été formées par des officiers de l'armée irakienne qui ont été laissés sans emploi après la dissolution de l'armée en 2003, par les américains. IRAK – 10 juin 2014 Uda Taha Kurdi Arrêté à la Cour centrale de Bagdad et mort en détention. Uda Taha Kurdi, 33 ans, avocat père de deux jeunes enfants, a été arrêté à la Cour centrale de Bagdad, le 10 Juin 2014. Deux semaines plus tard, sa famille a appris qu'il souffrait d'un « problème de santé » et qu'il était mort. Un juge a allégué qu'il était « d'une famille terroriste » et appartenait « à la direction de l’État islamique ». Le corps présentait des hématomes, des plaies ouvertes et des brûlures correspondant à l’administration de décharges électriques. Un examen médico-légal a conclu qu'il avait probablement été tué par la torture électrique avec des électrodes fixées sur son mollet et le petit orteil. Selon Amnesty International, des preuves ont été retrouvées attestant que des détenus ont été soumis à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements et que des sunnites, incarcérés en vertu de la loi de 2005 relative à la lutte contre le terrorisme, sont morts derrière les barreaux. 68 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde NIGERIA – 3 juillet 2014 Olakunle Fadipe L’ancien membre de la Commission nationale des droits de l’Homme assassiné dans son « Domaine de l'Harmonie », à Lagos. Okunle Alexander Fadipe a été assassiné, le 3 juillet 2014, par un agresseur solitaire qui s’est introduit dans sa maison du Domaine de l'Harmonie, à Lagos. Son fils et sa belle-mère ont également été poignardés. L’agresseur aurait suivi le fils d’Okunle Fadipe qui est également avocat, lorsqu’il est entré sur le domaine, vers 11 heures du soir. Apercevant l’intrus, le fils aurait couru dans le salon de l'appartement, où son père et sa grand-mère étaient assis, poursuivi par l’agresseur qui a exigé la remise de 500,000 Nairas nigérians (soit un peu plus de 2000 €) en menaçant de « tuer quelqu'un » si l'argent ne lui était pas remis. L'avocat a lutté avec l'agresseur, après que ce dernier a tenté de poignarder sa bellemère. Ses mains portaient la trace de sévères coupures reçues dans la lutte. L’assaillant s’est alors tourné vers lui et l'a poignardé à plusieurs reprises dans le cou. Très grièvement blessée, la belle-mère, âgée de 74 ans, est morte le 14 Juillet. Okunle Alexander Fadipe était un ancien membre de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH). NIGERIA – 27 mars 2014 Horrace Egbon Dafiogho et Sam Ekwajor Tués au bord d’une route dans la région du Delta Horrace Egbon Dafiogho, un avocat connu de longue date pour son engagement au service des droits de l’Homme et un jeune confrère, Sam Ekwajor, étaient tous deux partis à Ozoro, pour défendre les accusés dans une affaire d'enlèvement très médiatisé impliquant un homme politique. Ils ont été agressés et assassinés, sur la route menant d’Ughelli à Ozoro. Le jour de sa mort, Horrace Egbon Dafiogho avait laissé entendre qu’il se sentait menacé. Il avait même dit à un juge lors d’une audience « que sa vie était menacée ». Horrace Egbon Dafiogho et son jeune confrère, Sam Ekwajor, étaient tous deux des militants des droits de l’homme de la région du Delta. Le meurtre a provoqué a conduit un choc et de panique parmi les praticiens du droit de l'État. Le coordonnateur national, du Forum pour la Justice et la Défense des droits de l’homme, Oghenejabor Ikimi, a déclaré être sous le choc. « Pourquoi tuer un avocat et un militant qui passe son temps à défendre les moins privilégiés dans la société ? ». 69 69 70 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde RUSSIE – 12 septembre 2014 Tatyana Akimtseva Assassinée devant son immeuble du centre de Moscou Tatyana Akimtseva, une éminente avocate connue pour sa défense des célébrités russes, 59 ans, a été abattue, en même temps que son chauffeur, devant son immeuble de la rue Hasek au centre de Moscou. Les images de vidéo surveillance ont montré que le chauffeur de l'avocate, âgé de 44 ans, est sorti pour en retirer des affaires, lorsqu’un individu non identifié a surgi et a tiré sur lui avec un pistolet. Il a ensuite tiré sur Tatyana Akimtseva qui était devant la porte d'entrée de l’immeuble. Les deux victimes sont mortes. Quatre cartouches de pistolet Makarov gisaient à côté de la voiture. Au cours de sa carrière, Tatyana Akimtseva, leader du cabinet « Karabanov et associés », a défendu de nombreuses célébrités, telles que les chanteurs Filipp Kirkorov et Kristina Orbakaite, le champion olympique de patinage artistique Evgeniy Plushchenko et le producteur Yana Rudkovskaya. Elle figurait parmi les avocats de l'ancien chef du géant pétrolier russe Ioukos, Alexeï Pitchouguine, condamné à 20 ans de prison. Les enquêteurs soupçonnent que Tatyana Akimtseva a été victime de son implication dans un procès concernant le crime organisé. Elle était en effet l’avocate de Sergey Zhurba, un élu au conseil régional d'Odintsovo, témoin clé contre Dmitry Belkin, unanimement considéré comme le chef du gang Orekhovo (ou organisation Orekhovskaya), l’un des plus puissants et violents de Moscou dans les années 1990. Zhurba avait révélé aux enquêteurs que, dans les années 1990, il avait été forcé d’inscrire l'épouse et la mère de Belkin comme faisant partie de son entreprise comme un moyen de rémunérer le groupe. Dans les décennies qui ont suivi, le gang a été largement affaibli par les arrestations et les descentes de police et Zhurba avait retiré les deux femmes de la liste des parties prenantes de son entreprise. Peu de temps après, en 2010, sa voiture a été criblée de tirs de mitraillettes. Son garde du corps a été tué tandis que lui et son chauffeur n’avaient été que blessés. Après avoir survécu, Zhurba a commencé à coopérer avec les enquêteurs et à fournir des informations sur les activités du groupe. Une seconde tentative d'assassinat s’en est suivie en juin à l'entrée de son bureau. Son chauffeur, Alexei Zakharov, qui avait également témoigné contre Belkin, a été assassiné au mois de juillet. Depuis lors, Tatyana Akimtseva avait déclaré qu'elle craignait pour sa vie à la lumière de tout ce que son client avait déjà subi. Son compagnon, Alexander Karabanov a confirmé qu’ils avaient reçu de nombreuses menaces de mort. Le 23 octobre 2014, Dmitry Belkin, chef du gang, reconnu coupable de 22 meurtres et 11 tentatives de meurtre, a été condamnés à la prison à perpétuité dans une colonie à régime strict. Son complice Oleg Pronin a été condamné à 24 ans de prison. 70 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde RUSSIE – 24 octobre 2014 Vitaliy Moiseyev Abattu à Moscou, six semaines après Tatyana Akimtseva Le 24 octobre 2014, Vitaliy Moiseyev, et sa femme, Elena Moiseyeva, ont été retrouvés morts dans une voiture près de Moscou. Ils avaient été tués à environ 7 heures du matin, à bout portant d’au moins 30 tirs de Kalachnikov alors qu’ils quittaient leur domicile en voiture, près de la colonie Uspenskoye en plein quartrier Odintsovo, où habitent les représentants de l'élite politique et des affaires de Russie. Sur le terrain, les enquêteurs ont trouvé une Volvo criblée de balles dans le fossé près de la route. Apparemment, le tueur à gages avait attendu sur les lieux depuis la veille. Vitaliy Moiseyev était, comme Tatyana Akimtseva, l’avocat de Sergei Zhurba, une victime présumée du gang criminel Orekhovo à Moscou et témoin clé dans une affaire portant sur de nombreuses exécutions par les membres du gang. Il venait de défendre les intérêts de son client devant la Cour Régionale de Moscou dans l’affaire du gang Orekhovskaya. La veille, le 23 octobre 2014, le verdict avait été rendu, condamnant Dmitry Belkin, chef du gang, à la prison à vie, et son complice Oleg Pronin, à 24 ans de prison, pour 22 meurtres et de 11 tentatives de meurtre, ainsi que d’autres crimes. Le meurtre de Vitaliy Moiseyev a eu lieu quelques heures avant son intervention devant le Tribunal dans une affaire distincte contre les chefs du gang Orekhovo. Selon l’associé et compagnon de Tatyana Akimtseva, Alexander Karabanov, Vitaliy Moiseyev devait assister son client, Sergei Zhurba – qui bénéficie désormais de la protection spécial des textes sur la protection des témoins – devant le Tribunal municipal de Odintsovo, ce même 24 octobre, à 11 heures, lors d’une audience concernant l'extorsion de biens immobiliers, à Moscou et dans la région de Moscou, crimes pour lesquels les chefs de l’organisation Orekhovskaya, encouraient 15 ans de prison. Alexander Karabanov qui continue à travailler sur l'affaire Zhurba, pense qu’il est le troisième avocat inscrit sur la liste du gang criminel. Comme pour Tatyana Akimtseva, aucune information n’a jamais été fournie indiquant que des arrestations ayant trait à ces crimes soient intervenues. A la suite de suite du double assassinat des avocats de Sergey Zhurba, Tatyana Akimtseva et Vitaliy Moiseyev, les avocats russes ont exprimé leur inquiétude, estimant que la primauté du droit était en cause dans les pays où les avocats font l’objet d’attaques mortelles simplement pour avoir défendu leurs clients et avoir exercé leurs fonctions professionnelles. Ils ont proposé d’amender le Code pénal en étendant aux avocats les dispositions de l'article 295 sur les atteintes à la vie des membres des services d'enquête et du personnel judiciaire. 71 71 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde 72 Ils en ont réchappé PANAMA – 4 juillet 2014 Alfonso Montoya Rodríguez Deux balles dans la poitrine devant son domicile à Condado del Rey Alfonso Rodríguez Montoya, 38 ans a été blessé après avoir été attaqué par un homme armé, à 2 heures du matin alors rentrait à son domicile à Condado del Rey. Au moins sept trous de balles ont perforé le véhicule, trois dans la vitre du conducteur, deux dans la porte et le reste dans la fenêtre du passager arrière. L'agresseur s’est enfui. Retrouvé sur le sol, avec deux balles dans la poitrine, l’avocat a été transporté à l'hôpital de San Miguel Archange, où il a été hospitalisé. Alfonso Rodríguez Montoya est un membre de l'Ordre national des avocats (CNA) et participait à une émission télévisée très suivie intitulée « Consultorio Jurídico ». PARAGUAY – 5 octobre 2014 Óscar Vidal Ruiz Díaz Deux balles pour un rendez-vous avec un client hypothétique à Asuncion. Oscar Vidal Ruiz Diaz, 49 ans, a reçu des tirs par armes à feu, dans le quartier de Villa Aurelia à Asuncion, par un homme qui avait sollicité ses services professionnels. Il avait reçu un appel chez lui d'un client hypothétique, disant s’appeler Oscar Fleitas. Le futur client lui téléphonait depuis deux jours pour des conseils et déclarait vouloir le rencontrer en urgence. L’avocat s’est rendu au rendez-vous convenu. Alors qu’il attendait dans sa voiture à l’endroit convenu, il a vu arriver un homme du côté de la vitre du passager. Ce dernier a tiré deux coups de pistolet sur lui, une balle a pénétré sa cuisse droite et une autre l’a traversé en oblique. Oscar Vidal Ruiz Diaz a été emmené au centre des urgences médicales où la balle a été retirée. 72 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde MEXIQUE – 30 avril 2014 Francisco Javier Estrada Sanchez Trois tentatives d’attentat avec des armes 9mm Francisco Javier Estrada Sanchez a réchappé de trois attentats successifs au cours de l’année 2014. Le 30 avril alors qu’il était à bord de sa camionnette, il a été suivi par des hommes armés dans le quartier d’Atasta Serra. Lorsqu’il a accéléré pour tenter de leur échapper, les hommes ont immédiatement tiré sur lui et l’ont blessé à la jambe avec des balles de calibre 9mm. Toutefois, il a pu conduire jusqu’à l’entrée de la zone militaire 30, où il a trouvé refuge avant d’être soigné dans un hôpital. Le 29 juillet 2014, il a subi une deuxième attaque. Deux hommes à bord d’une moto ont tiré sur lui sur l’autoroute Buenavista-Villahermosa. Il leur a échappé de justesse. Enfin, le 1er décembre 2014, un commando armé a tiré sur lui alors qu’il raccompagnait des amis sur la porte de sa maison, dans la rue Mariano Abasolo. Il a été touché par deux balles, et transporté dans un hôpital. 17 douilles de calibre 9mm sont restées sur la scène du crime. Francisco Javier Estrada Sanchez semble victime de son passé. Il avait été soupçonné d’être l’avocat du crime organisé. Le 10 avril 2009 il avait été arrêté par la police fédérale pour être interrogé sur ses liens avec le gang « Los Zetas », ou cartel du Golfe, dont il était l’avocat. Il était resté détenu jusqu’en 2011. Depuis, il pourrait être devenu la cible de « Los Zetas ». MEXIQUE – 29 juillet 2014 Luis Alberto Arias de la Cruz Il échappe à deux attentas en 2014, pas au troisième en 2015 Le 2 juillet 2014, Luis Alberto Arias de la Cruz devait être abattu mais les tueurs l’ont confondu avec son frère, Walter Arias de la Cruz, fonctionnaire de la HauteCour, qui est mort à sa place de 3 balles dans la poitrine, alors qu’il amenait son fils à l’école. Quelques jours plus tard, le 29 juillet, Luis Alberto Arias de la Cruz a été atteint par deux des douze balles d’un tireur sur le Paseo Tabasco à Villahermosa, alors qu’il était passager à l’avant d’un véhicule. Les trois autres personnes ont également reçu des balles dans le corps. Le sursis a été de courte durée puisque le 23 janvier 2015, il n’a pas échappé au troisième attentat perpétré contre lui. Il est mort de 6 balles dans le corps alors qu’il était passager à l’arrière d’une voiture dans le quartier de Las Gaviotas. Un autre occupant du véhicule a été tué. Après l’enlèvement de l’avocat Raùl Jimenez, Luis Alberto Arias de la Cruz avait accepté de défendre les deux accusés, arrêtés en octobre 2013. Néanmoins, il n’avait pas réussi à obtenir leur mise en liberté. 73 73 74 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde PAKISTAN – 3 décembre 2014 Shahbaz Gormani Attentat contre le nouvel avocat du professeur accusé de blasphème Le 3 Décembre 2014, à Multan, plusieurs hommes armés à moto ont tiré sur la résidence de Shahbaz Gormani, l’avocat de Lahore qui a pris la succession de Rashid Rehman, assassiné le 7 mai 2004, dans la défense du professeur d'université Junaid Hafeez poursuivi pour blasphème. Ni Rashid Rehman, ni son frère, présent sur les lieux, n’ont été touchés. Trois heures après les coups de feu, Shahbaz Gormani a entendu frapper et s’est rendu près de la porte accompagné de son garde de sécurité, pour s’enquérir de l’identité du visiteur. Il a, à ce moment-là, entendu le bruit d’une moto qui démarrait. Sur le seuil il a trouvé une lettre portant l’en-tête du prétendu « État islamique » faisant expressément référence à la mort six mois plus tôt de Rashid Rehman, le précédent avocat de Junaid Hafeez, et l’avertissant que ses déplacements étaient surveillés. Le message comminatoire lui enjoignant de se retirer de l’affaire faute de quoi le groupe terroriste allait le décapiter, en ajoutant, en outre, qu’il ne « manquait jamais sa cible ». Shahbaz Gormani a immédiatement déposé une plainte auprès de la police de Gulgasht. Il a ajouté qu'il n’avait pas peur des menaces et continuerait à défendre l’accusé, même si la police ne lui fournissait aucune protection. Toutefois, il a lancé un appel au Parlement pour que soient adoptées des lois pour protéger les avocats qui défendent les personnes accusées de blasphème. Le Professeur Junaid Hafeez, de l'Université Bahauddin Zakariya, est accusé en vertu de l'article 295-C du Code pénal du Pakistan (loi sur le blasphème) d’avoir fait des déclarations désobligeantes contre le prophète Mahomet en mars 2013. Hafeez était connu à l'université pour ses vues libérales et l'affaire de blasphème a été enregistrée sous la pression de groupes d'étudiants de droite. Une personne poursuivie en vertu de la loi sur le blasphème du Pakistan encourt la peine de la mort ou l'emprisonnement à vie. Dans la pratique, depuis l'arrêt de la Cour fédérale de la charia sur la loi sur le blasphème dans les années 1990, le crime est habituellement uni d’une condamnation à mort. Toutefois, il existe de facto un moratoire de facto sur les exécutions de civils depuis 2008. Shahbaz Gormani est un ancien étudiant de l'Université Bahauddin Zakariya, où enseigne le professeur Hafeez. Il est membre du barreau du Pendjab, avocat à la Haute cour de Lahore et exerce au sein du cabinet « Gurmani Law Associates » intervient dans des affaires de droits de l'homme, de défense des droits des femmes et de l'enfant, notamment les abus commis sur les mineurs. (Voir page 31). 74 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde Condamné(e)s en 2014 75 75 76 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde 76 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde ARABIE SAOUDITE – 6 juillet 2014 Walid Abu al-Khair Condamné à quinze ans de prison, à autant d'années d'interdiction de voyage pour insulte aux autorités Walid Abu al-Khair, qui dirige le dirige le Monitor of Human Rights in Saudi Arabia (Surveillance des droits de l’homme en Arabie Saoudite), a été condamné le 6 juillet, à quinze ans de prison – dont cinq années assorties du sursis – à autant d'années d'interdiction de voyage et à 200.000 riyals (environ 50.000 €) d'amende, pour : « désobéissance et rupture de l’allégeance au souverain », « manque de respect envers les autorités », « outrage à magistrat ». Sur appel du ministère public, le 12 janvier 2015, la Cour pénale spécialisée de Riyad a annulé le sursis et a ordonné que la totalité de la peine de 15 ans de prison, serait executée parce qu’il n’avait pas retiré ou présenté des excuses à la Cour. Le 15 février 2015, la Cour pénale spécialisée de Riyad a confirmé la décision. Le 26 juin 2014, Walid Abu al-Khair a lu une déclaration devant la Cour expliquant qu’il ne reconnaissait pas la légitimité de la juridiction. La Cour pénale spécialisée doit traiter les cas liés au terrorisme, mais est utilisé pour cibler les défenseurs des droits de l'homme. Tout au long de l'audience ses jambes étaient enchaînées. En août 2014, Walid Abu al-Khair a été transféré de la prison de Jeddah à celle de Malaz à Riyad. Pendant le transfert, il aurait été passé à tabac et jeté au sol ; depuis, il souffre du dos. Le 4 février 2015, Walid Abu al-Khair a été à nouveau transféré de prison Malaz au centre de réadaptation Al Hair, à Riyad. Ce transfert – le sixième depuis qu’il est détenu - serait lié à son refus de reconnaître la légitimité du tribunal de première instance et d’avoir refusé de présenter des excuses à la cour. Les autorités ont rejeté la demande d'enregistrement de Monitor of Human Rights in Saudi Arabia. Le 2 octobre 2013, Walid Abu al-Khair avait été arrêté à Jeddah pour avoir « organisé chez lui des rassemblements « non autorisé » de réformistes ». Il avait été libéré sous caution le 3 octobre. Trois semaines plus tard, le 29 octobre, Walid Abu al-Khair était condamné à Jeddah, à trois mois de prison pour « désobéissance et rupture de l’allégeance au souverain », « manque de respect envers les autorités », « outrage à magistrat », « incitation à s'opposer au royaume auprès d'organisations internationales » et « création d'une organisation non autorisée ». Il lui était reproché d’avoir signé, deux ans plus tôt, une pétition, la « déclaration de 2011 », qui réclamait le droit de réunion pacifique, critiquait les peines de prison infligées à des réformistes et demandait la fin de la repression policière contre les manifestants chiites dans l’est du pays. Le 24 février 2014, la Cour d'appel avait confirmé sa condamnation à trois mois de prison. C’est désormais une peine beaucoup plus longue qu’il doit purger. (Voir 200 avocats 2014, p.72) 77 77 78 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde ARABIE SAOUDITE – 27 octobre 2014 Abdulrahman al-Subaihi, Bander alNogaithan et Abdulrahman al-Rumaih Condamnés à cinq et huit ans d’emprisonnement pour des tweets « offensants » Le 27 octobre, la Cour pénale spécialisée à Riyad, chargée des affaires de sécurité et de terrorisme, a condamné Abdulrahman al-Subaihi, 39 ans, à une peine de huit ans d'emprisonnement assortie d'une interdiction de voyager d'une durée de dix ans, et Bander al-Nogaithan, 36 ans, et Abdulrahman al-Rumaih, 32 ans, à une peine de cinq ans d'emprisonnement chacun, assortie d'une interdiction de voyager d'une durée de sept ans, pour avoir « troublé l'ordre public » et « insulté la magistrature » sur Twitter, en vertu de l'article 6 de la loi relative à la cybercriminalité. En outre, il leur est interdit de parler ou d'accorder des interviews à des médias et de publier des messages sur des réseaux sociaux pour une durée indéterminée. Abdulrahman al-Subaihi est condamné pour avoir diffamé et calomnié le roi, « affirmant qu'il y a des détenus arbitraires », et porté « atteinte à la dignité et le prestige de la magistrature en intervenant dans les jugements et les critiquer [...] incitant les membres des professions judiciaires à suivre ses critiques » dans des « tweets émis de son compte de médias sociaux sur Twitter ». Les trois avocats ont été poursuivis pour avoir, dans leurs messages en ligne, « critiqué le pouvoir judiciaire et qualifié certaines décisions judiciaires d'injustes », « accusé un Tribunal de Riyadh d'avoir égaré des dossiers », « accusé le Ministère de la Justice de mentir et de violer la loi », « compromis l'indépendance du pouvoir judiciaire en critiquant un procès et en accusant le Ministre de la Justice d'en être l'instigateur » et « accusé le Conseil judiciaire suprême de poursuivre des juges intègres et de disculper des magistrats corrompus ». Par une précédente décision du 1er juin 2014, les avocats s'étaient vu infliger des amendes dont le montant total s'élevait à 1.250.000 rials saoudiens (environ 267.000 euros) et interdire d'utiliser les médias sociaux par un comité du ministère de la Culture et de l'Information. Les avocats ont fait plusieurs demandes, mais n'ont jamais reçu de copie de cette décision. Avant leur condamnation pénale, le 21 septembre, la Commission disciplinaire des avocats leur avait retiré leur licence professionnelle pour ingérence dans le système judiciaire et remise en question de la crédibilité du ministère. Abdulrahman al-Subaihi est un membre du conseil de servir et ancien professeur de l'Institut supérieur de la magistrature d’Arabie Saoudite. Bander al-Nogaithan, ancien professeur de droit à l’Université de Dar al-Uloom. Abdulraham al-Rumaih est un ancien juge de la Cour générale à Riyad. 78 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde IRAN – 31 mai 2014 Hadi Esmaeilzadeh Condamné à quatre ans de prison et deux ans d’interdiction d’exercice professionnel pour propagande contre l’État Le 31 mai 2014, la 15ème chambre du Tribunal révolutionnaire islamique a condamné Hadi Esmaeilzadeh à un total de quatre ans d'emprisonnement, dont trois ans pour la charge de « montage et collusion dans l'intention de commettre des crimes » fondée sur l’« appartenance à une organisation illégale », et un an pour « propagande contre l'État islamique ». En outre, il lui est interdit d'exercer la profession d'avocat et d’appartenir à des groupes et partis politiques pendant deux ans. Hadi Esmaeilzadeh a fait appel de la peine et reste libre dans l'intervalle. Hadi Esmaeilzadeh avait été convoqué le 15 avril 2014 devant la 15ème chambre du Tribunal révolutionnaire islamique. Le 22 avril 2014, les avocats de Hadi Esmaeilzadeh n’avaient toujours pas obtenu l’accès à son dossier. Hadi Esmaeilzadeh avait seulement été informé, au cours d’un interrogatoire préliminaire le 12 juillet 2011, qu’il était accusé « d’assister à des réunions et de collusion avec l’intention de commettre des crimes contre la sécurité » en raison de son adhésion au Centre des Défenseurs des Droits de l’Homme (DHRC), ainsi que de « diffusion de propagande contre l'État », pour avoir écrit les rapports mensuels du DHRC, adressés à des organisations des droits de l'Homme, y compris le Conseil des droits de l'Homme, ainsi que pour son activité dans le cadre du Comité des élections libres avant les élections présidentielles de 2009. Il lui avait été également interdit de voyager en dehors de l’Iran. Le juge l’avais informé à l’issue du procès que s’il souhaitait voir lever l'interdiction de voyager à l'étranger, il lui fallait « négocier » avec les services du Renseignement qui avaient préparé le dossier remis à la Cour. Hadi Esmaeilzadeh est avocat des droits de l’Homme et membre du DHRC. Il a passé six ans en prison de 1982 à 1988. Le DHRC, fondé en 2001 par cinq avocats, défend bénévolement les personnes accusées de crimes politiques ou les prisonniers de conscience. Depuis la fermeture des bureaux du DHRC en 2008, qui reste cependant actif, Hadi Esmaeilzadeh a dû faire face à plusieurs interrogatoires par les services secrets iraniens ainsi qu’à des pressions pour qu’il démissionne. En 2009, Hadi Esmaeilzadeh a été expulsé de l’institut bancaire supérieur d’Iran. En 2012, il a également été expulsé de l’Université islamique Azad à Bam après avoir refusé de démissionner du DHRC. Trois des cinq avocats fondateurs du DHRC, Abdolfatah Soltani, Mohammad Seifzadeh, et Mohammad Ali Dakhah, ont été emprisonnés, et Chirine Ebadi a fui l’Iran depuis 2008. 79 79 80 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde SWAZILAND – 25 juillet 2014 Thulani Rudolf Maseko Condamné à deux ans de prison pour avoir exprimé son opinion dans des articles Le 17 juillet 2014, Thulani Rudolf Maseko, un éminent avocat du barreau de Mbabane, ainsi que l’éditeur et rédacteur en chef du magazine The Nation, considéré comme le seul journal indépendant du pays, ont été condamnés pour « outrage à la Cour » par la Haute Cour du Swaziland, à deux ans de prison, sans bénéficier de libération sous caution, et à une amende de 100.000 SZL (environ 7.000 euros), payable dans le mois. Le juge a rejeté la quasi-totalité des preuves et témoignages présentés par la défense. Il a également lancé une attaque contre les journalistes. Le juge a ajouté que la peine doit être telle qu '« elle ait un effet dissuasif pour les autres » et que Thulani Maseko était « une honte pour la profession judiciaire ». Le juge qui présidait la Cour avait été personnellement mis en cause dans l’un des articles. Malgré l'évident conflit d'intérêts, le juge a rejeté la demande de récusation. Habituellement, l’« outrage à la Cour » est puni d’une peine de 30 jours ou d’une amende de 2.200 euros. La condamnation est motivée par la publication, en février et mars 2014, de deux articles exprimant des préoccupations quant à l’indépendance et à l’intégrité de la justice au Swaziland. Thulani Maseko avait critiqué le manque d'impartialité du système judiciaire du Swaziland et appelé à une révision de la Constitution. Les deux hommes ont été arrêtés le 18 mars 2014, en vertu du même mandat et se sont vus refuser, à plusieurs reprises, une mise en liberté sous caution. Le 6 avril, un juge de la Haute Cour a déclaré que le mandat d’arrêt délivré contre eux était inconstitutionnel et a ordonné leur libération. Cependant le Bureau du directeur des poursuites publiques et le gouvernement du Swaziland, ont interjeté appel de cette décision, et ils sont restés détenus au centre de détention provisoire de Sidwashini à Mbabane Thulani Rudolf Maseko, bien connu pour ses critiques du gouvernement est un éminent avocat du Barreau du Swaziland, membre Réseau des défenseurs des droits de l'homme pour l’Afrique du Sud, et lauréat de la Faculté de droit de l’American University Washington. Le Swaziland est la dernière monarchie d’Afrique subsaharienne, les pouvoirs du roi y sont très importants et les partis politiques interdits. 80 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde CHINE – 25 janvier 2014 Xu Zhiyong Le fondateur de l'association de juristes « Gongmeng » condamné à quatre années de prison Xu Zhiyong, 40 ans, avocat et universitaire, l'un des fondateurs de l'association de juristes, « Open Constitution Initiative » (Initiative pour une Constitution Ouverte), en chinois « Gongmeng », et célèbre pour sa défense de la construction d'un véritable État de droit en Chine, a été condamné, à quatre ans de prison, par un Tribunal de Pékin qui l’a déclaré coupable de « rassemblement illégal visant à perturber l'ordre public », le 25 janvier 2014. Peu après les débuts du procès, sous haute surveillance et sans que la presse étrangère soit autorisée à entrer dans la salle d'audience, le 22 janvier, Xu Zhiyong avait choisi de garder le silence, ne souhaitant pas prendre part à cette mise en scène théâtrale. Son avocat, Zhang Qingfang, qui a été emmené par la police immédiatement après le verdict pour l’empêcher de parler à la presse, avait indiqué « Nous ne sommes pas des acteurs ». Inlassable promoteur de réformes du système juridique, Xu Zhiyong avait prôné une mobilisation citoyenne contre la corruption et exigé une transparence sur le patrimoine des hauts fonctionnaires. Précédemment, Xu Zhiyong, avait été arrêté secrètement le 29 juillet 2009, pour évasion fiscale au sein de l'association Gongmeng, fermée en juillet 2009 sous un prétexte fiscal parce qu’elle avait reçu un don de l'Université de Yale au cours de l'année 2008, dont elle n’aurait pas poayé les taxes, alors que celles-ci ne sont exigibles qu'une fois les formalités achevées, parfois plusieurs années plus tard. La cause provient de ce que les associations chinoises – dont Gongmeng – ne peuvent obtenir le statut juridique d'association et ont le statut d'« entreprises ». Xu Zhiyong avait été finalement libéré, le 23 août 2009, plus de trois semaines après son interpellation par la police, mais restait poursuivi pour évasion fiscale. Malgré cela, le 8 octobre 2010, Xu Zhiyong avait été arrêté, alors qu’il était toujours en liberté sous caution, en compagnie de plusieurs autres juristes, lors d’une réunion improvisée pour célébrer l’attribution du prix Nobel à Liu Xiaobo. Ils avaient été libérés dans la soirée du 8 octobre. Xu Zhiyong avait fait sensation en 2003 en se présentant comme candidat indépendant à l'Assemblée populaire de Pékin. Il avait fait parler de lui quelques mois plus tôt en proposant, et en obtenant, une réforme de la loi sur la garde à vue, à la suite de la mort en détention d'un jeune migrant à Canton, l'« affaire Sun Zhigang ». (Voir 200 avocats 2014, p.85) 81 81 82 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde CHINE – 18 avril 2014 Ding Jiaxi Condamné à trois ans et demi de prison Le 18 avril 2014, Ding Jiaxi, 43 ans, avocat à Pékin, a été condamné par le Tribunal municipal du district de Haidian, à trois ans et demi de prison pour «rassemblement de foule pour troubler l'ordre dans un lieu public » pour avoir organisé des manifestations associées au « Mouvement des nouveaux citoyens ». Le procès avait commencé le 8 avril 2014 et les avocats de Ding Jiaxi ont quitté l'audience le 9 avril pour protester contre les procès qu'ils estimaient inéquitables. L'avocat de Ding Jiaxi n'a pas été autorisé à entrer dans le tribunal le jour de la condamnation. Plusieurs diplomates étrangers n'ont pas été autorisés à assister aux audiences. Les co-accusés de Ding Jiaxi ont été condamnés : Zhao Changqing à deux ans et demi de prison et Li Wei et Zhang Baocheng à deux ans de prison. Le 18 juillet 2014, la première Cour populaire intermédiaire de Pékin a confirmé les peines. Entre décembre 2012 et mars 2013, Ding Jiaxi, Xu Zhiyong, Zhao Changqing notamment, ont organisé des manifestations appelant les dignitaires du gouvernement à révéler leur patrimoine, en déployant des banderoles et diffusant des tracts pour appeler à la divulgation des actifs des fonctionnaires. Le 17 avril 2013, Ding Jiaxi, avait été arrêté par la Direction de la protection du Bureau de la sécurité des transports communs de Pékin du chef de « rassemblement illégal ». La police a perquisitionné son domicile, son cabinet et sa voiture. Le 25 mai, le Parquet populaire n°1 de la municipalité de PÉKIN à officiellement ordonné sa mise en accusation. Il a ensuite été transféré au centre de détention n°3 de Pékin pour « rassemblement illégal », « incitation à la subversion du pouvoir de l’État », « trouble de l’ordre public » et « détournement ». Plus d’une douzaine de militants anti-corruption à Pékin et dans la province de Jiangxi ont été arrêtés entre fin mars et fin mai, après avoir participé à la campagne. Ding Jiaxi, originaire de Yichang, Hubei, est un avocat et militant de longue date. Il a soutenu activement l'Open Constitution Initiative « Gongmeng » en chinois, qui prônait la primauté du droit, fermée par les autorités en 2009. En 2010, il a défendu le droit pour les enfants de travailleurs migrants de passer les examens d'entrée au collège sur les lieux de leur résidence actuelle plutôt que de devoir revenir sur les lieux d'origine. Il était surveillé de près par la police, notamment en raison de son rôle actif dans le « Mouvement des nouveaux citoyens » de Xu Zhiyong. (Voir 200 avocats 2014, p.84) 82 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde MYANMAR– 26 septembre 2014 Kyaw Hla Aung Le défenseur des Rohingyas condamné à une peine de dix-huit mois de prison sur de fausses accusations de participation à des émeutes Le 26 septembre 2014, le Tribunal de première instance de Sittwe dans l'Arakan, (Nord-ouest de la Birmanie), a condamné Kyaw Hla Aung, 74 ans, à un an et six mois de prison pour avoir participé à des « émeutes » dans le cadre des manifestations d’avril 2013. Kyaw Hla Aung, éminent avocat et défenseur des droits des Rohingyas, a été condamné pour un crime qu’il n’a pas commis alors qu’il a déjà passé seize ans en prison. Kyaw Hla Aung avait été arrêté le 15 juillet 2013 à l’occasion d’une manifestation organisée par les « déplacés internes » Rohingyas contre leur recensement de force en tant que « Bengali ». La manifestation a tourné en un violent conflit entre les déplacés Rohingyas et les représentants de l'immigration, ce qui a contraint les autorités à suspendre le processus d'enregistrement. Au moment des faits, Kyaw Hla Aung n’était pas sur place, mais selon les autorités, il aurait appelé le groupe de jeune pour leur ordonner d’attaquer les officiers. Selon sa famille, Kyaw Hla Aung tentait au contraire de calmer la foule en colère. Cependant, il a été arrêté et accusé d’avoir organisé une « émeute menée avec des armes mortelles ». Le 4 Août, le Tribunal de première instance de Sittwe a refusé de le libérer sous caution et a fixé la date de sa comparution pour être jugé au 18 août 2014. Il a été condamné le 26 septembre 2014 à un an et six mois de prison. Toutefois, Kyaw Hla Aung, a été libéré de la prison de Sittwe, le 7 octobre 2014, par le gouvernement birman au titre d’une amnistie présidentielle. En raison de son engagement en faveur des Rohingyas, Kyaw Hla Aung est surveillé et harcelé. Ancien représentant du bureau local de MSF, devenu avocat en 1984, il a déjà passé seize ans en prison. Il a été arrêté la première fois le 25 août 1986 mais deux ans plus tard, après des troubles, à la prison Sittway, le 25 Août, les autorités avaient dû libérer tous les prisonniers. Il a été arrêté de nouveau le 10 avril 1990, puis condamné à quatorze ans de prison le 21 mai 1990. Sa peine a été réduite à dix ans et il a été libéré le 28 Août 1997. Le 11 juin 2012, Kyaw Hla Aung avait été arrêté après que plus de 500 nationalistes Rakhine aient détruit sa maison. Il avait été libéré le 16 août 2012. 83 83 84 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde VIETNAM – 18 février 2014 Lê Quoc Quân Condamnation à deux ans et demi de prison confirmée en appel Le 18 février 2014, à l’issue d’une audience rapide devant la Cour d'appel populaire de Hanoï la condamnation de Lê Quoc Quân à deux ans et demi de prisonet à une amende de 59.000 dollars (42.642,74 €) pour « fraude fiscale » a été purement et simplement confirmée en appel. Lê Quoc Quân, 42 ans, avait été condamné, le 2 octobre 2013, à Hanoï, au terme d'un procès de quelques heures. À l'audience Lê Quoc Quân, a déclaré « Je suis la victime d'actes politiques [...] Je continuerai mon combat contre la corruption, attaquant la bureaucratie et la stagnation qui minent notre pays ». Puis, à l'énoncé du verdict, il a voulu lancer « J'objecte », mais le son a été coupé, comme au moment des déclarations sensibles lors des procès de dissidents. Son frère cadet n’a pas été autorisé à assister au procès. Des journalistes qui avaient été admis, dont un de l'Agence France Presse a été forcé de quitter la manifestation par un policier en civil. Lê Quoc Quân avait été arrêté le 27 décembre 2012 alors qu'il allait chercher ses enfants à l'école à Hanoï. Il n'a été autorisé à voir son avocat que deux fois et n'est pas autorisé à voir sa famille. Il était accusé d'avoir tenté de contourner le fisc à hauteur de 20.000 dollars (14.452,25 €) concernant une « entreprise » qu'il avait créée en 2001. Catholique pratiquant, Lê Quoc Quân a fait ses études aux États-Unis avant de rentrer au Vietnam où il s’est démarqué pour son activité au sein de l’Eglise et de la société civile, participant notamment à la Commission Justice et Paix de Vinh. Il est l’auteur d’un blog très populaire qui dénonce les atteintes aux droits de l’Homme et traite les questions qui ne sont jamais évoquées par les médias d'État . Lê Quoc Quân a été constamment harcelé depuis 2007 par les autorités vietnamiennes en raison de ses activités relatives aux droits de l'homme. Le 8 mars 2007, à son retour au Vietnam après six mois d’études à Washington, il avait été arrêté et détenu pendant trois pour « activités visant à renverser le gouvernement », mais avait été libéré, sous la pression internationale, le 16 juin 2007. Pendant la durée de son emprisonnement, son cabinet d’avocat « Quan & Frères » a été fermé par les autorités et sa consœur, Tran Thi Thuy Trang, a également été arrêtée. En 2008, il a été radié du Barreau de Hanoï à cause de son activisme en faveur des droits de l’Homme. En 2011, il avait été arrêté alors qu'il manifestait devant le Tribunal lors du procès de Cù Huy Hà VNJ, puis libéré après un large mouvement de protestation internationale. (Voir 200 avocats 2014, p.81) 84 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde Emprisonné(e)s en 2014 85 85 86 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde ESPAGNE – 8 JANVIER 2014 Arantza Zulueta, Jon Enparantza et José Luis Campo Arrêtés en raison de leurs liens avec les prisonniers de l’ETA, à l’isolement sans jugement depuis plus d’un an Arantza Zulueta et Jon Enparantza Arantza Zulueta Urquijo, José Luis Campo Barandiarán et Jon Enparantza, trois avocats connus pour être spécialisés dans la défense de membres de l’ETA, ont été arrêtés en même temps que cinq autres personnes, dans le nord de l’Espagne, à Bilbao, Hernani et Burlata, lors d’une opération menée par la garde civile espagnole, le 8 janvier 2014. Six d’entre eux ont été arrêtés dans le cabinet d’avocat de Arantza Zulueta, à Bilbao. Jon Enparantza et José Luis Campo Barandiarán, ont été arrêtés dans le cabinet où ils travaillent, à Hernani. Les bureaux ont été fouillés durant près de vingt-quatre heures. Le ministre de l'Intérieur espagnol leur reproche d’entretienir des liens avec les l’organisation séparatiste basque puisqu’ils sont avocats de prisonniers de l’ETA. L’opération de police est survenue quelques jours après la dernière déclaration du Collectif des Prisonniers Politiques basques, trois jours avant la grande manifestation pour le rapprochement des prisonniers basques prévue à Bilbao et alors qu’un communiqué de l'organisation séparatiste basque ETA allait être publié. Ces interpellations ont été précédées d’un dérapage de la part du ministère de l’Intérieur espagnol. En effet, le jour-même, quelques heures avant le lancement de l’opération, le ministère a diffusé sur son site internet un communiqué de presse annonçant l’arrestation de six avocats proches de l’ETA. L’information avait été retirée du site quelques minutes plus tard. Un an après leur arrestation, ces trois avocats se trouvaient toujours placés en détention provisoire sans avoir été jugés. Jon Enparantza et Arantza Zulueta sont placés à l’isolement depuis le mois de janvier 2014. Jon Enparantza quant à lui, a été condamné, en juin 2014, à une amende de 5.760 euros pour injures aggravées envers la Garde Civile, pour avoir mis en doute le caractère naturel de la mort du militant Jon Anza. 86 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde RUSSIE – 28 février 2014 Taisiya Baskayeva Emprisonnée pour avoir perçu des honoraires sur des indemnités allouées à ses clients Taisiya Baskayeva, 56 ans, l'avocate au Barreau de Moscou en charge de la défense d’un nombre important de victimes de violations des droits de l'homme devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme, a été arrêtée le 28 février 2014, dans la région de Moscou. Une commission d'enquête de la Fédération de Russie dans la République d'Ossétie du Nord-Alania a allégué qu’elle aurait détourné les réparations accordées à la suite de l’arrêt Salkazanov c. Russie à 48 clients qu'elle a défendus devant la CEDH. Après son arrestation, Taisiya Baskayeva a subi un long transfert en voiture pour l’amener sur les lieux de la plainte, en Ossétie du Nord, soit à quelques 1200 kilomètres de Moscou. Taisiya Baskaeva a été placée dans un centre de détention à Vladikavkaz. Avant son arrestation, les enquêteurs l’avaient faite inscrire sur la liste internationale des personnes recherchées et avaient tenté d’obtenir une décision d’arrestation en affirmant qu’elle serait partie se cacher dans les Émirats Arabes Unis. Le 14 février, les juges avaient rejeté la demande aux motifs qu’il n’y avait aucune preuve fiable de ce qu’elle avait quitté le territoire de la Russie. Quatorze jours plus tard, elle a été arrêtée dans l’hôpital, où elle se rend tous les dix jours depuis décembre 2013, dans le cadre de son traitement contre le cancer, ce dont les autorités d'enquête avaient été dûment informées. Le caractère confus, les imprécisions voire les erreurs manifestes des accusations proférées contre Taisiya Baskayeva ne peuvent que provoquer une profonde inquiétude. Taisiya Baskayeva avait reçu des procurations pour percevoir directement les indemnités au nom de ses clients. La différence alléguée entre les sommes reçues et les sommes restituées serait représentée par ses honoraires. Près de 200 requêtes présentées par Taisiya Baskayeva contre la Russie sont actuellement pendantes devant la CEDH. Les poursuites intentées contre elle pourraient n’être qu’une modalité d’entrave au droit de saisir la Cour ou un procédé d’intimidation utilisé pour la dissuader de poursuivre ces recours. Le Président de la Cour Constitutionnelle de Russie a déclaré que le pays n’avait pas délégué une partie de sa souveraineté à la CEDH qui lui permettrait de prendre des décisions sur le changement de la législation russe. Il a ajouté que la Russie ne devait pas exécuter les décisions de la CEDH si elles vont à l'encontre de sa constitution. 87 87 88 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde AZERBAÏDJAN – 8 août 2014 Intigam Aliyev Le responsable de Legal Education Society placé en détention Intigam Aliyev, responsable de l’organisation de défense des droits de l’Homme Legal Education Society, a été convoqué, dans la matinée du 8 août 2014, à un interrogatoire au département pour les crimes graves du Parquet Général de Bakou, où il a été accusé d'évasion fiscale, d’entreprise illégale et d’abus de pouvoir avant d’être placé en détention préventive dans un centre de détention à Bakou. Après l'accusation d'Intigam Aliyev, des enquêteurs l'ont escorté chez lui et dans les bureaux de l'ONG afin de fouiller les lieux. Pendant l'interrogatoire, Intigam Aliyev a dû témoigner dans une affaire criminelle intentée par les autorités d'Azerbaïdjan contre un groupe d'ONG. Le 9 août 2014, Intigam Aliyev a fait paraitre une déclaration dans laquelle il dément toutes les charges. Il a déclaré que les raisons qui se cachent derrière son arrestation ne sont pas juridiques mais « politiques ». Son avocat a fait appel de la décision de le transférer vers un centre de détention préventive. Toutefois, le 24 octobre 2014, la détention provisoire d’Intigam Aliyev a été prolongée jusqu'au mois de février 2015. Il risque jusqu'à sept ans de prison. Trois de ses quatre avocats, Anar Qasymly, Alayif Hasanov et Fariz Namazly, ont été exclus de sa défense parce qu’ils ont été cités comme simples témoins dans l'affaire. Il semble que son arrestation soit liée au fait que la Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH) ait commencé à examiner les plaintes déposées avec l'aide d'Intigam Aliyev, ou que cela soit lié à son récent discours devant l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, où il critiquait les autorités d'Azerbaïdjan pour son mauvais bilan en matière de droits de l’homme, l'augmentation du nombre de prisonniers politiques et le harcèlement contre les ONG indépendantes. Intigam Aliyev est responsable de l’organisation Legal Education Society qui fournit un soutien juridique à des ONG et à des particuliers à faibles revenus. Elle publie aussi des ouvrages juridiques, surveille les réformes législatives et organise des séminaires, des conférences et des formations. Intigam Aliyev a déposé plus de 200 requêtes auprès de la CEDH, pour des cas de fraude électorale, de violations de la liberté d'expression et du droit au procès équitable. Le 5 août 2014, le Tribunal de Bakou a gelé les comptes bancaires de dix ONG, dont les comptes de l’Association des Avocats d’Azerbaïdjan. (Voir 200 avocats 2014, p.88) 88 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde TADJIKISTAN – 7 mars 2014 Fakhriddin Zokirov L’avocat des opposants politiques arrêté pour n’avoir pas remboursé l’intégralité d’un emprunt Le 7 mars 2014, l'agence gouvernementale pour le contrôle financier de l'État et la lutte contre la corruption de la République du Tadjikistan a arrêté Fahriddin Zokirov pour avoir fraudé dans des transactions bancaires, qui auraient eu lieu plusieurs années auparavant. Il est en effet accusé de fraude de ne pas avoir remboursé l’intégralité d’un emprunt dont il était redevable. Les agents de lutte contre la corruption reprochent à Fakhriddin Zokirov et à un associé d’avoir obtenu un prêt important en invoquant une usine d'égrenage de coton qui n’avait pas d’existence juridique licite, pour obtenir un prêt de un million de dollars de la Tojik Sodirot Bank (TSB), dont ils n’auraient remboursé que la moitié de la somme. Le 6 mai, puis le 6 juillet, et le 6 septembre, à la demande de l'Agence pour le contrôle financier de l'État et la lutte contre la corruption, le Tribunal de Douchanbé a maintenu Fakhriddin Zokirov en détention. Fakhriddin Zokirov, un avocat de la défense de renom avait représenté avec Shukhrat Qudratov et Ishoq Tabarov, les intérêts de l'ancien ministre de l'Industrie, Zaid Sayidov, en novembre 2013, condamné pour divers crimes, y compris la polygamie, à 26 années d'emprisonnement. Les avocats impliqués dans la défense de Saidov ont dû faire face à un harcèlement continuel, des menaces et persécutions pendant l'enquête et le procès, ainsi qu’à l’issu du prononcé du verdict. Les médias ont publié à plusieurs reprises des déclarations au sujet des menaces aux avocats et membres de leur famille. Le 15 juillet 2014, l’un d’entre eux, Shukhrat Qudratov a adressé un appel aux parlements et gouvernements étrangers, ainsi qu’aux organisations internationales des droits de l'homme dans lequel il a souligné la persécution en cours de l'équipe juridique de Zaid Saidov, et notamment Fakhriddin Zokirov, « arrêté pour avoir prétendument omis de payer une dette bancaire et actuellement détenu en garde à vue pour le cinquième mois ». Fakhriddin Zokirov a été libéré après huit mois de détention en vertu d'une amnistie en décembre 2014. Il a dû s’engager à ne plus défendre Saidov. Il a immédiatement cessé toute participation à l’affaire Saidov. 89 89 90 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde TADJIKISTAN – 21 juillet 2014 Shukhrat Kudratov L’avocat des opposants politiques arrêté dans son bureau et placé en détention à Douchanbé Le 21 juillet 2014, Shukhrat Kudratov, 38 ans, a été arrêté dans son bureau à Douchanbé et a été accusé de trois infractions criminelles dont tentative de corruption d'un juge. Le même jour, le Tribunal a décidé de le placer en détention préventive. L'agence gouvernementale contre la corruption affirme que Shukhrat Kudratov aurait demandé à un accusé 2.500 dollars US (2.300 €) « afin de corrompre le juge pour qu’il abandonne des poursuites » contre lui. Le jour de son arrestation, Shukhrat Kudratov a publiquement démenti ces accusations. Shukhrat Kudratov est l'un des rares avocats au Tadjikistan à défendre des militants de l'opposition, des victimes de torture policière et des personnes accusées d’« extrémisme religieux ». Il travaille pour l'agence de presse « Asia-Plus » et il est vice-président du Parti social-démocrate d'opposition au Tadjikistan. Il s’est fait connaître en défendant de célèbres notables politiques et économiques qui ont attiré la colère du régime. En 2011, il a été nommé le meilleur avocat du Tadjikistan par le Bureau tadjike des Droits de l'Homme. Shukhrat Kudratov était, avec Fahriddin Zokirov et Iskhok Tabarov, l'un des trois avocats de Zaid Saidov, une personnalité de l'opposition, condamné en novembre 2013 à 26 ans de prison et à la saisie de ses biens. Zaid Saidov a été arrêté après avoir annoncé la création d'un nouveau parti d'opposition à la veille des élections présidentielles de décembre 2013 au Tadjikistan. Après son procès, les autorités ont pris pour cible ses avocats. Le 20 juillet 2014, Shukhrat Kudratov a publié une lettre ouverte adressée aux ambassades, parlements, gouvernements étrangers et aux organisations internationales de défense des droits de l’homme afin d'attirer leur attention sur les principaux vices de procédures lors du procès de Saidov. Dans cette lettre, il a aussi mis en lumière la persécution continue de la défense de Zaid Saidov. Le lendemain, 21 juillet, il était arrêté. Le 13 janvier 2015, Shukhrat Kudratov a été condamné à neuf ans d’emprisonnement dans une prison à sécurité maximale par le tribunal de Douchanbé sous les chefs d’accusation de « fraude » et « tentative de corruption ». 90 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde CHINE – 5 mai 2014 Pu Zhiqiang L’avocat d’Ai Weiwei incarcéré pour avoir voulu commémorer l’écrasement des manifestations de la place Tiananmen en 1989 L’avocat de l’artiste Ai Weiwei, Pu Zhiqiang, 50 ans, a été arrêté le 5 mai 2014 pour avoir participé à un rassemblement réclamant une enquête sur la répression des manifestations de la place Tiananmen à l’occasion du 25ème anniversaire des événements de 1989. Ce n’est que le 13 juin qu’il a été officiellement arrêté sous l’accusation de « création de troubles en un lieu public » et « obtention d’informations illégales ». Le 6 février 2014, Pu Zhiqiang avait proféré des accusations contre l’ex-chef de la sécurité du Parti communiste chinois récemment mis à la retraite, Zhou Yongkang. Pu Zhiqiang avait posté sur plusieurs de ses comptes Weibo [le réseau social chinois], ce commentaire largement diffusé et discuté sur Internet : « Je dis que l'ancien ministre de la Sécurité publique, […] a détruit notre nation et ruiné notre peuple. […] Zhou doit être tenu responsable. Trop de tragédies sont directement liées à Zhou Yongkang. Zhou est resté au pouvoir pendant dix ans. Il a en effet empoisonné la société et tué notre peuple ». Aussitôt, les messages ont été supprimés par les autorités et ses comptes sur trois sites de microblogue été suspendus deux jours après. Pu Zhiqiang a ouvert deux autres comptes, le 9 février, mais ils ont été supprimés quatre jours plus tard. Il a essayé à nouveau d’ouvrir un autre compte sur Weibo, le 14 février, sans plus de succès. Eminent avocat spécialisé dans les droits de l’homme à Pékin, Pu Zhiqiang, vétéran des manifestations pro-démocratie de 1989, a plaidé pour l'abolition du système de laojiao (camp de rééducation par le travail) qui donne des pouvoirs à la police de détenir des personnes sans procès. Le magazine Nanfang a consacré un article à son combat pour la liberté d'expression en Asie. En décembre 2014, de nouvelles pousuites ont été ajoutées pour « incitation à la haine raciale » et « incitation au séparatisme ». Le 20 décembre, dans une lettre ouverte, son épouse, relatant des « tortures inhumaines », a demandé sa mise en liberté. Il souffre d’hypertension artérielle et ses jambes sont enflées par le diabète. Les traitements qu’on lui accorde sont insuffisants. Selon son avocat, Mo Shaoping, Pu Zhiqiang a été interrogé plus de soixante fois, mais les seules preuves des « crimes » figurant au dossier consistent en environ 30 microblogs publiés sur Weibo et en des enquêtes d'affaires qu'il a plaidées. La nièce de Pu Zhiqiang, l'avocate Qu Zhenhong, qui faisait partie de son équipe de défense a aussi été placée en détention le 15 mai 2014 ainsi que son autre avocat Xia Lin, cinq mois plus tard (Voir page suivante). 91 91 92 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde CHINE – 15 mai 2014 : Qu Zhenhong La nièce de Pu Zhiqiang en charge de la défense de son oncle, arrêtée à son tour Le 14 mai, Qu Zhenhong, la nièce de Pu Zhiqiang, qui faisait partie de son équipe de défense a aussi été placée en détention le 14 mai 2014, pour avoir « illégalement obtenu des informations personnelles ». Son dernier message sur le réseau social chinois, Weibo date du 6 mai. Elle y parle du placement en détention de Pu Zhiqiang. Son cas est intimement lié à celui de son parent et client, puisqu'elle a été arrêtée ainsi que deux journalistes chinois, pour « participation à une entreprise illégale » parce qu’elle a aidé les journalistes à « obtenir illégalement des renseignements personnels » à propos de Zhou Bin, le fils de l'ancien chef de la sécurité nationale, Zhou Yongkang qui a fait l'objet d'une enquête pour corruption. Pu est accusé du même crime, probablement en raison d'une lettre ouverte qu'il a envoyée aux autorités en février 2014 demandant une enquête de Zhou. Qu Zhenhong a été détenue et soupçonnée de recueillir illégalement des informations personnelles. Si les journalistes ont été libérés, Qu Zhenhong, demeure en détention. CHINE – 16 novembre 2014 : Xia Lin L’autre avocat de Pu Zhiqiang, placé en détention. Lorsque Pu Zhiqiang a été arrêté, Xia Lin, membre du même cabinet d’avocat, le cabinet Huayi de Pékin, a été chargé de le défendre. A la suite de l’arrestation de sa nièce Qu Zhenhong, Xia Lin est devenu l'avocat principal de la défense de Pu Zhiqiang. Cependant, avant d’avoir pu analyser et expliquer pourquoi son client était si difficile à voir, il a lui-même fait l’objet d’une arrestation. Les membres de sa famille ont reçu un avis d’arrestation alléguant de motifs de « fraude » et d’« extorsion de fonds ». il était également l’avocat de l’intellectuel Guo Yushan le fondateur de l'Institut de transition, un centre de recherche indépendant, arrêté à Pékin lors de la répression contre les partisans des manifestations prodémocratie de Hong Kong. Selon des journalistes chinois, le bureau de propagande du gouvernement chinois a récemment émis des ordonnances interdisant la couverture médiatique de la détention de Xia Lin. Son arrestation marque une nouvelle pratique de répression. Si par le passé, le gouvernement a fréquemment arrêté des avocats pour leur activisme dans le passé, il n’avait que rarement arrêté des avocats de la défense alors qu'ils s’occupaient d’affaires importantes. Xia Lin tout comme Qu Zhenhong, se sont vus également refuser l'accès à leurs avocats de la défense. 92 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde CHINE – 16 mai 2014 Tang Jingling Arrêté pour «incitation à la subversion du pouvoir d'État » Tang Jingling, 43 ans, avocat de Guangzhou déjà privé de sa licence professionnelle, a été arrêté, puis placé en détention le 16 mai 2014, pour « incitation au désordre et trouble à l’ordre public ». Il n’a cependant était placé en détention officiellement que le 20 juin 2014 au centre de détention de Guangzhou, après une modification de son chef d’accusation en « incitation à la subversion du pouvoir d'État » qui prévoit une peine de prison beaucoup plus sévère. Cette inculpation permet en effet aux autorités chinoises de nier certains droits en alléguant les secrets d'État. Cette arrestation intervient dans un contexte où les autorités chinoises durcissent leur campagne de répression visant à empêcher toute commémoration du 25ème anniversaire des évènements de la place de Tian’anmen survenus en juin 1989. Avant son arrestation, Tang Jingling avait été convoqué à plusieurs reprises par la police qui lui avait enjoint de ne pas participer à ces commémorations. Le 21 mai, Tang Jingling a rapporté à Liu Zhengquing, l’avocat qui lui rendait visite, qu’il avait été frappé par un responsable de la discipline. Le 21 juin, des responsables de la police du district de Bayiun à Guangzhou ont informé sa femme, Wang Yanfang, qu’il avait été officiellement arrêté pour « incitation à la subversion du pouvoir d’État ». Son procès devait s’ouvrir au début de l’année 2015. Deux de ses proches, Wang Qingying, auparavant rédacteur en chef de Guangzhou Press et Yuan Xinting, auparavant professeur à l'Université de Technologie du Guangdong, également impliqués dans ce mouvement non violent de désobéissance civile ont travaillé en étroite collaboration avec Tang Jingling, ont été arrêtés sous les mêmes chefs d’accusation. Tang Jingling est un défenseur très connu des droits civiques qui a lutté pour les droits des victimes d'expropriation foncière et contre la corruption du gouvernement. Il était membre du cabinet Huazhijie avant que sa licence ne soit suspendue en 2006, à la suite de sa défense des villageois de Taishi. Signataire de la « Charte 08 », il avait été détenu pendant cinq jours, en 2012, pour avoir enquêté sur la mort du militant, Li Wangyang dans des circonstances suspectes dans un hôpital de la province d'Hunan. 93 93 94 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde CHINE- 13 octobre 2014 Yu Wensheng Arrêté officiellement le 20 novembre après avoir été placé en détention le 13 octobre 2014 Yu Wensheng a été arrêté le 13 octobre 2014, dans les bureaux du cabinet Daoheng à Pékin, où il travaille. Il a été emmené au poste de police de Jinxin puis au Centre de détention du district de Daxing. Il n’a été officiellement arrêté que le 20 novembre 2014 sous l’accusation de « création de désordres et de provocation de troubles à l’ordre public » après avoir été détenu depuis 5 semaines. Deux avocats de Pékin Wang Yu et Zhang Weiyui ont tenté de lui rendre visite dès son arrestation mais les autorités ne les ont pas autorisés à entrer dans la prison. Son arrestation est liée à la défense d’un client, Zhang Zonggang, arrêté quelques jours plus tôt pour avoir soutenu le mouvement de « Occupy Central Hong Kong ». Le 11 octobre 2014, Yu Wensheng avait essayé d’obtenir une autorisation de visite à son client au centre de détention de Taifeng mais les autorités l’ont empêché de le voir. Il a néanmoins persisté dans sa demande et la police était intervenue dans le milieu de la nuit du 11 au 12 pour l’éloigner de force de la prison. Le lendemain, les locaux de son cabinet étaient fouillés. Cette affaire s’inscrit dans un mouvement de représailles subi par plusieurs citoyens chinois en raison de leur soutien aux manifestations de Hong Kong pour le suffrage universel qui ont débuté en septembre 2014. Plusieurs quartiers de la ville ont été occupés dont ceux des centres politiques et financiers. Ces protestations ont inspiré des activistes chinois qui réclament plus de démocratie. Plusieurs d’entre eux se sont même rendus sur place afin de montrer publiquement leur soutien au mouvement « Occupy Central Hong Kong » tandis que d’autres postaient des messages sur les réseaux sociaux. Dès le début du mois d’octobre, une centaine de personnes a été placée en détention et d’autres ont été intimidées et obligées de se cacher. Yu Wensheng est également l’un des neuf avocats qui avaient voulu assister à l’audience de suspension de la licence de Chang Hai, le 5 septembre, mais il avait été arrêté et détenu pendant 14 heures au poste de police de Changping. Yu Wensheng a été libéré sous caution le 20 Janvier 2015 mais demeure surveillé et reste susceptible d’être jugé. Il serait sorti du centre de détention en mauvaise santé. 94 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde Arrestations, interpellations & détentions 95 95 96 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde HONDURAS – 8 mars 2014 Marlen Cruz Licona L’avocate des campesinos arrêtée et traduite devant le Tribunal de San Pedro Sula Le 8 mars 2014, Marlen Cruz Licona a été arrêtée pour « usurpation » présumée à La Posta de la Pavana, près de Choluteca dans le sud du Honduras. Deux jours plus tard, elle a été transférée, menottée dans le coffre ouvert d'un véhicule, au tribunal de San Pedro Sula, dans le nord du Honduras. Elle a finalement été accusée d'avoir participé à l'accaparement des terres qui a eu lieu en juin 2012, de vol contre l'État du Honduras et d'avoir donné l'ordre à un groupe de paysans d'attaquer des agents de la Direction générale d’investigation criminelle (DGIC). Or, elle s’était bornée à se rendre au poste de police après l'expulsion violente des paysans pour s’assurer que les détenus n’étaient pas maltraités. Elle a été libérée en attendant son procès mais sous condition de ne plus se rendre sur les lieux où les crimes présumés ont eu lieu et de se présenter tous les 15 jours au tribunal de San Pedro Sula. Le parquet a fait appel de sa mise en liberté devant la cour d'appel de San Pedro Sula. Marlen Cruz Licona est une avocate qui travaille pour le département juridique du Comité para la Defensa de los Derechos Humanos - CODEH (Comité pour la défense des droits de l’homme). Elle défend les paysans (campesinos) victimes de depossession agricoles et notamment le Movimiento Campesino de San Manuel Cortés (MOCSAN), dans sa lutte pour le droit à la terre et contre l'expulsion des communautés paysannes dans le nord du pays par les entreprises sucrières Azucarera del Norte S.A. (AZUNOSA) et la Compañía Azucarera Hondureña S.A. (CAHSA). Le MOSCAN affirme que les terres à l'origine de ce conflit n'appartiennent pas à ces entreprises, car l'institut national agraire (INA) les a saisies en 2012 et ses membres procède à l’occupation de certaines de ces terres. Marlen Cruz Licona est intervenue dans les affaires de répression frappant les agriculteurs de l'Aguán en étroite collaboration avec un autre avocat, Antonio Trejo, assassiné le 22 septembre 2012 et elle a poursuivi seule son action après sa mort. L’ordre d’arrestation contre elle concerne son rôle dans ces affaires. En mai 2013, elle avait recueilli des témoignages de victimes membres MOCSAN qui avaient voulu récupérer les terres que l'État leur avait accordées et que les sociétés sucrières avaient exploitées, selon eux, sans autorisation. Lors de leur tentative d’occupation, les agriculteurs ont fait l'objet d'une attaque armée par les gardes des sociétés sucrières au cours de laquelle deux campesinos avaient été tués. 96 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde BRESIL – 12 juillet 2014 Eloisa Samy Santiago Détenue « préventivement » pendant cinq jours lors de manifestations violemment réprimées par la police à Rio de Janeiro Eloisa Samy Santiago, 45 ans, a été arrêtée, le 12 juillet 2014, lors d'un raid des forces de la police contre les personnes connues pour leurs opinions politiques, à l’occasion des manifestations de protestation contre les dépenses liées à l'organisation de la Coupe du monde de football de 2014. La police a arrêté, « préventivement » à leur domicile, 19 manifestants, en vertu d’un ordre d’arrestation émis deux jours plus tôt contre un total de 30 militants, y compris Eloisa Samy, pour « regroupement armé en vue de commettre un délit ». La police a saisi ordinateurs, documents et téléphones portables. Eloisa Samy a été placée en garde à vue à la DRCI (« Commissariat de Répression des Crimes Informatiques »). Ses demandes de remise en liberté ont été rejetées jusqu'au 15 juillet 2014, date à laquelle une décision décision d'Habeas corpus a été rendue en faveur de 13 des 19 détenus. Eloisa Samy a été libérée le 17 juillet 2014 cinq jours de détention, dans une cellule avec sept autres femmes, à la prison de Bangu. Mais elle restait poursuivie. Le 21 juillet 2014, Eloisa Samy, réclamant le droit à « la présomption d'innocence, à un jugement juste et à la liberté », s'est réfugiée accompagnée de son fils, au consulat d'Uruguay afin d'y demander l'asile politique. Mais il lui a été refusé. Eloisa Samy, 45 ans, est une avocate reconnue depuis 22 ans. Elle œuvre pour la protection des manifestants depuis le début de l'actuel mouvement de protestation pacifique au Brésil. Elle est accusée d'avoir accueilli chez elle des réunions de préparation aux différentes manifestations et d’appartenir au Front indépendant populaire (FIP), ce qu’elle conteste formellement. Elle estime seulement qu’elle ne pouvait pas rester silencieuse lorsqu’elle a assisté à « diverses violations des droits qu [‘elle] considèr[ait] comme fondamentaux : le droit au logement, le droit de manifester sa pensée, à la dignité humaine ». Le Président de la Commission des Droits de l’Homme de l’Ordre des Avocats du Brésil, Marcelo Chalreo, a condamné des « arrestations visant à intimider sans fondement juridique », ainsi qu’une «volonté d'empêcher les gens de manifester ». La répression n’a toutefois pas empêché une grande manifestation d’avoir lieu le jour de la finale, le 13 juillet 2014 et de réclamer la libération des personnes « préventivement » arrêtées et l’arrêt des poursuites. Les forces de police – 30 000 policiers, dont la cavalerie et les troupes de – ont fait usage de balles de caoutchouc, de gaz lacrymogène et de spray au poivre contre les manifestants. 97 97 98 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde ETATS UNIS – 19 juillet 2014 Chaumtoli Huq Arrêtée parce qu’elle attendait sa famille sur un trottoir devant un restaurant à Times Square Chaumtoli Huq, 42 ans, une avocate ancienne assistante auprès Public Advocate's office de New York, a été arrêtée et détenue par la police le 19 Juillet, parce qu’elle stationnait devant un restaurant, à Times Square. Elle était debout à l'extérieur du restaurant en attendant la sortie de son mari et de ses deux enfants qui étaient aux toilettes, à la suite d'une manifestation pro-palestinienne. Elle a été approchée par deux officiers du NYPD, qui lui ont dit de partir, mais elle a refusé en disant: « Pourquoi dois-je m’en aller ? Quel est le problème ? ». Les policiers l'ont plaquée contre le mur du restaurant, lui ont tiré les bras et l’ont menottée. À ce moment, elle a instinctivement appelé, « Au secours ! ». Les policiers ont fouillé son sac puis l'ont emmenée au Midtown South Precinct. Lorsque le mari et les enfants de Chaumtoli Huq sont sortis du restaurant, on les a informés qu’elle était au commissariat. Elle a ensuite passé plus de neuf heures en prison et a été convoquée à la Cour pénale de Manhattan pour entrave à l'administration gouvernementale, résistance à l'arrestation, et conduite désordonnée. Ces accusations ont été retirées en échange de l’engagement de ne pas être arrêtée de nouveau dans les six mois. Elle a déposé une plainte auprès de Conseil de la police de New York parce que ses droits civils ont été violés et également une plainte Cour fédérale de Manhattan et allègue que la police a agi avec partialité et avec « une force excessive et totalement injustifiée » et que leur comportement était « caractéristique d'un modèle et la pratique excessive et agressive de la police de New York envers les gens de couleur et les personnes qui exercent légalement leurs droits du premier amendement ». Chaumtoli Huq – qui est sud-américaine – allègue que les policiers l’ont ciblée dans le cadre d'une plus vaste campagne de harcèlement contre les musulmans et les nonBlancs. Au moment de l’arrestation, elle portait des habits traditionnels indiens, avec son anneau dans le nez. Chaumtoli Huq a enseigné à la New York Law School, et a reçu de nombreux prix pour son engagement public. Elle est également Senior Research Fellow de l'Institut américain d'études du Bangladesh, et l’un des chefs de file des Sud-Américains d'origine asiatique premier plan (SAALT). Elle a pris récemment un congé de neuf mois du Public Advocate's office pour se consacrer à la lutte contre les violations des droits de l’homme à l’encontre des travailleurs du Bangladesh. 98 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde ETATS UNIS – 16 septembre 2013 Stephen Kass Arrêté et poursuivi pour avoir parlé à un militant d’« Occupy Wall Street » Stephen Kass, 74 ans, avocat américain en droit de l’environnement qui travaille à Wall Street, se rendait à sa leçon de violoncelle le 17 septembre 2013, quand la police de New York l'a arrêté. Il était accusé d’avoir parlé à un manifestant d’« Occupy Wall Street ». Selon ses déclarations, il s’était arrêté pour regarder un écriteau « Taxez les riches », puis il a essayé d'engager une conversation avec deux manifestants, assemblés derrière un barrage de police, dont l'un portait ce calicot. « Je ne pense pas que je faisais quelque chose d’inhabituel », a-t-il dit au magazine Newsweek. « Je pensais que j’étais un citoyen raisonnable et responsable. J’essayais de connaître leurs arguments ». Un policier lui a demandé de partir, mais Kass lui a répondu qu'il avait le droit de discuter avec un manifestant, qu’il ne bloquait pas le trottoir et n’entravait pas les activités de police. Néanmoins, deux policiers l’ont menotté, fouillé, et emmené au commissariat, où il lui fut donné une citation à comparaître pour conduite désordonnée. Cette affaire a fait l’objet d’une radiation après que les agents de police ayant procédé à l'arrestation ont négligé de se présenter au Tribunal. Selon le Wall Street Journal, un fonctionnaire du département de la police a dit que Kass avait reçu « une citation à comparaître au lieu d'une arrestation » après qu'il fut invité à circuler. Selon la police, il est devenu furieux et a déclaré : « Non, je ne bougerai pas ». Andrew Celli, avocat de Kass, a déclaré que cette allégation était « absurde ». Il a été menotté, détenu pendant plus de 90 minutes, emmené au commissariat, et il dut comparaître devant le Tribunal à plusieurs reprises. C’était une arrestation et une poursuite. Stephen Kass a déposé une plainte fédérale contre la ville pour son arrestation illicite. Son avocat a déclaré que l'un des objectifs de l'action en justice était d'éduquer les policiers sur les droits des manifestants, en plus des droits de ceux qui pourraient choisir de dialoguer avec eux. « Malheureusement, de tels cas surviennent avec une régularité déprimante », a-t-il déclaré à Newsweek. « Il semble que dans New York, parfois, la police ne comprend pas que les trottoirs et les espaces publics sont non seulement des lieux de déplacement, mais aussi des endroits où les gens se parlent ». 99 99 100 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde CHINE – 14 février 2014 Wang Cheng Interpellé à Hangzhou pour « incitation à la subversion » parce qu’il avait demandé la ratification d’un Pacte international des Nations-Unies Le 14 février 2014, la police de Hangzhou arrêté Wang Cheng pour « incitation à la subversion du pouvoir de l'État ». Wang Cheng a été interrogé par la police pendant plusieurs heures, après qu'il a aidé à lancer une campagne en ligne pour recueillir un million de signatures appelant Pékin à ratifier le Pacte international des Nations Unies relatif aux droits civils et politiques (PIDCP). La Chine a signé le Pacte international des Nations unies relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques en 1998, mais le traité n’a pas été ratifié par l’Assemblée populaire nationale (APN). Wang Cheng a été libéré peu après, mais il a continué à faire l’objet de harcèlement de la part de la police. Son domilice a été placé sous surveillance. Le 11 avril, il a rencontré des journalistes : l’eau et l’électricité de son logement ont été coupées. Il a été à nouveau interpellé, le 13 octobre, dans les bureaux du cabinet Dao Heng à Pékin, et placé en garde à vue. Il a été relâché le lendemain. En 2014, Wang Cheng, a dénoncé l'élection de Zhang Dejiang à l'Assemblée populaire nationale en violation de l'article 65 de la Constitution chinoise, parce qu’il était interdit à un membre d’exercer des fonctions dans l'un des organes administratifs, judiciaires ou du parquet de l'État. Zhang a officiellement démissionné de son poste au gouvernement deux jours plus tard. Wang Cheng a aussi protesté contre l’illégalité de l’élection de cinq vice-présidents du Comité permanent de l'APN pour les mêmes motifs. Wang Chen, avocat à Hangzhou, a poursuivi, en 2011, le gouvernement du Jiangxi pour fraude électorale lors de l'élection du Congrès national du peuple au nom d’un candidat indépendant. En novembre 2011, son contrat avec le cabinet qui l’employait a expiré. En février 2012, Wang Cheng a demandé le transfert de son contrat auprès du cabinet Zehou Law Firm, dans le Zhejiang. Mais il n’a pas pu car l'Association des avocats a opposé qu’elle ne traitait pas les demandes de transfert de février à mai. Parallèlement, le nouveau cabinet d'avocats a reçu l'ordre du ministère de la Justice de ne pas signer de contrat avec Wang Cheng en raison de son action dans la défense des droits de l'homme. Au terme de cela, en avril 2012, Wang Cheng a été informé que sa licence d’avocat était révoquée parce qu’il n’avait pas régularisé son transfert dans un nouveau cabinet dans un délai de six mois. 100 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde CHINE – 21 mars 2014 Jiang Tianyong, Tang Jitian, Wang Cheng et Zhang Junjie Le 20 mars 2014, quatre avocats Jiang Tianyong, Wang Chen, Zhang Junjie et Tang Jitian se sont rendus dans la province de Heilongjiang, dans le nord-est de la Chine, à la demande de proches de personnes détenues illégalement dans une « prison noire » (un centre de détention officieux) dans la ferme d'État de Qinglongshan. Le 21 mars vers 08h30, les défenseurs ont été placés en détention après avoir visité un « centre légal d'éducation » dans la ferme de Qinglongshan, où plusieurs personnes étaient détenues illégalement. Les membres des familles des personnes détenues dans la prison noire qui ont fait le voyage avec les avocats ont aussi été arrêtés. Le 23 mars 2014, Tang Jitian et Jiang Tianyong ont été condamnés à 15 jours de détention administrative pour « usage d'activités relatives aux sectes mettant la société en danger » après avoir tenté d'enquêter sur une personne vraisemblablement détenue illégalement dans la ferme de Qinglongshan. Ces accusations seraient liées au fait que les personnes illégalement détenues dans la prison noire seraient des pratiquants de Falun Gong. Une telle peine peut-être prononcée selon la seule volonté de la police, sans avoir été examinée par la justice. Le 14 avril 2014 : Tang Jitian, Wang Cheng et Jiang Tianyong ont été libérés après avoir purgé quinze jours de détention administrative à Jiansanjiang. Zhang Junjie, condamné à trois jours, avait été libéré le 27 avril. Au cours de leur détention, Tang Jitian, Wang Chen et Jiang Tianyong auraient été blessés lors de passages à tabac, Tang Jitian a été menotté et avait les mains enfilées au-dessus de sa tête alors qu'il était attaché à un appareil. La police l'a roué de coups sur sa poitrine et à coups de pied contre un mur. Wang Cheng a été sévèrement battu avec une matraque de police sur la poitrine, les jambes et le dos. Il a ensuite été cagoulé et menotté avant d'être interrogé. Après avoir refusé de coopérer avec la police, il a été pendu par derrière, les mains toujours menottées. Pendant l'interrogatoire, la police ne leur a donné aucune nourriture. Les quatres avocats ont publié, le 13 Avril 2014 une déclaration commune appelant à une enquête sur la torture et l'abolition de la détention arbitraire dans les « centres d'éducation juridique ». (Voir page 103). 101 101 102 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde CHINE – 25 mars 2014 Li Jinxing, Zhang Lei, Hu Guiyun et Jiang Yuanmin En grève de la faim devant le centre de détention de Qixing pour soutenir leurs confrères détenus Li Jinxing et Zhang Lei Aussitôt qu’a été connue la nouvelle du placement en détention des avocats, le 21 mars, des dizaines d’avocats militants des droits de l’homme ont formé un « Missing Citizens Rescue Group » et sont venus de toute la Chine à travers le froid glacial du nord de la Chine vers Jiansanjiang pour leur rendre visite et demander leur libération du centre de détention de Qixing. Plus de 50 avocats ont publié une annonce sur Internet, condamnant les autorités pour les détentions. Ils ont également appelé à l'enquête et l'abolition des « centres légal d'éducation » – les « prisons noires » – qui restreignent la liberté personnelle des citoyens en violation de la loi, et sont utilisées pour exercer des représailles contre les avocats qui tentent d'utiliser la loi chinoise pour défendre les Droits de l’Homme. Le centre de détention de Qixing a refusé de laisser les avocats voir les détenus. En guise de protestation, le 25 mars, Li Jinxing, connu en ligne sous Wu Lei, Zhang Lei, Hu Guiyun et Jiang Yuanmin ont commencé une grève de la faim. Les grévistes de la faim ont campé à l'extérieur devant le centre de détention Qixing la nuit, sous la neige, sous des températures en dessous de zéro et ont refusé de quitter la zone jusqu'à ce qu'ils soient autorisés à visiter les avocats détenus. Un militant a publié des photos des avocats tenant des bougies et portant des manteaux épais contre le froid, attendant à l'extérieur du centre de détention à minuit. Jiansanjiang a été transformée en une ville assiégée. La police locale a instauré un climat de terreur policière dans toute la région procédant au bouclage des routes menant au centre de détention de Qixing par des véhicules banalisés ainsi que des policiers en civil. Afin d’empêcher toute distribution d'eau et de nourriture pour les grévistes de la faim. Les bus et les véhicules privés ont été arrêtés et inspectés aux postes de contrôle, de leurs passagers interrogés. Un dispositif de brouillage des téléphones cellulaires a été mis en place pour empêcher les avocats de continuer à envoyer des informations de la scène. Le Département de la propagande et d'information a lancé une interdiction de communiquer sur cette question, selon Radio France Internationale (RFI). Le 29 mars, à environ trois heures, la police a chargé le groupe des manifestants et évacué le campement. 102 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde CHINE – 27 mars 2014 Zhang Junjie Libéré après avoir été battu en prison pour avoir voulu enquêter sur la détention illégale d'une personne dans une « prison noire » Arrêté le 21 mars avec trois autres avocats, Jiang Tianyong, Wang Chen et Tang Jitian alors qu'ils s’étaient rendus dans la province de Heilongjiang pour enquêter sur la détention illégale d'une personne dans une « prison noire », Zhang Junjie a été libéré, le 27 mars 2014, du centre de détention administrative Qixing à Jiansanjiang. A sa sortie du centre de détention administrative Qixing à Jiansanjiang il présentait de graves blessures. A sa libération, Zhang Junjie a publié sur un blog : (http://www.siweiluozi.net/2014/03/zhang-junjies-account-part-one.html) un compte rendu détaillé de sa détention et de torture, dans lequel il détaille les violences qu'il a endurées pendant le temps qu'il a passé en prison entre les mains d'hommes qui ont refusé de s'identifier. Pendant l'interrogatoire, les policiers l'ont giflé au visage sept ou huit fois avant de lui verser de l'eau froide sur la tête. Il a ensuite été renversé sur le sol, roué de coups pendant plusieurs minutes. Il a raconté comment, après avoir reçu des coups de pied, il été frappé par trois hommes au point de ne plus pouvoir s'asseoir en raison d’une violente douleur atroce dans le bas du dos. Le lendemain, Zhang a été placé en détention administrative pendant cinq jours. Après avoir été relâché, le 28 mars, Zhang Junjie est allé à l'hôpital pour un examen médical. Les médecins ont constaté qu'il avait trois côtes et quatre vertèbres fracturées à causes des coups reçus. Zhang Junjie a déposé des plaintes au ministère de la Justice de la province du Henan ainsi qu’auprès de l’organe representatif de la profession en Chine, China Lawyers Association, mais ces entités n’ont pas répondu à ses plaintes. Il a également fait appel au Parquet populaire de la province du Heilongjiang, mais il n'a pas eu de réponse. (Submission to UN on Jiang Tianyong, Tang Jitian, Wang Cheng, and Zhang Junjie – May 16, 2014). 103 103 104 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde CHINE – 8 avril 2014 Wang Quanping Arrêté pour « création de troubles » pour avoir peint des slogans anticorruption sur sa voiture en soutien à son confrère Ding Jiaxi Wang Quanping, avocat du Guangdong, a été arrêté pour « trouble à l'ordre public », à son arrivée à Pékin, à l’entrée du tribunal où se tenait le procès de Ding Jiaxi. Le 6 avril, à la veille du procès, Wang Quanping un avocat de Guangdong a parcouru seul 2500 km de Jiangmen dans le Guangdong à Pékin pour montrer publiquement son soutien à Ding Jiaxi. Particularité : avant son périple Wang avait peint des messages sarcastiques sur la persécution des membres du Mouvement de Nouveaux citoyens demendant aux fonctionnaires de déclarer leurs avoirs du gouvernement, comme tous les citoyens, tels que « Les gens sont invités à déclarer leurs avoirs, les fonctionnaires sont exemptés », « Est-il coupable de demander à des fonctionnaires du gouvernement de divulguer les avoirs ? » Wang est arrivé le 8 avril, vers 16 heures au tribunal de district de Haidian à Pékin pour assister au procès de Ding Jiaxi (par ailleurs entaché par de nombreuses violations de la loi, mais à son arrivée, un groupe d'hommes non identifiés s’est emparé de lui et l’a emmené. Ce n’est que dans l'après-midi du 10 avril, que sa famille a été informée qu’il était détenu pour « trouble de l’ordre public ». La détention de Wang Quanping a provoqué la colère des avocats. Beaucoup d’entre eux ont décidé de lancer une campagne intitulée : « Voulez-vous défendre la dignité de la Constitution et le droit ? Voulez-vous défendre l’avocat Wang Quanping ? ». Une centaine d'avocats ont offert de participer à sa défense. Le 14 avril, un avocat a pu entrer en contact avec lui. Il a été remis en liberté quelques semaines après mais, le 10 juillet 2014, sa licence professionnelle lui a été retirée. Wang Quanping a intenté un procès contre les autorités provinciales pour révocation illégale de sa licence. Dès le mois de novembre, revenant sur le devant de la scène, Wang Quanping, a été un des auteurs de la lettre signée par plus de 500 avocats en Chine, protestant contre un projet de révision du Code pénal concernant la sécurité des audiences, instaurant deux infractions supplémentaires contre les avocats : « insulte, diffamation et menace aux fonctionnaires judiciaires lors du déroulement des audiences » et «autres comportements qui perturbent sérieusement l’ordre de la Cour », punies d’un minimum de trois ans de prison. La lettre ouverte demande aux autorités de respecter le droit et les libertés inscrites dans la Constitution. 104 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde CHINE – 14 mai 2014 Liu Shihui Arrêté pour avoir soutenu une plainte contre le bureau de la Sécurité dans le district de Pudong à Shanghai Le 14 mai 2014, Liu Shihui, avocat à Guangzhou, dont la licence a été révoquée en 2009, a été arrêté pour « rassemblement de foule afin de troubler l’ordre en un endroit public ». Il était intervenu la veille dans le procès que Chen Jianfang avait intenté contre le bureau de la Sécurité dans le district de Pudong à Shanghai. L’avocat Zhang Leiqui qui l’a rencontré le 21 mai, l’a trouvé très affaibli au point qu’à son entrée, Liu Shihui ne l’a pas reconnu. Le 26 mai 2014 Liu Shihui a été libéré et renvoyé de force dans sa ville en Mongolie Intérieure par des officiers chargés de la sécurité de l'État. Son procès s’est ouvert le 23 septembre, devant le tribunal du district de Pudong à Shanghai, en présence de 60 à 70 citoyens et amis de partout dans le pays. Précédemment, le 5 janvier 2014, Liu Shihui avait été arrêté à la sous-station de police Dadongjie dans le district de Yuexiu de Guangzhou. À la mi-décembre 2013, Liu Shihui avait aidé le militant des droits de l’homme, Chen Jianfang à déposer des plaintes administratives contre des fonctionnaires de la police de l'aéroport de Baiyun à Guangzhou pour l'avoir empêché de se rendre à Genève, pour assister à une session de formation aux droits de l'homme. Un groupe de 109 professionnels de la justice ont publié une déclaration pour protester contre la détention de Liu Shihui. Il a été relâché après avoir subi sept jours de détention administrative. Ce n’est pas la première fois que Lui Shihui est victime de harcèlement à cause de son travail, notamment ses nombreuses enquêtes sur les exactions et pour avoir aidé les victimes de ces exactions à porter plainte. Le 20 février 2011, Liu Shihui avait été sauvagement battu et grièvement blessé tandis qu'il quittait son domicile pour se rendre à une manifestation de la « Révolution de Jasmin ». Liu Shihui avait alors déclaré que ses agresseurs étaient des agents de la sécurité intérieure - police spéciale dont les fonctions comprennent la surveillance des dissidents - qui l'avaient retenu précédemment. Deux jours plus tard, il avait été porté disparu et n’avait été libéré que le 12 juin 2011 après 108 jours de détention. Le 10 décembre 2010, Liu avait été enlevé et menacé par des policiers de la sécurité nationale dans la nuit de la cérémonie du prix Nobel de la paix. Selon lui, ses ravisseurs, l'ont amené dans une ville éloignée, où il a passé une nuit glaciale sur le bord de la route. En 2010, il s’est vu refuser une nouvelle licence d’avocat. Enfin, il avait été détenu brièvement en 2009 pour avoir porté un tee-shirt avec l'inscription « Le parti communiste chinois s'oppose à la règle du parti unique » - une citation d'un journal communiste des années 1940. 105 105 106 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde CHINE – 27 mai 2014 Ji Laisong Arrêtés à Zhengzhou, pour « troubles à l'ordre public » Le 26 mai 2014, Ji Laisong a été arrêté, en même temps que sept autres militants au cours des journées des 26 et 27 mai 2014, à Zhengzhou, province du Henan, pour « rassemblement public pour troubler l'ordre public ». Il aurait participé à l’occasion de la commémoration (interdite) du 25e anniversaire des manifestations de la Place Tiananmen, le 2 février, à une cérémonie du souvenir en l’honneur des dirigeants décédés Hu Yaobang et Zhao Ziyang, vénérés par le mouvement démocratique, organisée par à Chen Wei et Yu Siwen, deux des anciens dirigeants du mouvement d’étudiants de 1989, eux-mêmes arrêtés. Il aurait été initialement accusé de « créer une perturbation », mais il a été accusé de « rassemblement public pour troubler l'ordre public ». Il a été détenu au Centre de détention n°3 de Zhengzhou, sans pouvoir consulter son avocat, les autorités alléguant que son cas posait une question de « danger pour la sécurité de l’État». En juin 2014, l'avocat de Ji Laisong a déposé une plainte contre le Bureau de la sécurité publique Zhengzhou auprès du Parquet populaire municipal de Zhengzhou pour abus de pouvoir en raison de la violation de son droit de communiquer avec son client, pour avoir fabriqué la charge infondée de « rassemblement public pour troubler l'ordre public » ainsi que pour maintien en détention illégal depuis le 26 mai. Fnalement, le 2 septembre 2014, Ji Laisong a été libéré « sous caution » par les autorités de la province chinoise centrale du Henan en même temps que la militante Chen Wei et Fang Yan après avoir été détenu pendant plus de trois mois. Ji Laisong a déclaré que la police l'a traité comme un suspect plutôt que comme un avocat et qu’elle était essentiellement interessée par la commémoration des événements de Tiananmen pendant les interrogatoires. Un autre avocat, Chang Boyang et les autres militants sont restés détenus. (Voir page suivante). La libération des détenus politiques « sous caution » est un procédé parfois utilisé par la police contre les militants comme un moyen d'exercer un contrôle continu sur leurs actions et mouvements, ce qui les expose à être réincarcérés à tout moment. Ji Laisong a été l'avocat de deux affaires célèbres - l'assassinat de Cui Yingjie, un fonctionnaire municipal et le placement forcé de Peng Baoquan en hôpital psychiatrique. En outre, il a participé à la publication des lettres ouvertes des avocats appelant à la réforme des camps de rééducation par le travail. 106 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde CHINE – 27 mai 2014 Chang Boyang Arrêté dans la province du Henan pour « trouble à l'ordre public » Dans la soirée du 27 mai 2014, Chang Boyang, avocat de Zhengzhou (Henan) a été arrêté pour « rassemblement public dans le but de troubler l'ordre». Il a été appelé à défendre Chen Wei et Yu Siwen, deux des militants arrêtés pour avoir participé, le 2 février, à une cérémonie du souvenir en l’honneur des dirigeants Hu Yaobang et Zhao Ziyang, à l’occasion du 25e anniversaire des manifestations de la Place Tiananmen. Aussitôt arrivé au poste de police, Chang Boyang a été à son tour arrêté pour la même infraction, en l'absence de toute preuve qu'il était présent à l'événement. Puis 15 policiers ont fouillé son domicile et ont saisi deux ordinateurs et deux téléphones portables. Plus de 60 avocats de tout le pays ont fait part de leur volonté de représenter le défenseur. Le 6 juin unne vingtaine d’avocats se sont rassemblés devant les bureaux de l’administration pénitentiaire pour demander à le rencontrer. Le 3 juillet 2014, le bureau du procureur a approuvé l'arrestation et les accusations ont été transformées sans aucune explication en « suspicion d'activités commerciales illégales ». Chang Boyang est aussi l’avocat de Yirenping de Zhengzhou et membre du conseil de l'organisation mère Yirenping, une ONG qui lutte contre la discrimination, promeut la justice sociale et met en place des programmes destinés à la défense des droits des communautés défavorisées et vulnérables. Il n'a jamais participé à la gestion de Yirenping, et n’a eu aucune responsabilité financière ou fiscale. Le 17 juin 2014, la police a perquisitionné les bureaux de l'ONG Yirenping de Zhengzhou (Henan) Un membre du personnel a été arrêté pour être interrogé, sur les liens de l'organisation avec Chang Boyang. Plusieurs jours avant, le 12 juin 2014, le compte bancaire de l'organisation a été bloqué. Selon la police, Chang Boyang étant actionnaire de Yirenping de Zhengzhou, l'argent qui se trouve sur le compte est un bien de Chang Boyang et peut donc être gelé en toute légalité. Chang Boyang a représenté les travailleurs migrants, les enfants et les personnes vivant avec le VIH / SIDA. En 2008, il a fondé un réseau d’avocats bénévoles pour aider les enfants contaminés après avoir bu du lait en poudre pour bébé. Chang Boyang a été libéré sous caution, le 29 novembre 2014, après six mois de détention à Centre de détention n°3 de Zhengzhou. Pendant sa détention, Chang Boyang n'a pas eu accès à un avocat au motif que les faits qui lui étaient reprochés auraient constitué des « crimes contre la sécurité nationale ». 107 107 108 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde BIÉLORUSSIE – 25 octobre 2014 Andreï Fedorkov Détenu pendant trois jours à Minsk Le jour de son arrivée à Minsk, le 25 octobre Andrey Fedorkov, 37 ans, avocat à Saint-Pétersbourg qui travaille avec le Centre des Droits de l’Homme, « Russian verdict », a été arrêté, en compagnie d’un ami, Ivan Soloviev, à Minsk alors qu’ils attendaient à un arrêt de bus de l’avenue Partyzanski. Des agents en civil se sont précipités sur eux, les ont menottés puis les ont poussés dans un minibus violet sans plaque d'immatriculation. Un ressortissant biélorusse Yaraslau Zhuryk, habitant Minsk avec lequel ils avaient rendez-vous, a également été arrêté. Aucun motif ne lui a été donné. L’ONG « Russian verdict » a par la suite appelé les bureaux consulaires de la Russie à Minsk sans pouvoir connaître le motif de l’arrestation. Tous trois ont été conduits au poste de police du district Zavadski dans la rue Kabushkin, parce qu’ils auraient prétendument tenu des propos déplacés et commis des actes d’insubordination envers les policiers. Etrangement, au commissariat de police ils n’ont été interrogés que sur les actions militaires en Ukraine et la politique de Poutine envers l'Ukraine. Ils ont été ensuite détenus pendant deux jours. Le lundi suivant, 27 octobre, ils ont été traduits devant le tribunal du district de Zavodski. Les policiers y ont été entendus comme témoins, et se sont livrés à des déclarations confuses aussi bien qu’embarrasséessur les faits. Selon eux, les trois hommes auraient crié, agité les mains et auraient tenu des propos inappropriés alors qu'il y avait des femmes et des enfants à l'arrêt de bus. Andrei Fedorkov affirme que ces faits ont été inventés de toutes pièces par les services spéciaux biélorusses. Le tribunal a reconnus les trois hommes coupables de hooliganisme et d’insoumission à une injonction de fonctionnaire en service. Andrei Fedorkov et Ivan Soloviev ont été condamnés à trois jours de détention. Quant au militant biélorusse, il s’est vu infliger dix jours, soit sept jours de plus. Après avoir purgé trois-jours de détention administrative à Minsk, Andrei Fedorkov et Ivan Solovyov ont été expulsés de Biélorussie. Andrei Fedorkov est un avocat de Saint-Pétersbourg, qui à plusieurs reprises a fourni une assistance juridique gratuite à des militants arrêtés pour avoir participé à des rassemblements d'opposition. 108 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde KAZAKHSTAN – 2 juillet 2014 Zinaida Mukhortova À nouveau internée de force dans un hospital psychiatrique Par crainte de subir un traitement obligatoire à son retour à Balkhash, depuis novembre 2013, Zinaida Mukhortova vivait dans le logement de son fils dans la banlieue d'Almaty. Mais, en juin et juillet 2014, elle a décidé de rendre visite à sa fille à Balkhash. Le 2 juillet 2014, six hommes ont sonné à l'appartement de sa fille se faisant passer pour des « électriciens ». Après avoir réussi à entrer, les individus ont trainée Zinaida Mukhortova, hors de la maison et l’ont transférée à la clinique psychiatrique de Balkhash. Les 27 et 28 juillet 2014, Zinaida Mukhortova a reçu une injection d'un médicament qui n'a pas été identifié, qui l'aurait fait dormir pendant environ 24 heures. À son réveil, elle parlait plus lentement que d'habitude et son visage était gonflé. Le 1er août 2014, elle a été examinée par une commission médicale qui a décidé de la garder dans la clinique sans donner les raisons de ce traitement forcé. Sa sœur a porté plainte auprès du Parquet de Balkhash et concernant sa détention et la façon brutale dont elle a été traitée. Sa plainte a été acceptée, mais aucune enquête sérieuse n'a été ouverte En août 2014, le chef de la clinique psychiatrique de Balkhash a personnellement averti l'avocat de Zinaida Mukhortova qu’« elle ne quitterait jamais la clinique » si elle faisait appel de son hospitalisation devant un tribunal. Bien que Zinaida Mukhortova ait été détenue et hospitalisée de force le 2 juillet 2014, M. Iskakov lui a demandé de dire qu'elle était arrivée de son plein gré et lui a promis de la libérer prochainement si elle acceptait de coopérer. Le 15 décembre 2014, Zinaida Mukhortova, a été libérée de son hôpitalisation forcée en établissement psychiatrique, après cinq mois et demi d’internement. L’année 2014 marque la quatrième tentative par les autorités de faire subir un traitement psychiatrique à Zinaida Mukhortova. Lors de sa précédente hospitalisation forcée, les médecins avaient expliqué qu’elle était retenue à cause de « son refus d'admettre sa culpabilité », pour les « interviews qu'elle a accordées à la presse », ainsi que pour son « aspiration à la justice ». Zinaida Mukhortova exercait à Balkhash depuis 1995. Elle offrait à la population des consultations juridiques gratuites et dénonce des affaires de corruption et les interventions politiques dans le système judiciaire. Les poursuites juridiques intentées contre Zinaida Mukhortova sur la base de ses problèmes mentaux présumés ont commencé en 2011, après qu’elle eut porté plainte contre les interventions du gouvernement dans les procédures judiciaires. En septembre 2012, la bonne santé mentale de Zinaida Mukhortova avait été certifiée par un expert médical indépendant. (Voir 200 avocats, 2014, p.89) 109 109 110 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde ALGERIE – 11 mars 2014 Mohcine Amara Arrêté à son domicile pour « injures » contre la personne du Bâtonnier Arrêté à son domicile à Alger le 11 mars 2014 à 22h, placé en garde à vue au commissariat, puis présenté au parquet d’Alger le lendemain, l’avocat Mohcine Amara est poursuivi sur instructions du Parquet pour « injures » contre le Bâtonnier d’Alger, Abdelmadjid Sellini. Il sera mis en détention à la prison de Serkadji. Cette arrestation, qualifiée d’arbitraire, est considérée comme une atteinte grave à toute la corporation. Le contentieux autour de faits internes à la profession, dure depuis des années entre les deux confrères souvent devant une assistance nombreuse. Mohcine Amara et le bâtonnier ont échangé des propos violents suscitant le recours aux policiers présents sur les lieux. Alors que l’on pensait que l’incident était clos, le Bâtonnier a déposé plainte pour outrage et violence physique auprès du Parquet d'Alger. Mohcine Amara a reçu chez lui, le 11 mars 2014 vers 22 h, des policiers qui lui ont demandé de le suivre au commissariat, où il a été placé en garde à vue toute la nuit avant d’être emmené au tribunal de Sidi M’hamed le lendemain. Il y a passé la journée dans une cellule du palais de justice avec les détenus de droit commun avant d’être présenté au parquet en fin d’après-midi qui devait décider de sa mise en détention à la prison de Serkadji, pour délit d’injure. Il y restera pendant plus de deux semaines. Son avocat, Mokrane Aït Larbi a dénoncé, avec virulence, « les violations » de la procédure en matière d’arrestation, de présentation et de mise sous mandat de dépôt par le parquet de Sidi M’hamed près la cour d’Alger. Réagissant à ces propos, le bâtonnier a déclaré que Mohcine Amara « a commis non pas des erreurs passibles de la commission de discipline, mais plutôt une agression et des propos délictuels, contre le bâtonnier en tant qu’institution et non pas en tant que personne ». L’affaire a fait l’objet de plusieurs renvois avant d’être plaidée à l’audience du 26 mai 2014 durant laquelle, après cinq heures de questions-réponses, le ministère public a requis six mois de prison ferme. Le Tribunal d'Alger a condamné, lundi 9 juin 2014, l'avocat Mohcine Amara à une peine de six mois de prison avec sursis pour « avoir outragé le Bâtonnier » et a décidé du non-lieu pour le délit de « menace de mort ». L’avocat fait appel de cette décision. C’est la première fois qu’un avocat est placé en détention pour « injure » proférée contre un confrère, lors d'une altercation verbale. 110 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde ISRAEL/PALESTINE – 24 février 2014 Fares Abu Hassan, Mohammed Abed, Ahmad Bitawi, Oussama Makbul Un avocat israélien et trois avocats de Naplouse travaillant dans le cadre de la Fondation Solidarité pour les droits de l’Homme (SFHR) arrêtés Le 24 février 2014, quatre avocats ont été arrêtés par la police des forces israéliennes en lien avec les services de renseignements intérieurs israéliens (Shin Bet) et notamment Fares Abu Hassan, avocat de Naplouse qui défend les palestiniens devant les tribunaux militaires israéliens et président de la Fondation Solidarité pour les droits de l’Homme à Naplouse (SFHR), Outre le président du SFHR de Naplouse, trois autres avocats ont été arrêtés : deux avocats palestiniens de Naplouse, Ahmad Bitawi, qui travaille avec le SFHR pour les relations avec la bande de Gaza et Oussama Makbul, qui défend des clients palestiniens dans les tribunaux militaires israéliens. Le quatrième avocat arrêté est un avocat israélien : Mohammed Khassin Abed, du village de Baaneh, en Galilée, membre de l'Association du Barreau d'Israël et spécialiste des droits de l’Homme, qui travaille avec le SFHR et défend les accusés palestiniens devant les Tribunaux et les assiste dans les prisons israéliennes en Cisjordanie et à Gaza. Ils sont accusés par les services de renseignement israéliens d’appartenance au Hamas, en raison des relations qu’ils ont en tant qu’avocats avec leurs clients emprisonnés, lors des visites dans les prisons palestiniennes. Le Shin Bet leur reproche de percevoir directement des honoraires du Hamas pour défendre ses membres devant les tribunaux israeliens et pour leur rendre visite après leur condamnation dans les prisons. Cette assistance juridique par des avocats serait constitutive « d'activité dans une organisation terroriste » et de « conspiration visant à commettre un crime en contact avec une organisation hostile à l’État d’Israël ». 111 111 112 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde ISRAEL/PALESTINE – 6 mars 2014 Amjad Safadi, Nadim Ghrayeb, Mahmoud Abu Sneineh, Amro Iskafi, Shirin et Mehdat Issawi Les avocats « Al Quds Law Office » arrêtés lors d'une vague d'arrestation par la police des forces israéliennes à Jérusalem Amjad Safadi Le 6 mars 2014, Amjad Safadi, Nadim Ghrayeb, Mahmoud Abu Sneineh Amro Iskafi et Shirin et Mehdat Issawi ont été arrêtés par la police des forces israélienne à Jérusalem, appuyée par les services de renseignements intérieurs israéliens (Shin Bet) lors d'une vague d'arrestations qui visait des avocats tous résidents de Jérusalem-Est. Six jours plus tard, le 12 mars, Medhat Issawi a également été arrêté. Les six avocats travaillent au sein du cabinet « Al Quds Law Office », à Issawiya (Jérusalem-Est), créé par Shirin et Mehdat Issawi. Le 26 mars 2014, ce fut au tour d’Amro Iskafi, arrêté après avoir été convoqué par les agents du renseignement au centre d'interrogatoire al-Maskobyeh. Shadi Issawi a été rapidement libéré sous caution mais les autres sont restés détenus pour « contacts avec un agent étranger ennemi et activités au profit d'une organisation illégale », « participation à une organisation terroriste », « utilisation de biens à des fins terroristes », « conspiration visant à commettre un crime et contact avec avec une organisation hostile à l’État d’Israël ». Les avocats soutiennent au contraire avoir fourni un service légal et légitime aux prisonniers. Le 24 avril, après deux mois de détention, le tribunal de district des autorités israéliennes qui siége à Jérusalem a décidé de libérer quatre avocats Amjad Safadi, Nadim Ghrayeb, Mahmoud Abu Sneineh et Amro Iskafi sous caution de 20 000 NIS (environ 4600 €) pour chacun d'entre eux mais les a assignés à résidence, avec suspension de leur droit d’exercice professionnel jusqu'à la décision finale. Seule Shirin Issawi est restée en détention. Cinq jours plus tard, le 29 avril 2014, Amjad Safadi, 39 ans, a été retrouvé pendu dans sa maison à Al-Quds, après avoir passé 42 jours d’interrogatoires dans la célèbre prison souterraine de Moskobiyeh, à Jérusalem. Il devait comparaître le lendemain devant le tribunal pour la lecture de l'acte d'accusation. Il avait été contraint de faire des aveux reconnaissant avoir fait passer des messages aux prisonniers. Amjad Safadi suivait un traitement psychiatrique et n’aurait pas été autorisé à prendre ses médicaments en prison. Amjad Safadi avait déjà passé huit mois en prison, lors de la première Intifada en 1989, alors qu’il n’avait que 14 ans. 112 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde ISRAËL – 8 mai 2014 Shirin Issawi Elle entame une grève de la faim, après le report de son procès de neuf mois Shirin Issawi, 36 ans, arrêtée par les autorités israéliennes le 6 mars 2014, a été placée en détention provisoire, en cellule d'isolement. Accusée de trois infractions relatives à la « coopération avec des acteurs luttant contre l'État d'Israël », après avoir ouvert avec son frère, Medhat Issawi, le cabinet d’avocats « Al Quds Law Office », à Jerusalemn-Est, qui lui aurait permis de transmettre des messages à ses clients palestiniens lors de ses visites dans les prisons israéliennes. Contrairement aux autres avocats – parmi lesquels son frère, Shady Issawi - tous libérés en avril 2014, Shirin Issawi s’est vue refuser sa mise en liberté sous caution. Alors qu’elle était détenue depuis deux mois, le 7 mai 2014, son procès a été reporté. En vertu du droit israélien, un procès peut être suspendu et la détention peut être prolongée à condition que le verdict final intervienne dans les 9 mois. Le lendemain du report 8 mai 2014, Shirin Issawi a entamé une grève de la faim de protestation mais elle l’a suspendue 14 jous plus tard sous la pression de safamille. Elle a été transférée de la prison de Moskobiyyeh où elle était initialement détenue, vers la prison pour femme HaSharon, puis placée à l’isolement pendant près de trois mois. Les raisons de sa mise à l’isolement ne sont pas connues. Le 7 août 2014, la Haute Cour de justice israélienne a rejeté une nouvelle fois sa demande de libération. Shirin Issawi est la soeur de Samer Issawi, prisonnier libéré en décembre 2013 après avoir mené une grève de la faim durant 277 jours. Elle participe au suivi des violations des droits de l’homme et documente celles qui sont perpétrées contre les prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes, mais aussi contre les enfants, les femmes et les prisonniers dans la bande de Gaza. Les organisations de défense des droits de l’Homme ont exprimé leur préoccupation face au refus de libérer Shirin Issawi alors que ses confrères et au report de son procès avec maintien en détention pour neuf mois au regard de ses conditions d’emprisonnement. En 2014, Shirin Issawi a reçu le Prix Alkarama des droits de l'homme pour son travail courageux notamment dans le suivi et la documentation des violations des droits de l'homme contre les prisonniers palestiniens, en particulier ceux en détention administrative. 113 113 114 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde EGYPTE – 22 mai 2014 Mohamed Ramadan Arrêté à trois reprises dans l’année par les services de police Mohamed Ramadan, qui travaille pour le Réseau arabe pour l'information de l'Homme (ANHRI), été arrêté, le 22 mai 2014, à Alexandrie, après avoir participé à une marche de soutien à Mahienour el-Massry, sous l’égide du Centre égyptien pour les droits économiques et sociaux (ECESR). Après la marche, les forces de sécurité ont fait irruption dans les locaux du Centre, dégradé du matériel et arrêté les responsables dont Mohamed Ramadan et Mohamed Hafez, un autre avocat de l’ANHRI. Ils ont été battus et détenus puis relâchés le jour même libérés après avoir saisi les documents qui se trouvaient sur les lieux dont le dossier de Mahienour ElMassry, dont Mohamed Ramadan est l’un des avocats. Le 2 juillet, Mohamed Ramadan a été à nouveau arrêté par les policiers du commissariat d’al-Montazah, à Alexandrie, alors qu’il venait pour rencontrer des refugiés syriens détenus au commissariat. Relâché peu après, il a été battu alors qu’il allait déposer une plainte sur l’incident. Le 19 novembre 2014, jour de la commémoration du troisième anniversaire d'affrontements entre la police et les manifestants de la place Tahrir, où 47 manifestants avaient été tués et 3000 blessés en novembre 2011, Mohamed Ramadan a une nouvelle fois été arrêté dans le quartier d'Abou Kir, en même temps que Mahienour El-Massry et deux autres militants, bien qu’ils n’aient participé à aucune manifestation ce jour-là. Tous ont été relâchés le jour même après avoir été placés en garde à vue au poste de police d’El-Raml. Aucune charge n’a été retenue contre eux. Le 9 février 2015, Mohamed Ramadan, ainsi que trois autres co-inculpés, dont Mahienour el-Massry, ont été condamnés à deux ans de prison par le tribunal d'El Raml. Le Tribunal les a reconnus coupables d'avoir, le 29 mars 2013, « fait un raid au commissariat de police d'El Raml », « attaqué un policier » et d'autres accusations fabriquées de toutes pièces comme « perturbation de la circulation », « dégradation du poste de police », « propagation de la peur et de la terreur parmi les citoyens ». Ils s’étaient rendus au commissariat pour défendre des manifestants arrêtés et avaient été eux-mêmes arrêtés après avoir fait un sit-in de protestation. 114 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde SYRIE – 17 février 2014 Jihan Amin La collaboratrice du Centre de recherches juridiques, de Khalil Matouk et la fille de Khalil Maatouk, arrêtées par les forces de sécurité Le 17 février 2014, des membres des forces de sécurité syriennes se sont rendus au domicile Jihan Amin, qui vit à Sahnaya, près de Damas, et l’ont arrêtée. Le même jour, à Sahnaya, les forces de sécurité se sont rendus au domicile de trois autres personnes qu’elles ont arrêtées en même temps, Ranim Maatouq, étudiante en arts plastiques, la fille de l’avocat chrétien Khalil Maatouk, lui-même vdisparu depuis le 2 octobre 2012, Marwan al-Hasbani originaire de Souweïda, une ville habitée principalement par la minorité druze, ainsi que Nasser Boundouq, également originaire de Souweïda. Les forces de sécurité n’ont pas justifié l’arrestation des deux femmes mais il est probable que celles-ci soient détenues en raison de leurs activités en faveur des droits de l’homme. Les deux femmes détenues au secret jusqu’à leur transfert à la prison d’Adra, à la mi-avril, ont un lien avec Khalil Maatouk: Jihan Amin a travaillé pour le Centre syrien d’études et de recherches juridiques, qui était dirigé par Khalil Matouq, et Ranim Khalil Matouk est la fille de ce dernier. Jihan Amin est frappée par une interdiction de voyager par les services de la sûreté de l’État car elle a participé à un atelier sur les droits des femmes qui s’est tenu au Liban. Elle a défendu et travaillé avec de nombreux prisonniers d’opinion. Elle avait aidé de nombreuses familles dans le secteur où elle vivait et avait créé une organisation d’aide et de soutien aux personnes déplacées. Jihan Amin a été libérée le 29 avril, sur ordre d’un juge d’instruction du tribunal antiterroriste, après avoir été interrogée au sujet du « financement du terrorisme ». La fille de Khalil Maatouk, quant à elle, a été libérée le 11 juin, en vertu de l’amnistie présidentielle du 9 juin en faveur des personnes inculpées d’infractions en vertu de la loi antiterroriste de 2012. Ils étaient quatre à avoir été arrêtés le 17 février. Marwan al-Hasbani, lui, n’est jamais revenu à Sahnaya. Le 12 mars, sa famille a été invitée à venir récupérer son cadavre à l’hôpital de Harasta. Il était défiguré au point d’en être méconnaissable. Personne n’a pu le photographier. A l’entrée de l’hôpital, les soldats ont confisqué la carte mémoire des téléphones de ceux qui étaient venus récupérer sa dépouille. La famille a demandé qui avait amené le cadavre à cet hôpital. Elle n’a jamais obtenu de réponse. 115 115 116 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde SOUDAN – 12-18 mars 2014 Abdelmoniem Adam Mohamed, Abdelaziz Eltoum Ibrahim, Al Radi Ali Ibrahim Arrêtés par le Service national de la sûreté et du renseignement A la suite de la mort d’un étudiant lors de la dispersion violente d’une manifestation organisée à l’université de Khartoum contre l’intensification des violences au Darfour, le 11 mars, une série d’arrestations ont été effectuées, à Khartoum entre le 12 et le 20 mars. Le 13 mars Abdelmoniem Adam Mohamed, qui s’était rendu dans tous les commissariats de police à la recherche des étudiants arrêtés pendant les manifestations, a été arrêté à son cabinet, à Souq Arabi. Il défendait un militant détenu et torturé par le Service national de la Sécurité (NISS). Abdelaziz Eltoum Ibrahim, avocat au barreau du Darfour, a disparu le 12 mars, au moment où le cortège funèbre a été dispersé. Le NISS a confirmé à sa famille le 17 mars qu’il était en détention. Le 18 mars 2014, Al Radi Ali Ibrahim, avocat de Nyala au Sud-Darfour, a été arrêté à Souq Arabi, après une rencontre avec l'Union des étudiants du Darfour dans les bureaux du barreau du Darfour (DBA). SOUDAN – 6 décembre 2014 Amin Mekki Medani Arrêté à Khartoum après avoir signé un accord à Addis-Abeba, à l'occasion de la Journée des droits de l'homme Amin Maki Medani, 76 ans, a été arrêté à son retour d'Addis-Abeba, le 6 décembre 2014, par des agents de la sûreté et du renseignement (NISS), en même temps que d’autres dirigeants politiques. Il a été détenu au secret puis incarcéré le 21 décembre 2014, à la prison de Kober à Khartoum. Amin Maki Medani venait de signer trois jours plus tôt, à Addis-Abeba, à l'occasion de la Journée des droits de l'homme, l'« Appel du Soudan », un accord entre la société civile et diverses organisations opposées au parti du Congrès national, actuellement au pouvoir, pour œuvrer en commun à la fin des conflits au Darfour, au Sud-Kordofan et dans le Nil Bleu. Le 10 Janvier 2015, il a été inculpé d’atteinte à la constitution et de complot contre l'État . Il encourt la peine de mort. Universitaire et avocat, Amin Maki Medani, dirigeant de l'Alliance des organisations soudanaises de la société civile, et ancien président de l'Observatoire soudanais des droits de l’homme (SHRM), a représenté le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme en Afghanistan, en Irak et à Gaza. 116 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde Les Oublié(e)s en 2014 117 117 118 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde 118 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde AZERBAIDJAN Bakhtiyar Mammadov Emprisonné pour huit années depuis 2011 Bakhtiyar Mammadov a été arrêté le 30 décembre 2011, puis condamné le 27 février 2013 par le Tribunal criminel d’Azerbaïdjan, à huit ans de prison pour extorsion de fonds et fraude, en vertu de l'article 182.3 du Code pénal d'Azerbaïdjan. Bakhtiyar Mammadov a été arrêté sur des accusations d’avoir tenté de faire chanter la personne qui l’avait accusé de détournement de fonds. Mammadov a été accusé aussi, d'avoir menacé d'exposer des documents mettant en cause un officier de marine dans le détournement, s'il ne remboursait pas 18.000 AZN (16.769,77 €). Mammadov a nié l'accusation. L'enquête a allégué qu'il avait tenté d'extorquer les 18.000 AZN à un fonctionnaire de la marine de haut rang en menaçant de divulguer des documents qui l’accusaient de détournement des fonds alloués aux familles, à titre de compensation pour leur expulsion de la place centrale de Bakou. Il représentait trois familles forcées de quitter leurs domiciles à Bakou, en début d’année 2012 afin de permettre la construction du Baku Crystal Hall, la salle de concert destinée au concours eurovision 2012. Mammadov a découvert et dénoncé le détournement des fonds alloués à la compensation pour les habitants expulsés. Chargé de demander réparation et de contester juridiquement la décision de démolir leurs maisons, il avait affirmé que les familles touchées par les démolitions s’étaient vues refuser une indemnisation appropriée en raison de la corruption et de détournements par des fonctionnaires de la marine. Bakhtiyar Mammadov avait, en outre, déposé une plainte au nom des familles prétendument spoliées devant le bureau du procureur et le Comité Anti-Corruption pour le détournement des fonds alloués à titre de compensation pour les résidents expulsés. Il a allégué que deux millions AZN (soit près de 1.900.000 €) ont été alloués par le budget de l'État pour l’indemnisation des familles expulsées, et que, par suite du détournement de fonds, elles ont été privées de leur juste réparation. Ses déclarations ont été publiées dans les journaux affiliés à l'opposition politique azerbaïdjanaise. Au moment de son arrestation, Bakhtiyar Mammadov était sous le coup d’une peine de sept ans et demi ans de prison avec sursis sur une condamnation pour fraude, sans rapport avec les faits, prononcée en 2010. (Voir 200 avocats 2014, p.70) 119 119 120 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde KAZAKHSTAN Vadim Kuramshin Condamné à 12 ans de prison, en grève de la faim pour protester contre des mauvais traitements et attend l’opération médicale dont il a besoin Vadim Kuramshin est un avocat des droits de l’homme très connu au Kazakhstan pour défendre les droits des prisonniers et pour ses investigations sur les meurtres de prisonniers gênants. En 2013, il avait remporté le 18ème Prix international Ludovic Trarieux, alors qu’il était en prison. Arrêté une première fois, le 23 janvier 2012, Vadim Kuramshin a été accusé de faire chanter un assistant du procureur de Kordaï (à la frontière du Kazakhstan) avec une vidéo compromettante et une extorsion d’argent. Il avait été libéré le 28 août 2012, après qu'un jury ait rejeté les premières accusations portées contre lui. Mais le 31 octobre 2012, le tribunal régional invoquant d’importants vices de procédure avait annulé la décision du premier jury. La juridiction qui avait refusé de l'inculper lors du premier procès avait écrit en vain une lettre ouverte au président Nazarbaev et au Commissaire de l'ONU aux droits de l’homme, afin de protester contre l'annulation de sa décision et contre le nouveau procès d'une « personne innocente ». A la suite de quoi, il a été de nouveau arrêté le 31 octobre 2012. Le 7 décembre 2012, Vadim Kuramshin a été condamné à 12 ans de prison sous « régime strict » aini qu’à la saisie de ses biens par le tribunal régional de Zhambyl pour « extorsion de fonds ». Le 14 février 2013, le tribunal régional de Taraz a confirmé la peine de 12 ans de prison. Ce procès a largement été dénoncé par communauté internationale pour le non-respect des normes internationales. Le 4 mars 2013, Vadim Kuramshin a été incarcéré dans la colonie pénitentiaire EC 164/4, dont il avait précisément dénoncé le régime carcéral inhumain et dégradant. Le 3 juin 2014, Vadim Kuramshin a entamé une grève de la faim pour obtenir son transfert dans une autre prison et des soins médicaux. Selon RFE / RL, Kuramshin soutient également que les autorités de la colonie, où il est actuellement détenu, utilisent d'autres prisonniers pour le battre, l’humilier et le menacer. Sa femme est très préoccupée par ses conditions de détention très difficiles et demande qu’il reçoive la surveillance médicale dont il a besoin. Elle confirme qu’il est passé à tabac dans la prison, mais qu’il a peur de parler à cause des conséquences. Le 22 septembre 2014, Kuramshin a entamé une nouvelle grève de la faim pour demander un réexamen de son cas et pour manifester contre les mauvais traitements. Son défenseur Dmitriy Baranov, œuvre pour que Kuramshin soit transféré à la colonie pénitentiaire ET-166/5, surnommé « Vishnevka », parce que dans toute autre prison il risque de subir d’autres mauvais traitements. (Voir 200 avocats 2014, p.79) 120 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde IRAN Mohammad-Ali Dadkhah Le dernier des fondateurs du DRHC en liberté, emprisonné pour purger une peine de neuf années de prison confirmée en avril 2012 Mohammad Ali Dadkhah, avocat au Barreau de Téhéran et défenseur des prisonniers politiques et d'opinion, membre fondateur du Cercle des défenseurs des droits de l'homme DRHC a appris le 28 avril – alors qu’il se rendait au Tribunal pour défendre un client – que la Section 15 du Tribunal Correctionnel avait confirmé en appel, sa condamnation à 9 ans de prison et à 10 ans d'interdiction d'exercer le métier d'avocat et d'enseigner à l'université, ainsi qu’à une peine de fouet transformée en amende de 25 millions de rials (environ 720 €) qui avait été prononcée, le 4 juillet 2011. La peine de prison prononcée en première instance, comportait 8 ans de prison, pour avoir été à l’origine d’un « complot » en vue de fomenter une « révolution douce », et un an de prison de plus pour « propagande contre le régime ». Après la confirmation de sa condamnation, les forces de sécurité lui ont proposé de faire des aveux télévisés en échange de quoi l’emprisonnement lui serait évité. Le 11 mai 2012, Dadkhah a dit: « Ils m'ont dit que si je ne faisais pas de confession, ils vont exécuter la condamnation. Demain, c'est mon dernier jour pour soit faire des aveux télévisés, ou aller en prison. Je vais aller en prison … ». Le répit ne fut pas d’un jour mais de quatre mois : le 29 septembre 2012, il a été arrêté et conduit à la prison pour y purger sa peine. Il était – si l’on excepte Chirine Ebadi en exil depuis 2008 – le dernier des fondateurs du DRHC en liberté. Mohammad Ali Dadkhah a été l’avocat de nombreux militants et étudiants arrêtés après les élections controversées de 2009, comme Hossein Ronaghi Maleki, Ebrahim Yazdi… Aux étudiants poursuivis, Mohammad Ali Dadkhah offre ses services gratuitement et le gouvernement y voit la preuve de sa complicité avec ses clients dans leurs crimes présumés. Il est aussi l’avocat du pasteur Youcef Nadarkhani, condamné à mort pour apostasie. Il avait été arrêté le 8 juillet 2009 à son cabinet, à Téhéran au centre Juridique Raad. Après avoir passé plus de deux mois à la Section 209 de la Prison d’Evin, Mohammad Ali Dadkhah avait été libéré le 14 septembre 2009, moyennant le versement d'une caution fixée à 500 millions de Toman (145.000 euros). Dans le passé, il avait été condamné en 2002, à cinq mois de prison et à dix ans de privation d'exercice de sa profession d'avocat, pour une plaidoirie lors de laquelle il avait été interrompu et expulsé par le Président du Tribunal révolutionnaire, qui avait ensuite porté plainte contre lui pour diffamation et déclarations mensongères. (Voir 200 avocats 2014, p.112) 121 121 122 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde IRAN Mohammad Seifzadeh Malade du cœur et à nouveau condamné à une peine de six ans de prison Le 20 février 2013, Mohammad Seifzadeh, avocat de plusieurs journalistes emprisonnés et membre fondateur du Centre des défenseurs des droits de l’Homme (Defenders of Human Rights Centre - DHRC), a été condamné par la 15e chambre du tribunal révolutionnaire islamique à une peine supplémentaire de six ans d'emprisonnement en première instance, pour « association et complot contre la sécurité nationale » et « propagande contre le système ». Fin septembre 2013, la Branche 54 de la Cour d'appel a confirmé la peine d'emprisonnement de six ans infligée. Mohammad Seifzadeh purgeait une peine de deux ans à laquelle il avait été condamné pour des accusations similaires. Il devait être libéré le 25 mars 2013. Le 30 octobre 2010, la 15ème chambre du Tribunal Révolutionnaire de Téhéran avait condamné Mohammad Seifzadeh à neuf ans de prison et à une interdiction de dix ans d’exercer la profession d’avocat. Il était accusé de « menées contre la sécurité nationale » pour avoir contribué à fonder le Cercle des défenseurs des droits de l’Homme. C'était la première fois qu'un avocat iranien se trouvait par la même décision : condamné à la prison et également frappé d’une interdiction d'exercer la profession. Le 14 juin 2011, une cour d'appel a réduit sa peine à deux ans de prison. Cependant, le 13 septembre 2011, il a été convoqué au tribunal et informé d'un nouveau chef d'accusation contre lui : « propagande contre le système ». L’accusation était en relation avec une lettre qu'il avait écrite depuis sa prison de l'ancien Président Khatami le 21 juillet 2011. Dans cette lettre, il a dénoncé la violation généralisée de la loi dans le système judiciaire et a déclaré qu'il n'y avait aucune autre solution que de dissoudre les autorités illégales telles que les tribunaux révolutionnaires islamiques et le Tribunal spécial du clergé et de réformer la structure de l'appareil judiciaire. Son état de santé est préoccupant, notamment en raison de l’aggravation des conditions de sa détention depuis son transfert à la fin de décembre 2012 de la prison de Rajaishahr, près de Karaj, même si sa peine ne comprend pas « l'emprisonnement en exil intérieur ». Il a un besoin urgent d’une chirurgie oculaire, de soins dentaires et aux genoux, aux disques du cou et au dos. Il souffre également de problèmes rénaux pour lesquels il a été transféré dans un hôpital en février 2013. En outre, il souffre de maladie cardiaque pour laquelle il a dû être transféré à l'hôpital le 15 octobre 2013. (Voir 200 avocats 2014, p.75) 122 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde IRAN Abdolfattah Soltani Le procureur de Téhéran refuse de lui accorder une permission alors qu’il est depuis trois ans en détention arbitraire selon l’ONU Abdolfattah Soltani, avocat au barreau de Téhéran et l'un des cofondateurs du Centre des défenseurs des droits de l’Homme (DRHC), est détenu dans la prison d’Evin depuis le 10 septembre 2011, soit depuis plus de trois ans. Il a été condamné en mars 2012 à dix-huit ans de prison et à vingt ans d'interdiction d'exercer la profession d'avocat par le Tribunal révolutionnaire de Téhéran. La peine a été réduite en appel à 13 ans de prison. Le 21 mars 2013, le procureur de Téhéran a finalement refusé d'accorder une permission à Abdolfattah Soltani, à l’occasion de Norouz – le Nouvel An persan – que les prisonniers sont autorisés à passer avec leurs familles. Pour l’octroi d’une courte permission, sa caution avait été fixée à 1, 2 milliard de tomans (environ 346.000 €), mais l'ensemble des actifs réunis de sa famille ne pouvait égaler ce montant. Les autorités elles-mêmes avaient dit à sa femme qu'elle pourrait présenter un titre de propriété à titre de garantie, ce qu’elle a fait. Malgré cela – deux jours avant Norouz – le Procureur de Téhéran a refusé la demande de permission. Le 6 février 2013, le Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire (GTDA), qui avait été saisi par la FIDH et l’OMCT, a conclu que la détention d’Abdolfattah Soltani, était arbitraire, et a demandé au gouvernement iranien de le libérer immédiatement. Le GTDA a souligné que « le gouvernement [iranien] n’a pas contesté la présomption qui soutient la conclusion selon laquelle la détention de M. Soltani résulte de l’exercice de ses droits et libertés et […] de son travail en tant que défenseur des droits de l’Homme, et qu’il n’existe en outre aucun motif pour justifier la restriction de ces droits ». Par ailleurs, le 10 mars 2013, la peine d’un an de prison avec sursis et une interdiction de cinq ans de déplacements à l’étranger pour « participation à obtention d’un revenu illicite en acceptant un prix des droits de l'homme », qui avait été infligée à l'épouse de Abdolfattah Soltani, Massoumeh Dehghan, enseignante à la retraite, pour avoir accepté le prix de la ville de Nuremberg, a été confirmée. Le 2 novembre 2013, Abdolfattah Soltani a dû faire une grève de la faim pour protester contre le manque de soins médicaux appropriés pour lui-même et d'autres prisonniers de conscience, emprisonnés dans la prison d'Evin. Les autorités ayant légèrement assoupli leur position, il a cessé sa grève de la faim, le 12 novembre. (Voir 200 avocats 2014, p.119) 123 123 124 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde SYRIE Khalil Maatouk Le célèbre avocat syrien des droits de l'Homme est en train de mourir en prison Il y a plus de deux ans, que Khalil Maatouk, 53 ans, directeur du Centre syrien pour les recherches et les études juridiques, a disparu sur la route de son domicile de Sahnaya à son cabinet à Damas, où il se trouvait en compagnie de Mohammed Zaza. Les deux hommes seraient détenus par les autorités syriennes qui les transfèrent d'un centre de détention à l'autre de Damas, notamment la « Branche Palestine », un centre de détention géré par le Renseignement militaire. Khalil Maatouk souffre notamment d’une maladie pulmonaire grave qui diminue sa capacité pulmonaire de 60%. Son état précaire exige des soins médicaux constants. Depuis son arrestation, la famille n’a pas été épargnée. Le 17 février 2014, les forces de sécurité ont mené un raid au domicile de Khalil Maatouk à Damas. Sa fille Ranime, 24 ans, étudiante à l'école des beaux-arts, a été arrêtée et son fils de 17 ans a été passé à tabac pendant le raid. De nombreux effets personnels ont été saisis, notamment un ordinateur portable et un récepteur satellite. Ranime Maatouk a été libérée le 11 juin. Khalil Maatouk, chrétien d'origine kurde, a défendu pendant vingt cinq ans des centaines de prisonniers politiques, y compris devant la Cour suprême de sûreté de l'État . Depuis le soulèvement de 2011, il était l'avocat des militants, arrêtés lors de manifestation appelant à la libération de détenus politiques. En 2006, il avait défendu des journalistes condamnés pour avoir « dénoncé les lois d'état d'urgence », en vigueur depuis 1963. La disparition de Khalil Maatouk n’est pas un cas isolé. Le 18 mai 2013, Abdullah al-Khalil, qui défendait les victimes d'arrestations et de détentions depuis le printemps 2011, a été enlevé en sortant de son bureau de Raqqa. On ignore ce qu’il est devenu depuis. Presque en même temps que Khalil Maatouk, le 12 octobre 2012, un autre avocat de Damas, Mohammed Burhan Ahmad al-Sakkal, avait lui aussi été arrêté par des membres des services de renseignement syriens. Sa famille est restée sans aucune information sur son sort. Le 16 avril 2013, la police militaire leur a annoncé qu'il était mort en détention. Lorsqu’on leur a remis le corps, il portait des traces de torture. (Voir 200 avocats 2014, pp.27 et 68) 124 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde SYRIE Razan Zeitouneh et Nazem Hamadi Toujours considérés comme disparus un an après leur enlèvement Depuis un an, en Syrie, on ignore tout sur eux. Nul ne sait qui les détient. En avril 2014, la famille de Razan Zaitouneh avait publié une déclaration en s’étonnant que les organisations humanitaires ne cherchent pas à faire quelque chose pour leur fille et les autres personnes enlevées. La famille, en outre, a déclaré qu’elle tenait Zahran Alloush, le chef de Jaysh al Islam, un important groupe rebelle du Front islamique, pour responsable de la sécurité et de la survie des disparus. Le 9 décembre 2014, pour l’anniversaire de l’enlèvement, le 9 décembre 2014, de nombreux appels ont été lancés pour la libération des quatre militants qui incarnent les valeurs, le courage et la détermination de la révolution syrienne. Razan Zeitouneh, avait été enlevée en compagnie de son mari, Waël Hamada, ainsi que de l’avocat et poète syrien, Nazem Hamadi et de Samira Khalil, l'épouse de Yassin Haj Saleh, l'un des principaux théoriciens de la révolution, le 9 décembre 2013. L'enlèvement a eu lieu dans la Ghouta orientale, un secteur à l'est de la capitale, contrôlé par les rebelles mais assiégé par les forces gouvernementales. Selon les militants de Local Coalition Committees CLC, les soupçons se portent sur les groupes armés de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL). Quelques mois avant son enlèvement, Razan Zaitouneh avait été menacée par le gouvernement et par des groupes antigouvernementaux. Elle les avait rendues publiques sur son site internet Now Lebanon. En septembre 2013, elle avait aussi révélé des menaces proférées par des groupes armés de Douma. Le 9 décembre 2014, pour l’anniversaire de l’enlèvement, de nombreux appels ont été lancé pour la libération des quatre militants qui incarnent les valeurs, le courage et la détermination de la révolution syrienne. Agée de 37 ans, avocate de formation, Razan Zeitouneh était spécialisée avant la révolution dans la défense des prisonniers politiques. Elle avait fondé en 2001, l'Association pour les droits de l’Homme en Syrie, et elle a été l'un des premiers militants du soulèvement populaire lancé en mars 2011 contre le régime de Bachar al-Assad. Devenue une figure de la lutte pour une Syrie laïque et démocratique, elle a été la fondatrice de CVC et cofondatrice de Local Coalition Committees (CLC). Nazim Hammadi, avocat et poète, a été à titre bénévole l’un des principaux défenseurs, de prisonniers politiques en Syrie, avant et après le soulèvement. Il a contribué à la création de l’organisation LCC et a également travaillé sur les projets d’assistance humanitaire aux résidents de la Ghouta orientale. (Voir 200 avocats 2014, p.28) 125 125 126 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde TURQUIE Ramazan Demir Nul n’en parle plus mais il est toujours poursuivi pénalement par le Procureur de Silivri et disciplinairement par le Barreau d’Istanbul Certes, il est vivant et libre. Il n’est victime que d’injustes menaces pénales et disciplinaires. Mais l’oubli qui le frappe n’en est pas moins marquant. Car Ramazan Demir est convoqué devant le Tribunal de Silivri le 9 avril 2015. Il est poursuivi depuis juillet 2013, par le Procureur de Silivri pour avoir « insulté ou [...] offensé la dignité d'une autorité publique dans l'exercice de ses fonctions », conformément à l'article 125 du Code pénal qui prévoit jusqu'à deux ans d'emprisonnement. Le 7 novembre 2013, le barreau d'Istanbul a ouvert une poursuite disciplinaire contre Ramazan Demir conformément à l'article 141 du Règlement intérieur du barreau, à la suite de la plainte déposée par le Procureur spécial de la Cour criminelle n° 15. Même si aucune diligence nouvelle n’a été entreprise par le barreau d’Istanbul, Ramazan Demir reste également exposé à une sanction disciplinaire et peut même être radié du barreau. La procédure de ses pairs est toujours encours. Il est poursuivi pour les propos qu’il a tenus pour la défense de ses clients au cours du procès de 44 journalistes soupçonnés de liens avec le KCK. Lors d'une audience tenue le 16 novembre 2012, Ramazan Demir a contesté la compétence juridique accordée à un Procureur, pour qualifier dans un acte d’accusation de ni « normales », ni « indépendantes », les activiés menées par les journalistes inculpés. Ramazan Demir a également demandé au Tribunal de convoquer et d’entendre un expert afin qu’il détermine les critères constitutifs de ce qui constitue ou non des activités journalistiques « normales et indépendantes ». Ramazan Demir, est un avocat kurde défenseur des droits de l’homme, bien connu pour sa participation à la défense des journalistes poursuivis dans le cadre d'une opération anti-terroriste de vaste portée, visant à démanteler un réseau terroriste présumé connu sous le nom KCK ; et plus particulièrement le « procès de la presse du KCK ». Il est également connu pour son engagement dans la défense des avocats poursuivis dans le cadre de procès de masse anti-terrorisme. (Voir 200 avocats 2014, p. 147) 126 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde Attentats, Violences & Mauvais traitements 127 127 128 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde INDE – 22 février 2014 RK Asha Victime de violences policières dans le cadre d’un festival international de cinéma dédié aux violences contre les femmes à Thrissur RK Asha, un avocat et militant de Thrissur, dals l’État du Kerala, aurait été maltraité et agressé par des policiers attachés à la station de police Thrissur Est. Le 22 février 2014, cinq participants au festival international de cinéma VIBGYOR à Thrissur dont l’édition de 2014 était dédiée aux violences contre les femmes, ont été arrêtés par des policiers. L’une d’entre eux était une jeune réalisatrice, les quatre autres des étudiants en cinéma. Forcés à entrer dans la jeep des policiers, ils y ont été battus avant d’être de nouveau violentés au commissariat. La jeune réalisatrice a été l’objet de propos à caractère sexuel et dégradant. Contactée par la jeune femme, l’avocate R. K. Asha, se rendit au commissariat avec son fils et sa fille mineure, afin d’obtenir sa libération, ainsi que celle des quatre étudiants. L’avocate et ses enfants ont également été battus par les policiers, son fils a été trainé sur le sol. Ils sont parvenus à sortir du commissariat et ont obtenu la libération de la jeune réalisatrice. Ils ont ensuite tous été hospitalisés. Les quatre jeunes étudiants ont été libérés le jour suivant, après avoir subi de nouvelles violences pendant leur détention. INDE – 13 juin 2014 Laimayum Sevananda Sharma Victime de violences sur le trajet menant à son domicile Le 13 juin 2014, alors qu’il rentrait chez lui sur son véhicule à deux roues, Laimayum Sevananda Sharma fut suivi par une voiture puis intercepté par deux hommes qui l’attaquèrent et le firent tomber de son véhicule. Blessé, il parvint à s’échapper et fut examiné par un médecin le lendemain. Laimayum Sevananda Sharma, 35 ans, est membre du réseau des droits de l’homme d’Imphal, dans l’État de Manipur (Human Rights Law Network’s Imphal Center), association d’avocats et militants œuvrant pour la promotion des droits de l’homme et de la justice sociale. Il intervient notamment pro-bono pour la défense de l’environnement et la lutte contre les violences conjugales. Laimayum Sevananda Sharma a identifié l’un de ses agresseurs comme étant un policier membre du commando des Village Defence Force (VDF) de l’État de Manipur. 128 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde INDONESIE – 16 septembre 2014 Latifah Anum Siregar Une avocate papoue, attaquée à Wamena, après une audience au Tribunal Le 16 septembre 2014, Latifah Anum Siregar, 46 ans, a été agressée physiquement et volée, vers 19 h30, alors qu'elle revenait à son hôtel après une audience au tribunal à Wamena, dans la province de Papouasie. Anum Siregar était venue de Jayapura, en compagnie d'un confrère pour assurer la défense d’Areki Wanimbo, le chef du conseil tribal de Lani Besar, accusé de soutenir des activités séparatistes. Ils contestaient la légalité de l'arrestation et de la détention d'Areki Wanimbo, faisant valoir une violation du Code de procédure pénale indonésien. Areki Wanimbo a été arrêté le 6 août après avoir rencontré deux journalistes étrangers qui réalisaient un documentaire sur le mouvement séparatiste en Papouasie. Accusé de soutien à des activités séparatistes, il a été inculpé de « rébellion » au titre des articles 106 et 110 du Code pénal indonésien. Dans la rue, les deux avocats se sont sentis suivis et ont décidé de s'arrêter pendant un certain temps. Un homme armé d'un couteau a agressé Anum Siregar et a saisi son sac qui contenait ses notes sur l’audience et certains documents personnels (comme sa carte d’avocate (Bar Card Association). Les deux avocats ont appelé à l’aide mais personne autour répondu à leur appel Anum Siregar a essayé de retenir son sac pendant un certain temps, et l’homme l'a blessée d’un coup de couteau à l’épaule avant de prendre la fuite. Elle a été soignée pour ses blessures (deux points de suture au moins) à l'hôpital de Wamena. Plusieurs jours avant cet incident, la victime s’était sentie suivie par certaines personnes. Latifah Anum Siregar est une avocate reconnue qui est Présidente de l'Alliance pour la démocratie en Papouasie (ALDP), une organisation de défense des droits de l’homme en Papouasie. Elle travaille pour le processus de démocratisation, la liberté et sur les questions des droits de l’homme en Papouasie. Depuis plus de 10 ans, elle défend les droits des Indigènes de Papouasie qui sont marginalisés, appauvris et discriminés dans leur propre pays, où ils ont perdu leurs droits civils et politiques parce qu'ils sont soupçonnés d'être des séparatistes. Elle reçoit régulièrement des menaces et a été victime de plusieurs tentatives d’enlèvement. En 2005, elle a été presque enlevée dans son bureau par un groupe de personnes qui se sont présentés comme les étudiants. 129 129 130 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde CHINE – 13 novembre 2014 Ni Yulan Confinée dans un appartement à Pékin par la police sans aucune nourriture Le 13 novembre 2014, soit un an après la fin de sa détention, Ni Yulan a été confinée par la police, dans un appartement à Pékin, sans nourriture. Plus tôt dans l’année, le 4 juin, Ni Yulan avait également été arrêtée et maltraitée par la police à tel point qu’elle avait dû être hospitalisée. Elle avait alors fait l’objet d’une interpellation avec son mari en raison de leur participation à une réunion d’activistes. En effet, le 4 juin 2014 est la date d’anniversaire de la manifestation violemment réprimée de la Place de Tiananmen, interdite de commémoration en Chine. Elle avait été libérée peu de temps après son arrestation mais continuait d’être surveillée. Déjà en 2011, elle avait été arrêtée, en même temps que son mari, lors de la vague de répression du mouvement du « Jasmin », inspiré des révoltes arabes, et condamnée le 10 avril 2012, par le Tribunal Populaire du district de Xichen à Pékin à deux ans et huit mois de prison pour avoir « provoqué des troubles » et « détruit des biens publics et privés ». Toutefois, le 27 juillet 2012, le Premier Tribunal populaire intermédiaire de Pékin avait annulé l’inculpation de Ni Yulan pour fraude, réduisant ainsi de deux mois sa peine de prison à deux ans et six mois. Ni Yulan est une avocate de 49 ans qui défend notamment les victimes d’expropriations. Elle avait déjà effectué deux séjours en prison, en 2002 et 2008 pour avoir « mis en danger la propriété publique ». Arrêtée une première fois, après avoir tenté de filmer l’expulsion de ses voisins et la démolition de leur maison, elle a subi des mauvais traitements qui l’ont réduite à circuler depuis en chaise roulante. A la suite de sa condamnation, elle a été radiée du barreau en 2002 avocate radiée en 2002. Arrêtée à nouveau, le 29 avril 2008 pour s'être opposée à la démolition forcée de sa propre maison, elle avait été privée de son fauteuil roulant et, pendant un an, elle n’avait pu se déplacer dans la prison qu’en rampant. Selon elle, ce mauvais traitement était dû au fait qu’elle avait plaidé non coupable. A sa libération en avril 2010, Ni Yulan et son mari, ont vécu dans un parc de Pékin pendant plusieurs mois, leur maison ayant été rasée en 2008 et tous leurs biens confisqués. (Voir 200 avocats 2014, p.172) 130 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde TUNISIE – 25 juillet 2014 Zoubeir Louhichi Il dépose plainte contre un imam qui lance des appels au meurtre contre l’UGTT : le procureur ne fait rien et c’est l’avocat que l’on poursuit Zoubeir Louhichi, 50 ans, avocat au Barreau de Sfax et président de la section nord de la Ligue des droits de l’Homme à Sfax. Il a – parmi plus de 200 avocats – déposé plainte le 16 décembre 2012 auprès du ministère public du Tribunal de première instance de Sfax, à l’encontre de l'imam Ridha Jaouadi à la suite d’un prêche dans lequel il avait appelé à la discorde et encouragé les fidèles à mourir en martyrs. Cette plainte a été transférée le 18 janvier 2013 par le procureur de la République à Sfax aux enquêteurs de la Garde nationale mais il a fallu plus d’un an et trois mois pour que les parties plaignantes soient interrogées, au début du mois de mars 2014. Malgré plusieurs interventions des avocats plaignants, aucune suite n'a été donnée à cette affaire : ni poursuite, ni classement sans suite. L’imam extrémiste a poursuivi ses attaques contre les syndicalistes, les militants des droits de l’Homme et les démocrates pour défendre le parti politique islamiste Ennahda. Zoubeir Louhichi a dénoncé cette inertie sur sa page Facebook. Il a été convoqué courant mai 2014, pour être « entendu », à la demande du procureur général de la Cour d’appel de Sfax, par l’intermédiaire l’Ordre des Avocats – comme l’exige la loi. Cependant, une fois sur place, Zoubeir Louhichi n’a pas été entendu comme témoin : il s’est vu notifier une plainte pour diffamation déposée à son encontre par le procureur de la République. Aucune suite n’a été donnée à cette affaire et aucune décision n’a été rendue à ce jour. Le 25 juillet 2014, la police l’a interpellé dans la rue avec cinq autres militants des droits de l’homme et les a mis en garde contre d’éventuelles menaces. Le lendemain, 26 juillet 2014, Zoubeir Louhichi, alors qu’il roulait en direction du centre de Fax a été abordé par deux individus sur une moto, qui ont tenté de l’agresser et ont brisé la vitre arrière de sa voiture avec une tige de fer. Il a déposé plainte et a reçu en échange une proposition de protection émanant de la police qui ressemble davantage à une « surveillance ». 131 131 132 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde KIRGHIZSTAN – 4 septembre 2014 Makhamatzhan Abdujaparov L’avocat de l’ONG « Justice » agressé dans son bureau par un agent du Comité d'État pour la sécurité nationale Le 4 septembre 2014, Makhamatzhan Abdujaparov, 64 ans, qui travaille pour Spravedlivost (Justice), une ONG fondée en 1994 dans la région de Jalal-Abad, à la frontière entre l’Ouzbékistan et le Kirghizstan, a été agressé dans son bureau, à JalalAbad, à son arrivée par un homme âgé d'environ 30-35 ans, qui a prétendu fallacieusement qu’il aurait heurté sa voiture Makhamatzhan Abdujaparov a appelé le "102" (la police), mais la ligne téléphonique était occupée. L'agresseur l’a attrapé par le cou, puis l’a plaqué contre une armoire du bureau et a tenté de lui donner un coup de poing dans le visage. A ce moment-là, un membre du personnel de sécurité de l'immeuble est intervenu pour empêcher qu'il ne soit frappé. L'agression a été filmée par des caméras de vidéosurveillance et des témoins ont pu relever la plaque d'immatriculation de l'agresseur. La voiture de l’agresseur de Makhamatzhan Abdujaparov aurait été vue, par la suite, garée sur le parking du département régional du Comité de la sécurité nationale du Kirghizstan (KNSC). Makhamatzhan Abdujaparov a porté plainte et a demandé l'ouverture d'une enquête policière sur l'attaque. Quelques heures plus tard, un employé de Spravedlivost a reçu un appel d'un officier du KNSC lui enjoignant de retirer sa plainte. Il a été forcé de s’exécuter sous la pression. La région de Jalal-Abad compte une population ethniquement variée d’Ouzbeks et de Kirghizes. Dans le cadre de son travail pour Spravedlivost, Makhamatzhan Abdujaparov intervient dans des affaires de saisie des terres des ouzbeks impliquant les forces de police qui les accusent d'avoir falsifié leurs titres de propriété foncière. Certains employés de l'ONG Spravedlivost ont été intimidés et menacés de poursuites pénales par le parquet et le KNSC, tandis que d'autres ont fait l’objet de convocation et d’interrogatoires par la police au début de 2014. Comme d’autres régions du sud du Kirghizstan, Jalal-abad a connu un violent conflit ethnique en 2010. 132 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde RUSSIE – 21 juillet 2014 Ivan Pavlov Harcèlement du chef de file des avocats de l’Institute for Freedom of Information Development Foundation Le 21 juillet 2014, le Service fédéral de la migration à Saint-Pétersbourg, a annulé le permis de résidence de Jennifer Gaspar, citoyenne américaine et épouse de l’avocat Ivan Pavlov, bien qu’il fût valide jusqu'en février 2015. La décision a été portée à la connaisance de l’interessée le 5 août 2014, en lui précisant le motif : "menace pour la sécurité nationale". Le 5 août 2014, était le dernier jour où elle est autorisée à séjourner en Russie. Le lendemain, elle a fait appel de cette notification. Devant la juridiction d’appel, le Service fédéral de la migration a fait référence à une correspondance secrète avec le Service fédéral de sécurité (FSB), qui affirme annuler le permis de résidence de Jennifer Gaspar en vertu de la loi fédérale sur le statut légal des étrangers, qui permet la révocation d'un permis de résidence lorsqu'un "citoyen étranger soutient le changement violent de l'ordre constitutionnel de la Fédération de Russie ou menace la sécurité de la Russie par d'autres activités". Le 19 août 2014, le tribunal du district de Frunzenskiy à Saint-Pétersbourg a confirmé la décision du service fédéral de la migration d'expulser Jennifer Gaspar. Mais le juge a rejeté la demande de l'avocat de Jennifer Gaspar de révéler les motifs de convoquer le représentant du FSB au tribunal. Ivan Pavlov, est le chef de file des avocats de l’Institute for Freedom of Information Development Foundation, une ONG qui milite pour la transparence des organes de l'État et qui effectue un contrôle régulier des autorités. Jennifer Gaspar vit en Russie depuis 2004 et travaille en tant que consultante pour plusieurs ONG en Russie dans différents domaines, tels que les droits des enfants et le SIDA. En octobre 2013, Jennifer Gaspar avait déposé une demande de nationalité russe, mais les services de la migration ont rejeté sa demande le 18 mars 2014 En 2013, l'Institute for Freedom of Information Development Foundation avait reçu un avertissement du procureur pour n’avoir prétendument pas respecté l’obligation de se déclarer comme un "agent étranger" à cause de ses "activités politiques". Au cours des deux dernières années, l’organisme a subi deux inspections menées par le parquet. A la suite de la seconde inspection, le parquet a prononcé une injonction pour contraindre l’organisme à s'enregister comme "agent étranger". Il a fait appel de cette décision affirmant que ses activités ne sont pas « politiques » et qu'elles ne visent pas à changer la politique de l'État. 133 133 134 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde RUSSIE – 25 novembre 2014 Vitaly Cherkasov L’avocat des défenseurs des droits des LGBT agressé après une audience à Saint-Pétersbourg Le 25 novembre 2014, Vitaly Cherkasov, un avocat membre de l'Association interrégionale "Agora", qui regroupe des organisations de défense des droits de l’homme, qui défend notamment les militants LGBT, a été agressé près du tribunal du district de Lomonosovsky à Saint-Pétersbourg. Il défendait un militant détenu pour avoir défilé lors d’une manifestation en tenant une banderole de couleur arc-enciel en portant l’inscription : «Ma liberté protège la vôtre ». Avant l'audience, un groupe d'environ 10 personnes se déclarant des "activistes de l'Église orthodoxe" ont commencé à l’agresser verbalement et ont continué pendant l'audience. Parmi les agresseurs se trouvait un coordinateur du mouvement nationaliste "Narodny Sobor" qui est le collaborateur d’un parlementaire de SaintPétersbourg, Vitaly Milonov, promoteur de la "loi sur la propagande de l'homosexualité envers les mineurs". Le juge a fait expulser les opposants, mais, après l'audience, les mêmes individus ont suivi Vitaly Cherkasov et plusieurs appariteurs du Tribunal ont dû l’escorter jusqu'à l'arrêt de bus pour le protéger. Malgré cela, sur le trajet, les "activistes de l'Église orthodoxe" ont sorti deux seringues et ont tenté d'asperger le visage de l’avocat avec un « liquide puant corrosif » non identifié, mais il a réussi à se protéger avec ses mains et le liquide n’a été répandu que sur ses vêtements et ses mains. Vitaly Cherkasov a tenté d'appeler la police, mais il n'a eu aucune réponse. Il s'est rendu au poste de police pour porter plainte et demander une analyse du liquide. La police a refusé de prendre des échantillons. Vitaly Cherkasov a aussi appelé une ambulance et lorsque les secours sont arrivés, il a commencé à se sentir mal du seul fait d’avoir inhalé le liquide. Le jour même de l’incident, le parlementaire Vitaly Milonov a commenté l'agression en indiquant que l'organisation "Agora" devrait être fermée, car elle est une "tumeur sur le corps de la Russie", que « les avocats sont du rebut et des mercenaires qui travaillent pour de l'argent » et que Cherkasov et son client devaient être tous les deux exilés du pays. Il n'a pas explicitement dénoncé cette agression. Depuis plusieurs années, les avocats d'"Agora" sont menacés de mort parce qu’ils défendent les militants des droits LGBT. En juin 2011, Ilnur Sharapov a reçu plusieurs messages téléphoniques qui contenaient des menaces de mort. En 2012 et 2013, les avocats Sergey Golubok et Dmitri Dinze ont reçu des menaces d'agressions physiques à cause de leur travail de défense des militants. 134 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde ZIMBABWE – 6 novembre 2014 Kennedy Masiye Passé à tabac par la police et laissé sur place avec un bras cassé Le 6 novembre 2014, Kennedy Masiye, membre de l’association des Avocats du Zimbabwe pour les droits de l’homme, a été agressé par la police du Zimbabwe, alors qu'il tentait d'intervenir lors d'une agression par des policiers contre Itai Dzamara, à Harare. A partir d’octobre 2014, Itai Dzamara, le journaliste leader du mouvement prodémocratie Occupy Africa Unity Square (OAUS), a organisé une campagne pour exiger la reddition de comptes du gouvernement zimbabwéen pour ce qu’ils appellent son « échec pour satisfaire les besoins de sa population». Le 6 novembre 2014, ils ont recommencé leur sit-in sur la place de l'Unité africaine. Après quelques heures, plusieurs policiers sont arrivés sur la place et ont ordonné aux manifestants de se disperser. Peu de temps après avoir donné l'ordre, ils auraient commencé à frapper ceux qui participent au sit-in. Le leader du groupe, Itai Dzamara, a été violemment agressé par des policiers antiémeutes et laissé inconscient. Il a dû être réanimé et a été conduit à l’unité de soins intensifs. Kennedy Masiye qui avait répondu à l’appel du militant, a essayé d'intervenir aussitôt après l'assaut contre Dzamara. Lorsqu’ils ont su qu’il était l’avocat d’Itai Dzamara des policiers antiémeutes ont jeté sa carte d’avocat et aurait déclaré: « Nous ne nous soucions pas de ces chose ». Et il a lui aussi été violemment frappé. Kennedy Masiye a été laissé sur place grièvement blessé avec un bras cassé. Plus tard, alors qu'il tentait de déposer un plainte à la station centrale de Harare, Masiye a été arbitrairement détenu. Ses confrères n’ont pu obtenir aucun renseignement et la police a tenté de cacher sa présence poste de police. Après il a finalement relâché et retrouvé par ses confrères, mais la police a refusé de procéder à un examen médical. A sa libération, Kennedy Masiye s’est effondré à la suite de ses blessures et a dû être transporté dans un hôpital privé où il a été soigné. 135 135 136 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde SYRIE – 31 janvier 2014 Roshdy al-Cheikh Rasheed Disparition du vice-président de l'Arab Organization for Human Rights – AOHR Roshdy al-Cheikh Rasheed, vice-président de l'Arab Organization for Human Rights – AOHR, a disparu de la ville de Tadmor, le 31 janvier 2014. Roshdy El Sheikh Rasheed est, une organisation internationale qui a un statut consultatif auprès de l'ONU-ECOSOC et dont l'objectif est de promouvoir le respect des principes des droits de l’homme dans les États arabes. Roshdy al-Cheikh Rasheed a été emmené hors de chez lui par des hommes en civil, le 31 janvier 2014. Selon Free Syria’s Silenced Voices, il aurait été arrêté par les autorités syriennes. Tadmor est situé dans une zone contrôlée par les forces gouvernementales. Roshdy al-Cheikh Rasheed avait quitté Homs pour Tadmor en 2013, afin de se faire soigner une blessure contractée alors qu'il enquêtait sur des exactions perpétrées pendant des combats à Homs. Il a déjà été détenu deux fois par les autorités à Homs. Selon le témoignage de l’avocat, Anouar al-Bunni, président du Centre syrien d’études et de recherches juridiques : « La situation des détenus est la plus grande question dans la Syrie actuelle. Et la souffrance des détenus est celle qui est tue avec la plus grande acuité[…].Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Plus de 150 000 détenus, dont moins de 30 000 ont été présentés au tribunal antiterroriste et environ 20 000 à des tribunaux civils et militaires. Le sort de cent mille autres personnes est également inconnu, pour certaines depuis plus de trois ans. Oui, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Environ 20 000 victimes ont succombé à la torture et aux traitements inhumains qui leur sont infligés par les autorités, selon des informations confirmées. Pourtant, nous sommes convaincus qu’en réalité ce chiffre dépasse les 50 000 victimes, convaincus que l’on ne distingue que la partie émergée de l’iceberg, que ce soit les pour les chiffres, l’étendue de la torture ou le calvaire des détenus». (Extrait de Anouar Bounni, « Le prisonnier syrien ou la mort en silence », Free Syria’s Silenced Voices, 10 février 2015). 136 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde Radiations, poursuites et autres entraves… 137 137 138 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde CHINE – 28 mars 2014 Li Jinglin Li Jinglin n’a pu rencontrer sa cliente Ge Zhihui qu’après avoir porté plainte contre le Procureur Le 28 mars 2014, Li Jinglin s’est vu refuser un entretien avec sa cliente Ge Zhihui détenue au Centre de rétention de Fengtai à Pékin. La militante avait été arrêtée et incarcérée le 1er mars de la même année pour « rassemblement illégal » puis « trouble à l’ordre public ». La police a saisi deux ordinateurs, de la documentation sur les droits de l’homme ainsi que des textes de pétition. Après avoir tenté de la rencontrer à huit reprises et avoir porté plainte contre le procureur, Li Jinglin a réussi à s’entretenir avec Ge Zhihui, le 15 avril. Il a pu constater qu’elle avait subi des mauvais traitements en prison. Victime d’un handicap, elle se déplaçait avec des béquilles. Cependant, lors de sa détention, la police l’a menottée, l’empêchant ainsi de se déplacer. Elle subissait des humiliations régulières et ne pouvait pas parler aux autres détenus. Elle a dû être hospitalisée de nombreuses fois. Les raisons réelles de son incarcération seraient liées au fait qu’elle a participé à un stage de formation aux droits de l’homme organisé par les Nations Unies. Li Jinglin, membre d’un organisme de défense des droits civiques travaille au sein du cabinet Haosheng Law Firm à Pékin. A partir des années 2000, il a fait l’objet de pressions et menaces de la part de fonctionnaires et d’hommes d’affaires mis en cause dans ses dossiers. Il a, entre autres, défendu les droits des paysans et des travailleurs. Il a également travaillé sur l’affaire du lait contaminé et intenté un procès contre les écoles refusant l’admission de personnes infectées par l’hépatite B. Récemment, il a participé à des campagnes de protection des animaux et a défendu des adeptes du Falun gong. Il a également milité pour la mise en place d’élections générales directes des responsables de l’Association des avocats de Pékin. 138 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde CHINE – 23 avril 2014 Mo Shaoping La police l’a empêché de rencontrer le vice-chancelier allemand Le 23 avril 2014, la police s’est rendue au bureau de Mo Shaoping et lui a signifié les ordres reçus de sa hiérarchie selon lesquels il n’était pas autorisé à rencontrer le vice chancelier allemand, Sigmar Gabriel, en visite en Chine. Le vice-chancelier avait effectivement prévu de rencontrer des membres de la société civile chinoise, enclins à critiquer le gouvernement chinois. Il souhaitait par cette initiative montrer le soutien des dirigeants européens aux dissidents politiques chinois. Toutefois, au regard des circonstances, la réunion n’a pas pu se tenir. Le Ministre des affaires étrangères, Qi Ganq, a affirmé n’avoir pas été informé de l’incident. Ses propos dans un quotidien ont été : « Je crois que les allemands, tel un peuple rigoureux, savent se comporter en invités » ; « Nous faisons respecter le principe du respect mutuel et de l’égalité en traitant des différences pour pouvoir améliorer le dialogue et la compréhension. C’est le pas nécessaire à prendre ». En 2012, la police avait déjà empêché Mo Shaoping de se rendre à une réception donnée à l’ambassade d’Allemagne en l’honneur de la chancelière Angela Merkel en visite en Chine, à laquelle il avait été convié. Il souhaitait « parler avec la chancelière de la situation légale en Chine et des problèmes auxquels sont confrontés les avocats ». Mo est un avocat installé à Pékin. Il défend des dissidents politiques, des militants syndicaux, et a également assuré la défense du Prix Nobel Liu Xiaobo en 2009. Il lui est souvent interdit de rencontrer ses clients et il fait quotidiennement l’objet de surveillance et de harcèlement de la part des autorités, ainsi que de restrictions de sa liberté de circuler. Il a déjà été détenu en raison de ses activités de défense des droits de l’homme. 139 139 140 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde CHINE – 9 mai 2014 Ma Gangquan et Ding Xikui Empêchés de s’entretenir avec leur cliente Liu Di, cyber activiste Le 9 mai 2014, les avocats Ma Gangquan et Ding Xikui se sont vu refuser un entretien avec leur cliente Liu Di par les autorités d’un centre de détention de Pékin. Liu Di, cyber activiste. Symbole de la liberté d’expression en Chine elle avait été arrêtée début mai 2014 avec d’autres intellectuels dissidents pour s’être réunis en avril afin d’organiser une commémoration du 25e anniversaire du massacre de Tiananmen. Une photo du groupe a d’ailleurs été publiée sur internet. Les deux avocats se sont vu refuser de manière répétitive leurs demandes pour rencontrer la jeune femme alors que tous les autres activistes avaient déjà pu s’entretenir avec leurs avocats. Ayant convenu d’un entretien le vendredi 9 mai, les autorités les ont informés dès leur arrivée dans les locaux du centre de détention que les charges contre Liu Di avaient été modifiées et que de ce fait, elle venait d’être reconvoquée pour de nouvelles charges. Après avoir attendu pendant plusieurs heures, les avocats ont été prévenus qu’ils ne pourraient pas s’entretenir avec elle ce jour-là. On leur a demandé de revenir. Le lundi suivant, alors qu’un autre rendezvous avait été planifié, ils ont été informés que Liu Di avait été déplacée. En Chine, la loi dispose que toute demande d’un avocat pour rencontrer un détenu doit être accordée dans un délai de 48 heures. Selon Ma Gangquan, les activistes ont été inculpés en raison de l’impact médiatique qu’a provoqué la publication des photographies de leurs réunions sur internet. La police aurait en effet expliqué que ce type de réunions ne pouvait se tenir que dans le cadre privé et sans être rendu public. Le 5 juin 2014, Liu Di a été libérée. Certains autres activistes sont toujours détenus avec d’autres défenseurs des droits de l’homme emprisonnés pour les empêcher de participer à la commémoration de Tienanmen. 140 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde CHINE – 30 juin 2014 Jiang Tianyong, Tang Jitian, Wang Cheng, Liu Wei, Tang Jingling, Teng Biao et Zheng Enchong Traités d’imposteurs, ils se voient retirer leur licence professionnelle Le 30 juin 2014, dans un communiqué publié par le Quotidien des lois, l’Association Nationale des Avocats, l'organisation de tutelle des avocats dont le bureau est désigné par le parti communiste, a traité « d’imposteurs », sept avocats qui figurent parmi les plus courageux défenseurs des droits de l’homme et leur a retiré leur carte professionnelle après avoir révoqué ou annulé leur licence professionnelle. L’association a indiqué que ces avocats n’avaient soit jamais acquis de licence professionnelle soit se l’était fait retirer, agissant pourtant comme des avocats et trompant ainsi le public. Ils figurent parmi les plus courageux défenseurs des droits civiques. Teng Biao a fondé Gongmen, le prédécesseur du Mouvement des nouveaux citoyens en 2003, qui regroupe de nombreux avocats engagés. Elle a été démantelée en 2009, officiellement pour des motifs de fraude fiscale. Aujourd’hui, tout comme Zheng Enchong, il a cessé d’exercer sous la contrainte. Par ailleurs, au mois de mars 2014, Jiang Tianyong, Tang Jitian et Wang Cheng avaient été détenus pendant quinze jours, après avoir été rendre visite à des membres du Falun Gong dans la prison noire de Jiansanjiang. (Voir p. 141) En 2011, dès l’appel anonyme lancé sur internet pour une « Révolution de Jasmin » en Chine, Jiang Tianyong, Tang Jitian et Teng Biao avaient été les premiers avocats agressés, torturés ou assignés à résidence par la police de Pékin. 141 141 142 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde CHINE – 31 juillet 2014 Li Xiongbing Obligé de se retirer de l’affaire Gao Zhisheng par le bureau de la sécurité publique et le bureau des affaires judiciaires de Pékin Le 31 juillet 2014, le bureau de la sécurité publique et le bureau des affaires judiciaires de Pékin ont demandé à Li Xiongbing de se retirer de l’affaire Gao Zhisheng, lui-même avocat des droits de l’homme. Li Xiongbing avait déjà rencontré des difficultés dans cette affaire. Le 27 août 2012, les autorités pénitentiaires l’avaient empêché de voir son client alors qu’il s’était rendu dans la région très éloignée du Xinjiang pour cela. Gao Zhisheng avait été renvoyé en prison le 1er janvier 2012 pour avoir “violé les conditions de sa mise en liberté”. Son frère aîné avait saisi Li Xiongbing et Li Subin pour faire appel de sa condamnation. Lorsque les avocats se sont rendus à la prison de Shaya à Urumqi, ils ont été éconduits par les autorités au motif que Gao Zhisheng étant lui-même avocat, il n’avait pas besoin d’un représentant. Les autorités ont également prétendu que Gao Zhisheng devait personnellement signer la lettre pour conserver ses avocats. Depuis plusieurs années, l’avocat est victime de différentes formes de harcèlement policier, y compris de surveillance, assignation à résidence et interdictions de voyage. Au printemps 2011, Li Xiongbing avait été enlevé pendant deux jours par la police. Sa disparition s’inscrivait dans le cadre d’une série de "disparitions forcées" de défenseurs des droits de l’homme chinois. CHINE – 21-30 juillet 2014 Chang Weiping, Li Jinxing et Liu Hao Empêchés de défendre leurs clients et passés à tabac devant la prison de Jiaozuo Le 21 juillet, Chang Weiping, chargé de l’affaire de Zhang Xiaoyu et de son mari Xu Youchen, deux militants accusés d’avoir tué un agent au poste de police de Jiaozuo, a été convoqué par la police après avoir réclamé de s’entretenir avec le couple. Il a été interrogé pendant 12 heures, puis il a été cité comme témoin dans l’affaire, ce qui l’empêche concrètement de représenter ses clients. Le 25 juillet, quatre autres avocats ont rencontré ces derniers, qui ont affirmé avoir été passés à tabac par la police à Jiaozuo. Zhang Xiaoyu a quasiment perdu la vue et Xu Youchen a été grièvement blessé au visage. Après cette visite, la police a interdit les visites des avocats, au motif qu’ils dévoilaient des informations sur l’affaire. Le 30 juillet, Li Jinxing et Liu Hao, les nouveaux avocats du couple, ont été passés à tabac par un groupe d’inconnus devant le centre de détention municipal de Jiaozuo. 142 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde CHINE – 12 août 2014 Tang Tianhao et Wang Yu Empéchés par les autorités de Mudanjiang de rencontrer leurs clients détenus en raison de leur appartenance au mouvement du Falun Gong Les autorités de Mudanjiang, dans la province de Heilongjiang, ont expressément interdit aux avocats inscrits à Pékin de rendre visite à leurs clients dans les centres de détention de la ville. Li Ming, Ministre adjoint auprès du Comité des politiques de la ville et Directeur du bureau en charge des affaires dîtes du Falun Gong, a pris une ordonnance leur refusant l’entrée dans l’établissement et leur supprimant le droit de déposer une plainte et d’obtenir des explications sur la décision. Cette ordonnance visait clairement les avocats en charge de la défense des pratiquants du Falun Gong et notamment Tang Tianhao et Wang Yu, leur interdisant ainsi de rencontrer leurs clients, Mme Deng Xiaobo et M. Li Dequan détenus à la prison n°2 de la ville. Cette nouvelle violation du Code de procédure pénale s’inscrit dans un contexte de répression généralisée à l’égard des avocats défendant les droits des usagers du Falun Gong, retenus dans les « Prisons Noires », lieux de détention illégaux. Le Falun Gong est une pratique spirituelle traditionnelle et un des groupes les plus sévèrement persécutés de Chine. Déjà, en mars 2014, quatre avocats de Pékin avaient fait l’objet d’actes de torture avant d’être placés en centre de détention administrative. Plus généralement, les autorités judiciaires ne cessent d’user de moyens illégaux pour les empêcher d’accomplir leur travail tels que le refus d’accès aux dossiers et les pressions sur les prévenus et leur famille afin qu’ils renoncent à leur avocat. Le 15 août 2014, Tang Tianhao et Wang Yu se sont rendus à la Cour du District de Changyi afin d’avoir accès aux dossiers. Après les avoir fait longuement attendre, les fonctionnaires les ont éconduits au motif que leur licence professionnelle n’était pas valide à Pékin puisqu’elle avait été émise dans la province du Jilin. Cependant, en Chine, les licences professionnelles ne connaissent pas de limite géographique. Tang Tianhao et Wang Yu ont souhaité porter plainte auprès du Parquet du district de Changyi. Toutefois, un membre du Parquet leur a répondu que de telles plaintes étaient irrecevables. Ils ont donc été contraints d’adresser une lettre au Président du Parquet afin d’exprimer leur préoccupation et désapprobation. 143 143 144 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde CHINE – 5 septembre 2014 Cheng Hai Retrait de licence professionnelle annuelle our avoir « troublé l’ordre du tribunal » à l’occasion de la défense de Ding Jiaxi Le 22 août 2014, Cheng Hai a reçu une notification des autorités judiciaires du district de Changping, à Pékin l’informant de la suspension de sa licence professionnelle pour une durée d’un an, au motif qu’il aurait « troublé les ordres de la cour lors du procès » et qu’il aurait « perturbé le fonctionnement normal des poursuites » lorsqu’il était en charge de la défense de Ding Jiaxi. Le 26 août, 157 avocats et juristes ont signé une déclaration commune, en protestation à la suspension de sa licence. Le 31 août, Cheng Hai a déposé plainte au bureau judiciaire du district de Changping afin de s’opposer au lieu de son audience, Sunshine Halfway Home, dans le district de Changping, une agence fournissant des services sociaux tels que l’éducation et la formation aux anciens détenus. Toutefois, le 5 septembre suivant, l’audience avait lieu, comme prévu, au sein de l’agence et non d’un tribunal. Ce jour-là, neuf avocats, Zhang Lei, Dong Qianyong, Wang Yu, Hu Guiyun, Chen Jiangang, Li Guobei, Yu Wensheng, Wang Xing et Li Jinxing venus pour assister à l’audience ont été arrêtés. Bien que l’audience soit publique, la porte de la salle a été fermée et de nombreux policiers ont arrêté les avocats et les ont conduits dans un fourgon au poste de police de Changping, où ils ont été détenus pendant 14 heures. En avril 2014, lors du procès de Ding Jiaxi, Cheng Hai s’était élevé contre les irrégularités commises par les autorités judiciaires. Néanmoins, il avait continué à se voir refuser l’accès aux preuves à charges, aux originaux des documents et il n’avait pas le droit d’effectuer de copies des pièces, en violation du respect des droits de la défense prévu dans le Code de procédure pénale chinois. Enfin, la cour avait refusé la publicité des débats qu’il avait demandée. En signe de protestation, Cheng Hai avait donc refusé de plaider et s’était retiré du dossier. Déjà, dans le cadre de cette même affaire, il avait été passé à tabac et retenu au sein de la prison pendant cinq heures avant d’être relâché, lors d’une visite en prison fin novembre 2013, alors qu’il souhaitait prendre une photo de son client, un acte expressément autorisé par le Code de procédure pénale chinois. Cheng Hai est un éminent avocat pénaliste en Chine. Avant de prendre la défense de Ding Jiaxi, il avait été l’avocat de Ni Yulan lors de son procès en 2012. (Voir 200 avocats 2014, p.124) 144 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde CHINE – 11 décembre Zhang Keke « Physiquement » expulsé du tribunal pour avoir plaidé en citant les droits constitutionnels de liberté d'expression et de religion Zhang Keke, avocat de Wuhan, a été brutalement interrompu dans sa plaidoirie le 11 décembre, devant un tribunal, à Liaoyuan, dans la province du Jilin, alors qu’il défendait des clients accusés d'avoir collé des stickers dénonçant la persécution du Falun Gong. Zhang Keke défendait ce jour-là, Zhang Guixia, 65 ans, et son mari Tian Yifu, 63 ans. Il avait été averti par le juge qu’il ne devait pas plaider l’innocence de ses clients. Zhang Keke a refusé de tenir compte de l'avertissement du président. Il a demandé la relaxe en vertu de la constitution chinoise. Il a plaidé que c’était un droit constitutionnel que de croire et de diffuser une information à propos du Falun Gong. Il a alors été insulté par l’un des assesseurs. Puis, sur ordre du président, six policiers se sont emparés de lui, l’ont fouillé au corps et il a été « physiquement » retiré de de la salle d’audience. Après six heures de détention, il a fini par être relâché. Il a déposé plainte contre la police et le tribunal du chef d'arrestation et de détention illégales. Le lendemain, un autre avocat, Zhang Lei, a lancé une pétition en ligne condamnant l'action de la police dans la province nord-est du Jilin, où un avocat avait pu être arrêté pour avoir invoqué les droits constitutionnels de la liberté d'expression et de religion au tribunal proclamant : « Comment un avocat ne pourrait-il pas parler de loi devant les tribunaux?[…] C'est une honte de voir de telles choses se produire » Au moins 360 avocats chinois ont signé la protestation. Ils ont demandé des poursuites contre les responsables de l'acte et appelé le gouvernement à honorer son engagement de mettre en œuvre l’État de droit. Chaque année, les avocats chinois doivent subir une évaluation de leur « rectitude politique », appelée « évaluation annuelle »qui leur est indispensable pour obtenir le renouvellement de leur permis d’exercer la profession. En mai 2014, l'Association du Barreau de Wuhan a suspendu l’évaluation annuelle de Zhang Keke, parce qu’il assure la défense d’adeptes de Falun Gong. A partir du 10 Juin, Zhang Keke a entamé une grève de la faim devant le siège du barreau de Wuhan pour revendiquer son droit à pratiquer le droit. Dans un grand élan de soutien, le 11 juin, beaucoup de Chinois, y compris des avocats, se sont joints à Zhang Keke, avec un équipement pour tenir une grève de la faim de 100 jours. Le 12 juin, l'Association des avocats de Wuhan décidait d'approuver l'évaluation annuelle de Zhang Keke. 145 145 146 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde THAÏLANDE – 11 novembre 2014 Sor Rattabanee Polkaw L’Armée entrave une consultation juridique avec les communautés locales Sor Rattanamanee Polkaw s’est rendue, le 11 novembre 2014, dans la région d’Udon Thani située au nord-ouest de la Thaïlande afin d’y donner une consultation juridique aux membres des communautés locales des huit provinces du bassin du fleuve Mékong. Il s’agissait d’un premier rendez-vous pour déterminer les conséquences environnementales et économiques de la construction du barrage hydraulique de Xayaburi entrepris par Electricity Generating Authority of Thailand qui menace d’expulsion environ 2100 personnes et d’atteinte à leur santé plus de 202 000 personnes, afin de leur permettre d’envisager une ligne de défense. La consultation était prévue le 11 novembre 2014 à 14 heures dans un hôtel local. 45 personnes devaient y participer. A 13 heures, quatre militaires et trois officiers de police se sont présentés à la réception de l’hôtel pour demander des informations sur cette réunion. A son arrivée, l’avocate les a interrogés sur les raisons de leur présence. Les officiers lui ont répondu que sous la loi martiale, tout rassemblement nécessitait une autorisation. Cette autorisation devait être demandée directement auprès des militaires. Sor Rattanamanee Polkaw a opposé qu’il s’agissait de donner une consultation juridique aux membres de la communauté, qui relevait des activités légitimes d’un avocat, et qu'elle n’avait jamais entendu auparavant que ces réunions exigeaient une autorisation spéciale Elle a été cependant forcée par l’armée d’écrire et signer une lettre demandant l’autorisation de tenir sa consultation juridique mais s’engageant aussi à sollicter l'autorisation pour d'autres réunions. Si la rencontre a finalement pu avoir lieu, c’est en présence des militaires qui ont récupéré les documents de l’affaire par la suite. Le lendemain, le 12 novembre 2014, les consultations juridiques ont continué mais les autorités militaires une fois de plus participé aux consultations. Sor Rattanamanee Polkaw est une avocate des droits de l’homme, membre du Community Resources Centre Centre de ressources communautaires (CRC). Elle travaille principalement sur des affaires en lien avec le droit de l’environnement et la protection des droits des communautés locales. 146 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde PHILIPPINES – 24 février 2014 Bartolome Rayco et Madonna Escio Violences et arrestation illégale des défenseurs des consommateurs d'énergie à Bicol Le 24 février 2014, Bartolome Rayco, avocat des consommateurs d'énergie à Bikol a été arrêté à l’occasion d’une rassemblement de près de 100 consommateurs dans l'enceinte de l’entreprise de service public de distribution d'électricité local, Albay Electric Cooperative (ALECO) à Bikol. Opposés aux pratiques monopolistiques de l’entreprise, les consommateurs d’ALECO protestaient contre la prochaine prise de contrôle de la coopérative par la Société d'énergie San Miguel (SMEC), détenue par le clan Cojuanco, dont ils affirment qu’elle va entraîner l'augmentation des tarifs d'électricité. 18 policiers - dont certains en civil - ont voulu obliger les participants à se disperser. Aux alentours de midi, trois hommes ont été arrêtés par la police, y compris Vince Casilihan, le porte-parole de KARAPATAN-Bikol. Ils ont été appréhendés avec force, poussés sur le trottoir, et menottés. Un professeur de droit, également avocate, Madonna Gay Escio, vice-président NUPL de Luzon, a été blessée dans la bagarre en essayant d'intervenir rapidement. Elle a été a été poussée par des policiers d'arrêt et se plaint de douleurs au bras gauche. Bartolome Rayco, le président de National Union of People’s Lawyer (NUPL) section de Albay, qui est aussi l’avocat de l’AMMSO (ALECO Multi-Sectoral Stakeholders’Organization – l’organisation multi-sectorielle des intervenants Aleco (AMSSO) s’est approché du groupe au cours de l'arrestation en sa qualité de conseil des personnes arrêtées pour affirmer qu'ils exerçaient leurs droits en tant que consommateurs de Aleco. L'avocat a été à son tour arrêté et amené par des policiers à l'intérieur du véhicule de police. Sans autre formalité, le chef de la police s’est borné à déclarer "Isama na yan" (Emmenez-le avec eux). La police a accusé Rayco, et les trois autres personnes arrêtées de «coercition grave et d’action malveillante ». Dans la soirée, les quatre interpellés ont excipé de l’illégalité de leur arrestation devant le Procureur de la Ville. Vers 23 heures 30, l'arrestation sans mandat a été jugée arbitraire et les accusations ont été reconnues sans fondement. Leur libération est intervenue, le 25 février 2014, à 1 heure du matin. 147 147 148 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde MALAISIE – 18 août 2014 N. Surendran Accusé de sédition en vertu de la loi malaisienne sur la sédition pour les déclarations faites en sa qualité d'avocat N. Surendran, un avocat malaisien et député de la circonscription de Padang Serai pour le Parti de la justice populaire, un des trois partis d'opposition du parlement malaisien, est poursuivi en vertu de la loi malaisienne sur la sédition pour ses déclarations faites en sa qualité d'avocat. En 2014, après la mort tragique de son précédent avocat, Karpal Singh dans un accident de voiture, N. Surendran est devenu l'avocat de Anwar Ibrahim, le chef de l'opposition de la Malaisie, emprisonné de 1999 à 2004 pour des accusations de sodomie et de corruption qu'il dit être fausses et politiquement motivées, Anwar Ibrahim avait été acquitté à l'origine, mais la décision a été infirmée par une cour d'appel et il a été reconnu coupable et condamné à cinq ans d'emprisonnement en mars 2014. Surendran a effectué de nombreuses déclarations alléguant que l'annulation de l'acquittement de Anwar Ibrahim de son deuxième chef d'accusation de sodomie et sa condamnation par la cour d'appel faisaient partie d'une conspiration politique. À la suite de cette déclaration, faite dans le cadre de la défense de son client, M. Surendran a été inculpé le 19 août 2014, de « sédition » en vertu de la loi malaisienne, qui punit sous cette incrimination l’appel à la haine, le mépris ou l'incitation à la désaffection contre l'administration de la justice. Après avoir plaidé « non coupable » à cette accusation, il s’est vu imputer dix jours plus tard, le 29 Août, une seconde accusation de sédition pour les mots qui auraient été prononcés dans une vidéo YouTube posté le 8 août 2014 où il aurait accusé le Premier ministre d'être "personnellement responsable" de la condamnation pour écarter le chef de l'opposition de la Malaisie de la scène politique. Il encourt une amende ou l'emprisonnement de trois ans pour une première infraction et jusqu'à cinq ans pour les infractions subséquentes. En Malaisie, le gouvernement malaisien utilise la loi sur la sédition régulièrement contre ses critiques. Il doit également être noté que Karpal Singh, avocat des droits de l’homme de renom, sa mort dans des circonstances suspectes, avait également fait face à des accusations de sédition pour mots prononcés en audience publique à la défense de son client, Anwar Ibrahim, en 2000. 148 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde INDONESIE – 19 août 2014 Gustaf Kawer Poursuite judiciaire pour « crimes contre l'autorité publique » contre avocat défenseur des Papous Le 19 août 2014 Gustaf Kawer a reçu une convocation de la police pour être entendu, en sa qualité d’avocat, sur des faits survenus, lors d'une audience devant la Cour Administrative de l'État Jayapura, le 12 juin 2014. Gustaf Kawer a refusé de se présenter en invoquant les accords entre la police nationale indonésienne et la Perhimpunan Advokat Indonesia - Conseil National du barreau indonésien en abrégé « PERADI » - sur les "procédures d'enquêtes concernant la profession d'avocat", selon lequel toute convocation d'un avocat en lien avec sa profession doit être directement adressée au PERADI. Le 25 août 2014, un enquêteur de police a adressé une seconde convocation au PERADI, demandant à Gustaf Kawer de se présenter au siège de la police régionale de Papouasie le 1er septembre 2014. Les poursuites ont trait à un incident d’audience, survenu le 12 juin 2014, devant la Cour Administrative de l'État Jayapura. Gustaf Kawer avait, une semaine plus tôt, demandé un report au nom de son client, mais la Cour a refusé. Alors que cette même juridiction avait accordé un renvoi à trois reprises à la demande du gouvernement, dans un litige sur la possession de terres, elle a cette fois-là, décidé de juger en l'absence de Gustaf Kawer et son client. L’avocat a protesté contre cette inégalité de traitement au profit du gouvernement et aurait demandé à quitter la salle d'audience en indiquant qu’il était en désaccord avec la décision de la cour Le 27 août 2014, le Président du Conseil exécutif du PERADI dispensé Gustaf Kawer de répondre à la citation jusqu'à ce que le PERADI ait mené une enquête dans l'affaire puisque les poursuites concernaient ses actions comme avocat de la défense dans une affaire l’opposant au gouvernement. Malgré cela, le 17 septembre 2014 Gustaf Kawer a reçu une troisième citation à comparaître. Il a dû quitter sa maison pendant un temps à cause du risque d'arrestation. Il est poursuivi pour "crime contre l'autorité publique". S'il est reconnu coupable, il encourt jusqu'à quatre ans de prison. Gustaf Kawer est un avocat réputé en Papouasie, pour sa défense des droits des travailleurs, de la propriété foncière et des droits sociopolitiques. Ce n'est pas la première fois qu’il est pris pour cible en raison de ses activités professionnelles. En 2013, il a défendu cinq personnes dans une affaire de liberté d’expression, durant laquelle il a été menacé de poursuite. En 2012, il avait été accusé par le procureur de l'État de "comportement agressif" au tribunal, une infraction passible d'un an de prison. Après une campagne internationale de solidarité et de soutien, les autorités avaient abandonné l'affaire ouverte contre lui. 149 149 150 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde BANGLADESH – 16 avril 2014 Rizwana Hasan Un mari enlevé en représailles au combat de sa femme pour la préservation de l’environnement Le 16 avril 2014, la voiture d’Abu Bakar Siddique fut percutée par un autre véhicule alors qu'il se rendait du Narayanganj à Dhaka. Alors qu’il sortait, des hommes non identifiés l’ont enlevé, après l’avoir aveuglé avec un spray. Abu Bakar Siddique, homme d’affaires à Narayanganj, est le mari de l’avocate Syeda Rizwana Hasan, directrice de l’association des avocats du Bangladesh pour l’environnement (Bangladesh Envronmental Lawyer’s association - (BELA). Rizwana Hasan a indiqué à la police que l’enlèvement de son mari pourrait avoir été orchestré en représailles à ses actions en faveur de la protection de l’environnement, et en particulier ses campagnes contre les entreprises de démolition navale. En 2003, elle a fait déclarer illégale l’activité des chantiers de démolition à Chittagong en raison des risques sanitaires pour les travailleurs, des mauvaises conditions de travail et de l'élimination des déchets. Elle lutte pour l’octroi de plus de droits aux travailleurs et pour le respect de l’environnement dans l'industrie. Elle a également poursuivi avec succès des organisations responsables de pollution, d'utilisation abusive de polyéthylène, ou de déforestation. Dans le passé, Syeda Rizwana Hasan et sa famille ont été l'objet de menaces en raison de ses activités de défense de l'homme contre l'empiétement illégal, l'accaparement des terres, la pollution industrielle et autres actes illégaux touchant l'environnement. Abu Bakar Siddique a été libéré le lendemain, 33 heures après son enlèvement. Il a déclaré ne pas avoir subi de violences. Aucune rançon n’a été demandée. 150 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde AZERBAIJAN – 29 octobre-5 novembre 2014 Javad Javadov et Khalid Bagirov Harcèlement judiciaire et entraves à l’exercice de leure mission contre Javad Javadov et Khalid Bagirov, avocats de Leyla Yunus Javad Javadov et Khalid Bagirov Le 29 octobre 2014, Leyla Yunus a été privée de son défenseur, Javad Javadov. Cette décision fait suite à sa critique de la procédure judiciaire menée contre Leyla Yunus le 24 octobre 2014, lors d'une audience où la Cour préliminaire a décidé de prolonger la détention provisoire de Leyla Yunus jusqu'au 28 février 2015. Javad Javadov dénoncé l’absence de motivation fondée sur des preuves et le fait que les enquêteurs n’avaient pas entendu Leyla Yunus une seule fois au cours de la période de détention. Selon Javad Javadov, sa mise à l’écart serait motivée par conflit d'intérêts allégué parce qu’il était désormais entendu en tant que témoin dans l'affaire. L’une des méthodes utilisées pour exclure un avocat de la défense de son client, consiste, sous les prétextes les plus divers, à le faire citer comme témoin dans l'affaire. Cependant, le Bureau du Procureur n’en a toujours pas donné de raisons officielles. Une semaine plus tard, le 5 novembre 2014, Leyla Yunus a été privée de son deuxième avocat, Khalid Bagirov, pour des raisons tout aussi inexpliquées. Puis, le 10 décembre 2014, sa licence d’avocat a été suspendue, ce qui le prive ainsi du droit à défendre toutes les personnes dont il est l’avocat, y compris Rasul Jafarov et Arif Yunusov, le chef de l'opposition Ilgar Mammadov, ainsi qu’Intigam Aliyev, dont le procés est prévu à Bakou, en janvier 2015. Khalid Bagirov est maintenant menacé de radiation, à la suite de la sanction disciplinaire pour « comportement inapproprié au tribunal », requise par le Présidium de l'Association du Barreau Azerbaïdjan (ABA) devant la Cour du district de Nizami. Leyla Yunus, directrice de l'Institut pour la paix et la démocratie (IPD) une ONG qu'elle a fondée en 1995, et membre de l'Assemblée générale de l'OMCT, est détenue centre de détention n ° 1 de Kurdakhani. Elle a été harcelée à plusieurs reprises et physiquement agressée par son compagnon de cellule. Malgré de graves problèmes de santé, elle n'a reçu aucun soin. Début août, c'est son mari, l'historien Arif Yunus, qui a été, à son tour, arrêté en allant rendre visite à son épouse en prison.Enfin, il y a un risque que son troisième avocat, Alaif Hasanov, soit également enpêché de la défendre. 151 151 152 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde AZERBAÏDJAN – 6 novembre 2014 Alaif Hasanov Le dernier avocat de Leyla Yunus condamné à 240 heures de service communautaire pour ses déclarations publiques sur les conditions de détention de sa cliente Alaif Hasanov a rendu visite à Leyla Yunus en détention le 19 Août. Il en ensuite déclaré que Leila Yunus était enfermée dans une cellule de 12 mètres carrés, avec six autres personnes, qu’il n’y avait pas d'air et « une attitude particulière envers les prisonniers». Leyla Yunus ne mange presque rien et elle n’est pas autorisée à correspondre", a notamment déclaré l'avocat. Malgré les nombreux appels, l'administration pénitentiaire refuse de fournir des médicaments et de la nourriture diététique à Leyla Yunus, qui souffre de diabète aigu. L'administration pénitentiaire s’est attachée à démentir les déclarations des avocats sur son état de santé détérioré. Au début du mois de septembre, elle a été victime de violences en prison. La codétenue de sa cellule l'a harcelelée et agressée à de multiples reprises, la blessant sérieusement à la poitrine. A chaque fois, Leyla Yunus a dû frapper pendant de longues minutes à la porte de sa cellule avant que les gardiens n'interviennent. Mais ils ont refusé de la changer d'emplacement et lui ont également refusé des médicaments qu'elle réclamait. Leyla Yunus a même reçu une sanction, le 7 septembre, pour avoir provoqué des « tapages ». Et on lui a demandé de signer une « confession », ce à quoi elle s'est fermement opposée. A la suite de la publication de ses déclarations dans le journal Azadlig, le 17 septembre 2014, Alayif Huseynov a fait l'objet de poursuites pour avoir transmis des informations aux médias, sur les mauvais traitements que subissait Leyla Yunus en prison. Avec habileté, les autorités n’ont pas agi par elles-mêmes. L’accusation a été portée par une codétenue de Leyla Yunus, qui reproche à Alaif Hasanov de l’avoir qualifiée de « criminelle obstinée » dans le journal Azadlig. Le procès s’est ouvert le 29 septembre devant le tribunal de Yasamal. Le 6 novembre 2014, Alaif Hasanov a été condamné à 240 heures de service communautaire pour ses déclarations publiques sur les conditions de détention de sa cliente. Selon Alayif Huseynov, le tribunal de district de Yasamal n’était aucunement compétent pour juger l’afffaire et il qualifie la décision de la cour à la fois d’injuste et d’illégale pour entraver la défense de sa cliente. Alayif Huseynov a déclaré son intention de faire appel du verdict et porter l'affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme. 152 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde KAZAKHSTAN – 26 mars 2014 Lyubov Agushevich Zhukova et Polina Radiées par la Cour Suprême dans une procédure disciplinaire engagée par le ministère de la Justice Lyubov Agushevich et Polina Zhukova, avocates à Oust-Kamenogorsk, ont été radiées du barreau à la suite d'une procédure disciplinaire engagée par le ministère de la Justice en raison de l’ardeur qu’elles avaient manifestée dans la défense d'un client dans une procédure pénale. Chargées de la défense d’un accusé d’assassinat et de vol qualifié, dans une procédure pénale, Lyubov Agushevich et Polina Zhukova, ont présenté pour sa défense diverses requêtes ainsi que des demandes de récusation. Une première fois, l’accusé a été acquitté par le jury de la Cour, mais ce verdict a été annulé. Lors d’un deuxième procès, de nouveaux jurés ont à nouveau rendu un verdict de « non coupable ». Mais cet acquittement a été annulé. La troisième fois, un verdict de culpabilité fut prononcé et l’accusé fut condamné à 20 ans de prison. Ces moyens de défense ont été utilisés comme motifs de la résiliation de leur licence à la pratique du droit. Les avocats ont fait l’objet d’une demande de radiation de la part du ministère de la Justice pour violation de l'éthique professionnelle. Alors que les avocats affirment qu'ils ne faisaient que défendre les droits de leurs clients en usant de leurs compétences professionnelles, le juge a qualifié leurs actions de violations de l'éthique professionnelle. Après une très brève audience le 26 mars 2014, un juge a décidé que Lyubov Agushevich et Polina Zhukova seraient radiées du barreau. Selon le juge, l'inconduite des avocates était établie par le fait d’avoir soutenu l'innocence de leur client, d’avoir présenté des requêtes au tribunal, des demandes pour les récusations, et le dépôt d'une requête visant à interroger un témoin qui a assisté à l'audience. Le juge a également blâmé l'un des avocats pour « poser une question dont elle connaissait la réponse » et pour avoir « lu une page du dossier de l'affaire ». Le représentant du Barreau du Kazakhstan a fait valoir à l'audience que les deux avocates ont été punies pour leur activité. Leur seule faute est effectivement d’avoir manifesté leur total engagement dans la défense de leur client. La décision du tribunal de la ville Oust-Kamenogorsk de supprimer la licence professionnelle a été prise pour satisfaire les exigences du ministère de la Justice. 153 153 154 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde RUSSIE - 19 mai 2014 Georgy Antonov Interrogé en tant que témoin dans l’affaire de son client et poursuivi pénalement pour le contraindre à abandonner la défense de ses clients Georgy Antonov est l’avocat de deux anciens dirigeants du Département de la sécurité économique et lutte contre la corruption du ministère de l'Intérieur de la Russie, le général Boris Kolesnikov, et son ancien chef, Denis Sugrobov. Pour entraver les droits de la défense et le contraindre à quitter l’affaire, la justice russe a décidé de l’interroger en tant que témoin dans l’affaire de son client. Dans le cadre d’enquêtes lancées en février 2014, les deux généraux ont été euxmêmes accusés de corruption et ont été arrêtés pour leur implication présumée dans l'organisation d'un groupe criminel, corruption passive et abus de pouvoir. Au cours d’un interrogatoire, le 16 juin 2014, le général Kolesnikov est mort après une chute du sixième étage du siège de la commission d'enquête à Moscou. Georgy Antonov a déclaré le 17 juin que son client, le général Boris Kolesnikov, a été forcé à se suicider, qu’il devait être exonéré à titre posthume et qu’une enquête sur le suicide devait être lancée. La présidente du Groupe Helsinki de Moscou, Lioudmila Alekseyeva, a qualifié la mort de Kolesnikov d’« événement obscur » et demandé une enquête par des organismes officiels et des experts indépendants. Le 19 mai 2014, l'enquêteur chargé de l’affaire des généraux Sugrobov et Kolesnikov a rendu une ordonnance décidant de l'interrogatoire de Georgy Antonov comme témoin pour le motif qu’il pouvait" être informé de circonstances pertinentes pour l'enquête et la résolution de l'affaire pénale ". Le tribunal a rejeté l'appel contre l'ordonnance ordonnant l’interrogatoire de l'avocat dans le cadre de l'information fournie à l'avocat par son client, alors que la décision était en conflit direct avec garanties accordées aux avocats en vertu de la loi "sur le barreau et l'activité des avocats ainsi que le Code de procédure pénal, qui proscrivent l'interrogatoire d'un avocat en tant que témoin dans le cadre d'une affaire dans laquelle il intervient à titre professionnel. En outre, le lendemain de l'interrogatoire, le même enquêteur a invoqué son ordonnance comme prétexte pour récuser l'avocat en raison "de l'interrogatoire de l'avocat comme témoin". Le 6 Juillet, une poursuite pénale a été ouverte contre lui pour divulgation de preuve liée à l'enquête, sur la base de ses déclarations aux médias. Le 15 Juillet, les agents de la commission d'enquête ont effectué une perquisition de son appartement en menaçant d'utiliser une scie électrique pour ouvrir la porte d'entrée. Ses dossiers, son ordinateur, son téléphone portable et divers documents ont été saisis. 154 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde RUSSIE – 22 octobre 2014 Sapiyat Magomedova Poursuite du harcèlement à Khassaviourt par le ministère daghestanais de l'Intérieur Le 22 octobre, le ministère daghestanais de l'Intérieur a engagé des poursuites à l'encontre de Sapiyat Magomedova en raison d'un article publié par le site d’information en ligne indépendant Kavkazskiy Uzel en septembre 2013, dans lequel elle déclarait que des policiers avaient torturé l'un de ses clients en prison, à Khassaviourt. Le ministère de l'Intérieur réclame que Sapiyat Magomedova, qui est une avocate pénaliste intervenant dans des affaires sensibles pénalistes (advokaty) en république nord-caucasienne du Daghestan, revienne publiquement sur ses allégations afin de protéger l'« honneur », la « dignité » et la «réputation professionnelle » des policiers concernés. Le 20 novembre, une voiture l'a suivie alors qu'elle circulait en ville à Khassaviourt au volant de son véhicule. Entre les 20 et 25 novembre, des voitures suspectes étaient stationnées devant son cabinet et son domicile. Le 17 juin 2010, Sapiyat Magomedova avait été rouée de coups par des policiers et chassée de l’antenne de police de la ville de Khassaviourt, où elle était allée voir un de ses clients détenu. Elle avait dû être hospitalisée après cette agression. Sapiyat Magomedova avait porté plainte et réclamé l'ouverture d'une enquête. Mais, le parquet a refusé d'engager des poursuites pénales à l'encontre des policiers au nom de la présomption d’innocence mais a, au contraire, décidé de poursuivre Sapiyat Magomedova sur la base des déclarations des policiers. En mai 2013, Sapiyat Magomedova ainsi qu’un autre avocat, Musa Souslanov, avaient reçu des menaces de mort dans le cadre de leur travail sur une affaire très médiatisée dans laquelle ils représentent les familles des cinq hommes tués en 2012. Les deux avocats ont déposé des plaintes officielles aux autorités demandant que les menaces objet d'une enquête qui était restée sans suite soient utilement instruites. (Voir 200 avocats 2014, p.164) 155 155 156 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde MOLDAVIE – 5 septembre 2014 Alexandru Bernaz Pressions et intimidations illégales Le 5 septembre, le bureau, la voiture et la maison d’Alexandru Bernaz ont été perquisitionnés par les enquêteurs du Parquet anti-corruption sur la base d'une ordonnance rendue par un juge. L'avocat était soupçonné d'organiser l'infraction dont son client est accusé. A l’issue de la perquisition, les procureurs n’ont rien saisi et n’ont fourni aucune explication sur le contenu du mandat de perquisition. Alexandru Bernaz est, depuis 2013, l’avocat d’un client dans une procédiure instruite par le Parquet anti-corruption. L'avocat a montré un engagement et une persévérence telles dans la défense de son client que les procureurs ont du avoir recours à des actes illégaux afin de tenter de l’incriminer. Au cours de l’éte 2014, Alexandru Bernaz a contesté les décisions de procédure de l'accusation et des officiers de police judiciaire du Centre National Anticorruption (CNA) dans l’enquête criminelle contre son client. Il a déposé des plaintes contre les procureurs du bureau du Procureur anticorruption. Peu de temps après, le Bureau du Procureur anti-corruption a cherché à lui imputer dans une autre affaire pénale où il intervient pour un autre client, un délit de participation à l'infraction dont son client a été accusé Selon les avocats de Alexandru Bernaz, ces accusations sont fabriquées de toutes pièces et constituent un acte de représailles en raison de ses activités légitimes de défenseur. L'indépendance des avocats n’est pas respectée en République de Moldavie par les institutions juridiciaires en dépit de plusieurs condamnations par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH). Notamment dans l’affaire Mancevschi, la Moldavie a été condamné par la CEDH pour violation de l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme. 156 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde IRAN – 19 octobre 2014 Nasrin Sotoudeh Interdite d'exercer sa profession pendant trois ans Nasrin Sotoudeh, 52 ans, a été interdite d'exercer son activité pendant trois ans, à la demande du tribunal judiciaire de la prison d'Evin où elle avait été détenue entre 2010 et 2013. Une autre instance administrative l'avait, un mois plus tôt, autorisée à reprendre son activité d'avocate. Du fait de l’interruption de sa peine, elle avait repris à sa libération, l’exercice de sa profession. Elle a refusé de faire appel pour ne pas porter plainte devant la justice contre ses propres confrères, mais elle a décidé de se rendre, à partir du 21 octobre, place d'Argentine, dans le nord de Téhéran, pour un sit-in, devant les bureaux de l’Ordre des avocats. Du samedi au mercredi, tous les jours, elle brandit une pancarte sur laquelle est écrit "droit du travail, droit des dissidents", pour protester contre l’interdiction d’exercer son métier. Elle a été à deux reprises arrêtée, puis relâchée au bout de quelques heures d'interrogatoire sur ses activités. Le 25 octobre 2014, elle a été arrêtée, sous le prétexte d’avoir manifesté pacifiquement devant le ministère de l'Intérieur contre les attaques à l'acide visant les femmes à Ispahan. Transférée dans un centre de détention du ministère du Renseignement à Téhéran, elle a été retenue pendant sept heures. Les agents de sécurité l'ont menacée de l'accuser de Moharebeh (inimitié à l'égard de Dieu), passible de la peine de mort. La dernière arrestation est survenue le 10 décembre alors qu’elle se rendait avec son mari devant les bureaux de l’Ordre des avocats pour célébrer la Journée internationale des droits de l’homme. Arrêtée sans aucun mandat d’arrêt, et conduite au bureau des renseignements, elle a été libérée après neuf heures d’interrogatoire. Cela ne l’a pas découragée : "Je poursuivrai mes sit-in jusqu'à ce que l'interdiction d'exercer mon métier soit abolie" a-t-elle déclaré. Nasrin Sotoudeh avait été arrêtée et incarcérée à la prison d’Evin le 4 septembre 2010, pour « actions contre la sécurité nationale et propagande contre la République Islamique » et coopération avec le Centre des défenseurs des droits de l’Homme (DRHC). Elle avait été condamnée le 11 janvier 2011, à 11 ans de prison, radiée du barreau et interdite de sortie du territoire pour 20 ans. Mais, en appel, le 14 septembre 2011, la peine avait été « réduite » à six ans de prison et dix ans d'interdiction d'exercer son métier. Après avoir passé trois ans en prison, elle a été libérée le 18 septembre 2013. Membre de la Société pour la Protection des Droits des Enfants, Nasrin Sotoudeh assurait la défense des jeunes condamnés à mort pour des faits commis alors qu'ils étaient mineurs. Elle avait assuré la défense de plusieurs prisonniers politiques et journalistes arrêtés après les manifestations contre la réélection de Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009. 157 157 158 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde BAHREÏN – 30 août 2014 Mohammed al-Jishi Empêché de s’entretenir avec Maryam al-Khawaja, directrice du Centre bahreïni pour les droits de l'homme avant son interrogatoire Mohamed al-Jishi s’est vu interdire l'accès à sa cliente, l’opposante chiite bahreïnie, Maryam al-Khawaja avant son interrogatoire par le procureur. Maryam al-Khawaja, co-directrice du Gulf Center for Human Rights, a été arrêtée, le 30 août 2014, à son arrivée à l'aéroport de Manama, où elle s’était rendue pour rendre visite à son père, l'opposant Abdel Hadi al-Khawaja, condamné à la prison à vie pour complot contre l'État, qui venait d'entamer une grève de la faim, à Bahreïn. Les agents d'immigration ont d'abord refusé d’accorder à Maryam al-Khawaja qui a la double nationalité bahreïnie et danoise, l'accès au pays, en disant que la citoyenneté du Bahreïn avait été révoquée. Tout en la refoulant, les agents ont voulu s’emparer de son téléphone portable. Selon Mohamed al-Jishi, quatre policiers l’ont alors bousculée pour le lui arracher par la force. Le 30 Août, le procureur de Bahreïn a accusé Maryam al-Khawaja, d'avoir agressé un agent de police à l'aéroport et a ordonné sa détention pendant sept jours, pendant que la police interrogeait les témoins de l'agression présumée. Mohamed al-Jishi, qui est également avocat d’Abdel Hadi al-Khawaja, a déclaré qu’il poursuivait sa grève de la faim, depuis 26 jours. Lors d'une courte audience du 6 septembre, Maryam al-Khawaja a formellement contesté les accusations d'agression. Le juge a ordonné sa détention pendant 10 jours sans motivation de sa décision. Le 7 septembre, Mohamed al-Jishi a déposé une plainte pour voies de fait contre les policiers. Maryam al-Khawaja, a finalement été libérée le 18 septembre 2014, après 20 jours de détention, mais il lui a été interdit de quitter Bahreïn dans l’attente de son procès. La remise en liberté de Maryam al-Khawaja est intervenue peu après un appel lancé par des ONG de plus de soixante pays dans une lettre ouverte au roi de Bahreïn. Le 1er octobre 2014, elle a été autorisée à quitter le Bahreïn et à se réfugier à Londres. Le 1er décembre 2014, elle a été condamnée in absentia à un an de prison. Maryam al-Khawaja avait largement diffusé à l'étranger des critiques contre les autorités de Manama qui tentent d'étouffer un mouvement de contestation né dans le pays, en 2011, dans le prolongement du « Printemps arabe » et animé par la majorité chiite qui réclame une monarchie constitutionnelle à Bahreïn. 158 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde BURUNDI – 28 janvier 2014 Isidore Rufyikiri Le bâtonnier de l'Ordre des avocats du Burundi radié de l'Ordre des avocats par la Cour d’appel Le bâtonnier de l'ordre des avocats du Burundi, Isidore Rufyikiri, 59 ans, a été radié de l'Ordre des avocats par la Cour d’appel de Bujumura après un procès qualifié d'« inique » par de nombreux observateurs. Il a aussitôt dénoncé "une décision prise par des juges au service du pouvoir exécutif" pour le "réduire au silence". Lors de son procès, le 20 janvier, lui et sa défense avaient été obligés de se retirer pour "protester contre la violation flagrante de la procédure". Isidore Rufyikiri faisait l’objet d’une demande de radiation de la part du parquet de la Cour d’appel de Bujumura. Vingt-quatre heures après qu’Isidore Rufyikiri ait tenu, le 29 octobre 2013, une conférence de presse sur le projet de révision de la Constitution, le procureur général près la cour d’appel de Bujumbura avait demandé à l’ordre des avocats que soit prononcée la radiation du bâtonnier du tableau de l’ordre pour avoir « violé son serment » et d’avoir « incité à la haine et à la violence ». Il était accusé par le ministère public de « propos diffamatoires et injurieux envers le gouvernement et les responsables administratifs », d’abord dans une correspondance adressée au gouverneur de Bubanza, le 24 juillet 2013, qui n'avaient d'autres objectifs que « semer la haine ethnique et la violence ». Le gouvernement l'accusait aussi d'avoir, devant la presse, « appelé les corps de défense, les élèves, les fonctionnaires et la population à se révolter et à renverser le pouvoir ». Connu pour ses condamnations très dures des violences et autres violations des droits de l'homme et de la démocratie au Burundi, il a déjà séjourné plusieurs fois en prison. Le 27 juillet 2011, il avait été arrêté et écroué le 28 juillet « pour outrage à magistrats ». Il lui était reproché d'avoir publiquement critiqué le travail des magistrats lors d'une manifestation d'avocats devant le palais de justice de Bujumbura, en apportant son soutien à une consœur, l'avocate burundaise Suzanne Bukuru, écrouée pour avoir facilité le travail d'une équipe de journalistes français de la chaîne M6 lors d’un reportage sur une affaire de viol à l'endroit de six plaignantes mineures. Le bâtonnnier Isidore Rufyikiri avait organisé une conférence de presse le 26 juillet, pour exiger sa libération immédiate. Le lendemain il était arrêté et écroué, à son tour, sous l'accusation d'avoir insulté la magistrature. Il avait été libéré à la suite d'un arrêt de la Cour d’appel de Bujumbura du 4 août 2011, sous les applaudissements de dizaines de ses confrères. (Voir 200 avocats 2014, p.137) 159 159 160 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde RDC – 19 mai 2014 Ntoto Aley Angu Damase L’ancien bâtonnier de Lubumbashi suspendu et frappé d’une inéligibilité de cinq ans pendant la campagne électorale Au coeur de la campagne électorale pour l’élection du bâtonnier national, l’ancien bâtonnier du barreau de Lubumbashi, Ntoto Aley Angu Damase, avocat près la Cour Suprême de Justice et candidat à l’élection, a reçu le 27 mars 2014, une convocation à comparaitre le lendemain devant le Conseil national de l’Ordre statuant en matière disciplinaire, au motif qu’il aurait « mené une mauvaise campagne en distribuant des invitations contenant sa photo ». Le Conseil - composé entre autres de ses trois adversaires à l’élection - lui a infligé un blâme avec inéligibilité pendant trois ans. Aucun recours n’a été accepté. L’élection prévue pour le 29 mars 2014 n’a pu avoir lieu, un certain nombre d’avocats en contestant la régularité, notamment en raison de la condamnation du bâtonnier Ntoto, et a été reportée au 28 juin 2014. Le 2 avril 2014, le bâtonnier Ntoto Aley Angu Damase a remercié les avocats qui lui avaient manifesté leur soutien. A la suite de quoi, le Conseil national de l’Ordre des avocats l’a convoqué pour une nouvelle audience disciplinaire, le 16 mai, pour avoir adressé « des remerciements aux membres de l’Assemblée générale de l’Ordre national des avocats pour le soutien apporté le 29 mars 2014 ». Le 19 mai 2014, le bâtonnier Ntoto Aley Angu Damase a été condamné à un an de suspension assortie de cinq ans d’inéligibilité au poste de bâtonnier national. Il a été écarté de l’élection. La décision a suscité un mouvement de protestation au sein du barreau. Plus de 280 avocats du barreau de Lubumbashi ont envoyé une pétition au doyen du Conseil de l'ordre du barreau à la Cour suprême pour dénoncer une décision prise en violation des instruments juridiques congolais et internationaux dans la procédure. Pour cela, sept avocats du barreau de Lubumbashi, Muyambo Kyassa, John Kabeya, Jean Ngindu, Deplhin Konde, Musiku Nsiku, Kiboko et Georges Kapiamba, ont reçu à leur tour, une citation à comparaître pour le 25 juin 2014, en matière disciplinaire, pour « infraction aux règles professionnelles », « manquement à la probité et à l'honneur » et « actions tendant à discréditer et à mettre en péril l'ordre ». Le bâtonnier Ntoto Aley Angu Damase est décédé le 2 décembre 2014 à Kinshasa. Il était connu comme un défenseur des droits de l’homme et avait été l'un des avocats clés dans le dossier de Floribert Chebeya, un défenseur des droits de l’homme congolais assassiné en juin 2010. Pendant la campagne, les services de renseignement du pays auraient été chargés de surveiller l’élection, car le pouvoir en place craignait que le bâtonnier Ntoto ne prenne la tête du Barreau. 160 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde NIGERIA – 11 octobre 2014 Okey Wali L'ex-bâtonnier des avocats nigérians enlevé et séquestré pendant treize jours Le président sortant de l'Association du barreau nigérian (NBA), Okey Wali, a été enlevé le 11 octobre 2014 par des inconnus armés dans la ville pétrolifère de Port Harcourt dans l'État de Rivers. Okey Wali (San) 26ème président de la NBA, est considéré dans son barreau comme un homme de paix qui a contribué énormément à l'intronisation de l'État de droit et à la protection des droits de l'Homme. Après plusieurs jours d’attente, un groupe d’avocats défenseurs des droits de l’homme, dirigé par le Président de la Commission nationale des droits de l'homme, Chidi Odinkalu, a entrepris une action afin de « galvaniser la communauté des droits de l'homme » et d’engager le « barreau à faire pression pour sa liberté » par un ultimatum adressé au gouvernement à l’expiration duquel des avocats nigérians seraient appelés à boycotter les tribunaux jusqu'à ce que l'avocat soit libéré. Cependant, les membres de la famille s’y sont opposés pour ne pas mettre sa vie en danger. L'Association du barreau nigérian (NBA) a finalement annoncé qu’Okey Wali, a été libéréle 23 octobre 2014, vers 23 heures, après 13 jours de captivité. Le barreau nigérian a appelé le gouvernement « à prendre beaucoup plus au sérieux son obligation constitutionnelle de fournir un environnement sûr et sécurisé pour tous les Nigérians». Aucun détail n’a été fourni sur les circonstances de la libération ou sur l’évenuel paiement d’une rançon aux ravisseurs. Les enlèvements contre paiement de rançons sont endémiques au Nigeria, en particulier dans la région pétrolifère du Delta du Niger, entre autres régions du pays, avec pour principales cibles les personnes nanties ou célèbres et les membres de leurs familles. Les personnes enlevées sont généralement libérées saines et sauves après le paiement d'une rançon, mais il y a eu des cas où ces personnes ont été tuées même après le paiement de la rançon. 161 161 162 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde AFRIQUE DU SUD – 30 septembre 2014 Mzukisi Stali Détenu dans les cellules de la Magistrate’s Court d’East London parce que le juge contestait sa qualification pour défendre ses clients Le 30 septembre 2014, Mzukisi Stali a été accusé par un juge de ne pas avoir le certificat requis pour exercer la profession d’avocat alors qu’il défendait dix accusés de la zone de Reeston devant la Magistrate’s Court d’East London. Le juge qui présidait l’audience a contesté la validité de son certificat «Fonds Fidelity» - le “Fidelity Fund” certificate (l’attestation de garantie financière que les avocats doivent solliciter chaque année auprès du Attorneys Fidelity Fund pour exercer la profession. Le juge a prétendu détenir des informations selon lesquelles le certificat d’assurance de Mzukisi Stali ne serait pas valable. Mzukisi Stali, qui détient une maîtrise en droit de l'Université de Fort Hare et Stellenbosch University, a opposé qu’il n’avait à répondre de sa capacité d’exercice professionnel qu’auprès de la Law Society et qu’il n’avait pas à demander la permission au tribunal de défendre des clients ou qu’il ne pouvait accepter davantage d’être contraint à ne pas les défendre. Un confrère présent à l’audience a tenté d'intervenir pour suggérer que la difficulté soit évoquée en chambre du Conseil et non à l’audience publique devant des prévenus qui attendent leur jugement. Le juge a refusé en soutenant que la capacité d’un avocat à représenter ses clients était une « question d'intérêt public », et qu’elle devait être « traitée en audience publique » et à poursuivi l’échange avec l’avocat concerné. Le juge a invité à plusieurs reprises Mzukisi Stali à s’asseoir puis a appelé quatre policiers pour qu’ils expulsent « physiquement » l’avocat. Ce dernier a été transporté hors de la salle d’audience et enfermé dans les cellules du tribunal malgré des protestations véhémentes qui ont pu être entendues tout au long du parcours. L’affaire de ses clients a du être renvoyée. Après l’audience, l’avocat a été libéré de sa cellule. Aucune accusation formelle ne lui a été depuis été notifiée. Mzukisi Stali a déclaré que le combat pour maintenir l’esprit de l'ANC avait désormais pénétré dans les salles d'audience. L'affaire aurait trait à des luttes intestines qui opposeraient des factions rivales de la branche de l'ANC de Reeston. 162 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde SWAZILAND – 6 août 2014 Sipho Gumedze Victime de déclarations diffamatoires et de menaces publiques proférées par le Premier ministre Le 6 août 2014, Sipho Gumedze a fait l'objet de déclarations diffamatoires et a été publiquement menacé de violence par le Premier ministre Sibusio Barnabas Dlamini. Sipho Gumedze, un avocat qui travaille avec Swaziland Lawyers for Human Rights (Avocats du Swaziland pour les droits de l’homme), s’est rendu, en août 2014, à Washington en compagnie du secrétaire général de la confédération syndicale, Towards Action Program for Democracy (TUCOSWA), Vincent Ncongwane, pour participer aux travaux du sommet États-Unis-Afrique. Pendant leur déplacement, le Premier ministre Sibusiso Barnabas Dlamini, s’adressant au parlement du Swaziland, a accusé Sipho Gumedze (et Vincent Ncongwane) de s'être "rendus clandestinement" à Washington D.C. sans en avoir informé les autorités du pays. Il a notamment déclaré : «Ils ont quitté vos organisations et ils ne vous ont même pas dit où ils allaient. Alors, dès qu’ils reviennent et que vous vous rendez compte qu’ils appartiennent à votre organisation, vous devriez les étrangler». Ces propos ont été tenus à l’occasion d’une discussion sur la suspension de la participation du Swaziland à l’accord commercial connu sous le nom d’"African Growth and Opportunity Act" (AGOA), adopté par le congrès américain en mai 2000, dans le but déclaré de soutenir l'économie des pays africains en leur facilitant l'accès au marché américain s'ils suivent les principes de l'économie libérale. Le Premier ministre a accusé Sipho Gumedze de s'opposer à la levée de la suspension de la participation du Swaziland à l'AGOA par les État s-Unis en raison de ses inquiétudes en matière de démocratie et de droits de l’homme. Il a en outre demandé que Sipho Gumedze (et Vincent Ncongwane fassent l’objet d’un interrogatoire par les autorités dès leur retour des États-Unis. Ces propos apparaissent comme une mesure de représailles faisant suite au rapport qu’ils avaient présenté à Washington sur la situation des droits de l’homme au Swaziland. Début avril 2012, le gouvernement du Swaziland s’était opposé à l'enregistrement du syndicat TUCOSWA qui avait été déclaré illégal aussitôt après sa création. 163 163 164 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde 164 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde Menaces de mort 165 165 166 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde MEXIQUE – 10 mars 2014 Leonel Rivero Rodríguez Victime de harcèlement et d’actes d’intimidation. Le 10 mars 2014, Leonel Rivero Rodríguez, avocat de l’organisation Defensa Estratégica en Derechos Humanos, A.C., a déclaré avoir été victime d’une violation de domicile avec effraction, dans son bureau de Tuxtla Gutiérrez, dans l’État du Chiapas. Aucun document confidentiel n’ait été volé. Le 4 mars, trois inconnus ont essayé de rentrer de force dans un hôtel où Leonel Rivero Rodríguez rencontrait des habitants du Michoacán, dont il est le conseil dans le cadre d’une affaire sensible. Cet acte d’intimidation a fait l’objet d’un signalement à la Commission interaméricaine des droits de l’homme. Le 17 janvier précédent, Leonel Rivero Rodríguez a reçu des menaces par téléphone. Une voix d’homme inconnue, lui a dit : « Ne me fais pas ch…, je te le dis parce que je suis... je suis... je ne te dirai pas qui je suis, mais je suis quelqu’un d’important». Leonel Rivero Rodríguez a porté plainte auprès du procureur général, qui l’a informé que cette affaire serait classée. Toutefois, à la demande du Mecanismo de Prevención y Protección a Personas Defensoras de Derechos Humanos (Système gouvernemental de protection des défenseurs des droits de l’homme et des journalistes, instauré en 2012), le gouvernement de l’État du Chiapas s’est engagé à mettre en place des mesures de surveillance autour du domicile de Leonel Rivero Rodríguez. Leonel Rivero Rodríguez avait fait l’objet à plusieurs reprises de harcèlement et de surveillance par le passé. En mars 2013, des messages ont été laissés sur son répondeur, dans lesquels il pouvait entendre les conversations qu’il avait eues au cours de la journée avec des clients, ce qui démontrait qu’il faisait l’objet d’une surveillance rapprochée dont les auteurs avaient accès à son domicile et à son bureau. Par le passé, Leonel Rivero Rodríguez avait déjà bénéficié de mesures de protection spéciales ordonnées par la Cour interaméricaine des droits de l’homme, après avoir reçu des menaces dans le cadre d’une autre affaire. 166 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde BRESIL – 1er août 2014 Ermogenes Jacinto de Souza Menaces de mort contre l’« avocat du peuple » qui défend les paysans « sans terre » contre les propriétaires en Amazonie Ermogenes Jacinto de Souza, l'avocat des familles d’un camp de travailleurs ruraux de Monte Verde, situé sur la ferme Padre Cicero, à Monte Negro, dans l'État de Rondônia en Amazonie brésilienne, fait l’objet de menace de mort en raison de son activité professionnelle en faveur des paysans « sans terre » du Brésil. Il a été informé qu'il pourrait être « éliminé à tout moment », à moins qu’il ne « cesse d’apporter son concours aux travailleurs » du camp de Monte Verde. Le 1er août 2014, Ermogenes Jacinto de Souza a déposé une plainte auprès du «Médiateur agraire national» qui a demandé une intervention du « Secrétariat spécial pour les droits de l'homme » afin que soit assurée une protection pour l’avocat. Ermogenes Jacinto de Souza a été constamment entravé dans l'exercice de ses fonctions en tant qu'avocat. Il a dû subir des investigations pénales à la suite d’une fausse dénonciation de racket par un propriétaire qui se trouvait être en même temps l’ancien président de l'Association des Avocats de Rondônia. Aucune charge n’a été retenue contre lui et il n’y a eu aucune suite. Récemment, un juge du tribunal de Porto Velho lui a lancé un avertissement dans une affaire concernant des paysans injustement condamnés pour conspiration. Ce juge a accusé Ermogenes Jacinto de Souza d’avoir incité les paysans à occuper des terres. Ermogenes Jacinto de Souza est un avocat bien connu en tant que membre de l'Association Internationale des Avocats du Peuple, au Brésil. Après avoir été spécialisé en droit des affaires et en droit du travail, à partir de 2000, il a décidé de consacrer sa vie professionnelle à la défense des paysans qui luttent pour leur droit légitime d'avoir des terres. Ermogenes Jacinto de Souza a révélé la collusion de membre de la police avec des propriétaires, en rendant publiques des pièces qui établissent que des agents publics ont été impliqués dans les actes de dépossession de paysans pauvres. Trois agents ont récemment été reconnus coupables de torture. Mais, en dépit de cela, ils ont été maintenus en activité au sein de la police militaire. Pour tout cela, Ermogenes Jacinto de Souza est constamment exposé aux menaces de mort des propriétaires fonciers et de leurs hommes armés, dans l'État de Rondônia, une région qui est connue pour le nombre de meurtres planifiés, commandités et exécutés par des propriétaires et leurs mercenaires. 167 167 168 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde COLOMBIE – 29 avril 2014 Leonardo Jaimes Marín L'avocat du Comité de solidarité avec les prisonniers politiques déclaré « cible militaire » par un groupe paramilitaire. Leonardo Jaimes Marín, a reçu le 29 avril 2014, dans les bureaux du Central Unitaria de Trabajadores, de Bucaramanga, la capitale du département de Santander, (Confédération unitaire des travailleurs) une lettre de menace dans une enveloppe scellée (portant ostensiblement le sceau de la municipalité de Lebrija). Le message, adressé à « alias Leo avocat de la défense des prisonniers narco meurtriers », l’informait de ce que lui-même, en sa qualité d’avocat du Comité de solidarité avec les prisonniers politiques (Comité de Solidaridad con los Presos Politicos, CSPP) et de l'Equipo Jurídico Pueblos, ainsi que les militants syndicalistes, Martha Diaz et David Flórez, et les défenseurs de l'environnement, Diego Riaño et Jimmy Moreno, avaient été désormais déclarés "cibles militaires" (objetivos militares) par un groupe paramilitaire. La menace émane d’un groupe paramilitaire qui s’auto-proclame « Autodefensas Unidas de Colombia - Los Rastrojos - Comando Los Urabeños » (Forces d'autodéfense unies de Colombie - Los Rastrojos - Commando Los Urabeños). Le groupe déclare agir conjointement dans le département de Santander et annonce qu'il va entreprendre des actions contre les dirigeants du Congreso de los Pueblos et de la Marcha Patriótica et leurs familles dans le département et déclarent qu’ils vont s’opposer aux pourparlers de paix avec les FARC et l'ELN. La menace a été proférée après une mobilisation paysanne dans le nord de la Colombie, qui a fait l’objet d’une sévère répression par la police. Leonardo Jaimes Marín est, avec Rommel Durán Castellanos, l’avocat de la communauté Pitalito dont les membres soutiennent avoir été privés de leurs terres après avoir été contraints, sous la menace, de les vendre à des prix abusivement bas. Leonardo Jaimes Marín a défendu les prisonniers politiques dans le Nord-Est colombien ainsi que de nombreux paysans accusés d’avoir collaboré avec des membres de la guérilla sur la base de faux témoignages de déserteurs des FARC. Les avocats qui défendent les personnes accusées de subversion ont eux-mêmes été fréquemment qualifiés de subversifs par les forces de sécurité et les groupes paramilitaires. Ces accusations ont souvent été accompagnées ou suivies de menaces de mort. Précédemment, en octobre 2010, Leonardo Jaimes Marín avait recu des menaces de groupes qui s’autoproclamait « Grupos de Acción Unificada por la Libertad Personal », alors qu’il défendait les familles de victimes d’exécution extrajudiciaires. 168 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde COLOMBIE – 2 août 2014 Emir Bravo Muñoz Le président de la fondation des droits de l’homme de Pitalito obligé de quitter la ville, après des menaces de mort. Emir Bravo Muñoz, avocat et président de la Fundación para la promoción y la defensa de los derechos humanos “Nelson Carvajal Carvajal” (Fondation pour la Promotion et la Défense des Droits de l'Homme) a dû quitter la ville de Pitalito, à 180 km de Neiva, la capitale du département de Huila, où il exerçait son activité professionnelle, en raison des menaces de mort qu'il a reçues. Après avoir revêtu un temps la forme de messages téléphoniques, les menaces sont devenues plus directes. Le 2 août 2014, en fin d’après-midi, de hommes portant un casque intégral à bord d’une moto, se sont approchés de lui alors qu’il rentrait à son domicile, et lui ont signifié le message suivant : "Vieux bâtard pars ou décède. Ne sois pas têtu ou vous et votre famille devrez en payer les conséquences " Emir Bravo Muñoz avait choisi dans un premier temps de ne pas accorder d’importance à ces actes d’intimidation, mais sur les conseils d’autres associations de défenses des droits de l’homme ainsi que du Médiateur, deux mois plus tard, il s’est décidé à quitter la ville et à aller se réfugier dans une autre région de la Colombie sur laquelle aucune indication n’a été donnée pour des raisons de sécurité. Avant de partir, le 3 octobre Emir Bravo Muñoz a porté formellement la plainte auprès de l’Unité de réaction rapide du parquet à Neiva. Il a déclaré cependant qu’il reviendrait dès que les conditions le lui permettraient. Les menaces pourraient émaner d’un groupe illégal connu sous le nom de « Dignidad del Putumayo », en représailles de la campagne menée par la FPDH contre la pollution et les nuisances provoquées par les transporteurs de pétrole. Depuis la fin de 2012, la Fondation ne cesse de publier des communiqués pour dénoncer les atteintes portées au territoire, à l'environnement et à la vie, par les poids-lourds transportant du pétrole qui utilisent chaque jour intensivement la route reliant le département de Putumayo à Huila. Les groupes sont les bénéficiaires de cette utilisation ont publiquement manifesté leur irritation croissante envers les actions menées pour la préservation de l’environnement et le bien-être des riverains. La Fondation pour la Promotion et la Défense des Droits de l'Homme « Nelson Carvajal Carvajal » a demandé aux autorités de l'État de prendre des mesures pour assurer la protection de son avocat personnel. 169 169 170 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde COLOMBIE – 3 juin 2014 Jeison Paba Reyes Nouvelles menaces de mort répétées contre l’avocat du MOVICE Le 3 juin 2014, Jeison Paba Reyes, l’avocat du comité permanent pour la défense des droits de l’homme (CPDH) et du Movimiento Nacional de Víctimas de Estado – MOVICE – a une nouvelle fois reçu des menaces de mort sur sa boîte de courrier électronique au département de protection du Comité. Un e-mail a été envoyé depuis le compte [email protected] ordonnant aux militants « d'arrêter de se mêler de ce qui ne les regarde pas », les traitant de « mouchards » et disant qu'ils « paieraient pour les dommages qu'ils ont causés à l'expéditeur. Ils étaient aussi avertis que leurs gardes du corps ne pourraient pas les protéger et que s'ils se cachaient, leur famille serait tuée. Le message ajoutait notamment : « Ceci n'est pas une menace, ceci est pour faire en sorte que chaque fois que vous êtes dans la rue vous pensiez que c'est votre dernier jour dans ce monde, trous du c…» Jeison Paba Reyes et les membres de MOVICE ont déjà été plusieurs fois harcelés et menacés de mort. Le 16 janvier 2013, un appel anonyme a été fait au siège social CPDH à Bogota, pour obtenir des renseignements concernant son emploi du temps et le moment où il était susceptible de se rendre au bureau. Le 2 août 2013, le CPDH a demandé à l'Unité nationale de protection d'étendre les mesures de protection pour Jeison Paba Reyes, mais aucune action n'a été mise en place. Le 6 juillet 2013, Jeison Paba Reyes a reçu en même temps que Diego Martinez, secrétaire général de la même association, des menaces de mort dans un courrier électronique provenant d’une adresse invérifiable. Ils y étaient accusés de procéder à des actions permanentes de subversion contre l’État et ses institutions, et d’inciter la population contre l’État. Le message spécifiait clairement : « nous avons décidé de vous déclarer comme cible militaire afin de vous arrêter dans vos deux activités criminelles et terroristes. Vous vous présentez comme des défenseurs des droits de l’homme mais vous n’êtes que des milices boliviennes… notre mission […] est de vous éradiquer ». Les familles étaient également visées comme des « cibles ». COLOMBIE – 9 août 2014 Rommel Durán Castellanos L’avocat de la communauté de Pitalito arrêté à Curumaní Le 9 août, à 21h15, Rommel Durán Castellanos a été arrêté sur une route par la police, dans le département de Cesar, puis transféré dans les locaux de la police à Curumaní. Son téléphone portable lui a été retiré, il a été photographié et empêché d'appeler son avocat. Les policiers se sont bornés à lui indiquer qu'il aurait fait l’objet d’un mandat d’arrêt pour complot, sans plus de précision. Il n’a été libéré que le lendemain, à 17 h 20, après avoir été détenu menotté et privé de sommeil pendant 20 heures, dans un endroit où régnait une chaleur intense. Le Procureur de Bucaramanga a déclaré que l’arrestation aurait été « une erreur ». Rommel Durán Castellanos, membre de l’Equipo Juridico Pueblos, à Bucaramanga, est régulièrement confronté à des menaces, des agressions physiques et des arrestations parce qu’il défend les intérêts des victimes de dépossession de terres dans les zones rurales de la Colombie, notamment les membres de la communauté de Pitalito dans le département de César Nord. 170 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde COLOMBIE – 27 octobre 2014 Luis Alfonso Freite Mendoza Menacé par une prétendue « armée anti-restitution des terres » à Valledupar. Luis Alfonso Freite Mendoza, 45 ans, avocat à Valledupar, capitale du département de Cesar, a fait, à nouveau, l’objet de menaces. Il a reçu à son domicile dans le quartier de Ciudadela Comfacesar, à Valledupar, un dépliant reproduisant l'image d'un pistolet assorti d’une injonction d’avoir à « se retirer de la politique ». Depuis 2013, Luis Alfonso Luis Alfonso Freite Freite Mendoza a été déclaré « cible militaire » par le groupe paramilitaire qui s’autoproclame « Armée anti-restitution des terres », selon un document distribué à Valledupar. Luis Alfonso Freite Mendoza est menacé en sa double qualité de membre d’une famille dépossédée de ses terres et d’avocat. Il appartient, en effet, à la famille Freite, qui agit en revendication d’une ferme de 150 hectares, La Fenicia, dans le quartier de La Mesa, à Valledupar. La propriété a été transformée en base où s’est installé un groupe paramilitaire sous le commandement d’un prétendu « alias 39 », agissant luimême comme lieutenant d’un certain « alias Jorge 40 ». Luis Alfonso Freite Mendoza, est menacé parce qu’il est le seul avocat à avoir à ce jour osé agir en justice dans un conflit agraire pour revendiquer une terre. Le Cesar est l'un des départements les plus touchés par la violence des groupes illégaux. Dans un contexte de conflit armé, des centaines de familles ont été évincées de leurs terres. À ce jour, 111 plaintes ont été déposées auprès de l'Unité de restitution des terres. Mais seulement douze décisions ont été rendues et elles n’ont permis la restitution que de huit propriétés. Le processus est anormalement lent alors que le nombre des demandes ne reflète même pas la situation réelle en raison de la terreur instaurée à l’encontre des populations victimes de dépossession Depuis novembre 2012, Luis Alfonso Freite Mendoza fait l’objet d’une mesure de protection, octroyée par la Unidad Nacional de Protección (UNP), qui a été renouvelée depuis et placée au plus haut niveau de risque : gilet pare-balles, assistance pour les transports et quatre gardes du corps. Mais il demande, qu’au-delà de sa propre sécurité, des mesures d’enquête effective soient décidées par les autorités pour identifier les auteurs des menaces permanentes qui sévissent dans la région. 171 171 172 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde ÉQUATEUR – 26 mars 2014 Juan Pablo Saenz Menaces de mort à l’encontre de l’avocat des villageois qui poursuivent Chevron pour sa pollution de l’Amazonie. Juan Pablo Saenz est l’un des avocats les plus actifs en Équateur dans la défense des paysans qui ont engagé des poursuites judiciaires contre le géant pétrolier Chevron pour obtenir réparation du préjudice causé par les activités de Texaco, acquis par Chevron en 2001, qui ont pollué la forêt amazonienne pendant plusieurs decennies. Il a indiqué avoir reçu, à deux reprises, des menaces de mort par téléphone du fait de ces procédures judiciaires. Un des interlocuteurs lui a notemment annoncé :« Réfléchissez bien à ce que vous faites, parce que ce serait une honte si quelque chose arrivait à vous et à votre famille ». Juan Pablo Saenz, comme d’autres avocats en Équateur concernés par l’affaire Chevron - connue sous le nom d’« Amazon Tchernobyl » - a demandé et obtenu une protection individuelle sur décision de la Commission interaméricaine des droits de l’Homme. En dépit de cela, il déclare vivre dans un climat de menaces permanentes et être suivi constamment. Des indemnités de 18 milliards de dollars ont été accordées par les tribunaux équatoriens en 2011 à des villageois pour les indemniser après plusieurs décennies de contamination et de pollution de la région de Lago Agrio, dans le nord Équateur, qui aurait provoqué une augmentation sensible du nombre de cancers. Chevron a refusé à plusieurs reprises de payer les amendes, estimant que sa responsabilité n’était pas établie et a retiré la plupart de ses actifs d’Équateur pour tenter de se soustraire aux indemnisations. Chevron n’ayant plus d’intérêts en Équateur, les victimes sont obligées de poursuivre la compagnie aux États-Unis, au Canada, au Brésil et en Argentine. En 2013, un tribunal du Canada a autorisé des communautés paysannes d’Équateur à faire exécuter contre le débiteur au Canada une créance de 9,5 milliards de dollars qui leur avait été allouée à titre de réparation. Le géant pétrolier est accusé d’avoir déversé, entre 1964 et 1992, des quantités de déchets toxiques, des millions de litres d’eaux polluées et de litres de pétrole brut, sur une superficie de terres de 2.700 km², dans la région de Lago Agrio. 172 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde MEXIQUE – 8 décembre 2014 Vidulfo Rosales Sierra Le défenseur des familles des 43 étudiants disparus de l’école d’Ayotzinapa, victime de diffamation et de harcèlement Le 8 décembre 2014, le journal numérique Reporte Indigo a publié un article accusant Vidulfo Rosales Sierra et le Centre des droits de l'Homme de la Montagne (CDHM ) Tlachinollan, d’être liés aux « groupes subversifs » de l’état de Guerrero. Le CDHM Tlachinollan offre la seule possibilité de se défendre aux familles des 43 étudiants disparus de l’école normale rurale « Raul Isidros Burgos » d'Ayotzinapa et leur apportant une assistance juridique gratuite. L’article de Reporte Indigo ne fait que reprendre des informations en provenance du Centre pour la sécurité nationale d'enquête (CISEN) et présente Vidulfo Rosales Sierra (mais aussi le directeur du Centre) « comme l'une des figures centrales pour ses liens avec la subversion » et l’accuse d’être « dangereux pour la gouvernance» du pays ». Dans le même contexte, le 10 décembre 2014, le Secrétaire de la Marine Armée (SEMAR) a déclaré lors d'un entretien public que les organisations qui défendent les familles des disparus du collège d’Ayotzinapa les « manipulent et recherchent des avantages pour elles-mêmes afin d’atteindre leur propre objectifs ». Depuis plusieurs années, Vidulfo Rosales Sierra, en sa qualité de directeur des services juridiques, et le CDHM Tlachinollan ont joué un rôle déterminant dans la lutte contre l'impunité et les abus de pouvoir dans la région. Le CDHM assiste les étudiants de l'école rurale depuis décembre 2011, époque où deux étudiants ont été tués lors d'une opération de police menée sur l’Autopista del Sol à Chilpancingo. Vidulfo Rosales, avocat des parents des élèves disparus, a servi de porte-parole des parents d'élèves Ayotzinapa dans les discussions avec le président Enrique Peña Nieto et son procureur général, Jesus Murillo Karam. Le gouvernement veut clore l’affaire pour des raisons politiques, mais Vidulfo Rosales a remis en question la version officielle, en objectant que les déclarations de l'homme qui a avoué avoir tué 15 étudiants, « ne fournissent pas d'informations suffisantes concernant les disparitions de l'école normale ». La version officielle soutient que les jeunes gens qui suivaient des études pour devenir instituteurs, ont été brûlés dans une décharge par des membres du cartel « Guerreros Unidos ». Ils ne sont donc officiellement plus disparus et donc plus recherchés. Les familles refusent de l’admettre. Sur les quarante-trois étudiants enlevés, seul un corps a été identifié grâce à son ADN. Précédemment, en 2012, Vidulfo Rosales avait été forcé de quitter temporairement le pays, après avoir reçu des menaces à cause de son travail, notamment avec les élèves de la même école normale rurale d’Ayotzinapa. Depuis, il a obtenu l’octroi de mesures de protection provisoire de la Cour interaméricaine des droits de l'homme. 173 173 174 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde VENEZUELA – 11 septembre 2014 Omar Ernesto Silva Martínez Menacé et placé sous surveillance à San Cristobal, Tachira. Omar Ernesto Martínez Silva, qui travaille en lien avec le Foro Penal Venezolano (Forum pénal vénézuélien), a déclaré qu’il avait reçu entre le 11 septembre 2014 et le début du mois d’octobre à son bureau à San Cristóbal dans l’état de Tachira, sept appels téléphoniques proférant des menaces à son encontre. Les interlocuteurs sont anonymes mais les personnes se manifesteraient clairement comme étant des partisans du gouvernement. Entre autres propos, il lui a été déclaré : « Tu dois faire attention [...] tu seras arrêté pour collaborer avec des "groupes paramilitaires" [...] les paramilitaires se réveillent morts ou en prison ». Le 11 septembre, il est intervenu devant le tribunal de San Cristobal en tant qu’avocat d’un dénommé Lorent Saleh Gómez, citoyen vénézuélien expulsé de Colombie cinq jours plus tôt et poursuivi notamment pour « complot en vue de fomenter une rébellion ». L’affaire est sensible car l’accusé est soupconné d’avoir des liens avec des groupes paramilitaires en Colombie. Le jour même de l’audience, Omar Silva a constaté que des individus en civil présentant l’apparence d’agents de renseignement, l'avaient photographié et avaient procédé à des investigations auprès du personnel du tribunal sur son état civil complet et la nature de ses relations avec le Forum pénal vénézuélien. C’est très exactement à partir de cette date du 11 septembre qu’Omar Silva a commencé à faire l’objet d’appels malveillants et qu’a commencée la surveillance dont il est l’objet. Depuis, Omar Silva a constaté également qu’il était placé sous surveillance et faisait l’objet d’une filature quasi-permanente de la part d’individus qui se déplacent dans des véhicules équipés de matériel et transportant des armes, ce qui confirme, selon lui, qu’il s’agit de membres des services de renseignement. Il a relevé leur présence insistante dans divers lieux publics notamment dans des restaurants où il se rend fréquemment. Le 15 octobre 2014, Omar Silva a déposé une plainte détaillée relatant l’ensemble de ces faits auprès du procureur de San Cristobal. 174 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde PHILIPPINES – 24 mars 2014 Maria Catherine Dannug-Salucon Actes de surveillance et mesures d'intimidation en série à son domicile et à son cabinet après le meurtre de son assistant Depuis le meurtre de son assistant juridique, William Bugatti, le 25 mars 2014, Maria Catherine Dannug-Salucon doit faire face à une série d’actes de surveillance et d'intimidation tant à son domicile que sur son lieu de travail. Avocate exerçant dans la ville d’Isabela, Maria Catherine Dannug-Salucon est membre fondateur et commissaire national récemment élue du National Union of People’s Lawyers – NUPL (Syndicat national des avocats du peuple). Dans la matinée du 24 mars 2014, Maria Catherine Dannug-Salucon a assisté avec son assistant juridique, William Bugatti, deux prisonniers politiques, René Boy Abiva et Virgilio Corpuz, lors d’une audience ils étaient jugés pour meurtre et tentative de meurtre à Lagawe, dans la province d'Ifugao. Le soir même de l’audience, William Bugatti a été abattu par des personnes habillées en civil à Bolog, Kiangan, Ifuago. Auparavant, il avait été menacé de mort, harcelé et placé sous surveillance. Selon des organisations de droits de l'homme les hommes armés appartiendraient au groupe militaire de renseignements (MIG). Depuis la mort de William Bugatti, Catherine Dannug-Salucon a appris d'une source très fiable qu’elle aurait été ajoutée à la liste de surveillance de l'armée philippine pour soutien et prestation de services juridiques aux membres présumés du Parti communiste des Philippines. Il a été ordonné au commissariat de police de Burgos, à Isabela, de mener des investigations personnelles sur elle. De fait, depuis le meurtre de son assistant, des hommes en moto ont patrouillé autour de son lieu de travail, des individus qui appartiendraient toujours au groupe militaire de renseignements (MIG), se sont rendus à plusieurs reprises à son cabinet pour se livrer à des interrogatoires auprès du personnel et des voisins, ont questionné le personnel et les voisins. Catherine Dannug-Salucon a dû déposer une demande auprès de la Cour d'appel en vue d’obtenir une protection temporaire et un droit d’accès aux documents, déclarations, enregistrements, photographies, dossier et autre éléments de toute nature réunis sur elle ainsi que la destruction de l’ensemble des données ainsi recueillies sur sa personne. 175 175 176 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde PHILIPPINES – 1er août 2014 Nena Santos Menaces de radiation du barreau pour sa remise en cause du traitement anormal du dossier des victimes du massacre d'Ampatuan Le 1er août 2014, le Sous-secrétaire d’État a la Justice, Francisco Baraan, a sommé Nena Santos d’avoir à prouver ses affirmations accusant certains procureurs d’avoir été soudoyés pour entraver le déroulement normal des poursuites contre les accusés du massacre d'Ampatuan. Il a assorti cette injonction d’une menace, en précisant que dans le cas contraire des mesures seraient prises contre elle et qu’elle pourrait être radiée du barreau pour avoir menti. Nena Santos est l’un des avocats des familles des morts de la tuerie d'Ampatuan. Les membres de la famille d’Andal Ampatuan Sr, qui était le gouverneur de la province au moment du massacre, et leurs hommes sont accusés d'avoir tué, le 23 novembre 2009, dans la province méridionale de Maguindanao, 58 personnes, dont 32 journalistes, dans le but d’empêcher un concurrent d’être élu gouverneur. Le massacre est considéré comme l’événement le plus meurtrier qui ait frappé des journalistes dans le monde. Cent quatre personnes, incluant Ampatuan Sr, cinq de ses fils et deux de ses petitsfils, sont accusés de ces meurtres. Le procès, commencé en janvier 2010, a été dénoncé pour ses lenteurs anormales, mettant directement en cause la capacité de l'administration Aquino de pouvoir rendre justice aux familles des 58 victimes avant la fin de son mandat en 2016. Après avoir gardé le silence pendant plusieurs années, Nena Santos a laissé entendre dans une interview, que «beaucoup» de procureurs de l'État recevraient des pots de vin du clan Ampatuan dans cette affaire. Elle a déclaré que depuis deux ans, les avocats n’étaient plus consultés ou informés, tandis que les procureurs de l'État avaient progressivement annoncé qu’ils allaient abandonner les poursuites contre 104 personnes pour ne plus retenir de charges que contre 28 accusés. Un procureur de l'État aurait été limogé pour avoir accepté des pots de vin. Le Sous-secrétaire d’État à la Justice a démenti de façon embarrassée, en expliquant que le procureur n'avait pas été congédié, mais avait démissionné en raison de « difficultés soulevées contre lui ». Parallèlement, des pressions ont été exercées pour que Nena Santos abandonne la défense de ses clients. Précédemment, en 2012, selon les déclarations d’un témoin, 300 millions auraient été offerts pour que Nena Santos se retire du dossier. 176 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde SRI LANKA – 15 juillet 2014 Upul Jayasuriya Tentatives d’intimidations contre le président de l’association du barreau du Sri Lanka Upul Jayasuriya, 66 ans, président de l’association du Barreau national du Sri Lanka en exercice, a indiqué avoir été suivi, à deux reprises, pendant plusieurs heures, par plusieurs inconnus, les uns à bord d’une moto et les autres d’un trois roues, les 15 et 17 juillet 2014, lorsqu’il rentrait chez lui en voiture. Il a déposé deux plaintes auprès du commissariat de police de Kurunduwatta et a demandé à bénéficier de mesures de protection en indiquant que sa vie était en danger. Ces évènements sont intervenus à la suite des critiques publiques exprimées par l’Association du Barreau du Sri Lanka contre la décision prise par le gouvernement de restreindre les activités des ONG dans le pays. Prenant le prétexte d’informations selon lesquelles certaines ONG tiendraient des conférences de presse et organiseraient des groupes de travail en dehors des limites de leur mandat, le gouvernement a décidé qu’elles devraient désormais s’abstenir de toutes activités non autorisées. Les associations locales et étrangères sont accusées par les autorités de soutenir les dissidents politiques et sont encadrées, depuis 2010, par une réglementation destinée à les contrôler. Upul Jayasuriya, au nom du barreau national du Sri Lanka, s’est élevé contre la mesure et a accusé le gouvernement de devenir un régime dictatorial. Il fait un lien entre ses déclarations et les mesures d’intimidation qu’il a subies, quelques jours plus tard. A la suite des faits, il a obtenu une protection provisoire de la part de la police en attendant une décision des autorités judiciaires. Toutefois, le 25 août, le ministère de l'Ordre public a fait savoir à la Cour de Colombo qu'il n’y avait pas lieu d’assurer la sécurité personnelle du président de l'Association du Barreau du Sri Lanka, parce que selon les services de renseignement de l'État, « il n'y avait pas eu de menace claire contre la vie de Upul Jayasuriya ». Upul Jayasuriya est entré au barreau en 1976 à 21 ans, devenant le plus jeune avocat à l'époque. Il a été élu secrétaire de l'Association du Barreau du Sri Lanka en 1991. Entre 1991 et 1993 il a déposé, avec le soutien de la BASL, près de 3.000 requêtes invoquant le respect des droits fondamentaux devant la Cour suprême du Sri Lanka, dans l’intérêt de ceux qui avaient été arrêtés et placés en garde à vue lors de l'insurrection de 1989. 177 177 178 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde SRI LANKA – 13 septembre 2014 Namal Rajapakshe et Manjula Pathiraja Agressés au couteau dans leur cabinet parce qu’ils défendent un moine contre des extrémistes bouddhistes anti-musulmans. Le 13 septembre 2014, deux hommes non identifiés ont fait irruption dans le cabinet de Namal Rajapakshe, à Kelaniya, dans le district de Colombo. L'un d’entre eux, armé d’un couteau, a poussé Rajapakshe dans un coin de son bureau et lui a annoncé que « deux cercueils avaient déjà été préparés » pour lui et Manjula Pathiraja, s’ils persistaient à vouloir intervenir dans des « affaires inutiles », comme celle de « Hamuduruwo ». La référence démontrait qu’ils étaient visés en tant qu’avocats du moine bouddhiste modéré, Watareka Thero, violemment agressé en juin, après avoir reçu des menaces d’une organisation d’extrémistes anti-musulmans. Namal Rajapakshe a déposé une plainte au poste de police. Namal Rajapakshe et Manjula Pathiraja travaillent au sein d’un cabinet dénommé « Collectif des avocats ». Ils ont pris des positions claires et courageuses sur les questions de démocratie, de primauté du droit et des droits de l’homme au Sri Lanka Comme Lakshan Dias, ils défendent, le plus souvent pro bono, les victimes de violations des droits de l'homme à travers le pays, indépendamment de milieux ethniques et religieux. Ils ont traité un nombre important de dossiers sensibles contre les mesures arbitraires du gouvernement, y compris des autorités militaires. PAKISTAN – 9 février 2014 Rana Abdul Hameed L’avocat de la famille du ministre des minorités assassiné, menacé de mort par des extrémistes religieux Rana Abdul Hameed est l’avocat de Paul Bhatti, frère de l’ancien ministre des minorités religieuses pakistanais, Shahbaz Bhatti, assassiné le 2 mars 2011. De confession catholique, Shahbaz Bhatti était un fervent opposant à la loi pakistanaise sur le blasphème. Paul Bhatti a dû se réfugier en Italie après avoir fait l’objet de menaces de mort répétées. Son avocat, Rana Abdul Hameed, au Pakistan, se bat pour que l’enquête sur l’assassinat de son frère, Shahbaz Bhatti, suive son cours, malgré la multiplication des menaces à son encontre. Il a reçu à son cabinet des tracts lui enjoignant de se retirer de l’affaire et de manière continue « des menaces de mort ». Deux témoins oculaires ont reçu des lettres de groupes islamistes extrémistes les menaçant d’être éliminés comme Bhatti et ont refusé de témoigner. En 2013, le tribunal a ordonné au gouvernement de prendre des mesures pour assurer la sécurité de l’avocat et des témoins mais il n'y a pas de réponse. Le chauffeur qui conduisait la voiture le jour de l'incident a dû quitter le pays faute de protection. Malgré les menaces, Rana Abdul Hameed qui a obtenu, en 2013, l’abandon des poursuites contre Rimsha Masih, une jeune chrétienne accusée de blasphème, réfugiée depuis au Canada, s’est engagé à poursuivre l'affaire. Mais, le principal suspect a été libéré sous caution, le 11 juillet, en l’absence de preuves. 178 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde PAKISTAN – 2 avril 2014 Sardar Mushtaq Gill Intimidé et menacé et risquant de perdre sa licence d’avocat. Sardar Mushtag Gill, 32 ans, dirige, en sa qualité d’avocat, l’ONG Legal Evangelical Association Development - LEAD (Association de développement juridique évangélique), qui apporte une assistance juridique aux personnes marginalisées et qui défend les droits des minorités religieuses dans la province de Pendjab. Il est l’avocat d’Asia Bibi et de Sawan Masih, des chrétiens condamnés à mort pour blasphème. Sardar Mushtaq avait alors déclaré que leur condamnation à mort était également la condamnation à mort de la justice pakistanaise. Depuis, il est devenu une des premières cibles des extrémistes et la victime de menaces et de mesures d’intimidation. Le 2 Avril 2014, un homme inconnu l’a abordé dans l’enceinte de la Haute Cour et l’a averti qu’il risquait d’être agressé, d’être impliqué dans une fausse affaire criminelle ou même d’être abattu en raison de ses interventions professionnelles dans des affaires de blasphème. A la suite de sa promesse de tout faire pour obtenir la libération d’Asia Bibi dont le procès en appel est en cours devant la Haute Cour de Lahore, il a reçu des informations l’avertissant qu'il pouvait être poursuivi par le barreau du Pendjab et radié de l'Ordre des avocats s’il persistait à manifester son opposition aux lois sur le blasphème. Au cours des derniers mois de 2013, Sardar Mustaq Gill a reçu diverses lettres lui indiquant que « ceux qui soutiennent un blasphémateur doivent mourir ». En juin 2013, il avait été menacé alors qu’il retournait à son domicile, après avoir défendu des femmes maltraitées. Un mois plus tard, plusieurs membres de Ahle Sunnat Wal Jammat, le groupe islamiste qui a tué le gouverneur de la province du Pendjab, se sont rendus à son domicile à Lahore mais il a réussi à s'échapper. En novembre 2013, Sardar Mushtaq Gill a déposé une plainte auprès de la Cour de Lahore et a demandé à obtenir une protection pour sa sécurité et la vie des membres de sa famille mais la Cour lui a opposé une fin de non-recevoir. « Que suis-je censé faire ? » a déclaré Sarar Mushtaq Gill « Mes confrères et moimême avons été menacés et agressés à plusieurs reprises pour notre travail en faveur des droits de l’homme au Pakistan. Mais nous n’avons pas peur. Nous savons que nous risquons d’être abattus pour notre campagne en faveur de l’abolition des lois pakistanaises sur le blasphème. Mais ces menaces ne nous réduirons pas au silence et ne nous empêcherons pas de continuer notre combat pour les droits de l’homme». (Voir 200 avocats 2014, p.157) 179 179 180 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde RUSSIE – 6 février 2014 Dmitry Egoshin Harcèlement et menaces contre l’avocat de «Comité contre la torture» en Tchétchénie. Le 6 février 2014, Dmirty Egoshin, avocat du « Comité contre la torture », dans la République de Mari El, a reçu des menaces alors qu’il assistait dans un commissariat de police un jeune handicapé qui accusait des policiers et des agents d'une société de sécurité privée de l’avoir frappé. Au début de la parade d’identification, le chef du service de sécurité «Okhrana» a violemment pris à partie Dmitry Egoshin en lui reprochant d’avoir publié sur Internet des informations qui, selon lui, portait atteinte, à sa dignité et à sa réputation. Dmitry Egoshin lui a seulement répondu que s’il estimait réellement avoir été diffamé, il lui appartenait de saisir un tribunal. L’homme a alors quitté la salle en lui déclarant : «Tu vas le regretter ! Vous n’avez aucune idée de qui vous êtes pour jouer avec ça». L’incident n’en est pas resté là. Les militaires ont proféré ensuite des menaces plus directes. L’un d’entre eux, qui participait à la séance d'identification, la personnellement interpellé, en le mettant en garde : « les gens écrivent beaucoup sur Internet ces jours-ci, et parfois se font tuer pour ça ». Peu après, alors que la victime venait d’identifier formellement les quatre militaires qui l'avaient attaqué, le même policier a de nouveau apostrophé Dmitry Egoshin et lui a annoncé qu’il allait « regretter de travailler sur cette affaire», en ajoutant que s’il venait à être « percuté par une voiture ou mourrait d'une crise cardiaque », il tenait à préciser à l’avance que la police n’aurait « rien à voir avec cela ». Sur ces entrefaites, le chef du service de sécurité « Okhrana » a reproché à Dmitry Egoshin d’assister l'homme handicapé et a annoncé qu’il allait trouver des chefs d’accusation contre lui pour pouvoir le poursuivre. Un rapport sur les menaces a été transmis auprès du ministère de l'Intérieur de la République de Mari-El. Le lendemain, le 7 février, alors que Dmitry Egoshin participait à un groupe mobile commun d’ONG, pour assister un habitant de Chali, il a été arrêté par la police, à une trentaine de km de Grozny. Les policiers ont déclaré aux trois hommes qu'ils n’étaient pas en état d'arrestation, mais qu'ils n’étaient pas autorisés à quitter les lieux. Ils ont été détenus au poste de police et n’ont été libéré que le lendemain matin, après avoir dû subir un interrogatoire qui a duré toute la nuit. La police n'a pas dressé de procès-verbal de l'interrogatoire. Le « Comité contre la torture » et l'ONG « L'homme et le droit » ont déposé une demande de protection pour Dmitry Egoshin. 180 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde ROYAUME UNI – 6 juin 2014 Phil Shiner Menacé de mort après avoir tenté de poursuivre les soldats britanniques pour crimes de guerre présumés en Irak. Phil Shiner, son cabinet d’avocat, Public Interest Lawyers (PIL) de Birmingham et sa famille ont recu des menaces de mort pour avoir défendu des prisonniers irakiens qui ont tenté de poursuivre les soldats britanniques pour crimes de guerre présumés en Irak. Dans une lettre envoyée aux Chambers de tous les barristers de Londres, au début du mois de juin, le cabinet de Phil Shiner a affirmé que ces menaces étaient la conséquence des articles hostiles publiés dans les médias sur le travail de son cabinet, avec des titres tels que « En dénigrant nos troupes, les avocats s’enrichissent », ou encore des images montrant Phil Shiner, une corde autour du cou, avec comme légende : « salaud antibritannique, avocat socialiste». La lettre évoque également les événements qui ont conduit à l'assassinat de l'avocat Patrick Finucane à Belfast en 1989 et les déclarations ministérielles sur les avocats qui étaient « indûment sympathiques à la cause de l'IRA ». Elle rappelle que les gouvernements doivent veiller à ce que les avocats puissent s’acquitter de toutes leurs fonctions professionnelles sans intimidation ni craintes de représailles. Dans une déclaration du 6 juin 2014, la Law Society of England and Wales a condamné les actes d'intimidation dirigés contre Phil Shiner. La Law Society a écrit officiellement au Chef Constable de la police des West Midlands et au secrétaire de la Justice pour demander que le cabinet de Phil Shiner bénéficie d’une protection et qu’il soit procédé à une enquête. La police britannique a été invitée à enquêter sur 17 messages malveillants qui lui ont été adressés dont un pourrait être à connotation raciste. Un porte-parole du ministère de la Défense a condamné les menaces de violence mais en précisant cependant qu’il était « juste que le ministère défende vigoureusement la réputation des forces armées ». Ce n’est pas la première fois que Phil Shiner est victime de menaces. Une enquête de police engagée en 2010 avait déjà donné lieu à une poursuite en vertu du Malicious Communications Act. La violence des menaces a augmenté depuis les affaires relatives au traitement des détenus irakiens entre 2003 et 2008 qui ont été renvoyées à la Cour pénale internationale à La Haye. En mars 2014, le cabinet de Phil Shiner s’est retiré de la procédure d'enquête dans l’affaire al-Sweady – mettant en cause les troupes britanniques pour le meurtre présumé de civils capturés et ramenés dans une base de l'armée - ce qui a accru les tensions entourant autour des affaires concernant l’Irak. 181 181 182 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO – 12 février 2014 Didier Kalemba Actes d'intimidation à l'encontre avocat de l'Association Congolaise pour l'Accès à la Justice (ACAJ) Didier Kalemba avocat de l'Association Congolaise pour l'Accès à la Justice (ACAJ), a reçu le 1er février 2014, un appel téléphonique au cours duquel son interlocuteur lui a ordonné de se présenter au siège de l'Agence Nationale de Renseignements (ANR) dans la matinée du 3 février. Il a été informé de ce que les raisons de la convocation lui seraient communiquées à son arrivée au siège de l'ANR. Le 3 février, Didier Kalemba a reçu un autre appel du même numéro de téléphone lui enjoignant de ne plus se rendre à la prison militaire de Ndolo, faute de quoi sa famille regretterait son « entêtement ». Le même jour, Didier Kalemba a effectué une visite à cette prison militaire pour y rencontrer deux détenus qui avaient demandé de le voir d'urgence. À sa sortie de la prison, il a reçu un appel provenant d'un numéro masqué au cours duquel son interlocuteur lui a dit sèchement: « Un homme averti en vaut deux ». Didier Kalemba a adressé une plainte au Procureur Général de la République le 12 février 2014. Ce n'est pas la première fois que Didier Kalemba, qui s’occupe principalement d’affaires de détention arbitraire et de prisonniers politiques, fait l'objet de menaces de la part d'agents ayant des liens présumés avec l'ANR. Le 17 mai 2013, alors qu’il s'entretenait avec 13 détenus de la prison de Makala, il fut violemment interpellé par cinq hommes qui ont confisqué son téléphone portable. Après l’incident, le Procureur de la République avait ouvert une information pénale à l’encontre de Didier Kalemba pour « insurrection », apparemment pour s'être entretenu avec des prisonniers accusés de ce crime. Didier Kalemba a considéré qu’il s’agissait de mesures d’intimidation et à demandé au Procureur Général d'ordonner une enquête afin de rechercher les auteurs de ces menaces. 182 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde KENYA – 19 septembre 2014 Wendy Wanja Mutegi Menacée parce qu’elle assure la défense de la communauté autochtone de Chuka dans l'est du Kenya Le 19 septembre 2014, Wendy Wanja Mutegi, qui préside Law and Social Development Trust (LASODET), qui se consacre à la défense des droits des populations autochtones et du droit environnemental au Kenya, a recu des menaces en raison de son action pour la défense des membres de la communauté d'Atiriri Bururi ma Chuka Trust, à l'est du Kenya. Alors qu’elle se trouvait avec un ami dans le hall d’un hôtel de Chuka, un homme d'affaires local est venu s’asseoir à côté d'elle et lui a adressé un avertissement dans la langue locale "Ni umundi" ("aujourd'hui c'est le jour"). Wendy Wanja Mutegi a reconnu l'un des exploitants forestiers concerné par l'affaire pour laquelle elle était venue et a quitté l'hôtel. Elle a alors été suivie par trois hommes inconnus. Elle est montée à bord d'un minibus, mais les hommes ont fait de même. L'un s'est assis sur le siège à côté d'elle et les deux autres derrière. Elle a demandé à descendre, mais les hommes l'ont suivie. Elle a pris son téléphone portable, mais les hommes lui ont alors expressément conseillé de ne pas appeler. Ils ont déclaré vouloir l’avertir une dernière fois d’avoir à se retirer l'affaire « si elle voulait vivre ». Ils lui ont accordé un délai de sept jours pour se retirer l'affaire et lui ont interdit de prévenir la police. Le 23 septembre 2014, elle a dû annuler une rencontre avec les membres d'Atiriri Bururi ma Chuka Trust par crainte pour sa sécurité. Depuis de nombreuses années, Wendy Wanja Mutegi s’attache à défendre une communauté de 3000 personnes de Chuka qui revendiquent les droits de leur communauté sur la forêt Chuka (une partie de la forêt du mont Kenya) et lutte contre les exploitations forestières illégales qui causeraient de graves dégâts à la forêt. En 2004, elle a réussi à obtenir une décision judiciaire interdisant à plusieurs exploitants forestiers sous licence avec le Kenya Forest Service (KFS) de couper des arbres de la forêt Chuka « sans plans de reforestation après la coupe ». 183 183 184 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde 184 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde Interdiction de voyager 185 185 186 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde AUSTRALIE/NAURU – 10 avril 2014 Roberto Garreton Un avocat chilien spécialisé dans les détentions arbitraires interdit d’entrée sur Nauru. Roberto Garreton a été empêché d’aller visiter le centre de rétention des demandeurs d'asile ouvert par l'Australie sur l’île de Nauru où il s’apprêtait à se rendre en tant qu’inspecteur de l’ONU, en compagnie du professeur de droit norvégien Mads Andenas. Les deux inspecteurs du groupe de travail de l'ONU sur les détentions arbitraires affirment qu'ils ont été invités par le gouvernement de Nauru, conformément aux statuts du Groupe de Travail de l'ONU sur la Détention Arbitraire, qui requièrent une demande du pays concerné. Roberto Garreton avait reçu un visa avant d’être interdit de territoire, officiellement « en raisons de circonstances imprévues». Le gouvernement australien et le gouvernement nauruan se renvoient la responsabilité. Pour sa part, le gouvernement australien a affirmé qu’il n'était nullement concerné par la « décision » de Nauru de refuser l'accès du centre de rétention aux inspecteurs de l'ONU, car celle-ci relevait exclusivement de la souveraineté de Nauru, que l’Australie s’attache à respecter. De son côté, le gouvernement de Nauru a rétorqué qu'il n'a jamais invité les deux rapporteurs et que l’invitation avait été un « coup médiatique émanant d'un groupe qui a une intention politique». Le Nauru ne s’est pas caché, toutefois, d’accuser les deux inspecteurs d’être partiaux parce qu’ils auraient déclaré à l’avance que les États n'ont pas le droit de transférer des individus dans des camps où ils sont détenus en violation du droit international. Ce n’est pas la première fois que Roberto Garreton se heurte à une telle interdiction. En février 2007, alors qu’il était invité à se rendre en l’Algérie, en qualité d’expert du Centre International pour la Justice Transitionnelle (CIJT), il s’était vu interdire le droit d’entrer sur le territoire algérien sans qu’aucune raison n’ait été avancée. Avocat et défenseur des droits de l’homme au Chili pendant la dictature du général Pinochet, membre du Groupe de travail sur la détention arbitraire de l’ONU de 1991 à 2000, et depuis 2008, Roberto Garreton est également membre de l’organisation chilienne de défense des familles des prisonniers politiques (ODEP). 186 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde ÉMIRATS ARABES UNIS – 29 mai 2014 Victoria Meads Bannie du territoire à vie pour avoir rédigé un rapport d’enquête concluant à la violation des droits de l’homme par les autorités. Le 26 mai 2014, les Émirats arabes unis ont refusé l’entrée sur leur territoire à l’avocate anglaise Victoria Meads, barrister de Garden Court Chambers de London et ont également annoncé qu'elle était interdite à vie d’entrée dans le pays. À la fin du mois d’octobre 2012, Victoria Meads s’était une première fois rendue aux Émirats arabes unis pour le compte du Gulf Centre for Human Rights (GCHR), de Arab Network for Human Rights Information (ANHRI) et de Human Rights Watch (HRW), pour y remplir une mission d’évaluation et de recherche à la suite d’une résolution du Parlement européen du 26 octobre 2012, qui avait exprimé des craintes sur le traitement, la répression et l’intimidation que subissait des défenseurs des droits de l’homme, des militants politiques et des acteurs de la société civile. La résolution faisait suite à une enquête de membres du Parlement européen sur l’état des droits de l’homme dans les Émirats arabes unis. À la suite de sa mission, Victoria Meads avait rendu un rapport très détaillé sur la manière dont les autorités du pays avaient refusé de coopérer à l'enquête et n’avait pas fourni de réponse aux éléments qui figuraient dans la résolution. Elle avait conclu son rapport en précisant que « les conclusions du Parlement européen étaient parfaitement précises en l'absence de toute preuve du contraire ». Elle avait ajouté : « Les constatations effectuées pendant cette enquête confirment pleinement ces conclusions. Une intervention internationale est nécessaire d'urgence et le monde occidental devrait reconsidérer la dimension des droits de l'homme dans ses relations avec les Émirats arabes unis, alors que les Émirats arabes unis persistent à commettre des violations importantes des droits de l'homme ». Le ministre émirati des Affaires étrangères s’était borné alors à commenter : « Le rapport biaisé et partial a porté des accusations non fondées sans examiner la réalité de la situation sur le terrain ». Manifestement il ne souhaitait pas que Victoria Meads puisse revenir vérifier l’exactitude de son appréciation sur le terrain. 187 187 188 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde CHINE – 10 novembre 2014 Zhang Lei Interdit de se rendre à Paris en raison de ses activités de défense des militants des droits de l’homme. En représailles à son engagement dans la défense de dossiers sensibles concernant des militants des droits de l’homme, Zhang Lei a été interpellé à l’aéroport international de Pékin, le 10 novembre 2014, pour l’empêcher de se rendre à Paris. Il devait participer à une réunion organisée entre des représentants judiciaires français et des avocats chinois à l’invitation de l’Ambassade de France. Les autorités chinoises ont invoqué pour motif que le voyage à l’étranger de Zhang risquerait de « mettre en danger la sécurité de l’État ». Zhang Lei était à cette époque sur le point de défendre son client, Yang Maodong, plus connu sous le nom de Guo Feixiong, lors du procès qui devait s’ouvrir le 28 novembre 2014 à Guangzhou. Yang Maodong était accusé d’avoir organisé des rassemblements pour la liberté des médias, pour la divulgation des actifs des hauts fonctionnaires et d’avoir soutenu le mouvement qui réclamait la ratification par la Chine du Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques. Le procès avait été reporté en raison des irrégularités de procédure : les avocats de la défense n’avaient pas eu accès aux pièces et preuves à charge du Ministère public et avaient refusé de se rendre aux audiences. C’est d’ailleurs en raison de cette absence de preuves à charge que lors de son procès, Yang Maodong a plaidé non coupable quant aux accusations de trouble à l’ordre public prononcées contre lui. Sur son blog, Zhang Lei a déclaré que le procès, qui s’est tenu au tribunal du district de Tianhe, s’était déroulé dans une atmosphère tendue, les juges interrompant régulièrement les arguments de la défense. Tout au long de l’année 2014, Zhang Lei aura été l’un des fers de lance des actions entreprises par les avocats pour défendre les droits de la défense et l’État de droit. En mars 2014, il avait été l’un des avocats qui avaient entamé une grève de la faim de protestation, devant la « prison noire », où quatre avocats, Jiang Tianyong, Wang Chen, Zhang Junjie et Tang Jitian, avaient été placés en détention. Le 5 septembre, il était parmi les neuf avocats qui ont été arrêtés dans le district de Changping, après être venus pour assister à l’audience de suspension de la licence de Cheng Hai. Il ne devait pas s’en tenir à cela. Le 12 décembre 2014, c’est Zhang Lei qui, le premier, a lancé une pétition en ligne dénonçant l'action de la police et de la justice dans la province nord-est du Jilin, où Zhang Keke avait été arrêté pour avoir invoqué les droits constitutionnels de liberté d'expression et de religion. Elle a été signée par plus de 360 avocats. 188 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde Libéré(e)s en 2014 TURQUIE – 18 mars 2014 Do÷an Erbaú, øbrahim Bilmez, Ömer Güneú, Cengiz Çiçek, Muharrem ùahin, Emran Emekçi, Sebahattin Kaya, Mehmet Bayraktar et Hatice Korkut Libérés provisoirement en raison d’un « manque de preuves » Le 18 mars 2014, la Haute Cour Pénale d’Istanbul a ordonné la libération de neuf avocats, Do÷an Erbaú, øbrahim Bilmez, Ömer Güneú, Cengiz Çiçek, Muharrem ùahin, Emran Emekçi, Sebahattin Kaya, Mehmet Bayraktar et d’une journaliste Cengiz Kapmaz, affirmant qu'il n'y avait aucun motif raisonnable de les garder en détention. Les avocats avaient été emprisonnés pendant une opération anti-terroriste en 2011. Les avocats ont été placés en détention à Istanbul pour leur appartenance présumée au KCK sur des accusations d'«appartenance à une organisation illégale » et «direction d'une organisation illégale ». L’accusation est principalement basée sur des enregistrements de discussions entre Abdullah Öcalan et ses avocats dans la salle des visites de la prison d'Imrali, en violation du principe de confidentialité entre avocat et client. Les avocats ont été impliqués dans la représentation juridique d'Abdullah Ocalan, le chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), et ont participé à l’Union des Communautés Kurdes (KCK). Pendant le procès du KCK les avocats de la défense, se sont élevés contre l'interdiction d’utiliser la langue kurde. (Voir 200 avocats, 2014, p.116) VIETNAM – 6 avril 2014 : Cu Huy Ha Vu Libéré de prison, il a quitté le jour même le Vietnam pour les États-Unis Condamné après avoir porté plainte contre le Premier ministre, Cu Huy Ha Vu a été libéré après avoir accompli trois années et demie d’une condamnation à une peine d'emprisonnement de sept ans. Le porte-parole de l'ambassade des États-Unis à Hanoï, a annoncé sa libération le 6 avril 2014. Cu Huy Ha Vu et sa femme ont immédiatement embarqué à bord d’un avion en partance pour les États-Unis à l’aéroport international Noi Bai de Hanoi. Ils sont arrivés à Washington le 7 avril 2014 mais ils n’ont toutefois pas précisé s’ils entendaient vivre de façon permanente aux États-Unis. Cu Huy Ha Vu, qui souffre de problèmes cardiaques et d'hypertension, avait fait une grève de la faim pour attirer l'attention sur ses conditions de détention et le refus de lui accorder des soins médicaux adéquats en détention. 189 189 190 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde Cu Huy Ha Vu, 56 ans, fils de Cu Huy Can, poète reconnu et compagnon de route du fondateur du Vietnam communiste Ho Chi Minh, avait été condamné en 2011 à sept ans d'emprisonnement pour « propagande contre l'État ». Il avait porté plainte en 2009 contre le Premier ministre Nguyen Tan Dung, dénonçant l'approbation d'un projet d'exploitation de bauxite très controversé dans les Hauts-Plateaux du centre du pays. Sa requête avait été rejetée par deux fois par la justice et il avait été arrêté en 2010 pour activités contre l’État. Enfin, Vu est connu pour sa critique publique des fonctionnaires gouvernementaux de haut rang, ainsi que pour avoir appelé à des réformes démocratiques et l’instauration d’un système de gouvernement multipartite. (Voir 200 avocats, 2014, p.113) TURQUIE – 12 avril 2014: Muharrem Erbey Il a été relâché après 1570 jours de détention préventive Le 12 avril 2014 Muharrem Erbey, ancien Président d’IHD à Diyarbakir et viceprésident d’IHD au niveau national, a été relâché après 1570 jours de détention préventive par la 2éme Haute Cour Pénale de Diyarbakir, en raison d’un « manque de preuves ». Sa libération a été annoncée à l’issue de l’audience préliminaire concernant le maintien en détention de personnes accusées dans le procès dit du KCK (Koma Komalên Kurdistan) : Erbey et 48 autres détenus ont été libérés. Muharrem Erbey devra comparaître à nouveau devant la justice, parce que les charges n’ont pas été abandonnées. Il avait été arrêté en décembre 2009, pour affiliation présumée à l’Union des communautés Kurdes (KCK) et accusé d’être membre d’une organisation illégale, bien que la section de l’IHD qu’il préside de Diyarbakir soit une association officiellement enregistrée. Il ressort des procès-verbaux de son interrogatoire, rédigés peu après son arrestation le 25 décembre 2009, qu'il a été arrêté en raison de ses activités en faveur de la défense des droits de l'Homme menées en toute légalité. (Voir 200 avocats 2014, p.115) CHINE -7 août 2014 : Gao Zhisheng Libéré après avoir purgé sa peine de trois ans d’emprisonnement avec sursis. Gao Zhisheng, 52 ans, a été libéré le 7 août après avoir purgé sa peine de trois ans d’emprisonnement avec sursis. Ses droits politiques sont maintenant suspendus durant un an, conformément au droit pénal chinois et à la peine qui lui avait été initialement infligée. Cela signifie qu’il continue de faire l’objet d’une surveillance étroite, qu’il doit se présenter régulièrement à la police, ne peut pas quitter la ville d’Urumqi sans permission des autorités. 190 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde Il ne peut pas non plus publier ou diffuser des commentaires, des écrits ou des produits audiovisuels, à l’intérieur ou à l’extérieur des frontières [de la Chine], qui portent notamment atteinte à l’honneur ou aux intérêts de la nation, ou de manière plus générale à la société. S’il ne respecte pas ces règles, il est susceptible d’être soumis à d’autres sanctions, ou même d’être l’objet d’une enquête pénale. L’épouse de Gao Zhisheng, Geng He, qui est aux États-Unis, a indiqué sur Twitter qu’elle avait appelé au téléphone le frère de Gao Zhisheng, qui s’est rendu à la prison afin de le chercher le matin de la libération de celui-ci. Elle a dit que le frère de Gao semblait être en mesure de le rencontrer mais l’appel téléphonique a ensuite été coupé. Geng He a ensuite tenté d’appeler à nouveau plusieurs fois le frère de Gao, mais sans succès. Plus tard ce jour-là, Geng He a réussi à appeler sa sœur qui accueille actuellement Gao dans son domicile. Geng He a parlé à Gao brièvement au téléphone. Elle a estimé que la voix de Gao était monocorde et semblait très différente de la voix qu’elle connaissait. Les deux frères sont maintenant à Urumqi. (Voir 200 avocats 2014, p.23.) BIRMANIE – 7 octobre 2014: Kyaw Hla Aung Il a été libéré dans le cadre d’une amnistie présidentielle Le 7 octobre 2014, Kyaw Hla Aung, défenseur des droits de l’homme et réfugié, a été libéré de la prison de Myanmar, située dans l’État d’Arakan, par le gouvernement birman dans le cadre d’une amnistie présidentielle. Kyaw Hla Aung a été libéré, en fait, au titre de l'article 401 du Code de procédure pénale du Myanmar, qui confère au président le pouvoir de libérer des prisonniers. Avant d'être libéré, il a dû signer une déclaration selon laquelle il s'engageait à ne pas prendre part à d'autres « activités illégales », sous peine d'être à nouveau emprisonné. Il semble qu'il soit en mauvaise santé et qu'il souffre d'hypertension et d'arthrite. Kyaw Hla Aung a été arrêté pendant une manifestation organisée par les populations déplacées de réfugiés Rohingya. La manifestation a tourné en un violent conflit entre les déplacés rohingya et les représentants de l'immigration, ce qui a contraint les autorités à suspendre le processus d'enregistrement. Kyaw Hla Aung n'a pas participé à la manifestation et en outre, il a fait des efforts afin de contacter les leaders du camp pour leur conseiller de manifester de façon non violente. Cependant, le 26 septembre 2014, le tribunal de première instance de Sittwe a condamné, Kyaw Hla Aung à un an et six mois de prison pour avoir participé à des émeutes dans le cadre des manifestations d’avril 2013. (Voir aussi p.83) 191 191 192 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde 192 REMERCIEMENTS Action des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture (ACAT-France) Aliansi Demokrasi Untuk Papua – ALDP Alkarama for Human Rights Amnesty International Belgique Asian Human Rights Commission (AHRC) Asian Legal Resource Centre (ALRC) Asociación Colombiana de Abogados defensores de derechos humanos – ACADEHUM Associação Brasileira dos Advogados do Povo (ABRAPO) Bahrain Center for Human Rights (BCHR) Bahrain Human Rights Society (BHRS) Bangladesh Environmental Lawyer’s Association (BELA). Bar Association of Sri Lanka (BASL) Belarusian Helsinki Committee Cairo Institute for Human Rights Studies (CIHRS) Caucasian Knot Center for Human Rights & Humanitarian Law at American University Washington College of Law China Aid China Brief - The Jamestown Foundation China Copyright and Media China Digital Times China Elections and Governance China Government Watch China Human Rights Lawyers Concern Group China Media Project Chinese Human Rights Defenders Chinese Law and Politics Blog Chinese Law Prof Blog Civil Rights & Livelihood Watch Comisionado Nacional de Derechos Humanos (CONADEH) Comité Ejecutivo de la Abogacía Colombiana. CEAC Comité pour la défense des droits de l'homme du Honduras (CODEH) Commission internationale de juristes (CIJ) Committee Against Torture Committee for Human Rights in Syria Committee of Syria lawyers for freedom Committee to Support Chinese Lawyers CSCL Defensa Estratégica en Derechos Humanos A.C. Dui Hua Human Rights Journal East and Horn of Africa Human Rights Defender Project (EHAHRDP) Equipo Jurídico Pueblos Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) Foro Penal Venezolano Frontlinedefenders Fundación Comité de solidaridad con los presos políticos Fundación Comité de Solidaridad con los Presos Políticos (FCSPP) Gulf Center for Human Rights (GCHR) Human Rights Defender (CHDR) Human Rights House Foundation (HRHF) Human Rights in China (HRIC) Human Rights Monitoring Group - Law Society of Upper Canada Human Rights Watch (HRW) Ifex Institute for Reporters’Freedom and Safety (IRFS) International Campaign for Human Rights in Iran International PEN Writers in Prison Committee Justice For Colombia Kurdish Organization for Defending Human Rights and Public Freedoms in Syria Lawyers for Human Rights (LHR) Lawyers for Lawyers Lawyers'Rights Watch Canada Ligue des Droits de l’Homme – Groupe Chine Memorial Human Rights Center Mission d'assistance des Nations Unies pour l'Irak (MANUI) Movimiento Nacional de Víctimas de Estado – MOVICE. Observatoire syrien pour les droits de l'Homme (OSDH) Organisation mondiale contre la torture (OMCT) Peace Brigades International (PBI ) Radio Free Asia Reporters sans frontières Réseau Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme (REMDH) Rights Action SADC Lawyers’Association Sri Lanka Campaign for Peace and Justice Survival International Syrian Organization for Human Rights (SWASIAH) The Colombian Caravana UN Special Rapporteur on the Independence of Judges and Lawyers Union Internationale des Avocats Zimbabwe Lawyers for Human Rights (ZLHR) 2015– Deux cents avocats persécutés dans le monde Rapports de l'Observatoire mondial des violations des droits de la défense et des droits des avocats dans le monde Déjà parus 2010 2011 2013 2012 2014 Les rapports 2005 à 2010 sont épuisés. 193 193 194 2014 – Deux cents avocats persécutés dans le monde TABLE DES MATIERES 2014 Avant-Propos par Christian Charrière-Bournazel .................................................... 7 2014. L’avocat entravé par Bertrand Favreau ........................................................... 9 Une Chronologie ....................................................................................................... 17 Ils ont marqué l’année 2014 ...................................................................................... 27 Ils ont été assassinés en 2014 .................................................................................... 37 Ils en ont réchappé en 2014 ....................................................................................... 72 Condamné(e)s en 2014 .............................................................................................. 75 Emprisonné(e)s en 2014 ............................................................................................ 85 Arrestations, interpellations & privations de liberté en 2014................................... 95 Les oublié(e)s de 2014 .............................................................................................. 117 Attentats, Violences & Mauvais traitements ........................................................... 127 Radiations, entraves à l'exercice professionnel ...................................................... 137 Menaces de mort ...................................................................................................... 165 Interdiction de voyager ........................................................................................... 185 Libéré(e)s en 2014 ................................................................................................... 189 Remerciements ........................................................................................................ 192 Tables des Matières ................................................................................................. 194 Index ......................................................................................................................... 197 194 2014 – Deux cents avocats persécutés dans le monde L'IDHAE tient à remercier tous ceux qui ont apporté leur contribution à la préparation de cet ouvrage et notamment: Vera DURANT-FABER Claire de MOHRENSCHILDT Lucie ATGER Kadija AZOUGACH Thierry BONTINCK Clara BRETON Matthieu CHAUVET Nicole DERHY Emma DOUZOU Bertrand FAVREAU Julie GOFFIN Nathalie KORCHIA Giulia MICHELIS Amalia PETAUX Christophe PETTITI Michel PUECHAVY Anna STOFFANELLER Claire TISSERANT Les grands barreaux d'Europe pour la défense des droits de l'Homme L'' bservatoire sans frontières des violations des droits de la défense et des droits de l’homme des avocats dans le monde Au service des avocats depuis 1984 IDHAE Siège Social: 11, avenue Jean-Pierre Pescatore L-2324 LUXEMBOURG Secrétariat Général: 57, avenue Bugeaud F- 75116 PARIS 195 195 196 2014 – Deux cents avocats persécutés dans le monde 196 AVERTISSEMENT À NOS LECTEURS L'IDHAE ne reçoit aucune subvention et aucun financement d'aucune sorte d'aucun gouvernement, organisme étatique ou organisation internationale constituée ou contrôlée par des États et n'a de compte à rendre à aucun de ceux-ci. Afin de préserver sa totale indépendance, son financement est assuré exclusivement par les contributions de ses membres. Les grands barreaux d'Europe pour la défense des droits de l'Homme IDHAE O Observatoire b sans frontières des violations des droits de la défense et des droits de l’homme des avocats dans le monde Directeur de publication Bertrand FAVREAU 2014 – Deux cents avocats persécutés dans le monde 197 197 INDEX AFRIQUE DU SUD – Mzukisi Stali 162 ALGÉRIE – Mohcine Amara 110 ARABIE SAOUDITE – Abdulrahman alRumaih 78 ARABIE SAOUDITE – Abdulrahman alSubaihi 78 ARABIE SAOUDITE – Bander alNogaithan 78 ARABIE SAOUDITE – Souad al-Shammary 35 ARABIE SAOUDITE – Walid Abu al-Khair 77 ARGENTINE – Cristian Biasín 40 ARGENTINE – Daniel Juan Berdugo 39 ARGENTINE – Francisco Sirera 39 ARGENTINE – Horacio Augusto Ruiz 40 AUSTRALIE/NAURU – Roberto Garreton 186 AZERBAÏDJAN – Alaif Hasanov 152 AZERBAÏDJAN – Intigam Aliyev 88 AZERBAÏDJAN – Bakhtiyar Mammadov 119 AZERBAÏDJAN – Javad Javadov 151 AZERBAÏDJAN – Khalid Bagirov 151 BAHREÏN – Mohamed al-Jishi 158 BANGLADESH – Rizwana Hasan 150 BIÉLORUSSIE – Andrei Fedorkov 108 BRESIL – Eloisa Samy Santiago 97 BRESIL – Ermogenes Jacinto de Souza 167 BURUNDI – Isidore Rufyikiri 159 CAMEROUN – Lydienne Yen-Eyoum 34 CHINE – Chang Boyang 107 CHINE – Chang Weiping 142 CHINE – Cheng Hai 144 CHINE – Ding Jiaxi 82 CHINE – Ding Xikui 140 CHINE – Gao Zhisheng 190 CHINE – Hu Guiyun 102 CHINE – Ji Laisong 106 CHINE – Jiang Tianyong 101, 141 CHINE – Jiang Yuanmin 102 CHINE – Li Jinglin 138 CHINE – Li Jinxing 102, 142 CHINE – Liu Hao 142 CHINE – Li Xiongbing 142 CHINE – Liu Shihui 105 CHINE – Liu Wei 141 CHINE – Ma Gangquan 140 CHINE – Mo Shaoping 139 CHINE – Ni Yulan 130 CHINE – Pu Zhiqiang 91 CHINE – Qu Zhenhong 92 CHINE – Tang Jingling 93, 141 CHINE – Tang Jitian 101, 141 CHINE – Tang Tianhao 143 CHINE – Teng Biao 141 CHINE – Wang Cheng 100, 101, 141 CHINE – Wang Quanping 104 CHINE – Wang Yu 143 CHINE – Xia Lin 92 CHINE – Xu Zhiyong 81 CHINE – Yu Wensheng 94 CHINE – Zhang Junjie 101, 103 CHINE – Zhang Keke 145 CHINE – Zhang Lei 102, 188 CHINE – Zheng Enchong 141 COLOMBIE – Emir Bravo Muñoz 169 COLOMBIE – Jacqueline Martinez Amaya 42 COLOMBIE – Jeison Paba Reyes 170 COLOMBIE – Julio Cesar Walteros 42 COLOMBIE – Leonardo Jaimes Marín 168 COLOMBIE – Luis Alfonso Freite Mendoza 171 COLOMBIE – Luis Evelio Londoño 41 COLOMBIE – Leidy Juliana González 43 COLOMBIE – Rommel Durán Castellanos 170 COLOMBIE – Ulfrán Manuel López Rangel 41 EGYPTE – Mahienour el-Massry 29 EGYPTE – Mohamed Ramadan 114 ÉMIRATS ARABES UNIS – Victoria Meads 187 ÉQUATEUR – Juan Pablo Saenz 172 ESPAGNE – Arantza Zulueta Urquijo 86 ESPAGNE – José Luis Campo 86 ESPAGNE – Jon Enparantza 86 ETATS UNIS – Chaumtoli Huq 98 ETATS UNIS – Stephen Kass 99 HONDURAS – Dilmer Eleuterio Reyes 46 HONDURAS – Edwin Geovanny Eguigure Abdul 49 HONDURAS – Iris Elizabeth Argueta 47 HONDURAS – José Nicolás Bernárdez 45 HONDURAS – Juan Osorio Eliseo Aguiriano 48 HONDURAS – Lenin Adolfo Castañeda 45 HONDURAS – Marlen Cruz Licona 96 HONDURAS – Oswaldo Luján 44 HONDURAS – Rafael Alberto Paredes Paz 46 HONDURAS – Roberto Cruz Nieto 48 HONDURAS – Rosalío Morales Carrillo 48 HONDURAS – José Armando Martinez Motiño 44 INDE – Bhima Yadav 64 INDE – Devendra Khandelwal 64 INDE – Laimayum Sevananda Sharma 128 INDE – RK Asha 128 INDE – Sanjiv Malik 63 INDONESIE – Latifah Anum Siregar 129 INDONESIE – Gustaf Kawer 149 IRAK – Marwan Abdel Moneim 68 IRAK – Samira Saleh al-Naimi 30 IRAK – Uda Taha Kurdi 68 IRAN – Abdalttofah Soltani 123 IRAN – Hadi Esmaeilzadeh 79 IRAN – Mohammad Seifzadeh 122 IRAN – Mohammed-Ali Dadkhah 121 IRAN – Nasrin Sotoudeh 157 ISRAËL/PALESTINE – Shirin Issawi 112, 113 ISRAËL/PALESTINE – Ahmad Bitawi 111 ISRAËL/PALESTINE – Amjad Safadi 112 ISRAËL/PALESTINE – Amro Iskafi 112 ISRAËL/PALESTINE – Fares Abu Hassan 111 198 2014 – Deux cents avocats persécutés dans le monde ISRAËL/PALESTINE – Mahmoud Abu Sneineh 112 ISRAËL/PALESTINE – Mehdat Issawi 112 ISRAËL/PALESTINE – Mohammed Abed 111 ISRAËL/PALESTINE – Nadim Ghrayeb 112 ISRAËL/PALESTINE – Oussama Makbul 111 KAZAKHSTAN – Lyubov Agushevich 153 KAZAKHSTAN – Polina Zhukova 153 KAZAKHSTAN – Vadim Kuramshin 120 KAZAKHSTAN – Zinaida Mukhortova 109 KENYA – Wendy Wanja Mutegi 183 KIRGHIZSTAN – Makhamatzhan Abdujaparov 132 LIBYE – Salwa Bouguiguis 33 MALAISIE – N. Surendran 148 MEXIQUE – Alberto Rodriguez Sosa 54 MEXIQUE – Aubert Sergio de la Cruz 55 MEXIQUE – Cipriano Puertas Rubio 53 MEXIQUE – Efrain Ramirez Herrera 52 MEXIQUE – Francisco Javier Estrada Sanchez 73 MEXIQUE – Javier Samano Bazúa 50 MEXIQUE – Juan Pablo García Murguía 50 MEXIQUE – Leonel Rivero Rodríguez 166 MEXIQUE – Luis Alberto Arias de la Cruz 73 MEXIQUE – Mayra Alejandra Garcia Almeida 52 MEXIQUE – Noé Treviño Naranjo 54 MEXIQUE – Pedro Garcia 49 MEXIQUE – Ramon Marcelino Pacheco Gómez 54 MEXIQUE – Rodolfo González Delgadillo 55 MEXIQUE – Salvador Urbina Quiroz 51 MEXIQUE – Vidulfo Rosales Sierra 173 MOLDAVIE – Alexandru Bernaz 156 MYANMAR (EX-BIRMANIE) – Kyaw Hla Aung 83, 191 NIGERIA – Horrace Egbon Dafiogho 69 NIGERIA – Okey Wali 161 NIGERIA – Olakunle Fadipe 69 NIGERIA – Sam Ekwajor 69 PAKISTAN – Fizza Malik 65 PAKISTAN – Ghulam Haider 66 PAKISTAN – Mohammad Idris 67 PAKISTAN – Moubarak Raza Kazmi 67 PAKISTAN – Rai Azhar Hussain PAKISTAN – Rana Abdul Hameed PAKISTAN – Rao Abdul Rashid 65 PAKISTAN – Rashid Rehman 31 PAKISTAN – Sardar Ameer Khan 66 PAKISTAN – Sardar Mushtaq Gill 179 PAKISTAN – Shahbaz Gormani 74 PAKISTAN – Tanveer Haider Shah 65 PAKISTAN – Waqar Hassan Shah 66 PANAMA – Alfonso Montoya Rodríguez 72 PANAMA – César Guardia 56 PANAMA – Gabriel Francisco Echeverri Abad 56 PARAGUAY – Edgar Pantaleón Fernández Fleitas 56 198 PARAGUAY – Óscar Vidal Ruiz Díaz 72 PÉROU – Edgar Flores Muñoz 57 PÉROU – Juan Francisco Torres Carmen 57 PHILIPPINES – Bartolome Rayco 147 PHILIPPINES – Catherine Dannug-Salucon 175 PHILIPPINES – Cristobal Fernandez 62 PHILIPPINES – Jacinto Turqueza 63 PHILIPPINES – Madonna Gay Escio 147 PHILIPPINES – Nena Santos 176 PHILIPPINES – Noel D. Archival 61 PHILIPPINES – Rodolfo R. Felicio 62 REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO – Deplhin Konde, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO – Didier Kalemba 182 RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO – Ntoto Aley Angu Damase 160 RÉPUBLIQUE DOMINICAINE – Amancio Herrera Turbí 58 RÉPUBLIQUE DOMINICAINE – Efraín Febles Mercedes 59 RÉPUBLIQUE DOMINICAINE – Rafael Mercedes Castro 58 RÉPUBLIQUE DOMINICAINE – Van Teasley 59 ROYAUME UNI – Phil Shiner 181 RUSSIE – Dmitry Egoshin 180 RUSSIE – Georgy Antonov 154 RUSSIE – Ivan Pavlov 133 RUSSIE – Sapiyat Magomedova 155 RUSSIE – Taisiya Baskayeva 87 RUSSIE – Tatyana Akimtseva 70 RUSSIE – Vitaliy Moiseyev 71 RUSSIE – Vitaly Cherkasov 134 SOUDAN – Al Radi Ali Ibrahim 116 SOUDAN – Abdelaziz Eltoum Ibrahim 116 SOUDAN – Abdelmoniem Adam Mohamed 116 SOUDAN – Amin Mekki Medani. SRI LANKA – Manjula Pathiraja 178 SRI LANKA – Namal Rajapakshe 178 SRI LANKA – Upul Jayasuriya 177 SWAZILAND – Sipho Gumedze 163 SWAZILAND – Thulani Rudolf Maseko 80 SYRIE – Jihan Amin 115 SYRIE – Khalil Maatouk 124 SYRIE – Maen al-Ghoneimi 32 SYRIE – Roshdy El Sheikh Rasheed 136 SYRIE – Razan Zeitouneh 125 SYRIE –Nazem Hamadi 125 TADJIKISTAN – Shukhrat Kudratov 89 TADJIKISTAN – Fakhriddin Zokirov 89 THAÏLANDE – Sor Rattabanee Polkaw 146 TRINIDAD AND TOBAGO – Dana Saroop Seetahal 60 TUNISIE – Zoubeir Louhichi 131 TURQUIE – Cengiz Çiçek 189 TURQUIE – Doøan Erbaû 189 TURQUIE – Emran Emekçi 189 TURQUIE – ùbrahim Bilmez 189 2014 – Deux cents avocats persécutés dans le monde TURQUIE – Mehmet Bayraktar 189 TURQUIE – Hatice Korkut 189 TURQUIE – Muharrem Erbey 190 TURQUIE – Muharrem úahin 189 TURQUIE – Ömer Güneû 189 TURQUIE – Ramazan Demir 126 TURQUIE – Sebahattin Kaya 189 VENEZUELA – Danyel Jhoel Luengo 60 199 199 VENEZUELA – Omar Ernesto Silva Martínez 174 VIETNAM – Cu Huy Ha Vu 189 VIETNAM – Lê Quoc Quân 84 ZIMBABWE – Kennedy Masiye 135 Maquette, Conception et Réalisation Vera Durant-Faber 'pS{WOpJDOPDUV Achevé d’imprimer HQPDUVSDU www.copy-media.net &60e5,*1$&&('(;