1 La production de textes poétiques en classe de Fle : de la

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1 La production de textes poétiques en classe de Fle : de la
1
La production de textes poétiques en classe de Fle :
de la découverte à la créativité
Atika Khatab Salman
Département de Français
Faculté des Langues /Université Al-Fateh
Ceux qui ont pratiqué l’enseignement des langues étrangères savent combien les
apprenants sont plus habiles à formuler et à s’exprimer lorsqu’on fait appel à leurs
initiatives, lorsqu’on leur confie une responsabilité. Le point de départ, c’est de
chercher à les munir d’un certain nombre de savoirs et de savoir-faire qui les aident
d’abord à comprendre, puis à communiquer. Étant donné que les cours magistraux
ou traditionnels n’ont pas toujours de fonctions didactiques qui se préoccupent de
ces savoir-faire, d’autres moyens et d’autres pratiques de classe s’imposent et nous
incitent à prendre davantage en considération les expériences déjà menées dans ce
domaine qui se basent surtout sur le côté interactif et créatif des jeunes
apprenants. Ces expériences affirment qu’il ne suffit pas de fournir aux apprenants
les matériaux linguistiques, il faut aussi éveiller en eux le besoin de s’exprimer en
suscitant leur intérêt et en faisant naitre en eux l’élan créateur.
Je me propose donc, dans la présente intervention, de démontrer à nos
étudiants que l’écriture créative
est accessible, mais à condition d’être munis
d’outils nécessaires à cette pratique et d’être habitués à un certain nombre de
démarches basées sur des activités de découverte d’abord, puis sur des tâches
de production finalisée.
Nous nous bornerons principalement ici à la production de textes poétiques qui
donnent l’occasion de s’exprimer car la langue est non seulement un outil de
communication, mais aussi de pensée et d’expression de sentiments.
2
Qui parmi nous n’a pas essayé, au moins une fois pendant sa jeunesse, de
rédiger quelques vers reflétant son état d’âme ou enregistrant les premiers élans
de l’amour et ses petits secrets ? Soyons donc leurs complices et aidons-les à les
noter dans une langue autre que leur langue maternelle.
D’autres objectifs plus précis sont également recherchés :
- donner aux futurs enseignants de Fle des exemples d’application de la
perspective actionnelle et la notion de tâche pour un meilleur déroulement du
nouveau programme des études dans notre département ;
- faire découvrir aux apprenants les outils disponibles permettant de combler
des lacunes relatives à leurs compétences d’expression afin de développer une
nouvelle forme de travail plus autonome et plus motivant ;
- inciter l’apprenant à l’écriture créative et lui faire apprendre à mobiliser les
savoirs linguistiques acquis et à les manipuler pour des fins esthétiques.

Nouveau public, nouvelles conceptions de la formation
La nouvelle organisation du programme d’études, élaborée principalement pour
un nouveau public de bacheliers ayant déjà étudié cette langue au lycée durant
trois ans, a été mise en œuvre à la rentrée 2010-2011. Cette nouvelle
organisation du programme préconise une approche actionnelle qui favorise
l’implication
et
la
responsabilisation
des
étudiants
dans
l’opération
de
l’apprentissage. Le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues,
appelé désormais le CECR, explique les différentes modalités de l’application de
cette approche et les outils nécessaires à cette application.
En effet, le côté conceptuel du CECR inspiré à mon avis (du moins partiellement)
des propos théoriques sur les processus de l’enseignement de Vygotski, propose
une progression graduelle vers l’autonomie. D’après ce grand pédagogue, celui
qui « prend conscience de ce qu’il fait » peut « utiliser volontairement ses
propres savoir faire ». (Vygotski : 1934/2002, p. 345). L’outil le plus important
3
dans une telle implication, c’est l’expérience constructiviste née de l’interaction
sociale, interaction finalisée par une tâche à accomplir.
A ce sujet, la lecture du CECR nous apprend que la notion de tâche devient
l’axe principal sur lesquelles s’appuient les séquences didactiques. Et, « Il y a
« tâche » dans la mesure où l’action est le fait d’un (ou de plusieurs) sujet(s) qui
y mobilise(nt) stratégiquement les compétences dont il(s) dispose(nt) en vue de
parvenir à un résultat déterminé.» (Cadre Européen Commun de Référence :
2001, p.86).
Dans son article intitulé ” Lecture du Cadre : continuité ou rupture” paru dans
l’Approche actionnelle dans l’enseignement des langues1, J-J Richer affirme que :
« Conformément à une perspective actionnelle du langage, la compétence à
communiquer langagièrement composée de compétences plurielles se concrétise et
se développe dans des tâches sociales, complexes, collectives, mêlant dire et faire,
qui, pour leur réalisation, exigent la mobilisation d’une compétence stratégique et
requièrent de l’acteur social réflexivité et autonomie. » (sic.) (p.37).
Or, selon une perspective cognitive « enseigner une langue ne se limite plus à faire
acquérir des automatismes ; au contraire, une langue est maintenant perçue comme un
processus créateur où la compréhension tient une place essentielle. » (Cornaire,
Raymond : 2006, p.9-10)
La compétence de la production écrite qui fait l’objet essentiel de la présente
étude, est donc d’un point de vue psycholinguistique, une activité cognitive
complexe. Plusieurs stratégies mentales dont la mémorisation, la planification,
l’appel aux pré-requis linguistiques doivent être mobilisées. (Coirier et al. : 1996)2
D’après Deschênes, les processus psychologiques jouent un rôle primordial dans
la production écrite. Il les décompose en plusieurs éléments :
Aux éditions de la maison des langues ; Barcelone, 2009.
COIRIER, P., D. Gaonac’h, J. M. Passerault. (1996) : Psycholinguistique textuelle. Paris :
Armand Colin / Masson.
1
2
4
1.
la perception-activation (comprendre la tâche que l’on a à accomplir,
réutiliser les informations emmagasinées en mémoire et qui sont régulièrement
mise à jour) ;
2.
la construction de la signification (la sélection, l’organisation et la gestion
des activités) ;
3.
la linéarisation « linéariser les différentes propositions qui constituent le
plan du texte, en procédant à de nouvelles recherches en mémoire. »
(Cornaire, Raymond : 2006, 34-35);
4.
la rédaction-édition ou « le traitement détaillé des mots, jusqu’au niveau
des lettres,… » (ibid.) ;
5.
la révision (l’autocorrection et l’évaluation des paramètres des consignes
ou de la tâche).
3
Les spécialistes qui ont étudié la compétence de l’expression écrite et ses
caractéristiques en langue seconde ou étrangère ont affirmé que les productions
des apprenants « scripteurs » sont plus courts par rapport à ce qu’ils peuvent
écrire en leur langue, le vocabulaire utilisé est restreint, la syntaxe est plus
simple et les erreurs sont plus nombreuses.4
Il reste donc beaucoup à faire pour que l’apprentissage de la compétence de
l’écrit en langue seconde ou étrangère soit plus efficace. Des études plus
récentes démontrent que les apprenants même ceux qu’on a beaucoup de doutes
sur leurs compétences linguistiques arrivent à créer des textes, plus ou moins
longs chaque fois qu’ils se trouvent stimulés par des projets qui les encouragent
et les réunissent autour d’un même objectif.
La notion de tâche :
3
4
In : CORNAIRE, C. et ali. (2006) : La production écrite, Coll.DLE. Paris, Clé International.
Voir : CONNOR 1987, HALL 1990, SILVA 1992, WOODLEY 1985.
5
L’approche actionnelle identifie les usagers d'une langue comme « acteurs
sociaux ayant à accomplir des tâches [...] dans des circonstances et un environnement
donnés, à l'intérieur d'un domaine d'action particulier » (CECR, p.15).
« Est définie comme tâche toute visée actionnelle que l'acteur se représente comme
devant parvenir à un résultat donné en fonction d'un problème à résoudre, d'une
obligation à remplir, d'un but qu'on s'est fixé » (ibid., p.16)
D’après Goullier, on ne peut parler de tâche que si l'action est motivée par un
objectif ou un besoin, personnel ou suscité par la situation d'apprentissage, et si
cette action mène à un résultat identifiable. (GOULLIER : 2005, p. 21)
Dans les pages qui suivent, nous essayons d’appliquer cette notion de tâche
pour la réalisation d’un projet d’écriture de textes poétiques en classe de Fle.
La rédaction d’un Haïku, d’un Tanka, d’un acrostiche ou d’un calligramme nous
semblent
de
beaux
exemples
de
cette
application
de
par
leur
nature
typographique et leur accessibilité (longueur limitée, structures syntaxiques
assez simples, pratiques amusantes et motivationnelles, etc.…).
Pour y parvenir, nous avons confié aux apprenants la Tâche principale suivante :
Participer à un concours de poésie destiné aux apprenants de Fle

Comment procéder ?
Dès le début, nous avons orienté notre projet vers l’approche actionnelle qui
doit mener à une stratégie innovatrice et à une définition d’un enjeu différent
d’enseignement ; celui d’établir des conditions favorisant la responsabilision de
l’étudiant au niveau de son perfectionnement linguistique et extralinguistique.
Pour se faire, les participants devront accomplir des tâches ayant des objectifs
précis qui les impliquent directement dans l’opération de l’apprentissage.
Dans un premier temps, nous avons lancé un appel à participation aux étudiants
des 5ème ; 6ème et 7ème semestres (l’équivalent du niveau B selon l’échelle des
niveaux de compétences du CECR). 16 étudiants intéressés y ont répondu.
C’est alors que nous avons organisé des séances pour l’apprentissage de
6
quelques règles de rédaction poétique. Des explications supplémentaires ont été
fournies aux participants par courriel ou par des rencontres individuelles.

Première séance
Objectifs :
- découvrir les formes poétiques
- connaître quelques notions du langage de la poésie
Support : textes choisis représentant plusieurs formes poétiques (doc.1) + (doc.2-a)
Durée prévue : une heure et demie
Déroulement : après avoir introduit le sujet du concours et parlé de l’importance de l’agir
social et culturel, l’enseignant demande aux participants de dire s’il y a des différences
ou des ressemblances dans les textes puis il essaie d’expliquer brièvement leur structure
(forme). Il distribue ensuite un document (doc.2-a) et écrit au tableau la consigne
suivante :
Consigne :
Remplissez les cases en vous aidant des encyclopédies et dictionnaires
électroniques ou en papier.
Mode de travail : 4 groupes de quatre participants
(Si un participant ne comprend pas certains points de ce tableau, l’enseignant lance une
discussion pour l’aider à résoudre ses problèmes. On peut également remplir en commun
une des cases comme modèle.)

Deuxième séance :
Objectifs :
- Savoir employer le lexique de la poésie
- S’entraîner à la lecture des textes poétiques (la récitation).
Support : (doc.2-b)
7
Durée prévue : une heure et demie
Déroulement :
- mise en commun des informations rapportées par les apprenants ;
- écrire au tableau les formes poétiques sur lesquelles on va travailler.
- lire et faire lire quelques poèmes de formes différentes et demander à la classe de
deviner leur forme et de parler de leur structure.
Troisième séance :

Objectifs :
-
Savoir appliquer les règles de l’écriture poétique
-
- production collectives de textes poétiques
Supports : un dictionnaire unilingue (Petit Robert ou Larousse)
Durée prévue : deux heures
Déroulement :
1.
Se mettre en groupe de 4 personnes ;
2.
demander aux participants de trouver des noms et des adjectifs et d’en faire un
tableau de deux colonnes ;
3.
associer chaque nom trouvé à un adjectif ;
4.
mettre en commun le vocabulaire trouvé ;
5.
noter au tableau le maximum de mots possibles en établissant des listes
réparties thématiquement ;
6.
demander à chaque groupe de participants d’écrire un haïku ou un tanka selon
les règles apprises et en utilisant les mots écrits au tableau ;
7.
mettre en commun les premières productions en les écrivant aussi au tableau ;
8.
chaque groupe désigne un de ses membres pour lire à haute voix le morceau
produit ;
9.
demander à toute la classe si le sens du message à communiquer est clair ;
8
corriger ensuite, toujours en commun, les règles de la versification (le
10.
découpage syllabique, la disposition des rimes) ainsi que les erreurs syntaxiques,
lexicales puis orthographiques.5
11.
L’enseignant rédige au tableau la nouvelle tâche secondaire représentée par les
consignes suivantes :
Consignes
Gr.1 : Rédigez selon les règles apprises des Haïkus pour enregistrer le moment vécu,
son journal intime quotidien, des souvenirs, etc.
Gr.2 : Complétez les haïkus produits par le Gr.1 pour avoir des Tankas.
Gr.3 : A partir des thèmes des textes poétiques produits par les groupes 1 et 2, rédigez
des Acrostiches (le thème du poème se lit verticalement).
Gr.4 : Rédigez des poèmes en Calligramme (les jeux de l’art et de la poésie) en vous
inspirants des modèles étudiés.
Mode de travail : par groupe de 4 étudiants.

Quatrième séance :
Objectifs : - savoir évaluer les formes poétiques apprises
-
S’entrainer à réviser et à améliorer le poème de la classe
Supports : textes produits par les participants
Durée prévue : une heure et demie
Déroulement :
1. mise en commun des textes rédigés,
2. discussion sur la cohérence textuelle et les erreurs de langues,
Voir : CORNAIRE, C. et ali. (2006) : La production écrite, Coll.DLE. Paris, Clé International.
p.61.
5
9
3. travail de substitution des formes à problème,
4. relecture du poème corrigé.
5. A la fin de la séance, l’enseignant distribue un document (doc.3) et explique une
nouvelle tâche secondaire en fonction des consignes suivantes :
Consignes
Pour vous familiariser aux modalités relatives à la participation aux concours de poésie
comme celui qui a été lancé par l’AUF (l’Agence Universitaire de la Francophonie),
composez un sizain, c’est à dire un poème de six vers. Toutes les histoires, les
thèmes sont autorisés. Respectez seulement les limites de la longueur et de la syntaxe.
Voici les règles à respecter :
1. Le temps utilisé dans le poème est le présent.
2. Les rimes se suivent dans l’ordre ababcc, c’est-à-dire :
Vers
Vers
Vers
Vers
1
2
3
4
:
:
:
:
a
b
a
b
Vers 5 : c
Vers 6 : c
3. Le rythme est un octosyllabe [huit syllabes pour chaque vers].
4. La syntaxe qui organise le poème et la suivante :
Vers
Vers
Vers
Vers
Vers
Vers
1
2
3
4
5
6
:
:
:
:
:
:
Quand + proposition circonstancielle de temps complète et cohérente
Fin de la phrase, proposition syntaxiquement complète
Phrase syntaxiquement complète
Phrase syntaxiquement complète commençant par et
Question
Réponse [ne commençant ni par oui, ni par non]6
N.B. : Pour plus d’information, lisez les règles présentées par l’Atelier universitaire
d’écriture électronique : http://www.atelier-oulipo.auf.org/2004/regle-3.html
Mode de travail : individuellement ou par groupes.

Cinquième séance :
Mille Milliards de poèmes francophones. Atelier universitaire d’écriture électronique (dans
la perspective du sommet de Ouagadougou) : www.atelier-oulipo.auf.org
6
10
Objectifs : - participer aux concours de poésie (agir social et culturel)
Supports
:- l’appel de l’Atelier universitaire d’écriture électronique (dans la
perspective du Sommet de Ouagadougou) (Doc.5 : le journal de l’AUF)
- textes produits par les participants
Durée prévue : une heure et demie
Déroulement :
1. mise en commun des textes produits
2. lecture, révision, correction et mise en page finale des textes produits pour
pouvoir les publier sur internet.
Tout au long du déroulement de ces séances, l’enseignant essaie de
vérifier l’utilisation de la terminologie du langage poétique dont à titre
d’exemple : les rimes (riche, suffisante ou pauvre) ; les pieds (syllabes) ; les
strophes (sizain, quintil, quatrain, tercet, distique, monostique, etc.) ; les vers
(alexandrins, décasyllabes, octosyllabes, hexasyllabes, etc.). Car, une fois les
apprenants se familiarisent avec le langage poétique et ses différentes
structures, il serait, à notre avis, possible de pénétrer dans d’autres formes
d’activités motivationnelle liées à ce langage.
 La phase de production
L’idée de réaliser le présent projet est née grâce aux étudiants eux-mêmes.
En effet, un certain nombre parmi eux s’intéressent énormément à l’écriture
poétique, mais ils se heurtent à certaines difficultés, surtout linguistiques. Pour
parvenir à des phrases correctes, il y a eu au début un intense travail aux
séances de découverte et de correction, notamment en ce qui concerne le
travail sur la décomposition en syllabes, sur la syntaxe et sur les rimes. Or, les
outils mis à la disposition des apprenants des langues étrangères en général et
du Fle en particulier sont à présent riches et variés et je trouve qu’il serait bien
dommage de ne pas les utiliser au profit de l’étude de la langue et du
développement de ses propres compétences linguistiques.
11
Avec les différentes pratiques et la multiplicité des tâches confiées à l’étudiant,
ces outils deviendront vite indispensables et feront partie des habitudes de
travail des jeunes universitaires. L’un des outils importants de la création d’un
texte poétique, c’est Le dictionnaire des rimes qui est une sorte de
dictionnaire électronique tirant tout le parti possible des nouvelles technologies
de l’information. Diffusé sur internet par l’Académie d’Amiens, il peut être
consulté gratuitement et est conçu pour permettre à toute personne de
pratiquer l’écriture de la poésie. Dans la plupart des cas, l’utilisateur trouvera
sans difficulté plusieurs possibilités et il ne lui reste qu’à choisir le mot qu’il
trouve convenable, d’autant plus que les définitions de ces mots figurent sur la
même page (doc.6)7.
Une fois habitués à ce genre de supports, les participants commencent à trouver
du plaisir à remplacer des mots par des synonymes ou des antonymes, à
enlever ou à ajouter des éléments pour construire des vers compréhensibles
d’une telle ou telle longueur syllabique.
Pour diffuser leurs productions et pour se faire connaître, nos étudiants ont
rédigé le passage suivant et l’ont publié sur quelques sites internet où les
jeunes du monde entier y trouvent un moyen privilégié d’expression et de
communication.
Nous sommes un groupe de jeunes étudiant(e)s libyen(ne)s du Département
de Français à l’Université Al-Fateh de Tripoli. Nous sommes amateurs de la
langue française et nous souhaitons partager le plaisir de l’écriture avec
d’autres jeunes universitaires venus des quatre coins du monde.
Voici quelques exemples de leurs productions poétiques
Haïkus de Tripoli
Petit bouton d’or
7
http://crdp.ac-amiens.fr/cddpoise/et_pourquoi_pas/dico.php3
12
Sur ton manteau de velours
Une étoile luit.
◈◈◈◈
Sur les vitres, La pluie
Joue doucement sa symphonie.
Trictrac, Trictrac, Tric…
◈◈◈◈
Des mots fleurissants,
Pour un esprit bienveillant
Arbre verdoyant.
◈◈◈◈
Un cœur regorgeant
De beaux rêves, de vielles amours
Il verse des pleurs bouillonnants.
◈◈◈◈
J’aime les jours passés
Qui ne reviendront jamais
De vraies illusions !
◈◈◈◈
Tankas
Je l’ai vu deux fois
À l’arrêt de l’autobus
L’homme aux yeux sournois,
Qu’elles sont bizarres ses astuces !
13
Un grand acrobate chinois ?
◈◈◈◈
Dans son grand jardin
Le matin, elle surveillait
Comme un loup malin
De son coin, tout ce qu’ils faisaient :
Deux chats et un canari.
◈◈◈◈
Une mer vaste, immense,
Infinie, pleine de secrets …
Vagues ronflantes, denses
Profondeurs Illimitées …
Que veut-elle nous dévoiler ?
◈◈◈◈
Chers mis d’enfance,
Oubliez tous les chagrins
Invitez tous les bonheurs
Riez, jouez, animez
Ma vie et ma soirée
◈◈◈
Devant ta fenêtre,
Nous avons cherché
Avec les yeux de nos petits cœurs,
Les moments de ton absence
Des rêves évanouis.
◈◈◈◈
Ma blessure guérit
Mon cœur reprend ses délices
Mille fleurs, mille chandelles partagent ma joie
Que la fête recommence !
Tiens ! de nouveaux élans naissent!
◈◈◈◈
Souvenirs lointains
14
Tu te rappelles quand je t’ai vu la première fois,
Un matin frais de mai, dans la ferme des voisins ?
L’air était doux, parfumé, à l’odeur des fleurs de l’oranger.
Je te suivais partout du regard, souviens-toi !
Tu m’as offert un petit bouquet de jasmins.
C’était le coup de foudre, mon premier cadeau d’amour.
Je l’ai tenu contre mon cœur,
Je l’ai embrassé, je l’ai caché dans mes mains.
Tu m’as dit des mots doux, tu m’as prise dans tes bras.
Mes rêves émouvants d’adolescents se sont éveillés.
Rien n’était égal à ma joie.
Des secrets intimes que nous ne disons pas,
Que nous n’oublions pas, restent encore gravés en moi.
Plusieurs jours sont passés… et pourtant,
Depuis ce calme matin,
Ta voix, ton sourire fascinant
Caressent encore mes pensées et consolent mes chagrins.
◈◈◈◈
Sizains exotiques
Question troublante
Quand les lumières de la ville
Disparaissent derrière les arbustes
La lune sursaute sur mon île
Et tout s’avère fort injuste.
Faut-il douter de l’harmonie ?
Question difficile, troublante !
◈◈◈◈
Amour fou
15
Quand nous aimons quelqu’un de fou,
Une joie intense envahit l’âme.
Il nous fait vivre des moments doux.
Et il nous séduit, chère Madame.
Sans lui, la vie n'a plus aucun sens,
Il m’a offert un bonheur immense.
Vous ne serez jamais seuls
Quand vous vous sentez tellement seuls
Soyez sûrs que je suis tout près.
Les beaux souvenirs restent drôles
Et vos beaux mots me mettent en paix.
Puis-je vous oublier, chers parents ?
Je serai toujours votre confident.
Acrostiches
Tripoli, je t’aime et j’admire ton ciel étoilé.
Reine de toutes les villes,
Impossible de t’oublier, lieu où je suis née.
Pas seulement pour tes superbes plages séduisantes
Oh ! Les gens t’en veulent ma belle et pourtant
Là où ils sont,
Ils chuchotent : tu es vraiment une ville charmante.
Vers libres
Rêve doré
Autrefois...une fleur
Rêve de tout son cœur
16
D’être toute en or
Pour changer sa vie
C’était le paradis...
Bien sûr à son avis
Ma mère
Je veux te dire un seul mot
Un mot de six lettres
Je sais que ce n’est pas assez
Mais je dois le faire
Pour toi ma chère maman
Pour tout ce que tu fais
Un gros baiser.
Le revoilà !
L'hiver est revenu
La pluie tombe en averse
La brise caresse mes roses
Que je suis enchantée,
Que je suis heureuse !
Toi et moi
Nos yeux se sont croisés,
Là-bas, où je t’ai vu la première fois,
En écoutant les chants des oiseaux
Qui dansaient joyeusement autour de nous.
Tu connais l’amour ?
L’amour c’est toi et moi !
C’est notre chemin vert.
Avec toi, ma vie a changé
Avec toi, je rêve de construire ma vie
Tu m’as peint la vie en rose
Je t’aime pour tout ceci.
17
Je ne doute jamais de mon amour, pour toi.
Mon cœur le dit chaque fois : « je t’aime » !
Trop tôt
Ce n’est pas vrai. Ne me dis pas que tu pars si tôt !
Mes yeux se sont habitués à te voir, matin et soir !
Tu n’écouteras plus les chansons que nous aimons ?
Tu n’iras plus voir les fleurs que nous cultivons ?
Et pourtant, tu as raison. Je suis peut-être moins important que son argent.
Chez lui, c’est l’or, la vie chique et la belle demeure.
Mais, je suis bien ton vieil amant !...
Allons, allons ! Fais ce que tu veux.
Je crains seulement qu’un jour, tu t’ennuies et tu l’abandonnes.
Surtout, ne reviens pas ! Je ne serais plus ton amant d’autrefois.
Tous ces poèmes et bien d’autres ont été publiés sur différents sites dont :
1.
2.
3.
4.
http://www.mespoemes.net
www.jepoeme.com/
http://flecampus.ning.com/forum/topics/productions-de-textes
http://classefle1.blogspot.com/
Évaluation
L’expérience menée a eu pour objectif principal d’encourager la production de
textes poétiques par les étudiants du Département de Français. Cette
expérience nous a confirmé que ces étudiants peuvent devenir capables de
communiquer, en langue étrangère, un message intelligible, notamment en ce
qui concerne l’expression de leurs rêves, de leurs propres sentiments et de leurs
18
relations avec autrui. Il est opportun de dire ici que j’étais
surprise par la
rapidité du travail des étudiants qui y ont participé, la spontanéité de leur
réflexion et surtout le plaisir qu’ils ont éprouvé en produisant ce genre
d’écriture.
Par contre, des insuffisances linguistiques ont été présentes. En effet, à la fin
de chaque session de travail, nous avons évalué les résultats : les points faibles
ont été analysés et des mesures de correction ont été appliquées, mesures
concernant la précision lexicale, la syntaxe et les codes de la grammaire surtout
celle concernant la conjugaison, l’emploi des modes verbaux, les articles
contractés ou partitifs ainsi que les règles de versification dans certains cas.
La prise en compte de ces constatations nous ont conduit à réunir des
conditions aussi favorables que possible pour développer une stratégie plus
adaptée à la réalité de nos étudiants. Ces tentatives nous ont permis au moins
de minimiser le malaise d’avoir à s’exprimer à travers des textes poétiques en
langue
autre
que
la
leur
et
à
renforcer
une
tactique
de
révision
,
d’autocorrection et de la réflexion constructive quant à la tâche que l’on est en
train d’accomplir individuellement ou en commun.
Pour conclure, je peux dire en toute objectivité, que l’implication active à la
production de textes poétiques est un savoir-faire fonctionnel qui peut favoriser
l'apprentissage du français et améliore la communication. On a vu qu’Il est plus
facile
et
plus
rapide
de
travailler
collectivement
pour
élargir
l’horizon
linguistique, pour s’enrichir et pour se doter du culte de l’esthétique.
L’apprentissage de la simple façon de rédiger des haïkus constituent un exemple
maintes fois souligné par de nombreux animateurs des ateliers d’écriture.
Nous souhaiterions enfin que le présent projet puisse être inspirant pour
d’autres
étudiants
et
enseignants
confrontés
aux
l’enseignement/apprentissage des langues étrangères.
mêmes
enjeux
de
19
De notre part, Nous promettons aux participants de regrouper dans un recueil
toutes
leurs
productions
poétiques.
Nous
poursuivrons
également
le
développement de ce projet tant qu’il ya des étudiants intéressés et tant qu’une
volonté commune de rénover les méthodes traditionnelles existent.
Bibliographie
1. Coirier, P., D. Gaonac’h, J. M. Passerault (1996), Psycholinguistique
textuelle. Paris : Armand Colin / Masson.
2.
Conseil de L’Europe (2001), Cadre européen commun de référence pour
les langues : apprendre, enseigner, évaluer. Paris : Didier.
3.
CORNAIRE, C. et ali. (2006) : La production écrite, Coll.DLE. Paris, Clé
International.
4.
Goullier F. (2005), Les Outils Du Conseil De L'Europe En Classe De Langue
- Cadre Européen Commun Et Portfolios. Paris : Didier.
5. Richer J-J (2009), ” Lecture du Cadre : continuité ou rupture”, in
l’Approche actionnelle dans l’enseignement des langues, éditions de la
maison des langues ; Barcelone,
Sitographie
Mille Milliards de poèmes francophones. Atelier universitaire d’écriture
électronique (dans la perspective du sommet de Ouagadougou) :
www.atelier-oulipo.auf.org
•
• http://www.mespoemes.net/profle/
• www.jepoeme.com/
• http://flecampus.ning.com/forum/topics/productions-de-textes
• http://classefle1.blogspot.com/
• http://crdp.ac-amiens.fr/cddpoise/et_pourquoi_pas/dico.php3
•
www.edufle.net
20
Annexes
DOC.1
Acrostiches
Voyez comme je vous aime !
Oh ! que Diable m'emporte
Un jour, je viendrai même
Sonner à votre porte
Et partager un peu
Très peu, de vos moments
En regardant vos yeux
Si beaux et si brillants
Forts de ce petit jeu,
On ira promenant
Un soir, sous le ciel bleu.
Haïkus
Du matin au soir
Chercher quelque chose à faire
La pluie n'a cessé
Une bande d'oiseaux
S'agitent bruyamment
Dans un arbre sans feuilles
Vers libre
Si toi aussi, tu entends souvent ton cœur
parler à ta plume,
calligramme
Viens déposer tes escarpins dans l'empreinte de nos pas.
Tu pourras alors alimenter cette rivière afin qu'elle devienne un fleuve Pour y tremper notre
plume féconde.
Et cet affluent de pensées innombrables finit sa course magnifique
21
Dans un océan de lumières.
Elle devrait régir le monde sans aucune faille.
Pour que nous regardions tous dans la même direction.
C'est pour cette raison que nous aimons tant la poésie... Et les poètes !...
Doc.2 – a.
NOM ET
DEFINITION
NOMBRE DE STROPHES
TYPES DE
VERS
DISPOSITION DES RIMES
alexandrins
croisées
(12 pieds)
abab
Acrostiche :
Ballade
poème lyrique à
forme fixe
Bouts-rimés :
Calligramme :
Épigramme :
Fable :
Haïku :
Madrigal :
ODE :
Pantoum :
Rondeau :
sonnet :
Tanka :
Virelai :
3 strophes
et un envoi
22
Doc.2 – b.
Correction
NOM ET DEFINITION
Acrostiche :
poème dont la première lettre de
chaque vers, si on lit dans le sens
vertical, donne le sujet du poème, le
nom de l'auteur ou de celui à qui le
poème est destiné.
NOMBRE DE
STROPHES
une seule
strophe
Ballade
poème lyrique à forme fixe
TYPES DE VERS
libres
alexandrins
3 strophes
et d'un envoi
(12 pieds)
Bouts-rimés : rimes choisies
d'avance avec lesquelles on doit
faire une poésie dites «bout-rimé»,
sur un sujet imposé ou librement
choisi.
une seule
strophe
variable
Calligramme : un poème dont la
disposition graphique sur la page
forme un dessin, généralement en
rapport avec le sujet du texte.
---
libres
Épigramme :
petit poème satirique très bref
une seule
strophe
DISPOSITION DES RIMES
libres
croisées
abab
variable
libres
rimes plates
variable
aa bb
variable
variable
Fable :
un court récit écrit plutôt en vers
qu’en prose et ayant un but
didactique (qui cherche à instruire).
variable
Haïku :
forme poétique très codifiée d'origine
japonaise.
une seule
strophe
trois vers de 5/7/5
syllabes
libres
23
Madrigal : Compliment tendre et
galant adressé à une dame, sans
aucune loi de rime ni de rythme.
quelques vers
libres
indéterminé
octo ou
décasyllabes
(08 ou 10 pieds)
ODE :
tout poème destiné à être mis en
musique. Forme et sens très variés.
libres
rimes plates
aabb
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NOM ET DEFINITION
Rondeau :
petit poème en vogue aux XVIe et XVIIe siècle, il
n'a jamais été totalement abandonné.
NOMBRE DE
STROPHES
trois strophes (5/3/5
ou 4/2/4 vers) avec un
refrain à la fin des
strophes 2 et 3
TYPES DE VERS
DISPOSITION DES
RIMES
deux rimes plates
aabb
13 vers
Pantoum :
rimes croisées
poème à forme fixe emprunté à la poésie
Malaise introduite en France par Victor Hugo
(Les Orientales)
sonnet :
plusieurs quatrains
4 strophes
petite chanson de deux quatrains + un sizain (ou
deux tercets)
Tanka : un poème japonais sans rimes, de 31
syllabes sur cinq lignes
un haïku + deux vers
de 7 syllabes
Virelai : petite pièce en vers courts, sur deux
rimes, et commençant par
nombre variable de
strophes à
octosyllabes ou
décasyllabes
abab bcbc cdcd dede
eaea
alexandrins (12
pieds) ou en vers
décasyllabiques (10
pieds)
Sonnet français : abba
abba ccd ede Sonnet
italien : abba abba cde
cde ou cdc cdc ou cde
dce
Sonnet
anglais ou
shakespearien : abba
abba cdcd ee
variable
libres
variable
4 vers de deux rimes
les 2 premiers vers se
répètent dans les
autres couplets.
DOC.3
Consignes : Pour vous familiariser aux modalités relatives à la participation aux concours de
poésie comme celui qui a été lancé par l’AUF (l’Agence Universitaire de la Francophonie),
composez un sizain, c’est à dire un poème de six vers. Toutes les histoires, les thèmes sont
autorisés. Respectez seulement les limites de la longueur et de la syntaxe.
Voici les règles à respecter :
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1. Le temps utilisé dans le poème est le présent.
2. Les rimes se suivent dans l’ordre ababcc, c’est-à-dire :
Vers 1 : a
Vers 2 : b
Vers 3 : a
Vers 4 : b
Vers 5 : c
Vers 6 : c
3. Le rythme est un octosyllabe [huit syllabes pour chaque vers].
4. La syntaxe qui organise le poème et la suivante :
Vers 1 : Quand + proposition circonstancielle de temps complète et cohérente
Vers 2 : Fin de la phrase, proposition syntaxiquement complète
Vers 3 : Phrase syntaxiquement complète
Vers 4 : Phrase syntaxiquement complète commençant par et
Vers 5 : Question
Vers 6 : Réponse [ne commençant ni par oui, ni par non]8
N.B. : Pour plus d’information, lisez les règles présentées par l’Atelier universitaire d’écriture électronique :
http://www.atelier-oulipo.auf.org/2004/regle-3.html
Mode de travail : individuellement ou par groupes.
Mille Milliards de poèmes francophones. Atelier universitaire d’écriture électronique (dans la
perspective du sommet de Ouagadougou) : www.atelier-oulipo.auf.org
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