Le mystère de la résurrection du Christ, originalité absolue du
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Le mystère de la résurrection du Christ, originalité absolue du
Le christianismeest-il crédible ? Apologétique,8 (7 décembre2010) Le mystèrede la résurrection du Christ, originalité absoluedu christianisme f. La vie glorieusedu Christ A. La première résurrection parfaite. Le Christ est le premier à avoir vécu une vraie et parfaite résurrection(nm 15,20),secouanttotalementle joug de la mort, libéré non seulement de la nécessitémais même de la possibilité de mourir, que gardait Adam avant son péché.I1 ne revient pas à la vie ordinaire des hommes (#Lazare), mais entre dans une vie immortelle et conformeà Dieu: < la mort n'exerceplus de pouvoir sur lui, [...] sa vie est une vie à Dieu > (Rm6, 9). Sa résurrectiondiffere de toutes les autres quant à : sa cause (librement par sapropre vertu, Jn 10, l8) ; son terme (la gloire) ; son efficace (causecelle de tous les hommes,exemplairede celle des élus) ; son moment (le 3' jour, bibliquementune période très courte : prouver la mort, conforter la foi). B. Une création nouvelle. Corps et âme du Christ dansla mort ne sont pas séparésde la divinité. < Au titre de la divinité qui lui était unie, le corps du Christ a repris l'âme qu'il avait déposée,et son âme a repris le corps qu'elle avait quitté >>(S. Thomas,5T,3, 53,4).< Dans la Résurrection[...] les trois Personnesdivines à la fois agissentensembleet manifestentleur originalité propre. Elle s'est fait par la puissancedu Père qui a ressuscité(ec 2,24) le Christ, son Fils, et a de cette façon introduit de manière parfaite son humanité - avec son corps dansla Trinité. Jésusest définitivementrévélé"Fils de Dieu avecpuissanceselonI'Esprit, par sa résurrectiond'entre les morts" (Rm1,4).S. Paul insistesur la manifestationde la puissance de Dieu par l'æuvre de I'Esprit qui a vivifié l'humanité morte de Jésuset I'a appeléeà l'état glorieux de Seigneur>>(Cate.EgliseCatholique,643). Ce baiser ineffable est comme une nouvelle (rs2,7), naissance une sorte d'acte recréateurqui fait entrer dansun nouvel ordre de choses, l'ouverture des temps eschatologiques du triomphe de Dieu. <<Lafoi en la résurrectionde Jésusest une confessionde I'existenceréelle de Dieu et une confessionde son acte créateur, du Oui incondttionnelpar lequel Dieu se situe face à la création,à la matière.La parole de Dieu pénètrevéritablementjusqu'aux profondeursdu corps > (J.Ratzinger, Le Ressuscité). C. Le corps de gloire du ressuscité... et le nôtre. < Le Seigneur Jésus Christ transfigureranotre corps de misèrepour le confonner à son corps de gloire > (ptr3,2t). < Ce - ce n'est pas le corpsà venir, mais un simple grain, que tu sèmes- dit S. Paul (t co 15,37-44) soit de blé, soit de quelqueautreplante.[...] Ainsi en va-t-il de la résurrectiondesmorts : on est semé dans la on ressuscite dansl'incomrptibilité; [s. rnomas, SCG,4,86: Le par point perfection, corps sera amené l'âme à et son de comrption... proportionnellementà l'âme, sera exempt de toute difformité et de tout désagrément.(Les élus) useront de leur senspour leur plaisir, en tout ce qui est compatibleavec l'état d'incomrption.] on est semé l'ignominie... on est semé faiblesse... dans dans on ressuscite dans la gloire ; [far une certaineredondancede l'âme sur le co{ps,le corpsserarevêtuà sa manièrede la lumièrede gloire; notrecorps,maintenant opaque,seraalorslumineux.] la on ressuscite dans la force ; fNous éprouvons I'infirmité dans notre corps, en ce qu'il est incapable de satisfaire les désirs de l'âme pour les mouvements et actions que l'âme commande; alors le corps obéiraau doigt et à l'æil (ad nutum) à I'esprit.] on est semé corps animal (ou on ressuscitecorps spirituel (ou pneumatique)>. [Non qu'il psychique)... seraun esprit, mais parce qu'il seratotalementsoumis à I'esprit, comme maintenantnotre corps est dit animal, non qu'il soit une âme, mais parce qu'il est soumisaux passionsde l'âme et a besoind'aliments.] Corps psychique: organe de l'âme, formé par et pour elle ; I'esprit y est en partie dépendantde la matière. Corps pneumatique : sous la totale emprise de l'esprit humain, luimême dominé par l'Esprit de Dieu, qui I'informe de sa vie surnaturelle, coûlme l'âme le pénètredans sa vie sensible. qu'ilsont Dans ce changement,l'idenfift est conservée(< Tousressusciteront avecle propreÇorps >, ConciledeLatranIV) : < Il faut que cet être comrptible revête l'incomrptibilité, que maintenant cet êtremortel revêtel'immortalité.[...] Alors s'accomplirala parolequi est écrite(tszs,s) : "La mort aété engloutiedansla victoire" )) (t co 15,53-54). <Nous savonsen effet que si cette tente notre maisonterrestre vient à être détruite,nous avonsun édifice qui est l'æuvre de Dieu, une maison éternelle qui n'est pas faite de main d'homme, dans les cieux. Aussi gémissons-nousdans cet état, ardemment désireux de revêtir par-dessusI'autre, notre habitationcéleste[...] afin que ce qui estmortel soit engloutipar la vie. > (z co 5, t-4). II. Y a-t-il l'équivalent ailleurs ? A. Mythes paiienset réincarnation. On a évoqué la < très vieille histoire du dieu qui meurt et ressuscite> (Osiris,Dionysos, Adonis-Talrunouz, Attis).Mais, outre que I'on a plaquédes schémaschrétiens(passion-résurrection), la contradiction éclateentre : d'une part,le contenu et la forme de ces mythes aux contours vagues; et d'autre part, la précision factuelle des évangiles et la doctrine de mort rédemptriced'un Dieu conduisantses fidèles à la vie éternelle.Il s'agit de demi-dieux saisonniersde la végétationet du culte de la puissance génératnce,où la premièreplace revient à la femme. Dans les mystèrespai'ens,I'essentielest une conception matérialiste et magique du rite qui assure automatiquementla survie de I'initié. La réincarnation(hindouisme, bouddhisme, Pythagore, Platon, spiritisme, théosophie) supposele mépris de la matière, etlou une conceptionmétaphysiqueerronéede l'être fini (parcelle del'Etre divin)et de la personne(illusioncréeparle désir).Elle repoussesansrésoudrele problèmede la rétribution, et ne présentepas de doctrine de salut (delapersonne etdumondedistinctdeDieu). B. Le seul <<salut total >>: la résurrection des morts. <<La résurrectiondes morts est la foi spécifiquedes chrétiens) (S.Augustin). <<Le christianismeseul a osé placer le corps dans les profondeurs les plus cachéesde Dieu > (n. Guardini,Le Seigneur).La mort, catastrophe métaptrysique,s'attaqueà ia substancemême de l'être hurnain, qui comporte ia matière dans Son essence (être-mort,c'est n'avoir plus sa raison d'être, ne plus exister comme personne),elle atteint I'homme comme le malheursuprême,et suggèreque la natureest atteinted'une peine,ce que nous savonspat la foi. (SCC,4,52:<On peutestimer probablement, assez étantsupposé la providence divine, que Dieu avait joint [à I'origine] la nature supérieureà I'inférieure pour qu'il la domine >). La raison peut constaterque le christianisme a les proportions d'une entreprisequi se donne comme affrontée au mal entier, mort comprise. Il est le seul qui se soit donné pour objectif le triomphe à remportersur le mal et la mort, au bénéficede tous (ue t, l0-lo). Jésus se fait solidairedes hommesdansleur nature(épousant ainsila cause dela morr): la mort frappe en lui un innocentà la natureintègre: elle a tort ! C'estpourquoi il ressuscite,ramenantavec lui ceux qu'il a trouvés en bas dans la mort. Adhérer à lui par le baptêmedans I'Eglise, c'est épousersa cause,mourir de telle sorte que la mort expie, et resurgir dans la vie. Seule la foi nous convainc que la résurrectiondu Christ procure I'abolition radicale du malheur, mais la raison peut admirer I'intelligibilité du plan de salut. <<Hors de cettehypothèse,rien en tous cas n'apparaithistoriquementqui soit à la mesuredu mal, capablede nous sauver.L'homme est à jamais perdu,s'il n'y a pas,présenteà sa vie déjà,une raisoninédite et inouïe de mourir qui est aussiune raison de resurgir> (Gaboriau, ltlouv. Initiation Philosophique,Y,2l0): le caractère baptismal nous fait maintenantparticiper à ce que Jésus est: Verbe fait chair [incarnation], hommejusqu'à la mort [rédemption], donnantI'Esprit qui renouvellel'univers frésurrection]. La résurrectiondes corps est I'axe qui permet de donner à la béatitudefinale des hommes sauvésun caractèreglobal, avec le principe patristique : <<tout ce qui est assumé(par le Christ et les saints dans la charité) est sauvé>>.Les élémentsspirituels (connaissancede la vérité, amitié, éternité) illuminent les éléments moraux (art, vertu, honneur), qui vivifient les élémentsmatériels(corps glorieux dansle cosmostransfiguré).