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Chauveau, Sophie: Rezension über: Sébastien Dalgalarrondo, Sida,
la course aux molécules, Paris: Éditions de l'École des Hautes
Études en Sciences Sociales, 2004, in: Annales, 2007, 2 Médecine/Santé, S. 486-487, heruntergeladen über recensio.net
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Didier Fassin
et Dominique Memmi (dir.)
Le gouvernement des corps
Paris, Éditions de l’EHESS,
« Cas de figure », 2004, 274 p.
Sébastien Dalgalarrondo
Sida, la course aux molécules
Paris, Éditions de l’EHESS,
« Cas de figure », 2004, 382 p.
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Publiés dans la même collection, l’ouvrage collectif dirigé par Didier Fassin et Dominique
Memmi et le livre que Sébastien Dalgalarrondo
a tiré de sa thèse donnent à lire les orientations
des recherches menées en sciences sociales
depuis une dizaine d’années autour des usages
du corps et de la gestion des épidémies contemporaines. Ils témoignent, chacun à leur manière,
de la diversité des problématiques, qui puisent
autant chez Michel Foucault, Claudine Herzlich
ou encore Luc Bolstanski, pour les premiers,
que chez les sociologues des organisations et
de la décision, pour le second.
Le gouvernement des corps rassemble plusieurs
contributions issues d’un colloque organisé à
Paris en 2001. L’assemblage de ces textes est
parfois surprenant : il s’agit de la réunion, d’une
part, de travaux qui relèvent d’une sociologie de
la santé, depuis l’éducation à la santé jusqu’aux
soins aux détenus et, d’autre part, d’articles
témoins de la manière dont la sociologie ou
la science politique s’emparent de débats de
société : la prostitution, la sexualité « légitime » ou encore ces cas d’exclusion que sont
les sans-papiers et les chômeurs. Ce choix est
justifié en introduction, où les auteurs rappellent comment le corps a été construit comme
objet d’étude par les sciences sociales. Ils
expliquent la façon dont la notion de gouvernement s’est imposée pour désigner un ensemble
de pratiques qui ne sont pas seulement
celles de l’État mais aussi celles des individus.
Enfin, ils soulignent que le gouvernement des
corps ne se limite pas au seul champ de la
santé, mais tend à en déborder de plus en plus.
Au-delà de ces perspectives communes,
chacune des contributions est riche d’enseignements. Luc Berlivet analyse les différents
âges des campagnes de prévention contre le
tabagisme et l’alcoolisme, de la dénonciation
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des fléaux sociaux à l’information sur les
risques pour la santé, en montrant le rôle des
psychosociologues. Il décrit un retour plus
récent vers l’individu et explique la genèse du
discours selon lequel l’individu s’épanouit en
renonçant à des comportements à risques.
Alain Giami s’interroge sur les formes de la
médicalisation de la sexualité à travers l’exemple
du Viagra®. Il montre comment a été érigé en
maladie le dysfonctionnement érectile, puis
revient sur le débat autour des prescriptions et
du remboursement du Viagra® par la Sécurité
sociale. La médicalisation de la sexualité apparaît aussi comme le résultat d’un rapport de
forces entre le corps médical, les laboratoires
pharmaceutiques et les pouvoirs publics.
Martine Bungener évoque le cas particulier
des soins à domicile pour les personnes âgées
et dépendantes. Elle montre en particulier
l’intrication entre soins effectués par des profanes et par des professionnels, et l’absence
de coordination entre ces pratiques, rendant
encore plus complexe la gestion de la vieillesse. D. Memmi revient sur les techniques
de procréation assistée et sur l’avortement,
et s’attache aux échanges entre médecins et
patients au moment de la prise de décision. Elle
insiste en particulier sur la convocation et la
sélection de certaines images du corps pour
guider les choix. Lilian Mathieu étudie les
controverses les plus récentes autour des
politiques de répression de la prostitution et
les contradictions entre les différentes interventions sociales et policières, témoignant de
la difficulté à adopter un discours et une pratique univoques. Daniel Borrillo analyse la
législation relative au PACS et montre comment
le droit français définit une norme conjugale
et sexuelle. Marc Bessin et Marie-Hélène
Lechien décrivent les pratiques sanitaires en
prison et montrent comment la loi de 1994 a
renforcé le dispositif de soins tout en introduisant de nouvelles formes de délégation. Mais
ils soulignent aussi l’influence de la détérioration de la condition pénitentiaire sur la gestion
de la santé en prison. Enfin, D. Fassin analyse
la mise en scène et le discours sur le corps souffrant comme arguments des suppliques adressées par des sans-papiers et des chômeurs pour
obtenir des droits. Ces exemples d’une gestion
et d’une instrumentalisation des corps dans
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nos sociétés contemporaines incitent bien sûr
à la réflexion sur les usages politiques du corps.
Le sida a obligé les individus à repenser les
usages de leur corps. La pandémie est aussi à
l’origine de mobilisations inédites de malades
pour obtenir l’accès aux soins. S. Dalgalarrondo
retrace l’histoire des traitements du sida en
suivant leur parcours au sein des laboratoires,
l’enrôlement dans les essais cliniques, et explore
les relations complexes entre cliniciens, laboratoires, associations de malades et pouvoirs
publics. Le point de vue adopté est original, car
il s’agit de suivre le médicament et non les
modalités d’une politique de recherche ou
d’une mobilisation de malades et de médecins.
Le choix du sida s’imposait pour cet essai
de sociologie du médicament. En outre, la
recherche médicale sur le VIH est particulièrement active, très encadrée en France, et elle
a généré de nombreux essais, faute de traitement efficace. L’auteur se propose d’explorer
le monde de la recherche clinique et de ses
acteurs : les laboratoires pharmaceutiques,
qui s’incarnent ici dans les filiales françaises
d’entreprises étrangères, les scientifiques, les
pouvoirs publics et, enfin, les associations de
malades. Si l’activisme de ces dernières est
assez bien connu, par les travaux de Steven
Epstein, Janine Barbot et Nicolas Dodier,
S. Dalgalarrondo fait l’hypothèse d’une instrumentalisation de ces associations par les laboratoires eux-mêmes.
L’ouvrage suit un plan chronologique. Les
années 1986-1993 sont marquées par l’organisation d’une recherche contre le sida en
France, les premiers essais et la confrontation
entre les cliniciens et les laboratoires et enfin
la constitution du regroupement d’associations
de malades du sida, plus connu sous les initiales de TRT-5. Les années 1993-1995 sont
dominées par les bithérapies. Les relations
entre entreprises et ANRS sont plus difficiles,
l’ANRS prétendant au statut d’agence de
recherche clinique, tandis que le milieu associatif doit faire face à l’arrivée de nouveaux
traitements. À partir de 1996, les dynamiques
se modifient au profit des industriels, avec
l’essai d’un inhibiteur de la protéase et la
construction d’une relation originale avec les
associations de malades, pour l’obtention
d’une mise sur le marché provisoire, tandis que
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le tirage au sort des participants aux essais
suscite des débats. Enfin S. Dalgalarrondo
souligne le caractère provisoire de ces configurations : au-delà de la normalisation du sida, la
mobilisation des associations de malades n’est
pas figée dans une attitude d’interpellation
des pouvoirs publics ou des industriels, dans
la mesure où ces « malades en mouvement »
sont eux-mêmes pris dans un jeu d’acteurs
sociaux.
L’ouvrage de S. Dalgalarrondo n’est pas
seulement un livre sur le sida. Il ouvre d’autres
perspectives de réflexion tant sur la genèse des
médicaments que sur l’histoire et la sociologie des industriels de la pharmacie et des
institutions en charge de la santé, offrant une
approche stimulante et complémentaire à
d’autres travaux, sur le même sujet, en histoire
économique ou en histoire des sciences.
SOPHIE CHAUVEAU
Didier Fassin (éd.)
Afflictions. L’Afrique du Sud,
de l’apartheid au sida
Paris, Karthala, 2004, 299 p.
Dans le domaine du sida, l’Afrique du Sud
semble être le pays de tous les superlatifs :
vitesse de progression de la prévalence du
VIH/sida la plus importante (passée de 1 % au
début des années 1990 à 33 % dans certaines
régions aujourd’hui) ; un des pays comptant le
plus grand nombre de personnes séropositives ; un des derniers États où le président
a contesté le lien entre le virus, le mode de
transmission hétérosexuelle de la maladie et
l’épidémie ; pays aussi de toutes les inégalités,
en particulier « raciales », issues de l’apartheid,
et aussi de toutes les violences (240 viols pour
100 000 femmes selon des statistiques officielles). Mais, paradoxalement, il est aussi sans
doute le pays le plus emblématique de l’engagement en faveur de la lutte contre le VIH/
sida : premier pays africain où s’est tenue la
Conférence internationale sur le sida ; pays où
fut annoncée la baisse très importante du coût
des traitements antirétroviraux et où les laboratoires pharmaceutiques accusés de pratiquer
des tarifs prohibitifs échappèrent de justesse
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