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Economie
L'Alsace, 12.10.16
M E R C R E D I 1 2 O C T O B R E 2 0 1 6
L'ALSACE
ENVIRONNEMENT
TRANSPORTS
Le supermarché qui consomme l’énergie qu’il produit
Restaurer la voie fluviale
de Strasbourg
La nouvelle centrale photovoltaïque en autoconsommation du Super U de Wittelsheim est sans doute l’une des
plus grandes de France. Elle a été inaugurée hier.
Séverine Depond-Roth
Le supermarché de Wittelsheim a
fait d’une pierre deux coups. Il a
d’abord construit deux parkings
couverts - des carports - d’une
capacité d’environ 150 places,
pour protéger ses clients en cas
de pluie ou de canicule. Un service en plus que les gérants Daniel
et Pascale Corradi, père et fille,
voulaient offrir depuis longtemps
à leur clientèle. Le magasin s’est
doté par la même occasion d’une
centrale solaire photovoltaïque
en autoconsommation en installant 1008 panneaux solaires sur
les carports. Une étape menée
dans le cadre d’une démarche
globale de l’enseigne, qui passe
notamment à l’éclairage à Led.
17 % des besoins
du magasin couverts
Construite en huit semaines au
printemps dernier, la centrale a
été inaugurée hier. Avec une pro-
L’éclairage à Led du magasin.
Photo L’Alsace
Geneviève Daune-Anglard
Elle avait été construite à la fin du
XIXe siècle, au niveau de l’écluse A
de la Petite France, au cœur de Strasbourg. D’une longueur de 31
m et réservée aux piétons, cette passerelle enjambe la rivière canalisée de l’Ill entre l’écluse et la rive
gauche et relie la place BenjaminZix au quai de l’Ill. Cependant, en
raison de sa vétusté, cette passerelle avait été fermée au public fin novembre 2014.
reconstruction seront acheminés
par barge. Une organisation identique sera utilisée pour le futur chantier des quais, l’été prochain (L’Alsace d’hier), où une plate-forme de chargement et déchargement sera mise en place quai des
Pêcheurs, et plus tard pour ceux de
la Manufacture des tabacs et des
Bains municipaux. «Si cette logistique de chantier fonctionne, poursuit le technicien de VNF, le système
pourrait être étendu aux livraisons.»
Partenariat VNF, Ville et Eurométropole
Les deux ombrières du magasin servent de structures porteuses à 1008 panneaux solaires. Photos L’Alsace/Thierry Gachon
duction de 268 000 kwh par an,
elle joue dans la cour des grands
au niveau national. « 98 % de
l’énergie est instantanément absorbée par le magasin. 17 % des
besoins annuels du magasin en
électricité sont couverts», résume Philippe Soret, cogérant,
avec Pascal Tran, de la PME
Rixheimoise Electro concept
énergie (ECE), qui a mené le
projet à bien.
Car une centrale photovoltaïque
est dite en autoconsommation
lorsqu’elle alimente directement
l’établissement équipé. « Les premiers chiffres sont très encourageants, poursuit Philippe Soret.
Depuis la mise en service en
juillet, un tiers des besoins du
magasin sont fournis par le solaire ».
Le taux d’ensoleillement est déterminant. Les mois d’août et de
septembre ont été des mois particulièrement ensoleillés, d’où ces
bons chiffres. En début et en fin
de journée, la production solaire
ne contribue qu’à 3 ou 4 % de la
consommation. Mais elle couvre
l’essentiel des besoins lorsque le
soleil est au zénith.
Le photovoltaïque en autoconsommation permet évidemment
de réduire la facture d’électricité,
mais aussi, comme le souhaitent
les gérants du Super U, de réduire l’impact environnemental.
La centrale de Wittelsheim a
donc été dimensionnée pour optimiser le taux d’autoconsommation en limitant les pertes
d’énergie : celles-ci sont estimées
L’autoconsommation a le vent en poupe
Les nouveaux congélateurs alimentés
en partie par la centrale. Photo L’Alsace
Le démontage d’une passerelle piéton à la Petite France est l’occasion de redonner de l’importance aux transports
par barge dans l’agglomération strasbourgeoise.
L’installation wittelsheimoise illustre le virage du solaire en France. « Les pouvoirs publics encouragent l’autoconsommation, soit une production injectée directement dans le bâtiment équipé, sans stockage », précise Philippe Soret. Avec Pascal Tran,
il est le cogérant de la PME Electro concept Énergie (ECE) de Rixheim. Cette entreprise fondée en 2004 s’est spécialisée, dès janvier 2008, dans le photovoltaïque. Les différents métiers
(électricité, couverture, zinguerie…) sont réunis pour offrir un seul interlocuteur aux clients, sans sous-traitant. La société emploie dix salariés et a raccordé plus de 500 installations photovoltaïques pour particuliers et professionnels, soit 120 000 m² de champs solaires.
à 2 %. Une belle performance.
« Le solaire est l’énergie la moins
chère et la plus abondante, mais
par intermittence, explique Philippe Soret. Et on ne sait pas
encore la stocker. Donc la puissance photovoltaïque du magasin doit couvrir un maximum de
besoins en limitant les pertes. »
Des prises pour les
voitures électriques
Toujours pour limiter les déperditions d’énergie, il est prévu d’installer, d’ici quelques semaines,
quatre points de charge de véhicules électriques sous les carports.
Une concertation est en cours depuis deux ou trois ans avec la ChamHier, la passerelle a commencé à bre de commerce et d’industrie, les
être démontée par VNF (Voies navi- transporteurs et La Poste pour voir
gables de France) et les morceaux ce qui est possible à Strasbourg. Car
transportés par barge. «Nous la situation devient de plus en plus
n’avons que trois jours pour faire la critique dans le centre et l’hyperdépose, explique Jérémie Leymarie, centre quand le matin, des centaichef de l’unité territoriale Centre-Al- nes de camions de livraison sace à VNF. La première partie de la circulent et stationnent dans les
passerelle a été enlevée à 8 h 30.»
rues piétonnes, bien au-delà souvent de l’heure légale de 11 h, renSi VNF assure le démontage de dant la cohabitation avec les
l’ouvrage, la Ville de Strasbourg est touristes piétons très difficile.
chargée de la reconstruction en début d’année prochaine, dans le caLe dernier kilomètre
dre d’une convention de
en triporteur
financement à parité.
«Les marchandises pourraient être
Mais ce partenariat va au-delà de la acheminées par bateau en ville,
passerelle et englobe aussi l’Euro- puis le dernier kilomètre serait fait
métropole. «Il s’agit de cerner l’en- en triporteur électrique», indique
semble des enjeux liés aux voies de son côté Jean-Baptiste Gernet,
d’eau sur l’ensemble du territoire nouvel adjoint au maire aux Déplaeurométropolitain, poursuit Jéré- cements, aménagements innomie Leymarie. Avec comme objectif vants, logistique urbaine et vie
de baisser le trafic des poids lourds fluviale. Une barge correspondant à
vers et hors du centre-ville». Notam- trois ou quatre poids lourds, la Ville
ment au travers de ce chantier où voit le gain possible pour le trafic
les matériaux de destruction et de camions dans Strasbourg...
Le coût de l’installation photovoltaïque est de 369 000 €, sans
compter la structure des carports, d’un montant de
210 000 €. La région et l’Ademe
(Agence de l’environnement et
de la maîtrise de l’énergie) ont
versé 125 000 € de subventions.
« Avec les économies réalisées en
électricité, la balance est positive
dès la première année, assure
Philippe Soret qui défend un investissement à long terme. Le
prix de l’électricité est encore bas
en France par rapport aux autres
pays, mais une hausse de 50 %
d’ici 2020 est annoncée ». La
structure, elle, est conçue pour
durer 30 ans.
IRE02
Le démontage de la passerelle sur l’écluse A de la Petite France a commencé.
Photo l’Alsace/Dominique Gutekunst