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Seconde partie : Introduction et chapitres 5 à 9
Dissertation : Le « marginalisme » constitue t’il à proprement parler une Ecole ?
Plan :
Introduction : Ecole ou mouvement historique ?
1- Précurseurs ou émergence de l’économie mathématique
11- Le rôle des progrès mathématiques
12- Les lois économiques et mathématiques de l’échange chez les précurseurs
13- L’invention de l’économie mathématique : A.A Cournot
2- Fondements
21- La révolution marginaliste et ses trois Ecoles : Lausanne, Londres-Cambridge-Oxford,
et Vienne
a) Les pères
b) Fondements communs
22- Léon Walras et l’algèbre de l’équilibre général
a) La valeur : utilité et rareté
b) la théorie de l’échange ou échange pur
c) Une double généralisation : Echange pur et production
Conclusion
23- W.S Jevons ou le marginalisme des logiciens
a) la valeur dans une théorie scientifique de l’arbitrage
b) Travail, capital et répartition
24--L’Ecole autrichienne : Carl Menger et le « subjectivisme méthodologique »
a) La théorie subjective de la valeur utilité
b) La demande et la rareté
c) L’épistémologie de l’Ecole de Vienne
3-Filiations et hétérodoxie
31- L’Ecole de Lausanne ou la succession de Walras : V. Pareto
32- L’Ecole « mengerienne » de Vienne
a) E. Von Böhm-Bawerk : La théorie du capital liée au temps ou la « Théorie
Positive du Capital » de Böhm-Bawerk (1884)
b) Von Wieser
33- L’hétérodoxie néo-classique
a) F.Y Edgeworth ou le réexamen de l’équilibre général de concurrence pure et
parfaite
b) Knut Wicksell ou la rénovation : l’économie monétaire intégrée à la réflexion
sur l’équilibre
Conclusion de la dissertation
Introduction : Ecole ou mouvement historique ?
Une épistémologie raisonnée de la science économique conduit à relativiser la notion d’Ecole de
pensée en économie. A l’inverse, une problématique en terme de filiation, négligeant le contexte, les
enjeux et les méthodes, et donc l’influence des autres sciences, permet de valoriser la notion d’Ecole.
L’exemple de l’Ecole dite « marginaliste », ou courant de pensée marginaliste ou encore « néoclassique », est à cet égard un bon exemple. L’analyse que nous présentons admet et justifie
partiellement le point de vue commun et commode, celui de l’existence d’un courant spécifiquement
marginaliste, dominé par l’analyse microéconomique. En insistant toutefois sur les différences, pour
montrer qu’il y eut plutôt un mouvement historique dont il importe de préciser la durée, la nature et
la portée.
Défini comme mouvement historique de la pensée économique, le marginalisme s’étale entre les
« Principes » de David Ricardo (1817) et les « Principles » d’Alfred Marshall (1890), soit sur
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presque un siècle (voir le schéma annexe 1 de la dissertation). Lu de manière linéaire, ce mouvement
distingue l’amont, l’Ecole classique, et l’aval, l’Ecole marshallienne de Cambridge. Défini comme
« découverte », le marginalisme date de 1870-71, où a lieu la révolution marginaliste. En adoptant
les deux définitions, nous montrons dans une première partie le rôle de la période dite des
précurseurs, laquelle initie l’économie mathématique et promeut l’individualisme méthodologique
(I- Précurseurs). La seconde partie est consacrée à la révolution marginaliste proprement dite,
moment de la constitution de « l’Ecole marginaliste » par ses fondateurs (II-Fondements). La
propagation complexe des fondements par une filiation et une hétérodoxie, est l’objet de la troisième
partie (III-filiation et hétérodoxie). Nous serons ainsi en mesure de tirer en conclusion les
enseignements de cette lecture de l’Ecole marginaliste comme mouvement historique de la pensée
économique.
1- Précurseurs ou émergence de l’économie mathématique.
La révolution marginaliste de 1870 est précédée par trois phénomènes sans lesquels elle ne serait pas
connue comme telle :
- La promotion de l’analyse dynamique en mathématique
- Son utilisation par les précurseurs du marginalisme, lesquels écrivent tous avant 1870.
- Sa traduction en « économie mathématique »
L’un des résultats non généralisable à tous les précurseurs est l’élaboration d’une épistémologie:
l’individualisme méthodologique.
11- Le rôle des progrès mathématiques
Ce sont les progrès en mathématiques du « calcul différentiel » et plus généralement de la
« dynamique » qui, de Descartes (1637) à Weistrass (1815-1897) ont favorisé l’adoption du calcul à
la marge dès les précurseurs (dérivation, intégration de fonctions continues avant 1870). Si de
nombreux mathématiciens ont joué un rôle majeur (cf la présentation de A. Dahan-Dalmedico et J.
Peiffer), on retient particulièrement l’ « introductio in analysis infinitorum » d’Euler de 1748. Cette
influence de la mathématique ne doit pas faire oublier celle de la Statistique (I. Fisher, L. Von
Bortkiewicz par exemple), et surtout des probabilités, particulièrement au XIXeme siècle.
12- Les lois économiques et mathématiques de l’échange chez les précurseurs
L’analyse mathématique de l’échange, par le calcul à la marge, est en économie antérieure aux
précurseurs du marginalisme. L’utilité marginale était le concept essentiel pour des auteurs tels que :
Bernoulli, Bentham, Godwin, Lloyd, Longfield, Jennings. Il en est de même pour le concept de
« coût marginal » (Ricardo, Malthus). Ce sont toutefois les précurseurs, dont H Von Thünen,
Gossen, J.A Dupuit, qui définissent des lois économiques recourrant à ces concepts. La contribution
d’A.A Cournot, bien que située à la même époque, va au-delà et s’affirme comme la véritable
invention de l’économie mathématique.
Avec l’économiste Von Thünen (« L’Etat isolé » - 1824), la précision sémantique commence, et le
calcul différentiel, pour résoudre le problème de la maximisation, devient opérationnel. Cet ouvrage
énonce la loi de l’égalité des prix des facteurs de production et de leurs produits marginaux, c'està-dire pour prendre l’exemple du facteur travail, le salaire est égal à la productivité marginale du
travail.
Dans son ouvrage de 1854, longtemps ignoré (« Exposition des lois de l’échange »), H. Gossen,
formule la loi de l’égalité des utilités marginales pondérées par les prix (ou loi de proportionnalité),
dans une analyse du comportement du consommateur.
La théorie de la valeur utilité devient ainsi une alternative mathématique à la théorie classique de la
valeur travail. Ce qu’elle ne pouvait être du temps de ses premières et anciennes formulations par
Condillac et Galiani au XVIIIeme siècle (voire au XIIIeme siècle chez Thomas d’Aquin) .
L’ingénieur économiste français, Jules Dupuit (1804-1866) dans ses nombreux travaux (mémoires,
articles etc..) applique ses capacités analytiques considérables à l'élaboration, dans le cadre de la
théorie de l'utilité, des fondements de la demande et des rapports entre l'utilité et la mesure du bienL3S6 – SEG – HPE2 – r.foudi – Partie 2 : Introduction et Chapitres 5 à 9 : dissertation 2011/12
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être associé aux travaux publics. Dupuit est le premier à développer en économie la théorie de
l'utilité marginale (allant au-delà de la « demande » telle que la présente Cournot), une variante de
tarification au coût marginal, la théorie du monopole simple et discriminant, et la théorie de la
localisation et des prix. Il est aussi le créateur de la théorie du surplus, qu’Alfred Marshall intégrera
ensuite à la loi de l’offre et de la demande, et que Maurice Allais forgera plus tard en théorie
autonome et alternative à l’équilibre général de Walras-Debreu (« Théorie générale des surplus »,
1981). L’insuffisance des analyses de Dupuit tient à la conception cardinale de l’utilité utilisée dans
ses travaux.
13- L’invention de l’économie mathématique : A.A Cournot
Cournot peut être considéré comme l’inventeur de l’Economie Mathématique. Celle-ci adopte une
méthodologie spécifique, celle des fonctions mathématiques continues et dérivables, donc le calcul
infinitésimal, dans le but de démontrer l’existence d’un équilibre des échanges sur le marché,
équilibre en quantités chez Cournot. L’économie mathématique de Cournot, n’est donc pas encore
celle des comportements individuels, guidés par le postulat de rationalité.
On appellera marginalisme de Cournot, l’ensemble des thèses soutenues dans les « Recherches sur
les Principes Mathématiques de la Théorie des Richesses de 1838.
Ces thèses sont : l’exposé du paradigme néo-classique (à la valeur utilité près), c'est-à-dire la
définition de la richesse comme valeur échangeable, et la mesure de celle-ci par un système unique
de prix relatifs (connue sous le nom de « problème du change » chez Cournot). La seconde thèse est
la « loi de la demande » ou « loi du débit » (D=f(p)). elle n’est pas caractérisée à l’aide » des
concepts à venir, mais qu’il trouve inopérants tels que : utilité, rareté, satisfaction. Les coutumes, la
distribution des revenus, permettent de mieux caractériser la demande.
La troisième est la méthode de la maximisation de la recette totale ((RT) du monopoleur, ainsi que
effets de la taxation sur les prix de monopole. Puis la célèbre analyse de la maximisation du profit en
situation de duopole (dit « duopole de Cournot » ou solution de l « entente »). En l’élargissant à la
concurrence parfaite, Il montre que l’équilibre est atteint au point ou l’offre égale la demande, en
supposant plusieurs types de comportements. Si la concurrence est celle de producteurs de substituts
imparfaits la solution de l’entente n’est pas ici plus avantageuse, contrairement au cas du duopole.
Enfin Cournot dépasse la situation de concurrence entre producteurs, en la situant au niveau
macroéconomique d’une part et international d’autre part.
2- Fondements
21- La révolution marginaliste et ses trois Ecoles : Lausanne, Londres-Cambridge-Oxford, et Vienne
a) Les pères
La découverte du principe de l’utilité marginale décroissante, et de la loi de proportionnalité, au
même moment (1871-74), en des lieux différents, par les quatre pères du marginalisme, est désignée
en Economie sous l’expression de Révolution Marginaliste, synonyme d’Ecole Néo-classique.
L’utilité et la rareté, donc le prix, deviennent l’objet même de l’analyse économique.
Les trois pères du marginalisme sont :
L’autrichien de Vienne Carl MENGER (1840-1921) : « Grundsätze der Volkwirtschatslehere » 1871
L’anglais, William Stanley JEVONS (1835-1882) : « The theory of Political Economy« - 1871
Le français, de Lausanne (Suisse) Léon WALRAS (1834-1910) : « Eléments d’Economie Pure » 1874 , auquel succèdera en 1882 l’italien Vilfredo PARETO (1848-1923) : « manuel d’Economie
Politique » de 1906, précédé par le « Cours d’Economie Politique » de 1898.
Le principe simultanément découvert par ces auteurs est celui de « la proportionnalité du prix à
l’intensité du dernier besoin satisfait » (Walras), ou « final degree of utility » (jevons), ou
« grenznutzen » (Menger). C’est ce critère qui est privilégié pour identifier une école marginaliste.
Or un examen approfondi des œuvres de ces trois auteurs, de même que celles de leurs successeurs,
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montre une grande diversité d’analyse, voire des oppositions. On a coutume de distinguer à cet égard
l’économie mathématique de Walras (l’Ecole française), de celle plus épistémologique et
psychologique de Menger (l’Ecole autrichienne). L’Ecole anglaise de Jevons est intermédiaire, ou
emprunte aux deux autres.
b) Fondements communs
Un bref examen de la convergence entre ces trois courants fait ressortir trois points communs et
connus :
- L’adoption du paradigme de l’homo-oeconomicus, ou agent économique type, rationnel, qui adopte
un comportement de maximisation sous contrainte. Il s’agit d’un fondement épistémologique, celui
de l’individualisme méthodologique, dont Hume fut un des initiateurs (puis Mill, et Bentham).
- Le raisonnement dans un univers de concurrence, dont l’un des modèles est la concurrence pure et
parfaite
- La définition d’une situation de référence désignée comme équilibre entre l’offre et la demande. Sa
réalisation constitue le problème majeur en économie.
Cette approche de la convergence ne doit pas en masquer une autre. Les fondateurs et leurs
continuateurs ont aussi contribué à la réalisation de TMM ou théories marginalistes majeures, qui
constitueront l’enseignement ou pédagogie du marginalisme. Sans être limitatif on peut mentionner
les 7 TMM ci-dessous :
TMM1 : la loi de la décroissance de l’utilité marginale, ou la définition de la valeur suivant les critères de l’UTILITE et de la RARETE
TMM2, celle de la détermination du prix d’équilibre sur le marché, qui n’est autre que celle de la mesure de la valeur utilité (qui s’énonce par
exemple : le rapport d’échange entre 2 biens est égal au rapport des um : PX/PY
= Umx/UmY)
TMM3, la théorie de la désutilité de l’offre de travail
TMM4, la théorie du capital liée au temps, et donc elle du taux d’intérêt
TMM5 : L’approche Walrassienne en terme d’équilibre général
TMM6 : L’optimum de Pareto
TMM7 : La théorie de la répartition selon la productivité marginale des facteurs
22- Léon Walras et l’algèbre de l’équilibre général
Ce qui distingue Léon Walras des autres marginalistes (Jevons, Menger) est son approche formalisée
en terme d’équilibre général. L’’expression d’équilibre général walrassien (ou modèle de Walras)
consacre cette distinction. Mais Walras fut à l’origine de plusieurs TMM qui permettent de
démontrer l’efficacité du marché et son auto ajustement ou régulation par les prix.
a) La valeur : utilité et rareté
La théorie dite de la valeur utilité est fondée sur la définition de l’utilité comme utilité marginale
cardinale ou mesurable, et sur la rareté. Walras dit emprunter la première à Condillac et Say, et la
seconde à Burlamaqui et à son père Auguste. La nécessité de l’échange sur le marché et celle de la
production découlent de cette théorie.
L’étude de la valeur d’échange devient l’objet de l’économie mathématique, dénommée « économie
pure », sur un marché supposé en concurrence pure et parfaite.
b) la théorie de l’échange ou échange pur
La valeur d’échange est exprimée par le prix d’équilibre sur un marché de concurrence, régi par un
commissaire priseur. La théorie de l’échange permet alors à Walras de présenter l’ensemble des
conditions d’un équilibre stable entre l’offre et la demande. Le principe de maximisation de l’utilité
génère l’offre et la demande.
c) Une double généralisation : Echange pur et production
L’échange pur est généralisé à plusieurs marchés, pour définir un équilibre général de l’échange sous
la forme d’un système d’équations. Le nombre d’équations étant égal au nombre d’inconnues,
l’extension du processus de tâtonnement avec commissaire priseur sur l’ensemble des marchés,
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aboutit à la détermination d’un système de prix unique. La loi de « Walras-Say » est une condition
suffisante de l’équilibre (voir annexe 2 : l’équilibre général).
Une seconde généralisation consiste à étendre le modèle d’équilibre général de l’échange à la
production. Le but en est la loi des frais de production ou du prix de revient, c'est-à-dire les prix des
services producteurs (fermages, salaires, et intérêts.). Cet équilibre général sera appelé suite à sa
reformulation par Cassel en 1918, le modèle d’équilibre –avec production- de « Walras-Cassel ».
L’équilibre général, « idéal et non réel », est dit achevé par Walras après introduction de : la
capitalisation (épargne et crédit), la monnaie comme encaisse désirée. Suit un élargissement de la
réflexion concernant la croissance des marchés, ainsi que la concurrence imparfaite.
Conclusion
La spécificité de l’analyse économique de Walras réside, d’une part dans le double niveau de
l’analyse de l’équilibre (des comportements individuels à l’équilibre général), mais aussi dans le
double objet de l’économie politique. L’économie pure (ci-dessus) est complétée par une économie
sociale, chargée d’étudier les « mœurs », et une économie appliquée, destinée aux faits d’industrie
(voir l’épistémologie de Walras, chapitre 6 du cours).
23- W.S Jevons ou le marginalisme des logiciens
a) la valeur dans une théorie scientifique de l’arbitrage
« Theory of Political economy » (la TPE) en 1871, l’oeuvre de Jevons est dominée par la logique et
la mathématique. La révolution marginaliste anglaise de Jevons met plus avant l’arbitrage, pour la
première fois déclaré scientifique, parce que l’individu est l’individu benthamien. L’arbitrage est
exprimé, au moyen de l’utilité cardinale, par la loi de la décroissance de l’utilité marginale et la loi
de proportionnalité.
La théorie marginaliste est ici une théorie de l’échange, laquelle conduit à la détermination du prix
d’équilibre sur le marché. Elle est donc celle de la valeur utilité.
Cette logique pure de la détermination des prix dans le cas de l’échange « isolé », Jevons croît
pouvoir l’étendre en échange généralisé ou concurrentiel, qu’il appelle « ensemble de contractants ».
L’utilité marginale étant alors une moyenne (dans l’hypothèse de biens indivisibles). Il aboutit ainsi à
l’idée qu’ « une parfaite liberté de l’échange est un avantage pour tous ».
b) Travail, capital et répartition
L’originalité de la TPE réside dans deux autres fondements marginalistes : La théorie de la désutilité
de l’offre de travail et la théorie du capital liée au temps. Avec la première Jevons engage la
réflexion de l’économie politique anglaise vers la courbe d’offre de travail (de court terme).
Edgeworth et Marshall souligneront cet antécédent. Avec la seconde, Jevons anticipe les découvertes
des Autrichiens, dont la théorie de Böhm-Bawerk dite du capital comme détour de production, ou
théorie du « revenu du capital », destinée à réfuter la théorie socialiste de l’exploitation.
Conclusion : Malgré la TPE, le fait est que l’œuvre maîtresse de Jevons, ce sont les « Principes de la
science » de 1874, dans laquelle il défend la position « probabiliste » en épistémologie des sciences,
contre l’empirisme et « l’induction » défendu par Mill. Enfin, partisan très dogmatique, voire
doctrinaire, du « laissez faire », il développe des thèses anti syndicalistes.
24- L’Ecole autrichienne : Carl Menger et le « subjectivisme méthodologique »
Les « Principes » de Menger de 1871 font la même place aux mêmes théories mathématiques
dans la Science Economique, que ceux de la « TPE » de Jevons ou les « Eléments » de Walras. Ce
qui distingue Menger est qu’il a fondé à Vienne une véritable Ecole marginaliste, l’Ecole
Autrichienne, poursuivie par ses deux disciples : E. Von Böhm Bawerk, et F. Von Wieser. Elle
connaîtra des développements avec L. Von Mises et surtout F. Hayek. Son apport à l’épistémologie
économique est très spécifique.
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a) La théorie subjective de la valeur utilité
On appelle « Table de Menger », la représentation adoptée par Carl Menger pour exprimer la loi
établie en 1854 par le psychologue H. Gossen suivant laquelle « le supplément d’utilité fourni par
des quantités croissantes d’un bien va en diminuant jusqu’à devenir nul au point de satiété ». Elle
constitue la présentation la plus synthétique de la théorie subjective de la valeur et élimine l’utilité
cardinale au profit d’une relation d’ordre (notion d’ « échelle de satisfaction »).
b) La demande et la rareté
En défendant une relation opposée à la relation « classique », dans la production, Menger affirme le
primat de la demande. Il avance que la finalité de la production étant la production de biens de
consommation, la demande de facteurs et autres biens intermédiaires, trouve son origine dans les
déterminants subjectifs de la demande de biens de consommation. Ce qui restera l’une des
spécificités de l’Ecole autrichienne, pour laquelle la notion de « coût de production » des biens n’a
pas de sens (Von Wieser), de même que la distinction classique entre « biens de production » et
« biens de consommation ».
La théorie du prix (ou valeur subjective) de Menger présente des raffinements que la théorie néo
classique conservera. Outre qu’elle s’étend de la concurrence pure, au monopole et à l’oligopole, elle
introduit une distinction connue entre les biens sur la base du critère de la rareté. Les « biens
économiques » sont les biens rares (« scarse »), par opposition au « biens non économiques, ou
libres, ou gratuits »(« free goods »). Les premiers ont un prix, les autres en sont dénués.
c) L’épistémologie de l’Ecole de Vienne
Les avis sont partagés sur la définition de la conception viennoise de la connaissance. Celle-ci
évoluera de Menger à Hayek. C. Menger se distingue par le fait que dans la querelle avec l’Ecole
Historique Allemande (EHA), il défend en 1883, la théorie économique pure. Celle-ci doit selon lui
être dominée par le subjectivisme ou comportement psychologique des individus. Par conséquent la
démarche abstraite et mathématique, ou en termes généraux ou collectifs doit être exclue.
3- Filiations et hétérodoxie
Le marginalisme s’est tout autant édifié sur les enseignements des fondateurs prolongés par leurs
disciples immédiats, que par leur remise en cause. L’hétérodoxie a donc joué un rôle aussi important
que la filiation immédiate. De plus, l’absence de filiation directe ne traduit pas une faiblesse
analytique. Ainsi reconnaît on que deux Ecoles, celle de Lausanne et de Vienne, émanent
respectivement directement de Walras et Menger. On ne peut pas dire de même de l’héritage de
Jevons, dont on retrouve pourtant l’influence dans de nombreux travaux autres qu’anglais. Ce n’est
qu’avec Marshall et Pigou qu’apparaît l’Ecole de Cambridge. Mais il s’agira alors d’un second
marginalisme, distinct de celui de la révolution.
31- L’Ecole de Lausanne ou la succession de Walras : V. Pareto
L’Ecole de Lausanne peut être comprise de différentes manières.
Celle des successeurs directs à Lausanne regroupe : V. Pareto, E. Barone, puis M. Antonelli,
Pantaléoni, Boninsegni, Aupetit, E. Antonelli, L. Amoroso, et E. Slutzky (1880-1948).
L’œuvre de Pareto est aussi importante et imposante que celle de Walras. Ses travaux succèdent de
peu à la publication des « Principes de Marshall » (1890), et ils témoignent du changement
d’orientation de Pareto : dans « Le cours d’Economie Politique» en 1896, Pareto suit Walras, et en
1906, dans le « Manuel d’Economie Politique » il s’en détache sur la base de critiques relatives
surtout à l’équilibre général.
Le concept central de l’œuvre économique de Pareto est celui d’optimum ou maximum d’ophélimité
(utilité et rareté). Il s’agit d’une reformulation de l’équilibre (des prix) walrassien modifié par :
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- le rejet de la conception cardinale de l’utilité au profit de l’utilité ordinale. L’utilité est exprimée
comme une relation de préférence, représentée par des courbes d’indifférence. Pareto prolonge et
reformule donc Walras, en ayant bénéficié de la révolution de l’utilité introduite par F.Y Edgeworth.
- la recherche de l’optimum social collectif ou « optimum de Pareto », comme solution au
« problème du no-bridge » (passage de l’individuel au collectif). Cet optimum, qui dépend selon lui
des choix libres de la collectivité, est réalisé au point où il n’est plus possible d’améliorer la
satisfaction d’un individu sans détériorer celle d’un autre. Par cette analyse des choix collectif,
Pareto engage la réflexion sur la notion de « bien être économique » ou « social ». Il expose les deux
théorèmes de « l’Economie du Bien-être » qui donneront matière à réflexion dans cette nouvelle
discipline, (A.C Pigou, A. Marshall et les auteurs du XXeme siècle) : 1) L’équilibre général de
concurrence pure et parfaite est un optimum, 2) un optimum de Pareto est le résultat d’un équilibre
concurrentiel.
Deux autres dimensions (parmi les nombreuses abordées par Pareto) sont habituellement soulignées :
- les travaux économétriques de Pareto : il formule la fameuse loi de distribution des revenus, dite
« Loi de Pareto ».Cette loi postule l’existence d’une distribution moyenne et universelle des revenus,
qu’il propose d’écrire : Log N = log A + m log x avec N= bénéficiaires d’un revenu > x, et A et m
des constantes. Cette loi, fréquemment testée ensuite dans divers travaux s’est souvent révélée très
opérationnelle.
- les travaux sociologiques, regroupées dans le « cours de sociologie générale » (1916). Il y expose
sa célèbre et controversée théorie de la circulation des Elites. Pour les uns, élément nécessaire de la
démocratie, pour les autres, principe d’une organisation fasciste de la société.
- les « travaux politiques » ou à enseignement politique : Pareto affirme l’indifférence de la forme
d’organisation relativement à l’équilibre général. C’est son disciple E. Barone qui engagera le débat
sur la supériorité comparée des systèmes économiques socialiste et capitaliste.
Pareto s’affirme comme un défenseur acharné du « paradigme de l’homo oeconomicus et de la
méthode positiviste qui le fonde. Il y intègre les anticipations, pour une meilleure analyse des
déséquilibres ou crises. Comme le montrent Maryline Dobrzynski-Dupont et Bernard Dupont, il
représente de ce point de vue un achèvement scientifique du courant néo-classique (après Cournot et
Walras). Il est à l’origine de la branche « paretienne » de l’école de Lausanne (ses disciples, puis H.
Hotelling, O. Lange, M. Allais, P. Samuelson et John Hicks). La branche proprement
« walrassienne » est issue des travaux de Gustave Cassel en 1918.
32- L’Ecole « mengerienne » de Vienne
Individualisme méthodologique (par opposition au holisme), refus de l’analyse en terme d’équilibre
général, remise en cause de la formalisation et de l’abstraction mathématique par des exigences
épistémologiques, telles sont à grands traits les caractéristiques du courant Viennois que l’héritier, au
XXeme siècle, F. Von Hayek, concentrera.
Le marginalisme proprement dit bénéficie d’un renouveau du aux successeurs de C. Menger,
véritables co-fondateurs du marginalisme Viennois : Von Wieser, et E. Von Böhm-Bawerk.
Les mêmes traits, ainsi que la fécondation du renouveau perdureront au XXme dans les travaux
économiques de L. Von-Mises, F. Von Hayek, et M. Friedman, et épistémologiques du « Séminaire
de Vienne » animé par Karl Menger, le fils de Menger.
a) E. Von Böhm-Bawerk : La théorie du capital liée au temps ou la « Théorie Positive du
Capital » de Böhm-Bawerk (1884)
Incontestablement, le marginalisme soutient contre la théorie classique de la valeur travail une
théorie alternative, celle de la valeur utilité. L’auteur qui va au-delà, parce qu’il assimile la valeur
travail au marxisme et à son enseignement (théorie de l’exploitation, absence de productivité du
capital technique) est Böhm-Bawerk. Dans la « TPC » il entreprend la définition de la productivité
du capital, en situant sa mesure apparente dans le taux de l’intérêt. La théorie du capital est ainsi liée
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au temps. L’intérêt rémunère la renonciation à la consommation présente, ou constitue une prime
pour valoriser le futur. Il apparaît d’abord sous la forme d’une production additionnelle, seulement
permise par l’investissement, appelé par lui « détour de production ». A l’aide d’un modèle de flux
de production, largement inspiré de Jevons, il établit une mesure de la variation du taux de l’intérêt
sur la notion de période moyenne de production.
Le renouveau est réel, et fera réfléchir sur les anticipations, et l’incertitude. Le temps et l’intérêt
étaient jusqu’à Böhm-Bawerk mal intégrés dans l’analyse de la production. Surtout, le capital
technique était toujours ou presque représenté par de simples coefficients techniques de production
(Walras), par nécessité stables.
Ce faisant Böhm-Bawerk engage l’ensemble de la théorie économique vers deux voies nouvelles :
l’une féconde, qui concerne le taux de l’intérêt, et qui nourrit les travaux de K. Wicksell puis de I.
Fisher, et Hayek. Cette voie aura pour contradicteur décisif J. Keynes.
L’autre, « hasardeuse », qui concerne la productivité du capital et le postulat d’une fonction
macroéconomique de production, dite « néo-classique ». Sa formulation exacte est celle de P.
Wicksteed, de l’école anglaise. Cette voie subira les critiques des Cambridgiens : J. Robinson, et P.
Sraffa (le « phénomène du retour des techniques »). Ces critiques, celle de Sraffa en particulier (et de
son disciple P. Garegniani), ont conduit, pour un temps, à la remise en cause de l’ensemble de la
théorie néo-classique.
b) Von Wieser
L’originalité de l’approche de Menger a subsisté grâce à l’intérêt porté à la théorie du coût
d’opportunité, c'est-à-dire une conception de l’offre comme une demande inversée, due à son élève
Von Wieser -1884-. Cet intérêt est diffusé aux USA par Fetter, et au Royaume Uni par Smart,
Wicksteed, L. Robbins.
Von Wieser considère la renonciation à une alternative comme la meilleure expression de la théorie
des choix rationnels. Il élargit ce principe à la définition des revenus, dont celle du profit.
Ainsi on peut rapporter le profit pur au coût réel, en situant celui-ci dans la rémunération des
services de l’entrepreneur. Suivant la conception de Von Wieser en analysant le profit pur positif
comme « coût de transfert » (ou d’opportunité) du décideur qui aurait pu « conserver son service »,
ceci à l’échelle de la firme ou à l’échelle sociale.
Constatant que la répartition des revenus (leurs inégalités) affecte la valeur subjective des biens, Von
Wieser définit la « valeur naturelle », ou valeur utilité non influencée par la répartition. Ce qui le
conduit à concevoir un rôle pour l’intervention publique.
33- L’hétérodoxie néo-classique
Il est des auteurs inclassables ou non rattachés à un courant marginaliste à posteriori. Ils illustrent la
fécondité de l’hétérodoxie. L’analyse de leurs travaux est la meilleure illustration de l’idée défendue
dans cette dissertation, suivant laquelle le marginaliste n’est pas une école de pensée mais un
mouvement historique de la pensée, déjà perceptible avec les successeurs immédiats.
Deux auteurs sont fondamentaux à cet égard : F.Y Edgeworth (« Mathematical psychics -1881 » - et
Knut Wicksell (« Intérêt et prix » (Economic Journal -1898)), « Lectures on political economy »
(1901 et 1906 - dites « Les Leçons »). On situe le premier dans l’Ecole de Jevons (Cambridge), et le
second comme fondateur avec G. Cassel de l’Ecole suédoise de Stockholm, bien qu’une parenté
d’analyse avec l’école de Vienne soit évidente puisqu’il fut le disciple de Böhm-Bawerk.
Le mouvement impulsé au marginalisme par ces deux auteurs est historique car : le premier refonde
le paradigme des choix rationnels sur une base nouvelle, celle des courbes d’indifférence. Le second
entreprend une révolution théorique qui prolonge le marginalisme, en même temps qu’elle offre le
moyen de son dépassement.
a) F.Y Edgeworth ou le réexamen de l’équilibre général de concurrence pure et parfaite
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Suivant le commentaire de N. Chaigneau, le projet d’Edgeworth est la résolution du problème de
l’indétermination de l’équilibre dans le modèle de Walras. Il présente pour cela une conception tout à
fait originale basée sur la notion de courbe d’indifférence, elle-même élément d’une théorie générale
du « marchandage ». L’influence de cette conception sur Pareto, Marshall, et sur les développement
ultérieurs en théorie des jeux (Von Neumann) est considérable.
Au moyen d’un diagramme devenu célèbre, Edgeworth peut affirmer, partant d’un équilibre
coopératif, que : « lorsque les individus sont en nombre infini, l’équilibre devient déterminé et est
identique à l’équilibre concurrentiel walrassien », sauf qu’ici c’est l’échange qui assure la fonction
de Commissaire priseur.
Outre son influence sur le XXeme siècle, Edgeworth contribue au débat scientifique dans plusieurs
domaines, comme par exemple: la controverse avec les autrichiens (Böhm-Bawerk) sur le coût
d’opportunité, la reconsidération de la théorie du duopole de Cournot, ou la révision de la théorie de
la productivité marginale des facteurs. Il est à l’origine de la fondation du courant « marshallien »
puis de son hégémonie.
b) Knut Wicksell ou la rénovation : l’économie monétaire intégrée à la réflexion sur
l’équilibre
On pourrait subdiviser l’analyse néo-classique de l’équilibre général ou macroéconomique en deux
périodes : avant Wicksell, puis après Wicksell. L’avant et l’après sont distincts suivant la place
accordée à la monnaie, et à sa définition. La banque et la finance deviennent des facteurs
fondamentaux pour l’analyse économique.
Ce but est explicite. L’œuvre de Wicksell est en effet basée sur la reconsidération des travaux de :
Ricardo, Senior, Böhm-Bawerk, Walras, Wicksteed, Marshall et Cournot.
Le résultat est une théorie de la dynamique et de l’équilibre monétaire. Cette théorie fusionne BöhmBawerk et I. Fisher (la théorie quantitative de la monnaie). Knut Wicksell reprend la théorie du
détour de production, et la combine avec celle des effets de la création de monnaie. Il propose alors
une explication des fluctuations économiques de court terme en adoptant un point de vue
macroéconomique (concrètement il voulait expliquer la déflation de la Grande Dépression de 187397). Sa thèse est : les oscillations des prix s’expliquent par les défaillances de la politique monétaire
face au déclin du « taux naturel » de l’intérêt, résultat de l’accumulation du capital. Une distinction
est essentielle pour son analyse : la différence entre le taux d’intérêt naturel et le taux d’intérêt
monétaire.
La répercussion des déséquilibres monétaires, sur le marché des biens donne lieu à la présentation
du « processus cumulatif » dit de Wicksell : du secteur des biens d’équipement vers celui des biens
de consommation. Les deux risques sont : la déflation (ou nécessaire baisse du prix d’offre), et la
rente ou quasi-rente (ou tendance au monopole).
Mais, la flexibilité des prix inhérente à la concurrence pure et parfaite, doit permettre le retour à
l’équilibre. Wicksell est sur ce point un défenseur du principe quantitativiste (ou Théorie quantitative
de la monnaie). En reformulant la théorie quantitative fishérienne, Wicksell met en évidence un effet
dénommé « effet d’encaisses réelles » ou (M/P, à la manière des théoriciens du pouvoir d’achat).
Parmi les critiques de Wicksell, A. Marshall a pu émettre des réserves. Mais c’est surtout, Keynes
qui montre que Wicksell partage avec tous les quantitativistes du XIXème siècle, le défaut de situer
l’économie monétaire sous l’hypothèse du plein emploi des ressources.
Conclusion de la dissertation
De l’hétérodoxie à la création pure et simple d’un nouveau mode de connaissance il n’y a qu’un pas.
En accumulant les auteurs pour y adjoindre par exemple : L.J. Johannsen, JB et JM Clark, F. Aftalion,
Schumpeter et les théoriciens du cycle des affaires inspirés par Wicksell (I. Fisher, Ludwig Von
Mises, D.H Robertson et R.G Hawtrey, on constate qu’un véritable bouillonnement caractérise le
tournant entre le XIXeme et le XXeme siècle. On n’ignore pas que la macroéconomie de « Cambridge
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UK » ressortira comme la nouveauté du début du XXeme. Pour autant l’ancien marginalisme et ses
méthodes perdurent. Non seulement les travaux des précurseurs ressortiront de l’oubli (Cournot ou
Dupuit par exemple, mais aussi Von-Thünen), mais de plus, les méthodes des fondateurs resteront
celles de la macroéconomie néo-classique, elle même surgie de la révolution keynésienne comme
une alternative à celle-ci. Il apparaîtra alors clairement que la défense permanente de
l’individualisme méthodologique par l’ « Ecole néo-classique » a été et reste une manière de
défendre une forme de libéralisme, confondue avec l’idée d’une liberté des choix.
A bien des égards, l’œuvre synthétique d’Alfred Marshall, située exactement à la confluence des
deux siècles, a joué dans cette évolution un rôle considérable. Mais ne symbolise t’elle pas
l’hétérodoxie par excellence ?
Ж
ANNEXE 1 : La révolution marginaliste dans l’histoire de la pensée économique
ANNEXE 2 : L’équilibre général walrassien : le modèle d’échange pur
L’échange pur est généralisé à plusieurs marchés, pour définir un équilibre général de l’échange sous
la forme d’un système d’équations
Soit les hypothèses :
n biens et services sont échangés au prix (p1, p2……….pn)
Offreurs et demandeurs sont détenteurs de stocks sur les différents marchés où ils échangent.
On admet que :
La demande totale du bien i est fonction de tous les prix : Di = f (p1, p2…pi…….pn) pour i = 1,….n
L’offre totale du bien i est fonction de tous les prix : Oi = f (p1, p2…pi…….pn) pour i = 1,….n
Il y a n équations d’offre et n équations de demande
Sur chaque marché l’équilibre peut donc s’écrire : Di = Oi
pour i = 1,….n ou n conditions d’équilibre
Le système d’équations se compose alors de
n conditions d’équilibre, et autant d’équations d’offre et de demande, soit un total de
n + n + n = 3 n équations
Il y a donc selon l’expression consacrée « une condition d’équilibre en trop » ou superflue.
Walras démontre que l’équilibre est réalisé si subsistent (3n-1) équations et (3n-1) inconnues. C’est
l’identité ou « loi de Walras » qui permet cette réduction. Soit
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Pour les équations :
L’équilibre général signifie que la somme des ventes est égale à la somme des achats sur les n
marchés:
n
∑ piOi =
i =1
n
∑ piDi et si l’équilibre est réalisé sur (n-1) marchés, il devient:
i =1
n −1
∑ piOi =
i =1
n −1
∑ piOi
i =1
En soustrayant membre à membre le second système du premier, il reste
PnOn = pnDn . Comme il n’existe pas de prix négatif ce résultat est équivalent à On = Dn
Ce qui signifie que l’offre et la demande du nième bien (ou sur le nièmemarché) sont nécessairement en
équilibre dès lors qu’elles le sont pour les (n-1) biens (ou sur les (n-1) marchés). Il reste donc (3n-1)
équations indépendantes.
Pour les inconnues :
Les inconnues de ce système sont les prix relatifs des différents biens. Il existe n prix absolus
s’écrivant (p1, p2……….pn), si on choisit le nième bien comme numéraire ou unité de compte (pn/pn =
1), alors il est possible d’écrire le vecteur des prix relatifs :
p1 p 2
pi
pn
, ...... ......
Il y a donc également (3n-1) inconnues.
pn pn
pn
pn
L’égalité du nombre d’équations et du nombre d’inconnues étant la condition mathématique de
l’existence d’un équilibre général, cet équilibre unique existe donc.
Ж
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