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N° 3543
Ministère chargé de l’environnement - DPPR / SEI / BARPI
Explosion d’hydrocarbures
dans un réseau d’assainissement urbain
Le 22 avril 1992
Guadalajara
Mexique
Explosions
Canalisations
Essence
Réseau d’égouts
Corrosion
Victimes
L’ACCIDENT, SON DÉROULEMENT, SES EFFETS ET SES CONSÉQUENCES
L’accident
Le mercredi 22 avril 1992 à 10h09 une explosion se produit dans les égouts de la ville de Guadalajara (deuxième ville du
Mexique) au milieu d’une zone urbaine. Elle est suivie d’une série d’explosions entre 10h30 (16h30 GMT) et 11h30. Deux
explosions se sont ensuite produites le jeudi très tôt dans la matinée, dont une dans le quartier industriel d’Alamos au nord
de la ville. Les explosions résultent de l’inflammation de gaz accumulés dans les collecteurs d’égout de 3,50 m de diamètre,
enfoui à 8 m sous la chaussée.
Les conséquences
-
Conséquences humaines
Le bilan officiel est de : 206 morts, 500 à 600 disparus, 1 800 blessés et 4 500 sinistrés. Des associations estiment que le
catastrophe a fait au moins 1000 morts, le mercredi étant le jour du marché et les rues très fréquentées.
-
Conséquences matérielles
Les explosions successives soulèvent le revêtement de la chaussée en ébranlant ou en détruisant les maisons. Les
véhicules projetés en l’air se retrouvent ensevelis sous les décombres. Le bilan en terme de destruction d’infrastructures
civiles s’élève à 13 Km de rues, 1500 maisons détruites, 1224 immeubles. 637 véhicules sont endommagés. Selon le
gouverneur, la catastrophe a provoqué des dégâts pour un montant de 200 milliards de Pesos (76 millions d’Euros 2006).
Date d’actualisation de la fiche : Décembre 2007
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Échelle européenne des accidents industriels
En utilisant les règles de cotation des 18 paramètres de l’échelle officialisée en février 1994 par le Comité des Autorités
Compétentes des États membres pour l’application de la directive ‘SEVESO’, l’accident peut être caractérisé compte - tenu
des informations disponibles par les 4 indices suivants.
Les paramètres composant ces indices et le mode de cotation correspondant sont disponibles à l’adresse suivante :
http://www.aria.ecologie.gouv.fr.
L’indice ‘Matières dangereuses relâchées’ (paramètre Q1) est coté au niveau 2 par défaut en considération de la quantité
d’essence récupérée (143m³) sachant que la quantité d’essence relâchée est notablement plus importante.
Les 206 morts parmi la population expliquent le niveau 6 de l’indice ‘conséquences humaines et sociales’ (paramètre H3).
Enfin, les dégâts estimés à 396 millions de francs (61,8 M€ ECU 1993) implique un niveau 6 de l’indice ‘conséquences
économiques’ (paramètre €17).
L’indice ‘conséquences environnementales’ n’est pas renseigné faute d’information disponible pour cet indicateur.
L’ORIGINE, LES CAUSES ET LES CIRCONSTANCES DE L’ACCIDENT
A la suite des explosions, les soupçons se portent sur une société pétrolière qui met en cause à son tour une usine de
fabrication d’huile située à proximité de la zone sinistrée. Cette dernière aurait rejeté dans les égouts de la ville de grandes
quantités d’hexane utilisé pour extraire les huiles végétales.
Le dimanche 26 avril 1992, le procureur général de la république en charge d’établir les causes et les responsabilités de la
catastrophe considère sur la base d’expertises judiciaires que les explosions sont dues à une fuite d’essence « ordinaire »
additionnée d’hexane. En outre, le rôle de l’hexane comme détonateur de l’explosion a été réfuté au vu de ses
caractéristiques physico-chimiques. La société pétrolière admettra plus tard que de faibles quantités d’hexane sont
contenues dans l’essence, et la fabrique d’huile sera mise hors de cause.
8 jours avant le sinistre, une perte de pression sur un pipeline de 12 pouces de diamètre qui transporte de l’essence en
provenance de la raffinerie de Salamanca vers le dépôt de la société pétrolière à Guadalajara est détectée.
La chute de pression est consécutive à une perforation de la canalisation conduisant à une fuite d’essence. La fuite a été
localisée dans le quartier Alamo Industrial, à moins de 1 km des bacs de stockage de la société pétrolière. Des conduites du
réseau d’eau de ville, vraisemblablement construites en cuivre revêtu de zinc – installées 5 ans auparavant, ont été placées
à proximité du pipeline d’hydrocarbures en acier sans respecter des normes de protection, provoquant la corrosion puis le
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percement du pipeline. L’essence s’est ainsi déversée dans le sol, infiltrée sur une grande épaisseur (3 à 4 mètres) avant
de s’engouffrer dans le réseau d’égout jusqu’au collecteur en suivant la pente naturelle des terrains.
La configuration du réseau d’égout de la ville est également mise en cause. Pour résoudre un problème d’intersection entre
le collecteur d’égout et une voie du métro, un siphon a été posé sur une canalisation d’eaux usées, favorisant la formation
d’une atmosphère explosive créée par l’essence restant à la surface du siphon (des habitants avaient signalé la présence
de vapeurs, et d’odeurs d’essence qui s’échappaient des bouches d’égout dés le 18 avril).
Une série de mesures de l’indice d’explosivité aurait été alors réalisée dans les regards des bouches d’égouts et semblait
révéler un risque potentiel d’explosion.
Une atmosphère explosive en milieu confiné s’est constituée (présence d’air et de vapeur d’essence) et l’explosion a pu être
déclenchée par un choc métal/métal ou plus simplement par un mégot de cigarette jeté dans une bouche d’égout.
LES SUITES DONNÉES
Expertises réalisées après le sinistre
Des tranchées et 6 puits de pompage sont creusés pour limiter le risque de contamination de la nappe phréatique, et le
mélange entre les eaux usées et l’essence. Un volume estimé à 143 m³ d’essence est extrait du sol.
Des experts techniques étrangers sont chargés de vérifier les modalités de stockage et de distribution de la société de
pétrole. L’objectif est d’évaluer également les risques potentiels existants, de déterminer de nouvelles conditions de sécurité
et d’envisager des procédures de réponses techniques en cas d’urgence.
La société de pétrole s’engage à publier un rapport sur l’état de toutes ses installations (58 000 km de pipeline, 3 200
stations services) et à traiter le problème des zones des constructions illégales sur ses installations.
Suites administratives
Le 30 avril 1992, le Ministère de l’Environnement du Mexique annonce un plan d’action en 9 points :
1.
2.
3.
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5.
6.
7.
8.
9.
Quantifier les risques dans les 50 plus grands centres urbains et industriels ;
Procéder à des audits écologiques des entreprises potentiellement dangereuses;
Analyse des risques dans les réseaux de la société pétrolière dans plusieurs états du pays ;
Test périodique portant sur la composition des liquides et de la présence de gaz dans les égouts ;
Concertation avec les entreprises privées pour établir des programmes de prévention des accidents et installer
des équipements de sécurité ;
Renforcer le système de protection civile : créer des comités dans les 50 plus grands centres urbains, destinés à
offrir un appui aux populations en cas de sinistre et à recevoir les informations des industriels ;
Augmenter la liste des activités considérées comme dangereuses pour en améliorer le contrôle ;
Réglementer le transport des substances dangereuses ;
Réunir des experts pour établir une norme écologique, l’appliquer et la surveiller.
Les réparations
La société pétrolière participe au réaménagement de la zone sinistrée en prenant notamment à sa charge la construction
d’un collecteur d’eaux usées aérien provisoire de 1 500 m de long.
La Banque Mondiale donne les fonds nécessaires pour construire un nouveau collecteur principal d’égout.
LES ENSEIGNEMENTS TIRÉS
Le lourd bilan humain de cet accident met en exergue le danger potentiel constitué par la présence de canalisation
véhiculant des fluides dangereux dans un milieu à forte densité de population. Un soin particulier mérite d’être accordé à la
définition de l’implantation, à l’archivage et à l’exploitation des plans, ainsi qu’à la construction, la surveillance et à l’entretien
de ces ouvrages.
Au titre du retour d’expérience susceptible d’être transposé aux installations classées, il convient de noter que :
-
L’épandage massif et incontrôlé de liquides inflammables volatiles dans un milieu confiné (réseau d’égout) peut
générer des risques importants pour les personnes, les biens et l’environnement;
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Les écoulements accidentels liés au transport, au chargement / déchargement ou à la mise en œuvre de matières
dangereuses dans l’enceinte des établissements industriels et leur propagation dans le réseau d’égout méritent
d’être examinés dans les études de dangers et prises en compte dans les plans de secours.
-
Sur le plan organisationnel, il est souhaitable de suivre régulièrement la présence de gaz ainsi que la composition
des liquides se trouvant dans les égouts.
Accidents comparables :
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Accident de Petite Couronne (Aria n°2257) ;
Accident de Chavanay (Aria n°2438) ;
Accident de La-Voute-sur-Rhône (Aria n°4225).
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