«Le clavecin, un instrument aux sonorités subtiles»
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«Le clavecin, un instrument aux sonorités subtiles»
B i b l i o t e c a Servizio Documentazione Horizons, 24-25 novembre 2006, pag. 11 LE MAESTRO CLAUDIO TUZZI «Le clavecin, un instrument aux sonorités subtiles» Entretien réalisé par Kamel C. La musique en vogue en Europe entre 1e 16° et le 18° siècle, proche de l'andalou, a de plus en plus d'adeptes. Par conséquent, le clavecin, ancêtre du piano, est ainsi remis au goût du jour de par sa place dans l'interprétation de cet art musi- cal. Le maestro, Claudio Tuzzi, est un exp.ert de cet instrument. Depuis quelques jours, il restaure le clavecin de l'Institut régional de formation musical d'Alger. Il nous parle de cet instrument mythique et aborde la conférence qu'il donne au Palais de la culture ainsi que le concert exclusif de clavecin, donnée par la musicienne Angela Picco. Dans quel cadre se situe votre séjour en Algérie ? I nvité par le Centre culturel italien dans le cadre de la troisième saison culturelle italienne sous le patronage de votre ministre de la Culture, je m'active depuis quelques jours à la restauration du clavecin de l'Institut régional de formation musical d'Alger. Cet instrument de valeur et de qualité élevée, qui n'a pas fonctionné depuis près de trente ans, est en excellente conservation mais a besoin d'être revu pour sa remise en état. Il s'agit ici d'un travail de précision et de fils, les accessoires, le bois viennent d'être réactualisés. Avec un entretien permanent ainsi qu'un fonctionnement régulier, cet instrument peut être préservé des lustres à condition qu'il soit à l'abri du soleil et de l'humidité. Vous êtes un spécialiste du clavecin. Que pouvez-vous nous apprendre de cet instrument ? Le clavecin, sa fabrication, son entretien et aussi la restauration des anciens instruments constituent l'essentiel de mon activité en plus de ma fonction en qualité de professeur à Florence. J'ai fabriqué plus de cent cinquante clavecins qui sont opérationnels au Japon, aux Etats Unis, en Europe. J'ai restauré un clavecin très ancien à Alexandrie et un autre datant du 16° siècle à l'Académie française de musique de Rome. Ces deux instruments fonctionnent avec la résonance de leurs premiers jours et sont utilisés dans les nombreux concerts. D'ailleurs aucun instrument ne peut remplacer le clavecin dans l'interprétation de la musique baroque dont on assiste à la renaissance ces dernières décennies aussi bien en Europe, qu'en Asie ou aux Etats Unis. De' nombreuses pièces musicales de cette époque restent à découvrir et seul le clavecin peut réaliser cette action. Cet instrument, s'il ne possède pas. les-niveaux de résonance, du piano, se distingue par la richesse de ses sonorités, la variété de ses chang> ments de registre t le raffinement de ses notes. Pour en jouer, ne faut pas déployer une grande énergie commi c'est le cas avec If piano. Pour le chant andalou par exemple, le clave cin peut aisément remplacer le luth et toutes les combinaisons musicales exigées par ce genre sont possibles. L'instrument peut donc être inclus dans l'interprétation de la musique classique algérienne... Au cours de mon séjour à Alger, j'ai enseigné mon savoirfaire à des accordeurs d'instruments de musique. Un des participants à se stage a été le musicien Tahar Radjai qui est un virtuose du basson et un excellent accordeur de piano. Ce sera lui qui assurera l'entretien du clavecin que je viens de restaurer. Ce sera un catalyseur pour l'école algérienne qui doit avoir sa place dans cette renaissance mondiale du clavecin. Vous avez de nombreuses pièces de votre répertoire musical à revaloriser et la pratique du clavecin vous y aidera. A ce propos, la concertiste Angela Picco présente une "partie "de"son programme" avec des pièces algériennes jouées au clavecin. Pouvez-vous en préciser le contenu ? Le concert que donne au Palais de la culture la musicienne Angela Picco constitue une belle opportunité d'apprécier les sonorités subtiles du clavecin. Dans ce concert intitulé Le clavecin et l'époque du baroque, Angela Picco fera découvrir au public algérien les belles adaptations de cet instrument en interprétant des pièces puisées dans le patrimoine musical algérien. Le répertoire de cette soirée est ainsi axé sur deux morceaux populaires, Koum Tara et une mélodie kabyle, Y shtah shtah à Taous, composées spécialement par le maestro italien Antonio D'Anto dans son œuvre Chants méditerranéens. Moi-même, je programme une conférence-concert où je mets en parallèle, le piano et le clavecin avec justement l'aimable collaboration de Angela Picco I