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Raconter l'histoire des Pêcheries
de La Cotinière, installées depuis
quatre générations sur l'île d'Oléron,
c'est plonger dans une très longue
histoire de famille faite de passion
pour la pêche, le poisson et la mer.
C'est aussi et surtout un exemple
assez exceptionnel de longévité dans
un secteur économique difficile.
Delphine et Olivier Dupuy
Les Pêcheries de La Cotinière...
Rédaction : C. Devinat
Photos : D.R.
De la charrette à bras
à Internet
En 1919, Louise Moreau épouse Louis
Rabeau. Elle a 20 ans. Ils s'installent à
La Cotinière, dans l'île d'Oléron. A cette
époque les Oléronnais sont des gens
de la terre, cultivateurs et viticulteurs.
Le jeune couple s'intéresse aussi aux
produits la mer, crustacés, poissons,
qu'ils vendent en complément d'activité. Mais Louis meurt jeune, très jeune
même, à l'âge de 38 ans. Il laisse un fils
unique, Fernand, alors âgé de 12 ans.
C’est Louise et son fils qui vont écrire
les premières pages de la saga familiale.
Un métier physiquement
très pénible
Louise Rabeau dans les années 70
1921
Effectif : 30 salariés à l'année
Chiffre d'affaires (2010) : 5 M ¼ H.T.
9 points de vente
Création :
D'abord avec une petite charrette à
bras puis à vélo, Louise parcourt les
villages de l'île d'Oléron : Saint-Pierre,
Saint-Denis, La Brée, Domino, etc. Elle
vend essentiellement des sardines, des
petits maquereaux, des chinchards,
des crevettes grises, que les bateaux
débarquent chaque jour au retour de
la marée. A l'époque, le poisson est
acheté en caisse en bois. Il n'y a pas de
balance et la vente s'effectue à l'unité
ou à la poignée... Un travail très pénible,
Zoom Fernand Rabeau au marché de Niort
qui use les marins-pêcheurs comme les
poissonniers car les caisses, lestées de
pains de glace pour la conservation, sont
lourdes à porter. Fernand l'aide dans son
travail mais il est réquisitionné pendant
la Deuxième Guerre Mondiale et part en
Allemagne pour effectuer un Service de
Travail Obligatoire (S.T.O.). A son retour
dans l’île d’Oléron en 1945, il choisit
« d'aller à la pêche » comme disent les
marins. Il ne reprendra le chemin des
"Etablissements Rabeau", aux côtés de
sa mère, que quelques années plus tard.
Une première évolution
Dans ce métier si particulier qu'est la vente
du poisson, l'une des principales qualités
est le courage. La vente ambulante
nécessite en effet de se lever tôt pour
préparer la marchandise et, jour après jour,
Fernand, le fils de Louise, qui s’est marié
avec Lucie, commence son travail à trois
heures du matin. Il part ensuite pour faire
la tournée comme sa mère mais cette fois
en véhicule Panhard bâché. L'après-midi
il faut être au port pour l'arrivée des
bateaux, acheter les caisses de daurades,
mulets, sardines, soles, merluchons, crevettes et autres coquillages, et les stocker
dans l'atelier aménagé dans le garage de
la maison familiale, au 19 de la rue des
Mouettes à La Cotinière.
En 1966, Fernand décide de développer
l'activité de l'entreprise sur le continent.
Le pont, entre l’île d’Oléron et Marennes,
inauguré la même année, va faciliter les
choses. Sur le conseil d'un ami, il choisit
de s’installer sur le marché de Niort trois
fois par semaine où les Pêcheries de
La Cotinière ont toujours leur étal. Il investit aussi dans des étals sur les marchés
oléronnais de Saint-Pierre, Domino, La
Brée-les-Bains et Cheray. Là où, un demisiècle auparavant, Louise, circulait à vélo.
L'entreprise change de nom,
mais pas seulement
En 1970, Colette, la fille de Fernand
et Lucie Rabeau, se marie avec Alain
Dupuy et le jeune couple travaille dans
l’entreprise. En 1984, les Etablissements
Rabeau changent de nom et deviennent
"Les Pêcheries de La Cotinière". Ce
Une transmission difficile
changement de nom est
loin d’être anecdotique.
Delphine Dupuy le dit sans
Comme souvent, il traduit
détour : « la période 1997des bouleversements bien
2007, pendant laquelle nous
plus importants. C’est à cette
avons petit à petit repris les
époque que décède Louise.
rênes de l'entreprise, a été
C’est aussi à cette période
très difficile. Il nous a fallu
qu’est construit un hangar
surmonter l'entrée en vigueur
de 600 m² à proximité
de nouvelles règlementade la propriété familiale. Il
tions très contraignantes,
permet de gérer dans
restructurer entièrement
d'excellentes conditions
l'organisation interne pour la
matérielles l'augmentation
rendre efficace, refonder le
Colette Rabeau-Dupuy
croissante de l’activité. Alain
mode de gestion et, surtout,
Dupuy cherche d’autres
appliquer la loi sur les 35 h qui
pistes de développement dont l’exportaa fait perdre de l'argent à tout le monde,
tion essentiellement vers l'Espagne. Enfin,
à l'entreprise aussi bien qu'aux salariés. »
en 1990, une poissonnerie est ouverte à
Olivier ajoute : « Les salariés gagnent
Pau. « Cette ouverture ne fut pas le fruit
moins bien leur vie depuis la réduction
d'une longue recherche méthodique,
de la durée hebdomadaire du temps de
explique Olivier Dupuy, actuel gérant des
travail. L'ambiance en a également soufPêcheries de La Cotinière et le fils de
fert. Le métier a vraiment complètement
Colette et Alain, il se trouve simplement
changé ».
UN
Port de La Cotinière en 1920
Zoom
que mon père était passionné de chasse
à la palombe dans le Sud-Ouest et
qu'un de ses amis chasseurs, Monsieur
Capdevielle, l'a convaincu d'ouvrir une
succursale dans sa ville ! ».
Olivier, né en 1972, grandit dans cet
univers et il se rappelle « Au marché de
Niort, je ne servais aux clients que des
sardines car elles étaient vendues à la
douzaine et je ne savais pas manipuler la
balance Roberval à poids ! » Au début des
années 90, il rejoint l’entreprise familiale
et il rencontre sa future femme, Delphine.
Originaire de l'île de Groix, elle le suivra
sur l'île d'Oléron, plus d'un siècle après
ses ancêtres Groisillons qui étaient venus
construire le Port de La Cotinière (lire
encadré) !
PORT BRETON
!
Au début du XXème siècle, le Port
de La Cotinière n'est pas encore
le port de pêche qu'il est devenu
aujourd'hui. Ce sont des Bretons,
venus de Concarneau et de l'île
de Groix en particulier, qui y
implantent l'activité de la pêche
en créant les infrastructures
nécessaires. Une première digue
construite vers 1850 pour offrir
un abri aux marins a été détruite
par une tempête en 1870 et, au
cours des décennies suivantes,
de nouveaux renforts sont peu à
peu installés. Vers 1920, le site de
La Cotinière est définitivement
tourné vers la pêche, une
destination qu'il ne quittera plus...
Face aux difficultés, à la
limite du dépôt de bilan,
Delphine et Olivier font
face et prennent des
décisions stratégiques.
Le magasin de demi-gros
distribuant aux secteurs
de la restauration et des
Les pêcheries de La Cotinière
Colis postaux de www.monpoisson.fr
collectivités, installé à
Niort, est fermé ; le local
occupé au Port de Pêche
de Chef-de-Baie à La Rochelle également.
L'entreprise recentre son activité sur
POISSONNERIE DU PORT
La Cotinière, avec la construction d’un
DE LA COTINIÈRE
nouveau bâtiment, met à plat toute sa
stratégie de communication avec un
nouveau logo, de nouveaux visuels, de
D'un côté, un espace très
nouvelles accroches publicitaires...
En Parallèle, ils lancent en 2006 un site
de vente en ligne, monpoisson.fr. « C'est
aujourd'hui le site d'e-commerce de poissonnerie le plus performant de France »,
précise Delphine. Il leur a fallu résoudre la
délicate question de la conservation des
produits avec un système de conditionnement et de poches de glace totalement
révolutionnaire qui garantit 48 heures de
froid dans le carton envoyé par la Poste.
Avec cinq millions d'euros de chiffre
d'affaires annuel et jusqu'à soixante
personnes au plus fort de la saison, les
Pêcheries de La Cotinière est aujourd'hui
une très belle entreprise. Présente sur
tous les réseaux de distribution : la vente
directe sur les marchés et en poissonnerie, la vente en demi-gros pour les
restaurateurs, ou la restauration collective,
le mareyage, et enfin l'e-commerce.
Depuis près d'un siècle, quatre générations se sont succédées dans cette
entreprise où les femmes ont occupé une
place particulièrement importante, dans
un monde d'hommes...
Port de La Cotinière
Coordonnées
Les Pêcheries de La Cotinière
Port de La Cotinière
17310 Saint-Pierre d’Oléron
Tél. : 05 46 47 10 07
www.monpoisson.fr
Quatre générations de
Rabeau à Dupuy...
1890-1928 \
Louis Rabeau
1899-1984 \ Louise Rabeau
original de vente en libreservice, de l'autre, un espace
traiteur où l'on voit le chef
travailler le poisson et
préparer les plats, tous plus
appétissants les uns que les
autres. Au total, ce sont 250 m²
qui sont entièrement dédiés
aux poissons, coquillages,
crustacés...
1918-1994 \
Lucie Rabeau
1920 .......... \
Fernand Rabeau
1945-2009 \
Colette Dupuy
1950 .......... \
Alain Dupuy
1972 .......... \
Olivier Dupuy
1972 .......... \
Delphine Dupuy
Histoires
d’entreprises
L ' U N I O N N AT I O N A L E
DE LA POISSONNERIE
FRANÇAISE
Très impliqués dans leur profession, Olivier et Delphine
Dupuy sont à l'origine de la
création, en 2008, d'un syndicat patronal : Union Nationale
de la Poissonnerie Française
(U.N.P.F.), dissidente du
Syndicat de la Poissonnerie
dont ils contestaient l'action. A
l'origine de cette création avec
trois autres « poids lourds » du
métier : René Schäller de Nancy,
Pierre Labbé de Lamballe
(Président de l'U.N.P.F.) et
Marius Bulteau. Ils ont su se
faire reconnaître des autorités
gouvernementales et attirer de
très nombreux adhérents.
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