Il était une fois Rosendaël … à l`aube du XXème siècle

Transcription

Il était une fois Rosendaël … à l`aube du XXème siècle
Il était une fois Rosendaël L’Eglise Notre-Dame
… à l’aube du XXème siècle de l’Assomption et
Illustrations :
Jacques Foort, Jacques Lelieur
et Marcel Pickaert
Texte et mise en page :
Jean-Claude Lagrou
Collection Jacques Foort
Photo J. Geysen
le Monument
du Cinquantenaire
Collection Jacques Foort
Rosendaël - L’Eglise
Sur le cliché de gauche, pris très vraisemblablement entre 1903 et 1906, les
travaux sont en cours d’achèvement, notamment en ce qui concerne la tour, comme
l’indiquent les échafaudages et la palissade ; à noter la présence, à droite, de la maison
avec le lampadaire. Sur la carte postale de droite, postérieure à l’inauguration, le 15 août
1906, les travaux sont achevés et la végétation est plus touffue.
Jacques Foort / Jean-Claude Lagrou / Jacques Lelieur / Marcel Pickaert / G.H.Dk. Page 1
Rappel historique
Jusqu’en 1860, date de son érection en commune séparée, le hameau de
Rosendaël dépendait administrativement des communes de Coudekerque-Branche et de
Téteghem.
Mais dès 1842, il est érigé en paroisse, par ordonnances, royale du 13 juin 1842
et ecclésiastique du 29 juin de la même année, ce qui met fin, de ce point de vue, à sa
partition entre les deux sections existantes :
La 1èr section :
Elle s’étendait, d’ouest en est, de Dunkerque à la rue du Four-à-Chaux, et du
nord au sud, de la mer au canal de Furnes et dépendait de la paroisse Saint-Eloi de
Dunkerque.
La 2ème section :
Elle s’étendait pour sa part, d’ouest en est, de la rue du Four-à-Chaux à
Leffrinckoucke, et du nord au sud, de la mer au Canal de Furnes et dépendait de la paroisse
de Téteghem.
Il faut souligner que l’érection du hameau en paroisse sera déterminante pour sa
future érection en commune.
… / … /…
Raymond Lasuye rappelle dans sa monographie de Rosendaël que jusqu’en
1842 le culte se pratiquait dans une église provisoire dont on pourrait trouver l’emplacement
dans la rue de la Gare.
L’année 1843 s’avère déterminante grâce aux Demoiselles Grawez, de
Dunkerque, lesquelles :
font don au conseil de fabrique, chargé d’administrer les biens de la nouvelle
paroisse, d’un terrain pour la construction d’une église ; ce terrain de 18 ares et 57
centiares se situe sur l’emplacement de la place de la Liberté.
donnent à ferme au dit conseil de fabrique, par bail de 99 ans :
toutes les terres comprises dans le quadrilatère limité par la rue des
Ecoles, à l’ouest, la rue de l’Est au nord, la rue de la Gare au sud, et à l’est par le
chemin Scheider ; dans ces terres ne figurent pas les 18 ares et 57 centiares déjà cités.
mais aussi 40 ares situés au nord des terres précédentes, c'est-à-dire à
l’emplacement de l’église actuelle.
Le conseil de fabrique décide, comme l’illustre le schéma ci-après :
de réserver ces 40 ares pour en faire un cimetière
de consacrer 1.125 m² du reste du terrain pour bâtir une école
de consacrer 2.037 m² pour ériger un presbytère
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Collection Marcel Pickaert
C’est l’abbé Lantsheere, vicaire de Saint-Eloi et premier curé de la paroisse qui,
dès 1842, lance les travaux de l’église sur les plans de M. Develle, architecte.
Le financement repose uniquement sur des dons de particuliers dont ceux des
jardiniers qui s’élèvent à 4.974 francs ; l’Etat et le Département ne sont pas impliqués
financièrement dans cette opération.
Deux ans plus tard, très précisément le 1er avril 1844 a lieu la pose et la
bénédiction de la première pierre.
L’abbé Harrau décrit la scène.
« Au son des cloches de la ville de Dunkerque, les membres du clergé des deux
paroisses de Saint-Eloi et de Saint-Jean-Baptiste se rendirent processionnellement à
Rosendaël.
Quatre ouvriers maçons portaient la pierre sur un brancard orné de verdure et
de fleurs.
A quatre heures de l’après-midi la pierre fut bénite par M. Aernout, curé de
Bergues et grand-doyen de l’arrondissement. Assistaient à la cérémonie Pierre Depours,
maire de Téteghem, et L. Landron, maire de Coudekerque-Branche.
La pierre, avec un parchemin placé dans une fiole, fut déposée au côté N.E. entre
le chœur et la sacristie ».
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Cinq mois plus tard, le 18 août 1844, c’est au tour de la cloche offerte par
Madame Veuve Grawez d’être bénite ; elle pèse 313 kgs ½ et porte le nom de MarieCaroline.
Mais bien vite, la construction doit être interrompue pour trois raisons
essentielles :
tout d’abord le manque de moyens financiers,
ensuite la capacité insuffisante de l’édifice compte-tenu de l’augmentation
importante de la population,
enfin et surtout la faiblesse de la construction qui fait courir des risques
importants au fidèles ; en réalité l’église, qui compte trois nefs, n’est qu’une vaste chapelle
dont les murs n’ont que 33 cm d’épaisseur et sont privés de contreforts.
Bénie en 1846 par M. Leleu, vicaire général et supérieur du grand séminaire de
Cambrai, l’église ne sera jamais totalement achevée.
C’est ainsi que la dernière travée et la tour ne verront pas le jour.
L’absence d’incident grave relève à coup sûr du miracle !
Et il faudra attendre 1900, soit un demi-siècle, pour que soit arrêtée la
construction d’une nouvelle église, cette fois sur le terrain du cimetière désaffecté en 1883 (cf
schéma ci-avant).
Les travaux sont lancés le 4 septembre 1900 et se poursuivent jusqu’en novembre
1902.
Mais ici encore le financement pose problème.
La participation de l’Etat, environ 10.000 francs, parait en effet dérisoire au
regard du coût total de l’opération (cf ci-après).
Dès lors le projet initial établi en 1888 par M. Cockempot, architecte lillois, doit
être revu à la baisse.
Lorsqu’intervient la bénédiction de l’église, le 22 décembre 1902, la tour et les
travées latérales ne sont pas encore construites.
A titre indicatif, sur les 248.653 francs dépensés alors, 159.055 ont été supportés
par la commune, le reste l’ayant été par le conseil de fabrique, les souscripteurs et M.
Bouden, curé de la paroisse depuis 1868.
Son successeur en 1903, M. Hantschoote, mènera néanmoins le projet à son
terme, jusqu’à l’inauguration officielle le 15 août 1906, fête de l’Assomption de Marie, par
Monseigneur Lobbedey, évêque de Moulins qui procède le jour même à la bénédiction des
cloches.
…/…/…
DESCRIPTIF DE L’EGLISE
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Cinq ans plus tard, les 4 et 5 juin 1910, est inaugurée sur la place de la
Liberté, face à l’église, le monument du cinquantenaire de Rosendaël, commune créée,
rappelons le, le 24 mars 1960 ; il ne s’agit donc pas d’un « monument aux morts », comme
celui qui va lui succéder en lieu et place, mais d’un monument commémoratif de la
naissance de la commune. C’est le maire de Rosendaël, Félix Coquelle, qui est à l’origine
du projet ; dès 1909 il charge en effet Maurice Ringot, sculpteur et Arthur Gontier,
architecte, de sa conception et de sa réalisation.
Le monument est réalisé en
ciment et son armature en silexore.
Sa structure comporte une colonne
de forme pyramidale et quatre pieds
galbés formant arc- boutants.
L’iconographie a pour thème
principal, la ville, symbolisée par
une femme assise en haut de la
colonne, laissant choir des roses.
Mais elle intègre également
quatre figures, adossées chacune à
une face :
un jardinier avec bêche et
légumes
un pêcheur avec filet, barque,
ancre et poissons
un génie de la prospérité avec
flambeau ou rayon
un enfant nu qui tend une palme
à la dame
Le monument porte également
deux inscriptions :
Collection Jacques Foort
sur une coquille : Rosendaël
1860 - 1910
sur cuir porté par le génie : Ad
Lumen
Le symbolisme de ce monument désormais inscrit à l’inventaire général du
patrimoine culturel ne pose pas de problème d’interprétation dès lors que l’on sait que la
population de Rosendaël était essentiellement composée à l’origine de jardiniers et de
pêcheurs ; c’est donc un hommage aux fondateurs de la commune qui est clairement
rendu ; mais Maurice Ringot entendant également se tourner ver l’avenir en célébrant
deux thèmes récurrents à l’époque : la fécondité et la prospérité
La même thématique sous-tend d’ailleurs la « Cantate du Cinquantenaire de
la Commune » publiée dans l’Eveil Populaire des Flandres du 21 mai 1911 et dont le
texte est ci-après reproduit.
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A ROSENDAEL
Cantate du Cinquantenaire de la Commune
Publiée dans l’Eveil Populaire des Flandres du 21 mai 1911
II
I
Salut à toi, ville aimable des roses,
Sol radieux, où foisonnent les fleurs,
Qui fais jaillir, dans la splendeur des choses
Un océan de vivantes couleurs.
Tes frais jardins reposent la pensée,
Sous leurs berceaux embellis tous les ans,
Calme oasis, émeraude enchâssée
Dans l’anneau d’or de tes sables luisants.
Salut à toi, terre auguste et féconde,
Qu’un dur labeur façonne chaque jour,
Sol nourricier dont la glèbe profonde
Verse la vie aux peuples d’alentour.
Ton suc puissant gonfle des bras robuste,
Ardents marins, jardiniers diligents
Tu fais les cœurs secourables et justes,
Salut à vous, race d’honnêtes gens !
Vers l’avenir, ville opulente,
Par le travail et par la probité,
Poursuis ta marche étincelante,
Dans la lumière et la beauté.
III
IV
De Téteghem et Coudekerque née,
Petite et pauvre au bord des flots mouvants,
Tu vins peupler la dune abandonnée,
Pour la gorger de richesse et d’enfants.
Sur l’océan, tu mis tes barques frêles,
Jetant aux vents d’audacieux défis ;
Et sur les mers comme sous les tonnelles,
Vibre partout la chanson des tes fils.
Rosendaliens, fiers de l’œuvre accomplie,
Gardez les mœurs de vos rudes aïeux
Ce monument à leur passé vous lie ;
C’est leur vertu qui revit sous vos yeux.
Faites comme eux prospérer vos familles ;
Ils souriront à vos mâles efforts,
Parant de fleurs la beauté de vos filles
Mêlant la grâce à la vigueur des corps.
Vers l’avenir, ville opulente,
Par le travail et par la probité,
Poursuis ta marche étincelante,
Dans la lumière et la beauté.
Suivent ici quelques cartes postales pour mieux illustrer cette chronique.
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Collection Jacques Lelieur
« Rosandael » - La Nouvelle Eglise
Ce cliché date bien évidemment « d’avant 1910 » comme mentionné et
selon toute vraisemblance se situe entre fin 1902, date à laquelle la tour et les
travées latérales ne sont pas construites et le 15 août 1906, date de l’inauguration.
Collection Jacques Lelieur
Rosendaël – Place de la Liberté
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Collection Jacques Lelieur
Collection Jacques Foort
Collection Jacques Lelieur
Collection Jacques Lelieur
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Sur les deux dernières cartes précédentes – celles du bas – on remarque à
droite une « institution » rosendalienne, « le café « A l’Union ».
Sur la carte ci-après, intitulée, « Fêtes du Cinquantenaire de Rosendaël », apparaissent
les portraits de Philippe Schodduyn, premier maire de Rosendaël, et de Félix Coquelle,
maire de la commune durant l’époque considérée.
Collection Jacques Lelieur
Collection Jacques Lelieur
Le 25 juin 2013
Jacques Foort / Jean-Claude Lagrou / Jacques Lelieur / Marcel Pickaert / G.H.Dk. Page 9