« Puisqu`on est jeune est con... et qu`il sont vieux et fou... »

Transcription

« Puisqu`on est jeune est con... et qu`il sont vieux et fou... »
« Puisqu'on est jeune est con...
et qu'il sont vieux et fou... »
D. Saez
Lors d'une discussion Hugo nous a fait part, dépité, d'une grande découverte concernant son
avenir : il ressemble de plus en plus a son père. « C'est terrible, a t-il dit, j'ai la même gestuelle,
j'ai la même voix, je vais être un Jean-Jacques bis ! ». Cette anecdote du quotidien a trouvé une
correspondance avec notre sujet. Notre thématique est la jeunesse, cette anecdote nous a fait
sourire et en même temps nous a fait prendre conscience que nous sommes à la fois unique et en
même temps que nous ressemblons à nos géniteurs. Si Hugo à réagi comme ça c'est car il a
l'impression de ne pas avoir sa propre personnalité. Nous lui avons fait remarquer qu'il essaye
par tous les moyens de se différencier. « Ah oui, a t-il répondu, mon père est relou car il me dit
tout le temps que je rate ma vie. »
Puisque selon eux on est jeune est con, pourquoi selon ne nous serait t-ils pas vieux et fou
? Nous subissons les critiques sur nos manières d'êtres, nos musiques, notre manière de nous
habiller mais nous portons aussi un jugement et un regard critique sur nos parents. La notion de
jeunesse ou son opposé sont de plus en plus subjectives et c'est un des facteurs explicatifs des
différences entre générations. La frontière entre la jeunesse et la vieillesse est un enjeu de lutte
selon Pierre Bourdieu (sociologue).
Nous allons donc dans un premier temps analyser les oppositions, voir les fractures entre
les jeunes et les aînés, puis nous évoquerons ce qui les rapprochent et qui fait qu'ils sont nous et
que nous sommes eux.
* * *
Aujourd'hui, les divisions entre les âges sont arbitraire selon Pierre Bourdieu. En effet les
jeunes et les vieux ont plus de ressemblances que ce que disent les stéréotypes qui classent les
génération dans des cadres que l'on ne doit pas dépasser.
Au-delà de l’idée de définition des frontières de la jeunesse, c’est la question du
classement (d’autrui et de soi) parmi les jeunes ou parmi les vieux qui apparaît essentielle. Mais
la question est plus complexe que cela. Une forte dissymétrie est ressentie entre l' « âge
chronologique » qui correspond au nombre d’années vécues et l'« âge subjectif » ; c’est-à-dire
l’âge ressenti mais aussi les personne jeunes subjectivement jeunes. Et donc au final il est
difficile de définir ce qu'est être jeunes et être vieux. D'ailleurs il existe de plus en plus de
vocabulaire pour qualifier les personnes de différents âges (3eme âge, seniors, 4eme âge,
adolescents, adulescents, post-adolescent . Dans notre société qui valorisent la jeunesse, le vieux,
c’est souvent l’autre, le plus vieux que soi, de sorte que le vieux, le vrai vieux, apparaît quelque
peu introuvable.
Si vous regardez dans la rue, vous ne serez pas surpris de voir des adultes portant des
jeans, des baskets ou bien des personnes âgés qui n'ont pas les cheveux gris, qui écoutent de la
musique avec des écouteurs et qui portent eux aussi des jeans. Car oui, le jean dans les années 50
était associé au blouson noir et à la Harley , à la révolte : « les jeunes ». Il était symbole de la
révolte des jeunes. Aujourd'hui, tout le monde peut porter des jeans. Et les ressemblances ne
s'arrête pas là, rien que sur le point vestimentaire, les couleurs, les styles, sont plus ou moins
communs à tout les âges.
En effet, on peut écouter n'importe quelle musique à n'importe quel âge. C'était quelque
chose d'impensable que d'écouter la même musique que ses enfants il y a seulement 40 ans, (à
part pour la musique classique qui elle, est intemporelle!).
Il est vrai que notre génération a beaucoup plus accès à la musique que celle de nos parents ! Le
fait d'avoir une multitude de choix et de musiques gratuites (téléchargement...) et facilement
transportable (baladeur MP3...) nous a vraiment très avantagés avec aussi une plus grande
variété de connaissance dans ce domaine (mais peut-être pas meilleure !) Aussi, dans une
voiture, vous ne serez pas étonné d'entendre du David Guetta, Pharell Williams ou John Legend
avec au volant une personne d'un certain âge.
Ainsi chaque générations se crée des codes culturels (musique, mode, langage,
expressions, attitudes). Si autrefois, la jeunesse créait des contre culture qui devenait la culturelle
de référence, aujourd'hui les différences s’estompent. Il y a des cultures que chacun s'attribuent à
sa guise.
Retenons donc qu’il n’est pas simple de définir «jeunes» et «vieux», et que l’on ne peut
concevoir une catégorie indépendamment de l’autre. Ainsi, lorsque l’on parle de rapprocher
jeunes et vieux afin de créer du «lien social», comme c’est le cas dans les actions
intergénérationnelles en vogue aujourd’hui, la question se pose de savoir de quels jeunes et de
quels vieux il s’agit. Et force est de constater que les réponses sont d’une grande diversité: les
jeunes peuvent être des nourrissons gardés en crèche, des enfants de l’école primaire, des
adolescents, parfois même avoir fini leurs études et être à la recherche d’un emploi ; quant aux
vieux, il peut tout aussi bien s’agir de «jeunes retraités», que de personnes vivant en maison de
retraite.
Il existe un espace qui apparaît comme le lieu privilégié de lien entre jeunes et anciens, de
relations entre générations: la famille. la famille est le lieu de proximité entre les plus jeunes et
les plus âgés, de relations et de solidarité. les solidarités familiales soutiennent en temps de crise
à l'exemple de l’engagement de la «génération pivot» auprès des petit-enfants.
Il faut se garder d'avoir une vision trop idyllique des liens intergénérationnels. De plus en plus
ces relations ne vont pas sans inégalités, beaucoup d'anciens voient rarement ou plus du tout leur
famille, enfants ou petits enfants.
* * *
Ainsi les générations sont de plus en plus dissemblables et différentes mais de plus en plus
mises sur un pied d'égalité.
Si l’on considère maintenant que jeunes et vieux appartiennent à deux générations différentes, on
est alors amené à mettre l’accent sur ce qui les sépare : d’une part, des différences « culturelles »
et, d’autre part, des inégalités dans leur destinée sociale. Les différences culturelles entre
générations, qui renvoient au fait qu’elles ont grandi et mûri à des époques différentes, se
déclinent dans de multiples registres : celui des valeurs (les plus âgés apparaissent, dans les
enquêtes, plus rigoristes que les plus jeunes), celui des goûts (musicaux, par exemple), celui du
rapport à l’environnement (on peut citer l’exemple des nouvelles technologies et d’Internet, que
les plus jeunes découvrent comme une « évidence » du monde qui les entoure, au contraire des
plus âgés)
Ces différences culturelles sont d’autant plus importantes que nous sommes dans une société
marquée par un changement permanent et de plus en plus rapide. Les jeunes grandissent dans un
autre monde que celui qu’ont connu les vieux quand ils étaient jeunes, ce qui constitue une
différence essentielle par rapport aux sociétés qui connaissaient un faible changement social.
D’où la difficulté de la transmission dans une société telle que la nôtre
Au-delà de ces différences culturelles, ce sont les inégalités dans leur destin social qui
séparent les générations. Le destin de chaque génération est, en effet, fortement marqué par les
événements qu’elle traverse et par la conjoncture économique et sociale qu’elle connaît. Louis
Chauvel montre ainsi que les personnes nées à la fin des années 1930 et dans les années 1940,
qui sont aujourd’hui à l’âge de la retraite ou qui en approchent, ont bénéficié d’une conjoncture
favorable : elles ont profité de la première explosion scolaire (dans les années 1950) et d’une
conjoncture économique exceptionnelle au moment de leur insertion professionnelle, et elles ont
continué à profiter de cet avantage initial tout au long de leur carrière.
les cohortes qui sont venues après ont connu une conjoncture beaucoup moins favorable, une
insertion professionnelle plus difficile, pendant les années de crise. La pauvreté s'est accrue et le
sentiment, non plus d’une ascension mais d’un déclassement social s'est installé. Les propos
annonçant une « lutte des âges » ou un « conflit des générations » se fondent sur ces tendances
indéniables, sur ces inégalités de conjoncture qui ont fini par produire un déplacement des
inégalités structurelles entre générations : inégalités dans la répartition des revenus (en 1977, les
quinquagénaires gagnaient 15 % de plus que les trentenaires alors qu’en 2000, l’écart était de
40 %), qui se doublent d’une concentration accrue du pouvoir politique (entre 1977 et 2002,
l’âge médian des députés est passé de 52 à 57 ans).
D’autre part, les relations et solidarités familiales sont de moins en moins marquées entre
les générations plus éloignées. Elles sont fortes entre parents et enfants, à tous les âges de la vie,
(parents et ados, parents et jeunes adultes aidés financièrement, parents âgés hébergés...). Elles
sont fortes également entre grands-parents et petits-enfants. L'argent des grands parents sert
souvent à lancer le jeunes dans la vie active (voiture, la caution...) mais elles tendent à
s’estomper ensuite, lorsque les petits-enfants grandissent, les contacts se faisant plus rares.
Les petits-enfants adultes sont ainsi beaucoup moins présents auprès de leurs grands-parents
dépendants que ne le sont leurs parents. La maison de retraite est souvent le dernier refuges des
anciens mais c'est un lieu qui rebute ou effraie les plus jeunes. Les liens se distendent alors.
* * *
Ainsi au final, la jeunesse est une expression et un terme extrêmement polysémique.
Chacun se positionne, se considère jeune par rapport à des critères subjectifs,
Selon certains, la jeunesse est une classe d'âge. Elle réunit les classes d'âge de moins de
18 ans. Pour d'autres ont aussi inclus les personnes allant de quinze à vingt quatre ans,
notamment les étudiants et les jeunes en difficulté d'insertion, autrement dit les jeunes non
intégrés au monde du travail.. Pour d'autres encore les cadra sont jeunes mais les
quinquats sont trop vieux en particulier dans le monde dut ravail. Intervient donc la
caractéristique sociale.
Le terme jeunesse désigne aussi l'aspect corporel du corps. La puberté marque l'étape
physiologique à laquelle l'individu est capable de procréer. Ce passage à la puberté est le
passage de l'enfance à l'adolescence, puis au jeune adulte, L’attrait pour la jeunesse de
notre société s'inscrit dans cet aspect physiologique.
Mais le terme jeunesse désigne de moins en moins l'état les facultés physiques et
intellectuelles d'une personne. La senescence et le vieillissement sont de plus en plus
repoussés. Les activités et les performances ne sont plus un marqueur de jeunesse.