Séminaire sur la construction de l`image médiatique

Transcription

Séminaire sur la construction de l`image médiatique
Séminaire sur la construction de l’image médiatique Les identités qui participent à la construction de l’image médiatique de Régis Labeaume Par Marion Reny Delisle et Alix-­‐Anne Turcotti Sous la direction de Guylaine Martel, Professeure titulaire Département d’information et de communication 1. Problématique 1.1. Construction de l’image médiatique : description théorique La diversité des formats télévisuels produits pour mettre en scène l’information offre aux politiciens la possibilité de présenter au grand public leur message politique, mais également de faire valoir leur personnalité et leur compétence professionnelle (Martel, 2008). Du point de vue de l’information, cette diversité est souvent perçue négativement, car certains considèrent que l’essence du message politique est perdue au profit des autres informations moins factuelles que font ressortir les différentes mises en scène des émissions de variétés (Martel, 2010). Cependant, du point de vue de la communication, l'image d’un locuteur, à savoir l'ethos, est au cœur de la persuasion politique (Charaudeau, 2005a). Dans les termes de Charaudeau, « […] en politique, les idées ne valent que le sujet qui les porte, les exprime et les met en œuvre. Il faut que celui-­‐ci soit crédible et qu’en même temps il soit support d’identification à sa personne. Crédible, parce qu’il n’est d’homme politique sans que l’on puisse croire en son pouvoir de faire ; support d’identification parce que, pour que l’on adhère à ses idées, il faut que l’on adhère à sa personne » (2005a : 91). À ce titre, l’image du porteur de l’information fait partie intégrante du sens et influence l’interprétation du message, puisqu’elle contribue à définir la situation dans laquelle les interlocuteurs se trouvent, d’où son importance d’un point de vue communicationnel. 1 En effet, « Lorsqu’un individu est mis en présence d’autres personnes, celles-­‐ci cherchent à obtenir des informations à son sujet ou bien mobilisent les informations dont elles disposent déjà. Elles s’inquiètent de son statut socio-­‐économique, de l’idée qu’il se fait de lui-­‐même, de ses dispositions à leur égard, de sa compétence, de son honnêteté, etc. » (Goffman, 1973 : 11). De ce fait, l’image du porteur de l’information permet au récepteur de prévoir ce qu’il peut attendre du locuteur et, inversement, au locuteur de prévoir ce qu’il peut attendre du récepteur. Ainsi, l’interaction est le lieu où les acteurs donnent à leurs partenaires une impression d’eux-­‐mêmes qui contribuera à les influencer dans le sens désiré (Goffman, 1973). Par définition, l’image correspond à la représentation qu’un individu a de lui-­‐même et qu’il cherche à projeter sur les autres lorsqu’il se trouve en présence sociale (Goffman, 1973). Ainsi, « l’acteur doit agir de façon à donner, intentionnellement ou non, une expression de lui-­‐même, et les autres à leur tour doivent en retirer une certaine impression » (Goffman, 1973 : 13). L’image peut se construire à partir de faits avérés, imagés ou suggérés, tant par la personnalité médiatique que par le public. Elle est donc le résultat d’une co-­‐construction entre ce que le dispositif médiatique révèle et ce que le public perçoit. De ce fait, pour le politicien, « l’image correspond à la représentation que lui-­‐même se fait de ce qu’il croit être un bon politicien, de même qu’à la représentation qu’il pense que le public s’en fait » (Martel, 2010 : 2). Il doit s’adapter à ses allocutaires en essayant d’imaginer leur vision des choses de la manière la plus fidèle possible (Amossy, 2006), puisque « l’image des gouvernants est censée correspondre aux attentes des gouvernés » (Charaudeau, 2005a). L’image médiatique du politicien est donc le résultat d’une co-­‐construction, d’une négociation plus ou moins consciente entre ce que les participants à la communication considèrent comme étant le plus adéquat en fonction de la situation de communication. Ainsi, on constate que le politicien est un être à la fois individuel et collectif, comme y réfère Charaudeau (2005a), puisqu’il forge son image à 2 travers ses rapports avec les autres, en l’enrichissant et en la déterminant réciproquement. Toutefois, avant même d’entrer en interaction médiatique, le public possède déjà une certaine image du politicien. L’image préalable, telle que définie par Amossy (1999), s’élabore sur la base du rôle rempli par l’orateur dans l’espace social, en se fondant notamment sur ses fonctions institutionnelles, son statut et son pouvoir, mais également sur la base de la représentation collective ou des images stéréotypées qui le prédéfinissent (Amossy, 2006). « L’image préalable se voit confirmée, modifiée, transformée, voire invalidée au cours de la prestation. » (Amossy, 1999 : 49) En ce sens, un politicien qui jouit d’une image préalable positive tentera de la préserver lors de ses performances futures et de sauvegarder l’impression favorable dont il bénéficie de la part de ses interlocuteurs. Inversement, un politicien dont l’image préalable est plutôt négative tentera de l’améliorer en la renégociant lors d’éventuelles performances. Chaque nouvelle interaction donne lieu à une renégociation de l’image médiatique du politicien ; chaque nouvelle image s’ajoute à l’image préalable, participant ainsi à l’établissement de nouveaux standards sur lesquels se fonde l’expérience médiatique aussi bien du public que des politiciens (Martel, 2010 : 2). Ainsi, l’image médiatique du politicien se construit grâce à une expérience et des connaissances partagées. En constante négociation, cette image médiatique partagée, comme y réfère Martel, « guide la performance du politicien en même temps qu’elle sert de balise à son évaluation » (2010 : 2-­‐3). L’image se veut donc le résultat d’une construction interactionnelle extrêmement dynamique entre les participants à la communication au cours de l’interaction. Sachant que « le sens du message politique passe en grande partie par la construction identitaire du politicien » (Martel, 2010 : 1), nous nous sommes intéressées à la construction de l’image médiatique de Régis Labeaume. 3 2. Le problème spécifique de la recherche 2.1. L’image préalable de Régis Labeaume La présente section a pour objectif de décrire l’image préalable du maire Régis Labeaume en faisant état des perceptions du public et des médias à son égard. À l’aune des informations tirées du dossier de presse, son image médiatique pourrait se traduire ainsi : Régis Labeaume est un père de famille ayant fait carrière dans le milieu des affaires et qui, par la suite, est devenu maire de la ville de Québec. 2.1.1. Biographie Né à Roberval en mai 1956, Régis Labeaume est marié depuis 20 ans et père de trois enfants. Diplômé en sociologie de l’Université Laval, il a touché pour la première fois à la politique en 1980, alors qu’il était attaché politique du ministre péquiste Jean-­‐François Bertrand. Il se considère aujourd’hui comme étant au centre de l’échiquier politique et se définit comme un social-­‐démocrate en colère, puisqu’il pense que la gauche a galvaudé la social-­‐démocratie en partageant la richesse, mais en oubliant de la créer (Le Soleil, 2011). Impliqué dans le monde des affaires depuis de nombreuses années, le maire de Québec a assumé les fonctions de président-­‐fondateur de la Société minière Mazarin jusqu’en 1993, ainsi que celles de président du conseil de la Société Asbestos et du Conseil des mines d’amiante Bell. Il a également été consultant auprès d’entreprises ayant le projet de s’installer à Québec (Wikipédia, s.d. : En ligne). De 2003 à 2007, il a occupé le poste de président-­‐directeur de la Fondation de l’entrepreneurship. Il a également travaillé dans le secteur de l’innovation technologique, notamment à titre d’administrateur. Régis Labeaume a été membre de divers conseils d’administration, dont ceux d’Hydro-­‐
Québec, de la Fondation de l’Université Laval et du Pignon bleu. Il a également co-­‐
présidé la campagne Centraide en 2002 et il a présidé et siégé au comité exécutif du Festival d’été de Québec en 2003 et 2004. Il a été membre de plusieurs conseils, dont certains dans les domaines de la culture et de l’entreprenariat chez les jeunes et il a 4 coécrit les livres Les innovations dans le monde minier au Québec et Comment acheter une PME. (Boivin, 2007 : En ligne) Enfin, lorsque Régis Labeaume a été élu avec 59 % des suffrages à la mairie de Québec en 2007 (Wikipédia, s.d. : En ligne), il n’en était pas à ses premiers balbutiements en politique municipale, car il s’était déjà présenté, en 2005, à la tête du Renouveau municipal de Québec (Boivin, 2007 : En ligne). 2.1.2. Perception du public et des médias Le public et le monde des médias perçoivent le maire de Québec comme un « personnage haut en couleur » (Lagacé, 2010 : En ligne), un « Labeaume Atomique » (Porter, L’actualité, 2009a). Il est très médiatisé et apprécié des citoyens de la ville de Québec, car il se prête souvent à des excentricités qu’il est inhabituel de voir chez les hommes politiques. En effet, on le dit rafraîchissant, car il se distingue du politicien type. Ses écarts de conduite étant très vendeurs pour les journaux : « les journalistes se frottent les mains, [car] il fait de la bonne clip’» (Porter, L’actualité, 2009a). En ce qui concerne les citoyens, son côté vrai est d’ailleurs ce qui leur plaît. Régis Labeaume est également reconnu pour son amour passionnel pour Québec et sa ferveur à défendre sa ville. Dans les termes de Lagacé, « le maire de Québec est un excellent ambassadeur pour sa ville, il la défend becs et ongles, il aime Québec et Québec le lui rend bien » (En ligne : 2010). En 2009, les sondages lui accordaient une cote de popularité de 91 % (Porter, L’actualité, 2009a), alors qu’en 2010, plus de la majorité des 425 résidants sondés ont désigné Régis Labeaume comme ayant fait l’évènement dans la capitale et comme la personnalité politique de l’année 2010 (Le Soleil, 2010). Sa popularité auprès du public n’est donc plus à démontrer. Régis Labeaume est perçu comme un homme sur la même longueur d’onde que sa population. Son attitude est souvent qualifiée de populiste, ce qui plaît notamment aux jeunes qui lui vouent une certaine admiration (Porter, Le Devoir, 2009b). En effet, certains indices discursifs du populisme1 ressortent de son discours. On distingue par 1
Les définitions du populisme varient d’un auteur à l’autre. Dans le cadre de cette recherche, nous nous sommes concentrées sur le populisme tel que défini par Gribova (2002). 5 exemple une simplicité de langage, des appels au peuple québécois et à l’unité nationale, ainsi que des éloges à la ville de Québec et des discours émotionnels, tels que des références au vécu populaire (Gribova, 2002). Selon Charaudeau (2005a), les masses peuvent souvent être séduites par des images qui ne sont pas directement liées au politique. Il est donc possible que l’utilisation d’une rhétorique simpliste consiste en une stratégie destinée à lui permettre de se rapprocher des citoyens de la ville de Québec (Charaudeau, 2009). De plus, à l’image d’un homme d’affaires désireux de bien positionner son produit, le maire de Québec sait parler aux gens et leur présenter les choses de manière essentiellement positive. Il critique rarement sa ville : il n’a au contraire que des réponses et des solutions. Régis Labeaume, l'homme d'affaires, se plaît d’ailleurs à rappeler qu'il est diplômé en sociologie, ce qui expliquerait selon certains sa compréhension instinctive des susceptibilités et des particularités de Québec (Porter, Le Devoir, 2009b). Toutefois, certains considèrent que l’homme politique doit prendre garde à l’emprise de son personnage sur sa personnalité, puisque ses excès de langage et de comportement l’écartent parfois de son rôle de maire. Il doit donc veiller à ce que la caricature ne prenne pas le dessus sur l’homme, que les « singeries » ne prennent pas le pas sur les réflexions et que la forme n’enterre pas la substance (Lagacé, 2010 : En ligne). Il est même postulé que ses écarts de conduite sont davantage une méthode de travail qu’une suite de maladresses (Le Soleil, 2010). Son franc-­‐parler peut être un atout dans le domaine des affaires, mais sur la place publique, cela ne correspond pas parfaitement à l’image qu’on se fait d’une personnalité politique. Les partis de l’opposition, qui l’accusent d’outrepasser son champ de compétences avec ses nombreux projets, tentent d’ailleurs de lui rappeler l’essence du rôle de maire, qui est de donner des services aux citoyens qui paient des taxes pour les égouts et les ordures (Gruda, La Presse, 2009). Toutefois, ce sont justement ces traits de caractère qui plaisent aux électeurs, sa transparence, sa sincérité et son impulsivité, qui le rendent si proche du peuple, mais également ses aptitudes en 6 gestion et en commerce qui transparaissent dans l’ardeur avec laquelle il défend ses projets, ainsi que dans son côté visionnaire et créatif, des traits caractéristiques d’un chef d’entreprise (Advancia – L’école de l’entreprenariat, s.d). Ainsi, « il applique en politique municipale les méthodes du monde des affaires. C'est la victoire des gens d'action plutôt que des gens de réflexion » (Porter, Le Devoir, 2009b). Tantôt homme d’affaires ou père de famille, tantôt politicien ou sociologue, on constate que l’image de Régis Labeaume est assez difficile à catégoriser. En effet, « des fois, il agit comme un réactionnaire, d'autres fois, il a une sensibilité sociale. Il est difficile à caser […], il a une tendance populiste qui n'est ni de gauche ni de droite. À cause de ça, les gens ne semblent pas être capables de lui en vouloir » (Hudon, Le Soleil, 2010). En ce sens, nous avons considéré pertinent de nous pencher sur la question des différentes identités, personnelles et professionnelles, qui construisent l’image médiatique du maire Labeaume. 2.2. La question de recherche 2.2.1. Justification de la question de recherche Selon Charaudeau, « la mise en scène du discours politique [oscille] entre l'ordre de la raison et l'ordre de la passion, mélangeant logos, ethos et pathos […] » (2005a : 64). À cet effet, les informations contenues dans le dossier de presse nous ont permis de constater que l’image médiatique de Régis Labeaume est construite par différentes identités qui lui confèrent non seulement sa crédibilité en tant que leader politique, mais qui lui permettent également une grande proximité avec les citoyens. Dans cette perspective, nous avons distingué six identités principales, deux personnelles et quatre professionnelles. Tout d’abord, Régis Labeaume parle souvent de ses enfants, de ses préoccupations à leur égard ; il réfère plus rarement à sa femme, avec qui il vit depuis plus de vingt ans. Ces informations relèvent de son identité personnelle. Il discute également de sa formation en sociologie et de son côté franc et impulsif, qu’il reconnaît ouvertement. 7 Régis Labeaume est aussi perçu comme un homme ayant connu une carrière florissante dans le monde des affaires et du secteur privé. Tel que constaté précédemment, il lui arrive d’ailleurs d’adopter le comportement d’un homme d’affaires, d’un entrepreneur, plutôt que celui d’un homme politique dans la gérance des affaires de la ville. Ainsi, bien que sa première identité professionnelle soit celle de maire de la ville de Québec, Régis Labeaume possède également trois autres identités professionnelles : l’homme politique en général, l’homme d’affaires et le sociologue. Toutes ces identités contribuent à construire son image lors de performances médiatiques. À la lumière des informations contenues dans le dossier de presse, c’est plus particulièrement à cette construction identitaire que nous avons décidé de nous intéresser. Dans cette perspective, nous avons considéré pertinent de nous poser la question suivante : Comment Régis Labeaume met-­‐il à profit ses identités personnelles et professionnelles dans la construction de son image médiatique ? 2.2.2. Description théorique de la question de recherche Tel que mentionné précédemment, l’image médiatique du politicien est le résultat d’une négociation entre des connaissances partagées par ce dernier et par le public, plus précisément « entre ce que l’un et l’autre considèrent comme étant le plus adéquat pour porter le message politique » (Martel, 2010 : 2). Construite au cours de l’interaction entre soi-­‐même et autrui, l’image se fonde essentiellement sur le concept d’identité. L’identité résulte à la fois des conditions de production qui contraignent le sujet, c’est-­‐à-­‐
dire des conditions qui sont inscrites dans la situation de communication, et des stratégies que l’actant médiatique met en œuvre et négocie lors de ses interactions. Selon Charaudeau et Maingueneau, « tout sujet parlant cherche à se construire une identité qui le différencierait soit de l’identité qui est donnée par la situation de communication dans laquelle il se trouve […], soit en opposition à l’identité et au positionnement de l’autre […] » (2002 : 307). Ainsi, on ne peut exclure la notion de conscience de celle d’identité. En effet, identité, conscience de soi et conscience de 8 l’existence de l’autre vont de pair, en ce sens que c’est à la mesure de la différence entre soi et l’autre que se constitue l’identité d’un sujet (Charaudeau et Maingueneau, 2002). Le concept d’identité renvoie à la notion d’image de soi, ainsi qu’à la recherche d’une concordance entre l’image de soi et l’image que le sujet associe à la réalisation du comportement (Chabrol et Radu, 2008). Dans les termes de Charaudeau, le sujet parlant « détermine les enjeux de conformité ou d’individuation par rapport aux données du contrat de communication » (1995 : 167) et tente de s’individuer en s’en différenciant grâce à ses prises de parole, ainsi qu’à ses manières d’établir sa relation à l’autre et de thématiser son propos (Charaudeau et Maingueneau, 2002). L’instauration et le maintien d’une identité passe également par le positionnement. Pour Charaudeau (1998), le positionnement correspond à la position occupée par un sujet dans une situation de communication, ainsi qu’aux valeurs qu’il défend et qui caractérisent son identité sociale et idéologique. Les valeurs mises de l’avant par un locuteur peuvent être le fruit d’un système de pensée, ou elles peuvent découler de normes de comportement social qui est alors adopté plus ou moins consciemment par le sujet, mais qui le caractérise identitairement (Charaudeau et Maingueneau, 2002). Dans cette perspective, l’identité des actants médiatiques se construit de trois façons différentes, dans des domaines qui sont à la fois distincts et complémentaires : l’identité sociale, l’identité professionnelle et l’identité personnelle (Charaudeau et Maingueneau, 2002). L’identité sociale est déterminée en termes de rôles et de statuts sociaux. Elle « est définie comme la partie du concept de soi d’un individu qui résulte de la conscience qu’a cet individu d’appartenir à un groupe social ainsi que la valeur et la signification émotionnelle qu’il attache à cette appartenance » (Tajfel dans Baugnet 1998 : 77). Selon Amossy (1997), l’identité sociale se construit dans une interaction permanente entre pratiques et représentations, en ce sens que les individus qui forment un groupe commentent leurs pratiques, les expliquent, les évaluent et les critiquent pour leur donner un sens et en construire des représentations. Ce sont ces 9 représentations qui permettent de rendre manifeste ce qu’est l’être social à travers ses comportements, ses rituels, les objets qu’il produit et les valeurs qu’il symbolise (Amossy, 1997). L’identité sociale est le noyau central de la perception individuelle (Zavalloni, 1976). Selon Goffman, « l’identité sociale est ce qui [est] présenté lors de la présentation de soi en mettant en avant l’appartenance à des catégories sociales (catégories socioprofessionnelles, ethniques, statuts de minorité) et en développant un système de conduite lié au statut » (1975 :78). Il s’agit donc d’une dimension de la relation sociale qui s’actualise dans une représentation de soi et qui se construit en fonction des contextes sociaux dans lesquels le sujet évolue et des apprentissages sociaux dans lesquels il est impliqué (Fischer, 2005). Dans les termes de Zavalloni et Louis-­‐Guerin (1984), l’identité sociale est une construction cognitive, subjective et imagée de la réalité. Ainsi, les groupes sociaux auxquels un sujet s’identifie et appartient lui fournissent une identification sociale qui permet de définir la place qu’il occupe dans la société (Tajfel et Turner, 1986). L’identité professionnelle « renvoie au rôle assumé par les actants pendant la communication médiatique » (Martel, 2008 : 5). Elle réfère à la fonction sociale du politicien, allant de la manière affective de se comporter dans son rôle professionnel, aux stéréotypes pouvant être associés à la fonction qu’il occupe. L’identité professionnelle impose donc un certain nombre de contraintes quant à la manière de se comporter des personnalités publiques : « l’actant médiatique se comporte-­‐t-­‐il conformément au rôle professionnel […] auquel il prétend ? Sa manière de se comporter correspond-­‐elle aux attentes du public, c’est-­‐à-­‐dire à l’image qu’il se fait de la fonction ? » (Martel, 2008 : 5) Selon Martel, « la construction du sens du message est intimement liée à la reconnaissance du rôle professionnel des actants par le public » (2008 : 5). En effet, si le public ne parvient pas à reconnaître le rôle professionnel dans la manière d’agir de l’actant médiatique, la construction du sens et la performance communicationnelle feront défaut, d’où l’importance de l’identité professionnelle dans 10 la construction de l’image médiatique du maire de la ville de Québec et la pertinence de s’intéresser à ce concept. « L’identité personnelle se distingue de l’identité professionnelle en ce qu’elle renvoie à la nature humaine plutôt qu’à la fonction sociale qui motive généralement la présence de l’actant sur la scène médiatique » (Martel, 2008 : 5). Elle réfère aux caractéristiques qui définissent l’actant médiatique en tant qu’individu, telles que son âge ou son sexe, de même que les qualités affectives et les stéréotypes sociaux qui lui sont associés (Martel, 2010 ; Charaudeau et Maingueneau, 2002). L’identité personnelle peut être considérée comme une valeur ajoutée, puisqu’elle occupe une place importante dans la construction de l’image médiatique des politiciens. En effet, elle considère des éléments qui ajoutent du sens à la construction du message politique, ce qui permet d’augmenter l’efficacité de la performance communicationnelle (Martel, 2008), d’où son importance dans la co-­‐construction du sens. 2.2.3. Illustration de la question de recherche Les informations recueillies dans le dossier de presse ne sont pas les seules à nous avoir poussées à nous intéresser au concept d’identité. Certains extraits vidéo contenus dans le corpus nous ont également conduites sur cette piste, puisque certaines données sont très parlantes au regard des différentes identités du maire Labeaume qui sont mises à profit dans la construction de son image médiatique. L’extrait qui suit témoigne de la difficulté à distinguer l’homme du politicien. Exemple 1 (Bazzo.tv, 26 mars 2009) Bazzo : Labeaume : Rires. C’est vraiment drôle, c’est vraiment drôle. Hum : Est-­‐ce que vous êtes plus Régis ou plus maire Labeaume ? Ahhh, je me sens encore Régis oui, je me sens encore Régis oui, je me sens encore Régis : Maire Labeaume hum, le maire de Québec moi ça toujours été : c’est sécurisant. Monsieur le maire tsé, c’est enveloppant, monsieur le maire. <Oui> Alors, au début on parlait : on, mais on m’appelle maire Labeaume, mais les gens : <Oui, c’est comme votre prénom : Maire Labeaume> C’est ça, je suis en train de : les gens m’appellent : comment ça va maire Labeaume ? <Oui oui !> Également, ce second extrait laisse paraître l’identité personnelle du maire qui, mise de l’avant, parvient à le rapprocher des résidants de Québec. 11 Exemple 2 (Bazzo.tv, 26 mars 2009) Bazzo : Labeaume : Alors Régis, vous ne devez pas avoir peur de grand chose vous dans la vie ? Ah : c’est une bonne question. Ben je : je : une fois par année je me demande si j’ai peur de mourir. Je me pose la question est-­‐ce que j’ai peur de mourir ? Ben oui, encore je présume. Je ne suis pas rendu à ce niveau de sérénité là. <Hum hum> Un troisième exemple, tiré de l’émission Larocque-­‐Lapierre, confirme la pertinence de s’intéresser à la question des identités qui construisent l’image médiatique du maire. Dans l’extrait qui suit, son côté homme d’affaires transparaît fortement et confère une grande crédibilité à ses réponses au sujet du financement du futur amphithéâtre. Exemple 3 (Larocque-­‐Lapierre, 19 octobre 2009) Labeaume : Les frais de fonctionnement ils sont décrits. Les frais de fonctionnement monsieur Lapierre, notre vieux colisée, il est utilisé 158 jours par année. Ajoutez à ça des hum : quelques spectacles, quelques congrès et un club de la ligue nationale, on est rendu à 225-­‐
250, on est à peu près complet, parce qu’il y a des jours où il faut monter puis démonter. Alors la rentabilité, c’est à 200 jours à peu près, alors c’est : ce bout-­‐là, l’opération est rentable. Il faut juste décider qu’on investit dedans, puis là on va chercher hum de l’argent pour un logo. Nous-­‐autres on dit au gouvernement, asseyez-­‐vous à la table puis on va faire des affaires. On est prêt à partager tous les revenus, tous les revenus. Tout ce qu’on veut c’est un amphithéâtre. Nous-­‐autres on ne dit pas : la ville de Québec on va tout garder nos revenus. Si on a des millions pour un logo sur le building, nous-­‐autres on dit : on partage. On peut partager les : les : les revenus totaux. On est prêt à ça. Ça je vais vous dire, c’est ben ben rare que ça se fait. 3. Méthodologie 3.1. Description et justification du corpus Tel que mentionné précédemment, notre analyse porte sur l’image médiatique du maire de la ville de Québec, Régis Labeaume. À cette fin, nous avons constitué un ensemble de données dans le but de comparer son image au cours de diffusions médiatiques relevant de genres différents. Le « genre » est ce qui permet au téléspectateur d’identifier ce qu’il voit. Il y a genre à partir du moment où, pour interpréter un programme, le téléspectateur le ramène à une classe d’émissions déjà identifiées. En d’autres termes, le genre est constitué par l’ensemble des caractéristiques d’une émission qui en fait une classe d’appartenance (Jost, 2004 ; Charaudeau, 2005b). Au total, six productions ont été retenues, soit trois émissions de 12 Bazzo.tv, une du Verdict, une de Larocque-­‐Lapierre et une diffusion du conseil de ville de Québec. Enregistrée devant public et diffusée à Télé-­‐Québec le jeudi à 21h, l’émission Bazzo.tv est un magazine d’information qui met en scène une « différenciation dans les statuts de telle sorte que l’un des partenaires [est] légitimé dans un rôle de questionneur, et l’autre, dans un rôle de questionné-­‐ayant-­‐des-­‐raisons-­‐d’être-­‐questionné » (Charaudeau, 2005b : 179). Plus précisément, elle relève à la fois de l’interview politique et de l’interview vedettariat, puisqu’elle se consacre aux évènements d’actualité sociale et politique, mais également à la littérature et à la culture. Marie-­‐France Bazzo anime les discussions, fait des interviews et accueille également des collaborateurs qui passent l’actualité au crible, discutent des enjeux du jour et des évènements marquants de la semaine (Télé-­‐Québec, s.d.). On y retrouve tant des chroniques, des discussions, des rencontres et des débats, que des entrevues de fond et des entrevues plus intimes lors desquelles Marie-­‐France Bazzo utilise à la fois des stratégies discursives de séduction, de connivence et de provocation, ce qui nous laisse penser que l’émission rend compte d’un genre médiatique hybride. Selon Charaudeau (2005b), l’interview politique se définit par son propos qui concerne la vie citoyenne et par l’identité de l’interviewé, lequel représente un groupe qui participe à la vie politique ou citoyenne et qui détient un certain pouvoir décisionnel. L’interview vedettariat se définit également par son propos, lequel concerne cette fois la vie privée et l’univers intime des personnalités publiques qui se doivent d’apparaître dans les médias pour faire bonne figure et entretenir leur notoriété (Charaudeau, 2005b). L’émission Le Verdict, présentée le lundi à 20h sur la chaîne publique de Radio-­‐Canada, est une émission de divertissement de type talk show. Selon Charaudeau, « le talk show se présente comme un spectacle de paroles, inscrites dans une scène où sont conviés des invités aux statuts divers […], mais présentés comme ayant tous une parole intéressée et intéressante » (1997 : 127). Ainsi, les talk shows combinent débat politique, débat de société et divertissement, et leur mise en scène tend à minimiser la 13 frontière entre l’espace public et l’espace privé (Charaudeau, 1997). Dans cette perspective, les thèmes qui sont abordés au Verdict traitent aussi bien de sujets d’actualité, que des vies professionnelle et personnelle des invités, le tout sur une base plutôt harmonieuse, voire humoristique. À partir de sondages, l’émission Le Verdict donne la possibilité à la population de s’exprimer sur la notoriété et les parcours professionnel et personnel des invités. Les personnalités médiatiques sont ainsi appelées à débattre ou à corroborer les perceptions de la population (Radio-­‐Canada, 2010). Certains autres éléments qui font référence aux mises en scène des émissions de variétés nous laissent également croire que le genre médiatique du Verdict relève du divertissement. Mentionnons le décor moderne ou le dispositif scénique qui favorise la coprésence d’invités, la disposition des interlocuteurs qui incite à l’interaction, de même que l’auditoire en studio qui est encouragé à se manifester (Martel, 2010). Larocque-­‐Lapierre, diffusée le dimanche sur la chaîne privée TVA, relève de l’émission d’information et plus particulièrement de l’interview politique, telle que la définit Charaudeau (2005b). En effet, le duo Paul Larocque et Jean Lapierre analyse les faits saillants de l’activité politique et confronte directement les politiciens de la scène québécoise et canadienne quant à leurs actions, leurs décisions et leurs positions. Les animateurs sont de fins connaisseurs en matière d’actualité politique et travaillent dans l’intérêt des citoyens, c’est-­‐à-­‐dire qu’ils visent à faciliter la compréhension et la mesure des impacts qui découlent des décisions prises par les politiciens (TVA, s.d.). Dans les termes de Charaudeau : « L’intervieweur […] essaye de tirer de l’invité le maximum d’informations et de faire apparaître les intentions cachées de celui-­‐ci, à l’aide d’un questionnement subtil alternant, ou mêlant, fausse innocence, fausse complicité, provocation, et mettant au jour les propos contradictoires de l’invité […]. L’interview politique est un genre qui est censé mettre à la disposition de l’opinion publique un ensemble de jugements et d’analyses qui justifient l’engagement de l’interviewé. » (2005b : 180) Les émissions télévisuelles d’information et de divertissement ne sont pas les seules à mettre à profit les identités personnelles et professionnelles du maire Régis Labeaume. À cet effet, nous avons décidé de nous pencher sur un type de production différent, la diffusion médiatisée d’un conseil de ville. 14 Le conseil de ville consiste en une production médiatisée, plutôt qu’en une production médiatique proprement dite2. Visant à informer les citoyens des enjeux municipaux et à faire état des délibérations, il s’agit plutôt d’une production médiatisée des séances du conseil municipal diffusée dans une visée démocratique. Les trois premières heures du conseil sont transmises en direct sur le Canal Vox de 17h à 20h et l’intégralité de la rencontre y est diffusée à compter de 23h. Le conseil de ville, auquel les citoyens peuvent assister, se divise en trois parties principales. Tout d’abord, le maire rapporte les affaires courantes et discute des questions à l’ordre du jour et des décisions du conseil. Ensuite, se déroule une période d’intervention générale au cours de laquelle les conseillers et conseillères qui représentent les différents districts de Québec sont invités à questionner le maire sur ses projets en cours. Enfin, la troisième partie correspond à la période de questions des citoyens. Puisque notre question de recherche est liée aux identités personnelles et professionnelles du maire, notre analyse a porté sur la première partie du conseil de ville, afin de faire ressortir les identités qui sont davantage mises à profit lorsqu’il fait état des enjeux politiques, économiques, sociaux et culturels concernant la ville. 3.2. La démarche d’analyse Dans la présente section, nous abordons la procédure utilisée pour répondre à la question de recherche. Nous y décrivons nos indicateurs et présentons leur classement. Nous expliquons également la pertinence de les utiliser au regard de notre question de recherche. 3.2.1. Description des catégories d’indicateurs Les catégories d’indicateurs qui ont servi à l’analyse renvoient aux concepts d’identités personnelles et professionnelles de Régis Labeaume. L’identité professionnelle « renvoie au rôle assumé par les actants pendant la communication médiatique » (Martel, 2008 : 5). Tel que mentionné précédemment, elle réfère à la fonction sociale du politicien, allant de la manière affective de se comporter dans son rôle professionnel, aux stéréotypes 2
Voir ici-­‐même le texte de Jolicoeur et Cauchon sur les genres médiatiques. 15 pouvant être associés à sa fonction. Aux fins de notre analyse, nous incluons dans la catégorie des identités professionnelles quatre sous-­‐catégories qui réfèrent non seulement à la fonction actuelle de Régis Labeaume, mais également à ses expériences professionnelles antérieures et à sa formation : 1) maire de Québec, 2) homme politique, 3) homme d’affaires, et 4) sociologue. L’identité personnelle de Régis Labeaume renvoie aux caractéristiques qui le définissent en tant qu’individu, incluant l’âge, le sexe, ses qualités personnelles ainsi que les stéréotypes sociaux qui y sont associés. Dans la catégorie des identités personnelles, nous incluons les sous-­‐catégories suivantes : 1) père de famille et 2) conjoint. Ce classement nous a permis de mesurer la fréquence des indicateurs et de déterminer comment ceux-­‐ci participent à la construction de l’image médiatique de Régis Labeaume. 3.2.2. Les indicateurs « Situer l'interaction comme le lieu où les images sont produites et interprétées appelle une stratégie de recherche qui permet de décrire et de comprendre ce qui se passe à un niveau micro de la communication. » (Turbide, 2009 : 75) Dans cette visée, les interactions que nous avons décrites sont destinées à révéler la manière dont se construit l’image médiatique de Régis Labeaume. Ainsi, nous avons utilisé comme indicateurs les faits de discours suivants : les pronoms personnel (et leurs équivalents possessifs3), ainsi que les appellatifs. Dans notre analyse, nous avons classé ces faits de discours selon qu’ils réfèrent aux identités personnelles ou professionnelles de Régis Labeaume. 3
Les adjectifs possessifs sont apparentés aux pronoms personnels ou à la personne grammaticale en exprimant une relation d’appartenance ou de possession (Grevisse et Goosse, 1989). Ils indiquent que les choses et les êtres désignés par le nom ont une relation avec celui qui parle, celui à qui l’on parle ou celui dont on parle (Grevisse, 2008). Ainsi, puisqu’ils renvoient directement au locuteur ou à l’interlocuteur, leur analyse nous a permis d’identifier quelle est l’identité mise en évidence par Régis Labeaume lors de ses interactions, ainsi que celle à laquelle les intervieweurs s’adressent. 16 3.2.2.1. Les pronoms personnels Les pronoms personnels sont des représentants qui désignent les êtres et les choses (Grevisse, 2008 : 961). Appartenant à la personne, les pronoms personnels sont traités comme une partie intégrante du discours et renvoient à la catégorie conceptuelle composée des êtres qui participent à l’acte de communication : ils constituent l’ensemble des marques grammaticales qui désignent des personnes (Charaudeau, 1992). Dans le cadre de notre travail, nous avons concentré notre analyse sur les pronoms de première et de deuxième personnes du singulier et du pluriel qui représentent Régis Labeaume. Au singulier, un pronom de première personne désigne explicitement un locuteur unique, c’est-­‐à-­‐dire celui qui parle ou qui écrit, et il est porteur de sa propre identification (Charaudeau, 1992). Au pluriel « la première personne désigne un ensemble de personnes dont le locuteur fait partie » (Grevisse, 2008 : 961). En désignant un locuteur multiple, le nous suppose que plusieurs locuteurs co-­‐énoncent ou pensent la même chose (Charaudeau, 1992). Dans le discours, un recours à la première personne du pluriel permet au locuteur de nuancer ou de spécifier certains faits en y associant d’autres personnes (Grevisse, 2008). La deuxième personne du pluriel peut désigner à la fois un ensemble d’interlocuteurs ou un ensemble de personnes dont l’interlocuteur fait partie. Elle peut également désigner une seule personne au singulier, entre autres pour marquer une distance entre l’interlocuteur et le récepteur, ou selon le contexte interactionnel. Enfin, les marques d’insistance, telles que moi, nous/toi et vous, permettent d’insister sur le locuteur ou l’interlocuteur en le singularisant, c’est-­‐à-­‐dire en laissant entendre que les autres individus ne font ou ne disent pas ce que dit ou fait la personne désignée (Charaudeau, 1992). Par conséquent, on constate que les pronoms personnels annoncent des concepts identitaires, puisqu’ils sont utilisés pour faire référence à la personne qui parle, à celle à qui l’on s’adresse ou à celle dont on parle. Ainsi, « l’instance de l’interlocution [met] en 17 prise directe un locuteur et un interlocuteur dans une situation de communication particulière et [précise] tout ce qui concerne [leurs] positions […] l’un vis-­‐à-­‐vis de l’autre » (Charaudeau, 1992 : 120), d’où la pertinence de les utiliser à titre d’indicateurs dans le but de répondre à notre question de recherche. Dans l’exemple 4, l’utilisation du pronom vous indique que l’animatrice s’adresse à l’identité professionnelle du maire de Québec4. Exemple 4 (Bazzo.tv, 26 mars 2009) Bazzo : Pourtant, pourtant ! Vous avez eu aussi, vous avez vécu une expérience hum, que tous les élus municipaux, à laquelle tous les élus municipaux sont confrontés un jour, c’est-­‐à-­‐dire les négociations avec les employés du secteur municipal. 3.2.2.2. Les appellatifs Notre corpus nous permettant de faire ressortir divers faits de discours, nous avons également considéré les appellatifs utilisés par les intervieweurs, ainsi que ceux utilisés par Régis Labeaume lui-­‐même pour se désigner, comme des indicateurs. « Les appellatifs se définissent à la fois par une fonction et par une forme » (Perret, 1970 : 112), et ils se rapportent notamment aux pronoms personnels, aux noms propres et à certains noms communs tels que les titres (madame et monsieur). Selon Perret (1970), les appellatifs sont utilisés en conformité avec les rôles de l’allocutaire, et ce, au regard de la situation d’interaction dans laquelle il se trouve. Les appellatifs peuvent entre autres faire référence à des fonctions sociales et être influencés par des dimensions hiérarchique et relationnelle, ce qui nous a incitées à les considérer en tant qu’indicateurs. En effet, par le terme choisi, le locuteur indique non seulement qu'il se réfère à une certaine personne, mais qu'il la nomme d'une certaine façon et qu'il a telle relation avec elle. De cette façon, à l'allocutaire sont attribués une caractérisation et un rôle qui visent à lui faire interpréter le discours tenu d'une certaine façon (Perret, 1970 : 116). Ainsi, « un appellatif, s'il permet de renvoyer à un concept ou de nommer un référent, 4
Aux fins de notre analyse, nous avons compté une seule occurrence de vous dans cet extrait, puisque la seconde utilisation traduit une correction de langage. 18 est toujours choisi principalement en fonction de ce que le locuteur veut signifier du réfèrent […] » (Perret, 1970 : 116). De plus, « les appellatifs sont utilisés comme la première, deuxième et troisième personne du verbe, pour désigner la personne qui parle : le locuteur, l'allocutaire, celle à qui on parle, et le délocuteur, celle dont on parle. » (Perret, 1970 : 112) Les appellatifs peuvent donc être considérés comme des manifestations évidentes des identités qui sont convoquées par les intervieweurs et, le cas échéant, celles qui sont mises à profit dans la construction identitaire des personnalités publiques. Par conséquent, ce qui nous a poussées à analyser les appellatifs dans le cadre de notre travail « réside non pas dans un champ conceptuel qui leur serait commun, mais dans les motivations qui amènent un locuteur à nommer quelqu'un par tel ou tel appellatif » (Perret, 1970 : 113). Dans cette perspective, nous avons classé les appellatifs selon l’identité à laquelle ils réfèrent. À titre d’exemple, l’extrait qui suit rend compte de la convocation de l’identité de maire de Régis Labeaume par l’utilisation de l’appellatif monsieur le maire. Exemple 5 (Larocque-­‐Lapierre, 19 octobre 2009) Lapierre : Mais pour commencer, la grosse nouvelle de la semaine, c’est bien sûr l’annonce du maire de Québec, monsieur Régis Labeaume, qu’on va rejoindre dans nos studios à Québec. Monsieur le maire, bonjour! Dans l’extrait qui suit, le classement des pronoms moi et je en fonction des identités peut porter à confusion, mais le contexte d’interaction nous a permis de constater qu’il parle du fonctionnement du milieu des affaires, ce qui nous laisse penser que c’est l’homme d’affaires qui intervient. Exemple 6 (Larocque-­‐Lapierre, 19 octobre 2009) Lapierre : Labeaume : Vous pensez pas qu’il y avait des promoteurs privés qui disaient qu’ils étaient intéressés? Non non, non non mais, monsieur Lapierre, les promoteurs privés, c’est pour acheter la franchise. J’ai toujours dit moi que l’amphithéâtre faut que ce soit public, puis la franchise c’est des privés qui vont chercher ça. C’est comme ça que ça marche. Voilà. L’analyse des données relatives à la construction de l’image médiatique de Régis Labeaume est basée sur des indicateurs qui reflètent les identités de ce dernier et qui sont mises à profit en contexte médiatique. L’analyse de ces indicateurs révèle quelle 19 identité est davantage mise de l’avant par Régis Labeaume lors de ses interactions médiatiques, mais également celle qui est le plus souvent convoquée par les intervieweurs. 4. Analyse 4.1. La construction identitaire de l’image médiatique de Régis Labeaume Au point précédent, les indicateurs déterminés aux fins de l’analyse ont été présentés et définis. Dans la présente section, nous exposons les résultats les plus significatifs au regard de notre question de recherche. Dans un premier temps, nous présentons les résultats relatifs aux identités convoquées par les intervieweurs lorsqu’ils s’adressent à Régis Labeaume, ainsi que ceux qui ont trait aux identités convoquées par ce dernier lors de ses interactions. Dans un deuxième temps, nous exposons les résultats portant sur les appellatifs utilisés par les intervieweurs et par Régis Labeaume, selon les identités auxquelles ils font référence. 4.1.1. Les pronoms personnels utilisés par les intervieweurs Le tableau 1 présente les résultats des identités de Régis Labeaume qui sont convoquées par les intervieweurs, selon les genres médiatiques et tous genres médiatiques confondus. Les identités sont classées selon qu’elles renvoient à la catégorie des identités professionnelle ou personnelle. Les faits de discours qui pouvaient référer à l’une ou l’autre des catégories d’identité ont été classés dans la catégorie Indéterminées. 20 Tableau 1 Les identités de Régis Labeaume convoquées par les intervieweurs (en nombre d’occurrences et en %) Identités professionnelles
Bazzo 1
Bazzo 2
Bazzo 3
Larocque Lapierre
Le Verdict
Identités personnelles
Indéterminées
Maire de
Québec
Homme
Entre-
Sociolo-
Père de
politique
preneur
gue
famille
56%
26%
15%
0%
4%
0%
0%
15/27 occ.
7/27 occ.
4/27 occ.
0/27 occ.
1/27 occ.
0/27 occ.
0/27 occ.
Mari
41%
41%
5%
0%
0%
0%
14%
9/22 occ.
9/22 occ.
1/22 occ.
0/22 occ.
0/22 occ.
0/22 occ.
3/22 occ.
56%
11%
6%
0%
11%
0%
17%
10/18 occ.
2/18 occ.
1/18 occ.
0/18 occ.
2/18 occ.
0/18 occ.
3/18 occ.
76%
0%
8%
0%
0%
0%
16%
19/25 occ.
0/25 occ.
2/25 occ.
0/25 occ.
0/25 occ.
0/25 occ.
4/25 occ.
97%
0%
0%
0%
0%
3%
0%
29/30 occ.
0/30 occ.
0/30 occ.
0/30 occ.
0/30 occ.
1/30 occ.
0/30 occ.
Tous genres médiatiques
67%
15%
7%
0%
2%
1%
8%
confondus
82/122 occ.
18/122
8/122
0/122
3/122
1/122
10/122
À partir de ces résultats, nous avons été en mesure de mettre en évidence certaines particularités, notamment que les intervieweurs convoquent plusieurs identités de Régis Labeaume lors de leurs interactions médiatiques. Seule son identité de sociologue n’a pas été convoquée par les intervieweurs dans le corpus à l’étude. Cependant, comme nous le verrons au point suivant, cette identité est mise de l’avant par Régis Labeaume lui-­‐même lors de ses interventions. Les résultats montrent que les identités professionnelles de Régis Labeaume sont plus souvent convoquées que ses identités personnelles. Tous genres médiatiques confondus, 89 % des occurrences y réfèrent, dont 67 % renvoient à sa fonction de maire. Les émissions Larocque-­‐Lapierre et Le Verdict sont les productions médiatiques au cours desquelles son identité de maire est le plus fréquemment convoquée, avec respectivement 97 % et 76 % des occurrences. D’ailleurs, c’est exclusivement en convoquant son identité de maire que Jean Lapierre s’adresse à Régis Labeaume. En ce qui concerne l’émission Bazzo.tv, 56 % des occurrences relevées lors des première et troisième diffusions renvoient à sa fonction de maire, alors que 41 % des identités convoquées par l’animatrice lors de la deuxième diffusion de cette émission y réfèrent. 21 À des fins d’illustration, l’exemple 7 rend compte d’une interaction lors de laquelle l’intervieweur s’adresse à l’identité professionnelle du maire Régis Labeaume. Exemple 7 (Larocque-­‐Lapierre, 19 octobre 2009) Lapierre : Labeaume : Lapierre : Oui, bien le prérequis, sauf que notre surprise un peu c’est que vous arrivez à deux semaines d’une élection avec une maquette, une facture. C’est quoi, c’est un engagement électoral? « Si vous m’élisez, vous allez avoir un amphithéâtre ». Comment ça marche au juste là? […] Donc c’est un genre de référendum que vous demandez aux gens de Québec? Les résultats mettent également en évidence que, tous genres médiatiques confondus, 15 % des occurrences font référence à son statut plus général d’homme politique. C’est donc dire que 82 % des occurrences répertoriées dans le discours des intervieweurs font référence aux seules fonctions politiques de Régis Labeaume. Ce résultat peut s’expliquer par le fait que la présence du politicien dans les productions médiatiques analysées est d’abord motivée par sa fonction de maire, soit son identité professionnelle. Bien qu’aucune référence à son statut d’homme politique n’ait été répertoriée lors des émissions Le Verdict et Larocque-­‐Lapierre, 41 % des occurrences relevées lors de la deuxième diffusion de l’émission Bazzo.tv y renvoient, ce qui constitue d’ailleurs le plus haut pourcentage enregistré à cet effet. Cet écart par rapport aux autres productions analysées peut s’expliquer par le fait que l’animatrice a largement interrogé Régis Labeaume à propos des élections fédérales lors de l’émission du 9 octobre 2008, convoquant ainsi davantage son identité d’homme politique. Également, 26 % des occurrences répertoriées lors de la première diffusion de l’émission Bazzo.tv réfèrent à son identité d’homme politique, contre 11 % lors de la troisième. En exemple, l’extrait qui suit rend compte d’une interaction lors de laquelle Marie-­‐France Bazzo s’adresse à l’identité d’homme politique de Régis Labeaume. Exemple 8 (Bazzo.tv, 29 janvier 2008) Bazzo : On vous décrit comme un social démocrate en colère, on vous décrit également comme un mélange de Nicolas Sarkozy et d’Andrée Boucher, la mairesse qui vous précédait, et là je me disais « mais où se situe cet homme, de quel parti, où vous situez-­‐vous ? » Vous êtes à gauche, vous êtes plutôt au centre ? 22 Les résultats montrent d’autant plus que, tous genres médiatiques confondus, 7 % des occurrences font référence à l’identité d’homme d’affaires de Régis Labeaume. Plus précisément, c’est lors de la première diffusion de l’émission Bazzo.tv que son identité d’homme d’affaires est le souvent plus convoquée, avec 15 % des occurrences. Lors des deuxième et troisième diffusions de l’émission, c’est respectivement 5 % et 6 % des occurrences relevées qui réfèrent à cette même identité. Cette variation entre les résultats des trois émissions peut s’expliquer par leur contenu thématique. En effet, lors de la première diffusion de Bazzo.tv, Régis Labeaume aborde principalement le sujet du branding de la ville de Québec, ainsi que les aspects marketing des Fêtes du 400e. L’émission Larocque-­‐Lapierre a également permis d’identifier quelques traces discursives qui témoignent de la convocation de l’identité d’homme d’affaires de Régis Labeaume par les intervieweurs, soit 8 % des occurrences. L’analyse n’a toutefois mis en évidence aucune référence à l’identité d’homme d’affaires de Régis Labeaume lors de l’émission Le Verdict. L’exemple 9 rend compte d’une interaction lors de laquelle l’identité d’homme d’affaires est convoquée. Exemple 9 (Larocque-­‐Lapierre, 19 octobre 2009) Lapierre : Labeaume : Puis là : allez-­‐vous nous en présenter quelqu’un qui est intéressé d’aller chercher la franchise, là parce que : Ceux à qui je parle, la première vertu des affaires, c’est la confidentialité, alors vous savez bien que je ne vous conterai pas ça hein? <Ah : ça aurait été intéressant quand même!> Je vous comprends! [Rires] Le tableau 1 met en évidence deux identités personnelles de Régis Labeaume convoquées par les intervieweurs. Tous genres médiatiques confondus, 3 % des faits de discours renvoient à l’une de ces identités. On constate que son identité de père est celle, parmi ses identités personnelles, qui est le plus convoquée lors de ses présences médiatiques. C’est exclusivement lors des première et troisième diffusions de l’émission Bazzo.tv que nous avons repéré des allusions à cette identité. En effet, respectivement 4 % et 11 % des pronoms personnels répertoriés renvoient à son rôle de père. Cet écart par rapport aux autres productions peut s’expliquer par le fait que sa présence médiatique est incitée par son identité professionnelle, mais que le genre harmonieux 23 de l’émission, ainsi que son contenu thématique, permettent aisément de convoquer son identité personnelle. L’exemple 10 rend compte d’une interaction lors de laquelle plusieurs identités de Régis Labeaume sont convoquées, dont celle de père de famille. Exemple 10 (Bazzo.tv, 29 janvier 2008) Bazzo : Votre vision doit être très forte Régis Labeaume parce que, vous êtes issu du milieu des affaires, hum : vous êtes vraiment très à l’aise financièrement, vous n’avez pas besoin de ça, vous pourriez très bien vous asseoir sur vos lauriers, <Oui> élever votre famille, vos grands enfants et puis <il y a une petite aussi> oui il y a une petite aussi, vivre très agréablement et, tout le monde sait que la politique municipale, à Montréal, mais à Québec aussi, c’est quelque chose. En ce qui concerne son identité de mari, elle a exclusivement été convoquée lors de l’émission Le Verdict (3 %). À des fins d’illustration, l’exemple 11 rend compte d’une interaction au cours de laquelle cette identité est convoquée. Exemple 11 (Le Verdict, 5 avril 2010) Cloutier : Labeaume : Cloutier : Labeaume : Mais monsieur Labeaume, il doit y avoir des soirs où vous vous couchez pis que vous vous dites : Régis, calme-­‐toi! Non? Ahhh, j’ai eu des soirs de déprime là. Ou c’est votre femme qui vous le dit? Non, ma femme : après 26 ans je vais vous dire : ˂ Ça ne la dérange plus?!˃ Elle n’a aucun espoir, aucun espoir. Contrairement aux exemples précédents, certains sont plus ambigus et ne permettent pas une catégorisation claire. Ils ont donc été classés dans la catégorie des indéterminés. C’est le cas de l’exemple 12. Exemple 12 (Bazzo.tv, 26 mars 2009) Bazzo : Labeaume : Dans quinze ans, ou êtes-­‐vous exactement, qu’est-­‐ce que vous faites ? Dans quinze ans, ah ben mon Dieu hum, je présume que j’aurai fini d’être en politique. 4.1.2. Les pronoms personnels utilisés par Régis Labeaume Le tableau 2 présente les résultats quant aux différentes identités convoquées par Régis Labeaume lui-­‐même lors de ses interventions. 24 Tableau 2 Les identités dans les interventions de Régis Labeaume (en nombre d’occurrences et en %) Identités professionnelles
Bazzo 1
Bazzo 2
Bazzo 3
Larocque Lapierre
Le Verdict
Conseil de ville
Tous genres médiatiques
confondus
Maire de
Québec
Homme
Entre-
politique
41%
16%
23/56 occ.
9/56 occ.
Identités personnelles
Mari
Indéterminées
Sociolo-
Père de
preneur
gue
famille
14%
12%
4%
0%
12%
8/56 occ.
7/56 occ.
2/56 occ.
0/56 occ.
7/56 occ.
58%
6%
6%
19%
0%
0%
10%
18/31 occ.
2/31 occ.
2/31 occ
6/31 occ.
0/31 occ.
0/31 occ.
3/31 occ.
32%
26%
0%
3%
18%
0%
21%
11/34 occ.
9/34 occ.
0/34 occ.
1/34 occ.
6/34 occ.
0/34 occ.
7/34 occ.
69%
8%
21%
0%
0%
0%
2%
36/52 occ.
4/52 occ.
11/52 occ.
0/52 occ.
0/52 occ.
0/52 occ.
1/52 occ.
89%
0%
0%
0%
0%
2%
9%
41/46 occ.
0/46 occ.
0/46 occ.
0/46 occ.
0/46 occ.
1/46 occ.
4/46 occ.
92%
0%
5%
0%
0%
0%
3%
35/38 occ.
0/38 occ.
2/38 occ.
0/38 occ.
0/38 occ.
0/38 occ.
1/38 occ.
64%
9%
9%
5%
3%
0,4%
9%
8/257 occ.
1/257 occ.
23/257 occ.
164/257 occ. 24/257 occ. 23/257 occ. 14/257 occ.
De nouveau, les résultats mettent en évidence que les identités professionnelles de Régis Labeaume sont prédominantes. Tous genres confondus, 87 % des occurrences répertoriées renvoient à l’une ou l’autre de ses identités professionnelles. Plus précisément, on constate que Régis Labeaume prend davantage la parole sous son identité professionnelle de maire que sous toutes ses autres identités, puisque 64 % des occurrences relevées y font référence. L’analyse a d’ailleurs permis d’identifier des traces discursives qui en témoignent dans toutes les diffusions analysées, notamment dans l’émission Le Verdict et dans la diffusion médiatisée du conseil de ville5. En effet, respectivement 89 % et 92 % des occurrences qui y ont été répertoriées font référence à son poste de maire. En ce qui concerne l’émission Larocque-­‐Lapierre, 69 % des occurrences relevées lors de l’analyse renvoient à l’identité du maire. Bazzo.tv a aussi permis de relever certaines références à ce titre, soit respectivement 41 %, 58 %, 32 % pour les première, deuxième et troisième diffusions. L’exemple 13 rend compte d’une interaction lors de laquelle Régis Labeaume convoque explicitement son identité de maire. 5
Le conseil de ville était absent du tableau 1 parce qu’il rend compte uniquement des interventions du maire. Nous pouvons maintenant présenter les résultats de cette production. 25 Exemple 13 (Bazzo.tv, 26 mars 2009) Bazzo : Labeaume : Et quel bonheur en retirez-­‐vous, aujourd’hui ? Cette ville-­‐là, je la mangerais tellement je l’aime, je l’ai dans le sang. Et hum : de voir qu’on est train de la faire évoluer, d’autant plus qu’avec le succès qu’on a eu en 2008, ça a été un boost incroyable. <Ben oui> C’est satisfaisant de dire que tu travailles pour les autres. En ce qui a trait à l’identité plus générale d’homme politique de Régis Labeaume, 9 % des occurrences y font référence, tous genres médiatiques confondus. Ainsi, on constate que plus de 70 % des faits de discours renvoient au domaine politique. Plus précisément, son identité d’homme politique est convoquée à 26 % lors de la troisième diffusion de l’émission Bazzo.tv, ce qui constitue le plus haut résultat pour cette sous-­‐
catégorie. Cet écart par rapport aux autres productions analysées peut s’expliquer par le fait que Régis Labeaume a discuté et a été questionné sur divers aspects ayant trait à la politique en général plutôt qu’à son rôle de maire de Québec. En effet, lors de l’entrevue, il a été question de la langue de bois qui caractérise les politiciens, des raisons qui l’ont motivé à quitter le monde des affaires pour se lancer en politique et du bonheur qu’il en retire aujourd’hui. Ces propos, moins axés sur la mairie, nous ont donc permis de relever davantage d’allusions à son rôle d’homme politique. En ce qui concerne les première et deuxième diffusions de l’émission Bazzo.tv, 16 % et 6 % des occurrences qui y ont été répertoriées se rapportent à son identité d’homme politique, alors que 8 % des occurrences relevées lors de l’émission Larocque-­‐Lapierre y font référence. En exemple, l’extrait qui suit témoigne d’une interaction lors de laquelle Régis Labeaume convoque son identité plus générale d’homme politique. Exemple 14 (Bazzo.tv, 26 mars 2009) Bazzo : Labeaume : Bazzo : Labeaume : Bazzo : Labeaume : En terminant, est-­‐ce que vous avez : alors le tempo, vous voyez, c’est vraiment le lieu de toutes les confidences, vestiaire de l’âme. C’est : écoutez, j’ai hâte de rencontrer mes vieux amis en prenant une bière pour leur dire : j’ai fait l’abri tempo. Ouais, ouais : Ouais, ouais ouais. Dernière confidence : Ah : hum : Je vous dirais, je vous dirais que c’est bête là, mais je vais revenir : Mon Dieu, vous allez me trouver un petit peu : un petit peu moumoune, ben on peut être en politique puis être heureux, parce que je suis heureux. Je suis passionné puis j’aime ça. Ben ça paraît Ouin, ah oui ? <Oui> Ben bravo, bravo. En ce qui concerne son identité professionnelle d’homme d’affaires, 9 % des occurrences y font référence, tous genres médiatiques confondus. Plus précisément, on 26 constate que c’est lors de l’émission Larocque-­‐Lapierre que Régis Labeaume la met le plus fréquemment de l’avant. En effet, il prend parole sous cette identité à 11 reprises lors de l’entrevue, ce qui correspond à plus de 20 % des occurrences. Cette fréquence peut s’expliquer par les contraintes et attentes du genre médiatique qui caractérisent l’émission. Effectivement, relevant de l’interview politique, Larocque-­‐Lapierre met en évidence des interactions plus conflictuelles entre l’intervieweur et l’invité. De plus, les sujets dont il était question lors de l’entrevue, soit la construction et le financement de l’amphithéâtre, ont permis à Régis Labeaume de faire valoir ses compétences et ses connaissances du milieu des affaires et de l’entreprenariat, notamment dans le but d’asseoir sa crédibilité, tant auprès de l’intervieweur que du public. On constate que les première et deuxième diffusions de l’émission Bazzo.tv ont également permis de relever des traces discursives qui renvoient à son identité d’homme d’affaires. En effet, 14 % et 6 % des occurrences répertoriées dans leur transcription réfèrent à cette identité. Dans la même visée, 5 % des occurrences relevées lors du conseil de ville y font référence. L’exemple 15 rend compte d’une interaction lors de laquelle Régis Labeaume met de l’avant cette identité. Exemple 15 (Bazzo.tv, 29 janvier 2008) Labeaume : Bazzo : Labeaume : J’adore ce que vous me dites là, parce que la question du branding, c’est important. Québec, c’est la ville européenne par excellence. Moi je dis toujours, c’est la modernité entre euh : dans un mobilier urbain extraordinaire qui sont les murs de Québec, <Oui> toute l’histoire, l’héritage : Les gens ne savent pas les capacités de modernité à Québec hein, c’est inconnu. Alors moi, quand j’ai une vision de Québec, je vois Québec plus belle que jamais. Il faut rénover, il faut conserver, il faut embellir toujours, mais en même temps, devenir une ville moderne, ou la recherche et développement est maître. La richesse de Québec <Hum> ça va passer par là. Donc l’emploi, le développement de l’emploi. Il y a huit mille personnes à Québec : les gens ne le savent pas, il y a huit milles personnes à Québec qui travaillent dans des laboratoires, <Hum hum> sauf que ce sont tous des professeurs mandibules qui : qui : s’échangent des, comment dire, des recherches et des pensées. <Rires> Moi je leur dis toujours bon : est-­‐ce que c’est possible de faire un produit commercialisable ? <Hum hum> Il me semble que ce serait intéressant. Et c’est comme ça qu’on peut créer la richesse à Québec. Son identité de sociologue est également convoquée, contrairement à ce que nous avons relevé dans le discours des intervieweurs. Ainsi, Régis Labeaume la met de l’avant à 14 reprises. Cette identité, exclusivement convoquée lors des émissions Bazzo.tv, 27 correspond respectivement à 12 %, 19 % et 3 % des occurrences répertoriées lors des première, deuxième et troisième diffusions de l’émission. Ces résultats se distinguent particulièrement de ceux présentés au tableau 1, qui ne met en évidence aucune référence à cette formation. Cette différence peut tenir au fait que l’animatrice de l’émission, Marie-­‐France Bazzo, est également diplômée de sociologie (Télé-­‐Québec, s.d.), ce qui peut se traduire par des connaissances et des intérêts communs ayant pu motiver un plus grand nombre de convocations de cette identité. De plus, cet écart entre les résultats obtenus peut aussi s’expliquer par le fait que la formation de sociologue de Régis Labeaume n’est pas largement considérée dans la construction de son image préalable, tel que nous l’avons constaté à la deuxième section. En effet, ce sont plutôt ses identités de politicien et d’homme d’affaires qui sont reconnues par les medias et la population comme composantes de son image. L’exemple 16 témoigne d’une interaction lors de laquelle Régis Labeaume convoque son identité de sociologue. Exemple 16 (Bazzo.tv, 26 mars 2009) Labeaume : Tsé, j’en reviens un peu à ce que Max Weber disait dans le temps. Il y a trois raisons pour être en politique hein ? Des raisons hum, pour la notoriété, pour son bénéfice personnel ou par hum… comment dire hum, par une espèce de générosité hein <MB: Oui >, parce que tu veux donner à la population. Ses identités personnelles sont, quant à elles, moins convoquées, comptant pour 3,4 % des occurrences. C’est d’ailleurs davantage son identité de père de famille que Régis Labeaume tend à mettre de l’avant lors de ses interactions. En effet, tous genres médiatiques confondus, 3 % des occurrences répertoriées s’y rapportent. Plus précisément, seules les première et troisième diffusions de l’émission Bazzo.tv nous ont permis de relever des traces discursives faisant référence à cette identité. Ainsi, 4 % des occurrences répertoriées lors de la première diffusion y renvoient, contre 18 % pour la troisième. L’exemple 17 est particulièrement représentatif des occurrences qui ont été classées comme référant à l’identité de père de famille de Régis Labeaume. Exemple 17 (Bazzo.tv, 26 mars 2009) Labeaume : Est-­‐ce que j’ai peur ? Ouf : ah, j’ai encore : j’ai des visions d’apocalypse hum : par rapport : apocalyptiques par rapport aux enfants. Je suis très italien hein <Vos enfants, ou les 28 Bazzo : Labeaume : jeunes en général ?> Non, non, mes enfants, mes enfants. <Vos enfants> J’ai encore des visions apocalyptiques là. Parce que vous avez une fille à Montréal que vous dites cela ? Rires [Rires] Non mais tsé, j’ai : j’ai encore peur, j’ai encore peur qu’ils aient des malheurs, qu’ils décèdent, j’ai encore ces peurs-­‐là. Sur le plan personnel, ça vient me chercher très très fort. J’ai toujours eu peur de les perdre. En ce qui concerne son identité de conjoint, c’est exclusivement lors de l’émission Le Verdict que Régis Labeaume l’a mise de l’avant, alors que 2 % des occurrences répertoriées s’y rapportent (voir l’exemple 11). 4.1.3. Les appellatifs utilisés par les intervieweurs Le tableau 3 présente les résultats relatifs à l’utilisation de l’appellatif Maire Labeaume/Monsieur le maire par les intervieweurs. Il est à noter que toutes les occurrences d’appellatif renvoient aux identités professionnelles. Les seules sous-­‐
catégories auxquelles ils font référence sont celles de maire et d’homme politique. Nous avons donc inclus dans le tableau seulement les sous-­‐catégories pertinentes dans le but d’en faciliter la lecture. Dans cette perspective, les résultats permettent de déterminer à quelle identité professionnelle de Régis Labeaume l’appellatif Maire Labeaume / Monsieur le maire fait le plus souvent référence. Tableau 3 L’appellatif Maire Labeaume/Monsieur le maire utilisé par les intervieweurs (en nombre d’occurrences et en %) 29 Conformément aux attentes, les résultats mettent en évidence que l’appellatif Maire Labeaume / Monsieur le maire est exclusivement utilisé pour faire référence à son identité professionnelle de maire. De plus, il s’agit du second appellatif le plus fréquemment utilisé par les intervieweurs pour s’adresser à lui en tant que maire de la ville de Québec après Régis Labeaume. Outre le conseil de ville où un seul appellatif a été utilisé par une personne extérieure pour le désigner, c’est lors de l’émission Larocque-­‐Lapierre que l’appellatif Maire Labeaume / Monsieur le maire est le plus fréquemment utilisé, avec 60 % des occurrences; l’émission Le Verdict suit avec 19 % d’occurrences. En ce qui concerne l’émission Bazzo.tv, bien que cet appellatif n’ait pas été utilisé dans la première diffusion, son utilisation correspond à 17 % et 33 % des appellatifs ayant été utilisés lors des deuxième et troisième diffusions de l’émission. En ce qui concerne la troisième diffusion de Bazzo.tv, il s’agit de l’appellatif le plus fréquemment utilisé. L’exemple 18 rend compte d’une utilisation de l’appellatif Maire Labeaume / Monsieur le maire par un invité de l’émission Le Verdict. Exemple 18 (Le Verdict, 5 avril 2010) Invité : Compétent et inspirant, parce que moi je les additionnerais, ça veut dire que ça fait presque 60 % ˂Cloutier : C’est bon˃ des gens qui trouvent que le maire de Québec est bon pour la ville de Québec. Moi je trouve que pour une ville qui, pendant des années, a eu un complexe collectif d’infériorité, d’avoir quelqu’un, un leader, je me suis dit cet homme est inspirant et il est compétent et : bravo monsieur le maire. ˂Labeaume : C’est gentil˃ [Applaudissements] 30 Le tableau 4 présente les résultats quant à l’utilisation de l’appellatif Monsieur Labeaume par les intervieweurs pour s’adresser à Régis Labeaume. Tableau 4 L’appellatif Monsieur Labeaume utilisé par les intervieweurs (en nombre d’occurrences et en %) En ce qui concerne l’utilisation de l’appellatif Monsieur Labeaume, on constate qu’il est à la fois utilisé pour faire référence à l’identité de maire et à l’identité d’homme politique de Régis Labeaume. Tous genres médiatiques confondus, 11 % des occurrences font référence à son identité de maire et 7 % à son identité plus générale d’homme politique. Plus précisément, l’émission lors de laquelle cet appellatif est le plus utilisé est Le Verdict avec 28 % des occurrences ; des proportions équivalentes (14 %) renvoient à son identité de maire et d’homme politique. Cette émission est d’ailleurs la seule où cet appellatif a été utilisé pour convoquer l’identité d’homme politique de Régis Labeaume. Aucune occurrence n’a pu être relevée dans l’émission Larocque-­‐Lapierre et la troisième diffusion de Bazzo.tv. En revanche, on trouve 14 % et 17 % de cet indicateur dans les première et deuxième diffusions de Bazzo.tv. Les 31 exemples qui suivent témoignent d’une utilisation de l’appellatif Monsieur Labeaume par les intervieweurs pour référer à son identité de maire (19) et son identité d’homme politique (20). Exemple 19 (Le Verdict, 5 avril 2010) Cloutier : Monsieur Labeaume, même ceux qui vous accusent de vous attribuer tous les succès ont remarqué que vous ne vous êtes pas défilé dans les derniers jours, avec toute cette saga concernant Clotaire Rapaille, alors nous, évidemment, on a été obligé de se revirer de bord, comme on dit en bon québécois et on a donc commandé un sondage d’urgence à ce sujet. Exemple 20 (Le Verdict, 5 avril 2010) Cloutier : Oui parce que, c’est la population qui parle et ça sort dans les sondages. Madame Marois, est-­‐ce que vous enviez parfois monsieur Labeaume de se donner cette liberté d’expression ? Le tableau 5 présente les résultats quant à l’utilisation de l’appellatif Régis Labeaume par les intervieweurs. Tableau 5 L’appellatif Régis Labeaume utilisé par les intervieweurs (en nombre d’occurrences et en %) 32 Les résultats montrent que l’appellatif Régis Labeaume est celui qui est le plus fréquemment employé pour convoquer l’une ou l’autre de ses identités professionnelles. Par ce résultat, on peut supposer que Régis Labeaume est ouvert à l’idée de se faire appeler par son prénom et son nom, sans titre de civilité, et que son consentement envers cette pratique contribue à entretenir une certaine proximité avec ses interlocuteurs. En effet, 52 % des occurrences sont utilisées à cette fin, dont 37 % font référence à son identité de maire et 11 % à son identité d’homme politique. Cet appellatif est d’ailleurs employé dans toutes les diffusions analysées, sauf lors du conseil de ville. Plus précisément, lors de la première diffusion de l’émission Bazzo.tv, l’animatrice utilise cet appellatif pour convoquer l’identité de maire de Régis Labeaume à quatre reprises, ainsi qu’une fois pour faire référence à son identité d’homme politique. En ce qui concerne les deuxième et troisième diffusions de l’émission, cet appellatif est employé pour convoquer l’une ou l’autre de ses identités professionnelles dans des proportions équivalentes, soit à deux reprises pour la deuxième diffusion, et à une reprise pour la troisième. Lors de l’émission Larocque-­‐Lapierre, cet appellatif a été exclusivement utilisé pour faire référence à son identité de maire, plus précisément à deux reprises. Ainsi, les données qui figurent aux tableaux 5 et 6 nous permettent de constater que, dans 60 % des cas, Jean Lapierre s’adresse à cette identité de Régis Labeaume par l’appellatif Maire Labeaume / Monsieur le maire, et qu’il utilise son prénom et son nom pour y faire référence dans 40 % des cas. En ce qui a trait à l’émission Le Verdict, cet appellatif est davantage utilisé pour convoquer son identité de maire (38 %), mais également pour solliciter son identité d’homme politique (5 %). L’exemple 21 témoigne d’une utilisation de cet appellatif pour faire référence à son statut de maire. Nous l’avons considéré comme tel en raison du contexte précédant la prise de parole de l’animatrice. Quant à l’exemple 22, il rend compte de l’utilisation de cet appellatif dans le but de convoquer son identité d’homme politique. 33 Exemple 21 (Le Verdict, 5 avril 2010) Cloutier : On va aller à la pause et au retour, on continue avec Régis Labeaume et on va également parler avec la chef du parti Québécois, Pauline Marois. Restez avec nous. Exemple 22 (Bazzo.tv, 26 mars 2009) Bazzo : Régis Labeaume, je suis : je vis un petit moment, c’est la première fois qu’un politicien me parle de l’enseignement d’un sociologue comme son GPS personnel. Qu’est-­‐ce que vous diriez aujourd’hui des convictions profondes, des motivations qui font que vous avez quitté le monde des affaires, ou vous réussissiez brillamment, pour vous : vous mettre en partie, au service de la collectivité. C’est quoi votre raison fondamentale aujourd’hui? Le tableau 6 présente les résultats quant à l’utilisation de l’appellatif Régis par les intervieweurs pour s’adresser à Régis Labeaume. Tableau 6 L’appellatif Régis utilisé par les intervieweurs (en nombre d’occurrences et en %) 34 Les résultats mettent en évidence que cet appellatif est celui qui est le moins utilisé par les intervieweurs. De plus, il est exclusivement employé pour convoquer l’identité d’homme politique du maire de Québec. Tous genres médiatiques confondus, cet appellatif a été utilisé 3 fois sur un total de 46 occurrences. Plus précisément, il a été exclusivement employé dans les première et troisième diffusions de Bazzo.tv, ainsi que dans l’émission Le Verdict. En effet, on constate un seul appel à sa fonction d’homme politique par cet appellatif dans la première diffusion de Bazzo.tv. De la même manière, il a été utilisé une fois pour faire référence à cette identité dans l’émission Le Verdict, ce dont témoigne l’exemple qui suit. Exemple 23 (Le Verdict, 5 avril 2010) Cloutier : Marois : Oui, parce que c’est la population qui parle et ça sort dans les sondages. Madame Marois, est-­‐ce que vous enviez parfois monsieur Labeaume de se donner cette liberté d’expression ? Oui, parfois je l’envie et en même temps, j’apprends. J’apprends en regardant des gens comme Régis, que je connais bien depuis longtemps, et je me dis il faut aussi que je lâche du lousse un peu. En ce qui concerne la troisième diffusion de Bazzo.tv, cet appellatif a été utilisé à une seule reprise, mais nous n’avons pas été en mesure de déterminer clairement à quelle identité professionnelle il faisait référence. 4.1.4. Les appellatifs utilisés par Régis Labeaume Le tableau 7 présente les résultats quant à l’utilisation de l’appellatif Maire par Régis Labeaume lui-­‐même. Il s’agit du seul appellatif relevé dans ses interventions, tous genres médiatiques confondus. De plus, la seule catégorie à laquelle l’appellatif fait référence est celle de ses identités professionnelles, et la seule sous-­‐catégorie à laquelle il renvoie est celle de maire. Dans cette perspective, nous avons intégré au tableau uniquement cette catégorie. 35 Tableau 7 L’appellatif maire utilisé par Régis Labeaume (en nombre d’occurrences et en %) Les résultats montrent que le seul appellatif utilisé par Régis Labeaume est celui de Maire, et ce, dans toutes les émissions analysées. Bien qu’il fasse explicitement référence à son titre de dirigeant de la ville de Québec dans la totalité des émissions, celles lors desquelles il utilise le plus souvent l’appellatif Maire sont les première et troisième diffusions de Bazzo.tv, Le Verdict et la production médiatisée du conseil de ville. Cet appellatif est aussi utilisé par Régis Labeaume à une reprise dans les émissions Larocque-­‐Lapierre et dans la deuxième diffusion de Bazzo.tv. Cette convocation explicite de son identité de maire peut s’expliquer par le fait que Régis Labeaume désire rappeler au public et aux médias la raison première qui motive ses présences médiatiques, ou qu’il essaie d’asseoir davantage sa crédibilité en rappelant son autorité et sa crédibilité. L’exemple 24 rend compte d’une utilisation de l’appellatif maire par Régis Labeaume. Exemple 24 (Larocque-­‐Lapierre, 19 octobre 2009) Labeaume : Monsieur Lapierre, je ne sais pas de quoi vous parlez là. Ça n’a jamais été ça. Vous parlez de quelque chose que je ne connais pas, puis je suis le maire de Québec. 36 4.2. La construction stylistique de l’image médiatique de Régis Labeaume Dans la présente section, nous présentons les résultats quantitatifs au regard des indicateurs stylistiques qui participent à la construction de l’image médiatique de Régis Labeaume. Aux fins de cette partie de l’analyse, nous nous sommes concentrées sur les traces discursives que le maire laisse dans son discours et qui témoignent de la conscience qu’il a d’enfreindre, à certains égards, les contraintes et attentes liées à son identité professionnelle de maire. Ces indicateurs expriment l’état de conscience qu’a le maire de s’écarter de la norme langagière attendue pour un politicien. Dans les termes de Martel et Vincent (2001), ils rendent compte de la sensibilité du locuteur à enfreindre les normes sociales langagières. S’exprimant le plus souvent sous la forme d’excuses, ces indices de conscientisation, qui peuvent être interprétés comme de l’authenticité et de la sincérité par les médias et le public, nous paraissent alors comme un moyen de préserver une bonne image (Charaudeau, 1992). En effet, l’ethos d’humilité, comme y réfère Charaudeau (2005a), est une composante importante de l’image de l’homme politique, car il s’agit de savoir avouer ses faiblesses dans le but d’assurer un retour positif sur son image. Tableau 8 Les indices de conscientisation de Régis Labeaume (en nombre d’occurrences seulement) 37 Les résultats mettent en évidence l’utilisation d’indices de conscientisation par Régis Labeaume dans la majorité des productions analysées. En effet, l’analyse a permis d’identifier de telles traces discursives dans les trois diffusions de l’émission Bazzo.tv, ainsi que dans Le Verdict, pour un total de 29 occurrences. C’est lors du Verdict que ces indices sont les plus nombreux (18 occ.). Cette fréquence peut s’expliquer par le concept de l’émission et son contenu thématique qui permettent le traitement de sujets moins sérieux et un registre d’échange moins formel. En effet, les personnalités publiques y sont invitées pour entendre l’opinion de la population à leur égard, qu’elle touche leur parcours professionnel ou leur vie personnelle, et ce, dans le but de confronter leur perception. Dans ce contexte, Régis Labeaume a entrepris de valoriser son image en s’excusant de ses faux pas et des aspects négatifs soulevés par le public sondé, comme en témoigne l’exemple qui suit. Exemple 25 (Le Verdict, 5 avril 2010) Cloutier : Invité : Cloutier : Labeaume : Cloutier : Labeaume : Cloutier : Labeaume : Allons-­‐y donc avec les réponses, d’accord ? Alors il est soupe au lait ˂Labeaume : Bah regarde :˃ Ben c’est juste deux pourcent. Ben voyons donc ! [Tout le monde rit très fort] Il est arrogant. Arrogant à 9 %. ˂Labeaume : Bon !˃ Par contre à Québec, ça monte à 17 %, monsieur Labeaume. Ben ils me connaissent eux-­‐autres. Rires […] […] il y a 26 % de la population qui vous trouve inspirant. ˂Labeaume : ah ben ça j’aime ça.˃ Pour un politicien, c’est pas rien quand même. ˂Labeaume : Ouin, ben c’est bon.˃ Et finalement, compétent arrive premier, avec 31 %. ˂Invité : ah c’est bon!˃ [Applaudissements] 31 % des gens donc vous trouvent compétent. Ça fait plaisir ?! Si vous m’aviez posé la question avant que vous y répondiez, j’aurais pensé que la majorité me trouvait arrogant. ah oui hein ? C’est vrai ? Oui, je suis un peu surpris. Le fait qu’aucun indice de conscientisation n’ait été repéré lors de l’émission Larocque-­‐
Lapierre peut s’expliquer par les contraintes et attentes des genres. En effet, ce type d’indice a été répertorié exclusivement dans les genres médiatiques harmonieux. Or, l’émission Larocque-­‐Lapierre relève plutôt du genre conflictuel de l’entrevue politique, ce qui peut expliquer que Régis Labeaume ait été davantage en mode d’attaque qu’en mode protection de sa face. 38 Quant au conseil de ville, Martel souligne que « l’appel aux sentiments est réservé aux situations où les politiciens s’adressent au public » (2010 : 6). De ce fait, sa diffusion n’étant pas, à proprement parler, une production médiatique destinée au grand public, il est possible que Régis Labeaume n’ait pas entrepris de technique de valorisation de son image, ce qui peut expliquer que nous n’y avons répertorié aucun indice de conscientisation. Les résultats mettent donc en évidence que Régis Labeaume utilise des indices de conscientisation en fonction de la situation de communication dans laquelle il se trouve. Nous expliquons cette particularité par le fait qu’il profite des émissions de divertissement pour construire une image positive, pour modifier les images plus négatives qui résultent des émissions d’information comme Larocque-­‐Lapierre ou les diffusions du conseil de ville. 5. Interprétation des résultats 5.1. La construction identitaire de l’image médiatique de Régis Labeaume Dans le cadre de notre analyse, nous avons posé la question suivante : Comment Régis Labeaume met-­‐il à profit ses identités personnelles et professionnelles dans la construction de son image médiatique ? À la lumière des résultats présentés précédemment, nous sommes en mesure de répondre à l’objectif spécifique de notre recherche. Ainsi, on constate que les identités professionnelles de Régis Labeaume sont prédominantes dans la construction de son image médiatique. En effet, dans la totalité des productions médiatiques analysées, les résultats sont significatifs à cet égard : c’est une forte majorité d’identités professionnelles qui est répertoriée. D’ailleurs, tant les intervieweurs que Régis Labeaume font appel à ses identités professionnelles dans une plus grande proportion. De plus, conformément aux attentes, c’est son identité de maire qui est majoritairement convoquée lors des interactions, ce qui peut s’expliquer par le fait que ses présences médiatiques sont d’abord motivées par cette fonction. 39 Une certaine différence entre l’emploi des pronoms personnels par les intervieweurs et par Régis Labeaume peut toutefois être soulevée. En effet, on constate que ses identités, qu’elles soient professionnelles ou personnelles, sont toutes mises de l’avant par ce dernier, alors qu’en ce qui concerne le discours des intervieweurs, toutes les identités de Régis Labeaume ne sont pas convoquées. À cet effet, mentionnons l’exemple de son identité de sociologue, que Régis Labeaume tend à mettre à profit lors de ses interactions, mais que les intervieweurs ne tendent pas à convoquer. Cette différence entre le discours de Régis Labeaume et celui des intervieweurs peut s’expliquer par le fait qu’en intégrant son identité de sociologue lors de ses interactions, Régis Labeaume personnalise son discours et son image par une combinaison entre les raisons liées à ses caractéristiques personnelles, telles que son origine, sa formation ou son passé professionnel, et en vertu desquelles il croit être en mesure d’assumer correctement la fonction pour laquelle il a été élu (Quême, 2008). Ainsi, il serait enclin à convoquer toutes ses identités professionnelles et personnelles, qu’elles soient reconnues ou non par les médias et le public dans la construction de son image préalable, dans le but de mettre de l’avant une image crédible et conforme à leurs attentes. 5.1.1. Interprétation selon les genres médiatiques À la suite de notre analyse, on constate que l’image médiatique de Régis Labeaume est une construction plutôt instable, qu’il tend à renégocier en fonction de la situation de communication dans laquelle il se trouve. En effet, les seules émissions au cours desquelles les identités personnelles de Régis Labeaume sont mises de l’avant par les intervieweurs ou par ce dernier, sont Bazzo.tv ainsi que Le Verdict. Cette particularité peut être attribuable aux contraintes et attentes des genres médiatiques auxquels les émissions appartiennent, puisque l’image que Régis Labeaume donnera de lui-­‐même est basée sur les attentes et les exigences propres à la situation de communication dans laquelle il se trouve, le contexte médiatique tendant à circonscrire des espaces différents pour l’expression des identités personnelles et professionnelles des personnalités publiques. 40 Plus précisément, Bazzo.tv s’apparente à la fois à l’interview politique et à l’interview vedettariat, puisqu’on y retrouve aussi bien des chroniques, des débats et des entrevues de fond, que des entrevues plus intimes. Ce genre médiatique hybride a donc permis une combinaison entre des thèmes dits plus sérieux et des sujets qui touchent la vie personnelle de l’interviewé. En effet, le contenu thématique de l’entrevue elle-­‐même porte en partie sur ses identités personnelles, bien que la présence du politicien soit davantage motivée par ses identités professionnelles. Dans un même ordre d’idées, le fait que les identités personnelles de Régis Labeaume aient été interpellées et mises de l’avant lors de l’émission Le Verdict est également le fruit des contraintes et attentes du genre auquel appartient l’émission, puisqu’il s’agit d’une émission de type talk show qui favorise le divertissement, ainsi que des relations harmonieuses et humoristiques entre les participants. Sachant que « l’identité personnelle est plus naturellement associée à une construction interactionnelle de type harmonieux » (Martel, 2010 : 11), on constate que le traitement de sujets plus intimes a été favorisé par le genre médiatique, et que la renégociation de l’image de l’invité a pu se faire d’une façon différente de celle qui prévaut lors d’une interview politique comme l’émission Larocque-­‐Lapierre. Cette différence quant aux identités qui participent à la construction de l’image médiatique de Régis Labeaume en fonction des genres médiatiques se perçoit notamment lors de l’émission Larocque-­‐Lapierre, puisque la production médiatique renvoie exclusivement à ses identités professionnelles. Lors d’une interview politique, l’intervieweur tente, souvent par la confrontation, de tirer le maximum d’informations de l’invité, voire de faire ressortir ses intentions cachées en ciblant principalement son ethos (Charaudeau, 2005b). Dans cette perspective, puisque Régis Labeaume se trouve au cœur d’une interaction plutôt conflictuelle au cours de laquelle il est confronté à ses actions, ses décisions et ses positions, ses identités professionnelles ont davantage été convoquées dans le but d’asseoir sa crédibilité auprès du public. Conformément aux attentes, seules les identités professionnelles de maire et d’homme politique de Régis Labeaume ont participé à la construction de son image médiatique 41 lors de la production médiatisée du conseil de ville. En effet, nous expliquons qu’il ait mis à profit uniquement ses identités professionnelles par le fait que cette production n'est pas destinée au grand public et n’a pas comme objectif premier d’être diffusée dans les médias. Il est alors davantage en production effective et assume les fonctions qui en découlent. 5.1.2. Les quatre portraits professionnels de Régis Labeaume Les résultats de notre analyse nous ont permis de faire ressortir quatre identités principales, professionnelles6, que Régis Labeaume met à profit dans la construction de son image médiatique. Dans la présente section, nous décrivons ce que ces identités représentent en termes de personnalité. Lorsqu’il met à profit son identité plus générale d’homme politique, Régis Labeaume tend à exposer son engagement dans la vie publique, en ce sens qu’il définit ses idéaux et le courant politique dans lequel il s’inscrit, en plus de faire valoir les raisons qui l’ont motivé à quitter le monde des affaires pour travailler au service de la collectivité. Lorsqu’il se présente sous cette identité, son discours mélange ethos et logos, puisqu’il tend à faire valoir sa crédibilité en tant qu’homme politique et à défendre ses choix et ses idéaux politiques. Plus précisément, cette identité le positionne comme étant au centre de l’échiquier politique et le présente comme un social-­‐démocrate en colère qui croit que la gauche a galvaudé la social-­‐démocratie. En tant qu’homme politique, Régis Labeaume évoque également l’importance de créer la richesse et de la partager, tout en tenant un discours à la fois pour et contre l’interventionnisme de l’État, notamment dans le financement de ses nombreux projets. À travers cette identité, il défend son intérêt pour la politique municipale plutôt que pour la politique provinciale ou fédérale en faisant état de son intérêt pour la politique de proximité et de sa volonté d’établir des réformes concrètes pour les citoyens. L’identité de maire de Régis Labeaume est l’identité principale qu’il met à profit dans la construction de son image médiatique. À travers elle, l’image de Régis Labeaume est 6
Les résultats de nos analyses montrent que l’identité personnelle est marginale. 42 celle d’un leader qui assume les fonctions de représentant de la vie politique et citoyenne de la ville de Québec. En tant que maire, Régis Labeaume tient un discours combinant à la fois pathos, ethos et logos. En effet, à travers cette identité, il laisse entrevoir ses émotions en se positionnant comme un homme passionné par la ville de Québec, pour laquelle il a de grandes ambitions. Nous expliquons ce recours explicite aux émotions qu’il ressent pour Québec comme une manière de prouver sa légitimité en tant que maire, comme un moyen de justifier que, malgré un parcours plutôt inhabituel pour un politicien, il possède les atouts nécessaires pour faire avancer les choses : son amour profond pour la ville et son désir de la faire évoluer. De surcroît, à travers cette identité, Régis Labeaume met de l’avant sa volonté de développer la ville et de s’occuper de projets concrets. Pour ce faire, son image est celle d’un homme confiant, en contrôle de la situation et qui a la ferme intention d’aller au bout de ses ambitions. Ainsi, en tant que maire, il cherche à établir sa crédibilité en démontrant le bien-­‐fondé de ses propositions et en assurant qu’il est en mesure d’assumer les fonctions pour lesquelles il a été élu. Dans cette perspective, il tient un discours à saveurs locales et collectives, qu’il personnalise en laissant transparaître des expressions qui réfèrent à la fois à son équipe politique et aux citoyens québécois (Quême, 2008). Son identité de maire se caractérise également par l’absence de la langue de bois habituellement associée à la fonction de politicien. Effectivement, l’image de maire qu’il renvoie ne correspond pas au modèle communément attendu. C’est d’ailleurs à travers cette identité que Régis Labeaume s’excuse de son identité personnelle, signe qu’il a pleinement conscience que ses paroles et ses actes ne sont pas toujours ceux qui sont attendus d’un maire. Dans cette perspective, il serait pertinent de se demander si ses excuses et les traces d’autodérision sont le fruit d’un discours transparent ou stratégique. À l’aune de notre analyse, nous posons l’hypothèse que les indices de conscientisation font plutôt état d’un discours stratégique par lequel il tente de se donner une apparence de vérité et d’authenticité, ce qui lui permet par ailleurs d’entretenir une certaine proximité avec les citoyens. Nous fondons en partie notre hypothèse sur le fait qu’il utilise de tels indices 43 uniquement lorsqu’il est dans une situation interactionnelle de construction de son image, alors que lorsqu’il se trouve en production effective de son rôle de maire, notamment lors de l’émission Larocque-­‐Lapierre ou de la production médiatisée du conseil de ville, Régis Labeaume laisse transparaître une image et un discours de gestionnaire, tournant en dérision les questions et les commentaires qui le rendent inconfortable ou qui ne lui sont pas profitables. Ainsi, son identité de maire se confond parfois avec celle de l’homme d’affaires. À travers cette identité, Régis Labeaume explique ses projets et ses ambitions politiques pour la ville de Québec à la manière d’un gestionnaire, puisqu’il jumelle projets politiques et recherche de développement économique pour la ville. De par son identité d’homme d’affaires, il justifie ses compétences et sa capacité à gérer la municipalité et les employés municipaux, en plus de mettre de l’avant l’importance de créer de la richesse pour faire de Québec une ville à la hauteur de ses espérances. À travers son image d’homme d’affaires, il explique également sa volonté d’attirer les citoyens canadiens, mais aussi de redonner à la capitale sa valeur nationale, mais également une ampleur internationale. Régis Labeaume, l’homme d’affaires, tente d’asseoir sa crédibilité, entre autres par son côté visionnaire et ses capacités à mener à termes des projets de grande envergure, ses compétences d’administrateur, sa créativité et par la force avec laquelle il défend ses propositions. À travers cette identité, son image est celle d’un homme engagé et pragmatique qui, grâce à une approche privilégiant l’action à la réflexion, fait valoir son esprit créatif et son sens de l’initiative, ainsi que sa capacité à prendre des risques et à assumer ses défaites (Advancia – L’école de l’entreprenariat, s.d). En tant qu’homme d’affaires, Régis Labeaume est un aventurier qui n’a aucun problème, mais uniquement des solutions. Cette image est celle d’un homme qui aborde souvent des thèmes propres au domaine des affaires, tels que la notion de branding, de marketing ou de rentabilité. Elle laisse transparaître une attitude imposante et une grande assurance dans les prises de décisions, celle de la réussite et de l’ascension sociale pour laquelle il est d’ailleurs reconnu. 44 Par ailleurs, son identité de sociologue donne à Régis Labeaume l’image d’un homme étant capable de dresser un portrait socio-­‐historique de la ville de Québec et de comprendre l’organisation ainsi que l’évolution de son environnement et de ses structures sociales. Elle lui confère également une certaine sensibilité sociale et une compréhension quasi instinctive des enjeux se rapportant à la ville (Porter, 2009b), avantage qu’il tire de ses connaissances approfondies en matière de relations humaines et de conflits sociaux. Cette identité lui permet de personnaliser son discours et d’asseoir davantage sa crédibilité en tant qu’homme politique et plus particulièrement, comme maire de la ville de Québec. À la suite de notre analyse, nous avons pu établir que Régis Labeaume met à profit différentes identités professionnelles dans la construction de son image médiatique. De ce fait, nous considérons qu’il serait intéressant d’étudier le phénomène dans une perspective diachronique, et ce, dans le but de découvrir si l’utilisation et la fréquence des différentes identités qui forment son image médiatique variera selon qu’il acquiert de l’expérience en tant que maire. Références bibliographiques Références théoriques ADVANCIA. s.d. « L’entreprenariat, c’est quoi ? Métier : Entrepreneur ». dans Advancia. L’école de l’entreprenariat. [En ligne]. ˂http://www.advancia.fr/advancia.nsf/id/FR_Mtier_Entrepreneur?open˃. Page consultée le 4 avril 2011. AMOSSY, Ruth. 1997. Stéréotypes et clichés : langue, discours et société. Paris : Nathan, 128 p. AMOSSY, Ruth. 1999. Images de soi dans le discours. La construction de l’ethos. Lausanne : Delachaux et et Niestlé, 216 p. AMOSSY, Ruth. 2006. « L’ethos oratoire ou la mise en scène de l’orateur » dans L’argumentation dans le discours. 2e édition. Paris : Armand Collin, pp. 69-­‐96. 45 BAUGNET, Lucy. 1998. L’identité sociale. Paris : Dunod, 118 p. CHABROL, Claude et Miruna RADU. 2008. Psychologie de la communication et persuasion : théories et applications. Bruxelles : De Boeck, 314 p. CHARAUDEAU, Patrick. 1989. « La conversation entre le situationnel et le linguistique ». Connexions, no 53. Toulouse : ARIP-­‐ERES, pp. 9-­‐22 CHARAUDEAU, Patrick. 1992. Grammaire du sens et de l’expression. Paris : Hachette Éducation, 927 p. CHARAUDEAU, Patrick. 1995. « Rôles sociaux et rôles langagiers ». dans Modèles de l’interaction verbale. Aix-­‐en-­‐Provence : Publications de l’Université de Provence, pp. 79-­‐96. CHARAUDEAU, Patrick. 1997. « Les conditions d’une typologie des genres télévisuels d’information ». Réseaux. No 81 [En ligne]. ˂http://enssibal.enssib.fr/autres-­‐sites/reseaux-­‐cnet/81/05-­‐chara.pdf˃. Page consultée le 2 février 2011. CHARAUDEAU, Patrick. 1998. « La télévision peut-­‐elle expliquer? » dans Bourdon P. et F. Jost. Penser la télévision. Paris : Nathan, pp. 249-­‐268. CHARAUDEAU, Patrick. 2005a. Le discours politique. Les masques du pouvoir. Paris : Vuibert, 256 p. CHARAUDEAU, Patrick. 2005b. Les médias et l’information. L’impossible transparence du discours. Bruxelles : Éditions De Boeck Université, 250 p. CHARAUDEAU, Patrick. 2009. « Conf’apéros en Sciences du langage : Du discours politique au discours populiste. Un nouveau défi pour la démocratie ». dans Site de Patrick Charaudeau -­‐ Livres, articles, publications. [En ligne]. ˂http://www.patrick-­‐charaudeau.com/Conf-­‐aperos-­‐en-­‐Sciences-­‐du-­‐
langage.html˃. Page consultée le 4 avril 2011. CHARAUDEAU, Patrick et Rodolphe GHIGLIONE. 1997. La parole confisquée. Un genre télévisuel : le talk show. Paris : Dunod, 176 p. CHARAUDEAU, Patrick et Dominique MAINGUENEAU. 2002. Dictionnaire de l’analyse du discours. Paris : Édition du Seuil, 661 p. FISCHER, Gustave-­‐Nicolas. 2005. Les concepts fondamentaux de psychologie sociale. 4e édition. Paris : Dunod, 336 p. GRIBOVA, Olga. 2002. « Les " indices" du leadership populiste et l'analyse comparative de deux programmes électoraux en Biélorussie ». Cahiers de psychologie politique. Revue d’information, de réflexion et de recherche,no 2. [En ligne]. ˂http://lodel.irevues.inist.fr/cahierspsychologiepolitique/index.
php?id=1637#tocto1n2˃. Page consultée le 7 avril 2011. GREVISSE, Maurice. 2008. Le bon usage : grammaire française. Bruxelles : De Boeck, 1600 p. GREVISSE, Maurice et André Goosse. 1989. Nouvelle grammaire française. 2e éd. Paris : Duculot, 377 p. GOFFMAN, Erving. 1975. Stigmate. Les usages sociaux des handicaps. Traduit de l’anglais par Alain Kihm. Paris : Éditions de Minuit, 175 p. GOFFMAN, Erving. 1973. La mise en scène de la vie quotidienne, partie I « La présentation de soi ». Paris : Les Éditions de Minuit, 965 p. JOST, François. 2004. Introduction à l’analyse de la télévision. 2e éd. Paris : Ellipse, 174 p. 46 MARTEL, Guylaine. 2008. « Performance… et contre-­‐performance communicationnelles : des stratégies argumentatives pour le débat politique télévisé ». L’analyse du discours au prisme de l’argumentation. No 1 [En ligne]. ˂http://aad.revues.org/index302.html#tocto1n1˃. Page consultée le 1 février 2011. MARTEL, Guylaine. 2010. « Construction de l’image médiatique des politiciens. Des stratégies en plusieurs genres pour toutes les identités », actes du colloque Le français parlé dans les médias. Les médias et le politique (2009), Université Lausanne. MARTEL, Guylaine et Diane VINCENT. 2001. « Particules métadiscursives et autres modes langagières: des cas de changement linguistique ». Revue Tranel. No 34/35 [En ligne]. ˂http://doc.rero.ch/lm.php?url=1000,43,4,20100622084310-­‐MJ/12_Vincent_Martel.pdf˃. Page consultée le 15 avril 2011. PERRET, Delphine. 1970. « Les appellatifs ». Langages, no 17 [En ligne] ˂http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-­‐726X_1970_num_5_17_2579˃. Page consultée le 14 mars 2011. QUÊME, Philippe. 2008. Vertus et perversions françaises du discours politique… Plaidoyer pour un discours «vrai». Paris : L’Harmattan, 254 p. TAJFEL, Henri et John TURNER. 1986. « The social identity theory of intergroup behavior ». dans S. WORCHEL et W.G. AUSTIN (sous la dir. de). Psychology of Intergroup Relations. Chicago: Nelson-­‐Hall, pp. 7-­‐24. TURBIDE, Olivier. 2009. La performance médiatique des chefs politiques lors de la campagne électorale de 2003 au Québec. Description et évaluation des images construites en situation de débat télévisé, d'entrevue d'affaires publiques et de talk show. Thèse de doctorat, Québec, Université Laval, 553 p. ZAVALLONI, Marisa. 1976. Identité sociale et construction de la réalité : images, pensée et action dans la vie quotidienne. Paris : Cordes, 348 p. ZAVALLONI, Marisa et Christiane LOUIS-­‐GUÉRIN. 1984. Identité sociale et conscience : Information à l’égo-­‐
écologie. Montréal : Presses de l’Université de Montréal, 280 p. Références médiatiques : BOIVIN, Marc-­‐André. 2007. « Régis Labeaume : un homme à l’agenda chargé ». Site de Canoe. [En ligne]. ˂http://fr.canoe.ca/infos/quebeccanada/archives/2007/11/20071130˃. Page consultée le 3 février 2011. GRUDA, Agnès. 2009. « Régis Labeaume, le politicien de l’heure ». La Presse. 16 octobre. [En ligne]. ˂http://www.cyberpresse.ca/actualites/200910/16/01-­‐912273-­‐regis-­‐labeaume-­‐le-­‐politicien-­‐delheure.ph˃
. Page consultée le 3 février 2011. LAGACÉ, Patrick. 2010. « Régis Labeaume, personnage-­‐haut-­‐en-­‐couleur ». Le blogue de Patrick Lagacé. [En ligne]. ˂http://blogues.cyberpresse.ca/lagace/2010/11/09/regis-­‐labeaume-­‐personnage-­‐haut-­‐en-­‐coule
urs/˃. Page consultée le 3 février, 2011. Le Soleil. 2010. « L’année Labeaume ». 31 décembre. p. 3 Le Quotidien. 2011. « Un maire au centre droit ». 4 janvier. p. 12 PORTER, Isabelle. 2009a. « Labeaume atomique! ». L’Actualité, vol. 34, no 15, p. 20 PORTER, Isabelle. 2009b. « La recette Labeaume, un modèle exportable? ». Le Devoir. 30 mai. 47 [En ligne]. ˂http://www.offres.ledevoir.com/politique/villes-­‐et-­‐regions/252828/la-­‐recette-­‐labeaume-­‐unmodele-­‐exp
ortable˃. Page consultée le 3 février 2011. Société Radio-­‐Canada. s.d. « Le Verdict. Émission/Concept ». Site de Radio-­‐Canada. [En ligne]. ˂http://www.radio-­‐canada.ca/emissions/le_verdict_c_est_votre_opinion/2010/Synopsis.asp˃. Page consultée le 2 février 2011. Télé-­‐Québec. s.d. « À propos de Bazzo.tv ». Site de Télé-­‐Québec. [En ligne]. ˂http://bazzotv.telequebec.tv/presentation.aspx˃. Page consultée le 2 février 2011. TVA. s.d. « Larocque-­‐Lapierre. Synopsis de l’émission ». Site de TVA. [En ligne]. ˂http://tva.canoe.ca/emissions/larocquelapierre/˃. Page consultée le 2 février 2011. Wikipédia. s.d. « Régis Labeaume ». Site de Wikipédia, l’encyclopédie libre. [En ligne]. ˂http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9gis_Labeaume˃. Page consultée 3 février 2011. 48