Le 1er septembre 1939, sans déclaration de guerre préalable, 52

Transcription

Le 1er septembre 1939, sans déclaration de guerre préalable, 52
Le 1er septembre 1939, sans déclaration de guerre préalable, 52 divisions de la Wehrmacht
franchissent la frontière polonaise. Edouard Daladier, Président du Conseil et Ministre de la Guerre,
dans une émission radiographique appelle à la mobilisation générale au cours de l’après-midi. Cette
mobilisation sera effective quelques heures plus tard le 2 septembre à 0h00.
De la mobilisation générale, ce 1er septembre 1939, à la capitulation de l’Allemagne nazie signée à
REIMS, le 7 mai 1945, presque six années se sont écoulées : 68 mois d’un conflit mondial ensanglanté
et dévastateur ; plus de 2 000 jours d’une mêlée hideuse, confuse et nauséabonde du nazisme,
idéologie sordide et méticuleuse incorporant à la fois totalitarisme, racisme biologique et
antisémitisme.
Aux plus jeunes d’entre nous, qui sont à nos côtés ce matin, pour commémorer ensemble ce 8 mai
1945, je veux juste rappeler quelques chiffres tellement significatifs de ces six années d’horreur et de
barbarie.
En France, ce sont plus de 4,7 millions d’hommes qui ont été mobilisés soit 40% de la population
active masculine de l’époque. 541 000 françaises et français sont morts durant ce conflit. Le bilan
humain mondial est gigantesque et dramatique, l’on dénombre entre 60 et 70 millions de par le
monde et plusieurs millions de blessés. Ce conflit fut le plus coûteux en vies humaines de toute
l’humanité. Environ 45 millions de civils sont morts dans les combats et les bombardements. Parmi
ces victimes figurent les plus de 6 millions de femmes, d’enfants et d’hommes déportés en camps de
concentration, camps de travail et camps de la mort, parce qu’ils étaient juifs, Slaves, Tziganes,
Homosexuels, handicapés ou tout simplement au mauvais endroit au mauvais moment…
Souvenons-nous de celles et ceux qui ont accompli leur devoir avec courage et abnégation, ils ont
consenti d’immenses sacrifices, ils ont enduré de terribles souffrances, ils ont bravé tant de dangers.
Certains d’entre eux sont morts pour leur Pays, mais avant tout pour la PAIX, la plupart n’avaient pas
25 ans.
Notre présence ce matin, au pied du monument aux morts tombés pour la France, dans l’émotion de
ce jour anniversaire, donne tout son sens au nécessaire devoir de mémoire qui est le nôtre. L’histoire
a légué une tradition militaire et patriotique exceptionnelle :
Qui trouve dans ses monuments, ses squares, ses places et ses rues, maints témoignages,
Qui trouve, dans votre simple présence ce matin, un message d’espoir et de Paix.
Oui, ce matin, nous sommes tous réunis pour dire à notre tour, ensemble, riches de nos différences,
de nos parcours de vie PLUS JAMAIS CA.
« La passion de vivre croît au sein de des plus grands malheurs » disait Albert Camus.
Souhaitons que nous sachions préserver notre foi en la liberté sans que les circonstances nous y
contraignent. C’est tout là le sens de notre recueillement devant ce monument dédié aux victimes de
la Guerre.
Pour nous Européens, le 8 mai signifie la fin de la Seconde Guerre mondial, le début d’une paix qu’il
nous appartient de rendre durable.
Qui pouvait, en effet, imaginer que c’est le couple franco-allemand qui serait, quelques années
seulement plus tard, à l’origine de la construction européenne ?
Qui pouvait imaginer, en ce matin du 8 mai 1945, que c’est pour éviter un nouvel affrontement que
fût fatal à notre Europe occidentale, qu’en 1950, Robert Schuman, sur les conseils de Jean Monnet,
proposerait un projet qui rende définitivement impensable tout nouveau conflit puisque désormais
impossible entre nos deux pays ?
Alors que la soif de vengeance avait prévalu à la fin de la Grande Guerre, offrant un terreau fertile au
nazisme et autres fascismes abominables, le souci de réconciliation l’avait emporté à l’issue de la
seconde guerre mondiale.
Cette réconciliation, la création d’un marché commun, cette coopération positive, offraient à
l’Allemagne et à la France la possibilité de devenir le nécessaire moteur qui permettait enfin à
l’Europe d’avancer.
De Gaulle, Adenauer, Giscard, Schmidt, Mitterrand, Kohl, Chirac et Schröder formaient des duos qui
savaient faire taire leurs divergences pour s’accorder sur l’essentiel.
Si le bruit des canons a cessé, nous traversons pourtant une nouvelle période sombre de notre
histoire européenne et mondiale. La Paix des armes a laissé la place à un autre genre de conflit tout
aussi dramatique si nous n’y prenons pas garde. Une guerre économique, une guerre financière, une
guerre d’endettement des Etats, où les ménages, les chômeurs, leurs familles, les territoires, nos
communes sont les victimes potentielles et vulnérables.
Le couple franco-allemand, peut traverser des tempêtes, mais nos femmes et hommes politiques
doivent absolument savoir, eux aussi, garder ce cap tracé par leurs prédécesseurs. Au-delà des
divergences, nos deux pays ont néanmoins toujours besoin l’un de l’autre, penser le contraire, serait
oublier les raisons de notre présence devant ce monument ce matin.
Voici 69 ans, l’Allemagne hitlérienne capitulait. Ce 7 mai 1945 à deux heures quarante et une, dans
une salle du Collège technique et moderne de REIMS, était signée la reddition sans condition des
forces armées allemandes. Terrible silence où l’on entendit plus que le bruit d’un plume sur le papier.
Puis ce silence s’emplit d’une rumeur, celle du pas des soldats, de ceux qui vivaient casqués et qui
simplement, humblement ont fait la guerre avec leurs propres mains et leur pauvre vie.
Et derrière cette rumeur, pour la première fois, les cris les sirènes, le bruit des canons, le tintement
des cloches de tous les villages de France, devint un chant, le chant d’une nouvelle Paix. Si au
compte de notre peuple il y eut des crimes et actes abjects, souvenons-nous qu’il y a eu aussi des
tenants de la résistance que les voix fascistes n’ont jamais couvertes.
En ce 8 mai 2014, l’acte de mémoire que nous accomplissons, comme tous les français, mais aussi
comme nos amis européens, est bien plus qu’un simple devoir accompli dans le seul respect des
combats passés, il est plein d’un unique dessein, celui qui rassemble, dans une conquête de tous les
jours, les défenseurs de la démocratie et de la liberté que nous ont transmises nos ainés.
VIVE LA PAIX
VIVE LA FRANCE