Une loi pas comme les autres
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Une loi pas comme les autres
Une loi pas comme les autres Depuis l'article de Michel Landa en 1980, la société Française est saisie d'une demande pour une loi qui permettrait à chacun d'être rassuré en étant capable de demander une mort douce lorsque la vie lui devient inacceptable. Les points de vue sont diverses, mais ce que l'on sait c'est que plus de 90 % des personnes interrogées dans des sondages répétés depuis plus de 20 ans sont favorable à une loi sur la fin de vie. Alors pourquoi nos législateurs, conseillés par les instances religieuses, professionnelles et multiples acteurs impliqués dans la fin de vie, ainsi que les commissions constituées pour émettre des avis, hésitent à faire une loi qui soit claire et précise dans ce domaine ? Des lois qui se cherchent Depuis 1980, progressivement et à tâtons plusieurs loi ont été écrites puis promulguées. On a reconnu que la douleur n'était pas rédemptrice, que l'acharnement thérapeutique une réponse inadaptée et le plus important est que depuis la loi Léonetti on reconnaît que l'individu est celui qui doit décider de sa vie. Mais d'une part la loi n'est pas appliquée, méconnue, contournée, etc et en plus elle n'a rien de contraignant ce qui permet des dérives judiciaires comme dans le cas de Vincent Lambert ou le refus de certains médecin de recevoir les Directives Anticipées de leurs patients ou plus grave des dérives issues de contraintes économiques justifiant des actes sans consentement. On se doit de se poser des questions sur le pourquoi de cette situation qui si l'on se réfère à des principes fondamentaux sur la liberté, l'égalité, la fraternité qui guident notre contrat social devraient nous permettre d'accéder aux demandes de nos concitoyens pour une mort sans peurs. Une loi qui concerne la qualité de vie La mort n'est qu'un passage de la vie à la non vie, et si les implications spirituelles sont interprétées différemment par les religions, le moment lui même est inquiétant mais n'est pas vu comme traumatisant par la plupart des gens. C'est donc de la période de fin de vie dont il faut se concerner. Les maisons de retraite où l'on remise dans des conditions plus ou moins « digne » les vieux sont la hantise de ceux qui se rendent compte qu'un jour ils risquent d'y vivre. Et pourtant avec nos propres parents nous nous rendons compte qu'il est impossible pour une personne qui perd son autonomie de ne pas être orienté vers une telle situation. On peut exclure les grandes fortunes qui elles peuvent financièrement créer un « hôpital à la maison ». Alors on se dit « j'aimerais vivre bien tant que je le veux et le jour où ce n'est plus possible, j'aimerais pouvoir tirer ma révérence ». Il semble qu'aujourd'hui la société Française soit maintenant prête à en débattre. L'inquiétude des personnes est légitimement liée à l'évolution de notre société capable de prolonger la vie, de garder en vie de façon artificielle et même si nous y consacrions les moyens de « garder en vie » éternellement. Ce serait dire que la vie consiste à ce que la chair soit irriguée de sang, il n'y a pas si longtemps nous avons établi que l'encéphalograme plat était un état de mort même si les cellules étaient en vie . C'est au sujet de la qualité de vie que le débat sur la fin de vie trouve ses écueils. Une loi pour tous jusqu'à la mort N'oublions pas qu'une loi doit aussi résoudre tous les problèmes liés à l'accident ou la maladie incurable qui parfois met la personne dans des situations d'incapacité ni d'agir, ni d'exprimer ses volontés. Ceci à tout âge et surtout parfois sans prévenir. Nous devons aussi respecter et être capable de répondre aux personnes qui ne veulent en aucun cas admettre qu'ils seront un jour confronté aux problèmes multiples de fin de vie et/ou qui veulent que la société les prennent totalement en charge refusant de s'intéresser ou de se prononcer en la matière. La démission devant les problèmes de vie est une réalité de tous les jours à laquelle sont confrontés les médecins, soignants et aides sociaux. Une autre vision du sujet de la loi Nous venons de créer une Association qui Accompagne la Volonté de l'Individu de Vivre dans le Respect de son Ethique sa fin de vie. Appelée AAVIVRE sa fin de vie, cette association propose de réunir tous les courants de pensées autour de la fin de vie. La fin de vie comme un période de vie et non pas juste un passage de la vie à la mort. La fin de vie comme une phase de l'existence à part entière comprenant une ré-adaptation de l'individu à de nouvelles contraintes, de relations avec la société, de préparation à un départ réussit avec une approche responsable vis à vis de ses proches et de la communauté. Chaque personne pour devenir un adulte doit à un moment ou un autre, souvent à l'adolescence, se confronter à la réalité de la mort. Cette prise de conscience est une étape obligée car elle permet de se libérer psychologiquement de l'état de dépendance parental et social. Je peux mourir, je vis, donc je suis. Au risque de choquer certains, il me semble que la société doit reconnaître à chacun qu'il a le droit de mourir comme il l'entend. Certains voudront vivre tant que la médecine le permet. D'autres voudront établir des critères personnels comme l'a fait Michel en disant que le jour où il ne pourrait plus prendre sa douche, atteint d'un cancer terminal, il déciderait du jour de sa mort. Ou Solange, militante du Droit de Mourir dans la Dignité qui atteinte d'un alseihmer a décidé de s'enfoncer dans la maladie convaincue qu'elle saurait décider de sa fin. Et en effet, le jour où elle n'a plus été capable de reconnaître le fils de sa chaire, elle a décidé de ne plus manger. La vie jusqu'à la mort est une histoire individuelle La fin de vie est une histoire individuelle que chacun mène à sa façon. Il nous faut respecter que cette étape de vie appartient à celui qui la vie. Nos médecins qui eux sont face à la réalité de tous les jours savent que chaque cas est un cas spécifique et pour embrouiller encore plus la situation, les enjeux économiques sont gigantesques et en croissance rapide avec la génération du baby boom qui arrive en fin de vie. Une loi qui dessinerait la ligne Maginot du bien mourir serait une loi spécifique à chaque personne. C'est dans ce dilemme du vrai et son contraire que nos législateurs se débattent. Ce serait contraire au principe même d'une loi dont l'objet est de s'appliquer à tous. Nos points d'accords pour fonder une loi Nous proposons face à ce constat de changer de perspective concernant l'écriture d'une loi. Il faut repenser la définition du rôle qu'une telle législation doit avoir dans le cadre de la gestion de notre fin de vie. On s'aperçoit que l'accélération du changement dans notre société, la capacité que nous avons d'individualiser les situations grâce à la technologie, et la complexité toujours en croissance que cela engendre nous obligent à reconsidérer les fondements même de la façon dont nous gérons notre contrat social. Il nous semble que certaines valeurs peuvent être acceptées par tous : - chacun à le droit de vivre librement son existence tant qu'il n'impose pas à d'autre une vie d'ont ils n'ont pas envie - chacun à le droit à décider pour lui-même à chaque instant de sa vie si cette décision n'implique pas l'autre - chacun à le droit d'attendre de la société qu'elle l'accompagne dans la vie de manière solidaire dans la limite des moyens alloués Si nous arrivons à tous convenir de cela, cela veut dire que nous devons être capable de trouver le moyen de définir un texte qui garantisse à chacun ces droits. La loi adresse des contextes identifiés Nous définissons trois contextes à considérer dans le cadre de l'élaboration d'une loi. - le contexte de l'individu qui est autonome, capable d'agir, de décider, de s'exprimer - le contexte de la personne qui peux s'exprimer mais incapable d'agir - le contexte de la personne incapable d'agir ni de s'exprimer Dans le premier cas nous constatons que le suicide n'est pas contre la loi et donc on peut parler d'un suicide de fin de vie, quelque soit la condition ou l'âge de la personne. Soit la personne agit de son propre fait, soit il demande à un tiers de l'aider pour réaliser son suicide ce qui est appelé le suicide assisté. Demander à une personne de nous aider à se suicider est une démarche loin d'être anodine. Tu ne tueras pas est un fondement du contrat social. Dans quelles conditions pourrions nous tolérer qu'il y ait exception ? Demander à un professionnel de nous procurer les moyens de nous suicider est une autre démarche. Vous noterez que j'utilise professionnel et non médecin car il semble qu'il faut envisager qu'un professionnel puisse ne pas être un médecin. Dans ce cas de figure c'est le professionnel qui dans le contexte de son expertise doit pouvoir exercer ses compétences pour déterminer la justification de son acte professionnel. Ici si l'on décidait en tant que société que certains professionnels seraient capables sous certaines conditions de donner un moyen de suicide à un individu, on pourrait s'adapter à chaque cas individuel tout en encadrant l'exercice de ce professionnel. La loi alors devrait ne plus s'intéresser aux critères spécifiques d'attribution ou non d'un moyens de suicide, ni de la pertinence du moyens à effectuer un suicide sans douleur, ni de la durée d'agonie. Elle devrait établir des principes d'encadrement du professionnel tel que : - la nécessité d'une décision collégiale - la nécessité d'un contrôle que l'acte est réalisé selon les critères de la profession - la nécessité de sanctionner tout acte non réalisé selon la loi On voit par ce biais que la loi respecterait les principes annoncés sans pour autant trancher sur le cas individuel en confiant cette tâche à un professionnel formé, reconnu et responsabilisé.