Les aventures de Suzette

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Les aventures de Suzette
Les aventures de Suzette.
Les aventures de Suzette
Par Wilhelm Thierry
Couverture : ptiwi
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Les aventures de Suzette.
Les différents scénarios suivants sont librement inspirés des fables de La Fontaine.
Des personnages réels remplacent les animaux. Les différentes histoires sont jouées
dans le cadre familial, à l’intérieur d’une maison de village.
Les personnages :
Papa,
le père, gourmand, travailleur mais pantouflard.
Maman,
la mère, tendre, calme, joyeuse.
Suzette,
la fille, 10 ans, espiègle, toujours partante et volontaire.
Mamie,
la grand-mère, dynamique, généreuse.
Pépé,
un voisin plaintif.
Chaque histoire est indépendante et a un titre propre.
Le court-métrage peut se terminer par une référence à la fable en faisant se croiser
deux bandeaux de texte. L’un est le titre de la fable qui a inspiré l’histoire, l’autre est
une maxime tirée de la fable.
Un bandeau préalable peut poser la question suivante et permettre ainsi un jeu avec le
spectateur : « Savez-vous de quelle fable de Jean de La Fontaine est inspiré ce courtmétrage ? »
1. Maman est la plus belle.
Résumé
Une fille seule chez elle va jouer à être la maman. Elle se coiffe, se maquille et s’habille
comme sa mère. Et puis elle mettra aussi des chaussures à talons hauts. Quand elle
entend ses parents arriver, elle se précipite pour leur montrer, mais se casse
immédiatement la figure.
Scénario
Suzette entre dans le dressing de ses parents avec la photo de sa mère. C’est un portait
entier de sa mère dans une belle robe. Suzette est joyeuse à l’idée de ce qu’elle va
faire… ressembler à sa maman.
Suzette met fièrement ses cheveux en chignon avec une broche, comme sur la photo.
Suzette fouille avec bonheur la trousse à maquillage et se maquille les yeux et les lèvres
« presque » comme sur la photo (elle en met un peu à côté).
Suzette enfile une robe de soirée bien trop grande pour elle.
Et enfin, Suzette met les chaussures à talons hauts de sa maman. Elle a à peine le
temps de les enfiler qu’elle entend un bruit dans les escaliers. Sa mère l’appelle.
Maman. – Suzette c’est maman, tu es là ?
Suzette. – Oui maman ! Viens voir comme je suis belle !
Suzette se lève précipitamment en vue de défiler devant sa mère. Mais elle n’a pas
l’habitude des talons et se retrouve les quatre fers en l’air.
F I N
Fable De la Fontaine
La Grenouille et le Bœuf.
Une grenouille vit un boeuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf,
Envieuse, s'étend, et s'enfle et se travaille,
Pour égaler l'animal en grosseur,
Disant: "Regardez bien, ma soeur;
Est-ce assez? dites-moi: n'y suis-je point encore?
Nenni- M'y voici donc? -Point du tout. M'y voilà?
-Vous n'en approchez point."La chétive pécore
S'enfla si bien qu'elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages.
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs ,
Tout prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.
2. A manger des yeux.
Résumé
Mamie vient chercher sa fille et sa petite-fille. Elle a ramené un gâteau du commerce
qu’elle a eu gratuitement (offre : un acheté, un offert). Le gendre le voit et proclame
qu’il sera partagé en quatre. Les femmes partent, lui reste pour lire tranquillement son
livre. Il mangera sa part, puis une autre, puis toutes !
Scénario
Suzette et sa mère se préparent à partir, elles mettent leurs chaussures. Son père est
sur le canapé du salon, il chausse ses lunettes et va lire un gros roman. La grand-mère
est sur le point d’arriver.
Suzette. – Dépêche-toi maman ! Mamie ne va plus tarder. C’est que je veux me mettre
tout devant pour bien voir le spectacle.
Mamie sonne à la porte et les rejoint dans le salon. Suzette lui saute dessus pour la
saluer. Mamie lève les bras en l’air pour ne pas faire tomber le gâteau (tout juste assez
grand pour quatre) qu’elle tient.
Mamie. – Bonjour tout le monde !
Suzette. – Mamie !
Mamie. – Je vois que vous êtes prêtes. Tant mieux !... Regardez, j’ai amené un gâteau
qui était offert lors d’une offre promotionnelle, c’est pour vous !
Le père se lève, il a entendu le mot « gâteau ».
Papa. – Bonjour Mamie, c’est super gentil de nous en faire profiter. Nous allons le
partager en quatre.
Le père part en cuisine chercher un couteau et un rouleau de serviettes en papier.
Maman. – Nous n’avons pas le temps chéri. Tu pourras bien nous attendre morfale !
Le père a déjà découpé le gâteau en quatre et se sert une part sur une serviette.
Papa. – Je me prends cette part, et la raison, c’est que je m’appelle Morfale.
Les femmes sourient et partent. Le père s’assoit dans le canapé avec son livre. Après
quelques minutes à regarder autant son livre que le gâteau, le père se lève pour se
resservir.
Papa. – Dis, eh, oh ! C’est quand même moi qui fais les courses, d’habitude (en
regardant la porte d’entrée avec un regard en coin).
Puis il se rassoit, reprend son livre ouvert. Et déjà il se lèche les doigts comme pour
tourner une page, avec des yeux fixés langoureusement sur le gâteau, totalement
désintéressé du livre qu’il tient d’une main. Et il crie avec le sérieux le plus solennel tout
en se servant, à qui veut l’entendre :
Papa. – S’il y a seulement ici quelqu’un, qui ose prétendre que ce n’est pas une part de
gâteau que je tiens là, qu’il vienne me le dire.
Il tient son livre pour le lire, la part de gâteau a été engloutie. Il plonge enfin son regard
dans le livre pour s’y intéresser. Soudain une question l’interpelle et le peine. Gardant
son air résolument attristé, il s’approche de la dernière part.
Papa. – On ne peut pas laisser une part abandonnée comme ça !
Il s’en saisit sans autre procès. Et s’en délecte… Il part se rasseoir pour lire, mais gêné, il
met la boîte vide à la poubelle et pose à la place une boîte de petits-beurre. Il part
définitivement se caler dans le canapé pour lire.
Le père regarde la boîte de gâteaux avec un mélange d’envie, de gêne et de honte.
F I N
Fable De la Fontaine
La Génisse, la Chèvre et la Brebis en société avec le Lion.
La génisse, la chèvre et leur soeur la brebis,
Avec un fier lion, seigneur du voisinage,
Firent société, dit-on, au temps jadis,
Et mirent en commun .
Dans les lacs de la chèvre un cerf se trouva pris.
Vers ses associés aussitôt elle envoie.
Eux venus, le lion par ses ongles compta,
Et dit: "Nous sommes quatre à partager la proie".
Puis, en autant de parts le cerf il dépeça;
Prit pour lui la première en qualité de sire:
"Elle doit être à moi, dit-il, et la raison,
C'est que je m'appelle lion :
A cela l'on n'a rien à dire.
La seconde, par droit, me doit échoir encor:
Ce droit, vous le savez, c'est le droit du plus fort.
Comme le plus vaillant, je prétends la troisième.
Si quelqu'une de vous touche à la quatrième,
Je l'étranglerai tout d'abord
3. Une surprise bien sage.
Résumé
La fille a confectionné une surprise pour ses parents. La mère se méfie et agit afin que
le père ouvre le cadeau. La boîte éjecte un clown a ressort que le père se prend en
pleine tête.
Scénario
Suzette arrive dans le salon avec un cadeau pour ses parents. C’est une belle boîte avec
un couvercle qui s’ouvre sur le dessus. Suzette dépose délicatement la boîte, en face de
ses parents, sur la table basse du salon.
Suzette. – Je vous ai confectionné un beau cadeau pour tous les deux. Attention c’est
fragile.
Papa. – Comme c’est gentil, ma petite fille.
Maman. – Que nous vaut cette délicate attention Suzette ?
Suzette. – Mais c’est pour vous remercier d’avoir choisi ce village et cette maison pour
nous y installer.
Maman. – Comme c’est touchant, mais j’ai peur de l’abîmer en le manipulant. Tu dis
que c’est fragile ?
Le père soupèse le colis.
Papa. – Laisse moi faire chérie, je suis bien habile… Mais qu’est ce que cela peut-il bien
être ?
Suzette. – Ouvre, tu verras.
Le père soulève le couvercle et un gros clown en jaillit brusquement, manquant de le
défigurer. Tout le monde rigole.
F I N
Fable De la Fontaine
Le Renard, le Loup et le Cheval.
Un renard, jeune , quoique des plus madrés,
Vit le premier cheval qu'il eût vu de sa vie.
Il dit à certain loup, franc novice : « Accourez,
Un animal paît dans nos prés,
Beau, grand ; j'en ai ma vue encore toute ravie.
- Est-il plus fort que nous ? dit le loup en riant.
Fais-moi son portrait, je te prie.
- Si j'étais quelque peintre ou quelque étudiant,
Repartit le renard, j'avancerais la joie
Que vous aurez en le voyant.
Mais venez. Que sait-on ? peut-être est-ce une proie
Que la fortune nous envoie.»
Ils vont ; et le cheval, qu'à l'herbe on avait mis,
Assez peu curieux de semblables amis,
Fut presque sur le point d'enfiler la venelle.
«Seigneur, dit le renard, vos humbles serviteurs
Apprendraient volontiers comment on vous appelle.»
Le cheval, qui n'était dépourvu de cervelle,
Leur dit : «Lisez mon nom, vous le pouvez, Messieurs ;
Mon cordonnier l'a mis autour de ma semelle.»
Le renard s'excusa sur son peu de savoir.
«Mes parents, reprit-il, ne m'ont point fait instruire ;
Ils sont pauvres et n'ont qu'un trou pour tout avoir ;
Ceux du loup, gros Messieurs, l'ont fait apprendre à lire.»
Le loup, par ce discours flatté,
S'approcha. Mais sa vanité
Lui coûta quatre dents : le cheval lui desserre
Un coup ; et haut le pied. Voilà mon loup par terre,
Mal en point, sanglant et gâté.
« Frère, dit le renard, ceci nous justifie
Ce que m'ont dit des gens d'esprit :
Cet animal vous a sur la mâchoire écrit
Que de tout inconnu le sage se méfie."
4. C’est bien ma fille.
Résumé
La mère prépare le dessert du soir avec sa fille. Elle lui accroche les cheveux comme elle
l’a fait pour elle. Elle lui apprend à utiliser les ustensiles de la main gauche (comme
elle). Le temps que le gâteau cuise Suzette doit faire ses devoirs avec son père. Il veille à
ce qu’elle mette ses lunettes (comme lui) et a bien tenir son stylo de la main droite
(comme lui). Le dîner est prêt, elle part à la salle de bain se laver les mains et devant la
glace elle pique une colère en jetant barrette et lunettes.
Scénario
Scène 1 : Intérieur d’une cuisine – Jour.
Suzette est dans la cuisine avec sa mère qui lui apprend à faire une pâte simple pour
faire des madeleines. Suzette casse le dernier œuf au dessus d’un saladier.
Maman. – Voilà maintenant que tu as cassé les œufs, tu mets autant de cuillères à
soupe de sucre pleines à ras bord.
Suzette. – Comme ça ? (en désignant sa cuillère à soupe débordante de sucre).
Maman. – Oui très bien. Vas-y compte… (Et elle lui attache les cheveux en chignon,
tout comme elle.)
Suzette. – Une… Deux… Trois… Et quatre.
Maman. – Et maintenant il faut battre. (Elle lui montre avec le batteur et le lui tend
pour continuer. Suzette le prend de la main droite. Sa mère le lui remet dans la main
gauche)… Vas-y continue et tiens bien ton saladier de l’autre main.
Une fois le mélange homogène, c’est au tour de la farine d’être ajoutée.
Maman. – Et on finit par la farine, c’est les mêmes proportions. Mais attention…
La mère s’est remis une mèche rebelle derrière l’oreille et fait de même, tout sourire,
avec celle de sa fille.
Maman. – Il faut tamiser la farine et mélanger délicatement… Pendant que tu fais ça je
vais mettre une pincée de levure chimique.
Le moule est beurré et rempli, la mère le met dans le four.
Maman. – Merci pour ton aide Suzette. Maintenant je crois que tu dois revoir tes
leçons avec papa pendant que je prépare le dîner.
Scène 2 : Intérieur d’un salon – Jour.
Suzette a rejoint son père dans le salon. Ils sont attablés et toutes les affaires d’école
sont sorties. Le père tend des lunettes à Suzette qui ouvre son livre de lecture (il porte
lui-même des lunettes de lecture). Elle en sort une feuille qu’elle lit.
Suzette. – Alors… « Le jeune gorille poussa un gros soupir, si gros que les crins du lion
volèrent dans tous les sens. »
Suzette pose la feuille à l’envers et répète à voix haute la phrase en même temps
qu’elle l’écrit. Son père l’imite. Tous les deux écrivent de la main droite.
Suzette. – « … poussa un gros soupir, si gros que les crins du lion… »
La dictée est terminée. Tous les deux sont en train de comptabiliser leurs fautes.
Papa. – Eh bien, j’ai quand même fait deux fautes.
Suzette est joyeuse. Elle a fait moins de fautes, et dit d’un air enfantin, en secouant son
stylo :
Suzette. – Et moi une seule ! Tu vas de-voir la co-pier deux fois !
Suzette rit. Le père répond sur le même air en gesticulant avec son stylo. Suzette fait la
moue en se rendant compte qu’elle écrit comme son père.
Papa. – Mais j’au-rai fi-ni avant toi.
Suzette a presque fini sa copie. La mère, qui a fini de cuisiner, arrive avec les assiettes.
Maman. – Allez Suzette tu peux t’arrêter, nous allons manger. Range tes affaires et va
te laver les mains.
Scène 3 : Intérieur d’une salle de bain – Jour.
Suzette dépose avec colère les lunettes et la broche sur le rebord de l’évier. Elle se lave
les mains et peste devant la glace.
Suzette. – Non mais ils sont lourds avec leurs manies. Il n’y a pas moyen d’être soimême chez soi.
F I N
Fable De la Fontaine
L’homme entre deux âges et ses deux maîtresses.
Un homme de moyen âge,
Et tirant sur le grison
Jugea qu'il était saison
De songer au mariage.
Il avait du comptant ,
Et partant
De quoi choisir. Toutes voulaient lui plaire ;
En quoi notre amoureux ne se pressait pas tant ;
Bien adresser n'est pas petite affaire.
Deux veuves sur son coeur eurent le plus de part :
L'une encor verte, et l'autre un peu bien mûre,
Mais qui réparait par son art
Ce qu'avait détruit la nature.
Ces deux veuves, en badinant,
En riant, en lui faisant fête,
L'allaient quelquefois testonnant,
C'est à dire ajustant sa tête.
La vieille à tous moments de sa part emportait
Un peu du poil noir qui restait,
Afin que son amant en fût plus à sa guise.
La jeune saccageait les poils blancs à son tour.
Toutes deux firent tant, que notre tête grise
Demeura sans cheveux, et se douta du tour.
«Je vous rends, leur dit-il, mille grâces, les belles,
Qui m'avez si bien tondu:
J'ai plus gagné que perdu ;
Car d'hymen point de nouvelles.
Celle que je prendrais voudrait qu'à sa façon
Je vécusse, et non à la mienne.
Il n'est tête chauve qui tienne ;
Je vous suis obligé, belles, de la leçon.»
5. Des chaussures pour courir.
Résumé
La fille et la mère sont dans une boutique de chaussures. La fille a trouvé de superbes
chaussures qui sont hors budget. La mère consent à revenir les prendre si la fille obtient
de son père l’argent manquant, ce qu’elle obtiendra !
Scénario
Scène 1 : Intérieur d’un magasin – Jour.
Suzette et sa mère sont dans un magasin de chaussures. Suzette a trouvé son bonheur,
des chaussures en daim avec des petits talons mignons. Elle tient la boîte ouverte
contre elle, comme si cela était un trésor, et les montre à sa mère qui fait un essayage.
Suzette. – Regarde maman comme elles sont belles. C’est celles-là que je veux !
Maman. – D'abord dis-moi voir quel est le prix ?
Suzette. – Elles sont à 65 €.
Maman. – Suzette tu sais ce que j’ai dit, pas plus de 40€.
Suzette. – Mais maman, elles sont trop bien. Maman !...
Suzette commence à trépigner avec hystérie, mais sa mère l’arrête tout de suite de sa
voix autoritaire, elle-même soutenue par son regard strict.
Maman. – Ecoute ce n’est pas le moment. Tu sais très bien que pour tes dernières
chaussures nous avons déjà fait un excès. Et avant d’arriver ici tu avais convenu d’être
raisonnable. Alors dis-moi ? Ne vivons-nous plus dans le même monde ?
Suzette ne dit plus rien. Sa mère fait un minuscule mais despotique mouvement de tête
pour solliciter une réponse… Suzette est calme. Elle répond poliment et enchaîne sur un
ton plus doux.
Suzette. – Oui maman… Mais je ne vois que celles-là. En plus elles vont avec tout ce
que j’ai. C’est le genre de chaussures que l’on voudrait garder toujours. Dommage
qu’elles ne soient pas en solde.
Maman. – Ecoute Suzette. Si ton papa est d’accord de prendre sur son portefeuille
pour rallonger, on les prendra. Sinon, il faudra attendre les soldes.
Scène 2 : Intérieur d’un salon – Jour.
Suzette et sa mère sont rentrées à la maison. Suzette croise son père dans le salon. Il
est en tenue pour aller courir. Il lace ses baskets.
Suzette. – Elles sont superbes tes chaussures papa. Avec ça tu peux courir le
marathon… Facile !
Papa. – Oh là je n’en suis pas là… Mais c’est vrai que c’est d’un confort… je cours sur
des coussins ! Ben et toi ? Tu as trouvé chaussure à ton pied.
Suzette. – Oui ! Idéale pour courir avec style ! Mais maman dit que c’est trop cher, il
faut attendre les soldes…
Suzette a une mine attristée et prend un air lunaire.
Papa. – S'il y a encore ta taille ! Combien il te manque ?
Suzette. – Il manque 25€.
Suzette a un air encore plus triste et fataliste.
Papa. – Je vais regarder ce que j’ai… (Puis avec un large sourire.) Comme ça on pourra
courir ensemble !
Suzette. – Oh oui papa, ce serait cool !
Papa. – Tu as de la chance Suzette !
Le père trouve 30€ dans son portefeuille et les tend à Suzette.
Suzette. – Oh merci papa.
Le père sort faire son jogging. Suzette crie à sa mère :
Suzette. – Maman ! On peut y retourner ! J’ai les sous pour aller courir les boutiques !
F I N
Fable De la Fontaine
Le Corbeau et le Renard.
Maître corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître renard par l'odeur alléché ,
Lui tint à peu près ce langage :
«Et bonjour Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli! que vous me semblez beau!
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois»
A ces mots le corbeau ne se sent pas de joie;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec laisse tomber sa proie.
Le renard s'en saisit et dit: "Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute:
Cette leçon vaut bien un fromage sans doute."
Le corbeau honteux et confus
Jura mais un peu tard , qu'on ne l'y prendrait plus.
6. Le choix de la mule.
Résumé
Le père et la mère reviennent de courses presque en même temps. En premier, la mère
avec les courses alimentaires. Elle appelle sa fille pour l’aider à décharger la voiture. Le
temps qu’elle arrive le père est là et la sollicite aussi. Il a ramené un home cinéma et
plein de petits appareils électroniques. La fille est impatiente et préfère aider son père.
Elle sera vite surchargée.
Scénario
La mère est à la cave, elle vient de rentrer avec les commissions. Elle ouvre le coffre de
la voiture et appelle sa fille.
Maman. – Suzette vient m’aider à décharger, j’ai fait les courses de la semaine !
Suzette descend les escaliers en faisant la tête.
Suzette. – Encore transporter ces gros sacs !
Le temps que Suzette arrive, son père revient aussi avec le coffre plein. Il est garé juste
à côté de la voiture de sa femme et ouvre aussi son coffre.
Papa. – Ah Suzette ! Regarde ! J’ai cherché le Home cinéma, et les autres appareils… Ils
ont enfin fini par résoudre le problème.
Suzette. – Oh super ! Vas-y donne, je vais t’aider à les monter.
La mère prend deux petits sacs dans chaque main et commence à monter les courses.
Elle a un sourire en coin et dit à demi voix.
Maman. – Je me souviens, cela date du jour où tu as touché à la perceuse et que tout a
sauté.
Le père hausse les épaules. Suzette a un large sourire et les bras tendus, son père
commence à la charger comme une mule. Il prend le grand écran plat tout enrubanné
et passe le premier. Suzette marmonne en regardant dans la voiture de sa mère :
Suzette. – Non mais ! (Désabusée.) Dans quoi je me suis embarquée ?
F I N
Fable De la Fontaine
Les deux Mulets.
Deux mulets cheminaient, l'un d'avoine chargé,
L'autre portant l'argent de la gabelle
Celui-ci, glorieux d'une charge si belle,
N'eût voulu pour beaucoup en être soulagé.
Il marchait d'un pas relevé,
Et faisait sonner sa sonnette:
Quand, l'ennemi se présentant,
Comme il en voulait à l'argent,
Sur le mulet du fisc une troupe se jette,
Le saisit au frein et l'arrête.
Le mulet, en se défendant,
Se sent percé de coups; il gémit, il soupire.
Est-ce donc là, dit-il, ce qu'on m'avait promis?
Ce mulet qui me suit du danger se retire;
Et moi j'y tombe et je péris!
- Ami, lui dit son camarade,
Il n'est pas toujours bon d'avoir un haut emploi:
Si tu n'avais servi qu'un meunier, comme moi,
Tu ne serais pas si malade.
7. Blague à part.
Résumé
Le père a joué un mauvais tour à sa fille. Elle lui rend la pareille en lui avançant l’heure
de sa montre pendant qu’il se rase et prend sa douche. C’est dans sa voiture qu’il se
rend compte de la supercherie.
Scénario
Scène 1 : Extérieur – Jour.
Le père dépose sa fille devant son école de danse avec « un peu » d’avance. Il regarde
sa montre. Il est pressé car il doit retrouver des copains au pub.
Papa. – Voilà Suzette tu es arrivée. Je serai là à la fin de ton cours.
Suzette regarde sa montre avec étonnement.
Suzette. – Mais papa ? Mon cours n’est que dans une demi heure ?
Papa. – Ce n’est pas grave ma chérie, tu n’auras qu’à t’échauffer ou regarder les élèves
du cours d’avant… Allez, file…
Suzette tarde à partir. Son père surenchérit d’un ton rassurant :
Papa. – Moi je vais prendre un verre « Au bon café » avec les copains et je serai là
quand tu ressortiras !
Scène 2 : Intérieur d’une chambre parentale – Matin.
Suzette est entrée discrètement dans la chambre de ses parents. On entend la douche
couler. Suzette repose la montre de son père sur la table de chevet.
Scène 3 : Intérieur d’une cuisine – Matin.
Suzette est assise à table, elle prend son petit-déjeuner. Sa mère remplit de café le bol
de son mari, puis le sien et se met à table. Le mari arrive prêt à partir, il est très pressé.
Papa. – Excusez-moi les filles je suis très en retard… En plus j’ai une réunion et à tous
les coups il va y avoir du monde sur la route… (Il essaie de boire son café mais il est
trop chaud.) Mmmh… Il est très bon, mais je dois y aller (Il fait une bise à la volée pour
sa femme et il file).
Maman. – Mais chéri…
Puis elle s’arrête car elle voit Suzette lui faire un clin d’œil. Au courant de la
mésaventure de sa fille, elle comprend l’intrigue qui se trame. Le père est déjà parti.
Son épouse a juste le temps de lui dire :
Maman. – Soit prudent sur la route mon chéri… (Puis à sa fille.) C’est qu’il va avoir une
demi heure d’avance.
Suzette. – Ce n’est pas grave maman, il se chauffera la voix ou discutera avec ses
collègues autour d’un bon café.
Scène 4 : Extérieur d’un parking – Matin.
Le père est très en avance. Il attend dans sa voiture sur le parking vide de sa société. Il
a son dossier de présentation dans les mains. Il tourne une page et commence son
discours.
Papa. – « Je vous remercie tous d’être venus à cette présentation… à l’heure. »
Il fait une mine désabusée.
F I N
Fable De la Fontaine
Le Renard et la Cigogne.
Compère le Renard se mit un jour en frais,
Et retint à dîner commère la Cicogne.
Le régal fut petit et sans beaucoup d'apprêts:
Le galand, pour toute besogne,
Avait un brouet clair (il vivait chichement).
Ce brouet fut par lui servi sur une assiette:
La cigogne au long bec n'en put attraper miette,
Et le drôle eut lapé le tout en un moment.
Pour se venger de cette tromperie,
A quelque temps de là, la cigogne le prie.
"Volontiers, lui dit-il, car avec mes amis,
Je ne fais point cérémonie. "
A l'heure dite, il courut au logis
De la cigogne son hôtesse,
Loua très fort sa politesse ,
Trouva le dîner cuit à point.
Bon appétit surtout, renards n'en manquent point.
Il se réjouissait à l'odeur de la viande
Mise en menus morceaux, et qu'il croyait friande.
On servit, pour l'embarrasser,
En un vase à long col et d'étroite embouchure .
Le bec de la cigogne y pouvait bien passer,
Mais le museau du sire était d'autre mesure.
Il lui fallut à jeun retourner au logis,
Honteux comme un renard qu'une poule aurait pris,
Serrant la queue, et portant bas l'oreille.
Trompeurs, c'est pour vous que j'écris :
Attendez-vous à la pareille.
8. La mort et le pépé.
Résumé
Un vieux pépé est seul chez lui et fait les corvées de la maison en se plaignant
lourdement, au point de supplier la mort de venir le soulager. Mais la voilà qui
apparaît… Alors il lui demande de lui ramasser ce qu’il vient de faire tomber.
Scénario
Un vieil homme déambule dans sa petite maison modeste. Il est seul, faible, fatigué et
courbé. Il vient de finir un maigre repas fait d’une soupe et d’une pomme. Il jette les
pelures dans la poubelle sous l’évier et dit avec un accent de la campagne :
Pépé. – Les pommes deviennent bien trop dures, si ça continue il faudra bientôt les
cuire pour pouvoir les manger.
Il pose ensuite l’assiette à soupe, la cuillère et le couteau dans l’évier.
Pépé. – Cela suffit comme ça ! La vaisselle, ce sera pour demain. Si je ne dois pas me
réveiller autant ne pas se fatiguer.
Il couvre d’un torchon le pain resté sur sa planche et passe la main sur la table pour
pousser les miettes par terre.
Pépé. – Si toutes ces corvées pouvaient enfin se finir ce soir.
Il se traîne à grands renforts d’efforts bruyants jusqu’à sa chambre. Il est littéralement
mort de fatigue. Il s’assoit sur son lit, fait tomber ses chaussures, enlève péniblement
ses chaussettes, glisse sous les draps et …
Pépé. – Qu’est ce qu’il peut faire froid dans ce lit ! Est-ce une vie pour un vieil homme ?
Cela n’aura-t-il pas de cesse ?
… il enlève péniblement son pantalon et sa chemise. Il jette le tout au bout du lit. Puis il
finit en retirant son dentier qu’il pose sur sa table de chevet. Malheureusement il glisse
et tombe au sol.
Pépé. – Mais bon Dieu ! Auprès de qui faut-il se plaindre pour entendre raison ?
Une faible lumière s’allume éclairant un visage squelettique. La Mort, ainsi, apparaît.
La Mort. – Tu m’as appelée ?... Que faut-il faire ?
Le vieil homme, d’abord surpris et effrayé, retrouve ses esprits pour dire :
Pépé. – C’est afin de m’aider à ramasser mon dentier. Tu vois ce ne sera pas trop long,
après quoi si tu pouvais éteindre la lumière ?
Le vieil homme fait sa plus douce mine et remonte les draps jusqu’au museau.
Le dentier se retrouve sur la table et la lumière s’éteint sur un visage angélique.
F I N
Fable De la Fontaine
La Mort et le Bûcheron.
Un pauvre bûcheron, tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé, marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?
Point de pain quelquefois et jamais de repos.
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
Le créancier et la corvée
Lui font d'un malheureux la peinture achevée.
Il appelle la Mort ; elle vient sans tarder,
Lui demande ce qu'il faut faire.
«C'est, dit-il, afin de m'aider
A recharger ce bois ; tu ne tarderas guère .»
Le trépas vient tout guérir;
Mais ne bougeons d'où nous sommes :
Plutôt souffrir que mourir,
C'est la devise des hommes.

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