Nuits blanches

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Nuits blanches
lumières EXTÉRIEURES
Nuits blanches
Photo Jean-Marc Charles
La maison Fabri,
à Martel,
dans le Lot
(conception
Citélum)
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LUX n° 218 - Mai/Juin 2002
Valoriser l’offre touristique
Ce scénario, vous pouvez le retrouver
dans les 61 communes nichées de part et
d’autre de cette partie de la vallée de la
L’abbatiale Sainte-Marie,
à Souillac
Dordogne, dans le Lot. « Les gens repèrent maintenant leurs villages aux différentes sources d’éclairage de telle église, tel château, tel pont », explique
Frédéric Chamaillard, chef de projet à
l’ADVD (Association de développement de la vallée de la Dordogne) (1).
« Les mises en lumière ont été conçues
pour pouvoir être vues de très loin, et
identifier chaque village de la route ou
de la rivière. »
A l’origine de ce projet original, fédérateur et innovant, la volonté de mettre en
valeur le patrimoine extrêmement riche
de cette partie de la Dordogne, à la lisière
du Périgord et du Quercy, afin d’y valoriser l’offre touristique. « Ça marche, se
félicite le maire de Martel. Il s’agissait
d’inciter les touristes de passage à ne pas
aller trop vite, à dormir au moins une nuit
dans notre région. Les hôteliers jouent le
jeu, et ils incitent leurs hôtes à sortir
après le dîner, à découvrir le spectacle
(gratuit) offert à leurs yeux. L’un d’entre
eux, à Martel, envisage même de modifier
le dessin de sa terrasse, afin d’offrir un
plus large panorama du “paysage” lumineux de la cité à ses clients. »
La politique, ou plutôt les nouvelles
lois qui régissent la vie des communes
ont permis de monter assez rapidement
ce projet. Dans le cadre d’un contrat de
Terroir, auquel ont adhéré cinq communautés de communes, l’ADVD, l’asso-
La halle de Martel
les intervenants
n ces premiers beaux jours de
printemps mis à l’heure d’été,
la nuit bleuit imperceptiblement au-dessus des toits de la commune de Martel. Les habitants de la “ville
aux sept tours”, qui aurait emprunté
son nom, d’après la légende, au vainqueur des Arabes à Poitiers, goûtent à
cette douceur de vivre qui caractérise
si bien les villages situés le long de la
vallée de la Dordogne, cette si belle
rivière impétueuse qui traverse rapidement à cet endroit le nord du département du Lot.
Il faut dire que la cité médiévale a
gardé de nombreux vestiges, bien restaurés et soigneusement entretenus.
Subitement, comme par enchantement,
les tours, le clocher de l’église SaintMaur, solide édifice fortifié, la tour carrée de l’hôtel de Mirandol, la tour de
Tournemire, la tour délicate de la maison
Fabri, se parent de blanc et de jaune, de
teintes vives et chaudes qui les découpent dans l’obscurité. Sur la place des
Consuls, le cœur du village, l’imposante
charpente de la Halle du XVIIe siècle se
met à vibrer au rythme d’une lumière
blanche. L’hôtel Renaissance de la
Raymondie, ancienne forteresse du
vicomte de Turenne, qui abrite notamment l’actuel hôtel de ville, se drape
d’un halo blanchâtre qui part des encastrés fichés dans le sol.
« A l’origine, cette mise en lumière
était prévue pour la saison estivale,
puisqu’elle s’inscrivait dans le cadre du
développement touristique de la vallée
de la Dordogne », explique le maire de
Martel, Jean-Claude Requier, par
ailleurs vice-président du conseil général
du Lot et président de la Fédération
Départementale d’Electricité. En fait, les
habitants l’ont tout de suite adoptée, et
les monuments de la cité sont désormais
illuminés toute l’année, à la tombée de la
nuit. La seule différence, c’est que les
lumières s’éteignent un peu plus tard
l’été, vers 2 heures du matin. A Noël dernier, cette mise en lumière a même remplacé les traditionnelles illuminations.
Photo Jean-Marc Charles
en vallée de la Dordogne
E
Photo Jean-Marc Charles
Valoriser par l’éclairage son patrimoine pour inciter les touristes à rester la nuit, tel est le pari
partagé par plus de soixante communes de la vallée de la Dordogne, au nord du département
du Lot. Visite sur place de cette originale mise en lumière, qui a déjà reçu les faveurs des habitants
au point de réclamer la permanence de ces éclairages nocturnes tout au long de l’année.
> Maître d’ouvrage : ADVD
> Concepteurs du schéma
d’aménagement lumière : Citélum et le
bureau d’étude Dejante (assistés pour la
conception de certaines mises en lumière,
comme le viaduc de Bramefond à Souillac,
de concepteurs lumière comme Géraud
Périole et Eric Pescher)
> Installation : Entreprise Industrielle
> Matériel : Mazda, Extérieur Vert, Soka
Diderot, Thorn, Wever et Ducret, Comatelec,
Wibre, Meyer, Osram, Sill, Disano, WE-EF,
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lumières EXTÉRIEURES
Circuit
lumière
n° 1
ciation de développement de la vallée de
la Dordogne (1) a souhaité l’élaboration
d’un schéma directeur d’aménagement
lumière dans l’esprit d’une valorisation
du patrimoine des communes ainsi
regroupées.
Les communes associées
Le plan lumière prévoit la création de deux circuits lumière d’une heure et demie
environ, afin que le touriste puisse apprécier la richesse du patrimoine bâti ou
végétal de la région. En principe, peut-être dès cet été, les tracés de ces circuits
pourront être communiqués à travers les guides et les plaquettes touristiques locales
disponibles dans les offices de tourisme.
Le circuit lumière n° 1 (environ 56 km) part de l’abbatiale Sainte-Marie de Souillac
pour revenir au viaduc de Bramefond à la Chapelle-d’Auzac. Etapes au pont
métallique sur la Dordogne à Pinsac, château de la Treyne, château de Belcastel
à Lacave, église de la Creysse, cité médiévale de Martel, église romane de Rignac.
Le circuit lumière n° 2, est fondé sur le même principe. Il permet de découvrir
différents sites mis en lumière dans les communes de Saint-Ceré, Prudhommat,
Bretenoux, Puybrun, Vayrac, Carennac, Autoire, Saint-Jean-Lespinasse…
Circuit
lumière
n° 2
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L’Agence régionale Sud-Ouest de
Citélum (basée à Bordeaux) et le bureau
d’étude Dejante (basé à Brive) se sont
constitués en groupement et ont été retenus pour étudier un plan global d’aménagement lumière formalisé par un document de référence scénique et technique
d’ensemble. Au sein de ce projet, les
communes ont aussi pu créer une identité
nocturne forte. « Nous avons travaillé
étroitement avec les équipes municipales,
explique Jacques Niveau, directeur de
l’agence régionale Citélum, en leur
apportant le conseil nécessaire pour ne
pas partir sur des équipements trop lourds
ou, au contraire, trop fragiles. De leur
côté, les élus nous ont aidé à peaufiner les
éclairages par leurs connaissances des
bâtiments, les contraintes de la vie locale.
Ils se sont vraiment impliqués. »
Mais au regard des premiers essais, on a
vu des maires immédiatement séduits par
les résultats aller au-delà de ce qui était
prévu dans le cadre du schéma initial. "
Nous avons des élus qui ont acheté sur les
fonds propres de leurs communes des
sources supplémentaires de lumière, se
souvient Gérard Morisset, chargé d’affaires à Citélum Sud-Ouest. Bien souvent, le fait de découvrir le coût réduit de
la consommation d’énergie a incité les
communes à aller plus loin. Nous avons
aussi fait en sorte de travailler avec l’ensemble des fabricants, afin d’offrir la plus
large palette possible de matériel. " Une
exigence qui a contraint notamment le
bureau d’étude Dejante à consulter de très
près tous les catalogues pour retrouver
tous les projecteurs souhaités, se souvient
encore son directeur François Bray !
Au total, 94 sites seront mis en lumière.
Aujourd’hui, au terme de la première
tranche, 53 sont d’ores et déjà sous les
feux de ce spectacle nocturne pas comme
les autres, qui coûtera au final près de 2
M€. Le regroupement en communautés
de communes a permis d’obtenir de plus
larges financements, notamment de la
Communauté européenne (20 % environ
du montant, dans le cadre du programme
Leader 2, et 24 % dans le cadre du développement rural), ainsi que de la région et
du département du Lot.
PH.G.
(1) L’ADVD regroupe les communautés de
communes des pays de Saint-Ceré, de Ceré et
Dordogne, du Pays de Martel, du Haut QuercyDordogne, et du pays de Souillac.

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