Les Hirondelles de Kaboul Dans les ruines brûlantes de la cité

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Les Hirondelles de Kaboul Dans les ruines brûlantes de la cité
 Les Hirondelles de Kaboul Dans les ruines brûlantes de la cité millénaire de Kaboul, la mort rôde, un turban noir autour du crâne. Ici, une lapidation de femme, là des exécutions publiques, les Taliban veillent. La joie et le rire sont suspects. Atiq, le courageux moudjahid reconverti en geôlier, traîne sa peine. Le goût de vivre a également abandonné Mohsen, qui rêvait de modernité. Son épouse Zunaira, avocate, plus belle que le ciel, est désormais condamnée à l'obscurité grillagée du tchadri. Alors Kaboul, que la folie guette, n'a plus d'autres histoires à offrir que des tragédies. Le printemps des hirondelles semble bien loin encore... 1. Khadra dépeint la ville de Kaboul dans les moindres détails. Comment la langue utilisée par l’auteur donne‐t‐elle à la ville une présence aussi vitale et mémorable que les gens qui y vivent? En quoi l’environnement physique reflète‐t‐il la vie intérieure des personnages? 2. Comment les moments fugaces ou les petits incidents rendent‐ils vivante l’ambiance qui règne à Kaboul? Comment la description du marché (p. 9) et des services à la mosquée (pp. 33 à 35 et pp. 72 à 78), par exemple, renforce‐t‐elle la peur et le sentiment de claustrophobie qui submerge la ville et sa population? 3. Pourquoi l’expérience de Mohsen se révèle‐t‐elle être « une insondable jubilation » (p. 16) lorsque sa pierre frappe la femme condamnée? Est‐il simplement emporté par la ferveur de la foule ou l’incident reflète‐t‐il chez lui un besoin plus profond? Prendre des gens comme boucs émissaires est‐il une impulsion naturelle, bien que très regrettable, chez l’être humain? Quel but cela pourrait‐il servir dans la société? 4. Qu’est‐ce que Mohsen espère obtenir en révélant sa participation à la lapidation de Zunaira? Pourquoi Mohsen comprend‐il « qu’il n’aurait pas dû confier à sa femme ce que lui‐même refuse d’admettre » (p. 32)? D’après ce que vous savez de Mohsen et de la dynamique de son mariage, aurait‐il été possible pour lui de garder ses gestes secrets? Pourquoi Zunaira demeure‐t‐elle silencieuse devant l’effroyable confession de Mohsen? 5. Zunaira refuse résolument de quitter sa maison ou de porter le tchadri « qui [la] chosifie en effaçant [son] visage et en confisquant [son] identité » (p. 62). Pourquoi cède‐t‐elle devant l’insistance de Mohsen qui lui demande de venir se promener? Les arguments de son mari la persuadent‐ils, ou sa décision vient‐elle de son désir de réparer la cassure qui existe entre eux? Comment Khadra réussit‐il à créer un sentiment de malaise et de catastrophe imminente dans la description de leur sortie? Quels aspects du comportement de Mohsen font que Zunaira se retourne contre lui? Pourquoi le fait de l’attendre (pp. 76 et 77) l’affecte‐t‐elle si profondément? Qu’a‐
t‐elle appris sur elle‐même et sur sa capacité de survie face à l’intolérance dont son monde est imprégné? Que signifie sa décision de « ne plus se dépêtrer de son tchadri » (p. 96)? Est‐
ce un signe de défaite ou une attitude de défi? 6. L’acceptation implicite d’Atiq à l’égard de son emploi et de sa complicité dans la mort de personnes innocentes est‐elle un échec moral impardonnable? Les circonstances – y compris la maladie de sa femme ainsi que son appréhension croissante au sujet de son poste de geôlier (p. 17) – atténuent‐elles sa culpabilité? Les conditions de vie à Kaboul requièrent‐elles la suspension des règles d’éthique habituelles? Les lecteurs doivent‐ils aussi modifier, voire suspendre, leur jugement habituel lorsqu’ils évaluent les personnages et les événements de ce roman? 7. Au départ, nous voyons Mussarat à travers les yeux d’Atiq (pp. 19‐20). Les interactions face à face entre mari et femme (pp. 42‐47) changent‐elles vos impressions au sujet de Mussarat et au sujet de la nature de leur mariage? À quel moment dans le roman le personnage de Mussarat a‐t‐il son identité propre? 8. Quelles qualités Mussarat et Zunaira partagent‐elles? Quelles sont les différences entre elles? Dans quelle mesure ces différences sont‐elles attribuables à leur âge, position sociale, éducation et croyances religieuses à chacune? 9. Les difficultés que rencontrent les deux couples sont‐elles universelles? En quoi la situation à Kaboul accroît‐elle les blessures et la douleur inhérentes à leurs relations? Les liens entre les époux ont‐ils été renforcés d’une quelconque manière par le tragique de leur situation? 10. En marge de l’intrigue principale, Khadra présente les histoires de Mirza, de Nazish et de Qassim. En quoi ces personnages secondaires dépeints de manière vibrante vous permettent‐ils de mieux comprendre la culture, l’histoire et les valeurs afghanes? Par exemple, que suggère le conseil donné par Mirza à Atiq de divorcer d’avec sa femme (p. 24) à propos de la volonté de certains Afghans d’accepter le fondamentalisme? Quels indices le personnage de Qassim donne‐t‐il à propos des effets traumatisants de la guerre et de la tyrannie? Comment Khadra s’y prend‐il pour faire ressortir le côté humain de Qassim? Devenu un mollah respecté pour son érudition, « [Nazish a été vu] un matin, les yeux révulsés et la bouche salivante, marcher en gesticulant le long des avenues. » (p. 53). Nazish, à la fois homme saint et homme fou, voit‐il la transformation de son pays d’une façon qui dépasse les autres personnages? 11. Comparez le sermon du mollah Bashir (pp. 72‐75), le discours de Qassim au sujet du destin (p. 91) et les réflexions de Mussarat à propos de sa foi (p. 92). Que montrent ces passages à propos des diverses interprétations possibles des mêmes enseignements religieux? 12. Dans le contexte de ce roman, le clergé musulman a‐t‐il abandonné sa mission religieuse et ses responsabilités morales? En vous appuyant sur ce que vous avez lu sur la montée du fondamentalisme en Afghanistan et dans d’autres pays, pensez‐vous que ce portrait est exact? Quel éclairage ce roman jette‐t‐il sur les différences entre la dévotion pieuse et le fanatisme? 13. La perte de l’intimité est probablement l’effet le plus dévastateur du régime taliban. Comment ce thème, s’ajoutant aux difficultés matrimoniales des personnages principaux, s’intègre‐t‐il au roman? 14. On trouve tout au long du roman des références aux hirondelles, parfois dans des descriptions littérales et parfois comme métaphores pour parler des femmes drapées dans leurs tchadris. Pourquoi y a‐t‐il cette juxtaposition du sens littéral et du sens métaphorique dans les thèmes du roman? Que symbolisent les hirondelles? Suggèrent‐elles différentes choses à des moments différents? 15. De la lapidation de la femme adultère au début du roman à la mort par lapidation à la fin, Les hirondelles de Kaboul présente de nombreuses images de violence physique. Quels autres types de violence Khadra explore‐t‐il? Le traitement dégradant de la femme, l’oppression de la liberté d’expression et de mouvement et l’imposition d’une orthodoxie religieuse extrême peuvent‐ils aussi être définis comme de la violence? 16. À la suite des attentats du 11 septembre 2001, les États‐
Unis ont envahi l’Afghanistan et ont mis fin au régime taliban. Malgré l'instabilité constante, l’Afghanistan a tenu des élections libres à l’automne 2004. Quels aspects de la culture afghane pourraient ébranler cette démarche vers la démocratie? Une présence militaire de l’Occident ainsi que des pressions politiques et économiques occidentales pourraient‐elles offrir des solutions durables aux enjeux soulevés par Khadra dans son roman? 17. Dans la préface, Khadra écrit à propos de l’histoire qu’elle se dévoilera « comme éclôt le nénuphar sur les eaux croupissantes du marais » (p. 8). Quel personnage – ou élément de l’intrigue – représente le nénuphar? Malgré sa noirceur, Les hirondelles de Kaboul, est‐il au fond un roman qui parle d’espoir et de la possibilité de salut? 18. L’auteur, Mohammed Moulessehoul, est un ancien officier de l’Armée algérienne et a d’abord écrit sous le nom de sa femme, Yasmina Khadra, pour éviter la censure militaire. Pourquoi continue‐t‐il à utiliser son pseudonyme féminin même s’il a pris sa retraite de l’armée et vit actuellement en France? Que cela suggère‐t‐il à propos de ses points de vue et de son rôle d’écrivain?