Le discours du Ministre Carlo Di Antonio

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Le discours du Ministre Carlo Di Antonio
DISCOURS DU MINISTRE CARLO DI ANTONIO A L’ OCCASION DES 10
ANS DU PLAN BOIS-ÉNERGIE & DÉVELOPPEMENT RURAL POUR LA
WALLONIE
Mesdames et Messieurs,
En tant que Ministre de la Ruralité, je suis très heureux de participer à cette journée
d’anniversaire du Plan Bois Energie.
Je tiens à adresser toutes mes félicitations à celles et ceux qui, depuis 10 ans, ont œuvré à
la formidable réussite de ce Plan !
Particulièrement :
-
aux facilitateurs qui ont soutenu le développement de projets liés aux énergies
renouvelables ;
et à Francis FLAHAUX, agent de la Fondation rurale de Wallonie et facilitateur pour
les projets bois-énergie du secteur public.
Mais également, aux communes, qui ont compris à l’époque que tout devait encore être
fait en matière de développement durable au niveau local.
Il y a un peu plus de dix ans, le pari était loin d’être gagné…
Par le biais du Développement Rural, les communes ont trouvé le cadre idéal
d’intervention.
Le milieu rural représente en effet l’essentiel du territoire de la Wallonie. La forêt et les
terres agricoles recouvrent ¾ du territoire wallon. Mais l’espace rural est aussi un cadre de
vie puisque 40 % de la population y réside.
Cette politique Plan Bois Energie devait être inventive, flexible pour répondre aux défis
que vivent quotidiennement les ruraux. Et elle l’a été !
Les premiers projets pilotes qui sont apparus sur les communes de Hotton, Libin,
Tenneville et Viroinval ont rendu notre ruralité plus durable. Notamment par les
économies d’échelle que représente la création d’un réseau de chaleur et par l’économie
générée par l’utilisation des sous-produits forestiers.
Par ailleurs, les communes ayant un Programme Communal de Développement Rural – un
PCDR – en cours de validité ont bénéficié d’aides jusqu’à 80 %. Chaque projet a
évidemment fait l’objet d’une étude de faisabilité ou de pertinence et d’une analyse par
le Facilitateur.
Les quatre projets cités ci-dessus représentent un investissement de la Wallonie qui
approche les 3 millions d’euros et une épargne de 355.000 litres de mazout !
Un effet boule de neige s’est ensuite produit ! Dans de nombreux projets initiés en
Développement rural, une réflexion « Plan Bois Energie » est venue s’adosser à la réflexion
classique menée pour la conclusion d’une convention. Et de nombreux autres se réaliseront
encore dans les prochains mois… 160 communes ont à ce jour pris des contacts avec le
facilitateur secteur public ; c’est dire si l’engouement est grand !
Je prends à présent ma casquette de Ministre de la Forêt…
C’est aussi ici un réel plaisir de faire le point avec vous sur les potentialités de produire de
la biomasse ligneuse à partir de nos surfaces boisées.
Monsieur l’inspecteur général du Département Nature et Foret (DNF) vient de vous
l’exposer : nous avons en Wallonie un patrimoine forestier exceptionnel.
Plusieurs générations de forestiers et de propriétaires se sont succédées pour gérer et
améliorer notre forêt wallonne.
Sur les 150 dernières années, la surface forestière a considérablement augmenté : nous
sommes passés de 315.000 hectares à plus de 550.000 hectares aujourd’hui. Mais surtout la
qualité de nos forêts et la production en bois se sont largement améliorées.
Nous devons donc faire le constat que la production ligneuse et donc de biomasse a sans
doute atteint des plafonds. Il sera difficile d’encore augmenter les surfaces ou leur
productivité contrairement sans doute à d’autres pays qui ont encore des gisements de
matières ligneuses inexploitées.
Avec le nouveau Code forestier mis en œuvre par mon prédécesseur, nous avons un outil
important nous garantissant une gestion raisonnée de nos forêts.
Parce que la consommation de bois ne peut pas mettre en péril l’existence de notre
patrimoine forestier. C’est une évidence qu’il faut sans cesse rappeler !
Quand on sait que plus de 90 % de la surface forestière est actuellement destinée à la
production ligneuse, on se rend compte de l’importance économique en termes de
fourniture de matière première et d’emplois.
Annuellement, nous produisons environ 3,8 millions de m³ de bois et les ventes de bois sur
pied génèrent des recettes pour plus de 100 millions €.
En tant que Ministre de la Forêt, je me dois de tout mettre en œuvre pour pouvoir
valoriser cette matière première dans les utilisations les plus nobles au travers des 3.800
entreprises de transformation du bois.
Au plus on aura besoin de bois de structure, de bois pour construire des maisons, du bois
pour les menuiseries extérieures et intérieures, au plus la demande sera forte en bois de
qualité et au plus les propriétaires forestiers verront la rentabilité de leur patrimoine
améliorée.
Et dans une forêt qui rapporte des dividendes, les propriétaires ont l’opportunité et la
motivation d’investir dans la protection de la biodiversité et dans le développement
d’infrastructures récréatives ou touristiques.
Et le bois énergie dans tout cela me direz-vous ?
De tout temps, l’homme s’est chauffé avec du bois. C’est une évidence. Et les mandataires
des communes forestières présents aujourd’hui ne me démentiront pas: les ventes de bois
de chauffage dans les villages ruraux ont toujours beaucoup de succès.
Mais en tant que Ministre de la Forêt, je dois être vigilant : l’utilisation du « Bois énergie »
au départ de nos forêts ne peut se faire aux détriments des écosystèmes forestiers ni des
filières de transformation du bois.
Il est évident que l’utilisation du « bois matière » doit rester une priorité dans l’optique
du stockage de CO2 à long terme.
Pour bien comprendre mon propos, lorsque vous construisez une maison en bois ou un
meuble vous piégez du CO2 pour une très longue période.
De plus, la mise en œuvre du matériau bois nécessite nettement moins d’énergie que les
autres matériaux (béton, aluminium, PVC). Façonner un châssis en bois coutera toujours
moins en énergie qu’un châssis en PVC ou en aluminium.
A ce propos, j’ai reçu un avis du Conseil Supérieur Wallon des Forêts et de la Filière bois,
qui préconise que l’utilisation du bois dans la production d’électricité au départ de
biomasse ligneuse soit réservée à :
des produits en fin de vie ;
du bois sans valeur industrielle ;
du bois produit par des cultures dédiées (taillis à courte rotation, par exemple).
Nous devons donc avoir une politique de valorisation et de recyclage de notre bois
avant une valorisation énergétique.
Mais je ne voudrais pas passer pour un rabat-joie en cette journée d’anniversaire.
Avec cette mise en garde, je vise spécifiquement les grosses unités de production
d’électricité à partir de biomasse ligneuse. Par leur grande consommation en bois, ces
unités de production pourraient avoir un impact significatif sur l’alimentation en matière
première des filières traditionnelles de transformation (papier et panneaux).
Par contre, les petites ou moyennes unités, telles que présentées aujourd’hui ont toute
leur raison d’être, pour autant que leur alimentation soit bien pensée en amont et de
façon tout à fait intégrée.
Il est également important de respecter certains critères environnementaux comme un
approvisionnement à l’échelle très locale pour éviter les déplacements.
Ces unités, lorsqu’elles sont bien intégrées, valorisent du bois de façon tout à fait durable
et sans réel impact sur l’approvisionnement de la filière bois en général.
Très vite, nous avons été sensibilisés par les professionnels des filières bois. Mon
prédécesseur, dès sa prise de fonction avait d’ailleurs commandé une étude pour estimer
les gisements potentiels de bois énergie.
Dans sa politique, la Fondation Rurale de Wallonie a toujours été attentive à ce dossier. Et
les projets présentés ont très souvent tenus compte de cette donnée essentielle.
Je ne doute pas que le nouvel Office Economique Wallon du Bois récemment mis en place
en Wallonie sera également un outil complémentaire aux « facilitateurs bois énergie » pour
développer de nouveaux projets « Plan Bois Energie » qui répondent parfaitement au
développement durable de notre patrimoine naturel.
Pour terminer, permettez-moi de remercier particulièrement tous les organisateurs de
cette journée. Et encore une fois, de souhaiter un très bon anniversaire au Plan Bois
Energie et Développement Rural pour la Wallonie.
Merci de votre attention.