DOUILLY-MATIGNY – La guerre pour du vent
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DOUILLY-MATIGNY – La guerre pour du vent
13/06/2016 10:26 82HTEPICAR Lundi 13 juin Page:12/13 PAGES LOCALES 13/06/2016 DOUILLY-MATIGNY La guerre pour du vent Rarement un projet éolien aura autant exacerbé les passions. L’enquête publique qui commence aujourd’hui va permettre à chacun de s’exprimer sur la Voie Corette. CHRISTÈLE DUFOURG Certains sont pour, d’autres contre : tous vont pouvoir donner leur avis dans le registre d’enquête publique dès lundi matin 13 juin. Plus qu’un mois, et la guerre qui sépare les habitants de Douilly et Matigny en deux clans pourra prendre fin. Car guerre il y a, entre ceux qui sont pour l’installation des treize éoliennes du parc de la Voie Corette, et ceux qui sont contre. Selon le projet du promoteur Nordex, neuf éoliennes de 3 mégawatts chacune pourraient être implantées à Douilly et trois à Matigny. Elles mesureraient 150 m de hauteur à la pointe de la pale, et seraient raccordées au poste de Pertain. Depuis des semaines, de réunions en stands aux fêtes de village, chaque camp expose ses arguments et tente de rallier des suffrages. L’enquête publique, qui commence lundi 13 juin et se terminera le 13 juillet, va permettre à chacun de s’exprimer. Restera ensuite au préfet à trancher, probablement après l’été. 1 LES POUR https://journal.lavoix.com/liseuse/zen2.php?mode=print&title=8…9Y6N%26sign_prtcttr%3Dreplica%257C1465809973%257C97466999154b Page 1 sur 3 13/06/2016 10:26 Ils sont conduits par les maires des deux communes, Aline Josseaux pour Douilly et Jean-Pierre Boucq pour Matigny. Lesquels ont même invité Nordex à tenir un stand lors de leur fête de village respective fin mai et début juin. L’argument principal, c’est bien sûr l’argent. Jean-Pierre Boucq ne s’en cache pas : « L’État baisse ses dotations, il faut bien trouver des ressources quelque par. ». Dans sa lettre d’information d’avril, Nordex estime que Douilly percevrait entre 96 000 et 125 000 euros par an, et Matigny entre 43 000 et 55 600 euros par an. Par ailleurs, elles se verraient également verser une indemnité pour l’utilisation et l’entretien des chemins communaux nécessaires à la maintenance du parc. Ce seraient 14 000 euros annuels pour Douilly, et 4 000 pour Matigny. L’addition donne le vertige. Le promoteur parle aussi de « mesures d’accompagnements envisagées, encore à l’étude ». À Douilly, il pourrait financer l’aménagement de la place, un terrain de pétanque, des jeux pour les enfants et des panneaux d’information sur l’éolien. Entreraient en plus dans ces mesures des plantations aux entrées de village, ainsi que l’enfouissement des réseaux et de nouveaux lampadaires dans la rue du Château d’eau. À Matigny, il est envisagé d’enfouir les réseaux « depuis les rues où le parc pourra être visible, notamment la rue de Douilly », de nouveaux lampadaires, ainsi que la valorisation des entrées de villages sur la D 937, vers Falvy, vers Voyennes et rue du Moulin-Valingot. Nordex précise que d’autres projets sont à l’étude selon leur coût et leur faisabilité. 2 LES CONTRE Ils sont conduits par les maires de toutes les proches communes alentours. Françoise Ragueneau (Quivières), Hervé Frizon (Croix-Moligneaux) et Jean-Pierre Delville (Ugny-l’Équipée) font même partie du bureau de l’Association pour la sauvegarde des espaces naturels (ASEN) de nos villages. Elle est présidée par Christophe Grizart, un agriculteur de Quivières. Mercredi 8 juin, l’association a tenu son ultime réunion. Christophe Grizart a commencé en assurant : « Je ne suis pas là pour faire le procès de l’éolien. Techniquement, c’est une très bonne idée de faire de l’électricité avec du vent. Mais pas comme ça. Au pied des éoliennes, il y a des gens qui habitent ». Et c’est le principal reproche qui est fait au projet de la Voie Corette : il ne tient pas assez compte du bien-être des riverains. « L’éolien oui, mais pas comme ça », a-t-il été dit plusieurs fois dans la soirée. Le bruit des éoliennes a été le premier point. Rémi Damiens, sculpteur à Hombleux, a témoigné du ronron des machines mais aussi de l’effet stroboscopique des pales dans le soleil. Certes, si le vent est trop fort, les éoliennes seront bridées ou arrêtées, mais « pourquoi installer des éoliennes si c’est pour qu’elles ne fonctionnent pas la moitié du temps ? ». https://journal.lavoix.com/liseuse/zen2.php?mode=print&title=8…9Y6N%26sign_prtcttr%3Dreplica%257C1465809973%257C97466999154b Page 2 sur 3 13/06/2016 10:26 Second point, la chute de la valeur de l’immobilier. Christophe Grizart avance le chiffre de 20 % de moins, que Nordex conteste. Troisième point : la distance. Trois éoliennes seront à moins de 700 m des habitations, quand l’académie nationale de Médecine préconise 1 500 m. L’impact visuel et sonore sera important. Il y a aussi la distance de la route entre Douilly et Matigny : certaines éoliennes seront à 61 m de la chaussée. L’association y voit un danger. Quatrième point : la télévision. Douilly, Ugny-l’Équipée et Quivières pourraient avoir une réception troublée. Christophe Grizart convient que des solutions seront financées par l’exploitant si besoin. Cinquième point : le démantèlement. « La terre est nourricière, qui va enlever les tonnes de béton ? », a questionné un agriculteur dans le public. Nordex assure que tout est prévu, et financé, mais les opposants ont des doutes : « Nordex est un promoteur, il va revendre le parc aussitôt construit, est-ce que l’acheteur va tenir ses engagements ? ». Dernier point : la prolifération des éoliennes. Les différents projets en cours, déposés ou non, actés ou non, monteraient à 185 le nombre d’éoliennes dans un rayon de 17 km autour de Douilly et Matigny. Pour les opposants, « il faut savoir dire stop ». 3 L’ENQUÊTE PUBLIQUE Que l’on soit pour ou contre, la façon d’apporter sa pierre à l’enquête publique est la même. Le commissaire-enquêteur va tenir cinq permanences dans les mairies de Douilly et Matigny. Il suffit de venir le rencontrer, et d’écrire ses remarques dans le registre. Il est aussi possible de rédiger un courrier, qu’un ami ou un membre de la famille amènera sous pli fermé lors d’une des permanences. L’ASEN propose de porter les courriers si besoin. Enfin, il est possible de poster une lettre à l’attention du commissaire-enquêteur, en mettant l’adresse d’une des deux mairies. Lui l’ajoutera au registre. Comme a conclu Christophe Grizart, « après, il faudra se taire, parce que ce sera trop tard. C’est à vous de décider ». Dans un camp comme dans l’autre. La copie, la reproduction et la diffusion sont soumis aux droits d’auteurs et nécessitent une déclaration préalable, conformément aux dispositions du code de la propriété intellectuelle. (Art L.335-2 et L.335.3) https://journal.lavoix.com/liseuse/zen2.php?mode=print&title=8…9Y6N%26sign_prtcttr%3Dreplica%257C1465809973%257C97466999154b Page 3 sur 3