Etude analytique pour une gestion optimale des déchets de
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Etude analytique pour une gestion optimale des déchets de
République Algérienne Démocratique et Populaire Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique Ecole Polytechnique d’Architecture et d’Urbanisme EPAU Laboratoire Architecture et Environnement (LAE) Mémoire présenté pour l’obtention du diplôme de magistère en architecture Option : Qualité Environnementale, Architecture et Paysage (QEAP) Thème : Etude analytique pour une gestion optimale des déchets de démolition : récupération, recyclage et valorisation Cas d’étude : déchets générés lors du séisme de Boumerdès (de l’an 2003) Présenté par : BENAMMAR - ALI CHAOUCHE Meryem Devant le jury composé de : Présidente : Mme. Aicha BOUSSOUALIM, Professeur, EPAU, Alger Examinateurs : M. Mohamed Naboussi FARSI, Directeur de Recherches, CGS, Alger M. Boualem DJEBRI, Maître de conférences, EPAU, Alger Rapporteur : M. Youcef KEHILA, Professeur, EPAU, Alger Octobre 2014 Dédicaces Je dédie ce modeste travail à mes parents Remerciements Je tiens à remercier Mme Aicha BOUSSOUALIM, M. Mohamed Naboussi FARSI et M. Boualem DJEBRI pour avoir accepté d’évaluer ce travail. Je remercie mon directeur de mémoire le Pr KEHILA Youcef pour avoir accepté de diriger ce travail, pour son aide et ses précieux conseils ainsi que pour ses encouragements tout au long de la préparation du mémoire. Je suis particulièrement reconnaissante envers M. Ali GHANEM (direction des travaux publics de Boumerdès), Mme. ARKAB (DLEP de Boumerdès), M. DEBIEB Farid (université de Médéa), M. Mohamed Naboussi FARSI (centre national de recherche appliquée en génie parasismique CGS), M. Messaoud SOUICI (centre national d'étude et de recherches intégrées du bâtiment CNERIB), Mme. HARIR (DUC de Boumerdès), ainsi que tous les employés de ces différentes institutions pour l’intérêt qu’ils ont porté à mon travail, et surtout pour la sympathie et la gentillesse qu’ils m’ont témoigné. Je remercie tout naturellement les personnes que j’ai rencontrées à l’EPAU ; les enseignants chez qui j’ai eu le privilège de bénéficier de leurs cours pendant la première année, le personnel de l’école, ainsi que l’équipe du secrétariat de la post-graduation. Je tiens également à remercier ma famille, ma belle famille, et mes amis qui m’ont soutenue et encouragée, et un grand merci à mes neveux Omar, Yassine et Ibrahim. Je remercie tous ceux qui ont contribué, par leur aide et leur soutien, à l’accomplissement de ce mémoire. ملخص: في إطار المحافظة علي البيئة يعتبر التقليص من النفايات أحد األهداف التي يجب التوصل إليها لتجنب النتائج الضارة الناجمة عنها ˴ يعد قطاع العقار من بين أهم المصادر المهمالت فهو يجمع البقايا الواردة من عم لية البناء˴ إعادة التأهيل˴ وأيضا من تدمير البنايات التي تشكل أكبر المصادر من حيث الكمية. لهذا يجب اتخاذ خطوة مثيلة في هذا المجال للتقليص من هذا المشكل و ذلك بإتباع مخطط شامل بدءا من الحد من كمية البقا يا الناتجة ˴ وكذلك تسييرها ومعالجتها وذلك مع األخذ بعين االعتبار كل ممثلي القطاعات المرتبطة بالعقار. يعتبر تقييم بقايا البناء حال مثاليا للتقليص من كميتها لكنه يتطلب معرفة معمقة لكل مميزات المواد التي تكونها وكذلك المردودية االقتصادية و اإلمكانية (جدوى) التقنية لقطاع التقييم . بوجهة مبسطة˴ يستجيب فرز المواد الناتجة من تدمير البنايات حتى تتمكن عملية تقييم ه ا (في مختلف مجاالت التقييم :مثال الرسكلة ,التقييم مع االسترجاع الطاقة و الحرارة )...لذلك من المستحسن القيام بفرز مدقق للحصول علي مواد قابلة للتقييم. لكن الصعوبة تكمن إمكانية (جدوى) الفرز ˴ خاصة و أن مميزات المواد البناء المستعملة ال تسمح دائما بالقيام بهذه العملية ˴ و بتالي يجب األخذ بعين االعتبار كامل دورة حياة مواد البناء المستعملة وكذا طريقة وكيفية البناء. المصطلحات األساسية : بقايا البناء˴ تدمير البنايات˴ هزة أرضية˴ تسيير النفايات˴ تقييم البقايا˴ رسكلة˴ فرز. Résumé : Dans une optique de protection de l’environnement, la réduction des déchets est l’un des objectifs à atteindre compte tenu des conséquences nuisibles qui leurs sont liées. Parmi les nombreuses sources de déchets, le secteur du bâtiment représente un des plus importants générateurs de déchets, il regroupe les déchets issus de la construction, de la réhabilitation, et de la démolition des bâtiments qui constitue la majeure partie des déchets produits. Pour cela, une démarche globale doit être requise depuis la prévention des déchets en passant par la gestion et le traitement de ces derniers, alliant tous les acteurs du secteur du bâtiment. La valorisation des déchets du bâtiment représente en effet, une alternative notoire pour la réduction de leur quantité. Cependant, elle nécessite une connaissance approfondie quant aux caractéristiques des substances constituant les déchets du bâtiment, mais aussi la rentabilité économique et la faisabilité technique de la filière de valorisation. D’une manière simpliste, les matériaux issus de la démolition doivent être séparés afin de maximiser les possibilités de leur valorisation (toutes filières confondues : recyclage, valorisation énergétique, …), il est donc préconisé d’effectuer une collecte appropriée de ces déchets et un tri précis, afin d’obtenir un gisement potentiellement valorisable. Mais la difficulté réside dans la faisabilité du tri, en effet, les propriétés des matériaux de construction employés ne favorisent pas toujours leur tri, d’où l’importance de la prise en considération de l’ensemble du cycle de vie du matériau, ainsi que le choix du procédé de construction. Mots-clés : Déchets du bâtiment, démolition, séisme, gestion des déchets, valorisation, recyclage, tri. Abstract: In a view of environmental protection, the reduction of waste is one of the objectives to achieve considering the harmful consequences which are bound up with. Among the numerous sources of wastes, the sector of the building appears one of the most important generators of waste, it includes waste stemming from construction, rehabilitation, and from demolition of the buildings which constitutes the major part of the produced waste. For this purpose, a global approach must be required since the prevention of waste including its management and its treatment, allying all the actors of the sector of building. The valuation of the building waste in fact, represents a notorious alternative for the reduction of their quantity. However, it requires a deep knowledge, as for the characteristics of substances constituting the building waste, and also the economic profitability and the technical feasibility of the sector of valuation. In a simple way, materials stemming from the demolition must be separated to maximize the possibilities of their valuation (any confused sectors: recycling, energy valuation…), it is thus recommended to make an appropriate collection of this waste and a precise sorting, to obtain a potentially valuable deposit field. But the difficulty lies on the feasibility of the sorting, indeed, the properties of the used building materials do not always favor their sorting, where the importance of the taking into consideration of the whole life cycle of the material, as well as the choice of the process of construction. Key-words: Building waste, demolition, earthquake, waste management, valuation, recycling, sorting. Sommaire Résumés Sommaire Liste des figures Liste des tableaux Introduction générale.............................................................................................. 1 Chapitre 1 : recherche théorique ............................................................................ 6 Introduction : ...................................................................................................... 7 I Les déchets dans le secteur du bâtiment : ................................................... 7 I.1 Déchets inertes (DI) : ............................................................................ 7 I.2 Déchets non dangereux et non inertes (déchets industriels banals – DIB) : 8 I.3 II Déchets dangereux (DD) : .................................................................... 9 Traitement des déchets : ........................................................................... 11 II.1 Type de traitement : ............................................................................ 11 II.2 Gestion des déchets : ......................................................................... 13 II.3 Objectifs d’une bonne gestion des déchets du bâtiment : ................... 14 II.4 Les étapes principales de la gestion des déchets du chantier :........... 14 III Les différentes filières de recyclage et de valorisation des matériaux de construction : .................................................................................................... 21 III.1 La récupération ou le réemploi : ......................................................... 21 III.2 L’incinération avec valorisation énergétique : ..................................... 22 III.3 Le recyclage ....................................................................................... 25 Conclusion ....................................................................................................... 37 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude ................................................................................................................. 39 Introduction : .................................................................................................... 40 I II Le cas d’étude (séisme 21 mai 2003 de Boumerdès) ................................ 40 I.1 Le séisme (généralités) : .................................................................... 40 I.2 Le séisme de Boumerdès 2003 : ........................................................ 40 I.3 Evaluation de l’état du bâti après le séisme ; l’opération de l’expertise : 43 Les déchets générés lors du séisme : ........................................................ 55 II.1 Le cas d’étude : wilaya de Boumerdès : ............................................. 55 II.2 Présentation de la wilaya de Boumerdès : .......................................... 56 II.3 Répartition des dommages : ............................................................... 57 III La gestion des déchets générés lors du séisme du 21 mai 2003 : ............. 60 III.1 Le déroulement de l’opération de la gestion des déchets : ................. 60 III.2 L’opération de la démolition : .............................................................. 61 III.3 L’opération de l’évacuation : ............................................................... 80 III.4 La mise en décharge : ........................................................................ 82 IV Quantités des déchets générés : ............................................................ 87 IV.1 Méthode de calcul du volume des déchets : ....................................... 87 IV.2 Le calcul des volumes des différents matériaux qui composent la bâtisse ; méthode des ratios : ....................................................................... 88 IV.3 Difficultés rencontrées lors de l’opération de démolition : ................... 91 IV.4 Quantité totale des déchets évacués : ................................................ 91 Conclusion : ..................................................................................................... 93 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation ........................................................................................................... 94 Introduction : .................................................................................................... 95 I II III Caractérisation des déchets générés lors du séisme ; types de déchets : . 95 I.1 Déchets inertes (DI) : .......................................................................... 95 I.2 Déchets non-dangereux ou non inertes (DIB) : ................................... 97 I.3 Déchets dangereux (DD) : .................................................................. 98 Le traitement des déchets du séisme de 2003 : ......................................... 98 II.1 Type de traitement employé pour les déchets du séisme : ................. 99 II.2 Proposition alternative : ...................................................................... 99 Gestion des déchets : .............................................................................. 102 III.1 En amont du projet : ......................................................................... 102 III.2 En post-démolition : .......................................................................... 105 IV V Le potentiel de la valorisation : ............................................................. 116 IV.1 Déchets inertes :............................................................................... 116 IV.2 Déchets banals : ............................................................................... 117 IV.3 Déchets dangereux : ........................................................................ 119 L’étude pratique : ..................................................................................... 119 V.1 Choix de l’étude pratique : ................................................................ 119 V.2 Objectifs de l’étude pratique : ........................................................... 120 V.3 Démarches de l’étude pratique : ....................................................... 120 Les résultats de l’étude pratique :......................................................... 137 VI VI.1 Types de matériaux triés : ................................................................ 137 VI.2 Les quantités des différents matériaux triés : .................................... 139 VII Analyse des résultats : ......................................................................... 141 VII.1 Limites de l’étude pratique : .......................................................... 141 VII.2 Synthèse : ..................................................................................... 141 Conclusion : ................................................................................................... 142 Conclusion générale et perspectives de recherche ............................................ 143 Bibliographie : .................................................................................................... 146 Liste des figures Figure 1 : Composition des déchets du bâtiment .................................................. 10 Figure 2 : région touchée par le séisme du 21 mai 2003 ..................................... 41 Figure 3 : bâtiments effondrées ............................................................................ 47 Figure 4 : poteaux courts cisaillés ........................................................................ 48 Figure 5 : nœud éclaté dans une structure ........................................................... 48 Figure 6 : remplissages en maçonnerie cisaillés .................................................. 48 Figure 7 : crépissages extérieurs décollés............................................................ 49 Figure 8 : partie haute du poteau cisaillée ............................................................ 49 Figure 9 : murs porteur effondré ........................................................................... 49 Figure 10 : l’étage souple ..................................................................................... 50 Figure 11 : absence de chaînage ......................................................................... 50 Figure 12 : le poteau court ................................................................................... 51 Figure 13 : structure sous-dimensionnée.............................................................. 51 Figure 14 : bâtiments réalisés sans calculs parasismiques................................... 52 Figure 15 : matériaux de construction de mauvaise qualité .................................. 53 Figure 16 : constructions n’obéissant pas aux normes parasismiques ................. 53 Figure 17 : Carte des effets sismiques ................................................................. 55 Figure 18 : Découpage administratif de la wilaya de Boumerdès ......................... 56 Figure 19 : répartition des dommages selon le degré d’importance sur les bâtisses tout usages et secteurs confondus (chiffres annoncés par le CGS du bilan des dommages arrête au 30 juin 2003) ....................................................................... 58 Figure 20 : organigramme récapitulatif de l’organisation de la mission de démolition et d’évacuation des gravats ................................................................. 61 Figure 21 : les pelles mécaniques ........................................................................ 63 Figure 22 : les brises-roche .................................................................................. 63 Figure 23 : les engins à pinces ............................................................................. 63 Figure 24 : logements collectifs avant et après démolition .................................... 64 Figure 25 : logement individuel avant et après démolition .................................... 64 Figure 26 : logement individuel en terre crue avant et après démolition ............... 65 Figure 27 : logement individuel en dur avant et après démolition ......................... 65 Figure 28 : établissement scolaire avant et après démolition................................ 65 Figure 29 : local commercial avant et après démolition ........................................ 66 Figure 30 : démolition d’une habitation (R+1) à la pelle mécanique. Matériaux : béton armé / maçonnerie ..................................................................................... 67 Figure 31 : démolition d’une habitation (R+1) à la pelle mécanique. Matériaux : maçonnerie porteuse............................................................................................ 67 Figure 32 : démolition d’un immeuble (R+4) à la pelle mécanique, avec remblai pour surélever l’engin. Matériaux : béton armé / maçonnerie. .............................. 67 Figure 33 : démolition au brise roche ; pulvérisation d’une dalle en béton armé. .. 68 Figure 34 : démolition d’un immeuble au brise roche ; pulvérisation de la structure en tas de gravats.................................................................................................. 68 Figure 35 : démolition au brise roche ; destruction des éléments porteurs au niveau du rez-de-chaussée. ................................................................................. 69 Figure 36 : exemple de démolition à la pince broyeuse d’un immeuble R+3 (matériaux : béton armé/maçonnerie). La démolition commence par la partie supérieure de l’immeuble ..................................................................................... 69 Figure 37 : idem ................................................................................................... 70 Figure 38 : la méthode employée (démolition à partir du niveau supérieur) permet d’éviter l’écroulement des débris sur les bâtisses voisines. .................................. 70 Figure 39 : exemple de démolition à la pince broyeuse d’un immeuble R+4 (matériaux : béton armé/maçonnerie). L’immeuble à démolir est composé de 3 blocs. ................................................................................................................... 71 Figure 40 : la pince broyeuse procède à la découpe de la partie inférieure du premier bloc, provoquant l’écroulement des niveaux supérieurs. ......................... 71 Figure 41 : l’écroulement du premier bloc............................................................. 72 Figure 42 : idem ................................................................................................... 72 Figure 43 : la pince broyeuse procède à la découpe de la partie inférieure du deuxième bloc, provoquant l’écroulement des niveaux supérieurs. ...................... 72 Figure 44 : l’écroulement du deuxième bloc. ........................................................ 73 Figure 45 : la pince broyeuse procède à la découpe de la partie inférieure du troisième bloc, provoquant l’écroulement des niveaux supérieurs. ....................... 73 Figure 46 : l’écroulement du troisième bloc. ......................................................... 73 Figure 47 : l’immeuble étant réduit en tas de blocs empilés, le reste de la démolition sera accompli par d’autres engins. ...................................................... 74 Figure 48 : démolition à l’aide d’une boule : la partie de l’immeuble démolie est circonscrite dans une trame de la structure. ......................................................... 74 Figure 49 : idem. .................................................................................................. 74 Figure 50 : exemple de démolition par câble de traction : le câble est enroulé autour de l’immeuble à démolir au niveau de la partie affaiblie au préalable. ....... 75 Figure 51 : le câble est ensuite tiré, provoquant la descente de l’immeuble. ........ 75 Figure 52 : l’écroulement de l’immeuble. .............................................................. 76 Figure 53 : exemple de démolition par câble de traction : démolition d’un immeuble constitué de deux blocs. Le câble de traction est enroulé autours du premier bloc de l’immeuble au niveau de l’étage souple. .......................................................... 76 Figure 54 : le câble est ensuite tiré provoquant la descente du premier bloc. ....... 77 Figure 55 : l’écroulement de l’immeuble. .............................................................. 77 Figure 56 : idem. .................................................................................................. 77 Figure 57 : répétition de l’opération pour le deuxième bloc. .................................. 78 Figure 58 : écroulement de l’immeuble. ................................................................ 78 Figure 59 : idem. .................................................................................................. 78 Figure 60 : exemple de démolition combinée : une pelle mécanique calle la bâtisse du côté penchant.................................................................................................. 79 Figure 61 : idem. .................................................................................................. 79 Figure 62 : la pince broyeuse découpe les éléments porteurs. ............................. 80 Figure 63 : arrachage des éléments porteurs par la pince broyeuse et traction de l’immeuble par câble. ........................................................................................... 80 Figure 64 : les bulldozers ..................................................................................... 81 Figure 65 : les chargeurs...................................................................................... 81 Figure 66 : les camions ........................................................................................ 81 Figure 67 : dépôt des gravats : décharge « Figuier 1 » à Boumerdès................... 84 Figure 68 : dépôt des gravats : décharge Corso centre ........................................ 84 Figure 69 : dépôt des gravats : décharge « marché des véhicules », Tidjelabine . 84 Figure 70 : la décharge de Corso centre avant les travaux de réaménagement : la mise en décharge des débris. .............................................................................. 85 Figure 71 : la décharge de Corso centre après les travaux de réaménagement : recouvrement des débris par une terre végétale .................................................. 85 Figure 72 : idem ................................................................................................... 86 Figure 73 : la décharge Corso centre après les travaux de réaménagement : recouvrement incomplet des débris ...................................................................... 86 Figure 74 : construction à démolir : système constructif poteaux/poutres, cloisons en maçonnerie ..................................................................................................... 96 Figure 75 : construction à démolir : type colonial .................................................. 96 Figure 76 ; construction à démolir : construction en dur (en bloc de béton) .......... 96 Figure 77 : construction à démolir : en terre (adobe) ............................................ 97 Figure 78 : exemple de deux niveaux de tri (à gauche : tri maximal ; à droite : tri minimal) ............................................................................................................. 111 Figure 79 : exemple de pictogrammes de signalisation des déchets .................. 114 Figure 80 : exemple d’organisation de contenants sur chantier .......................... 115 Figure 81 : lieu du prélèvement de l’échantillon .................................................. 120 Figure 82 : l’échantillon ...................................................................................... 122 Figure 83 : séparation de l’enduit de ciment du béton : détachement des matériaux ........................................................................................................................... 123 Figure 84 : séparation de l’enduit de ciment du béton : élément de forme plate . 123 Figure 85 : séparation de l’enduit de ciment du béton : deux matériaux difficilement séparables ......................................................................................................... 124 Figure 86 : séparation de l’enduit de ciment du béton : deux matériaux facilement séparables ......................................................................................................... 124 Figure 87 : séparation du plâtre de l’enduit de ciment : le plâtre et le ciment sont deux matériaux difficilement séparables ............................................................. 125 Figure 88 : séparation du béton armé : l’armature a pu être retirée du béton ..... 125 Figure 89 : séparation du béton armé : l’armature n’a pas pu être retirée du béton ........................................................................................................................... 126 Figure 90 : séparation de la peinture de l’enduit de ciment : forme difficilement maniable ............................................................................................................ 126 Figure 91 : séparation de la peinture de l’enduit de ciment : décapage manuel difficile ................................................................................................................ 127 Figure 92 : séparation de la brique de l’enduit de ciment : la forme plate ne permet pas la séparation entre les deux matériaux ........................................................ 127 Figure 93 : séparation de la brique du mortier de ciment : mortier et brique fragmentés après les coups de massette ........................................................... 128 Figure 94 : séparation de la brique du mortier de ciment : des parties du mortier ont pu être récupérée ......................................................................................... 128 Figure 95 : séparation de la brique du mortier de ciment : sur 8 kg, 240 gr de mortier récupéré ................................................................................................. 129 Figure 96 : séparation des éléments de revêtement (carrelage/plaquage) du mortier de ciment : détachement facile d’une pièce et cassure d’une autre, dans un même élément .............................................................................................. 129 Figure 97 : séparation du ciment et du polystyrène expansé .............................. 130 Figure 98 : séparation du béton et du polystyrène expansé ............................... 130 Figure 99 : séparation du bitume et du carrelage ............................................... 131 Figure 100 : tri des éléments en bois.................................................................. 131 Figure 101 : séparation du béton et de la pierre de taille .................................... 132 Figure 102 : séparation de la pierre de taille et de l’enduit de ciment ................. 132 Figure 103 : séparation des éléments d’une paroi en maçonnerie ...................... 133 Figure 104 : séparation du bloc de béton et du mortier de ciment : la forme du débris ne permet pas sa manipulation ................................................................ 133 Figure 105 : séparation du bloc de béton et du mortier de ciment ...................... 134 Figure 106 : séparation du bloc de béton et du béton ......................................... 134 Figure 107 : séparation du béton et de la brique ................................................ 135 Figure 108 : tri des éléments petits et fins .......................................................... 135 Figure 109 : tri des éléments petits et fins ; morceaux homogènes .................... 136 Figure 110 : tri des éléments petits et fins : morceaux hétérogènes ................... 136 Figure 111 : tri des éléments petits et fins : matières fines ................................. 136 Figure 112 : pourcentage des matériaux après tri .............................................. 140 Liste des tableaux Tableau 1 : magnitudes et coordonnées épicentrales enregistrées dans différents Instituts dans le monde : ...................................................................................... 41 Tableau 2 : les 22 sites requis pour la mise en décharge ..................................... 83 Tableau 3 : tableau des ratios du ministère des travaux publics ........................... 88 Tableau 4 : détail de calcul (construction avec une structure en béton armé) exemple 1 ............................................................................................................ 89 Tableau 5 : détail de calcul (construction avec une structure en béton armé) exemple 2 ............................................................................................................ 89 Tableau 6 : détail de calcul (construction avec une structure en murs porteurs en pierres) ................................................................................................................. 90 Tableau 7 : quantités totales des déchets évacuées ............................................ 92 Tableau 8 : tableau récapitulatif de l’audit déchets ............................................. 109 Tableau 9 : exemple de bordereau de suivi du déchet ....................................... 116 Tableau 10 : quantités des matériaux après tri ................................................... 140 Introduction générale 1 Introduction générale Introduction générale : Les déchets ; mis en décharges de façon illicite et incontrôlée ; génèrent des problèmes de pollution (du sol et sous-sol, de nappes phréatiques, de l’atmosphère…), ainsi que des nuisances visuelles et olfactives. Mais aussi avec l’utilisation de procédés de stockage (et/ou d’élimination), ceci entraine une consommation d’un grand budget pour l’étude, la mise en œuvre et l’entretien de ces établissements. En ce qui concerne l’impact des déchets sur l’environnement et les risques qu’ils présentent pour la santé, les déchets peuvent être répartis en 3 catégories en fonction de leur potentiel polluant et de leur teneur élémentaire en polluant ainsi que de leur écotoxicité 1, ces 3 catégories sont : les déchets inertes, les déchets non dangereux, et les déchets dangereux. Le décret exécutif n° 06-104 du 28/02/2006, fixant la nomenclature des déchets, y compris les déchets spéciaux dangereux ; définit quatre classes de déchets : ménagers et assimilés, industriels, spéciaux, et spéciaux dangereux La gestion intégrée des déchets figure parmi les objectifs de la SNE (stratégie nationale environnementale), et ceci afin : améliorer la santé et la qualité de vie du citoyen (la dimension sociale) protéger l’environnement de la pollution (la dimension écologique) réduire les pertes économiques et améliorer la compétitivité à travers la promotion des activités de recyclage et de valorisation des déchets (la dimension économique) Dans cette optique de développement durable, il s’agit de prendre des mesures nécessaires pour : diminuer le poids et le volume des déchets à la source développer le traitement, le recyclage et la valorisation des déchets maîtriser les impacts environnementaux et sanitaires améliorer la gestion et le traitement des déchets dangereux Parmi les nombreuses sources de déchets, le secteur du bâtiment est l’un des grands générateurs (on estime la quantité produite en 2012 à environ 11 millions de tonnes2), dont l’impact environnemental et économique est non négligeable, ainsi que la dégradation des paysages (lorsque ces déchets sont jetés dans la nature d’une manière anarchique). 1 DESACHY, Christian. Les déchets sensibilisation à une gestion écologique. ème Tec&Doc, 2 édition, France, 2001, page 1. 2 Ed Chiffres annoncés dans le rapport sur la gestion des déchets solides en Algérie ; Kehila Y. ; avril 2014. 2 Introduction générale Les déchets de bâtiment regroupent les déchets de construction, de réhabilitation et de démolition 3. Ils sont constitués des 3 catégories mentionnés auparavant, c'est-à-dire les déchets inertes, non dangereux, et dangereux. Problématique : Des textes législatifs sont élaborés dans le but de maitriser la gestion de tout types de déchets et ce, afin de réduire leur impact environnemental, et les nuisances qui leurs sont liées. Ainsi, on dénombre les lois et les décrets suivants : la loi 83-03 du 5 février 1983 relative à la protection de l’environnement qui prescrit les modalités d’élimination des déchets (collecte, transport, mise en décharge), le décret 84-378 fixe les modalités d’élimination des déchets urbains (déchets domestique et assimilable), ce texte prévoit 6 procédés dont la décharge surveillée, la décharge contrôlée, la décharge compostée,…, Loi 01-19 du 12/12/2001 relative à la gestion, au contrôle et à l’élimination des déchets, a pour objectifs de fixer les modalités de gestion, de contrôle et de traitement des déchets, et elle a introduit le principe de la valorisation des déchets par leur réemploi, leur recyclage.... Les dispositions de cette dernière loi sont mises en œuvre par le PROGDEM 4, il vise à éradiquer les décharges sauvages (notamment par la réalisation des CET5), et établir une planification intégrée de la gestion des déchets municipaux (collecte, le transport et l'élimination des déchets solides municipaux dans des conditions garantissant la protection de l'environnement). Le décret exécutif n°02-175 du 20/05/2002 ; portant création, organisation et fonctionnement de l’Agence Nationale des Déchets (AND) qui est chargée de promouvoir des activités de tri, de collecte, de transport, de traitement, de valorisation et d'élimination des déchets. La loi 03-10 du 19 juillet 2003 relative à la protection de l’environnement dans le cadre du développement durable a pour objectif de définir les règles générales pour la protection de l’environnement, pour la prévention de toute forme de pollution ou de nuisances, pour la préservation des ressources naturelles, ainsi que pour l’utilisation des technologies dites propres ; cette loi stipule l’interdiction de tout rejet en milieu aquatique, des déchets entre autre, susceptible de causer la pollution des eaux superficielles et souterraines. Dans ces textes législatifs, les articles ne mentionnent pas les déchets du bâtiment ou les particularités liées à leurs caractéristiques ; ne bénéficiant donc pas de stratégie de gestion spécifique, ils sont par conséquent assimilés aux autres catégories de déchets (ménagers, industriels,…), et sont par déduction traités de la même manière que ces derniers ; principalement mis en décharge, ou enfouis dans des CET. Hormis les déchets de construction ou de réhabilitation (dont la quantité est relativement réduite), dans les cas de démolitions (de bâtiments en fin de vie ou la 3 MAES, Pascale. Gestion des déchets de chantier : guide méthodologique. Ed AFNOR, France, 2004, pages 2. 4 Initié par le ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement 5 CET : centre d’enfouissement technique 3 Introduction générale démolition due aux catastrophes comme les séismes), la quantité des déchets générée dans ces cas est plus importante. Par conséquent, quelle démarche fautil adopter ? Suivre la même, ou existe t-il d’autres moyens de traitement plus rentables et plus respectueux de l’environnement ? En d’autres termes, comment optimiser la gestion des déchets de démolitions ? Hypothèses et objectifs de recherche : Parmi les objectifs des stratégies du développement durable la minimisation des déchets. Cet objectif peut être atteint grâce à la prévention, à la réutilisation, au recyclage ou à la récupération. Dans le secteur du bâtiment ; « L’enjeu d’une bonne gestion des déchets de chantier consiste à limiter au minimum leur quantité mise en décharge en réduisant les déchets générés à la source, en optimisant la valorisation des déchets générés sur le chantier et en déconstruisant au lieu de démolir. »6 Le point à souligner est donc l’optimisation de la valorisation (recyclage) des déchets. Parmi les avantages du recyclage : L’augmentation de la durée de vie des décharges, la préservation des ressources naturelles notamment non renouvelables (par la réutilisation), la création d’un secteur économique donc d’emplois, l’économie de l’énergie, réduction de l’émission du gaz à effet de serre…. C’est dans cette optique que nombreux sont les pays qui adoptent une politique de gestion des déchets intégrant la notion de recyclage ou toute autre formule de valorisation. A titre d’exemple : En 1999 l’étude européenne fait état d’un taux moyen de recyclage des déchets de construction et de démolition de 28% : 90% aux Pays Bas, 87% en Belgique, 81% au Danemark, 45% en Finlande et au Royaume-Uni, 41% en Autriche, 21% en Suède, 15% en France.7 En 2008, la directive 2008/98/CE du 19 novembre oblige les États membres de l’UE à mettre en place, pour 2013, des programmes de prévention des déchets, ils devront recycler 70 % de leurs déchets de construction et de démolition d’ici à 2020.8 Ainsi, dans le contexte algérien, les hypothèses émises sont l’éventualité de l’établissement d’une gestion des déchets du bâtiment incluant des démarches de traitements et d’élimination optimales (d’un point de vue économique et écologique) ainsi que la possibilité d’introduire la valorisation et le recyclage dans ces démarches, afin de bénéficier des avantages environnementaux et économiques du recyclage mentionnés auparavant ; et ceci dans le cas de déconstruction volontaire (sachant que l’Algérie dispose, dans certaines de ses 6 MAES, Pascale. Gestion des déchets de chantier : guide méthodologique. Ed AFNOR, France, 2004, page 6. 7 BERTOLINI, Gérard. Gestion des déchets. Revue : L’architecture d’aujourd’hui, n°372, sep-oct 2007, page 55. 8 Enerzine.com 4 Introduction générale villes, d’un parc immobilier vieillissant), ou le cas des démolitions dues aux catastrophes naturelles (comme le séisme qui est répondu dans le nord du pays). L’objectif du travail de recherche est : de répertorier les possibilités de recyclage et de valorisation, afin d’estimer leur portée économique et leur impact écologique ; d’évaluer les capacités liées aux filières de valorisation et les technologies dont dispose (ou pourra acquérir) l’Algérie. Méthodologie et structure du mémoire : Il s’agit d’étudier les possibilités en examinant des exemples antérieurs et les données récoltées, donc l’approche qui sera adoptée est essentiellement analytique. Et afin de vérifier l’hypothèse et répondre à la problématique formulée, le mémoire sera structuré en 3 chapitres, à savoir : 1- Recherche théorique concernant la gestion des déchets dans le secteur du bâtiment, avec un certain nombre de points, jugés pertinents, qui vont être abordés, comme : Les types de déchets dans le secteur du bâtiment Traitement de ces déchets (collecte, tri, …) Les différentes filières de recyclage et de valorisation des différents matériaux de construction 2- Etude analytique du gisement algérien : cette partie du travail consistera en une évaluation du gisement des déchets et des modes de gestion et de traitement, suivant le cas d’étude. Comme mentionné dans la problématique, la quantité de déchets générée dans les cas de démolitions est considérablement plus importante par rapport aux cas de constructions et de réhabilitations, le choix s’est donc porté sur les déchets de démolitions générés lors de la catastrophe du séisme de Boumerdès du 21 mai 2003. Ce dernier est considéré comme l’une des plus grandes catastrophes naturelles qu’ait connues l’Algérie : avec une magnitude de 6.7 sur l’échelle de Richter, le taux d’effondrement des bâtiments fut considérable. 3- Analyse comparative du gisement évalué avec l’étude théorique : cette partie comportera une analyse typologique des catégories de déchets (classification et caractérisation) suivant le cas d’étude et une vérification de la faisabilité (potentiel des filières de valorisation en Algérie), ce chapitre comportera également une étude pratique qui reprendra une portion de l’étude théorique du travail de traitement des déchets afin de vérifier concrètement l’éventualité de valorisations. 5 Chapitre 1 : recherche théorique 6 Chapitre 1 : recherche théorique Introduction : Les déchets du bâtiment représentent un objet qui est nécessaire de maitriser, notamment vu leur complexité vis-à-vis des substances les constituant, leur volume relativement important, mais aussi leur impact potentiellement néfaste sur l’environnement. Dans ce chapitre, une recherche théorique sera entamée pour acquérir une connaissance approfondie concernant les déchets du bâtiment et leurs caractéristiques. I Les déchets dans le secteur du bâtiment : Les déchets dans le secteur du bâtiment sont très variés de par leurs natures, leurs provenances, leurs tailles… ; on y trouve aussi bien des matériaux naturels ou synthétiques, d’origine minérale, organique ou métallique, solides ou liquides. Les déchets du bâtiment sont classés selon leur dangerosité et leur impact sur la santé et l’environnement en 3 catégories : - I.1 Les déchets inertes Les déchets non dangereux et non inertes, appelés aussi déchets industriels banals, DIB, assimilables aux déchets ménagers Les déchets dangereux, appelés aussi déchets industriels spéciaux, DIS Déchets inertes (DI) : Qui ne subissent aucune modification physique, chimique ou biologique lors de leur mise en décharge, et qui ne sont pas contaminés par des substances dangereuses ou autres éléments générateurs de nuisances, susceptibles de nuire à la santé et/ou à l’environnement. Ces déchets ne se décomposent pas, ne brûlent pas, ne sont pas dégradables et ne détériorent pas d’autres matières avec lesquelles ils entrent en contact. Leur potentiel polluant et leur teneur élémentaire en polluant ainsi que leur écotoxicité doivent être négligeables. Les déchets inertes dans le bâtiment sont : Béton, parpaing, enduit Terre cuite, briques, tuiles et céramiques Mélange des matériaux mentionnés ci-dessus. Verre Mélanges et enrobés bitumineux ne contenant pas de goudrons Pierres naturelles, granulats, sable, terre et matériaux de terrassement, cailloux, boues de dragage et ballast de voie Les isolants minéraux (laine de verre, de roche, de laitier, verre expansé). Déchets de construction et de démolition en mélange ne contenant pas de substances dangereuses en ne contenant que des déchets minéraux. 7 Chapitre 1 : recherche théorique Ces matériaux sont considérés comme inertes s’ils comportent une part insignifiante d’enduit de plâtre, de peintures (sans plomb), de papiers peints, de colle et de produits d’accrochage des revêtements muraux et de sols, de colles amiantées.9 La production totale de lixiviats et la teneur des déchets en polluants ainsi que l’écotoxicité des lixiviats doivent être négligeables et, en particulier, ne doivent pas porter atteinte à la qualité des eaux de surface et/ou des eaux souterraines. 10 Cas particulier : Le plâtre n’est pas considéré comme un déchet inerte : le gypse (plâtre) présente le désavantage de réagir en milieu fermentescible et parfois de former du gaz sulfurique H2S et il est fortement soluble dans l’eau. I.2 Déchets non dangereux et non inertes (déchets industriels banals – DIB) : Sont des déchets qui peuvent brûler, produire des réactions chimiques, physiques ou biologiques, mais sans présenter de caractère dangereux ou toxique vis-à-vis de l’environnement ou de la santé humaine.11 Ils sont qualifiés aussi " d’assimilés aux déchets ménagers " car ils peuvent être traités dans les mêmes filières et avec les mêmes moyens que les déchets ménagers.12 Les déchets non dangereux dans le bâtiment sont : Bois (non traités ou traités avec des produits non dangereux) ; coffrages, menuiseries, sciure de bois, copeaux, chutes, panneaux de particules et placage, produits de protection du bois,… Matières plastiques en PVC, polystyrène, polyuréthanne, polypropylène (canalisations, menuiseries, revêtements de sols, emballages…) Métaux (y compris leurs alliages) : cuivre, bronze, laiton, aluminium, plomb, zinc, fer, acier, étain, métaux en mélange et câbles. Matériaux non minéraux d’isolation ne contenant ni amiante ni substances dangereuses : polystyrène expansé, polyuréthane Déchets de construction et de démolition en mélange avec des déchets non minéraux, ne contenant pas de substances dangereuses Produits de revêtement : - Peintures, vernis, colles, mastics, qui ne comprennent ni solvants organiques, ni substances dangereuses. - Les revêtements muraux et de sol textiles. 9 Déchets de chantier du BTP : Nomenclature et Elimination MAES, Pascale. Gestion des déchets de chantier ; guide méthodologique. AFNOR, 2004, page 12. 11 http://www.arebtp.fr/index.php?option=com_content&task=category§ionid=4&id=4&Itemid=176 12 Déchets de chantier du BTP : Nomenclature et Elimination 10 8 Chapitre 1 : recherche théorique - - I.3 Déchets et boues provenant de peintures ou vernis, et suspensions aqueuses contenant de la peinture ou de vernis ne contenant ni solvants organiques ni substances dangereuses. Déchets et boues de colle et mastics, et déchets liquides aqueux contenant des colles ou mastics sans solvants organiques et sans substances dangereuses Déchets de produits de revêtement en poudre Emballages en papier/carton, en matières plastiques, en bois, métalliques, composites, en verre, textiles et emballages en mélange (ne contenant pas de substances dangereuses) Absorbants, matériaux filtrants, chiffons d’essuyage et vêtement de protection non contaminés par des substances dangereuses matériaux de construction à base de gypse : carreaux de plâtre, faux plafonds,… Déchets dangereux (DD) : Les déchets dangereux contiennent des substances susceptibles de nuire à la santé et à l’environnement, ils peuvent être nocifs (toxiques, corrosifs, cancérigènes…) ou dangereux (explosifs ou inflammables). Les chantiers de construction, de réhabilitation et de démolition produisent un pourcentage non négligeable de déchets dangereux. Tous les mélanges contenant une proportion de déchets dangereux, aussi minime soit-elle, doivent être traités comme des déchets dangereux.13 Les déchets dangereux dans le bâtiment sont : Déchets inertes et banals contaminés par des substances dangereuses Verre contenant des substances dangereuses. Bois contenant des substances dangereuses : traités à la créosote14 ou aux CCA (cuivre-Chrome-Arsenic) ou avec des oxydes de métaux lourds ou avec des sels, ou revêtus de peinture au plomb. Déchets des produits de protection du bois : composés organiques non halogénés, composés organochlorés, organométalliques, inorganiques et autres produits de protection du bois contenant des substances dangereuses. Goudrons et produits goudronnés, mélanges bitumineux contenant du goudron, ou tout autre matériaux contenant du goudron. Matériaux de construction et d’isolation contenant de l’amiante, ou autres substances dangereuses. 13 CHEIKH ROUHOU, Mehdi. Les déchets de chantier et le recyclage des matériaux dans le secteur du bâtiment. Mémoire de fin de formation, Ecole National Supérieure d’Architecture de Lyon, 2007. MAES, Pascale. Gestion des déchets de chantier ; guide méthodologique. AFNOR, 2004. 14 Substance tirée du goudron ou provenant de la distillation du bois ; la créosote est un produit toxique et cancérigène. 9 Chapitre 1 : recherche théorique Déchets de construction et de démolition contenant des polychlorobiphényles – PCB (par ex mastics, sols à base de résines, double vitrage, condensateurs contenant des PCB) ou de mercure Produits et déchet de revêtement (peintures, vernis) contenant des solvants organiques ou d’autres substances dangereuses (peintures au plomb), et les déchets de décapants de peintures ou vernis Déchets de colles et mastics contenant des solvants organiques ou d’autres substances dangereuses Déchets d’isocyanates15, et produits chimiques divers Huiles (de coffrage par exemple) et hydrocarbures usagés : huiles hydrauliques usagées, huiles isolantes et fluides caloporteurs usagés. Tubes fluorescents et autres déchets contenant du mercure Les déchets contenant du mercure en démolition. Les DEEE : appareils et équipements électroniques, électroménagers et électriques, installations électriques (les systèmes de chauffage, de ventilation, les ballons et cumulus…), lampes, transformateurs et accumulateurs contenant des PCB…. Piles et accumulateurs : accumulateurs au plomb, Ni-Cd, piles contenant du mercure, électrolytes de piles et accumulateurs collectés séparément. Déchets d’explosifs (autres que munitions et feux d’artifice) Les déchets ultimes : Sont les déchets qui, après traitement ou non, ne peuvent être recyclés ou valorisés, ils sont mis en décharges. Tous les déchets résidus de tri qui ne sont pas valorisables de manières écologiquement ou économiquement rationnelle16 Les types de déchets mentionnés sont répartis dans des proportions différentes : Figure 1 : Composition des déchets du bâtiment17 15 Composé chimique organique. République algérienne démocratique et populaire ; ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement (MATET). Manuel d’information sur la gestion des déchets solides urbains, juillet 2001. 17 CHEIKH ROUHOU, Mehdi. Les déchets de chantier et le recyclage des matériaux dans le secteur du bâtiment. Mémoire de fin de formation, Ecole National Supérieure d’Architecture de Lyon, 2007, page 04. 16 10 Chapitre 1 : recherche théorique II Traitement des déchets : Le traitement est un ensemble de procédés visant à réduire dans les conditions contrôlées le potentiel polluant initial, la quantité ou le volume des déchets18 Conformément à la législation en vigueur, les déchets doivent être éliminés sans mettre en danger la santé de l’homme et sans que soient utilisés des procédés ou méthodes susceptibles de porter préjudice à l’environnement.19 II.1 Type de traitement : Destinations possibles des déchets: chaque type de déchets peut être dirigé vers des infrastructures différentes selon son niveau de propreté, sa recyclabilité, les filières de valorisation disponibles…20 Dans le cas des déchets ultimes, ou si les modes de valorisation sont inexistants, portants préjudice à l’environnement ou coûteux, les déchets sont mis en décharges. En Algérie, beaucoup de décharges sont dites sauvages avec les inconvénients qu’elles présentent parmi lesquels : Aspect déplaisant à cause des odeurs, des poussières et des éléments volatiles légers transportés par le vent Pollution des sols, des eaux souterraines et des eaux de ruissellement due aux précipitations et à leur infiltration à travers les dépôts de déchets Prolifération d’insectes et de rongeurs, vecteurs de maladies contagieuses Risques d’incendie, d’explosion, de glissement. Les décharges en mesure de répondre aux exigences élémentaires en matière d’hygiène et de protection de l’environnement et de minimiser les nuisances sont les décharges contrôlées et les CET.21 Ces installations de stockage sont réparties en trois classes, en fonction de la perméabilité de leur sous sol et de leur mode de gestion (création d'alvéoles, captage des biogaz, traitement des rejets liquides) : Classe 1 : pour les déchets dangereux Classe 2 : pour les déchets non dangereux et non inertes Classe 3 : pour les déchets inertes 18 ALIOUCHE, Sihem. Gestion des déchets solides urbains et diagnostic du CET d’Ouled Fayet. Mémoire de magistère EPAU, 2006, page 50 19 Ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement ; république algérienne démocratique et populaire. Manuel d'information sur la gestion des déchets solides urbains, juillet 2001, page 75. 20 Nobatek, Guide pour la gestion des déchets de chantiers. 21 Ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement ; république algérienne démocratique et populaire. Manuel d’information sur la gestion des déchets solides urbains, juillet 2001, page 85 – 86. 11 Chapitre 1 : recherche théorique Il est conseillé d'éviter de mélanger entre les 3 catégories des déchets, « car la catégorie de déchets la plus toxique ou polluante détermine la catégorie du mélange, et par conséquent exige le traitement le plus onéreux.» 22 II.1.1 Traitement des déchets inertes (DI) : Destinations possibles pour ce type de déchets : Les déchets inertes doivent être dirigés vers les installations de stockage de classe 3 Plateforme de valorisation des déchets inertes. Déchetteries et plateformes de tri et de transit en vu de les orienter vers des installations de recyclage. Ils peuvent être utilisés en remblais (sauf pour le verre et les matériaux d’isolation) II.1.2 Traitement des déchets non dangereux et non inertes (DIB) Destinations possibles pour ce type de déchets : Installations de stockage de classe 2. Filières de valorisation énergétique ; pour les matériaux incinérables : bois, matières plastiques, matériaux non minéraux d’isolation, Produits de revêtement (peintures, vernis, colles, mastics, qui ne comprennent ni solvants organiques, ni substances dangereuses, les revêtements muraux et de sol textiles…), absorbant, matériaux filtrants et chiffons d’essuyage, piles et accumulateurs Déchetterie et plateformes de tri et de transit en vu de les orienter vers des installations de recyclage. Filières de recyclage ; pour les matériaux recyclables : plastics, bois, métaux, matériaux non minéraux d’isolation, matériaux de construction à base de gypse, piles et accumulateurs. Pour les emballages : valorisation par incinération avec récupération d’énergie, ou recyclage, installation de stockage de classe 2. Le bois peut être composté Certains matériaux peuvent être réutilisés II.1.3 Traitement des déchets dangereux (DD) Destinations possibles pour ce type de déchets : Installation de stockage de classe 1 ; les déchets doivent être stabilisés c'est-à dire solidifiés (exception faite de l'amiante friable) avant d'être mis en installations de stockage de classe 1. Filières de valorisation énergétique ; pour les matériaux incinérables (sauf ceux contenant de l’amiante23) : le bois et les produits de protection du bois contenant des substances dangereuses, le goudron et les produits 22 MAES, Pascale. Gestion des déchets de chantier ; guide méthodologique. AFNOR, 2004, page 15. 23 MAES, Pascale. Gestion des déchets de chantier ; guide méthodologique. AFNOR, 2004. 12 Chapitre 1 : recherche théorique II.2 goudronnés, les matières plastiques, produits et déchet de revêtement (peintures, vernis), de colles et mastics contenant des solvants organiques, déchets d’isocyanates24, et produits chimiques divers, les huiles et les hydrocarbures usagés, les piles et les accumulateurs au plomb, Ni-Cd ou contenant du mercure, les tubes fluorescents et autres déchets contenant du mercure. Déchetterie et plateformes de tri et de transit en vu de les orienter vers des installations de recyclage. Recyclage après décontamination : le verre contenant des substances dangereuses, les déchets inertes et banals contaminés par des substances dangereuses, les déchets de construction et de démolition contenant des polychlorobiphényles – PCB (par ex mastics, sols à base de résines, double vitrage, condensateurs contenant des PCB) ou de mercure, les huiles et les hydrocarbures usagés, les piles et accumulateurs au plomb, Ni-Cd, ou contenant du mercure, les tubes fluorescents et autres déchets contenant du mercure, les DEEE. Gestion des déchets : La gestion des déchets englobe toutes les opérations visant à réduire, trier, stocker, collecter, transporter, valoriser et traiter les déchets. Les bases d’une bonne gestion résident dans une réelle connaissance de ces déchets, des possibilités pour leur valorisation et leur stockage. 25 Donc pour une bonne gestion des déchets il est conseillé : - d’estimer les quantités de déchets produits et les qualifier (déchets dangereux, déchets non dangereux et non inertes, déchets inertes), - de répertorier les sites de traitement, de stockage ou de recyclage susceptibles d'accueillir les déchets estimés, en privilégiant le principe de proximité, - d’évitez de mélanger les types de déchets (déchets dangereux, déchets non dangereux et non inertes, emballages, déchets inertes) et d’organiser leur tri, afin de permettre leur recyclage et valorisation. - de choisir le type d’élimination des déchets selon leur nature (déchets dangereux, déchets non dangereux et non inertes, déchets inertes) et selon les coûts d’élimination, - Tout brûlage, tout enfouissement sur le chantier est interdit (excepté les déchets inertes) ainsi que toute mise en dépôt sauvage. Gérer les déchets veut aussi dire prévenir leur production : [réduire leur quantité à la source, pour optimiser leurs potentialités d’être valorisés en déconstruisant au lieu de démolir]. Dans ce cadre les actions des concepteurs et producteurs de matériaux de construction en matière d'éco conception devrait permettre de mettre en œuvre des bâtiments qui poseront moins de problème lors 24 Composé chimique organique. MAES, Pascale. Gestion des déchets de chantier ; guide méthodologique. AFNOR, 2004, page 6. 25 13 Chapitre 1 : recherche théorique de leur déconstruction (séparation des matériaux constitutifs entre eux et de leur valorisation, substitution de composants dangereux par des non dangereux).26 II.3 Objectifs d’une bonne gestion des déchets du bâtiment : Préserver l’environnement : réduire le potentiel polluant des déchets, éliminer les décharges sauvages, interdire le brûlage et l’enfouissement sur les chantiers, augmenter la durée de vie des sites de stockage par la valorisation, ainsi que le recyclage qui permet une économie importante des ressources naturelles. Réaliser des bénéfices : réduire les coûts d’élimination, et apporter des gains à partir du recyclage et la valorisation des déchets Réduire les nuisances : limiter l’impact visuel des décharges sauvages, les envoles des déchets et poussières … Afin d’atteindre ces objectifs, il est nécessaire d’imposer des règles strictes pour la gestion, le traitement et le stockage des déchets. II.4 Les étapes principales de la gestion des déchets du chantier : La gestion des déchets générés sur un chantier de construction ou de réhabilitation de bâtiment peut s’envisager selon trois axes : une réflexion sur les flux entrants, une réflexion sur les flux sortants et une réflexion sur les aspects techniques et organisationnels des solutions mises en œuvre sur le chantier. 27 Dans le cas des démolitions ; on peut considérer que la gestion des déchets pourrait être orientée selon les deux derniers axes ; en effet le premier axe (relatif aux flux entrants ou autrement dit l’approvisionnement des matériaux et des produits) ne concerne pas la démolition. La réflexion doit être engagée sur le choix des moyens logistiques : repérer les filières de réemploi, recyclage, incinération, repérer les décharges (de différentes classes) les plus proches, organiser la collecte sélective en fonction des filières existantes, prévoir le stockage de certains déchets avant enlèvement, prévoir un transport adapté aux différents déchets,…28 II.4.1 Définition d’un plan de gestion des déchets Evaluation de la quantité probable des déchets : sur plans pour une construction neuve ou par visite pour une démolition. L’évaluation doit aussi porter sur les types de déchets (inertes, banals ou dangereux), leurs natures (métaux, bois, plastics…) et leurs localisations 26 DJELAL, Hayet, et NOUVEL, Valérie. Gestion des déchets de démolition et ème environnement, 26 rencontre universitaire de géni-civil, Nancy, 4 au 6 juin 2008. 27 MAES, Pascale. Gestion des déchets de chantier ; guide méthodologique. AFNOR, 2004, page 6 28 Idem 14 Chapitre 1 : recherche théorique Faire le point sur les déchets réutilisables (récupérables), sur les déchets recyclables ou valorisables et enfin sur les déchets ultimes (suivant cet ordre de priorités). Exemples : Les déchets inertes (béton, pierres, mortiers, céramiques, terres…) : 1. peuvent être directement réutilisés pour remblais après ou non concassage. 2. s’ils ne sont pas réutilisables en remblais, ils peuvent être envoyés vers des filières de valorisation des inertes en granulats recyclés. Ces filières acceptent la plupart du temps les bétons armés. 3. s’ils ne sont pas valorisables (ou recyclable), la solution ultime est l’enfouissement en Installation de Stockage de classe 3. Les déchets banals (métaux, bois, plastics…) : 1. les déchets de bois peuvent être réutilisés en décoration de sol ou stabilisation de sol … 2. les déchets de plastics non souillés peuvent être recyclés, les métaux sont recyclables en aciéries (Ils peuvent être directement revendables aux ferrailleurs), les papiers et cartons d’emballages sont recyclables en papeterie. 3. les déchets de bois, de plastics et de papiers/cartons non acceptés en recyclage peuvent être orientés vers des filières de valorisation énergétique : incinération avec récupération d’énergie. 4. si les déchets ne sont ni recyclables ni valorisables, ils peuvent être envoyés en Installation de stockage de classe 2. Les déchets dangereux 1. les déchets dangereux peuvent être valorisés en combustible énergétique ou recyclés après décontamination. 2. s’ils ne sont pas valorisables ou recyclables, les déchets peuvent être éliminés en Installation de Stockage de classe 1. Repérer les filières de recyclage, valorisation ou élimination les plus proches : rechercher les filières de valorisation existantes selon les différentes catégories de déchets produits et les quantités estimées. Certaines filières sont à rechercher à un niveau régional ou national, voire international. Repérer les prestataires de services : entreprises de démolition, d’enlèvement et de transport. Réaliser une étude technico-économique : pour un même type de déchets, une comparaison doit s’effectuer notamment sur les critères de prix de reprise du matériau, la distance du chantier à l’entreprise de récupération, la location de matériel de stockage et des moyens de transport…, « cette étude comparative permet de réaliser une évaluation économique, car des filières de valorisation trop 15 Chapitre 1 : recherche théorique éloignées peuvent ne pas s’avérer assez rentables voire plus couteuses qu’une mise en décharge. »29 II.4.2 Mise en place des moyens de tri Le tri est indispensable pour permettre le recyclage et la valorisation des déchets. Il implique une réorganisation du chantier, une information et une formation du personnel30. Il n’est pas toujours possible du fait du manque de filière de valorisation ou des trop faibles quantités de déchets produits. Sur les chantiers une nouvelle génération de machines capables de trier les DIB a fait son apparition. 31 Le tri peut être effectué sur place ; un atelier de travail peut être aménagé sur la zone « déchets ». En cas d’insufisance d’espace, les déchets peuvent être triés sur des plateformes de regroupement et de tri ; une plateforme sert à entreposer provisoirement de petites quantités de déchets afin de les rassembler et de constituer des quantités plus importantes, elle est de trois types : de regroupement, de regroupement et de tri, de regroupement et de tri et de valorisation (ou pré-traitement). Le tri nécessite : - La mise en place de bennes à déchets : Les bennes de chantier doivent être prévues en fonction de la typologie du chantier, des déchets, de l’espace disponible. Les bennes doivent être placées le plus proches possible des sources de déchets et accessibles aux camions d’enlèvement. Plus le nombre de bennes est important, plus les déchets seront correctement valorisés ou recyclés (entendu que le tri soit réalisé) 32. En cas de place insuffisante pour disposer plusieurs bennes, une benne compartimentée peut être utilisée. Prévoir éventuellement un conteneur fermé et étanche pour les déchets dangereux (amiante, pots de peinture et de colle). - Une signalisation efficace des bennes Les bennes doivent être correctement signalisées afin d’éviter les erreurs de tri et inciter à la mise en bennes. Une signalétique double doit être faite : écrite et pictogramme33 29 MAES, Pascale. Gestion des déchets de chantier ; guide méthodologique. AFNOR, 2004, page 20. 30 FFB (fédération française du bâtiment). Déchets de chantier ; les réponses aux questions que vous vous poser. septembre 2010. 31 DJELAL, Hayet, et NOUVEL, Valérie. Gestion des déchets de démolition et ème environnement. 26 rencontre universitaire de géni-civil, Nancy, 4 au 6 juin 2008. 32 Nobatek, Guide pour la gestion des déchets de chantiers. 33 Idem 16 Chapitre 1 : recherche théorique Exemples de tri des déchets du bâtiment :34 - Sur place dans un atelier de travail : Un atelier de « démastiquage » permet, au moyen d’une « disqueuse » sur une table de travail spécifique, de déposer les vitrages des portes-fenêtres en bois tout en éliminant le mastic, puis de débarrasser les menuiseries de leurs paumelles, ferrures et autres objets métalliques. Cette opération doit être effectuée à portée de la benne « verre » et de la benne « bois ».On peut également y démonter les tableaux électriques afin de séparer le bois de la céramique ou encore des persiennes pour séparer les bois des éléments métalliques. - Dans une plateforme de regroupement et de tri : Exemple des déchets banals : ils sont broyés et criblés puis pesés, les déchets sont ensuit vidés sur une plate forme afin d’être triés pour permettre le recyclage d’un maximum de produits. Ce tri est d’abord réalisé mécaniquement puis terminé manuellement. Les produits extraits des bennes de DIB sont les suivants : le bois, les métaux (ferreux et non ferreux), le carton, les plastiques. - Le bois est séparé en 2 : les bois traités et les bois non traités. Ces 2 types de bois sont ensuite broyés et utilisés pour la fabrication de panneaux de particules par exemple (recyclage) ou valorisé dans les chaufferies au bois (valorisation énergétique par incinération). - Les métaux sont dirigés vers les filières de recyclage. - Le carton est conditionné en balles à l’aide d’une presse à balles. Ces balles de cartons sont ensuite dirigées vers des papeteries afin d’être recyclées. - De la même façon, les plastiques sont conditionnés en balles avant d’être dirigés vers des filières de recyclage. - Les déchets non recyclables (les déchets ultimes) sont enfouis ou mis en décharge. Le tri peut être effectué en parallèle avec la démolition ; c’est la déconstruction sélective : Elle consiste à démonter successivement les composantes réutilisables d’un bâtiment afin de les récupérer et de les recycler dans une construction ou transformation ultérieure.35 Mais cette technique présente des limites ; certains matériaux ne pouvant pas être séparés : restes de plâtre sur les bétons, présence d'éléments de second œuvre comme le bois et les plastiques qui n'ont pu être retirés des murs... 34 CHEIKH ROUHOU, Mehdi. Les déchets de chantier et le recyclage des matériaux dans le secteur du bâtiment. Mémoire de fin de formation, Ecole National Supérieure d’Architecture de Lyon, 2007. 35 DJELAL, Hayet, et NOUVEL Valérie. Gestion des déchets de démolition et ème environnement. 26 rencontre universitaire de géni-civil, Nancy, 4 au 6 juin 2008. 17 Chapitre 1 : recherche théorique En effet, les techniques de construction anciennes avec l'association de nombreux matériaux différents ne permettent pas de réaliser une déconstruction sélective «idéale». Le surcoût induit par la déconstruction sélective est également un obstacle souvent invoqué pour ne pas systématiser ce type de pratique. En effet, toute déconstruction doit être précédée d'un audit avec inventaire systématique et complet des matériaux, ce qui représente un premier surcoût.36 Mais un surcoût qui, en théorie, doit être amortis grâce aux opérations de valorisation et de recyclage sensés succéder les opérations de déconstruction sélective. Dix déconstructions en exemple : En 1998, l’ADEME (agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie en France), en partenariat avec le Ministère chargé du logement, a lancé un projet pilote de 10 déconstructions, dans le but d’évaluer les conditions dans lesquelles la déconstruction peut se développer. En mars 2003, l’ADEME a publié un ouvrage très exhaustif sur ces dix opérations de déconstructions. L’analyse de ces déconstructions a montré que les travaux ne posent pas de problèmes importants, si ce n’est la mise en place de mesures de sécurité adéquates, l’utilisation d’engins de petites tailles et la nécessité de disposer d’espaces suffisants pour les bennes.37 En général, la durée des travaux est double de celle nécessaire à une démolition. Cependant, une déconstruction peut permettre d’éviter des coûts liés à l’achat de matériaux pour le remblaiement des excavations de l’opération ou pour la réalisation d’aménagements d’autres opérations.38 Exemple de déconstruction sélective : « Une étude a été réalisée au Québec portant sur la faisabilité technique et économique du tri et de récupération sur un chantier de déconstruction. Les matières qui ont pu être récupérées sont : acier profilé, Aluminium, béton, blocs de béton, bois, boîtes de fusibles, cuivre, structure acier, portes en bois … Ces matériaux sont à 85 % réutilisables ou recyclables. La faisabilité technique a été démontrée et prouvée. Pour la faisabilité économique, on parle davantage en termes de déplacement de coûts. L’augmentation des coûts de main d’œuvre attribuable à de plus longs délais d’exécution a été compensée par la valeur des matières et composants vendus. Bien que les délais pour exécuter la déconstruction aient pris trois fois plus de temps qu’une démolition conventionnelle, les avantages qui en résultent sont néanmoins considérables : diminution des matières résiduelles à enfouir ou à 36 http://www.actuenvironnement.com/ae/news/dechets_batiment_deconstruction_selective_2301.php4 visité le 19/09/2012 ; article : Le recyclage des déchets de démolition pourrait être amélioré par la déconstruction sélective ; publié le 02 mars 2007 ; Florence Roussel 37 MAES, Pascale. Gestion des déchets de chantier ; guide méthodologique. AFNOR, 2004, page 79. 38 Idem 18 Chapitre 1 : recherche théorique éliminer, réutilisation de composantes de bâtiment; accroissement du contenu de matières recyclées; diminution des pressions sur les ressources naturelles. …………. La déconstruction se présente de plus en plus comme étant une alternative à la démolition de bâtiment et forcera les concepteurs et constructeurs à revoir leur méthodologie pour l’intégrer dès le design préliminaire des projets. Il en résultera de nouvelles techniques d’assemblages de bâtiments et outillages mieux adaptés. »39 Un autre exemple de récupération des matériaux lors d’une déconstruction : 40 Un projet pilote mené par la British Columbia Buildings Corporation (une compagnie qui construit et gère des immeubles pour le secteur public en Colombie-Britannique, Canada) avait pour but de tester cette idée nouvelle : des démolitions écologiquement responsables. Le bâtiment choisi fut l’annexe Westgate de la vieille prison Oakalla, construite en 1963. Il s’agit d’un bâtiment de 24 m sur 46, avec un plancher et des murs en béton, des poutres et une charpente en bois, des murs intérieurs recouverts de bois ou de pierres sèches et des fenêtres à barreaux. Après l’enlèvement des plaques d’amiante, le projet commença par un appel d’offres à des entrepreneurs intéressés et compétents, dans le but explicite « d’éviter le mise en décharge des gravats en vue de leur réutilisation ou de leur recyclage, tout en s’assurant de la compatibilité économique du projet avec les méthodes normales de démolition ». Les offres devaient préciser, pour chaque type de matériau, la quantité, le prix de mise en décharge, le coût d’un autre mode de gestion des gravats, ainsi que les sociétés susceptibles d’accepter ces matériaux en vue de leur réutilisation et de leur recyclage. Elles devaient également présenter deux prix : celui d’une démolition normale et celui d’une démolition optimisant les possibilités de récupération. L’offre gagnante proposait une option de récupération 24 % moins chère qu’une démolition classique. L’opération eut lieu en 1991 et fut couronnée de succès, avec des méthodes de travail employant de nombreuses personnes quand cela se justifiait. Les trois quarts des murs en béton servirent à construire un bâtiment pour un club de jeunes, le reste fut broyé pour produire des agrégats. Les poutres et autres bois de charpente furent récupérés à 97 % et revendus, ainsi que les métaux, les équipements divers, les pierres sèches, les fenêtres, les barreaux et autres éléments. Le gravier du toit plat fut récupéré par un paysagiste, qui en recouvrit une allée. Les piliers de soutènement truffés de câbles électriques, impropres pour les agrégats, furent envoyés en décharge en vue de leur réutilisation en soubassement de chaussée. Les seules quantités significatives de matériaux ultimes furent les débris du toit (61 m3 de fibre de verre imprégnée de goudron, ce qui rendait sa récupération impossible) et des éclats de bois trop abîmés pour resservir (46 m3) mais qui, ailleurs, auraient pu être utilisé comme combustible. Les matériaux de démolition se répartissaient ainsi : 64 % de bois, 39 DJELAL, Hayet, et NOUVEL, Valérie. Gestion des déchets de démolition et ème environnement. 26 rencontre universitaire de géni-civil, Nancy, 4 au 6 juin 2008. 40 CHEIKH ROUHOU, Mehdi. Les déchets de chantier et le recyclage des matériaux dans le secteur du bâtiment. Mémoire de fin de formation, Ecole National Supérieure d’Architecture de Lyon, 2007. 19 Chapitre 1 : recherche théorique 30 % de béton, 2 % de métaux et 3 % de gravier et de goudron. Avec une démolition classique, 92 % de ces matériaux auraient fini en décharge. La proportion est inversée dans ce projet pilote : 5 % aboutirent en décharge et 95 % furent réutilisés et recyclés. Le mois et demi de travail supplémentaire fut compensé par la revente des matériaux. Le bâtiment comportait une proportion inhabituelle de bois, dont la valeur marchande est plus grande, mais l’entrepreneur pense que l’opération serait profitable avec d’autres bâtiments, du moment qu’il existe des débouchés pour les matériaux. 41 II.4.3 Le transport des déchets : (planning d’évacuation) Il peut s’effectuer de deux manières : - Faire appel à un transporteur public Transporter ses propres déchets L’entreprise doit détenir un bordereau indiquant le lieu de chargement et de déchargement des déchets. II.4.4 Elimination des déchets : Valorisation, recyclage ou mise en décharge ; la filière requise est choisie selon sa proximité, les coûts du traitement, … 41 CHEIKH ROUHOU, Mehdi. Les déchets de chantier et le recyclage des matériaux dans le secteur du bâtiment. Mémoire de fin de formation, Ecole National Supérieure d’Architecture de Lyon, 2007. 20 Chapitre 1 : recherche théorique III Les différentes filières de recyclage et de valorisation des matériaux de construction : III.1 La récupération ou le réemploi : Certains déchets peuvent être réutilisés pour un même usage ou un usage différent sans transformation, ce qui évite la fabrication d’un produit identique et limite les quantités de déchets à éliminer. 42 III.1.1 En remblais : Les déchets inertes peuvent servir de remblais ou de sous-couches routières une fois transformés en granulats. Pour cela, ils doivent être soigneusement triés afin qu’ils soient parfaitement propres et non souillés par les autres types de déchets. III.1.2 En construction : Les déchets de déconstruction ou de démolition n’ayant subi aucun endommagement peuvent être réutilisés dans d’autres constructions ; tels que des tuiles, éléments de menuiserie (portes fenêtres….), parpaings, briques, pierres de taille, structures métalliques, éléments de revêtement (carrelage, plaquage) …. III.1.3 En chantier : Les matériaux utilisés sur chantier pour la construction, tels le coffrage, peuvent être réemployés dans d’autres chantiers. La réutilisation d’éléments et de matériaux issus du BTP peut s’avérer particulièrement intéressante : elle permet à des équipements en bon état de fonctionnement de prolonger leur cycle de vie dans un autre bâtiment, évite la dépense supplémentaire qu’induit une évacuation en décharge autorisée et, par la revente, permet de générer des gains qui diminuent le coût de démontage de ces équipements.43 Exemple de projet de réemploi 44: le chantier du site de production de steelcase Strafor à Strasbourg, où 82 t de matériaux ont été revendus ou cédés, soit 2,8 % de la masse totale : 42 Les cloisons (en plâtre) ont pu être récupérée, évitant leur envoi en décharge classe 2. Elles ont été vendues pour 6 525 € à un centre de vente de matériaux d’occasion de la région. Pour les éléments constitutifs des faux-plafonds, 100 % de la laine de verre a été récupérée, et suivant leur état, les câbles à 30 %, les luminaires à 75 % et les structures métalliques à 35%. Les dalles en fibres minérales ont MAES, Pascale. Gestion des déchets de chantier ; guide méthodologique. AFNOR, 2004, page 20. 43 CHEIKH ROUHOU, Mehdi. Les déchets de chantier et le recyclage des matériaux dans le secteur du bâtiment. Mémoire de fin de formation, Ecole National Supérieure d’Architecture de Lyon, 2007. 44 Idem 21 Chapitre 1 : recherche théorique été réemployées à 85 %. A l’instar des cloisons, la valorisation a permis de compenser transport et démontage et a généré un gain de 2 895 €. Les fenêtres, les radiateurs et leurs parements ont pu être réemployés en quasi-totalité : les radiateurs en fonte et les fenêtres en aluminium ont été valorisées à 100 % III.2 L’incinération avec valorisation énergétique : Définition : Méthode de traitement thermique des déchets qui consiste en une combustion (technologie et température variant selon la nature du déchet) et un traitement des fumées. De cette technique résultent trois catégories de résidus : mâchefers, cendres et résidus d'épuration des fumées. La chaleur générée par l'incinération fait l'objet de valorisation énergétique (production d'électricité et de chaleur) dans la plupart des unités.45 Avantage : L’atout de l’incinération est de réduire de manière significative la masse des déchets (moins 70%) et leur volume (moins 90%), ce qui évite un encombrement trop important des décharges. Néanmoins, pour que ce traitement des déchets puisse être qualifié de valorisation, l’énergie doit être récupérée pour être transformée en chaleur ou en électricité. 46 Afin de préserver l’environnement, une usine d’incinération doit être équipée de systèmes anti-pollution, notamment pour le traitement des fumées. Les déchets dangereux doivent être incinérés dans des usines spécifiques, pour lesquelles les précautions prises pour la protection de l’environnement sont encore plus sophistiquées. Procédé47 : Le stockage et la préparation des déchets - l'alimentation du four : La chambre de combustion est alimentée à l’aide d’une trémie qui déverse les déchets d’une manière homogène. La combustion : Le cycle de combustion se décompose en 3 phases : - séchage, combustion, extinction/évacuation des résidus solides (mâchefers). 45 Actu-Environnement ; http://www.actuenvironnement.com/ae/dictionnaire_environnement/definition/incineration.php4 ; visité le 10/06/2014 46 MAES, Pascale. Gestion des déchets de chantier ; guide méthodologique. AFNOR, 2004, page 26-27. 47 http://www2.ademe.fr/servlet/KBaseShow?sort=-1&cid=96&m=3&catid=15457 ; ADEME, visité le 10/06/2014 22 Chapitre 1 : recherche théorique Les gaz du four sont brûlés totalement dans la chambre de post-combustion. Les conditions de température et de temps de séjour des gaz sont déterminantes pour l'optimisation de la combustion. Il existe différents types de four d'incinération : à grille, à rouleaux, oscillant, fixe ou à lit fluidisé. La récupération et la valorisation de la chaleur La température des fumées est abaissée, par passage dans une chaudière, afin de pouvoir les traiter. D'environ 1000°C en sortie de four, elle est inférieure à 400°C à la sortie de la chaudière et à l'entrée du système de traitement des fumées. La vapeur ainsi produite au niveau de la chaudière peut ensuite être valorisée par 3 voies : - valorisation thermique, par alimentation d'un réseau de chauffage, valorisation thermique et électrique (co-génération), par production de chaleur et d'électricité, valorisation électrique, par transformation en électricité à l'aide d'un turboalternateur. Le traitement des fumées A la sortie de la chaudière, les fumées contiennent des polluants qu'il faut capter : poussières, gaz acides, métaux lourds et dioxines. Une installation de traitement de fumées comporte plusieurs modules : - le dépoussiérage, par électrofiltre et/ou filtre à manches, la neutralisation des gaz acides, par voie sèche, semi-humide ou humide, le traitement des dioxines et furanes, par adsorption sur charbon actif par exemple ou par réduction sélective catalytique, le traitement des oxydes d'azote, par réduction sélective, soit catalytique, soit non catalytique. L'évacuation et le traitement des résidus d'épuration des fumées Les résidus d'épuration des fumées comprennent essentiellement : - les cendres volantes, - les résidus de neutralisation des fumées, - les gâteaux de filtration des eaux de lavage des fumées, - les cendres sous chaudière. Les résidus sont collectés et évacués du site pour élimination, voire pour une valorisation dans le cas de comblement de mines de sel. Ces résidus doivent être stabilisés (solidification par liants hydraulique de type ciment) avant enfouissement en installation de stockage de déchets dangereux. La vitrification est une alternative à la solution précédente (stabilisation + stockage) et consiste à transformer les résidus en matière solide vitreuse appelé "vitrifiat". 23 Chapitre 1 : recherche théorique L'évacuation et le traitement des mâchefers Le traitement des mâchefers comprend des opérations de manutention, de stockage temporaire, de traitement, de maturation, dans le but d'élaborer un produit valorisable en technique routière. Le traitement a pour objectif d'obtenir un produit calibré de bonne qualité géotechnique. Les dispositifs de traitements sont des broyeurs, séparateurs granulométriques (cribles), extracteurs de métaux, séparateurs densimétriques et aérauliques. La maturation quant à elle est une étape naturelle, sans intervention humaine, pendant laquelle le tas de mâchefers s'assèche, s'oxyde et se carbonate, améliorant ainsi ses propriétés. Les déchets pouvant être incinérés Les matières pouvant être incinérées sont celle qui possèdent un pouvoir calorifique ; notamment le bois, le plastique, et le papier/carton, Certaines déchets, vu leurs composants spécifiques et les matières susceptibles d’être dégagées lors de leurs incinération, doivent être incinérés dans des unités équipées de systèmes de traitement des fumées adaptés. Par ailleurs, les produits dangereux et les déchets souillés par des produits dangereux doivent être incinérés dans des centres spécialisés. Le bois non traité présente un pouvoir calorifique intéressant du point de vue de la récupération énergétique. Le bois traité ou peint (traité à la créosote ou aux CCA ou contenant des sels d’oxydes de métaux lourds) doit être traité dans des installations d’incinération munies de systèmes de traitement des fumés spécifiques. Bien entendu, le déferraillage des pièces métalliques est indispensable pour que le bois puisse être valorisé. La valorisation des mâchefers L’incinération produits des cendres toxiques qui sont envoyées dans une décharge de classe 1, mais également des mâchefers qui se présentent sous forme de granules de couleur grise, mélange de métaux, de verre, de silice, l’alumine, de calcaire, de chaux, d’imbrûlés et d’eau, qui peuvent être recyclés en matériau de construction de routes et de plates-formes industrielles. En revanche, tous les résidus des déchets dangereux sont envoyés en décharges de classe 1 après stabilisation. 48 Les critères d'acceptabilité à respecter pour permettre le recyclage des mâchefers en technique routière sont liés à la nature de l'usage routier, au comportement à la 48 MAES, Pascale. Gestion des déchets de chantier ; guide méthodologique. AFNOR, 2004, page 28. 24 Chapitre 1 : recherche théorique lixiviation, à la teneur intrinsèque en éléments polluants, à l'environnement immédiat de l'ouvrage routier ainsi qu'à la mise en œuvre du matériau routier. 49 III.3 Le recyclage Le recyclage consiste à réintroduire des déchets dans le cycle de fabrication du matériau générateur de déchets ou à s’en servir comme matière première pour la fabrication d’autres matériaux. Il permet de réduire les ressources utilisées en matières premières et d’économiser de l’énergie. 50 III.3.1 Recyclage des déchets inertes Les centres de recyclage des déchets inertes assurent leur concassage, après tri et déferraillage, pour être ensuite réemployés dans la fabrication de béton ou d’enrobé bitumineux ou réutilisés en technique routière (sous-couche de fondation et de base des routes). Un tri préalable plus ou moins poussé peut être exigé, de manière à ce que les déchets acceptés ne contiennent pas de bois, polystyrène, plâtre…51 Les coûts du recyclage d’un déchet inerte est en général faibles et en dessous des prix des dépôts en décharge. III.3.1.1 Le béton : Le béton est un produit valorisable et des plates-formes de recyclage voient le jour, des granulats issus du béton recyclé sont employés en substitution aux granulats naturels. Trié, concassé et déferraillé, le béton recyclé est présenté sous forme de gravillons ou de graves. Il trouve des débouchés en sous-couche routière en remplacement de granulat naturel. De même, les graviers peuvent être réutilisés en construction pour être incorporés au sable et au ciment et produire à nouveau du béton. En amont, les entreprises doivent débarrasser les déchets de béton de tous les autres matériaux apportés par les corps d’état secondaires. Le soin donné à la qualité des apports est très important pour une bonne valorisation du béton, ce qui implique un tri rigoureux sur les chantiers de démolition. Car si tous les bétons peuvent être recyclés, ils ne sont cependant pas de même qualité. 52 49 http://www.actu-environnement.com/ae/news/machefers-incineration-dechets-recyclagetechnique-routiere-arrete-14257.php4 visité le 19/09/2012 ; article : Recyclage des mâchefers en technique routière : l'arrêté est paru publié ; le 30 novembre 2011 ; Laurent Radisson. 50 MAES, Pascale. Gestion des déchets de chantier ; guide méthodologique. AFNOR, 2004, page 21. 51 Idem, page 21-22 52 Idem, page 22 25 Chapitre 1 : recherche théorique Inconvénients : Les granulats recyclés représentent une part minime des granulats utilisés pour réaliser les routes ; Il n’existe pas de norme relative à la qualité des granulats recyclés ; les granulats recyclés de bonne qualité sont au même prix que les autres par manque de volume utilisé ; Avantages Limiter les extractions des gravats en carrière et les transportes par l’emploi de matériaux locaux. Réduire le volume du déchet mis en décharges. Etapes du recyclage : Exemple d’une plateforme de recyclage de béton « Y Prema » 53 A chaque livraison, l’origine des matériaux est relevée. Les bétons intégrant peu d’armatures métalliques sont séparés de ceux fortement armés ; Les premiers sont éclatés à l’aide d’un brise-roche hydraulique et les seconds écrasés avec une cisaille, de manière à ce que les grosses ferrailles ne perturbent pas la phase de concassage ; Les blocs passent ensuite dans un concasseur à percussion qui les broie ; Les bris de matériaux passent sous un électro-aimant, qui récupère tous les éléments métalliques qui sont eux aussi recyclés ; puis sur des grilles de criblage qui séparent les produits par granulométrie. Cela permet d’obtenir des cailloux et des graves de différents calibres. Tests effectués sur le béton à recycler : Des essais sont effectués sur des échantillons de béton prélevés quotidiennement, ces tests servent à définir la qualité du matériau et sa capacité d’application : un test au bleu pour cerner leur niveau de propreté. un essai micro-Doval pour déterminer leurs caractéristiques mécaniques. un test de densité Proctor pour évaluer leur teneur en eau. En cas de présence de plâtre ; un essai spécifique est pratiqué pour mesurer la teneur en sulfate. III.3.1.2 Le verre La composition du verre : sable pur ou quartz, oxydes de sodium, potassium, oxydes de baryum, magnésie, chaux, calcin (verre de récupération broyé). Donc le verre récupéré constitue une matière première pour la fabrication du verre. 53 MAES, Pascale. Gestion des déchets de chantier ; guide méthodologique. AFNOR, 2004. 26 Chapitre 1 : recherche théorique Rôle du verre récupéré « le calcin » ; ajouté à la silice, le calcin (débris de verre) sert de liant au mélange fondu et contribue (avec d’autres composants qui sont les fondants : oxydes de sodium, potassium, …) à abaisser la température de fusion, ainsi la fabrication de verre devient nettement plus aisée. D’autres adjuvants sont nécessaires : les stabilisants (oxydes de baryum, magnésie, chaux, ...), le verre fabriqué ne sera plus soluble dans l'eau. Toutes ces matières sont ensuite mélangées dans un mélangeur. Une fois la pâte homogène, elle est mise dans un four. Matières rejetées : lors de sa fusion, la pâte de verre dégage une importante quantité de gaz carbonique ; des agents affinants sont alors introduits pour faciliter l'évacuation des bulles de gaz. Transformation : la pâte de verre refroidie peut être transformée par les machines de formage. Le produit transformé est ensuite recuit (réchauffement et refroidissement dans des conditions particulières) pour éliminer les tensions internes qui rendraient le produit trop fragile. Le calcin, principale matière première verrière : Des dispositifs de détections des polluants du verre sont présents sur une chaine de contrôle par laquelle doit passer le verre récupéré pour qu’il soit débarrassé des impuretés comme : les particules d'infusibles, les éléments organiques, les métaux et alliages métalliques, les verres autres que le verre ménager (ex : tube cathodique, pare-brise, ...)., car la présence de polluants pourrait fragiliser le verre et le rendre impropre à la commercialisation. Le verre broyé (appelé calcin) est ensuite nettoyé, calibré voire trié par couleurs et envoyé aux industries verrières pour y être refondu. Certains peuvent utiliser plus de 95 % de calcin dans leur production. Avantage : L'utilisation du calcin permet : d'éviter l'extraction de matières premières naturelles ; d'économiser 60 kg de fuel par tonne de calcin utilisé pour l'extraction et le transport des matières premières naturelles ; d'économiser 40 kg de fuel par tonne de calcin enfourné : la fonte du calcin nécessite moins d'énergie que celle des matières premières naturelles ; de limiter le rejet de gaz polluants dans l'atmosphère. Les propriétés du verre recyclé : Le verre peut se recycler indéfiniment en gardant toutes ses propriétés mécaniques et physico-chimiques. Le verre recyclé peut être alors utilisé aussi dans les emballages alimentaires. 27 Chapitre 1 : recherche théorique III.3.2 Recyclage des déchets non dangereux : III.3.2.1 Les métaux Le recyclage des métaux ferreux et non ferreux (fonte, aluminium, cuivre, zinc, acier,…) se pratique depuis longtemps dans les fonderies54. En provenance du béton armé, de canalisation, de charpentes et structures métalliques, les métaux représentent un taux relativement important de la construction. Les déchets métalliques peuvent être, selon les cas, rachetés, récupérés gratuitement ou à un faible coût. III.3.2.1.1 L’acier : La fabrication de l'acier consiste à donner à la fonte (impureté présente dans le fer qui, sous l’effet de la chaleur, se sépare du minerai) la teneur voulue en carbone tout en enlevant les impuretés restantes ; le mélange est alors versé dans un four dans lequel sont ajoutés divers éléments (aluminium, manganèse, chrome, ...) en fonction de l'utilisation et des propriétés requis (acier inoxydable, « élastiques » pour les ressorts, déformable, très résistant, …), la résistance d'un acier peut également être obtenue par traitement thermique (trempe) ou par traitement mécanique (écrouissage). L'acier liquide est ensuite laminé pour former de fines bandes de tôles qui sont enroulées en bobines. Les bobines sont alors prêtes à être utilisées par d'autres transformateurs pour la fabrication de produits finis. L'acier, un matériau facilement récupérable et recyclable : L'acier, grâce à son magnétisme, qualité naturelle et unique, se récupère facilement - par simple aimantation - quel que soit le mode de traitement des déchets : tri après incinération, déchetteries, tri hors compost, tri sélectif. Recyclage de l’acier : après le tri, les ferrailles récupérées sont broyées et compactées pour retourner en production : refondues par la filière électrique, ou retournent dans la filière à oxygène (fonte). Avantages : 54 L'acier peut être indéfiniment recombiné dans de nouveaux usages. En passant par le stade "ferraille", il retourne à l'état d'acier neuf et constitue l'exemple même du matériau recyclable et recyclé. Les économies réalisées pour la fabrication d'1 tonne d'acier lorsque 100% de ferrailles sont utilisés à la place de la fonte correspondent à : 1,5 tonne de minerai de fer, 0,5 tonne de coke, 70% d'énergie, 40% d'eau Comme celui des autres matériaux, le recyclage de l'acier évite les coûts de mise en décharge ou d'incinération ainsi que ceux des matières premières vierges qu'il remplace. Enfin, un véritable gisement d'emplois s'est créé grâce aux activités nouvelles liées aux opérations de collecte et de traitement des produits en fin de vie. MAES, Pascale. Gestion des déchets de chantier ; guide méthodologique. AFNOR, 2004, page 23. 28 Chapitre 1 : recherche théorique Propriétés de l’acier recyclé : Les propriétés de l'acier recyclé sont les mêmes que celles de l'acier issu de la filière fonte et ce, quel que soit le nombre de cycle qu'il effectue. En effet, le fer qui le constitue ne se dégrade pas à la refusion et les mêmes traitements thermiques et mécaniques peuvent lui être appliqués pour obtenir un acier spécifique : acier inoxydable, acier "élastique", acier déformable, .... De ce fait, on retrouve l'acier recyclé dans les mêmes applications que celles de l'acier issu de la fonte : charpentes de bâtiment, rails ferroviaires, tuyauteries ... III.3.2.1.2 L’aluminium Contrairement aux autres métaux courants, l’aluminium n’est extrait de ses minerais, n’existant pas à l’état naturel, son élaboration demande énormément d’énergie. La production d'aluminium s'effectue par électrolyse de l'alumine : l'aluminium se dépose au fond de la cuve contenant au départ l'alumine (l’alumine est la matière première à la production de l’aluminium ; elle provient de la bauxite) mais également du carbone et de la cryolithe. C'est cette phase qui est dévoreuse d'énergie. L'aluminium ainsi obtenu est transporté dans un four pour y être « ajusté » avec d'autres métaux avant d'être solidifié sous différentes formes. Propriétés A l'état pur, l'aluminium ne possède pas de bonnes propriétés mécaniques mais, comme pour l'acier, elles évolueront grâce aux différents traitements thermiques et mécaniques qu'il subira lors de sa fabrication. L'addition de petites quantités de silicium, de zinc, de cuivre, ... permet d'obtenir des alliages d'aluminium qui ont alors des propriétés comparables voire supérieures à celles des aciers : densité faible (l'aluminium est 3 fois plus léger que l'acier), imperméabilité aux liquides et aux gaz, résistance aux variations de température, résistance à la corrosion, facilité de façonnage, .... Impact écologique : Le processus de fabrication exige d’énormes quantités d’électricité. Dans le traitement du minerai, de grandes quantités de boues rouges sont produites, elles peuvent causer d’énormes problèmes de pollutions si leur élimination n’est pas contrôlée. Le procédé de raffinage pollue l’air et laisse des déchets de fabrication importants à mettre en décharge. L'aluminium, un matériau facilement récupérable et recyclable L'aluminium peut être facilement récupéré par tri manuel ou par tri automatique (courant de Foucault) dans les centres de tri. Ce procédé, basé sur le magnétisme induit, permet d'isoler tous les métaux non ferreux des autres déchets. Recyclage de l’aluminium L'aluminium se recycle totalement (à 100%) et indéfiniment. L'aluminium récupéré est broyé et nettoyé de ses impuretés (autres métaux non ferreux, produits 29 Chapitre 1 : recherche théorique organiques,...). Il est ensuite compacté pour être réintroduit dans le cycle de production chez les affineurs ou les unités de refusion. Avantages : Le recyclage de l’aluminium permet d'économiser 95% de l'énergie nécessaire à la production d'aluminium à partir de l'alumine. Pour obtenir 1 tonne d'aluminium, il fallait : 2 tonnes d'alumine, provenant de 4 tonnes de bauxite. Comme celui des autres matériaux, le recyclage de l'aluminium évite les coûts de mise en décharge ou d'incinération ainsi que la consommation des matières premières, et il permet la création des emplois liés aux activités de collecte, de tri, ... Propriétés de l’aluminium recyclé : L'aluminium recyclé présente les mêmes propriétés que celui issu de l’électrolyse de l'alumine, de ce fait, il peut avoir les mêmes usages que ce dernier : emballage, pièces d’automobiles, menuiserie, mobilier urbain, profilés pour le bâtiment, radiateurs, vérandas, câbles électriques, …. III.3.2.2 Les bois Les déchets de bois sont issus de la mise en œuvre (coffrages, chutes) ou de déconstruction (menuiseries, ….), ils sont adjuventés ou traité (colles, produits de préservation, peintures …) ou souillés (ciment, mastic, huile de décoffrage…). Recyclage du bois : Le bois peut être, selon son taux de propreté, recyclé en : caisses, cagettes, palettes, panneaux d'agglomérés, papier, produits de calage ... III.3.2.3 Le plâtre Les déchets de plâtre sont recyclés en cloisons et plaques, et pour l’être, ces déchets doivent être triés avec précaution et correctement abritée des intempéries. En générale les déchets pouvant être recyclés sont ceux issus de plaques et de carreaux de plâtre, à l’exception du plâtre associé à du polyester ou hydrofuge. Recyclage du plâtre ; exemple de l’entreprise Lafarge Plâtres (France) : En 2001, la première expérience de recyclage pour cette usine fut le recyclage de 400 tonnes de déchets de carreaux de plâtre provenant de travaux de rénovation et de démolition. Depuis, l’usine procède à la valorisation de ce type de déchets d’une manière coutumière (environ 200 tonnes par an). Les carreaux de plâtre sont obtenus par moulage d’un mélange de plâtre et d’eau, ensuite passé en étuve. Le produit fini est donc chimiquement semblable à la matière première, ce qui permet de réincorporer les déchets de carreaux de plâtre, concassés et broyés, dans le process de fabrication du plâtre. 30 Chapitre 1 : recherche théorique Le problème majeur réside dans la qualité du déchet, pour cela il faut procèder à un tri mécanique et manuel pour séparer les déchets de carreaux de plâtre de tous les autres matériaux (papier, carrelage, bois, peinture…). Le procédé de mise en œuvre à Auneuil pour recycler les déchets de carreaux de plâtre comporte les étapes suivantes : réception et contrôle des déchets, introduction en mélange avec des rebuts de plaques de plâtre dans la trémie d’un broyeur de déchets, stockage sur le site, reprise des déchets en mélange avec le gypse naturel pour la cuisson et fabrication de plâtre. A ce stade, les déchets sont complètement intégrés au flux de matières de l’usine. Coût du recyclage : le traitement coûte à l’usine 15 € la tonne + 20 € pour le tri et le transport au lieu de 60 € la tonne pour leur mise en décharge. III.3.2.4 Matières plastiques III.3.2.4.1 Le polychlorure de vinyle (PVC) : Le PVC est obtenu d’une réaction de polyaddition de l’éthylène (monomère obtenu par vapocraquage du pétrole raffiné et distillé), et de chlore sous forme de gaz (isolé à partir de l’acide chlorhydrique ou à partir du sel chlorure de sodium par électrolyse), le produit est ensuite transformé et façonné par : extrusion (suivie ou non par le soufflage), injection, calandrage ou par le moulage par rotation. Le PVC est rigide, mais après l'addition d'un plastifiant, il devient souple. Propriétés isolant électrique, thermique et phonique, très résistant à la plupart des agents agressifs, résistant au vieillissement, léger, ce qui facilite sa mise en œuvre, particulièrement étanche aux gaz et aux liquides,... Recyclage du PVC Le PVC qui peut être recyclé provient des profilés de fenêtres, tubes et raccords, et il peut être réutilisé pour la fabrication de ces mêmes produits. Avantages : le coût de fabrication est moins élevé avec de la matière recyclée qu'avec de la matière vierge. le recyclage du PVC permet également de réaliser des économies d'énergie lors de sa fabrication. Comme celui des autres matériaux, le recyclage du PVC évite les coûts de mise en décharge ou d'incinération ainsi que la consommation des matières premières, et il permet la création des emplois liés aux activités de collecte, de tri, ... 31 Chapitre 1 : recherche théorique Propriétés du PVC recyclé : Les propriétés du PVC recyclé sont pratiquement les mêmes que celles du PVC vierge puisque sa composition est quasiment identique. C'est pourquoi il a trouvé de nombreux débouchés dans le bâtiment, les travaux publics. Quelques exemples de produits fabriqués entièrement ou partiellement à partir de PVC recyclé : canalisations, dallages de sols, menuiseries (fenêtres et portes), lambris, plinthes cache fils, revêtements muraux, revêtements de sols, tuyaux, coffrages, peintures anti-crissements, sols de terrains de sport… Impact écologique : Une contamination potentielle de l’environnement par le plomb, le cadmium, les phtalates55 est possible en fin de vie du matériau. La présence des métaux lourds soulève des problèmes spécifiques en raison de leur dilution possible dans une nouvelle gamme, éventuellement plus large, de produits. III.3.2.4.2 Le polyéthylène (PE) Le polyéthylène est une macromolécule obtenu de la polymérisation de l’éthylène, ce dernier est un monomère qui, entre autre, est issu du naphte (fraction légère du pétrole distillé après raffinage). Il existe 2 types de PE ; suivant leur procédé de fabrication, et ils possèdent des propriétés spécifiques et donc des applications différentes : le PE basse densité (PEbd ou PEld) le PE haute densité (PEhd) Le polymère est transformé en produits finis grâce à des techniques diverses : extrusion (suivie ou non par le soufflage), injection, enduction, rotomoulage, ... selon le type de pièces voulu. Propriétés matériau imperméable à l'eau, aux carburants, aux gaz, et aux UV moulable et de pertes électriques faibles. résistant aux chocs. A forte inertie chimique, résistance thermique et mécanique. Le recyclage du PE Pour la fabrication du mobilier urbain ou de jardin (poteaux et barrières, pots et bacs de fleurs,…), les emballages ayant contenu des produits dangereux (huiles de moteurs, produits chimiques, peintures,...) ne peuvent pas être recyclés. Quelques exemples de produits fabriqués entièrement ou partiellement à base de PE recyclé : films d'étanchéité, gainage électrique, tubes, tuyaux, canalisations (gaz, eau), conteneurs, poubelles, plaques pour cloisons, écran antibruit, regards, réservoirs et collecteurs d’eau de pluie, … 55 Les phtalates sont un groupe de produits chimiques dérivés de l’acide phtalique. 32 Chapitre 1 : recherche théorique Propriétés du PE recyclé : Pour que le PE garde toutes ses propriétés en tant que matière première secondaire, un tri de qualité est obligatoire. Dans ce cas, il est possible d'utiliser le PE régénéré pour les mêmes applications que le PE vierge. III.3.2.4.3 Le polyéthylène téréphtalate (PET) Le PET est fabriqué à partir de deux molécules (l'éthylène glycol ; un alcool dérivé de l'éthylène, et l'acide téréphtalique) obtenues du « craquage » du naphte (qui est issu de la distillation du pétrole raffiné). Comme pour tous les thermoplastiques, le PET est transformé de l'état de granulés en produits finis par différentes méthodes : injection soufflage, extrusion, étirage, thermoformage. Chaque méthode permet de fabriquer un certain type de produit. Propriétés Transparence, brillance, résistance aux chocs, à la pression, aux gaz, à la traction. Recyclage du PET Un tri doit être effectué afin d’obtenir un produit de qualité pur à 100%, ce tri doit être irréprochable ; la présence de PVC, aussi minime soit-elle rend le lot inutilisable. Les produits en PET collectés subissent les étapes suivantes : broyage, lavage, obtention de paillettes, granulation ou filage pour être transformées en produits finis. Avantages la fabrication de PET recyclé consomme moins d'énergie que la fabrication du PET vierge, dans certaines conditions, la matière première secondaire peut être meilleur marché que la matière première vierge ; Comme celui des autres matériaux, le recyclage du PET évite les coûts de mise en décharge ou d'incinération ainsi que la consommation des matières premières, et il permet la création des emplois liés aux activités de collecte, de tri, ... Propriétés du PET recyclé Comme le PET peut conserver sa pureté lors du cycle de recyclage, ses propriétés sont conservées. Il peut donc le remplacer intégralement dans certaines de ses utilisations. III.3.2.4.4 Le polypropylène (PP) Le polypropylène est formé par polyaddition du propène (ou propylène) ; molécule issue du naphte (obtenu après raffinage et distillation du pétrole). 33 Chapitre 1 : recherche théorique Le PP, à l'état de granulés, est moulé en produits finis. Ses principales techniques de transformation sont : l'injection, l'extrusion, le moussage et l'enduction. Propriétés Facilité de moulage, résistance aux températures, aux chocs, aux rayures, à la pliure, résistance chimique, transparence, légèreté, rigidité. Recyclage du PP Durant le tri du PP, il est possible de l'isoler des autres plastiques par la méthode de flottaison, chaque polymère ayant une densité spécifique. Le PP peut aussi être récupéré avec d'autres plastiques pour former de nouveaux produits finis en plastiques mélangés. Propriétés du PP recyclé Les propriétés du PP recyclé sont quasiment identiques au PP vierge, il peut être utilisé pour la fabrication de beaucoup de produits : conteneurs, films, sacs tissés, tubes rigides, revêtements de sols textiles… III.3.2.4.5 Les plastiques mélangés Dans la plasturgie, des polymères peuvent être constitués à partir d’assemblage de 2 ou 3 monomères différents (assemblage au niveau moléculaire). Ces polymères, appelés copolymères et terpolymères, permettent, selon les réactions chimiques qui les ont produits, de combiner leurs propriétés. Par exemple, inclure des nodules de butadiène (caoutchouc) dans un plastique rigide lui permettra de mieux résister aux chocs. Le mélange de plastiques, lui, se situe au niveau macroscopique ; Ce type de mélange est constitué de déchets plastiques dont le recyclage individuel n'est pas organisé, ces plastiques de toutes natures et de toutes origines (PE, PET, PP, PVC,...). Ils peuvent être divisés en 2 catégories : les plastiques lourds ou rigides (flacons, bouteilles, emballages rigides, ...) les plastiques légers ou souples (films plastiques, suremballages, sacs plastiques,...). Recyclage des plastiques mélangés Les deux types de plastiques mélangés sont préparés presque de la même manière : Les plastiques lourds sont broyés, puis sont débarrassés des dernières impuretés métalliques et infusibles (sable, verre). Les plastiques légers sont déchiquetés, déferraillés puis densifiés. Cette dernière opération permet d'obtenir des granulés ayant une densité apparente proche de celle des plastiques lourds. Lors du recyclage, des compatibilisants peuvent être introduits dans le mélange afin de favoriser une meilleure homogénéité. Les techniques de transformation sont les mêmes que celles utilisées pour les thermoplastiques vierges. 34 Chapitre 1 : recherche théorique Quelques exemples de produits fabriqués entièrement ou partiellement à partir de plastiques mélangés : mobilier urbain et de jardin, équipements de terrain de jeu, planchers, revêtement de sol et mural, tuiles, conteneurs de collecte et poubelles, tubes, poteaux, clôtures et barrières, cloisons et murs anti-bruit, éléments de drainage, remblais légers… Avantages il permet de récupérer des déchets qui ne peuvent être recyclés indépendamment le circuit de recyclage est plus court que celui des autres matériaux, en l’absence des opérations de tri et de lavage. le prix de revient des plastiques mélangés est très bas, ils permettent de réaliser une économie sur les matières premières qu'ils remplacent. Les plastiques mélangés résistent aux milieux agressifs tels que les insectes, les intempéries ou le milieu marin. Ils sont également plus légers. Comme celui des autres matériaux, le recyclage des plastiques mélangés évite les coûts de mise en décharge ou d'incinération, et il permet la création des emplois liés aux activités de collecte, de tri, ... Propriétés des plastiques mélangés recyclés Les caractéristiques mécaniques de ces plastiques, étant mélangés, ne sont pas optimales mais elles sont compensées par la forme des pièces fabriquées. Exemple : la rigidité est fonction de l'épaisseur de la pièce, ainsi les pièces fabriquées à partir de plastiques mélangés sont massives. III.3.2.4.6 Le polystyrène expansé (PSE) Le PSE non souillé (chutes de blocs coffrant, emballages) peut être recyclé. Il est densifié à froid puis les blocs compactés sont broyés et injectés dans la fabrication de plaques d’isolation. Exemples de recyclage du PSE : La société Qualiroc à St Egrève (France), fabrique des billes de 2 à 5 mm de diamètre à base de PSE recyclé, ces billes sont insérées dans le béton ou dans la fabrication de briques, elles permettent d’alléger les matériaux de construction. La société Lafarge à L’Isle sur la Sorgue (France) propose des panneaux isolants en parti à base de plâtre et de PSE recyclés. III.3.2.5 Papiers / cartons : Le papier est fabriqué à partir de la pâte à papier issue de matières végétales (notamment le bois), la formation de la feuille sur machine à papier exige une grande consommation d'énergie mécanique et thermique. Cette étape doit permettre de rapprocher les fibres pour les enchevêtrer ainsi que d'éliminer l'eau encore présente afin d'obtenir une bande sèche et de texture solide. 35 Chapitre 1 : recherche théorique Recyclage du papier Les papiers et cartons récupérés sont souvent déchiquetés, mis en balles en vue de recycler. Lors du recyclage, ils sont mis en suspension en milieu aqueux, réduits à l'état de fibres et constituent, après malaxage, homogénéisation et désencrage, une matière première pour la production de papiers ou de cartons ; les fibres cellulosiques de récupération (FCR) peuvent être employées à des degrés divers dans n'importe quel secteur de l'industrie papetière. Quelques exemples de produits fabriqués entièrement ou partiellement à partir de FCR : cloisons, isolants phoniques et thermiques, revêtements de sol et mural (exemple : du papier mural à peindre), clôtures à base de FCR et de plastiques recyclés, … Avantages Les papiers et cartons recyclés présentent de multiples avantages par rapport au papier classique : Le recyclage est le plus avantageux en matière de coût comparé aux autres modes de traitement (une économie peut être réalisée si la valorisation matière est choisie par rapport à la valorisation énergétique). Les opérations de recyclage des FCR sont également très économes en matière première (le bois), en énergie (réduction de 28 à 50%), en eau et en produits chimiques nécessaires à la fabrication classique du papier : environ 1 tonne de vieux papiers permet de fabriquer 1 tonne de pâte recyclée alors qu'il faut 2 à 3 tonnes de bois pour fabriquer 1 tonne de papier classique. Comme celui des autres matériaux, le recyclage de papier et carton évite les coûts de mise en décharge ou d'incinération, et il permet la création des emplois liés aux activités de collecte, de tri, ... Propriétés du papier recyclé Les différentes caractéristiques du papier s'appliquent également au papier recyclé (poids au mètre carré, qualités d'aspect, état de surface, ...). Les papiers et cartons recyclés peuvent être retransformés en produits similaires avec les mêmes propriétés que les produits issus du premier cycle. III.3.3 Recyclage des déchets dangereux : Vu le potentiel polluant des déchets dangereux et les risques qu’ils présentent pour l’environnement et la santé de l’homme, leur recyclage demande une technicité particulière et accrue, qui induit une dépollution et une décontamination (pour les déchets souillés) ; opérations qui peuvent être coûteuses et non rentables comparées aux autres types de traitements (notamment la mise en décharge). C’est pour ces raisons que certains des pays occidentaux envoient en Asie ou en Afrique des déchets, au traitement jugé trop polluant ou trop peu rentable, pour être recyclés, comme pour le cas des déchets électroniques (ordinateurs, 36 Chapitre 1 : recherche théorique téléphones portables…) sachant que plusieurs des leurs composants sont toxiques (cadmium, plomb, mercure), non seulement cette activité met en danger la santé des travailleurs, dont les conditions de travail demeurent inadaptées aux substances qu’ils manipulent, mais elle contamine l’air, les sols et les nappes phréatiques. Afin de limiter ces pratiques illicites, la convention de Bâle (institution intergouvernementale créée en 1989 sous l’égide des Nations Unies), est chargée de contrôler et de réglementer la production ainsi que les mouvements transfrontaliers des déchets. III.3.3.1 Les équipements électriques, électroniques et électroménagers (DEEE ou D3E) Les D3E peuvent être recyclés en deux manières : la valorisation matière : les constituants de l'appareil sont partiellement ou totalement réutilisés. Les pièces sont reconditionnées ou remises en état. le démantèlement : il consiste à retirer les composants contenant des substances dangereuses afin d'obtenir des sous ensembles de pièces aptes à être valorisées, par exemple les cartes électroniques, les tubes cathodiques, les boîtiers plastiques et différentes pièces métalliques... III.3.3.2 Solvants Les solvants peuvent être réutilisés après régénération par distillation.56 III.3.3.3 Huiles usagées et hydrocarbures : Un traitement physico-chimique approprié peut rendre ces fluides réutilisables. 57 Conclusion D’une manière conventionnelle, les déchets du bâtiment sont classés selon leur potentiel polluant en 3 classes (inertes, non-dangereux, et dangereux) ; de ce fait, il est important de réaliser une gestion optimale de ces déchets afin d’éviter tout risque de nuisance sur l’environnement et la santé publique. Pris séparément les uns des autres, les déchets du bâtiment présentent un gisement valorisable rentable, cependant, ces derniers sont difficilement valorisables compte tenu des difficultés technico-économiques rencontrées pour séparer les matériaux les uns des autres. Aussi, un autre problème réside dans la dangerosité de certains matériaux jugés polluants et nocifs pour la santé publique. 56 http://www.actu-environnement.com/materielsservices/produit/valorisation_dechets_dangereux_solutions_techniques_performantes_125 5.php4 Valorisation des déchets dangereux : des solutions techniques performantes, visité le 20/09/2012 57 http://www.actu-environnement.com/materielsservices/produit/valorisation_dechets_dangereux_solutions_techniques_performantes_125 5.php4 Valorisation des déchets dangereux : des solutions techniques performantes, visité le 20/09/2012 37 Chapitre 1 : recherche théorique Une autre difficulté, celle de la coordination de la collecte et du tri, du chantier aux filières de traitement, si toutefois leurs proximités est économiquement acceptable. Mais aussi des moyens techniques et humains disponibles (le tri nécessite des connaissances spécifiques, et une main d’œuvre qualifiée). A l’avenir, la déconstruction sélective et la démarche de construction durable comme par exemple la Haute Qualité Environnementale (HQE) pourraient permettre une progression de la gestion de démolition.58 58 DJELAL, Hayet, et NOUVEL, Valérie. Gestion des déchets de démolition et environnement. 26ème rencontre universitaire de géni-civil, Nancy, 4 au 6 juin 2008. 38 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude 39 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude Introduction : Après la recherche théorique sur le thème des déchets du bâtiment, ce présent chapitre abordera le sujet selon le cas d’étude requis qui est le séisme de Boumerdès de 2003. Le cas d’étude (séisme 21 mai 2003 de Boumerdès) I I.1 I.1.1 Le séisme (généralités) : Définition : Séisme ; provient du mot grec seismos, signifiant secousse. C'est donc un mouvement, plus ou moins violent, du sol. Ce mouvement aléatoire peut être décomposé dans les trois directions : nord-sud, est-ouest et verticale. I.1.2 Caractéristiques : Le foyer ou hypocentre : Le foyer d’un séisme est l’endroit où se produit la rupture, qui se propage au long d’une faille. L’épicentre : Il correspond à la projection de l’hypocentre à la surface du globe, et en général, il est associé au mouvement sismique le plus élevé. L’intensité Elle caractérise les effets et les dommages d’un séisme en un lieu donné. Pour un séisme, l’intensité diminue avec la distance, elle rend compte d’un certain état de l’environnement humain face à l’occurrence d’un séisme (constructions importantes, état de la construction, degré de préparation de la population…). La magnitude Mesure l'énergie émise sous forme d'ondes élastiques. Introduite par Richter en 1935. La magnitude du séisme dépend de la distance entre l'épicentre et le foyer. Pour une même magnitude, plus le foyer est profond, plus la zone sinistrée est étendue et moins l'intensité au niveau de l'épicentre est élevée. I.2 I.2.1 Le séisme de Boumerdès 2003 : Le séisme du 21 mai 2003 : Le 21 mai 2003 à 19h44 (heure locale), un séisme de magnitude 6,8 sur l'échelle de Richter a ébranlé la région centre de l'Algérie, où plusieurs wilayas ont été touchées (principalement Alger et Boumerdès, mais aussi Tizi-Ouzou, Bouira et Blida), son épicentre a été situé en mer, à 7 Km au Nord de la ville de Zemmouri. Ce séisme a été largement ressenti dans les wilayas alentour (Medéa, Tipaza, Bejaïa, Bouira, etc.), et jusque dans les îles Baléares au nord à 300 km de 40 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude l'épicentre. Le choc principal a été suivi, dans les jours suivants, de centaines de répliques, la plus forte atteignant une magnitude de 5.8. Les stations du réseau Accélérométrique du CGS installées dans la région ont enregistré le choc principal et les principales répliques. Les sites au niveau desquels ont été enregistrés des dégâts matériels et corporels importants sont Boumerdes ville, Dellys, Zemmouri, Corso, Reghaia, Boudouaou, Bordj El Bahri, et d’autres localités encore. 59 Figure 2 : région touchée par le séisme du 21 mai 2003 60 Tableau 1 : magnitudes et coordonnées épicentrales enregistrées dans différents Instituts dans le monde 61 : Institut Magnitude Latitude Longitude Profondeur IISEE (Japon) 6.9 36.89N 03.78E 10 Km USGS 6.8 36.90N 03.71E 10 Km CSEM 6.8 37.02N 03.77E 02 Km CGS* 7.0 36.81N 03.53E CRAAG 6.8 36.91N 03.58E * résultats obtenus à partir des enregistrements du réseau d’accélérographes I.2.2 Les répliques : Dans les heures qui ont suivi le choc principal, plusieurs répliques ont été enregistrées avec des magnitudes variant de 3 à 5 sur l’échelle de Richter. Les plus fortes d’entre elles ; une réplique de 5,7 de magnitude à été enregistrée à 59 Rapport « Le séisme de Zemmouri-Boumerdès du 21 mai 2003 ; évaluation et causes des dommages » ; CGS (Centre National de Recherche Appliquée en Génie Parasismique). 60 Idem 61 Idem 41 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude 19H51, et plusieurs répliques de 5,2 de magnitude enregistrées à 20H02, 21H30 et à 21H52.62 Et durant le premier mois après le séisme, il y a eu plus de 240 répliques, les plus fortes enregistrées ; celle du 27-05-2003, a atteint une magnitude de 5,8 sur l’échelle de Richter, et celle du 10-01-2004 avec une magnitude de 5,7, ainsi que plusieurs d’autres répliques dont la magnitude variait de 3 jusqu'à 4 sur l’échelle de Richter.63 Les mécanismes au foyer de ces répliques sont cohérents avec celui déterminé pour le choc principal. I.2.3 Les dégâts humains et matériels : Environ une semaine après la catastrophe, un bilan provisoire fut établi, dans lequel 52 communes ont été déclarées sinistrées dont 23 sont situées dans la wilaya de Boumerdès, 20 appartiennent à la wilaya d’Alger, et 3 situées dans la wilaya de Tizi Ouzou. A Boumerdès, il s’agit des localités suivantes : Corso, Tidjalabine, Zemmouri, Bordj Menaiel, Djint, Legata, Boudouaou, Ouled hadadj, Boudouaou el Bahri, Dellys, Benchhoud, Sidi Daoud, Baghlia, Thénia, Béni Amran, Issers, Si Mustapha, Timzrit, Ouled Moussa, Hammadi, Khemis El Khechena et Naceria. A Alger, ce sont les localités de Rouiba, reghaia, Heraoua, Ain Taya, Bordj el Bahri, Bordj El Kiffan qui sont déclarées sinistrées. Le reste des communes ont été déclarées partiellement sinistrées. A Tizi-Ouzou, ce sont Sidi Naamane, Tigzirt et Tadmait. Dans ces communes sinistrées (notamment dans la wilaya de Boumerdès, où les dégâts sont considérables), des milliers de personnes ont dû quitter leurs domiciles, gravement dégradés voire détruits par la secousse, et furent installés provisoirement dans des tentes. Le bilan définitif annoncé par le ministère de l’intérieur fait état de 2278 morts et 11450 blessés64. 76 communes ont été déclarées sinistrées, dont 32 dans la wilaya de Boumerdès (soit la totalité des communes de la wilaya), le reste des communes réparties sur Alger et autres wilayas qui ont été touché mais avec moins de d’ampleur (Tizi-Ouzou, Bouira, Béjaia, M’sila, Médéa, Ain Defla, Blida, Tipaza et Chlef). 44000 familles se sont retrouvées sans toit, dont 28000 à Boumerdès, 208043 logements endommagés, dont 17639 irrécupérables. Les infrastructures : plus de 6000 édifices publiques endommagés ou détruits (plus de 2000 établissement scolaires et d’enseignement supérieurs, environ 800 bâtiments administratifs, plus de 200 structures sanitaires, plus de 600 commerces, …). Les dégâts ont été estimés à 5 milliards de dollars, soit 157 milliards de dinars. 62 Valeurs communiquées par le ReNaSS de Strasbourg Valeurs communiquées par le CRAAG. 64 REBAH, M’hamed. Les risques écologiques en Algérie. Les éditions APIC, 2005. 63 42 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude I.3 I.3.1 Evaluation de l’état du bâti après le séisme ; l’opération de l’expertise : Les prestataires de l’opération : Dans la semaine qui a suivi le séisme, une mission d'expertise et d'évaluation technique des constructions a été lancée par le Ministère de l'Habitat, dans le but de dresser un bilan complet sur l’état du bâti afin de permettre, par la suite, le relogement des sinistrés dans les logements n’ayant subi aucun ou peu de dégâts, la réouverture des équipements publics dans des conditions de sécurité optimales, et aussi pour l’établissement d’un bilan des destructions. L’opération a mobilisé plus de 700 ingénieurs, techniciens et experts, notamment des services du CTC, mais aussi du CGS, des services techniques de l'administration locale (DUC et DLEP), des OPGI, bureaux d'études, … Les équipes d’experts procéderont à une classification des édifices à restaurer, à consolider ou à détruire. Une deuxième opération d’expertise plus approfondie est programmée pour les ouvrages classés orange niveaux 3 et 4 (la classification sera expliquée ultérieurement), cette deuxième expertise pourrait éventuellement aboutir à des conclusions et recommandations différentes, à savoir un reclassement des édifices. I.3.2 Les modalités de l'opération : Il s’agit d’inventorier les bâtisses utilisables immédiatement, celles qui nécessitent des réparations et/ou renforcement, et celles qui sont irrécupérables (à démolir). Une fiche regroupant une soixantaine d'informations a été utilisée pour la circonstance ; l’exemple ci-dessous : 43 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude SEISME DE BOUMERDES 21.05.03 FICHE D'EVALUATION DES DOMMAGES Code Inspecteur : Date : IDENTIFICATION DE LA CONSTRUCTION : ________________________________________________________________________________ Secteur zone Construction calculée au séisme :Oui - Non Adresse ou éléments d'identification Construction contrôlée :Oui - Non ________________________________________________________________________________ USAGE DE LA CONSTRUCTION (*) ________________________________________________________________________________ Logement Scolaire Commercial Administratif Hospitalier Industriel Socioculturel Sportif Réservoir d'eau Autres (à préciser) ________________________________________________________________________________ DESCRIPTION SOMMAIRE ________________________________________________________________________________ Age approximatif : Vide sanitaire : Oui - Non (*) Nombre de niveaux : Sous-sol : Oui - Non (*) Nombre de joints de dilatation : Eléments extérieurs indépendants - en élévation: (escaliers, auvent, passage couvert.) - Infrastructure ________________________________________________________________________________ Problème de sol autour de la construction (*) Faille : Oui - Non - Affaissement - Soulèvement : Oui -Non Liquéfaction : Oui - Non - Glissement : Oui-Non ________________________________________________________________________________ FONDATIONS - INFRASTRUCTURE (*) Fondations : Infrastructure (dans le cas VS ou S/Sol) - type de fondation - voile béton continu : 1-2-3-4-5 - type de dommages - poteaux béton avec remplissage : 1-2-3-4-5 . Tassement uniforme : Oui - Non . Glissement : Oui - Non . Basculement : Oui - Non ________________________________________________________________________________ STRUCTURE RESISTANTE (*) Eléments porteurs (charges verticales) - murs en maçonnerie 1-2-3-4-5 - Voiles béton 1-2-3-4-5 - poteaux béton 1-2-3-4-5 - poteaux métalliques 1-2-3-4-5 - poteaux bois 1-2-3-4-5 - autres 1-2-3-4-5 Eléments de contreventement - murs en maçonnerie 1-2-3-4-5 - voiles béton 1-2-3-4-5 - portiques béton armé 1-2-3-4-5 - portiques métalliques 1-2-3-4-5 - palées triangulées 1-2-3-4-5 - autres 1-2-3-4-5 Planchers - Toiture terrasse - béton armé 1-2-3-4-5 - solives métalliques 1-2-3-4-5 - solives bois 1-2-3-4-5 Toiture inclinée - charpente métallique - charpente bois - Couverture tuile - Couverture amiante ciment - Couverture métallique 44 1-2-3-4-5 1-2-3-4-5 1-2-3-4-5 1-2-3-4-5 1-2-3-4-5 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude ELEMENTS SECONDAIRES Escaliers - Béton - métal - bois Remplissages extérieurs - maçonnerie 1-2-3-4-5 - béton préfabriqué 1-2-3-4-5 - bardages 1-2-3-4-5 - autres 1-2-3-4-5 1-2-3-4-5 1-2-3-4-5 1-2-3-4-5 Autres éléments intérieurs - plafonds 1-2-3-4-5 - cloisons 1-2-3-4-5 - éléments vitrés 1-2-3-4-5 Eléments extérieurs - balcons 1-2-3-4-5 - garde-corps 1-2-3-4-5 - au vent 1-2-3-4-5 - acrotères-corniches 1-2-3-4-5 - cheminées 1-2-3-4-5 - Autres 1-2-3-4-5 ________________________________________________________________________________ INFLUENCE DES CONSTRUCTIONS ADJACENTES (*) La construction menace une autre construction Oui - Non La construction est menacée par une autre construction Oui - Non La construction peut-être un soutien pour une autre construction Oui - Non La construction peut-être soutenue par une autre construction Oui - Non ________________________________________________________________________________ VICTIMES (*) Oui - Non - Peut-être Si oui combien ? ________________________________________________________________________________ COMMENTAIRES SUR LA NATURE ET LA CAUSE PROBABLE DES DOMMAGES Sens transversal (*) Sens longitudinal (*) - symétrie en plan bon moyen mauvais bon moyen mauvais - régularité en élévation bon moyen mauvais bon moyen mauvais - redondances des files bon moyen mauvais bon moyen mauvais ________________________________________________________________________________ AUTRES COMMENTAIRES : EVALUATION FINALE (*) Niveau général des dommages 1-2- 3- 4- 5 Couleur à utiliser VERT - ORANGE – ROUGE MESURES IMMEDIATES A PRENDRE : ________________________________________________________________________________ (*) Entourer la mention utile, dans le cas de numéros : un ou plusieurs numéros peuvent être entourés 45 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude Cette fiche qui a déjà été utilisée pour Chlef en 1980, Tipaza en 1989, Mascara en 1994, Ain Benian en 1996, Ain Témouchent en 1999, Béni Ourtilane en 2000, sert de guide aux ingénieurs qui ont eu à effectuer les expertises. Chaque fiche a été remplie pour consigner le constat des dommages de chaque construction expertisée. L'usage de cette fiche a contribué à rendre systématique la procédure d'évaluation des dommages et à rendre homogènes les appréciations des ingénieurs. Cette fiche comporte des renseignements d'ordre général (identification, usage, nombre de niveaux, âge de l’édifice, etc. ....), des observations concernant les problèmes de sols, une évaluation des dommages subis par les éléments structurels et par les éléments secondaires, des commentaires sur les causes probables des dommages ainsi qu'une évaluation globale du niveau général de dommages et des recommandations de mesures d'urgence le cas échéant. Au terme de l’expertise, l’édifice est classé, selon son niveau général de dommages, sur les 5 niveaux requis, chaque niveau est attribué d’une couleur. I.3.3 Classification des niveaux de dommages : Vert 1 : concerne les constructions qui n’ont peuvent être réoccupées immédiatement. subis aucun dommage et qui Vert 2 : concerne les constructions dans lesquelles sont constatés des dommages légers tels que : des fissures superficielles des cloisons intérieures et des plafonds, des dommages des canalisations d’eau, d’électricité et de gaz…. Orange 3 : concerne les constructions dans lesquelles sont relevés : des dommages importants dans les parties non structurelles, de faibles dommages dans les parties structurelles. Orange 4 : concerne les constructions dans lesquelles sont constatés : des dommages très importants dans les parties non structurelles et considérables pour les parties structurelles, des fissures en X dans les voiles de contreventement, l’éclatement de nœuds poutre poteaux. Les constructions classées « orange » nécessitent une deuxième expertise approfondie qui permettra de décider si ces constructions peuvent ou non être récupérées, suivant l'importance des dommages et le coût des réparations. Rouge 5 : concerne les constructions dans lesquelles sont constatés : des dommages irréparables dans les éléments de la structure, ces constructions sont à démolir. I.3.4 Résultats des expertises ; distribution des dommages : Le CTC a achevé mercredi 25 juin 2003 la première phase de l’expertise portant essentiellement sur l’évaluation des dommages provoqués par le séisme. Au 30 juin 2003, un premier bilan des dommages est présenté, indiquant les statistiques de niveaux des dommages : 46 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude I.3.5 parmi les cinq niveaux de dommages regroupés en trois couleurs (vert 1 et 2, orange 3 et 4, rouge 5), le taux des constructions à usage d’habitation constitue plus de 94% des constructions expertisées. Les édifices classés en vert 1 et 2 (c'est-à-dire parmi les bâtiments n'ayant subi pratiquement aucun dommage ou ayant subi des dommages légers nécessitant de simples réparations) représente plus de 55% (55,12%), les édifices classés en orange 3 et 4 (c'est-à-dire parmi les bâtiments nécessitant une étude plus approfondie en vue d'une réparation ou réparation et renforcement suivant le schéma établi lors de la seconde phase d'expertise) représentent plus de 33% (33,91%), les édifices classés en rouge 5 c'est-à-dire les constructions effondrées ou à démolir représentent un taux de 10% (10,97%). Dommages subis sur les constructions : Lors des études concernant les dommages subis sur les constructions, des pathologies habituelles dans des cas similaires ont été constatées. Il a été néanmoins constaté, pour la première fois, un réaménagement dans l’ordre d’importance des cas pathologiques constatés; cela est dû à la récente et très forte urbanisation de la région épicentrale avec des systèmes constructifs en béton armé de qualité d’exécution insuffisante et de configuration vulnérable.65 I.3.5.1 - Les différents cas de dommages rencontrés : Effondrement de bâtiments pour des raisons diverses Figure 3 : bâtiments effondrées (source : rapport CGS) 65 Rapport « Le séisme de Zemmouri-Boumerdès du 21 mai 2003 ; évaluation et causes des dommages » ; CGS (Centre National de Recherche Appliquée en Génie Parasismique). 47 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude - Cisaillement de poteaux courts dans des bâtiments en béton armé Figure 4 : poteaux courts cisaillés (source : rapport CGS) - Formation de rotules plastiques aux extrémités de poteaux en béton armé (éclatement de nœuds) pour diverses raisons (sous-dimensionnement, effet de torsion d’ensemble, déplacement latéral important dû à l’étage souple, et autre…) Figure 5 : nœud éclaté dans une structure (source : rapport CGS) - Cisaillement et dislocation de nombreux remplissages en maçonnerie dus à des déplacements inter-étages importants Figure 6 : remplissages en maçonnerie cisaillés (source : rapport CGS) 48 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude - Fissuration et/ou décollement de crépissages extérieurs (souvent épais) Figure 7 : crépissages extérieurs décollés (source : rapport CGS) - Rupture par cisaillement de nœuds poteaux-poutres des portiques en béton armé avec remplissage en maçonnerie et ce, avec deux cas de figure : Cisaillement du noyau du nœud (maçonnerie forte - structure faible) Cisaillement de la partie haute du poteau après écrasement de l’angle de la maçonnerie de remplissage (maçonnerie forte – structure faible) Figure 8 : partie haute du poteau cisaillée (source : rapport CGS) - Nombreuses fissures verticales et horizontales à la jonction de la structure et des remplissages dues aux déplacements verticaux et horizontaux Séparations et effondrements de murs porteurs Figure 9 : murs porteur effondré (source : rapport DTP de Boumerdès) 49 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude I.3.5.2 Les causes des dommages : Outre la sévérité (très grande magnitude) de l’événement sismique et l’importante urbanisation des régions concernées, la grande amplitude des dommages subis sur les constructions est principalement due aux insuffisances dans la conception, le calcul et l’exécution des ouvrages.66 Les principales causes des dommages : - Erreurs de conception (Configuration architecturale inappropriée pour des bâtiments devant résister au séisme), parmi les erreurs de conception constatées : Présence d’étage souple, généralement au rez-de-chaussée utilisé comme parking et/ou magasins, avec absence ou moindre densité de remplissages fragilisant ainsi la résistance des immeubles dans cette partie, et/ou plus grande hauteur par rapport aux niveaux supérieurs Figure 10 : l’étage souple (source : rapport CGS / rapport DTP de Boumerdès) - Maçonneries porteuses traditionnelles non chaînées Figure 11 : absence de chaînage (source : rapport CGS / rapport DTP de Boumerdès) 66 Rapport « Le séisme de Zemmouri-Boumerdès du 21 mai 2003 ; évaluation et causes des dommages » ; CGS (Centre National de Recherche Appliquée en Génie Parasismique). 50 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude - Poteaux courts au niveau des vides sanitaires de certains bâtiments (généralement construits avant 1981) et au niveau des ouvertures supérieurs en vasistas de certains autres bâtiments (notamment dans les établissements scolaires) Figure 12 : le poteau court (source : rapport CGS) - - toitures ou planchers lourds avec des rigidités relatives "poutres-poteaux" trop déséquilibrées au détriment des poteaux dissymétries structurales (en élévation, mais surtout en plan) : ces configurations irrégulières avec de sévères discontinuités en masse, rigidité, résistance, et ductilité entraînent des phénomènes de torsion et de concentration de contraintes souvent insupportables. Usage de beaucoup d’éléments d’ornement ou décoration sur les façades et également de parapets non nécessaires sur les toitures Usage de porte-à-faux importants Insuffisance de la largeur du joint sismique entre les blocs de bâtiments (dans la plupart des cas, on se retrouve avec des joints de dilatation traditionnels de 2 cm) Erreurs de calcul ou sous-dimensionnement Insuffisance ou absence de calcul parasismique notamment dans les constructions étudiées et réalisées avant 1981 et pour une partie importante de celles réalisées après 1981. Figure 13 : structure sous-dimensionnée (source : rapport CGS) 51 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude Figure 14 : bâtiments réalisés sans calculs parasismiques (source : rapport CSG) Absence ou insuffisance d’études du sol complètes et approfondies Une étude préliminaire mécanique du sol est indispensable au préalable pour le choix de ce dernier (d’autant plus que l’Algérie est une zone sismique) mais en pratique, jugées onéreuses, ces études sont généralement mal effectuées et inappropriées, ce qui aurait été responsable de l’écroulement d’un certain nombre d’immeubles qui répondaient pourtant aux normes parasismiques. Aussi, pour le cas d’un site relativement étendu prévus pour la construction, une étude est effectuée pour une parcelle réduite du site et les résultats sont « calqués » pour les autres, alors que par définition le sol n’est jamais homogène. Mauvaise qualité de l’exécution et des matériaux de construction Des essais ont été effectués sur des échantillons de béton carottés et les résultats constatés ; une faible résistance du béton de structure (14 à 17 MPA au lieu des 25 MPA réglementaires demandés). La mauvaise qualité du béton est due essentiellement aux : matériaux utilisés ne répondant pas aux normes ou escroqueries dans leurs ventes, malfaçons et mises en œuvre frauduleuses (les enquêteurs parlent de sacs de ciment sensés contenir 50 kg mais faisant 35 à 40 kg, de 4 barres de fer au lieu de 6, de ciment importé périmé, d’agrégats de mauvaise qualité, d’utilisation du sable de plage au lieu du sable de carrière, de mauvais dosage et mauvaises reprises de bétonnage notamment au niveau des poteaux….). 52 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude Figure 15 : matériaux de construction de mauvaise qualité (source : rapport CGS) Non respect des dispositions constructives réglementaires Une commission technique permanente fut créée (décrets 86-212 et 86-213 du 17 aout 1986), dont le rôle est d’élaborer la réglementation technique et parasismique de la construction, l’exercice du contrôle technique de la construction et la promotion du contrôle technique. Ainsi, un arsenal juridique et technique existe (à savoir notamment le RPA), qui a pour rôle de définir des normes et des dispositions de constructions générales relatives à chaque région du pays et ses spécificités sismiques, mais les spécialistes ont constatés que la règlementation en question n’aurait pas été respectée (appliquée) à la lettre. On peut citer à titre d’exemple, des anomalies résultantes de la non application des normes : l’absence d’armatures transversales dans le noyau du nœud poteaux – poutres, ou le trop grand écartement de ces armatures transversales (confinement insuffisant) dans le reste de la zone nodale, absence de joints parasismiques, … Figure 16 : constructions n’obéissant pas aux normes parasismiques (source : rapport CGS) 53 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude Insuffisances au niveau du suivi et du contrôle des travaux de construction Dans un projet de construction, un contrôle et un suivi doivent être effectués sur le chantier. D’un point de vu juridique, seules les constructions financées par le trésor public sont soumises au contrôle du CTC, autrement dit, toutes les autres constructions, à l’exemple des coopératives immobilières, ne sont astreintes à aucun contrôle. Ainsi, les programmes publics de construction sont tenus de respecter les règlements en vigueur. Cependant, les constructions individuelles, qui représentent plus de 60% des constructions continuent à échapper à tout contrôle. Concernant le suivi ; dans un projet d’un particulier, le client s’adresse à l’architecte pour lui réaliser l’étude technique juste pour l’acquisition du permis de construire, mais durant les travaux de construction, aucun suivi n’est effectué et les anomalies réalisées sur chantier ne peuvent être constatées. Pour ce qui est des projets de l’Etat, un contrat de suivi et de réalisation des travaux est signé avec un bureau d’études, avec l’obligation d’une visite hebdomadaire (jugés insuffisante). L’absence ou l’insuffisance du contrôle ne concerne pas uniquement les travaux sur chantier, mais aussi les matériaux de construction locaux et importés. Absence ou insuffisance de la maintenance des bâtiments Absence de stratégie nationale de prévention et de gestion des catastrophes Absence de plan d’aménagement détaillé, de plan d’exposition aux risques et de plan de prévention des risques. 54 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude II II.1 Les déchets générés lors du séisme : Le cas d’étude : wilaya de Boumerdès : Dans le bilan définitif annoncé par le ministère de l’intérieur et les collectivités locales, 76 communes ont été déclarées sinistrées, dont 32 dans la wilaya de Boumerdès (soit la totalité des communes de la wilaya), le reste des communes réparties sur Alger et autres wilayas qui ont été touché mais avec moins de d’ampleur. La wilaya de Boumerdès est donc la wilaya la plus affectée par le séisme, ceci est dû essentiellement à sa proximité de l’épicentre (localisé à 7 Km au Nord de la ville de Zemmouri). Figure 17 : Carte des effets sismiques67 La wilaya de Boumerdès à travers l’ensemble de ses communes a subi des dégâts considérables au niveau des bâtisses et des vies humaines ; 1391 morts, 3449 blessés et 1220 disparus, 110000 personnes sinistrées, un budget débloqué de 62 milliards de DA (qui en temps normal et pour une wilaya de même envergure, serait le budget de 14 ans) 17000 tentes abritant chacune, parfois plusieurs familles en même temps, ont été érigées sur 94 sites à travers la wilaya de Boumerdès, en attendant la mise en place des chalets qui vont accueillir provisoirement les sinistrés avant de les reloger d’une manière permanente, à cet effet, 21 sites répartis sur 16 communes sur le territoire de la wilaya de Boumerdès s’étendant sur une superficie totale de 92 hectares ont été choisis pour la réception de 4484 chalets. 67 Communication « dégâts du séisme de Boumerdès du 21 mai 2003 » ; DLEP (Direction du Logement et des Équipements publics) de Boumerdès. 55 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude II.2 Présentation de la wilaya de Boumerdès : La Wilaya de Boumerdès est une wilaya côtière du centre du pays qui s'étend sur une superficie de 1 456,16 Km² avec 100 Km de profil littoral allant du cap de Boudouaou El Bahri à l'Ouest, à la limite Est de la commune de Afir. La Wilaya de Boumerdès est créée suite à la promulgation de la loi n°84-09 du 04 Février 1984 relative au découpage territorial administratif. Elle compte 32 Communes regroupées autour de 09 Dairas : Boumerdès, Boudouaou, BordjMénaiel, Baghlia, Dellys, Isser, Khemis El Khechna, Naciria et Thénia La répartition de sa population sur son territoire est homogène avec une nette concentration au niveau des agglomérations chefs lieux de communes. 68 Figure 18 : Découpage administratif de la wilaya de Boumerdès69 68 Communication « dégâts du séisme de Boumerdès du 21 mai 2003 » ; DLEP (Direction du Logement et des Équipements publics) de Boumerdès. 69 Idem 56 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude II.3 II.3.1 Répartition des dommages : Répartition des dommages par zones (communes) : La commune de Zemmouri (la plus proche de l’épicentre), durement frappée par le violent séisme, est détruite en grande partie, presque aucune habitation, particulièrement au centre ville, n’a été épargnée par la secousse, ainsi que plusieurs équipements comme les sièges de l’APC et de la brigade de gendarmerie ont été entièrement détruits. Des affaissements de terrain sont observés par endroits, et de multiples failles sont perceptibles notamment au niveau de la RN-24 ou sur la route menant de Zemmouri vers Si Mustapha qui est particulièrement visible. La daïra de Thénia fut aussi considérablement touchée par la secousse notamment les communes de Ammal et Ait Amran (est/sud de Boumerdès), qui ont subi des destructions considérables vu qu’elles sont situées juste à l’arrièreplan de la faille sismique, et comme c’est une zone rurale dont la majorité des habitations sont anciennes. II.3.2 Répartition des dommages par degré d’importance : Pour des raisons de simplification, cette répartition sera réduite à 3 niveaux, les deux premiers niveaux (vert 1 et vert 2) étant regroupés en un seul niveau (vert), ainsi que les deux suivants (orange 3 et orange 4), et le troisième représente le niveau (rouge 5), ce dernier niveau étant affecté aux bâtisses démolies ou à démolir ne peut donc être fusionné à aucun des précédents. Sur la totale des logements expertisés 58 % sont classés en vert, 30 % à l’orange et 12 % en rouge ou effondrés. Dans le secteur éducatif (établissements scolaires des trois niveaux confondus : primaire, moyen et secondaire) : 59 % sont classés en vert, 34 % à l’orange et 7 % en rouge. Ainsi que dans le secteur de l’enseignement supérieur : parmi les édifices touchés, 3% des blocs pédagogiques effondrés et 33% blocs classés en orange. Le secteur des affaires religieuses, Les mosquées ; 53 % en vert, 34 % à l’orange, 13% en rouge. Secteur commercial : 48 % en vert, 31 % à l’orange, 21% en rouge dans l’ensemble de la wilaya, mais avec un taux très élevé au niveau de la commune de Boumerdès (80% effondrés) Le secteur sanitaire (équipements hospitaliers) : 74 % en vert, 21,5 % à l’orange et 4,5% en rouge (destruction totale des polycliniques de Zemmouri, de Boudouaou,…, 3 hôpitaux endommagés dont 1, celui de Bordj Menaïel, effondré à 90%. Infrastructures administratives : 60,5 % en vert, 30,5 % à l’orange et 9 % en rouge Infrastructures sportives : 51 % en vert, 41,5 % à l’orange et 7,5 % en rouge Equipements industriels : 52% en vert, 33% à l’orange et 15 % en rouge Autres : 47% en vert, 30 % à l’orange et 23 % en rouge 57 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude 11,25% vert orange 29,93% 58,82% rouge Figure 19 : répartition des dommages selon le degré d’importance sur les bâtisses tout usages et secteurs confondus (chiffres annoncés par le CGS du bilan des dommages arrête au 30 juin 2003) Les édifices classés en rouge (donc démolis ou destinés à la démolition) représentent approximativement le dixième des édifices expertisés, un chiffre considéré comme excessif ce qui a mené, entre autre, à la révision du RPA de l’époque. Néanmoins, le taux des édifices classés en rouge diffère d’un secteur à un autre, allant de 4,5% dans le secteur sanitaire jusqu'à dépassant les 20% pour d’autres secteurs, ceci est dû vraisemblablement à une rigueur dans l’application des normes qui diffère d’un équipement à un autre suivant sa fonction. II.3.3 Répartition des dommages par secteur des bâtisses: Comme mentionné dans le point précédent, la répartition des dommages diffère d’un secteur à un autre, suivant la rigueur dans l’application des normes lors de l’exécution, mais aussi suivant du taux initial que représente le nombre de bâtisses dans un secteur donné par rapport au parc immobilier (les causes de la différence dans la répartition importe peu dans ce qui va suivre). Le parc logement marque des pertes importantes (tout types de logements confondus ; logements collectifs et habitations individuelles), il représente la partie majeur des édifices marqués en rouge. Dans les autres secteurs ; avec environ 2000 locaux détruits, le secteur commercial fut sérieusement touché par le séisme. Suivi du secteur éducatif avec des centaines d’établissements scolaires endommagés, tous paliers confondus (primaire, moyen et secondaire), aussi dans le secteur de l’enseignement supérieur des dégâts importants ont été enregistrés dans de nombreuses structures universitaires et pavillons d’hébergement. La répartition des édifices classés en rouge en secteur, selon les résultats du premier bilan arrêté le 30 juin 200370 : les habitations 95,25%, le secteur 70 Rapport « Le séisme de Zemmouri-Boumerdès du 21 mai 2003 ; évaluation et causes des dommages » ; CGS (Centre National de Recherche Appliquée en Génie Parasismique). 58 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude commercial 1,71%, le secteur éducatif 1,11%, équipements industriels et hangars 0,57%, bâtiments administratifs 0,54%, équipements sportifs et culturels 0,28%, équipements sanitaires 0,10%, autres 0,40%. II.3.4 Répartition des dommages par âges des bâtisses : Les données concernant l’âge des bâtisses expertisées, même si elles faisaient partie des informations contenus dans les fiches d’évaluation des dommages, elles sont indisponibles du fait qu’elles ne furent pas répertoriées. Remarque : les chiffres annoncés précédemment constituent un bilan provisoire, la deuxième opération d’expertise, qui concerne les bâtisses classées en Orange 4, apportera des modifications légères sur les quantités, et dérisoires sur les taux et les proportions déjà mentionnés. II.3.5 Rôle des différentes répartitions : Elles vont servir essentiellement à la caractérisation des déchets générés (point qui sera abordé dans la partie 3), c'est-à-dire elles apporteront une aide dans l’analyse des différents éléments et matériaux constituant l’ensemble des déchets générés. Concernant la répartition des dommages selon l’âge des bâtisses ; ce point permet de caractériser les déchets de la démolition en répertoriant les différents matériaux qui pouvaient être utilisés à une période déterminée. Mais étant donné l’indisponibilité des données, la caractérisation se basera en partie sur les photos des bâtisses classées en rouge, prises lors de l’opération de démolition des immeubles endommagés et d’évacuation des déchets (des gravats). 59 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude III La gestion des déchets générés lors du séisme du 21 mai 2003 : III.1 Le déroulement de l’opération de la gestion des déchets : III.1.1 Le début de la dite « opération démolition et évacuation des gravats des immeubles endommagés par le séisme du 21/05/2003 » : Le séisme du 21 mai qui a frappé le centre du pays, a laissé derrière lui des dégâts considérables au niveau des bâtisses, parmi lesquels l’effondrement de nombreux édifices qui a causé un blocage des voies mécaniques, engendrant des difficultés d’accès pour les secours venant de l’ensemble du territoire national pour apporter de l’aide aux sinistrés. Ainsi, le premier souci fut de dégager les débris afin de permettre une mobilité fluide pour les véhicules des secours. Vu l’urgence, la mission de l’évacuation des gravats des immeubles endommagés par le séisme a été confiée à la Direction des Travaux Publics de la Wilaya de Boumerdès à partir du Ministère des Travaux Publics, et cela pour faciliter en premier temps le secours des victimes vers les hôpitaux et les points de soins sis la capitale, le dégagement des cadavres de sous les décombres pour éviter la propagation d’éventuels épidémies. La mission a été élargie par la suite (après la fin de l’opération de recherches des corps sous les décombres, même si certains sont encore ensevelis) à la démolition et l’évacuation des gravats. Suivant le classement des bâtisses, des arrêtés sont établis par les services de l’A.P.C. En l’occurrence, pour celles classées en rouge 05, il s’agit d’arrêtés de démolition. Ces arrêtés sont confiés à la DTP de Boumerdès, cette dernière fait office de maître d’ouvrage, et attribue la mission de démolition aux entreprises publiques et privées habilité à le faire. (À cet effet, 43 entreprises privées et publiques ont été réquisitionnées) La mission du suivi et contrôle des travaux a été confiée aux bureaux d’études techniques privés. La priorité a été allouée en premier lieu aux bâtisses menaçant ruine, et les frais de l’opération seront pris en charge par l’état. 60 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude Ministères des Travaux Publics Sous tutelle Direction des Travaux Publics (DTP) de Boumerdès : maître d’ouvrage de la mission Attribution de la mission Entreprises publiques et privées : exécutants Suivi et contrôle des travaux Remise des arrêtés de démolition Bureaux d’études techniques privés APC de Boumerdès Figure 20 : organigramme récapitulatif de l’organisation de la mission de démolition et d’évacuation des gravats (source : auteur) III.2 L’opération de la démolition : III.2.1 Le déroulement de l’opération : Dès l’établissement des arrêtés de démolition, plusieurs entreprises publiques et privées étaient sur place afin de soumissionner. Vu l’urgence, il n’y a pas eu de cahier de charges, toutes les entreprises se sont vu attribuer des chantiers de démolition selon leurs moyens humains et matériels. Vu (l’étendue) l’ampleur de l’opération, nous allons aborder l’exemple d’une daïra, celle de Boumerdès (le déroulement de l’opération étant le même pour les autres daïras). 61 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude III.2.1.1 La daïra de Boumerdès : La daïra de Boumerdès est constituée de 3 commune ; Boumerdès, Corso et Tijdelabine III.2.1.2 Les sites de démolition : Commune de Boumerdès : 11 décembre 1960, 1200 logements, alliliguia, Fouais, Universite I.N.I.L, figuier, INPED, Ain Abdellah, Essalem, Sahel Commune de Tidjelabine : 210 logements, cooperative rosiers, centre ville, 1er novembre, Rue colonel Amirouche, Rue Didouche Mourad, Rue CEM, Rue Ali Khoudja, les Mouettes, Sidi Yahya, Latrache, ONEX, ancienne mosquée, ferme Rolle, Rue principale CW 146, SOTRAWA, Rue de stade, EAC N°11 Malek Ahmed, Mahsas, Saf-Saf, Bani Fouda, Bel Hasnet, El Coummine. Commune de Corso : 102 logements, Corso centre, Benrahmoune, EPLF, SNTF. III.2.1.3 Les moyens humains et matériels déployés pour la mission : De nombreuses entreprises étatiques et privées ont été réquisitionnées pour la mission, qui avaient mobilisé des centaines d’engins de travaux publics pour la démolition, et camions pour l’évacuation. Moyens humains : une équipe est mise en place dans chaque chantier de démolition, elle est constituée d’un responsable (chef de chantier), des chauffeurs pour les véhicules et des conducteurs d’engins. Leurs nombres diffèrent selon l’ampleur du chantier et du matériel disponible. Moyens matériels : plusieurs types d’engins ont été utilisés, suivant les caractéristiques de la bâtisse à démolir (la taille du bâtiment, les matériaux utilisés…), depuis le simple bulldozer jusqu’au brise roche…. Et pour accélérer les travaux, et faciliter la démolition des bâtiments de grande hauteur, de nouveaux engins ont été importés par l’entreprise de géni-civil et bâtiment (CGB) filiale du groupe Sonatrach, spécialement pour cette opération, il s’agit de trois appareils munis de tiges de 22m de hauteur, avec au bout de chacune, une cisaille qui sert à découper l’acier, détruisant ainsi dalles et poutres…. 62 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude Les différents engins utilisés dans les travaux (daïra de Boumerdès) : Figure 21 : les pelles mécaniques (source : rapport DTP de Boumerdès) Figure 22 : les brises-roche (source : rapport DTP de Boumerdès) Figure 23 : les engins à pinces (source : rapport DTP de Boumerdès) 63 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude III.2.1.4 Exemples de bâtisses démolies : Plusieurs chantiers de démolition ont vu le jour dans la daïra de Boumerdès, les bâtisses concernées différent selon leur usage, leur taille et leur degré de dégradation, ainsi, la méthode et les moyens de démolitions ont été choisis suivant le besoin du chantier. Parmi ces nombreux chantiers, en voici quelques exemples : Immeuble d’habitations collectives : Figure 24 : logements collectifs avant et après démolition (source : rapport DTP de Boumerdès) Habitation individuelle : Figure 25 : logement individuel avant et après démolition (source : rapport DTP de Boumerdès) 64 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude Habitation individuelle (construction en terre crue) : Figure 26 : logement individuel en terre crue avant et après démolition (source : rapport DTP de Boumerdès) Habitation individuelle (construction en dur): Figure 27 : logement individuel en dur avant et après démolition (source : rapport DTP de Boumerdès) Ecole primaire : Figure 28 : établissement scolaire avant et après démolition (source : rapport DTP de Boumerdès) 65 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude Local à caractère commercial : Figure 29 : local commercial avant et après démolition (source : rapport DTP de Boumerdès) III.2.2 Méthodes de démolition : Hormis la disponibilité des moyens dont dispose l’entreprise, la méthode de démolition est choisie en premier lieu pour répondre aux critères de sécurité (danger imminent sur le voisinage). Il appartient au bureau d’études chargé du suivi d’évaluer les risques et d’exiger l’utilisation d’un matériel spécifique pour les cas présentant danger.71 Au début, la méthode de l’explosif « par implosion » avait été proposée pour la rapidité du procédé, mais elle a été écartée pour plusieurs raisons d’ordre pratique et subjectif (pratique à cause de non maitrise du procédé, et subjectif pour éviter l’utilisation de l’explosif). III.2.2.1 III.2.2.1.1 La démolition traditionnelle : A la pelle mécanique : La pelle mécanique ; engin de travaux de terrassement et d’excavation, son utilisation se limité aux démolitions de bâtisses de faible hauteur vu sa petite flèche. La démolition avec la pelle peut être élargie aux bâtiments de moyenne hauteur dans le cas où on dispose d’assez d’espace pour la réalisation d’un quai (remblai) afin que la pelle puisse atteindre le bâtiment à partir de la terrasse. 71 Document « Rapport de synthèse de l’opération de démolition et d’évacuation des gravats » ; DTP (Direction des Travaux Publiques) de Boumerdès. 66 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude Figure 30 : démolition d’une habitation (R+1) à la pelle mécanique. Matériaux : béton armé / maçonnerie (source : rapport DTP de Boumerdès) Figure 31 : démolition d’une habitation (R+1) à la pelle mécanique. Matériaux : maçonnerie porteuse (source : rapport DTP de Boumerdès) Figure 32 : démolition d’un immeuble (R+4) à la pelle mécanique, avec remblai pour surélever l’engin. Matériaux : béton armé / maçonnerie. (source : rapport DTP de Boumerdès) 67 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude III.2.2.1.2 Au brise-roche : C’est le moyen le plus utilisé dans les travaux de démolition, il a été largement utilisé dans cette opération. Figure 33 : démolition au brise roche ; pulvérisation d’une dalle en béton armé. (source : rapport DTP de Boumerdès) Figure 34 : démolition d’un immeuble au brise roche ; pulvérisation de la structure en tas de gravats. (source : rapport DTP de Boumerdès) 68 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude Figure 35 : démolition au brise roche ; destruction des éléments porteurs au niveau du rez-de-chaussée. (source : rapport DTP de Boumerdès) III.2.2.2 La démolition chirurgicale : C’est un type de démolition dans laquelle un matériel spécifique est utilisé, on a recours à ce genre de démolition dans les cas présentant un danger pour le voisinage immédiat (bâtisses mitoyennes) lors des travaux de démolition. III.2.2.2.1 A la pince broyeuse : Grâce à sa tige de 22m, elle est utilisée pour les bâtiments de grande hauteur. Munis de sa cisaille, l’engin à tête broyeuse découpe les éléments structuraux et les arrache de la bâtisse, minimisant ainsi l’écroulement des débris sur le voisinage immédiat. Exemple d’un immeuble (R+3). Matériaux : béton armé / maçonnerie Figure 36 : exemple de démolition à la pince broyeuse d’un immeuble R+3 (matériaux : béton armé/maçonnerie). La démolition commence par la partie supérieure de l’immeuble (source : rapport DTP de Boumerdès) 69 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude Figure 37 : idem Figure 38 : la méthode employée (démolition à partir du niveau supérieur) permet d’éviter l’écroulement des débris sur les bâtisses voisines. (source : rapport DTP de Boumerdès) 70 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude Exemple : cité 1200 logements : Figure 39 : exemple de démolition à la pince broyeuse d’un immeuble R+4 (matériaux : béton armé/maçonnerie). L’immeuble à démolir est composé de 3 blocs. (source : rapport DTP de Boumerdès) Figure 40 : la pince broyeuse procède à la découpe de la partie inférieure du premier bloc, provoquant l’écroulement des niveaux supérieurs. (source : rapport DTP de Boumerdès) 71 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude Figure 41 : l’écroulement du premier bloc. (source : rapport DTP de Boumerdès) Figure 42 : idem Figure 43 : la pince broyeuse procède à la découpe de la partie inférieure du deuxième bloc, provoquant l’écroulement des niveaux supérieurs. (source : rapport DTP de Boumerdès) 72 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude Figure 44 : l’écroulement du deuxième bloc. (source : rapport DTP de Boumerdès) Figure 45 : la pince broyeuse procède à la découpe de la partie inférieure du troisième bloc, provoquant l’écroulement des niveaux supérieurs. (source : rapport DTP de Boumerdès) Figure 46 : l’écroulement du troisième bloc. (source : rapport DTP de Boumerdès) 73 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude Figure 47 : l’immeuble étant réduit en tas de blocs empilés, le reste de la démolition sera accompli par d’autres engins. (source : rapport DTP de Boumerdès) III.2.2.2.2 La boule de démolition : Grue mobile avec une boule de masse de 3 tonnes (force de 9 en mouvement de chute), la démolition à l’aide de la boule se fait par trames de portées et de haut en bas. Elle a été utilisée sur les bâtiments de moyenne hauteur (jusqu’à R+6). Figure 48 : démolition à l’aide d’une boule : la partie de l’immeuble démolie est circonscrite dans une trame de la structure. (source : rapport DTP de Boumerdès) Figure 49 : idem. 74 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude III.2.2.3 La démolition par traction par câble : Cette méthode a été utilisée essentiellement pour les bâtiments d’habitations collectives. La méthode consiste en premier lieu à affaiblir les éléments porteurs du bâtiment (poteaux et voiles) au niveau du rez-de-chaussée, en utilisant un brise roche, ou dans certains cas, ces éléments sont dors et déjà affaiblis à cause du phénomène de l’étage souple. Une boucle est ensuite formée autours du bâtiment par un câble, ce dernier est tracté par un puissant bulldozer jusqu’à effondrement de la bâtisse. L’emploi de cette méthode est conditionné par un espace dégagé autour de l’immeuble pour la manœuvre des engins et l’élimination des risques lors de l’effondrement de l’immeuble. Elle a été surtout utilisée au site 1200 Logements à Boumerdès. Exemple : coopérative Rocher Noir Figure 50 : exemple de démolition par câble de traction : le câble est enroulé autour de l’immeuble à démolir au niveau de la partie affaiblie au préalable. (source : rapport DTP de Boumerdès) Figure 51 : le câble est ensuite tiré, provoquant la descente de l’immeuble. (source : rapport DTP de Boumerdès) 75 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude Figure 52 : l’écroulement de l’immeuble. (source : rapport DTP de Boumerdès) Exemple : cité 1200 logements BT. 37 Figure 53 : exemple de démolition par câble de traction : démolition d’un immeuble constitué de deux blocs. Le câble de traction est enroulé autours du premier bloc de l’immeuble au niveau de l’étage souple. (source : rapport DTP de Boumerdès) 76 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude Figure 54 : le câble est ensuite tiré provoquant la descente du premier bloc. (source : rapport DTP de Boumerdès) Figure 55 : l’écroulement de l’immeuble. (source : rapport DTP de Boumerdès) Figure 56 : idem. 77 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude Figure 57 : répétition de l’opération pour le deuxième bloc. (source : rapport DTP de Boumerdès) Figure 58 : écroulement de l’immeuble. (source : rapport DTP de Boumerdès) Figure 59 : idem. 78 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude III.2.2.4 La démolition combinée : Dans certains cas (notamment les cas présentant un haut risque d’effondrement sur les bâtisses mitoyennes), plusieurs modes de démolition sont utilisés simultanément. Exemple : pelle mécanique servant comme calle pour la bâtisse à démolir du côté penchant, un câble attaché a cette bâtisse de l’autre côté, et une pince broyeuse pour découper l’élément structural qui appuie la bâtisse. Figure 60 : exemple de démolition combinée : une pelle mécanique calle la bâtisse du côté penchant. (source : rapport DTP de Boumerdès) Figure 61 : idem. 79 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude Figure 62 : la pince broyeuse découpe les éléments porteurs. (source : rapport DTP de Boumerdès) Figure 63 : arrachage des éléments porteurs par la pince broyeuse et traction de l’immeuble par câble. (source : rapport DTP de Boumerdès) Conclusion : les différentes méthodes de démolition employées sont des méthodes radicales (destructrices) excluant tout type de déconstruction (démolition sélective), ceci est dû à la nécessité d’achever l’opération dans les plus brefs délais, mais aussi à la technologie et la main d’œuvre disponible. III.3 L’opération de l’évacuation : Après la démolition, les entreprises chargées de l’évacuation (généralement les mêmes chargées de la démolition) s’attellent à l’évacuation des décombres vers les sites réservés à cet effet. En moyenne, un volume de 7000 m3 est évacué chaque jour. La priorité était allouée à la vitesse de l’évacuation ; risque de propagation d’épidémies. 80 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude III.3.1 Les moyens humains et matériels : Les entreprises disposaient de véhicules appropriés, de camions de gros tonnage et de conducteurs qualifiés pour la mission. Figure 64 : les bulldozers (source : rapport DTP de Boumerdès) Figure 65 : les chargeurs (source : rapport DTP de Boumerdès) Figure 66 : les camions (source : rapport DTP de Boumerdès) 81 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude III.3.2 Le transport des gravats : Aucun planning d’évacuation n’a été mis en place, l’heure était à l’urgence, chaque entreprise s’organisait selon les moyens dont elle disposait et selon le chantier qui lui était confié. Aucune trajectoire n’a été planifiée ; l’acheminement des gravats vers les sites de dépôt se faisait suivant les chemins praticables pour les véhicules. III.4 La mise en décharge : La direction chargée de la mission avait proposé le dépôt provisoire des déchets dans des sites transitoires à ciel ouvert, en vu de programmer ultérieurement une deuxième vague de travaux. Ces derniers consistent essentiellement en un travail succinct de tri (suivant les moyens et la main d’œuvre disponibles) afin de pouvoir attribuer le traitement approprié pour chaque type de déchet, avec éventuellement, une récupération des certaines matières (les métaux, le plastique…). Vu la situation d’urgence du moment, les autorités locales ont jugé inappropriée la proposition de la DTP, et avaient ordonné le dépôt définitif des débris dans les sites désignés : la priorité était attribuée à la rapidité d’ôter les décombres du paysage. III.4.1 Le choix des sites pour la mise en décharge : Une commission a été créée dont le rôle est de désigner les sites pour la mise en décharge, cette commission est composée d’éléments de la protection civile, de représentant du ministère de l’environnement, des Travaux publics, de la direction de l’urbanisme. Hormis les décharges en exploitation, les sites retenus à cet effet présentent le caractère requis pour le dépôt des décombres, à savoir l’imperméabilité du sol (pour empêcher l’infiltration du lixiviat au sous-sol). Ces sites sont donc par exemple des carrières désaffectées (d’argile, de tuf…). III.4.2 La localisation des décharges : Pour le dépôt des gravats, 22 décharges ont été désignées pour l’ensemble du territoire de la wilaya de Boumerdès. Chaque daïra dispose d’un certain nombre d’entre elles, ce nombre diffère pour chaque daïra selon ses besoins (selon le volume des déchets générés), certaines n’ont eu besoin que d’une seule décharge. La répartition des décharges par daïra dans le tableau ci-dessous : 82 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude Tableau 2 : les 22 sites requis pour la mise en décharge Daïra commune Boumerdès Boumerdès Borj Menaïel Corso décharge Figuier 1 Figuier 2 Corso centre Benrahmoune Tidjelabine Marché des vehicules Bordj Menaïel Ancienne briquetterie Legata Kouss Zemmouri marché Cap Djinet carrière Draa Z’mam Boudouaou Boudouaou Ben Adjel Hlaïmia Ouled Moussa Dellys Dellys Khemis El Khechna Khemis El Khechna Baghlia Baghlia Takcdemt Chantier moderne Oued Sibao Sidi Daoud Thenia Thenia centre Souk El Had Marché Beni Amrane Oued Djenan Naceria Naceria Naceria Issers Isser Djeouna Thenia III.4.3 La décharge Les travaux de mise en décharge et de réaménagement (réhabilitation) des sites : Les travaux de mise en décharge ne comportaient pas une technicité complexe : la démarche a été mise au point en fonction des moyens matériels et de la main d’œuvre disponibles, mais aussi vu l’expérience inexistante du pays dans le domaine. Les travaux de mise en décharge comprenaient principalement deux grandes œuvres : La dite « réglage des gravats » : les décombres sont déposé directement dans la décharge et étalés pour obtenir une surface la plus plane possible. 83 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude Figure 67 : dépôt des gravats : décharge « Figuier 1 » à Boumerdès (source : rapport DTP de Boumerdès) Figure 68 : dépôt des gravats : décharge Corso centre (source : rapport DTP de Boumerdès) Figure 69 : dépôt des gravats : décharge « marché des véhicules », Tidjelabine (source : rapport DTP de Boumerdès) 84 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude La dite « étalage des terres végétales » : les décombres sont ensuite couverts d’une couche de terre végétale. Certaines de ces aires ont été par la suite utilisées pour l’agriculture. Exemple de réaménagement de la décharge de Corso centre : Figure 70 : la décharge de Corso centre avant les travaux de réaménagement : la mise en décharge des débris. (source : rapport DTP de Boumerdès) Figure 71 : la décharge de Corso centre après les travaux de réaménagement : recouvrement des débris par une terre végétale (source : rapport DTP de Boumerdès) 85 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude Figure 72 : idem Figure 73 : la décharge Corso centre après les travaux de réaménagement : recouvrement incomplet des débris (source : rapport DTP de Boumerdès) Conclusion : dans un contexte d’urgence, les déchets évacués sont mis en décharge à même le sol sans ajout de membranes de protection, et sans la prise en compte de l’environnement immédiat (ci-dessus dans les illustrations : déchets en contact avec la végétation et terres arables à proximité). Les déchets mis en décharge sont recouverts d’une couche de terre cultivable, là aussi sans l’utilisation d’une membrane protectrice. 86 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude IV Quantités des déchets générés : Pour des raisons pratiques, la quantité des déchets n’a pas été quantifiée en masse (pesée en tonnes), mais évaluée en volume (m3) suivant une méthode de calcule. IV.1 Méthode de calcul du volume des déchets : Afin de simplifier le calcul du volume des déchets, mais aussi pour unifier le procédé de travail pour les entreprises chargées des différentes phases l’opération, une méthode a été prescrite par le Ministère des Travaux Publics. Cette méthode comporte des phases suivantes : IV.1.1 Le calcul du volume de la bâtisse « le volume enveloppe » : Le dit « volume enveloppe » équivaut au volume apparent de la bâtisse (y compris le volume des vides). La bâtisse concernée est décomposée en un maximum de parties homogènes ou formes élémentaires (exemple ; cube ou parallélépipède), afin de faciliter le calcule du volume enveloppe ; exemple voir tableaux 4 et 5. Les deux tableaux présentent les détails de calcul concernant respectivement un équipement public scolaire, à savoir une école, et une habitation individuelle. Les calculs ont été faits par l’entreprise chargée de l’opération de la démolition et de l’évacuation des gravats, les bâtiments en question sont des constructions avec des structures en béton armé. IV.1.2 Le calcul du volume des matériaux « le volume solide » : Le dit « volume solide » équivaut au volume absolu de la bâtisse (volume des matériaux qui composent la bâtisse sans le volume des vides). Le volume enveloppe est multiplié par un coefficient de réduction qui est de 28%, pour obtenir le volume solide ; exemple voir tableaux 4 et 5. IV.1.3 Le calcul du volume évacué : Le dit « volume évacué » ou « volume mis en décharge » équivaut au volume supposé avoir été remorqué et transporté à la décharge (le volume des matériaux qui composent la bâtisse + le volume des interstices après démolition). Le volume solide est multiplié par un coefficient de foisonnement pour obtenir le volume évacué. Le coefficient de foisonnement retenu est de 1.5, soit une augmentation de 50 % dans le volume évacué par rapport au volume solide démolie ; exemple voir tableaux 4 et 5. 87 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude IV.2 Le calcul des volumes des différents matériaux qui composent la bâtisse ; méthode des ratios : La méthode retenue pour le calcul des volumes dans cette opération est celle exigé par le Ministère des Travaux Publics pour tous types constructions réunis. La bâtisse est décomposée en 3 matériaux (ou éléments) jugés prédominants dans une construction, ces composantes sont : le béton armé, les murs en briques, et les planchers. Le volume de chacune de ces composantes est calculé à partir du ratio qui lui été attribué selon le tableau ci-dessous : Tableau 3 : tableau des ratios du ministère des travaux publics72 Art. 01 02 03 Désignation des ouvrages Démolition des murs en briques Démolition des planchers Démolition de structure en béton armé Taux 46,43% 32,14% 21,43% Exemple de calcul des volumes des différents matériaux composant la bâtisse suivants les ratios : voir tableaux 4 et 5. PS : Concernant les constructions avec une structure en murs porteurs en pierres, le calcul des différents volumes est fait de la même manière (le volume enveloppe, le volume solide, et le volume évacué), excepté pour les volumes des différents matériaux composant la bâtisse où les ratios attribués aux deux éléments plancher et béton armé sont diminués de la moitié ; exemple voir tableau 6. 72 Document « Rapport de synthèse de l’opération de démolition et d’évacuation des gravats » ; DTP (Direction des Travaux Publiques) de Boumerdès. 88 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude Tableau 4 : détail de calcul (construction avec une structure en béton armé) exemple 1 N° Nom du propriétaire Niveaux Structure Longueur L Largeur Hauteur Volume enveloppe Volume solide l H LxlxH 28% Volume murs en brique 46,43% Volume planchers Volume évacué 32,14% Volume structure BA 21,43% 95,553 / / / / 232,057 / / / / 327,61 66,144 / / / / 160,636 / / / / 226,78 44,103 21,00 5,40 3,78 4,44 107,107 25,50 7,20 6,12 4,62 185,17 308,70 31,50 8,10 5,67 6,66 749,70 38,25 10,80 9,18 6,93 1175,49 Volume murs en brique 46,43% Volume planchers Volume évacué 32,14% Volume structure BA 21,43% 115,185 / / / 24,129 5,640 / 144,95 79,734 / / / 16,703 / / 96,44 53,164 13,224 5,568 5,472 11,137 / 2,760 91,32 372,123 19,836 8,352 8,208 77,952 8,460 4,140 499,07 150% EQUIPEMENTS PUBLICS # Ecole Achir H. Arrêté N° 169/03 Bât 01 (classes) Plate forme 2 longrines (long) 6 longrines (tran) Acrotère Bât 02 (logts) Plate forme 2 longrines (long) 6 longrines (tran) Acrotère RDC / / / / R+1 / / / / PP BA BA BA BA PP BA BA BA BA 30,00 30,00 30,00 7,00 74,00 30,00 30,00 30,00 8,50 77,00 TOTAL # 7,00 7,00 0,30 0,30 0,10 8,50 8,50 0,30 0,30 0,10 3,50 0,10 0,30 0,30 0,60 7,00 0,10 0,40 0,40 0,60 735,00 21,00 2,70 0,63 4,44 1785,00 25,50 3,60 1,02 4,62 205,80 / / / / 499,80 / / / / Tableau 5 : détail de calcul (construction avec une structure en béton armé) exemple 2 N° Nom du propriétaire Niveaux Structure Longueur L Largeur Hauteur l H Volume enveloppe Volume solide LxlxH 28% 150% HABITATIONS INDIVIDUELLES # / Arrêté N° 200/03 Bât 01 Plate forme 4 longrines (long) 4 longrines (tran) Terrasse Clôture Acrotère R+1 / / / / PP BA BA BA BA / BA 11,60 11,60 11,60 11,40 11,60 Parpaing 46,00 TOTAL # 11,40 11,40 0,30 0,30 5,00 6,70 0,10 0,40 0,40 3,20 0,10 0,60 89 886,008 13,224 1,392 1,368 185,600 / 2,760 248,082 / / / 51,968 / / Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude Tableau 6 : détail de calcul (construction avec une structure en murs porteurs en pierres) N° Nom du propriétaire Niveaux Structure Longueur L Largeur Hauteur l H Volume enveloppe Volume solide Volume planchers 28% Volume murs en pierre 46,43% LxlxH Volume évacué 32,14% /2 Volume structure BA 21,43% /2 188,244 87,402 30,251 20,170 282,366 150% HABITATIONS INDIVIDUELLES # Arrêté N° 199/03 R+1 Pierre 9,00 9,00 8,30 90 672,30 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude IV.3 Difficultés rencontrées lors de l’opération de démolition : Après l’achèvement de la première opération de démolition et d’évacuation des gravats, restaient un certain nombre d’immeubles endommagés dont la démolition n’a pas été exécutée, d’où la nécessité du lancement d’une deuxième opération qui comporte les mêmes travaux que la première. Ces immeubles représentent une partie minime de l’ensemble des immeubles démolis, il s’agit essentiellement des édifices qui ont été classés en premier lieu au niveau Orange 4, puis en Rouge suite à une seconde expertise. Cependant il y avait aussi des constructions classées en rouge mais dont la démolition n’a pas pu être accomplie pour diverses causes : Absence d’arrêtés de démolition : lenteur dans l’établissement des arrêtés de démolition ou apparition d’erreur dans ces derniers (contradiction des arrêtés de démolition avec les fiches d’expertise, parties des bâtisses à démolir non indiquées…). Opposition des propriétaires à la démolition : souvent des occupants craignant ne pas bénéficier du relogement, refusaient de quitter leurs foyers et demandaient la garantie d’être relogés avant d’autoriser la démolition. Litiges entre occupants et propriétaires : entre bailleurs et locataires, ou entre héritiers d’une construction dont l’arrêté de démolition est au nom d’un défunt. Risque d’effondrement sur les bâtisses mitoyennes : certaines bâtisses présentaient un danger pour les constructions mitoyennes, et les entreprises chargées de leur démolition ne disposaient pas de moyens adéquats pour le faire en toute sécurité. Accessibilité difficile du site : notamment vers les endroits isolés (absence de voies carrossables) où les entreprises refusent d’y intervenir. IV.4 Quantité totale des déchets évacués : Après la deuxième opération de démolition et d’évacuation qui a concerné les cas mentionnés dans le point précédent, les quantités évaluées dans les deux opérations ont été cumulées pour obtenir les résultats représentées dans le tableau ci-dessous : 91 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude Tableau 7 : quantités totales des déchets évacuées Boumerdès 387984 52668 440652 Corso 190658 3552 194210 Tidjellabine 87070 34101 121171 Total Daïra 665712 90321 756033 B.Menaiel 219590 18947 238537 Cap Djinet 86179 3424 89603 Legata 48000 10079 58079 Zemmouri 261058 14230 275288 Total Daïra 614827 46680 661507 Boudouaou Oule Haddaj B. El Bahri 509404 39916 549320 40892 10454 51346 B. Menaiel Commune Boumerdès Quantité évacuée quantité évacuée Total évacué m3 1ère opération 2ème opération Daïra Boudouaou 50204 50204 Keddara 0 Khrrouba 9243 9243 Isser Total Daïra 600500 59613 660113 Isser Si Mustapha Chabet El Ameur Timezirit 44439 12932 57371 17775 11513 29288 Total Daïra 62214 24445 86659 Dellys 169302 7540 176842 0 0 Dellys Afir 0 Baghlia Naciria Thenia Benchoud 8941 8941 Total Daïra 178243 7540 185783 Baghlia 15619 7542 23161 Sidi Daoud 71796 3879 75675 Taourga 4194 Total Daïra 91609 11421 103030 Naciria 5236 2816 8052 Ouled Aissa 7796 Total Daïra 13032 2816 15848 Thenia Beni Amrane Souk El Had 72227 23388 95615 15532 7301 22833 4194 7796 5708 5708 92 Chapitre 2 : le cadre théorique du cas d’étude Ammel 0 K. El Khechna Total Daïra K. El Khechna Hammadi Ouled Moussa Larbatache 93467 30689 124156 48221 13748 61969 52697 15265 67962 14946 1505 16451 Total Daïra 166149 30518 196667 2485753 304043 2789796 TOTAL 50285 50285 A l’issu des travaux de déblaiement des gravats de bâtiments endommagés par le séisme du 21 mai 2003, plus 2789000 m3 de déchets ont été mis en décharge. Conclusion : Le séisme du 21 mai 2003 a engendré des dégâts matériels considérables, et dans le domaine du bâtiment, un nombre élevé de constructions a été détruit générant une immense quantité de déchets. Ces derniers doivent être traités et éliminés, un traitement qui nécessite un budget colossal et qui, par ailleurs, entrainera des conséquences néfastes sur l’environnement s’il n’est pas exécuté correctement. Suite aux travaux d’expertises sur les bâtisses touchées par le séisme, des décisions ont été prises concernant les constructions démolies et irrécupérables, dont le principal objectif est d’effacer les séquelles perceptibles du séisme dans les plus brefs délais. Compte tenu de l’enjeu environnemental et économique de la manœuvre désignée pour le traitement de ces déchets, une étude analytique sera abordée dans le chapitre suivant sur le cas d’étude choisi selon tous les aspects (type, gestion, traitement des déchets…). Cette étude sera agrémentée d’une approche comparative avec le chapitre précédent. 93 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation 94 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Introduction : Dans ce chapitre, une évaluation du cas d’étude sera abordée suivant les points mentionnés dans la première partie. Cette évaluation permettra de vérifier le potentiel et les limites du gisement du déchet (du cas d’étude), et sera accompagnée de propositions et de recommandations au fur et à mesure que la circonstance le permet. I Caractérisation des déchets générés lors du séisme ; types de déchets : Nous avons vu dans la première partie que les déchets dans le secteur du bâtiment sont classés selon leur dangerosité et leur impact sur la santé et l’environnement en 3 catégories ; nous allons procéder à la classification des déchets du cas d’étude suivant ces trois catégories. Et afin de simplifier cette classification, le nombre des déchets sera réduit aux grandes familles des différents matériaux disponibles sur le marché algérien des produits de constructions, et en prenant en compte le cas le plus défavorable de la dangerosité du déchet, autrement dit, la classe la plus élevée dans laquelle ce dernier pourrait être classé. I.1 Déchets inertes (DI) : Parmi les édifices générant le déchet, les logements représentent la majeure partie des constructions classées en rouge (tout types de logements confondus ; logements collectifs et habitations individuelles). Concernant les autres secteurs (équipements et infrastructures divers), les dégâts enregistrés sont moindres, néanmoins présents et constituent une part des déchets générés. Concernant les systèmes constructifs, on remarque plusieurs genres à savoir essentiellement le système poteaux/poutres et cloisons en maçonnerie, datant de l’époque postcoloniales. Mais il y a aussi des constructions de l’époque coloniales avec des murs porteurs en pierres. On trouve aussi des constructions en dur (mur en bloc de béton, en adobe…). 95 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Figure 74 : construction à démolir : système constructif poteaux/poutres, cloisons en maçonnerie (source : rapport DTP de Boumerdès) Figure 75 : construction à démolir : type colonial (source : rapport DTP de Boumerdès) Figure 76 ; construction à démolir : construction en dur (en bloc de béton) (source : rapport DTP de Boumerdès) 96 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Figure 77 : construction à démolir : en terre (adobe) (source : rapport DTP de Boumerdès) Donc, on peut répertorier les déchets inertes comme suivant : Béton, parpaing, enduit Terre cuite (briques, tuiles et céramiques) Pierres naturelles, granulats, sable, terre et matériaux de terrassement, cailloux. Verre Mélanges et enrobés bitumineux ne contenant pas de goudrons Mélange des matériaux mentionnés ci-dessus ne contenant pas de substances dangereuses. I.2 Déchets non-dangereux ou non inertes (DIB) : En plus des matériaux inertes, les bâtiments démolis contiennent des matériaux non dangereux (comme le bois). Les méthodes de démolitions employées, qui ne comportaient aucun travail de tri, en résulte le mélange des déchets non dangereux avec les déchets inertes. S’ajoute à cela les différents objets, produits et matières de consommations journalières et occasionnelles (nourriture, plantes, vêtements…) qui n’ont pas été sortis des édifices endommagés avant leur démolition. On peut donc répertorier les déchets non dangereux comme suivant : Bois non traités : menuiseries, meubles, … Déchets organiques ; végétales et animales. Produits alimentaires. Matières plastiques : canalisations, menuiseries, revêtements de sols, emballages, ustensiles et objets divers … Métaux et leurs alliages : canalisations, câbles, éléments d’ameublement, ustensiles et objets divers… matériaux de construction à base de gypse : carreaux de plâtre, faux plafonds,… Textiles, vêtements et tissus d’ameublement, absorbants…. Papiers et cartons. 97 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Emballages en papier/carton, en matières plastiques, en bois, métalliques, composites, en verre, textiles (ne contenant pas de substances dangereuses) I.3 Déchets dangereux (DD) : Parmi les constructions démolies, les logements représentent la plus grande partie, mais aussi un nombre non négligeable d’infrastructures des autres secteurs sont concernés par la démolition, parmi lesquels figurent des équipements susceptibles de contenir des substances et produits pouvant générer des déchets dangereux comme les équipements sanitaires et industriels… On peut donc répertorier les déchets dangereux comme suivant : Bois traités et/ou peint, et les produits de protection et d’entretient du bois. Goudrons et produits goudronnés, mélanges bitumineux contenant du goudron, et tout autre matériaux contenant du goudron. Matériaux de construction contenant de l’amiante, du mercure, des polychlorobiphényles (PCB), par exemple mastics, sols à base de résines, double vitrage, condensateurs contenant des PCB, et autres substances dangereuses. Produits de revêtement (peintures, vernis, colles et mastics) et les déchets de décapants de peintures ou vernis. Huiles (de coffrage par exemple) et hydrocarbures usagés. Les DEEE : appareils et équipements électroniques, électroménagers et électriques. Piles et accumulateurs Produits d’entretient journaliers : lessive, détergeant, désinfectant, décapant,… Les DAS : déchets issus des activités de soins, et médicaments. Déchets inertes et non-dangereux contaminés par des substances dangereuses Les déchets d’explosifs ne font pas parti des éléments mentionnés ci-dessus vu que la méthode de démolition par l’explosif a été écartée. II Le traitement des déchets du séisme de 2003 : Il a été mentionné dans le chapitre 1 que chaque type de déchets doit être traité différemment dans le but de réduire son potentiel polluant, sa nocivité et sa quantité. Ainsi, afin d’optimiser le coût du traitement, il est déconseillé de mélanger entre les catégories de déchets pour éviter leur contamination. En cas d’absence de filières de valorisation le déchet est mis en décharge selon sa spécificité. 98 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation II.1 Type de traitement employé pour les déchets du séisme : Dans le cas étudié ; aucun tri n’a été entrepris pour séparer entre les catégories des déchets. Contrairement à la proposition de la Direction des Travaux Publics de Boumerdès d’effectuer un tri, les autorités locales ont opté pour une élimination rapide des déchets sans aucun traitement préalable. L’élimination consistait en une mise en décharge dans des sites désignés, supposés présenter les propriétés requises pour le dépôt des décombres, à savoir l’imperméabilité du sol, mais dont la fiabilité n’a pas été vérifiée. Concernant les désagréments que peut causer une décharge, notamment l’atteinte au paysage environnant et autres nuisances, les sites désignés pour la mise en décharge ont été recouverts d’une couche de terre, l’inconvénient réside dans la remontée des eaux par capillarité qui peuvent être contaminées vu les substances dangereuses susceptibles d’être contenues dans les déchets. II.2 Proposition alternative : Vu le risque de contamination des eaux de surface et des nappes phréatiques par les décharges, le Centre d’Enfouissement Technique (CET) présente une alternative intéressante vu ses exigences en matière de perméabilité du sol dans lequel il est implanté. Actuellement en Algérie, 54 CET sont en cours de réalisation dont 6 sont en exploitation, néanmoins ces derniers sont de classe 3 (destinés aux déchets inertes). Les principaux paramètres des CET : La protection du sol et du sous-sol : Le fond d’un CET doit obéir à des normes de perméabilité afin d’éviter la contamination du sous-sol et des nappes phréatiques par le lixiviat, il doit être constitué d’une barrière passive et active ; - - Barrière passive : constituée par la couche géologique naturelle, doit présenter de haut en bas, une perméabilité (k) inférieure à 10-9 sur au moins 1 mètre et inférieure à 10-6 sur au moins 5 mètres. Barrière active : constituée de bas en haut : d’une géo-membrane étanche, ou tout dispositif équivalent. Surmontée d’une couche de captage et d’un réseau de drainage pour les lixiviats. 73 Drainage et récupération des effluents gazeux (biogaz) et liquides (lixiviats) : 73 MEZOUARI SANDJAKDINE, Fadila. Conception et exploitation des centres de stockage des déchets en Algérie et limitation des impacts environnementaux. Thèse de doctorat, EPAU/l’université de Limoges, 2011, page 73 – 74. 99 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Les déchets stockés génèrent deux substances : les biogaz et les lixiviats, dont la collecte et un traitement adapté sont indispensables avant leur rejet dans le milieu naturel vu leur caractère polluant. 1- Le lixiviat : Le lixiviat est le liquide résultant de la percolation à travers le massif de déchets de l’eau contenue dans les déchets et l’eau issue des précipitations, ce liquide est chargé de substances polluantes minérales et organiques contenues dans les déchets. La composition du lixiviat dépend de plusieurs paramètres dont ; les conditions climatiques (ensoleillement, température,…), la pluviométrie, la composition des déchets et leur état de dégradation, … Les lixiviats doivent être drainés, récupérés et traités ou acheminés vers une station d’épuration avant rejet dans le milieu naturel.74 Drainage et collecte des lixiviats : Au fond du CET une couche drainante d’une épaisseur minimale de 50 cm doit être mise, dont le rôle est la collecte et l’évacuation des lixiviats jusqu’au drain. Le lixiviat est ensuite acheminée via le réseau de drains, et évacué vers les collecteurs grâce à l’écoulement gravitaire ou bien par pompage depuis une fosse d’accumulation placée au point bas du CET. Les collecteurs évacueront par la suite le lixiviat vers des bassins de stockage étanches. Ces bassins servent à la décantation mécanique du lixiviat, ce dernier doit être impérativement contrôlé et analysé et ensuite traité avant d’être rejeté dans le milieu naturel pour minimiser leur potentiel polluant. Les installations de collecte et les bassins de stockage doivent être dimensionnés correctement afin de permettre la récupération quasi-totale du lixiviat généré. 2- Biogaz Le biogaz est tout gaz produits par les déchets mis en décharge, il est issu de la fermentation des matières organiques (matières putrescibles rapidement fermentescibles et matières cellulosiques plus lentement fermentescibles). Les principaux gaz qui composent le biogaz sont : le méthane (CH4), le gaz carbonique (CO2), et d’autres gaz sont également présents avec des proportions plus faibles : l’oxygène, l’azote, la vapeur d’eau et à l’état de trace : mercaptans RSH, les composés organiques volatiles.75 Au cours de la biodégradation des déchets, un pic de production de biogaz est attendu durant les 3 à 5 années qui succèdent stockage puis la production décroit durant des dizaines d’années après. Le biogaz doit être collecté traité, il peut être valorisé, limitant ainsi son potentiel polluant (l’effet de serre, smog….) et les nuisances qui lui sont liées (nuisances olfactifs, risques d’explosion, …). 74 MEZOUARI SANDJAKDINE, Fadila. Conception et exploitation des centres de stockage des déchets en Algérie et limitation des impacts environnementaux. Thèse de doctorat, EPAU/l’université de Limoges, 2011, page 53. 75 Idem 100 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Drainage et captage du biogaz : Pour la collecte du biogaz, des puits verticaux sont disposés dans les casiers de stockage, et connectés par un réseau de tuyaux horizontaux qui achemine le biogaz vers les installations de traitement après avoir été analysé. Traitement de biogaz Le potentiel calorifique du biogaz équivaut aux deux tiers du gaz naturel, il peut donc présenter un risque d’inflammabilité d’un côté, et un potentiel d’exploitation d’un autre côté. Deux manières de traitement sont préconisées pour le biogaz : a) La combustion C’est l’élimination du biogaz à l’aide d’une torchère à très haute température (au moins 900°). b) La valorisation Différents types de valorisation sont envisageables :76 - La production d’électricité La production de chaleur La vente du gaz Couverture des déchets : Après la fin d’exploitation du site, une couverture doit être placée pour limiter l’accès aux déchets, et les infiltrations des eaux vers l’intérieur de l’installation de stockage. Cette couverture multicouche comprend : - Une première couche de remblai de 30 cm, une géo-membrane. Une seconde couche de remblai, une couche de terre organique.77 La couche de terre organique permettra le développement de la végétation afin d’insérer le CET fermé dans le paysage. On distingue deux types de couverture : une couverture multicouche semi imperméable, dont la perméabilité est en générale comprise entre 10-6 et 10 -9 m/s, et dans le cas des sites de déchets à fort potentiel polluant, une couverture multicouche imperméable dont les performances en termes de perméabilité sont en générale inférieures ou égales à 10-9.78 76 MEZOUARI SANDJAKDINE, Fadila. Conception et exploitation des centres de stockage des déchets en Algérie et limitation des impacts environnementaux. Thèse de doctorat, EPAU/l’université de Limoges, 2011, page 86. 77 Idem ; page 87. 78 MEZOUARI SANDJAKDINE, Fadila. Conception et exploitation des centres de stockage des déchets en Algérie et limitation des impacts environnementaux. Thèse de doctorat, EPAU/l’université de Limoges, 2011, page 223. 101 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation III Gestion des déchets : La gestion des déchets englobe toutes les opérations visant à réduire, trier, stocker, collecter, transporter, valoriser et traiter les déchets. Les bases d’une bonne gestion résident dans une réelle connaissance de ces déchets, des possibilités pour leur valorisation et leur stockage. 79 Le but fondamental d’une bonne gestion de déchets est donc de réduire leur quantité, et de choisir la filière de traitement adéquate afin de réduire le potentiel polluant et, par la même occasion, réaliser des bénéfices en optimisant le coût de traitement et d’élimination et en réalisant du profit à partir de la valorisation des déchets. La gestion de déchets concerne en particulier les déchets de chantier (de construction, réhabilitation et déconstruction), des modèles de gestion des déchets et des outils d’aide professionnels, comme le concept du « chantier vert » et l’outil méthodologique de l’AVC, ont été établis notamment dans les pays de l’Europe. A titre d’exemple ; un outil a été développé en France pour l’aide à la gestion des déchets de chantier : ECO-LIVE80. L’utilisateur doit saisir des données sur le chantier (construction ou démolition, localisation, place pour les bennes de tri) et le bâtiment (type, surface, description détaillée par lots, matériaux employés pour les fondations, les abords, les façades, la toiture, les planchers, plafonds et cloisons, les ouvertures, les escaliers, les revêtements….). Le logiciel évalue les quantités de déchets en les regroupant par catégories (déchets inertes, industriels banales ou dangereux). Un coût de traitement est alors estimé en fonction du choix des filières de traitement, qui peuvent ainsi être comparées.81 Pour notre cas d’étude (le cas de démolition), nous allons essayer d’ériger un modèle de gestion des déchets en prenant en considération le contexte de leur occurrence et les spécificités du pays et ses potentialités. Nous allons constituer le modèle proposé en deux parties : la première partie concerne la démarche préventive (en amont du projet et de la démolition), et la deuxième partie concerne la post-démolition : III.1 En amont du projet : III.1.1 Le but de la démarche préventive : La gestion des déchets doit intégrer la prévention ; qui est défini comme « l’ensemble des mesures et actions visant à produire le moins de déchets possible…, ou à défaut s’assurer que les déchets qui pourraient y être produits 79 MAES, Pascale. Gestion des déchets de chantier ; guide méthodologique. AFNOR, 2004, page 6. 80 Cf.http://perso.wanadoo.fr/adatire/ecolive/Eco_live.htm 81 PEUPORTIER, Bruno. Eco-conception des bâtiments et des quartiers. Ed Mines Paritech, collection sciences de la terre et de l’environnement, 2008, page 195. 102 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation soient les moins dangereux d’un point de vue environnemental et sanitaire »82, la prévention concerne aussi la possibilité d’une valorisation du déchet après sa démolition. Chose qui, visiblement, a été intégralement omise dans notre cas d’étude (concernant les édifices qui ont subis la démolition lors du séisme de 2003). Tous les acteurs du bâtiment doivent être concernés : maître d’œuvre, maître d’ouvrage et entreprise de construction, mais aussi les producteurs de matériaux de construction afin de parvenir à optimiser la gestion des déchets générés en cas de démolition, et ceci dès les phases de la conception et de la réalisation du projet. Et surtout une coordination entre les différents acteurs doit être mise en place. Dans le livre « Prévenir et gérer les déchets de chantier ; méthodologie et outils pratiques opérationnels », deux principes fondateurs de la méthode sont proposés par le guide : l’anticipation, et la responsabilité de chaque acteur intervenant sur un chantier, via une clarification des rôles de chacun.83 III.1.2 Les éléments de la démarche préventive : Nous allons définir les paramètres à prendre en considération comme suivant : III.1.2.1 Choix des matériaux et des procédés de construction : Le déchet, avant qu’il soit tel, fut un matériau, il est donc primordial de faire un choix judicieux concernant les matériaux et produits employés. On propose pour cela quelques règles à suivre pour les différents acteurs du bâtiment : Rôle du maître d’ouvrage : Inclure dans le cahier des charges des prescriptions pour le maître d’œuvre : il appartient au maître d’ouvrage de formuler ses exigences en matière de choix des matériaux et des précédés de construction dès le stade de la programmation. Définir les priorités : il convient de déterminer l’ordre dans lequel un paramètre donné doit primer sur l’autre, autrement dit, le degré d’importance attribué pour chaque élément du cahier des charges, afin d’accommoder un consensus vu qu’il est généralement très rare de remplir toutes les exigences simultanément. Rôle du maître d’œuvre : Le maître d’œuvre a pour rôle, en phase d’étude et de conception, la prise de décision. Il doit donc trouver, selon les prescriptions du cahier des charges mais aussi selon les moyens et les potentialités disponibles, la solution optimale en termes de matériaux et de techniques de construction. On préconise de : 82 ADEME. Prévenir et gérer les déchets de chantier ; méthodologie et outils pratiques opérationnels. Ed Lemoniteur, 2009, page 30. 83 ADEME. Prévenir et gérer les déchets de chantier ; méthodologie et outils pratiques opérationnels. Ed Lemoniteur, 2009. 103 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Privilégier les matériaux recyclables ou valorisables : la manière la plus efficace pour réduire la quantité des déchets est de redonner à ces derniers une seconde vie, pour cela le maître d’œuvre doit disposer des informations nécessaires concernant les filières de valorisation disponibles, leurs proximités et leurs coûts, afin d’en estimer la rentabilité et d’effectuer des comparaisons pour optimiser le choix des matériaux. Privilégier les matériaux à moindre impact polluant : pour limiter la dangerosité (nocivité) du déchet et par conséquent la filière d’élimination la plus onéreuse, il est recommandé d’orienter le choix des matériaux par ordre croissant de nocivité en commençant par le matériau inerte, puis non dangereux, ensuite le matériau dangereux en dernier recourt. D’une manière simplifiée : privilégier le matériau naturel au synthétique. Choisir les techniques de construction et des solutions permettant la déconstruction : faciliter le tri c’est augmenter les possibilités de valorisation, et diminuer le coût d’élimination. Rôle de l’entreprise de construction : Contribuer à la prise de décision : l’entreprise de construction aura la possibilité d’ajouter dans son offre un avis au maître d’œuvre en proposant des alternatives concernant les matériaux et procédés de construction requis. Formation de la main d’œuvre : conformément aux cahiers des charges, l’entreprise aura pour obligation d’assurer une main d’œuvre qualifiée pour l’exécution de la tâche requise. Rôle du concepteur et du fournisseur des matériaux et produits: Fournir les informations nécessaires des produits proposés : un descriptif complet doit être formulé par le producteur ou le fournisseur concernant notamment les composantes du produit qu’il propose, afin de permettre au maître d’œuvre et aux entreprises d’évaluer l’impact de ce dernier en fin de vie, et d’inventorier les filières de valorisation ou d’élimination y sont liées. III.1.2.2 Enveloppe financière et moyens techniques alloués : Rôle du maître d’ouvrage : Prévoir les moyens financiers : le maître d’ouvrage doit intégrer dans son enveloppe financière les éventuels surcoûts liés aux particularités des matériaux et procédés de construction sélectionnés et à la mission du maître d’œuvre et de l’entreprise de construction. Rôle du maître d’œuvre : Chercher à obtenir le juste coût : la solution optimale n’est pas uniquement la recevable d’un point de vue impact environnemental, mais aussi économiquement soutenable. Il est aberrant d’opter par exemple pour un matériau recyclable mais dont la mise en œuvre ou le recyclage en fin de 104 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation vie nécessitent une technique et une main d’œuvre inexistante localement et dont l’acquisition demande un d’investissement qui ne peut être amorti à long terme. III.2 En post-démolition : La situation d’urgence vécu au moment du séisme de 2003, incita l’élimination des déchets générés dans les plus brefs délais avec une absence de cahier des charges laissant place à un mode de gestion improvisé, obéissant aux moyens techniques et humains dont disposent les entreprises prestataires, qui peut être inadéquat et peut causer des méfaits sur l’environnement à long terme, nous proposons donc de définir les étapes de la gestion des déchets de démolition comme suivant : III.2.1 Etablir un schéma (un plan) de gestion des déchets : Il s’agit d’un document qui illustre (traduit) l’organisation de la gestion des déchets, dans lequel sont précisément décrites toutes ses étapes, il constitue un document de coordination entre tous les intervenants où sont prescrites les tâches attribuées à ces derniers. Le plan de gestion des déchets peut être proposé dans l’offre de l’entreprise à la demande du maître d’ouvrage et du maître d’œuvre, ou il peut être établi par le maître d’œuvre. Il doit aborder d’une manière détaillée : III.2.1.1 Les modalités de la caractérisation des déchets ; l’audit déchets : L’étude des méthodes de traitement des déchets se basera sur les données concernant ces derniers qui doivent être précises. Le plan de gestion comportera des précisions relatives à la tâche de l’entreprise prestataire qui sont donc : Identification des déchets et méthode employée. Quantification des déchets et méthode employée. Le document est accompagné de bordereaux que le maître d’œuvre ou l’entreprise prestataire se chargera de remplir. III.2.1.2 Les modalités de traitement des déchets ; le tri, la valorisation et l’élimination : Le maître d’œuvre doit souscrire dans le document des recommandations concernant le traitement des déchets que l’entreprise prestataire doit les suivre ; ceci concerne : Le niveau de tri envisagé. Les méthodes de séparation des déchets employées. La signalétique employée et les types de contenants utilisés. Les zones de stockage envisagées pour les déchets et les moyens d’accès. 105 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Type de transport et fréquence d’évacuation des déchets. Destinations possibles pour les déchets ; avec en priorité les installations de valorisation suivies des installations d’élimination. Le document est accompagné de bordereaux que l’entreprise prestataire se chargera de remplir. III.2.1.3 Les moyens techniques et humains mis en œuvre : Le document définira les besoins en termes de moyens que les acteurs de l’opération devront assurer afin d’accomplir les différentes tâches : Les moyens financiers que le maître d’ouvrage doit assurer pour l’acquisition des moyens techniques. Les moyens techniques que l’entreprise prestataire doit assurer afin de garantir le bon déroulement de l’opération. La désignation, par l’entreprise, d’un responsable pour chaque équipe chargée d’accomplir l’audit déchets, ou le tri ou l’évacuation. En plus de son rôle de superviseur, il aura pour obligation d’assurer la coordination entre le maître d’œuvre, les représentants du maître d’ouvrage et le déroulement du travail en chantier. La désignation du nombre d’équipes et ses membres qui doivent être qualifiés et formés pour reconnaître les différents types de déchets, et effectuer un tri conforme aux prescriptions du maître d’œuvre. III.2.1.4 Les moyens de contrôles et de traçabilité des déchets : Confectionner un bordereau de suivi de déchets par type de déchet, par convoi et par destination (filière de traitement et d’élimination qui va accueillir le déchet), afin de permettre la transmission de l’information entre l’entreprise, le maître d’œuvre et le maître d’ouvrage. III.2.1.5 Le contenu du dossier de l’offre de l’entreprise : L’entreprise doit mentionner dans son offre : III.2.2 L’organisation prévue sur le chantier des différentes tâches de l’opération. Les propositions de méthodes de tri et de mode opératoire de démolition, et les coûts associés. Les propositions des filières de valorisation et d’élimination par type de déchets, et les coûts associés, et des prévisions de résultats. Les moyens techniques et humains dont dispose l’entreprise. Les connaissances acquises par le personnel lors des formations et l’expérience acquise lors de la réalisation d’autres chantiers. Etablir un audit déchets : L’audit déchets consiste à identifier les types de déchets (la caractérisation des déchets) et définir leur quantité le plus précisément possible afin d’optimiser leur 106 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation gestion et d’estimer les coûts liés à leurs traitements et d’augmenter les possibilités de valorisation. L’audit permet au maître d’ouvrage et à l’entreprise de vérifier les écarts entre les déchets effectivement générés et les données prévisionnelles, et de contrôler les bordereaux de suivi des déchets en comparant ces deux derniers. On peut établir une méthode prototype de l’audit dont les étapes sont : III.2.2.1 Etude préliminaire et collecte de données : Cette étape consiste à regrouper toutes les informations disponibles concernant le bâtiment, notamment : Les différents plans et autres documents graphiques. L’âge de la construction et dates des réhabilitations (l’historique du bâtiment) Usages du bâtiment. Les informations sur les matériaux employés et les techniques constructives. Cette étapes permet d’avoir une vue globale des états des lieux, et de prévoir d’une manière sommaire et approximative les types et les quantités de déchets. Nous avons remarqué que dans des expertises des bâtisses effectuées par le CTC lors du séisme de 2003, figuraient les éléments évoqués au-dessus mais dont les informations récoltées sont difficilement accessibles, celles-ci doivent donc être répertoriées et triées de façon à faciliter l’acquisition des informations par l’entreprise prestataire. III.2.2.2 Caractérisation et quantification des déchets : Pour la caractérisation et la quantification des déchets, les informations mentionnées précédemment ne suffisent pas, elles doivent être complétées par des données récoltées sur terrain. Le travail sur terrain permet de révéler la composition exacte du bâtiment donc une caractérisation plus précise : certaines données peuvent ne pas être mentionnées dans les documents par négligence, ou peuvent être perdues avec la disparition de ces derniers, mais aussi la présence des déchets qui ne font pas parti du bâti et qui n’ont pas été retirés du bâtiment (mobilier, appareils électriques, et objets divers ...). D’une manière générale ; on préconise que la caractérisation précède la quantification, mais ceci n’est pas une règle absolue ; dans certains cas les deux opérations peuvent être menées simultanément : c’est à l’entreprise de décider quand à l’organisation des deux opérations. Nous allons proposer des méthodes pour les deux opérations séparément : 107 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Méthode de caractérisation : Elle consiste à analyser visuellement les éléments constructifs et recenser les différents matériaux. Comme le type de construction est généralement homogène dans un même bâtiment, il suffit d’analyser un échantillon : une partie (ou plusieurs) de l’édifice qui doit être la plus représentatif possible. En cas de soupçon d’existence de substance dangereuse, un échantillon doit être prélevé pour analyse afin d’identifier le polluant. Méthode de quantification : La quantification sera réalisée suivant 3 manières : En métré : mesure en mètres linéaires (m) par exemple les canalisations, en surface (m2) par exemple les murs, et en volume (m3) par exemple les structures. En unité : certains éléments constructifs sont recensés par pièce, par exemple la menuiserie. En poids : les mesures précédentes doivent être converties en poids à partir de la conversion volume/poids lorsque la densité du matériau est connue (ou elle peut être définie à partir d’un échantillon), ou dans le cas de la quantification par unité, cette dernière peut être pesée. La connaissance en poids est importante pour évaluer les coûts d’évacuation, de traitement et d’élimination des déchets. A l’issu de l’opération « audit déchets », un tableau (ou plusieurs) récapitulatif de l’audit doit être établi, pour permettre un bon transfert de données entre l’entreprise, le maître d’œuvre et le maître d’ouvrage, un exemple ci-dessous : 108 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Tableau 8 : tableau récapitulatif de l’audit déchets Déchets inertes Nature du déchet Volume (m3) Surface (m²) Longueur (m) Unité Densité Poids de l’unité Quantité totale à évacuer (t) Béton # / / / # / # Mur en brique + mortier en ciment + revêtement / # / / / # # Vitrage de fenêtres / / / # / # # Canalisation en PVC / / # / / # # Fenêtres en bois peint / / / # / # # Appareils électrique / / / # / # # Déchets banals Déchets dangereux 109 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation III.2.3 Définir les filières (destination des déchets recensés) : A partir des quantités estimées, la destination du déchet (la filière de valorisation ou d’élimination) doit être décidée afin de déterminer le degré de tri requis et d’estimer les coûts liés aux travaux. Dans le plan de gestion établi au préalable, une liste des filières de valorisation et d’élimination est établie, à partir de laquelle l’entreprise peut proposer des solutions dans leur offre. Ces filières mentionnées doivent donc être précisément décrites avec leurs caractéristiques principales notamment la localisation, les conditions d’acceptation, et le prix de traitement. Si les propositions de filières ne figurent pas dans le plan de gestion, l’entreprise devra les recenser afin d’orienter le contenu de son offre. Le choix de la destination du déchet doit être fait après analyse complète et comparaison entre les différentes filières d’élimination et de valorisation. Nous proposons les critères de choix de la filière comme suivant : Le type de traitement : Chercher des solutions de traitement en privilégiant d’abord les filières de valorisation(en commençant par le réemploi, puis le recyclage et enfin la valorisation énergétique) puis l’élimination, afin de réduire le volume du déchet et réaliser des bénéfices. Le coût du traitement : La prise en compte du coût de traitement est importante : le but est d’atteindre une valorisation maximale à un coût minimum.84 La localisation de la filière : Au coût du traitement, s’ajoute le coût du transport : il est donc préconisé de réduire la distance du transport et limiter sa fréquence, en privilégiant les filières locales. L’impact écologique : Il est important de ne pas omettre que le choix de la filière de traitement doit se faire dans la logique de développement durable, autrement dit il est préconisé avant tout de trouver des solutions, qui en plus d’être économiquement soutenable, ne portent pas préjudice au milieu naturel : il est préférable par exemple de choisir l’enfouissement du déchet si les fumées générées lors de son incinération ne sont pas traitées. III.2.4 Définir le niveau de tri : Le tri permet d’augmenter les possibilités de valorisation et diminue le potentiel polluant des déchets. Le degré du tri est défini selon les filières de traitement requises : le choix de la destination des déchets indique le niveau du tri, un déchet 84 ADEME. Prévenir et gérer les déchets de chantier ; méthodologie et outils pratiques opérationnels. Ed Lemoniteur, 2009, page 113. 110 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation destiné au recyclage, par exemple, nécessite plus de précision dans son tri qu’un déchet destiné à l’enfouissement. Figure 78 : exemple de deux niveaux de tri (à gauche : tri maximal ; à droite : tri minimal)85 Nous proposons une méthode de tri comportant les étapes et les paramètres suivants : III.2.4.1 Le tri préliminaire : Il s’agit en premier temps de trier d’une manière superficielle et grossière entre les grandes catégories de déchets, ce tri s’effectuera manuellement et les catégories préconisées sont : Matières inertes naturelles : terre, pierre et roche. Matière inertes artificielles : bétons/mortier et éléments en terre cuite. Le verre et éléments de constructions comportant du verre. Les métaux Le bois Les matières plastiques Le papier/carton Les DEEE Autres III.2.4.2 Le tri complémentaire : Il s’agit d’un tri plus détaillé et précis visant à séparer les différents matériaux suivant les filières de traitements requises (la destination des déchets). Contrairement au tri préliminaire, il demande plus de précision et une main d’œuvre qualifiée et formée. Les déchets peuvent être triés sur place (sur chantier), ou acheminés après le tri préliminaire dans des centres ou des plateformes de regroupement et de tri. La séparation des matériaux s’effectue manuellement, partiellement mécanisée, ou automatisée, il existe plusieurs procédés mécaniques pour différents matériaux, 85 ADEME. Prévenir et gérer les déchets de chantier ; méthodologie et outils pratiques opérationnels. Ed Lemoniteur, 2009, page 62. 111 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation similaires aux exemples mentionnés dans le chapitre 1 ; on parle principalement de : Broyage et criblage. L’overband : les métaux ferreux sont écartés par aimantation. Les machines à courant de Foucault : les métaux non ferreux sont écartés. Le tri aéraulique : les déchets sont séparés par insufflation d’air en fonction du poids et de la densité. Ces matériaux après séparation, peuvent être acheminés vers les filières appropriées. L’opération du tri dans le centre peut s’avérer coûteuse notamment moyennant de techniques méconnues des pratiques locales, pour éviter cela, le tri peut être effectué avant que le matériau ne soit réduit à l’état du déchet ; III.2.4.3 La démolition sélective (la déconstruction): Il s’agit de démonter les différents matériaux composant les éléments d’un bâtiment. Cette technique est cependant méconnue dans notre pays, il semble en effet qu’aucune expérience n’a été menée dans ce sens. Nous allons vérifier la faisabilité, et évaluer les potentialités locales pour le développement de cette opération, et proposer une solution adéquate : 1- La faisabilité de l’opération : Il semble à priori qu’en termes de matériaux et procédés de construction, l’Algérie présente des similitudes (à quelques détails près) avec les pays où la faisabilité technique et économique de la déconstruction à été démontrée : le type de construction majoritairement présent étant la structure en béton armé et la maçonnerie en brique, se sont donc des bâtiments favorables à la déconstruction. Le problème réside dans les moyens techniques et humains disponibles qui ne sont pas conformes aux besoins de l’opération. 2- Proposition de solution : Afin de simplifier la tâche, le chantier sera divisé en deux parties ; la première concerne tous les éléments du bâtiment excepté la structure à qui la deuxième partie sera consacrée : - Partie 1 : Comporte les étapes suivantes : Evacuation de tout objet présent sur le chantier et faisant pas partie de la construction. Démantèlement des CES et divers appareils. Démantèlement de la menuiserie avec la plus haute précaution afin de permettre sa récupération. Décapage des revêtements et si possible de l’enduit. Démolition des murs en maçonnerie. Ces tâches s’effectueront manuellement à l’aide d’outils adaptés. 112 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Partie 2 : La structure étant plus résistante, sa déconstruction s’effectuera à l’aide de moyens mécaniques (scie électrique pour les éléments métallique et marteau piqueur pour le béton armé) sauf pour les structures métalliques avec assemblage réversible (boulons). Il est fondamental de commencer par le dernier niveau et prévoir des engins pour le levage des fragments démontés. Il en résulte que les travaux de déconstruction peuvent être entrepris moyennant, d’une part, des outils et des engins disponibles, et d’autre part, une main d’œuvre capable d’effectuer ces travaux ou peut aisément être formée. Le point qui présente une contrainte et dont la maîtrise est indispensable, concerne la sécurité sur le chantier de déconstruction ; III.2.4.4 La sécurité : La sécurité sur chantier concerne la sécurité liée aux travaux de tri et la sécurité liée aux substances contenues dans les déchets : Concernant les risques liés travaux : Les différentes tâches peuvent présenter des risques d’accidents pour les ouvriers, notamment dans le cas présent ou les bâtiments destinés à la démolition présentent des risques d’effondrement ; il est donc préconisé d’ajouter aux paramètres de l’expertise des bâtisses l’évaluation d’une résistance ultime du bâtiment afin de déterminer le mode de démolition (si le bâtiment peut supporter la charge liée aux travaux d’une déconstruction, ou s’en tenir la méthode usuelle de démolition). Néanmoins, dans les deux cas de démolition, le personnel doit être muni des dispositifs de protection : - Protection du corps : casque, heaume, visière, chaussures adaptées, vêtements protecteurs, gants Protection des yeux : lunettes anti-projections, et contre les rayonnements (masque de soudage) Protection auditive : casque et bouchons protecteur contre le bruit Protection respiratoire : masque protecteur Dans le cas de la déconstruction, un dispositif contre les risques de chutes doit être mis en place : longes et ligne de vie (corde), ceinture de maintien, mousquetons. Concernant les risques liés aux substances contenues dans les déchets : Le personnel doit être parfaitement informé des différentes substances dangereuses présentes sur le chantier, de leur degré de dangerosité, et des dispositifs de protection. Le personnel doit être parfaitement habilité à reconnaitre un éventuel déchet dangereux afin de le signaler. 113 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Il est indispensable de stocker sur le chantier les déchets dangereux dans des contenants adaptés afin d’éviter tout risque de contamination. Il est fondamental que ces contenants, et d’ailleurs tout autres contenants spécifiques aux autres types de déchets (inertes et banals), doivent être reconnaissables par le personnel et facilement accessibles ; III.2.4.5 Signalétique et emplacement des contenants : Le but initial est de maximiser les possibilités de valorisation des déchets, en effectuant un tri approprié mais aussi en évitant le mélange des déchets en dépôt. Donc, pour chaque filière de traitement requise (pour chaque destination) un emplacement doit être déterminé pour les déchets, ainsi qu’un contenant (une benne) proportionnel à l’ampleur du chantier, ce contenant doit être identifiable parmi les autres pour éviter les erreurs, grâce à une signalisation efficace, on recommande une signalétique double: écrite et en pictogramme. Il convient aussi que pour chaque type de déchet une couleur y soit attribuée : vert pour les déchets inertes, orange pour les déchets banals, et rouge pour les déchets dangereux. Ci-dessous, des exemples de signalisations :86 Figure 79 : exemple de pictogrammes de signalisation des déchets87 Concernant l’emplacement des contenants selon l’espace disponible, nous allons reprendre quelques règles simples à suivre déjà mentionnées dans le chapitre 1 : - Les contenants doivent être placés le plus proche possible de la source du déchet. Permettant une circulation correcte à l’intérieur du chantier. Permettant une évacuation facile des déchets vers l’extérieur (accessibilité des camions d’enlèvement). 86 ADEME. Prévenir et gérer les déchets de chantier ; méthodologie et outils pratiques opérationnels. Ed Lemoniteur, 2009, page 135 – 138. 87 ADEME. Prévenir et gérer les déchets de chantier ; méthodologie et outils pratiques opérationnels. Ed Lemoniteur, 2009, page 135-138. 114 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Figure 80 : exemple d’organisation de contenants sur chantier88 III.2.5 Transport des déchets vers les filières de traitement : Il est important de limiter les nuisances dues au transport des déchets, mais aussi diminuer le risque lié aux éventuels accidents pouvant se produire lors du transport, nous proposons pour cela deux règles à suivre : - - Etablir un itinéraire de transport présentant le moins de risque possible : il est recommandé d’emprunter un chemin évitant les grand rassemblements anthropiques. Choisir un mode de transport permettant le moins le convoi possible : le moyen de transport devra acheminer une quantité maximale, et éventuellement envisager un mode alternatif par vois ferroviaire ou vois fluviale (suivant la localisation de l’installation de traitement) Lors de chaque convoi, un bordereau doit être établi pour le suivi et la traçabilité du déchet : indiquant le lieu de chargement et de déchargement, les quantités …. Nous proposons l’exemple ci-dessous d’un bordereau de suivi du déchet : 88 ADEME. Prévenir et gérer les déchets de chantier ; méthodologie et outils pratiques opérationnels. Ed Lemoniteur, 2009, page 60. 115 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Tableau 9 : exemple de bordereau de suivi du déchet Partie consacrée à l’entreprise chargée du tri et/ou de la déconstruction Nom et adresse de l’entreprise : Localisation du chantier : Nature des travaux accomplis par l’entreprise : Nature du déchet Quantité enlevée Nom du transporteur Mode de transport Date de l’enlèvement Partie consacrée à la filière de traitement (valorisation ou élimination) nom et adresse de la filière : Localisation de la filière : Nature du traitement proposé par la filière : Nature du déchet Quantité déposée Nom du transporteur Mode de transport Date du dépôt IV Le potentiel de la valorisation : Selon les constats établis dans les points précédents, il en résulte la conclusion que la solution adoptée dans notre cas d’étude, qui est pour rappel la mise en décharge des gravats sans tri au préalable et recouvrement par une couche de terre végétale sans la mise en place de barrière, ne constitue pas la solution optimale, même si au moments des faits elle semblait être le seul choix. Nous allons donc essayer de définir un certain nombre de solutions alternatives qu’on juge adéquates, pour un maximum de matériaux : IV.1 Déchets inertes : Béton, bloc de béton, enduit : - Ces matériaux peuvent être concassés et utilisé en remblaiement, en souscouches routières, ou en enrobé bitumineux - Les blocs de béton peuvent être utilisés dans des infrastructures maritimes. - Recyclage du béton : des granulats issus du béton sont employés en substitution aux granulats naturels pour la fabrication d’un autre béton, le calibrage des agrégats recyclés équivaux à celui des agrégats naturels, il est donc techniquement possible de les réaliser. Cependant, étant donné l’absence de d’expérience relative à la confection de béton à base de granulats recyclés, le déchet du béton pourrai être vendu aux pays disposant des techniques pour le recyclage du béton. 116 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Pierres naturelles, granulats, sable, terre et matériaux de terrassement, cailloux. - Ces matériaux peuvent être utilisés en remblai ou en sous-couches routières. - Les pierres de tailles gardent ses caractéristiques mécaniques initiales, elles peuvent donc être réutilisées pour la construction. Terre cuite (briques, tuiles et céramiques) : - Pour les éléments n’ayant subis aucun endommagement, ils peuvent être réutilisés dans d’autres constructions. - Pour les éléments ayant subis quelques endommagements mineurs, on peut les utiliser en revêtement extérieur par exemple. - Les éléments complètement endommagés présentent une résistance diminuée, ils peuvent donc être mis en décharge de classe 3. Verre Le mode le plus rentable pour le déchet de verre est le recyclage, puisqu’il peut se recycler à l’infini sans perdre ses propriétés mécaniques, et l’Algérie dispose de technologies nécessaire pour cette opération. Mélanges et enrobés bitumineux ne contenant pas de goudrons : Ces déchets peuvent être utilisés pour la fabrication du même matériau, ou en sous-couches routières. Mélange des matériaux mentionnés ci-dessus ne contenant pas de substances dangereuses : Etant donné la différence entre ces matériaux en termes de propriétés mécaniques, la solution la plus optimale est la mise en décharge en classe 3 IV.2 Déchets banals : Bois non traités : menuiseries, meubles, … - Réutilisation : les éléments n’ayant subis aucune ou peu de dégradation, peuvent être réutilisés pour le même usage, ou pour la fabrication d’autres produits. - Recyclage : le bois propre peut être recyclé en papier, en panneaux d’agglomérés. - Incinération : avec son pouvoir calorifique, le bois peut être incinéré avec valorisation énergétique (en électricité ou en chaufferie). 117 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Matières plastiques : canalisations, menuiseries, revêtements de sols, emballages, ustensiles et objets divers … - Recyclage : en gardant les mêmes propriétés et surtout avec une consommation d’énergie moindre en recyclage qu’en fabrication première, les matières plastiques représentent des excellents candidats au recyclage. Après nettoyage et broyage, ils peuvent être transformés en granulats pour être utilisés dans des infrastructures routières ou pour la fabrication de matériaux de constructions, transférés aux filières de recyclage, ou mis sur le marché international. - Incinération : avec valorisation énergétique (en électricité ou en chaufferie). Papiers et cartons : - Recyclage : il existe plusieurs sociétés de recyclage des papiers et cartons en Algérie. la fibre de cellulose recyclée peut être utilisée dans la fabrication du papier et carton, dans des panneaux d’isolation (phonique et thermique). - Incinération : avec valorisation énergétique (en électricité ou en chaufferie). Déchets organiques ; végétales et animales, et produits alimentaires : Compte tenu de l’expérience algérienne, la filière la plus appropriée pour ce genre de déchets est le compostage. Métaux et leurs alliages : canalisations, d’ameublement, ustensiles et objets divers… câbles, éléments - Réemploi : les éléments métalliques d’une construction n’ayant subis aucun endommagement peuvent être réutilisés dans d’autres constructions, exemple : les profilés d’une charpente, câbles électriques… - Recyclage : les métaux ferreux et non ferreux sont facilement recyclables et ils gardent leurs propriétés initiales, aussi leur recyclage nécessite la consommation d’une quantité d’énergie inférieure à celle du premier cycle. matériaux de construction à base de gypse : - Réemploi : les éléments en plâtre n’ayant subis aucun endommagement peuvent être réutilisés dans d’autres constructions pour le même usage. - Réutilisation : les éléments ayant subi quelques endommagements peuvent être réutilisés dans la construction pour d’autres usages, par exemple pour la confection de panneaux isolants à partir de débris ou d’agrégats de plâtre. - Recyclage : ne possédant pas de filières de recyclage des déchets de plâtre locales, ces derniers peuvent être exportés aux pays recycleurs. Emballages en papier/carton, en matières plastiques, en bois, métalliques, composites, en verre, textiles (ne contenant pas de substances dangereuses : 118 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Les emballages, correctement triés seront assimilés aux déchets de même nature, et subiront donc les même traitements mentionnés ci-dessus (selon les matériaux : réemploi, recyclage, incinération et valorisation énergétique). En cas d’infaisabilité de l’opération du tri, la solution de la revente aux pays recycleurs est préconisée avant d’opter pour l’ultime recours : la solution de l’élimination (la mise en décharge classe 2). Textiles, vêtements et tissus d’ameublement, absorbants…. Réutilisation : le textile est un matériau qui peut être introduit dans la fabrication ou la confection de produits ou d’objets dans pratiquement tout les domaines, depuis les matériaux de construction, en passant par les produits à usage quotidien jusqu’aux travaux artistiques. A titre d’exemple dans le domaine des matériaux de construction, des fibres déchiquetées d’un textile peuvent faire parti d’un revêtement ou un enduit qui présente une qualité excellente d’isolation. Les mâchefers : Les mâchefers (résidus de l’incinération des déchets) peuvent être employés en infrastructures routières, ou mis en décharge classe 2. IV.3 Déchets dangereux : La valorisation des déchets dangereux demande des moyens techniques coûteux et non disponibles localement, la mise en décharge de classe 1 semble donc la solution la plus optimale. Néanmoins, quelques matériaux peuvent être vendus aux pays disposant des technologies nécessaires pour leur valorisation, ceci concerne notamment : le bois traité ou peint qui peut être incinéré dans des installations munies de systèmes de traitement des fumées, et les DEEE qui peuvent être recyclés ou certains de leurs composants peuvent être récupérés. V L’étude pratique : Une étude pratique sera abordée à présent dans le but d’étayer et d’approfondir les connaissances théoriques acquises concernant le traitement des déchets du bâtiment, mais aussi pour vérifier concrètement la possibilité d’une démarche de traitement incluant la valorisation. V.1 Choix de l’étude pratique : Vu l’étendue du sujet, une partie restreinte de ce dernier sera abordée. Ainsi, un des nombreux paramètres abordés dans l’ensemble de l’étude théorique sera analysé, dont le choix se définira ainsi : parmi les démarches caractéristiques du traitement, de la valorisation et de la gestion des déchets qui figurent dans la première partie de ce présent chapitre, les deux premières relèvent 119 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation essentiellement de l’ingénierie, le choix portera donc sur la dernière. Le point de la gestion des déchets se composait de deux phases (en amont du projet et en postdémolition), la première qui concerne la démarche préventive se porte sur un travail théorique et prévisionnel, le choix de l’étude pratique portera donc sur la deuxième phase qui intervient directement sur le déchet. Dans cette dernière, une proposition de gestion des déchets a été formulée dans ce chapitre, elle comporte les éléments suivants : l’établissement d’un schéma de gestion des déchets, d’un audit déchets, le choix de la destination du déchet, son tri et son transport vers les filières de traitement ; hormis l’audit déchets et le tri, ces différents éléments requièrent un travail théorique basé sur l’expertise, la concertation et le retour d’expérience, il sont donc difficilement sujets aux expérimentations. Ainsi, l’étude pratique concernera l’un des deux paramètres restant, et pour des raisons de faisabilité, on a opté pour le tri d’un échantillon de déchets. V.2 Objectifs de l’étude pratique : L’étude pratique vise deux objectifs essentiels : V.3 V.3.1 La caractérisation et la quantification des déchets (conformément à l’étude théorique, une bonne connaissance du type du déchet et de sa quantité permet d’optimiser le choix de sa destination) ; Mais aussi la vérification de la faisabilité du travail du tri et son rendement. Démarches de l’étude pratique : Prélèvement de l’échantillon : Le tri s’effectuera sur un échantillon d’environ 1m3, récupéré sur un chantier de démolition d’une habitation. Le système constructif de cette dernière est de type poteaux-poutre et les cloisons en maçonnerie. Figure 81 : lieu du prélèvement de l’échantillon (Source auteur) 120 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation V.3.2 Outils utilisés : Les outils requis pour l’opération sont manuels et conventionnels : le but est de privilégier des instruments accessibles, simples à manipuler et dont l’utilisation ne demandant pas de formation spécifique. Le tri s’effectuera donc à l’aide des outils suivants : Les outils « Tri-matière » : composés d’une massette, une broche de maçon et un ciseau de maçon. Les outils pour la manipulation et la pesée : pelle, truelle + balance ressort Equipement de protection : gants 121 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation V.3.3 Niveau de tri : Dans le cas du séisme du 21 mai 2003, aucun travail de tri n’a été engagé : les déchets du bâtiment générés ont été répartis en 3 éléments (structure en béton armé, plancher et mur en brique) dont le but était seulement de quantifier la quantité de ces différents matériaux afin d’estimer le prix de revient des prestations de l’opération de démolition. Dans l’étude expérimentale, le tri consistera à séparer un maximum de matériaux pouvant l’être moyennant les outils présentés auparavant. V.3.4 Méthode du tri : Figure 82 : l’échantillon (Source auteur) Vu l’hétérogénéité des tailles des débris constituant l’échantillon, deux méthodes seront employées pour le tri : V.3.4.1 Le tri des grands éléments : Il concerne tout les éléments dont la taille permet qu’ils soient manipulés à l’aide des outils « tri-matière », donc ce tri consiste à démanteler les matériaux liés. Première difficulté ; le plan de travail glissant, l’ouvrier en charge de l’opération doit donc avant tout disposer d’un support adhérant lui permettant la manipulation des débris. Pendant l’opération du tri, on a rencontré plusieurs cas de combinaisons de matériaux : V.3.4.1.1 Cas N°1 : béton + enduit de ciment : Pour la séparation du béton et du mortier deux possibilités : ils ont pu être séparés dans certains cas, mais pas dans d’autres. Ceci est en fonction de trois paramètres : la forme de l’élément, l’épaisseur du mortier, mais aussi selon la qualité du mortier qui influe sur son adhésion avec le béton. Voici ci-dessous quelques cas rencontrés : 122 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation La grande taille du bloc de béton et la finesse du mortier favorisent le détachement des deux matériaux ; Figure 83 : séparation de l’enduit de ciment du béton : détachement des matériaux (Source auteur) La forme aplatie de l’élément complique sa manipulation : selon la situation de son point d’inertie, la position la plus stable dans laquelle est posée la pièce, rend le sens de la liaison des deux matériaux parallèle au plan de travail, ce qui complique la tâche de la séparation à l’aide des outils manuels ; Figure 84 : séparation de l’enduit de ciment du béton : élément de forme plate (source auteur) La forte adhésion entre les deux matériaux rend le travail lent et fastidieux ; 123 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Figure 85 : séparation de l’enduit de ciment du béton : deux matériaux difficilement séparables (source auteur) L’enduit est friable et se détache rapidement du béton ; Figure 86 : séparation de l’enduit de ciment du béton : deux matériaux facilement séparables (source auteur) V.3.4.1.2 Cas N°2 : enduit de ciment + revêtement de plâtre : Ces deux matériaux sont difficilement séparable : même si ils se détachent, les deux contiennent toujours des traces de l’autre matériau ce qui les rend souillés, ceci est dû aux propriétés des deux matériaux (la rugosité de l’enduit, et les propriétés poreuse et absorbante du plâtre favorisent l’attachement entre les deux matériaux). 124 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Figure 87 : séparation du plâtre de l’enduit de ciment : le plâtre et le ciment sont deux matériaux difficilement séparables (source auteur) V.3.4.1.3 Cas N°3 : béton + armatures : Les armatures dans le béton armé ont soit été retirées ou n’ont pas pu l’être, ceci est en fonction de deux paramètre : la qualité du béton, et la taille de la pièce. Des exemples des deux cas rencontrés ci-dessous : Le fer est plus facile à retirer d’un petit morceau de béton : l’épaisseur du béton qui enrobe l’armature est fine et peut donc facilement être cassé à coup de massette. Figure 88 : séparation du béton armé : l’armature a pu être retirée du béton (source auteur) Dans cet exemple d’un grand bloc de béton armé, l’armature est située après une épaisse couche de béton, l’atteindre demande un travail manuel lent et fastidieux. 125 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Figure 89 : séparation du béton armé : l’armature n’a pas pu être retirée du béton (source auteur) V.3.4.1.4 Cas N°4 : enduit de ciment + peinture : Dans les nombreux cas rencontrés lors de l’exercice du tri, nous avons remarqué que la peinture ne peut être séparée de l’enduit pour plusieurs raisons, les plus fréquentes sont les suivantes : La forme de l’élément qui ne permet pas une manipulation manuelle facile ; Figure 90 : séparation de la peinture de l’enduit de ciment : forme difficilement maniable (source auteur) Le décapage à l’aide des outils manuels consiste en un travail long et aléatoire (c'est-à-dire dont le résultat n’est pas toujours celui souhaité). 126 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Figure 91 : séparation de la peinture de l’enduit de ciment : décapage manuel difficile (source auteur) V.3.4.1.5 Cas N°5 : enduit de ciment + brique : Dans la plupart des cas observés, les morceaux constitués de brique et d’enduit sont des fragments de parois en maçonnerie de formes aplaties, leur manipulation est donc impossible pour les raisons déjà mentionnées auparavant pour un cas similaire. Figure 92 : séparation de la brique de l’enduit de ciment : la forme plate ne permet pas la séparation entre les deux matériaux (source auteur) V.3.4.1.6 Cas N°6 : mortier de ciment + brique : Malgré la grande présence de cette combinaison de matériaux dans l’échantillon, la part des éléments triés est minime, et ceci pour les raisons suivantes : Les deux matériaux se détériorent en se détachant, et la brique reste souillée ; 127 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Figure 93 : séparation de la brique du mortier de ciment : mortier et brique fragmentés après les coups de massette (source auteur) La quantité du matériau non-souillé (qui est le mortier de ciment) représente une part négligeable comparée à la quantité restante du mélange de brique et de mortier ; Figure 94 : séparation de la brique du mortier de ciment : des parties du mortier ont pu être récupérée (source auteur) 128 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Figure 95 : séparation de la brique du mortier de ciment : sur 8 kg, 240 gr de mortier récupéré (source auteur) V.3.4.1.7 Cas N°7 : mortier de ciment + carrelage/plaquage : Même quand la forme du débris permet sa manipulation, la séparation du revêtement en terre cuite constitue une tâche très aléatoire : selon la forme de la pièce et la qualité du mortier, les éléments de revêtement peuvent être parfois détachés du mortier, mais dans la plupart des cas, se cassent sous les coups de la massette, comme pour l’exemple ci-dessous : Figure 96 : séparation des éléments de revêtement (carrelage/plaquage) du mortier de ciment : détachement facile d’une pièce et cassure d’une autre, dans un même élément (source auteur) V.3.4.1.8 Cas N°8 : polystyrène expansé + ciment : Les propriétés du polystyrène expansé, notamment sa légère densité, permettent sa séparation facile de l’autre matériau ; 129 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Figure 97 : séparation du ciment et du polystyrène expansé (source auteur) V.3.4.1.9 Cas N°9 : polystyrène expansé + béton : Le polystyrène s’enlève facilement, mais le béton reste incrusté de particules Figure 98 : séparation du béton et du polystyrène expansé (source auteur) V.3.4.1.10 Cas N°10 : carrelage + bitume : A cause de son pouvoir agglomérant et adhérant, le bitume résiste aux coups de massette, jusqu’à ce qu’il se désintègre en endommageant la surface du carrelage ; 130 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Figure 99 : séparation du bitume et du carrelage (source auteur) V.3.4.1.11 Cas N°11 : bois + peinture + clous + ciment : Les éléments en bois présents dans l’échantillon sont des fragments de cadres peints, contenants des clous, et souillés par du ciment. Le tri consiste donc à séparer ces matériaux dont les résultats sont : Pour les clous : arrachage, dévissage, coupe du bois. Pour la peinture et le ciment : séparation impossible moyennant les outils manuels. Figure 100 : tri des éléments en bois (source auteur) V.3.4.1.12 Cas N°12 : pierre de taille + béton : Les deux éléments monolithes sont facilement séparables, mais la pierre reste contaminée par le ciment, ceci est dû à la nature de la pierre (la surface rugueuse de la pierre favorise l’adhérence du ciment pendant sa prise). 131 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Figure 101 : séparation du béton et de la pierre de taille (source auteur) V.3.4.1.13 Cas N°13 : pierre de taille + enduit de ciment : Comme pour le cas précédent, la pierre de taille est facilement séparable de l’enduit, et sa surface lisse est propice au décollement complet de l’enduit. Figure 102 : séparation de la pierre de taille et de l’enduit de ciment (source auteur) 132 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation V.3.4.1.14 Cas N°14 : parois en maçonnerie (brique + mortier de ciment) avec plaquage sur les deux cotés : La séparation de ces matériaux est impossible : les éléments en terre cuite étant fragiles ne résistent pas aux impactes de la massette, ils se désintègrent en petits morceaux. Ces derniers, dont la forme aplatie ou la taille réduite ne permettent pas leur manipulation, ne peuvent être séparés du mortier avec lequel ils sont attachés. Figure 103 : séparation des éléments d’une paroi en maçonnerie (source auteur) V.3.4.1.15 Cas N°15 : bloc de béton + mortier de ciment : Pour les cas de cette combinaison de matériaux présents dans l’échantillon, deux types de résultats sont observés suivant la forme de la pièce : Comme pour les cas précédents, la forme aplatie rend la manipulation difficile Figure 104 : séparation du bloc de béton et du mortier de ciment : la forme du débris ne permet pas sa manipulation (source auteur) Concernant les pièces de grande taille : avec sa faible résistance à l’impact de la massette, le bloc de béton s’émiette sauf la partie jointe au mortier 133 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation qui ne se détache pas de ce dernier à cause de sa surface rugueuse qui favorise la bonne adhérence du mortier, donc plus le bloc de béton est délié (dégagé) plus la quantité récupérée est grande. Figure 105 : séparation du bloc de béton et du mortier de ciment (source auteur) V.3.4.1.16 Cas N°16 : bloc de béton + béton : Pour ces deux matériaux nous avons observé le même résultat du cas précédent. Figure 106 : séparation du bloc de béton et du béton (source auteur) 134 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation V.3.4.1.17 Cas N°17 : béton + brique : La partie émergeante de la brique se détache, mais des fragments restent incrustés dans le béton. Figure 107 : séparation du béton et de la brique (source auteur) V.3.4.2 Le tri des éléments petits et fins : Il concerne les éléments dont la taille ne permet pas qu’ils soient manipulés à l’aide des outils « tri matière », donc il consiste à trier manuellement les matériaux qui pourraient être récupérés des matériaux qui son irrécupérables. Figure 108 : tri des éléments petits et fins (source auteur) 135 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation A l’issu de ce travail, 3 éléments constituant l’échantillon on pu être triés : des morceaux homogènes (constitué d’un seul matériau), des morceaux hétérogène (constitué de 2 matériaux ou plus), des matières fines et impuretés (mélange de sable, de terre, des fragments de petits calibre, et des déchets organiques). Figure 109 : tri des éléments petits et fins ; morceaux homogènes (source auteur) Figure 110 : tri des éléments petits et fins : morceaux hétérogènes (source auteur) Figure 111 : tri des éléments petits et fins : matières fines (source auteur) 136 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation VI Les résultats de l’étude pratique : VI.1 Types de matériaux triés : Après avoir effectué le tri de l’échantillon, on constate qu’il en résulte différentes matières qu’on peut classer en deux types : les matériaux valorisables (c’est les matériaux qui ont pu être triés et récupérés) et les déchets ultimes (c’est les matériaux qui n’ont pas pu être trié). VI.1.1 Les matériaux valorisables : Regroupent les matériaux qui ont pu être triés, jugés non-souillés, et qui présentent un potentiel pour la valorisation (en réemploi, en recyclage, ou en valorisation énergétique), ces matériaux sont : Béton Brique Roche et terre Matières plastiques 137 Verre Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Plâtre Mortier de ciment Métal Carrelage Bloc de béton Bois Enrobé bitumineux 138 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation VI.1.2 Les déchets ultimes : Regroupent les matériaux qui ne présentent pas un potentiel pour la valorisation compte tenu de leur composition mélangée, ces déchets sont : Les éléments de grande taille qui n’ont pas pu être triés à l’aide des outils. Les morceaux hétérogènes, les matières fines et les impuretés issus du tri manuel S’ajoutent à cela les matériaux dispersés et perdus lors du maniement de l’échantillon, et de l’opération du tri. VI.2 Les quantités des différents matériaux triés : L’étude pratique comportait deux phases : le tri, suivi de la pesée de chaque amas issu de ce dernier, le but étant de quantifier les différentes matières composantes l’échantillon. Pour des raisons pratiques, l’opération fut exécutée en deux périodes : la première partie du travail concernait 200 kg de déchets, et la deuxième 400 kg. Les résultats des deux parties du travail sont regroupés dans le tableau cidessous : 139 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Tableau 10 : quantités des matériaux après tri Matériaux valorisables désignation béton roche + terre brique matière plastique verre mortier de ciment plâtre métal carrelage bois Bloc de béton Enrobé bitumineux Pipier/carton Déchets ultimes Matériaux non triés Morceaux hétérogène + matières fines + impuretés matériaux perdus Totale première deuxième pesée (kg) pesée (kg) totale pourcentage 51 7 4 0,45 0,45 6 0,15 0,82 3 2 0 81 71,5 4 0,01 0,01 14 0,075 4,5 15 0 6 132 78,5 8 0,46 0,46 20 0,225 5,32 18 2 6 22,00% 13,08% 1,33% 0,08% 0,08% 3,33% 0,04% 0,89% 3,00% 0,33% 1,00% 0 1 1 0,17% Traces Traces Traces 0,00% 83 104 187 31,17% 41 96 137 22,83% 1,13 200 2,905 400 4,035 600 0,67% 100 31,17% 22,83% 22,00% 13,08% 3,33% 3,00% 1,33%0,08%0,08% 0,33%1,00%0,17%0,00% 0,04%0,89% Figure 112 : pourcentage des matériaux après tri 140 0,67% Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation VII Analyse des résultats : VII.1 Limites de l’étude pratique : Les limites de l’étude se situent essentiellement dans la représentativité de l’échantillon ; en effet contrairement au cas d’étude théorique, l’échantillon fut prélevé à partir d’un chantier d’une démolition voulue. Cette dernière peut considérablement influencer les résultats de l’étude expérimentale vu que des objets ont dû probablement être prélevés de la bâtisse avant sa démolition, et pourraient, à priori, modifier la nature même des déchets. Par conséquent ces derniers ne présentent pas les mêmes caractères présumés que ceux des déchets générés lors du séisme, à savoir : La présence de matériaux de construction uniquement ou en grande majorité ; L’absence d’objets susceptibles de contenir des substances dangereuses ; Et la mince probabilité que les déchets (matériaux de construction) soient contaminés par ces substances dangereuses. VII.2 Synthèse : Après l’achèvement de l’opération, des résultats obtenus relatifs aux quantités des déchets après tri, et de l’estimation du temps alloué au travail, en découle les constats concernant : La faisabilité du tri : d’après le tableau ci-dessus, les déchets ultimes représentent 54,67% de l’échantillon, soit moins de la moitié de sa quantité a pu être triée, une quantité dérisoire vu que 31,17% des déchets pourraient l’être en adoptant une méthode de tri adéquate, ou si leurs propriétés le permettaient (comme la forme, le degré d’adhésion entre deux matériaux…). La rentabilité du tri : le temps alloué à l’opération fut estimé à 16 heures de travail, soit l’équivalent de 2 jours de travail d’un ouvrier pour 1m3, on estime donc que la méthode de tri employée n’est pas rentable compte tenu du résultats obtenus. Suivant ces constats, on conclu : Pour un gain de temps et vu l’effort que demande le tri manuel, on préconise un tri mécanisé. L’importance de la démarche préventive : c'est-à-dire la prise en compte de la destinée du matériau en fin de cycle dès la conception, avec un choix de matériaux et de procédés de construction adéquats, qui offrent aux déchets des propriétés permettant la déconstruction et le tri après une démolition. 141 Chapitre 3 : évaluation du gisement de déchets et vérification de faisabilité de valorisation Conclusion : Suivant l’évaluation du gisement de déchets arborée dans ce chapitre, les déchets observés dans leur globalité présentent un gisement potentiellement valorisable compte tenu du caractère des matériaux composants ce dernier. Cela étant dans le domaine théorique, cependant la mise en pratique d’une des nombreuses étapes du traitement des déchets du bâtiment a démontré l’éventualité de rencontrer des difficultés dans le domaine opérationnel. En effet, le tri des déchets qui permet de multiplier les possibilités de valorisation de ces derniers, demande beaucoup de temps et d’effort s’il est fait manuellement, ce qui est inapproprié avec le contexte d’urgence d’une catastrophe naturelle. 142 Conclusion générale et perspectives de recherche 143 Conclusion générale Ce présent mémoire avait pour objectif de présenter une proposition de gestion de déchets de démolition qui intègre la notion de valorisation des déchets dans le but de réduire leur quantité générés, ainsi par la même occasion leur potentiel polluant. L’analyse du cas d’étude a permis d’estimer la faisabilité d’une telle démarche par rapport au contexte algérien, et il en résulte la conclusion suivante : L’abondance du matériau : la grande quantité de déchets générée lors d’une démolition en fait un gisement important pour la valorisation ; La qualité du gisement : les déchets générés sont en grande partie inerte et non-dangereux, ne présentant donc pas un potentiel polluant, ces types de déchets fournissent un gisement commodément valorisable si ce dernier est manipulé avec précaution pour éviter sa contamination, réduisant ainsi la quantité de déchets dangereux ou contaminés qui doivent être mis en décharge : autrement dit, un gisement propre favorise les solutions de valorisation aux solutions d’élimination ; Les filières de traitement, de valorisation, et d’élimination : l’enfouissement technique semble être une solution fiable d’élimination compte tenu de son application qui se généralise sur l’ensemble du territoire national. Concernant le traitement et la valorisation, des filières de recyclage sont opérationnelles, elles concernent notamment les déchets non-dangereux (plastiques et métaux). Pour les déchets inertes, les possibilités d’ouverture de filières de recyclage ou la vente aux pays recycleurs. L’analyse du cas d’étude a aussi permis d’avoir un aperçu sur la situation en Algérie concernant la politique de gestion de déchets lors d’une démolition causée par une catastrophe naturelle, il en découle le constat suivant : Le manque d’information : en dépit des expertises qui ont été faites pour l’évaluation de l’état du bâti, les données récoltées ne sont pas accessibles car elles n’ont pas été répertoriées ; ceci induit des lacunes dans la compréhension des faits (en l’occurrence des déchets générés), et compromet le retour d’expérience dans un cas similaire. Le manque de coordination entre les organismes : vu l’urgence du moment, la priorité était allouée à la rapidité de l’évacuation des débris, négligeant ainsi l’organisation des étapes de l’opération pour son bon déroulement (notamment dans l’élaboration des cahiers de charge). L’absence de prise en considération des déchets générés en amont d’une catastrophe naturelle : les décisions qui ont été prises après le séisme concernant l’évacuation et l’élimination des débris, ont été faites à la hâte pour pallier aux besoins immédiats et à court terme, ce qui diminue leur efficacité. La démarche à suivre devrait donc être envisagée avant l’occurrence d’une catastrophe pour plus de maitrise, figurer dans le plan ORSEC par exemple. 144 Conclusion générale Les résultats de l’étude pratique ont permis de tirer les conclusions suivantes : L’abondance d’un matériau irrécupérable : le tri manuel des débris effectué dans la partie expérimental du mémoire a montré l’inefficacité d’un tel procédé, il est donc préconisé de réfléchir à une méthode de tri alternative ; un tri mécanique exploitant les caractéristiques physiques et mécaniques des matériaux composant les déchets (comme la densité). Une déconstruction ne s’improvise pas : d’où l’importance d’une démarche préventive ; c'est-à-dire, le procédé de construction doit être choisi afin de permettre la déconstruction et la récupération des matériaux en fin de vie. Ce travail offre de nombreuses perspectives en matière de recherches scientifique, et ceci concernant par exemple les thèmes suivants : Le tri : déterminer un procédé rentable et relatif aux moyens techniques disponibles sur le territoire national. La déconstruction : l’étude d’un procédé de démolition innovateur. La démarche préventive dès la conception : la prise en considération, dès la conception, de la destinée du matériau en fin de vie, et de la faisabilité de la déconstruction et du tri en cas de démolition. Le réemploie comme forme de valorisation : le réemploi des matériaux ne nécessite pas leur transformation, contrairement au recyclage ou la valorisation énergétique, il présente donc un avantage important puisque l’énergie consommée (et énergie grise produite) est moindre. 145 Bibliographie : Les ouvrages : Desachy, Christian. Les déchets sensibilisation à une gestion écologique. Ed Tec&Doc, 2eme édition, France, 2001. Maes, Pascale. Gestion des déchets de chantier ; guide méthodologique. Ed AFNOR, France, 2004. Peuportier, Bruno. Eco-conception des bâtiments et des quartiers. Ed Mines Paritech, collection sciences de la terre et de l’environnement, 2008. ADEME. Prévenir et gérer les déchets de chantier ; méthodologie et outils pratiques opérationnels. Ed Lemoniteur, 2009. Hetzel, Jean. Bâtiment HQE et développement durable. Ed Afnor, 2ème édition, 2008. Hetzel, Jean. Haute qualité environnementale du cadre bâti ; enjeux et pratiques. Ed Afnor, 2003. Les textes législatifs : la loi 83-03 du 5 février 1983 relative à la protection de l’environnement. Le décret 84-378 fixe les modalités d’élimination des déchets urbains (déchets domestique et assimilable), ce texte prévoit 6 procédés. Loi 01-19 du 12/12/2001 relative à la gestion, au contrôle et à l’élimination des déchets. Décret exécutif n° 02-175 du 20/05/2002 ; portant création, organisation et fonctionnement de l’Agence Nationale des Déchets. Décret exécutif n° 02-372 du 11/11/2002 relatif aux déchets d'emballages. Décret exécutif n° 06-104 du 28/02/2006, fixant la nomenclature des déchets, y compris les déchets spéciaux dangereux. La loi 03-10 du 19 juillet 2003 relative à la protection de l’environnement dans le cadre du développement durable Mémoires et thèses : MEZOUARI, Fadila. Les décharges publiques du grand Alger et leur impact sur l’environnement. Mémoire de magistère, EPAU, 2002. MEZOUARI SANDJAKDINE, Fadila. Conception et exploitation des centres de stockage des déchets en Algérie et limitation des impacts environnementaux. Thèse de doctorat, EPAU/l’université de Limoges, 2011. ALIOUCHE, Sihem. Gestion des déchets solides urbains et diagnostic du CET d’Ouled Fayet. Mémoire de magistère, EPAU, 2006. CHEIKH ROUHOU, Mehdi. Les déchets de chantier et le recyclage des matériaux dans le secteur du bâtiment. Mémoire de fin de formation, Ecole National Supérieure d’Architecture de Lyon, 2007. 146 Communications DJELAL, Hayet et NOUVEL, Valérie. Gestion des déchets de démolition et environnement. 26ème rencontre universitaire de géni-civil, Nancy, 4 au 6 juin 2008. Rapports et guides KEHILA, Youcef. Rapport sur la gestion des déchets solides en Algérie, avril 2014. Ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement (MATET), république algérienne démocratique et populaire. Manuel d’information sur la gestion des déchets solides urbains, juillet 2001. Déchets de chantier du BTP : Nomenclature et Elimination. FFB (fédération française du bâtiment). Mieux gérer les déchets de chantiers de bâtiment, ADEME, janvier 2003. Nobatek, Guide pour la gestion des déchets de chantiers. FFB (fédération française du bâtiment). Déchets de chantier : les réponses aux questions que vous vous poser, septembre 2010. Ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement (MATET), république algérienne démocratique et populaire. Guide des techniciens communaux pour la gestion des déchets ménagers et assimilés. Revues et magazines : La gestion des déchets sur chantier. Magazine : unis pour bâtir, n° 18, juin – juillet 2011. BERTOLINI, Gérard. Gestion des déchets. Revue : L’architecture d’aujourd’hui, n°372, sep-oct 2007. Documents administratifs : Document « Rapport de synthèse de l’opération de démolition et d’évacuation des gravats » ; DTP (Direction des Travaux Publiques) de Boumerdès. Rapport « Le séisme de Zemmouri-Boumerdès du 21 mai 2003 ; évaluation et causes des dommages » ; CGS (Centre National de Recherche Appliquée en Génie Parasismique). Communication « dégâts du séisme de Boumerdès du 21 mai 2003 » ; DLEP (Direction du Logement et des Équipements publics) de Boumerdès. 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