Un théorème de réalisation de groupes réticulés
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Un théorème de réalisation de groupes réticulés
Pacific Journal of Mathematics UN THÉORÈME DE RÉALISATION DE GROUPES RÉTICULÉS PAULO R IBENBOIM Vol. 10, No. 1 September 1960 UN THEOREME DE REALISATION DE GROUPES RETICULES P . RlBENBOIM En 1939, Lorenzen [4] a demontre que tout groupe reticule est isomorphe a un sous-groupe sous-reticule d'un produit direct de groupes totalement ordonnes. Pour le faire, il a utilise la theorie des systemes d'ideaux, introduite auparavant par Krull [2] dans Γarithmetique des anneaux d'integrite commutatifs. Dans cette note, nous demontrons ce meme theoreme par une methode distincte, qui utilise la notion de filet de Jaffard [1]. Notre demonstration semble plus transparente et met en relief certains aspects d'interet qui ne sont pas du tout apparents dans le travail de Lorenzen: (1) la realisation qui nous obtenons est completement reguliere, de Hausdorff et fidele (ces termes sont definis ci-dessous); (2) il y a une relation entre les ultraίiltres de Γ ensemble des filets du groupe donne et les pre-ordres totaux plus fins, laquelle est utile pour exprimer Γordre donne comme la conjonction d'ordres totaux plus fins (cf. Krull [3], Ribenboim [5, 6]). 1. Rappelons d'abord les definitions et resultats qui seront utilises. Soit G un groupe (abelien additif) reticule (selon Γordre <S) et notons P Γensemble des elements positifs de G; G est un reticule distributif. Si feP soit E(f) == {geP\g Λf-0} Γensemble des elements de P etrangers a /. Posons f=g si et seulement si E(f) = E(g). La classe d'equivalence / contenant Γelement fe P s'appelle le filet de /. Soit Γensemble des filets du groupe G, determines par les elements feP. est ordonne en posant / ^ g si et seulement si E(f) Ώ. E(g); ^ possede un premier element 0 = {0} si /, g e P, / ^ g alors f^g; ^ est un reticule distributif: on a / Λ g = 0 si et seulement si / Λ g = 0; ^ est disjonctif: si/, g e f ne suit pas g dans ^~, il existe h e ^ tel que 0 Φh ^g,h Λ 7=0. Si /eG(mais non necessairement feP) posons par definition: f — f~ V/-, donc/=T71, ou | / | = / + . + /-eP. Soit (GL)ίei une famille de groupes totalement ordonnes, ILez Gt leur produit direct ordonne; un isomorphisme θ d'un groupe ordonne G dans ILeiGt s'appelle une realisation lorsque prLθ(G) = Gt quelque soit ce I. Par un theoreme de Lorenzen-Dieudonne, un groupe ordonne G admet une realisation si et seulement s'il verifie la condition suivante: si feG Received March 16, 1959. 305 306 P. RIBENBOIM et nf }t 0, oύ n est un entier strictement positif, alors / ^ 0. En particulier, tout groupe reticule satisfait cette condition et admet alors une realisation. La realisation θ : G—>Θ(G) c γ[ιei GL est dite concordante (ou propre) lorsque Θ(G) est un sous-reticule de ILez GL (la realisation obtenue dans la demonstration du theoreme de Lorenzen-Dieudonne n'est pas concordante). Si feG notons σ(f)= {cel\ prβ{f)Φθ}. Alors σ(fVg) = σ(f) Uσ(g), σ (f Λ g) = o(f) Π o(g) lorsque θ est une realisation concordante. La realisation Θ:G—>Θ(G) c; J[ιeiGt est dite completement reguliere lorsque : si c e I, fe P, c φ σ(f) alors il existe g e P tel que c e σ{g), σ(f) Π σ(g) = φ. La realisation 0: G—>Θ(G) c Π t e z ^ est dite de Hausdorff lorsque: si c,ιceI,cΦic, il existe f, geP tels que f 6σ(/), Λ:e<τ(flf), σ(f)Πσ(g)—φ. La realisation indiquee dans le theoreme de Lorenzen-Dieudonne n'est pas completement reguliere, ni de Hausdorff. LEMME 1. Si θ est une realisation concordante et completement reguliere alors θ est fidele, c'est-ά-dire: si f,geP alors f—'g si et seulement si σ(f) = σ{g) ainsi a definit un isomorphisme du reticule ^ des filets de G sur un sous-reticule de celui de parties de Vensemble 7, en posant σ(f) = σ(f). En effet, soit / = g et ceσ(g), cφσ(f); alors il existe heP tel que c e σ(h), σ(h) Π σ(f) = φ; done σ(h A f) = Φ et h A f = 0; or, ^ etant concordante, f e σ(fe) n ^(έ/) = o{h A g) done h A g Φ 0 et alors f Φg, absurde! Ainsi, on a bien σ(/) = σ(g). Reciproquement, si σ(f) = α(flf), si fe 6 P est tel que fe Λ / = 0, alors Φ = ^(fe Λ /) = tf(fe) Π <x(/) = tf(fe) Π σ(flf) = σ(fe Λ g) done fe Λ g = 0, et vice-versa, done / = g. Par consequent, si on pose σ(/) = </(/) alors 5(δ) = φ, σ(f V ff) = ^(7) U S(^)» ^(/Λ ^) = 5(/) Π σ(g)(oϋ.f,geP) et σ est bien un isomorphisme du reticule ^~ des filets de G dans celui des parties de /. 2* Theoreme de realisation* Tout groupe reticule admet une realisation concordante et completement reguliere. Demonstration. 1°. Soit G le groupe reticule dohne, ^ le reticule des filets de G, Ω Γensemble des ultrafiltres de ^ . Pour tout UeΩ soit Pσ = {feG\ il existe a e U tel que / . Λ α = 0}. Alors P^ + P ^ c P ^ , En effet, si /, # 6 G et /3, 7 e U sont tels que 7- Λ β = 0, </_ Λ 7 = 0 alors (/ + 0)- Λ (β A 7) ^ /- + flr- Λ G8 Λ 7) = (/- V ^1) Λ (/3 Λ 7) =(/ΓΛ /8 Λ 7) V (ffl Λ /5 Λ 7) = 0 UN THEOREME DE REALISATION DE GROUPES RETICULES 307 avec β A Ύ e U, done/ + g e Pσ. De meme, Pσ Π (—Pu) = {/β G | il existe a e U tel que / Λ « = 0}, En effet, si f Aa = 0 alors de / = /+ V/vient 0 = / Λ a = (f+ V /-) Λ a = (/+ Λ α) V (/I Λα) done /_ Λ α=0, (-/)_ Λ α = / + Λ α = 0; reciproquement. Enίin, G = P,, U {-Pu). En efFet, si fφPπ alors /_ Λ tf Φ 0 quelque soit aeU, done /+ 0 Ϊ7 (car /_ Λ /+ = 0) et alors il existe /3 e U tel que 0 = / + Λ β = ( - / ) - Λ ft e'est-a-dire —fePπ. 2°. Nous venons de voir que Pυ defίnit un pre-ordre total compatible sur G. Soit G'v = GI(Pσ Π(-Pu)) et considerons Ptu^Pϋl(Pϋ r\(-Pσ)) done Pσ definit un ordre total compatible sur Gπ. Pour t o u t / e G soit f'σ son image canonique en G'π. Si / 6 G posons θ(f) = (/' σ ) σ € α e IltreiG^ et montrons que θ est un isomorphisme de G dans le produit direct ordonne Π^ΘΩ G'u. D^abord θ(f + g) = θ(f) + θ(g) car (/ +_(/){, = f'σ +j'σ quelque soit £7GJ2. Si / ^ 0 il existe Z7eβ tel que fe U done / Λ α ^ 0 quelque soit α e Uetf $ Pπ n (~P^), e'est-a-dire /[, ^ 0 et alors θ(f)Φθ. Si feP alors /_ = 0 done/eP^ quelque soit UeΩ et alors 6>(/) = (/^)ί76Ω est positif dans Π^GΩG^. Reciproquement, s i / 0 P alors /_ =£ 0 done il existe U e Ω tel que /_ e Ϊ7 et alors fφPπ car /_ Λ # ^ 0 quelque soit α e Ϊ7, done 0(/) n'est pas positif, car f'π 0 P'π . 3°. ^ est une realisation, car prπθ(G) — Gπ quelque soit UeΩ; en efFet, si f'σ e G'σ avec fe G alors Wu&(f)—fu- L'isomorphisme θ est concordant, e'est-a-dire, θ(fAg)= ud{θ(f), % ) } , θ(f V flr) = sup {^(/), %)} (inf et sup pris dans ΓLGΩ G'σ); pour cela, on doit montrer que prσθ(fAg) = inf {prσθ(f), prσθ(g)} (inf pris dans G^) pour tout Ϊ7 e β (analoguement pour le sup). Puisque Gπ est totalement ordonne, alors par exemple f'u ^ g'u dans g'u — f'u =- {g — f)'u £P'u et alors g — fePUy done il existe β e U tel que (# — /)_ Λ β = 0 or, alors / Λ g et / sont quasi-egaux selon le pre-ordre defini par Pσ, e'est-a-dire, / Λ ^ — / e P ^ n ί — P σ ) ; en effet, f Ag -f A β = 0 A (g - f) A β = - (flf - / ) - Λ /3 = 0. Done Λ flf) = (/ Λ flr)^ = A = Λ Λ flk - inf {pr^f), prπθ{g)}. 4°. Montrons maintenant que la realisation est completement reguliere. Soit UeΩ,feP tel que ί/0 σ(f)= {Ve Ω\prvθ(f) Φ 0}, done prσθ(f) = 0 et alors fePσΠ (Pu) ainsi, il existe g eP,g eU, tel que f Ag = 0, done = 0 et par consequent σ(/) Π ^(^) = Φ; enfin pr^g) Φ 0, e'est-a-dire Π (—iV), sinon il existe /8 e Ϊ7 tel que g Λ β = 0, absurde! On a σ(/) = {UeΩ\feU} quelque soit feG, et θ est une realisation de HausdorfF. En efFet, &ifeG,feU, alors prσθ(f)Φθ, car sinon / e Pυ Π (— P^) et il existe a e U tel que / Λ α = 0, absurde ! REMARQUE. 308 P. RIBENBOIM Reciproquement, si fφ U il existe β e U tel que fAβ=0 done f e Pv Π {-Pu) et alors prvθ(f)=0. II resulte que si U, VeΩ, Uφ V, il existe f,gePte\ que feUjφ V, g e V,fΛg = 0, done gφ U et alors Ueσ(f), V e <7(flr), / Λ flf = 0, done σ ( / ) n <τ(ff) = Φ REFERENCES 1. P. Jaffard, Contribution a VEtude des Groupes Ordonnes, J. Math. Pures et Appl., 32 (1953), 203-280. 2. W. Krull, Beitrage zur Arithmetik kommutativer Integritatsbereiche I, Math. 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WOLF SUPPORTING INSTITUTIONS JNIVERSITY OF BRITISH COLUMBIA :ALIFORNIA INSTITUTE OF TECHNOLOGY JNIVERSITY OF CALIFORNIA MONTANA STATE UNIVERSITY JNIVERSITY OF NEVADA SΊEW MEXICO STATE UNIVERSITY 3REGON STATE COLLEGE JNIVERSITY OF OREGON 3SAKA UNIVERSITY JNIVERSITY OF SOUTHERN CALIFORNIA STANFORD UNIVERSITY UNIVERSITY OF TOKYO UNIVERSITY OF UTAH WASHINGTON STATE COLLEGE UNIVERSITY OF WASHINGTON * * * AMERICAN MATHEMATICAL SOCIETY CALIFORNIA RESEARCH CORPORATION HUGHES AIRCRAFT COMPANY SPACE TECHNOLOGY LABORATORIES NAVAL ORDNANCE TEST STATION Printed in Japan by Kokusai Bunken Insatsusha (International Academic Printing Co., Ltd.), Tokyo, Japan Pacific Journal of Mathematics Vol. 10, No. 1 September, 1960 Richard Arens, Extensions of Banach algebras . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 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