"le bal marron" pour géo

Transcription

"le bal marron" pour géo
(18500)
Je suis partie à Buenos Aires au lendemain de la mort de mon
père. Seule. Sans rendez-vous. À peine quelques alibis, des
numéros de téléphones de musiciens que j’adorais, des dates de
concerts, une vague idée de suivre des séances d’enregistrements.
Je désirais surtout alléger la pesanteur d’un corps qui avait
appris, dansé, théorisé « tango » des années durant à Paris.
C’était aussi le voyage d’un corps qui venait de perdre sa part
africaine : ce père caribéen partait avec ses mystères d’émigrant
et ses ancêtres inconnus. L’espace physique du tango - la
« milonga » qui n’est pas qu’une piste de danse - et la géographie
de Buenos Aires ont été le creuset de cette dilution.
C’était entre chien et loup. J’avais arpenté toute la journée le
labyrinthe des « quadras », des blocs rectilignes, pour arriver à
comprendre quelque chose de cette géographie à l’envers qui
semble tourner le dos à la mer (le nord regarde en bas sur
certaines cartes et pas d’autres). Mes chaussures étaient dans
leur petit sac en toile. J’avais une idée d’un concert en
préparation dans un lieu réputé pour la qualité de sa
programmation. Le Torquato Tasso, face au Parc Lezama, tenait
son point fort depuis le début en 95, à la présence d'orchestres,
comme Color Tango ou El Arranque, que j’avais repérés lors de
leur passage à Paris.
Je tombais au milieu d’une « pratique ». Ni un bal ni un cours,
mais un lieu où des danseurs viennent « essayer », comme il se dit
pudiquement. Une pièce sombre, genre garage bas de plafond.
Odeur de cigarette froide. Une salle de concert mal remise de sa
nuit. Une musique sur un crincrin, quelques couples. À peine le
temps de boucler mes chaussures, qu’un homme court sur patte,
la soixantaine, m’invite d’une « mirada » furtive : un coup d’œil.
Sans protocole aucun. Je me retrouve le bras gauche autour de
ce cou anonyme qui m’arrive à la poitrine, présente, sans
pression. Inclinée vers l’avant -poids sur la plante des pieds- le
voyage commence par cet acte : donner son poids tout en gardant
son axe. Très vite, comme une aiguille affolée par un champ
magnétique, cette main gauche inconnue dans ma paume droite
commence à trembler comme une feuille. Cela n’empêchait pas le
petit homme d’interpréter sa marche avec grâce, en harmonie
avec la mienne. Il prévenait comme il se doit mes possibilités,
sans machisme, me guidant subtilement sans m’imposer de
brutales figures. Je n’osais pas me dégager. Un couple à côté
avait l’air de l’être dans la vie, ou faisait comme si. Mon
partenaire à la fois sérieux et béat faisait des commentaires
admiratifs. Obscurité quasi totale, chaleur étouffante. J’étais un
peu éberluée de ces vibrations inconfortables. Je remerciais
simplement l’homme après quelques tangos, et sortais m’aérer
dans la rue... « Parkinson tango ». C’est ainsi que j’allais nommé
cette situation aux antipodes des images Smoking et Brillantines,
couples-aux-regards-de-braises et lumières tamisées !
Cette entrée en scène incommode m’est apparue plus tard comme
symptomatique du chemin claudiquant qui s’ouvrait pour moi à
Buenos Aires.
C’était à la limite du petit Montmartre de San Telmo, où les
« Academias Gardel » disputent l’espace aux antiquaires, et du
quartier de la Boca. Cette « bouche », ce port envasé, pollué,
envahi de carcasses de bateaux rouillées mais habitées, fut le
goulet d’étranglement de l’histoire Argentine. Les bateaux y
déchargeaient leur lot de migrants venus tenter leur chance.
Noirs et indiens avaient déjà été au mieux dilués par métissage,
au pire décimés par les épidémies ou transformés en chair à
canon. Le gouvernement de l’époque convoquait alors ceux qui
fuyaient famines et pogroms pour venir construire le pays. C’était
l’« Amérique à défaut de New York ». Cette politique de
blanchiment de la population fit son travail, sauf que les grands
blonds attendus étaient plutôt, à l’arrivée, des méditerranéens
aux cheveux frisés venus de Sicile, d’Odessa, de Naples ou de
Toulouse - telle cette blanchisseuse, maman d’un certain Carlos
Gardel. Aujourd’hui à la Boca, en ce mois de février, Zénith de
l’été, des habitants squattent une banque désaffectée. Des
façades taulées s’exposent, bigarrées, au soleil. Devant, les
Paraguayens, Boliviens et autres déracinés des provinces pauvres
du nord ont remplacé les Européens du siècle dernier. Ils sirotent
leur maté (1). Pas de touristes dans cet endroit détourné des
guides, hormis un petit carré, protégé comme un village de
Playmobil, un musée Grévin du tango des premiers âges. J’y
retournais quelquefois de jour, hypnotisée par la lumière blafarde
qui perçait entre les voies d’une d’autoroute suspendue audessus des bidonvilles. Me revenait une chanson, une petite
danse festive évoquée par Juan-Carlos Caceres, un poétemusicien dont les origines nègres du Tango sont le cheval de
bataille : « da me la lata ». L’histoire d’un souteneur demandant
« le jeton » à sa protégée, le jeton métallique que la tenancière du
lupanar remettait aux filles, pour chaque client. Le tango d’alors
quittait les trottoirs de la Boca, les empoignes uniquement
masculines, pour se coltiner un corps de femme, idéalisé, irréel,
laissé sur l’autre rive de l’Atlantique. À cette époque, tout début
de siècle, la déclinaison infinie n’était pas encore structurée,
suspendue au souffle de la « boîte à frissons », le bandonéon dont
on se demande toujours comment des milieux populaires
germaniques il en est venu à chanter les déboires de l'homme du
Rio de la Plata. J’étais fascinée par la présence-absence, sous les
taules, de cette « négritude qui suinte dans le tango » comme le
formulait El Turquito (2), un maestro des bals parisiens et
musicien d’une intuition très sure. Cette noiraude se niait ellemême en avalant ses syncopes cambrées sous des formes de plus
en plus complexes. J’étais là encore, comme à Cuba ou en Haïti,
sur les traces sonores d’un alliage de contredanses européennes
et de candombé africain, dilué mais évident, sauf que l’acteur
principal avait quitté la piste. Buenos Aires, qui comportait 40%
de mulatos il y a un siècle, est aujourd’hui la capitale la plus
blanche d’Amérique. Les quelques noirs qu’on croise sont des
touristes américains.
Aidée par le maté, j’inversais peu à peu le cycle du jour et de la
nuit. Je pris vite l’habitude de jongler avec les milongas. Le
vendredi c’était à Palermo. Le quartier d’enfance de Borges avec
ses inquiétants terrains vagues de l’époque, "ces rues avantdernières " décrites dans les Nouvelles réfutations du temps, dont
les portes "semblaient faites de la substance même de la nuit », le
berceau de ses premières expériences de « l’inconcevable
inexistence du temps ». Le « vieux quartier (...) des terrains
vagues et du couteau » est devenu Palermo Soho, ultra branché
avec magasins high-tech, design tout azimuth et gastronomie des
quatres coins de la planête.
Minuit passé, la bonne heure pour pénétrer le cercle de La Viruta,
la milonga du centre culturel arménien. C’est l’heure où des
centaines de jeunes gens - jean sous la ceinture, nombril à l’air,
cheveux teintés- convergent autour de la piste. Dans la rue, ils
étaient facilement repérables par le sac de chaussures, en
bandoulière, marqué des fabriques sur mesure « comme il faut »,
ou du plus populaire « Suzanna shoes ». Luis Solana,
copropriétaire du lieu est acteur. Il a commencé à danser le tango
en 1989, à 32 ans. "À l’époque, il n’y avait que des lieux fréquentés
par des plus de 50 ans, réticents à ce que les jeunes apprennent..."
bien normal, car suite à l’âge d’or des années 40, le tango est
tombé dans un sommeil forcé après la chute du Péronisme, (apres
55) aidé par le régime militaire et l’américanisation. C’est le coup
de massue. Il devient ringard, et la tangomania ne reviendra, en
boomerang d’Europe, que dans les années 80.
« Aligato, Gracias, Merci, Thank you.... » à l’entrée, une femme
dégargaillée déchire les tickets à 5 pesos (à peine 2 euros). A ce
prix-là, la plupart des tangueros s’offriront plusieurs milongas au
cours de la nuit. Ils n’auront que l’embarras du choix. Il suffit de
se procurer le tango guide map, pour se frayer un des nombreux
parcours noctambules. Mais, à l’image du « cabeceo », chassécroisé du regard entre les futurs partenaires, sans échange de
mots sans déplacement, qui marque la manière d’entrer dans la
danse, cette capital federal de Buenos Aires, grande comme six
fois Paris, ne se livre pas du premier abord. Le bouche-à-oreille
circule, et les lieux alternatifs s’inventent chaque soir. Tout
l’underground du tango, par exemple guette la réouverture de la
Catédral, fief du mardi soir. Un hangar en premier étage dans la
rue Sarmiento, avec un toit en coque de bateau à l’envers, un
décor de broc et un énorme Gardel qui clignote dans un cœur.
Comme d’autres, ce lieu trash est fermé depuis un drame récent,
l’incendie d’une boîte de nuit, le « Cromagnon » qui a causé 200
morts. En attendant, il y a évidemment Cochabamba, ou la
Trastienda plutôt homo, ou encore les « hauts » lieux : le Nino
Bien, la Confiteria Ideal (cadre historique de La Leçon de Tango
de Sally Potter et de cet autre film avec Madonna en Evita Peron),
une ancienne confiserie-salon tenue par la Turca et sa dynastie
de rousses liftées. Il y a aussi le Canning, et le Salon Espanol,
petit bijou latino-baroque avec une banquette rouge dans
l’ascenseur, où Turquito m’avait fait remarquer "si tu rates ton
invitation t’es mort car tout le monde te voit ! ». Le Sunderland,
aussi, est un stade de basket à peine relooké, avec néon et
réclames au mur, où l’on vient en famille pour manger de la
viande « asada », danser, et regarder les plus beaux spécimens
tangos du monde.
Mon préféré, le plus « Ettore-Scolien » de tous, loin, dans le
quartier Flores, c’est le salon el Pial. C’était le quartier d’enfance
du metteur en scène Jorge Lavelli, la zone aussi des histoires de
Cesar Aira (3), avec ses recycleurs, ses nouveaux trafiquants, ses
vies entrecroisées et fragiles. Sa position hors circuit me laissait
le temps de conversations interminables avec des chauffeurs de
taxi, comme ce « Luis », qui avait fait la guerre des Malouines
contre les Anglais et s’était retrouvé avec un éclat d’obus dans la
jambe. Mère de Calabre, père forte-tête du Pays Basque, des
ancêtres qui avait combattus les Maures, d’autres qui étaient sur
ligne Maginot en 14-18... un destin ordinaire somme toute dans
cette ville où tout le monde descend des « bateaux ». Le salon El
Pial offrait une galerie de personnages rêvés, à commencer par la
« dame Deo », comme l’avait nommé le danseur parisien Jorge
Rodriguez en essuyant une larme de nostalgie. Équivalent de
notre dame-pipi, témoin privilégiée de toutes les intrigues, elle est
postée dans les lavabos des toilettes, avec une tablette jonchée de
babioles à consommer sur place : petites ceintures de cuir en cas
de chute du pantalon, déodorant, tampons hygiéniques, bonbons
pour l’haleine, rouge à lèvres, amulettes avec effigies de Gardel et,
accessoirement, papier toilette. El Pial, on l’appelle aussi La
Baldossa, du nom de ce grand carreau de céramique sur lequel
tout bon danseur devrait pouvoir évoluer. Car gérer l’espace de la
piste est un art. Guider et à la fois se fondre dans le flux
circulaire de la montre à l’envers est bien le sacerdoce qui revient
à l’homme. La femme, elle, c’est l’abandon dans la présence ou
vice versa. Mélange d’un vieux fantasme fusionnel et d’un fond
catholique européen : « le haut ne montre pas ce que fait le bas... »
commente avec ironie Alexandra Prusa, une réalisatrice d’origine
russe, pilier des milongas. Cette blonde aux jambes interminables
avait eu le temps de me confier « Le tango est ma muse. La
transcendance, l’oubli de moi-même... » avant d’être happée par un
danseur repéré à l’autre bout de la salle. Elle me fascinait par
cette aptitude à prendre la pose de l’attente. Pour ma part, trop
fière pour me mettre en première ligne les jambes croisées,
immobile, toutes écoutilles dehors, j’avais plutôt tendance à
virevolter d’une table à l’autre en parlant à tout le monde. Mais
chacun arrive à cet instant vibrant, à la fois très intime et social,
avec plus ou moins de décontraction.
À la Baldossa, je retrouvais régulièrement un autre Luis, « Luis
Tango » sur sa carte de visite en papier recyclé, un petit
bonhomme jovial de 75 ans qui initiait une fille à fossettes de 50
ans sa cadette. J’adorais cette « transgénération », peu courante à
Paris.
Après une cortina (littéralement « rideau ») c’est à dire un extrait
de quelques secondes hors tango (des Beatles, à Jacques Brel en
passant par Björk ou Manu Chao, chaque DJ y va de sa
fantaisie), qui sert à quitter courtoisement le ou la partenaire ou à
l’inverse à exprimer son désir de continuer, place à un nouveau
cycle de tangos. Ce n’est pas le moment de vérifier l’état de ses
chaussures ou de regarder la décoration du plafond. C'est une
chasse sans en avoir l’air. Ensuite, un bref « ok on peut essayer »,
« oui », ou rien, suffisent. L’odeur, la sueur. Ajustement des
colonnes vertébrales, des respirations. On est là. Peau à peau,
réitérant le pacte sacré de chaque instant. Jeu de questionsréponse complexes et infinies. Éternel vacillement entre chute et
tenue, femme-sujet et femme-objet, transgression et contrainte, la
danse pétrit inlassablement l’essence même du doute. Les visages
sont en quinconce. Le regard est derrière, fermé ou ouvert, mais
loin. C’est une manière de faire l’amour sans embrasser comme
les prostituées aguerries. C’est aussi le rappel des années 40, où,
le visage en direction inversée, la femme conversait pour dealer le
prix d’une conquête. Ultimes protections, les codes, postures et
mises en scène ne semblent là que pour protéger du vertige, de la
« folie » d’un pays à la proportion hallucinante de psys par
habitant.
Le matin je revenais en passant par le Barrio Norte. Demeures
fastueuses avec jardins à l’anglaise. S’ouvrait alors une
succession d’avenues rectilignes jusqu’à la Recoleta, quartier
boosté par les capitaux étrangers, avec son parc réplique du Bois
de Boulogne et son cimetière qui abrite la dépouille historique
d’Evita Peron. Comment appelle t-on les promeneurs de chien
avec leur meute hétéroclite de cadors dans les Parcs ? « y’a pas de
nom, ce sont des nouveaux métiers ça ! » m’avait répondu Victoria
Vieyra, une superbe danseuse à la verve populaire. Sous l’étalage
de richesses, c’est le royaume de la débrouille. Chacun y va de
son initiative. Les vestiges du « corralito », dépression brutale qui
a mis l'économie argentine sur le flanc en faisant chuter le peso qui valait un dollar- au tiers de cette valeur, et vidé les comptes
particuliers fin 2001 sont là, tout proches. A commencer par la
disparition immédiate de sa poubelle à peine descendue. Le
système de tri des déchets étant assuré par les « cartoneros », des
structures familiales entières appauvries qui oeuvrent avant le
passage de la benne à ordure. Ils s’embarquent dans les navettes
spéciales sur rails et vont vendre leur butin pour quelques
centimes de pesos. Cette crise, elle est visible chez ces jeunes
enfants qui font la manche avec des accordéons-jouets, dans ces
groupes de rue, souvent très bons, qui se retrouvent là par
militantisme ou par besoin. Elle se niche aussi dans les textes de
tangos, qui ont largement intégré la mondialisation, Internet et
ces « cartoneros ». C’en est fini, pour la nouvelle génération, avec
le « désamor » autoflagellatoire rabâché par « la pensée triste qui
se danse ». La tendance est au tango-cancion et au retour au
lunfardo (argot). Que ce soit dans l’électro avec les groupes nés
dans le sillage de Gotan Project ou le tango-rock déjanté de
Melingo, le chant est aujourd’hui un hymne d’après crise, qui
parle d’esprit de coopération, de piqueteros (mouvements de
chômeurs), de cantines et d’assemblées populaires. Sauf pour le
Tango-Touriste pressé (qui alimente tout de même le 3e poste
économique du pays après les vins et la viande), l’image d’un
chanteur comme Goyeneche, le «polac » à la gouaille
incomparable, rivalise avec celle de Gardel. L’orchestre de
Pugliese devient référence, pas seulement pour les merveilleux
accents à contre-temps et la décharge de ses bandonéons, mais
aussi pour son organisation légendaire en « coopérative ». Un des
derniers avant la crise des grands orchestres des années 50. En
écho à Pugliese, justement, l’ensemble Fernandez Fierro est une
petite société à part entière qui a fondé un théâtre autonome dans
le quartier Abasto. Pas de moins de 20 000 spectateurs y sont
passés l’année dernière sans aucune publicité. « On est un
système d’organisation de la vie au-delà de la musique. Sur le
modèle des usines qui ont continué à fonctionner seules quand les
patrons ont fui pendant de la crise, nous appuyons tout ce qui vient
de l’initiative ouvrière, et la production propre de l’ex-employé au
chômage » me raconte Pablo, un des violonistes. Onze musiciens.
Au premier plan, 4 véhéments bandonéonistes avec dread locks,
et le chanteur « el chino » : un huluberlu caméléon déguisé en
Maradona ou quelquefois... en chanteur de tango.
Donde vo(ch) vivi(ch) ?(4) Un drôle d’idiome, un Espagnol qui
chuinte sur la tonique italienne et n’emploie que le vouvoiement,
me hèle. Invraisemblable formule d’une vieille garde accrochée au
quotidien : en Argentine – aux antipodes du « you ! » américain,
même en intimité, on ne tutoie pas. Buenos Aires – la ville
européenne la plus australe au Monde- semble avoir perdu une
partie de sa mémoire « comme une Europe refaite dont les plans
auraient été oubliés quelque part » disait Lavelli.
Alors « Donde vo(ch) vivi(ch) ? » sur la place Dorrego El Indio
converse en passant le chapeau. C’est un danseur militant qui
anime un petit bal. Il conte l’histoire du tango, puis, quelques
farolitos (fanions) et maderas borrachas au sol (littéralement bois
ivres) suffisent pour ouvrir l’arène de la « Messe hérétique » (5).
Un espace rituel pas si loin d’un temple du vaudou haïtien, où les
Dieux s’en seraient allés en laissant les hommes converser. « En
tango, le bonheur est grave parce qu’on le porte comme un verre
plein que le moindre mouvement peut renverser » me disait cet
Indio, beau comme un Dieu. Méditation en mouvement : le flot
sacré de la piste avale ses cancres coincés au milieu (les danseurs
hésitants), ses doutes et ses certitudes.
Moi, vacillante, j’étais obsédée par cette phrase de Nietzsche
« celui qui existe, c’est celui qui danse, avec le temps qui le tue ».
Emmanuelle HONORIN
Remerciement chaleureux aux poètes bien inspirés,
rencontrés à Buenos Aires et à Paris. En particulier Stéphane
« Turquito », Edouardo Makaroff, J C Caceres, Dino Saluzzi,
Imed, Alexandra Prusa, ainsi que mon professeur et ami,
Mazen Kiwan.
(1) herbe infusée tonifiante, connu pour supprimer la
sensation de faim et chasser les migraines.
(2) « turco » étant le sobriquet attribué à quiconque à les
traits orientaux, qu’il soit d’ascendance juive, turque
ou arménienne.
(3)
Ecrivain majeur de la litterature latino-americaine
d’aujourd’hui, fin explorateur du Buenos Aires d’apres
crise, il a été salué par la critique pour ses romans « un
épisode dans la vie du peintre voyageur » ou « Le
manège » (chez André Dimanche), ou encore « canto
castrato » (chez Gallimard).
(4)
De l’espagnol courant « donde vives ? », « où vis
tu ? »
(5)
Selon les termes de Carriego, poète du début du
siècle, précurseur de Borges
En annexes, à prévoir :
l’auteur, (si necessaire) :
Emmanuelle Honorin est critique musical à Geo, et journaliste. Passionnée
de Tango depuis longtemps, elle a par ailleurs, travaillé sur les cultes de
possession, en Haiti (le vaudou), à Cuba et en Afrique du Nord.
Carte avec :
Légendes des lieux/ commentaires photos et détails
objets « mythiques »
Discographie sensible
Lieux à placer sur la carte
Entourer des zones pour l’« histoire » du tango
La Boca, le quartier abastos (les abattoirs) et San Telmo, puis les
lieux
(les légendes seront affinées plus tard)
la Boca (photo)
Les abattoirs
quartier San telmo (bandonéoniste, rue) (photo)
puis :
Le Torquato Tasso, face parque Lezama,
la Trastienda
le Gotan, crée par le cuarteto cedron
El Nino bien
Le centre Borges
Salon el pial a flores
la viruta, centre armenien .
DNI, tango et yoga,corrientes 2140 (photo)
Plazza Dorrego
Theatre presidente Alvear.
la confiteria ideal
Portena y balairines, 2 salles vertes et rouges,
club espagnol
la catedral
bar Dorrego (mon fief, photo)
anchorena pour fabrique de chaussures (photo)
salon canning,
cafe tortoni (photo)
sunderland, stade de foot-basket avec pub au mur.

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