Diagnostic de fertilité au quotidien : à propos d`un cas
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Diagnostic de fertilité au quotidien : à propos d`un cas
06 logie La place de la bioeutique p dans le suivi théra e de la femm INFERTILITÉ Diagnostic de fertilité au quotidien À propos d’un cas... De nombreux couples consultent leur médecin gynécologue pour une prise en charge diagnostique et thérapeutique de leur fertilité. Le rôle du biologiste dans le diagnostic et le suivi est primordial pour optimiser les chances de grossesse. Le Dr Martine Cohen-Bacrie, Directeur Général du Laboratoire Eylau Unilabs à Paris, revient pour nous sur le cas d’un de ces couples. PRÉSENTATION DU CAS Après deux ans de vie commune, M. et Me T. consultent le Docteur M., gynécologue, en l’absence de grossesse spontanée. La patiente est une enseignante de trente-huit ans sans enfant, a des antécédents de dysménorrhée, des cycles irréguliers et une perte de poids récente inexpliquée. Elle est fumeuse et boit du café. L’homme a quarante ans, il est chef cuisinier, sportif, fumeur et présente un alcoolisme modéré en rapport avec sa profession. Il a un enfant de 6 ans d’une précédente union. RÉALISATION D’UN PREMIER BILAN La patiente : Un premier bilan hormonal est réalisé avant le cinquième jour du cycle : FSH, LH, œstradiol, progestérone, prolactine, TSH et AMH. Ces dosages hormonaux permettent de vérifier le fonctionnement de l’axe hypothalamohypophysaire ovarien, et d’évaluer la réserve ovarienne pour éliminer un début d’insuffisance ovarienne, un SOPK, ou une perturbation de la thyroïde. Une échographie ovarienne en début de cycle est également réalisée afin d’observer et quantifier le nombre de follicules pré-antraux et antraux (compte folliculaire antral). L’échographie de l’utérus et des trompes ne révèle par ailleurs aucune anomalie. Le bilan hormonal de la patiente est normal sauf pour le dosage de TSH très bas, en faveur d’une hyperthyroïdie qui sera confirmée par les dosages de T3 et T4 augmentés. Cette hyperthyroïdie sera par la suite prise en charge et traitée. Le patient : Un spermogramme et un spermocytogramme sont réalisés, accompagnés 10 000 BIO - N° 92 - NOVEMBRE 2014 MAG_10MBIO_92_GYNECO_24P_235*300_VF3_BAT_21112014.indd 6 21/11/2014 11:43 07 d’un test de fragmentation de l’ADN spermatique et de décondensation de la chromatine spermatique, comptetenu du contexte personnel. Un nouveau bilan hormonal en particulier thyroïdien est réalisé. Il ne présente cette fois aucune valeur anormale. Le taux d’AMH est stable. Ces tests révèlent une oligo-asthénoteratozoospermie (OAT) ce qui signifie qu’il y a peu de spermatozoïdes, qu’ils sont peu mobiles et un nombre de formes atypiques élevé. Le test de fragmentation de l’ADN est supérieur à 30 %, correspondant à un sperme altéré. Le patient : Le bilan spermiologique répété montre une dégradation des paramètres spermatiques bien que le taux de fragmentation de l’ADN soit passé de 30 à 20 %. L’indication d’insémination intra-utérine après stimulation ovarienne est retenue. De plus, l’homme présente des varicocèles bilatérales testiculaires. Son bilan hormonal (FSH, testostérone, Inhibine B) est normal. Le patient suit un traitement antioxydant pendant trois mois et diminue sa consommation d’alcool et de tabac. Le rôle du biologiste dans le diagnostic et le suivi est primordial pour optimiser les chances de grossesse. Une grossesse est obtenue, mais la patiente fait une fausse couche précoce, probablement à cause de la mauvaise qualité des spermatozoïdes. Après 2 autres tentatives d’insémination infructueuses, il est proposé de réaliser une FIV avec injection intracytoplasmique des spermatozoïdes. SECOND BILAN Malgré leurs traitements respectifs, la patiente n’est toujours pas enceinte au bout de six mois. Une nouvelle grossesse est obtenue et la patiente accouchera à l'issue de neuf mois de grossesse, d’un bébé en bonne santé. • LE MAGAZINE D’INFORMATION BIOMÉDICALE DE ROCHE DIAGNOSTICS FRANCE MAG_10MBIO_92_GYNECO_24P_235*300_VF3_BAT_21112014.indd 7 21/11/2014 11:43