Histoire des manuscrits gnostiques coptes. La correspondance

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Histoire des manuscrits gnostiques coptes. La correspondance
Sélection d’ouvrages présentés en hommage
lors des séances 2015 de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
« J’ai l’honneur de déposer sur le bureau de l’Académie, de la
part de ses auteurs, un ouvrage intitulé Histoire des
manuscrits gnostiques coptes. La correspondance DoressePuech 1947-1970, présentée par Michel Tardieu, éditée par
Eric Crégheur, James M. Robinson et Michel Tardieu, paru
dans la section « Études » de la « Bibliothèque copte de Nag
Hammadi », volume 9, à Québec et Louvain-Paris-Bristol, CT,
Presses de l’Université Laval et Édition Peeters, 2015, xi + 389
pages.
Il y aura soixante-dix ans en décembre de cette année qu’était
faite à Nag Hammadi, en Haute Égypte, l’une des plus
importantes découvertes de manuscrits anciens du XXe siècle :
douze codices de papyrus et les restes d’un treizième,
totalisant près de 1300 pages et plus de cinquante textes coptes, pour la plupart
totalement inconnus. Si l’un de ces codices fut acquis par le Musée copte du Caire dès le
mois d’octobre 1946, il faudra attendre 1975 pour que la totalité de la collection y soit
rassemblée. Fruit d’une trouvaille fortuite, la découverte de Nag Hammadi éveilla très
tôt l’attention aussi bien des marchands d’antiquité présents en Égypte que des
autorités du Musée copte, dont Togo Mina était à l’époque le conservateur. Les premiers
européens à avoir eu connaissance de la découverte furent des personnalités ou des
savants français : Jacques Schwartz, futur directeur de l’Institut de papyrologie de
l’université de Strasbourg, qui était alors pensionnaire de l’IFAO ; Charles Kuentz, qui fut
le directeur de cette institution de 1940 à 1953 ; le chanoine Étienne Drioton, qui fut le
Directeur général du Service royal des Antiquités de l’Égypte et des Musées égyptiens de
1936 à 1952 ; Gaston Wiet, directeur du musée de l’Art arabe du Caire de 1926 à 1952 ;
François Daumas, qui, en décembre 1946, avec Henri Corbin, vit le codex qui avait abouti
au Musée Copte.
Mais celui qui jouera un rôle capital pour la description et l’identification des nouveaux
écrits fut sans contredit Jean Doresse (1917-2007). Auditeur des conférences d’HenriCharles Puech à la section des sciences religieuses de l’École pratique des Hautes Études
dès 1941, J. Doresse entre au CNRS comme allocataire de recherche en octobre 1944. En
septembre 1947, il se retrouve en Égypte, pour effectuer, au titre de “chargé de fouilles
du musée du Louvre”, la première de cinq missions financées par la Commission des
fouilles archéologiques du ministère des Affaires étrangères. Dans une première lettre à
H.-C. Puech, datée du 4 octobre 1947, J. Doresse lui fait part de l’existence d’ “un volume
sur papyrus de 140 pages” d’écrits gnostiques en copte sahidique (l’actuel Codex III).
L’année suivante, le 4 décembre 1948, il enverra à H.-C. Puech un inventaire détaillé du
contenu de onze autres codices. J. Doresse et H.-C. Puech annonceront peu après la
découverte dans une communication conjointe présentée ici même, le 20 février 1948.
Les échanges épistolaires entre le jeune chercheur qui avait un accès privilégié aux
manuscrits et le savant reconnu qui, à défaut de pouvoir les lire ou les traduire, était le
mieux en mesure de les interpréter se sont poursuivis jusqu’au 31 décembre 1970,
comme en témoignent les 132 lettres éditées dans ce volume et dont les originaux sont
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Sélection d’ouvrages présentés en hommage
lors des séances 2015 de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
aujourd’hui conservés dans les archives de Michel Tardieu, pour les lettres de J. Doresse
à H.-C. Puech, et de James M. Robinson, pour celles de H.-C. Puech à J. Doresse.
Le projet d’une édition de la correspondance échangée entre J. Doresse et H.-C. Puech est
né lors du huitième congrès international d’études coptes tenu à Paris du 28 juin au
3 juillet 2004. À cette occasion, James M. Robinson présenta une communication
intitulée “Le rôle des savants français dans la première période des recherches sur Nag
Hammadi”, largement fondée sur les lettres de H.-C. Puech destinées à J. Doresse et qui
étaient en sa possession. Intervenant après cette communication, M. Tardieu fit
remarquer que J. M. Robinson n’avait pu reconstituer qu’un volet de l’histoire puisque
lui-même détenait les lettres de J. Doresse reçues par H.-C. Puech. C’est alors qu’il fut
proposé à J. M. Robinson et à M. Tardieu de réaliser ensemble la publication des deux
volets de la correspondance. L’édition critique de la correspondance, établie par Éric
Crégheur, est précédée d’un essai de plus de 150 pages signé par Michel Tardieu et
intitulé “Les positionnements socio-culturels de la correspondance Doresse-Puech
1947-1970”, dans lequel on retrouve, entre autres, une esquisse biographique des deux
protagonistes (“le chargé de fouille et l’archicube”), le cadre chronologique dans lequel
se situe la correspondance et surtout des notices consacrées à toutes les personnes,
institutions ou organes de diffusion mentionnés dans les lettres. Ces “profils
institutionnels” fournissent au lecteur les informations indispensables à la saisie des
enjeux de la correspondance. Cette correspondance jette un éclairage inédit sur une
période antérieure à la parution de l’édition photographique des codices de Nag
Hammadi (1972-1984), période durant laquelle l’accès aux manuscrits était réservé à
des privilégiés et suscitait, en France et ailleurs, bien des convoitises. »
Paul-Hubert POIRIER
Le 2 octobre 2015
Histoire des manuscrits gnostiques coptes.
La correspondance Doresse–Puech 1947-1970
Presses de l’Université Laval
www.aibl.fr
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