CHOISIR ET S`ENGAGER C`EST AVANCER ET GRANDIR
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CHOISIR ET S`ENGAGER C`EST AVANCER ET GRANDIR
CHOISIR ET S’ENGAGER C’EST AVANCER ET GRANDIR Les occasions de choix sont multiples aujourd’hui, des petits choix comme des grands choix. Du choix d’acheter un CD, de sortir avec un copain au choix plus important comme une option de langue, une série en Lycée, voire une orientation professionnelle. Il y a aussi dans notre vie des vrais choix et des faux choix. Il m’arrive parfois d’entendre des parents dire veux-tu sortir encore ce soir et perdre ton année ou rester travailler à la maison et réussir ta vie. Face à cela, vous n’avez plus qu’à vous exclamer: mais si j’ai bien compris, je n’ai pas de choix. Sauf de crâner ou de se révolter, on ne peut que choisir la réussite de sa vie. Il n’y a pas, dans ce cas, de vrai choix. Enfin, il y a une différence entre choisir un avenir à travers des choix d’orientation et choisir une personne ou un groupe avec qui on partage ce que l’on vit, avec qui on construit une amitié, un amour.. La question du choix pose ainsi trois questions: que choisir dans la multitude de possibles, quelle liberté dans le choix et enfin la différence entre le choix d’un avenir et le choix d’une personne. Au risque de vous décevoir, j’ai choisi de traiter ici que du premier point : que choisir dans les innombrables possibilités qui nous sont offertes chaque jour. Qu’est-ce qui rend difficile le choix? La multiplication exponentielle des possibilités des choix est le premier facteur qui rend le choix difficile. Les filières de formation après le Collège et le Lycée, tant professionnelles que générales, n’arrêtent pas de se créer. Cela correspond certainement à des besoins industriels, d’entreprises, de service de notre société qui n’arrête pas d’évoluer. Cela peut aussi provenir des organismes de formation qui sont à la recherche d’élèves et donc de source de financement. Qu’importe Le fait est qu’il y en a tellement que parfois on a l’impression de ne pas tous les connaître. Même muni d’un moteur de recherche hyper performant, on n’est pas sûr de trouver toutes les formations qui correspondent à ce que l’on cherche. Pire encore, on ne sait pas comment l’une vaut par rapport à l’autre sans compter le fait qu’au bout de la lecture d’une vingtaine de propositions sur les 3500 on commence à se lasser de les lire. Une multiplicité qui ne simplifie pas le choix, c’est la première difficulté. Mais il y a malheureusement d’autres difficultés. Deuxième difficulté: la peur de se tromper. Qu’est-ce qui me dit qu’en choisissant tel portable j’ai vraiment ce qui correspond à mes besoins, même si j’ai fait le tour de la chose, si j’ai posé toutes les questions possibles et imaginables? Qu’est-ce qui me dit qu’en prenant telle orientation scolaire selon mes capacités, je ne vais pas avoir du goût pour suivre d’autres études ?... Alors les commerciaux ont inventé un slogan qui nous évite, nous pauvres consommateurs, à nous perdre dans les hésitations infinies de nos choix: c’est le concept «sans engagement ». Prenez tel abonnement Internet, ce n’est pas cher et en plus c’est sans engagement de votre part, puisque vous pouvez changer à tout moment. Formidable, nous ne faisons que repousser le choix plus loin puisque nous pouvons faire l’essayage. La peur de nous tromper nous fait repousser à l’infini le choix. Essayons aujourd’hui et nous choisirons plus tard. Malheureusement, souvent essayer c’est adopter et nous avons perdu notre capacité de choix. Allons un peu plus loin. Nos hésitations prennent racine souvent dans la méconnaissance de soi. Bien que nous soyons sortis de la «BOF génération» (génération de l’indifférence), nous ne savons pas vraiment ce que nous désirons, ce pour quoi nous avons du goût, ce pour qui nous sommes prêts à risquer notre vie en le choisissant. C’est la 3eme difficulté. A part l’illusion de goût que le monde des médias et de la pub peut créer en nous, nous ne connaissons pas notre goût personnel, celui qui révèle notre vraie identité. Certes, à votre âge, je ne savais Mise à jour 2005 pas non plus si j’aimais plus la chimie que les sciences de la vie et de la terre. Surtout je ne savais pas si j’aimais les sciences de la vie et de la terre parce que j’avais un père médecin ou parce que cela correspondait à une aspiration personnelle Pourtant je savais que je voulais faire une série scientifique, quitte à devoir trimer beaucoup, parce que je n’étais pas particulièrement doué en Maths. Connaître ses goûts, ce qui nous rend heureux, ce pour quoi on excelle.., font partie des éléments qui facilitent le choix. , Mais au plus profond de soi, il y a autre chose encore qui rend plus difficile le choix: 4eme difficulté: la peur de renoncer. Choisir une chose c’est renoncer à toutes les autres choses. Et cela nous n’aimons pas parce que nous voulons tout embrasser, tout prendre, tout choisir, tout avoir... Or nous sommes limités et c’est à la fois notre malheur et notre grandeur aussi. Je me rappelle, quand j ‘avais 30 ans, mon jeu favori c‘était de prendre la télécommande, quand il n y avait plus personne devant la télé pour regarder plusieurs films à la fois. C ‘est vrai que j ‘ai la capacité de combler les bouts manquants par mon imagination. Jusqu ‘au jour où on m ‘avait demandé si j‘avais vu tel passage d’un film que j ‘étais sensé avoir vu. C ‘était le moment où deux amants ... . sortaient d’un superbe mensonge qu ‘ils se faisaient 1‘un à l’autre. A ce moment là j ‘étais sur l’autre chaîne entrain de regarder l’exécution d’un patriote. Grande fut ma honte quand j’ai répondu oui alors que je ne l’ai pas vraiment vu, que j‘ai deviné de travers et que j‘étais démasqué dans mon mensonge. Depuis ce jour-là, je me suis juré de ne plus zapper mais de faire vraiment un choix et s ‘il était mauvais, j ‘irai lire un bon bouquin. 2. QU’EST-CE QUE CHOISIR? a. Choisir c’est progresser. J’ai un neveu qui est militaire de métier. Avant hier, je lui ai posé la question: qu’est ce que c’est que choisir pour toi? Il m’a répondu : c’est se donner une chance de ne pas se faire tuer. Comprenez que si vous ne prenez pas la décision de tirer ou de vous planquer, vous risquez de vous faire dégommer. Mais mon neveu Jean-Pierre de rajouter: choisir c’est ce qui fait avancer, progresser, aller de l’avant, sortir de l’indécision. En effet, quand on choisit un jeu, on va pouvoir faire le tour, découvrir toutes les possibilités du jeu. Quand on choisit une orientation, on va pouvoir avancer sur cette orientation, en ce concentrant sur celle-là et celle- là uniquement. Quand on a choisi un ami, on va pouvoir approfondir la relation, partager de plus en plus, parler et écouter sur des choses de plus en plus profondes. Choisir c’est investir toute son énergie dans une chose pour aller plus loin plutôt que de s’éparpiller dans multitudes de choses. b. Choisir c’est renoncer Choisir c’est sortir d’une illusion que l’on peut tout faire, que l’on peut tout vivre, que l’on peut tout avoir. Choisir c’est renoncer. D’abord renoncer à tout ce que l’on n’a pas choisi, aussi bon soit-il. Il nous arrive parfois de nous donner l’impression de choisir quelque chose sans vraiment accepter de renoncer au reste. Alors, par tout un jeu d’artifices, on va tout récupérer et en faire une sorte de panaché qui nous donne l’impression de tout avoir. Ainsi choisir c’est aussi renoncer à ne pas tout avoir, ne pas tout savoir, ne pas tout pouvoir. En général, on n’aime pas cela, soit en se l’avouant ou pire encore, en l’ignorant complètement. Regardez bien les choix que vous avez faits et scrutez l’évolution, vous verrez peut-être qu’au fil du temps, vous récupérez subrepticement l’un après l’autre ce à quoi vous avez renoncé. Un exemple simple : vous décidez que ce soir vous allez passer la soirée à travailler, à ranger votre chambre si vous avez encore du temps, sous l’effet d’une bonne générosité. En faisant cela, vous renoncez à la télé où se déroule un match de foot très moyen ou encore à une séance de jeu au XBOX Pourtant au bout d’une heure de travail, vous vous dites, je vais prendre une minute de détente, boire un coca, et si j‘allumais la télé pour siroter mon coca et je partirai quand la canette sera finie. Manque de pot, la canette ne finissait jamais parce que vous êtes tombé sur un super programme, hyper intéressant... Et voilà comment on récupère ce à quoi on a renoncé en toute bonne foi. (Je n ‘ose pas donner un exemple sur les cadeaux, même si e ‘est très tentant). Choisir c ‘est renoncer. Mise à jour 2005 c. Choisir fait exister Nous le savons tous que l’histoire de l’humanité telle qu’elle est aujourd’hui provient d’une série de décisions et aussi parfois de non choix. Mais choisir c’est une façon d’inscrire concrètement dans l’histoire son existence personnelle. Car le premier choix que vous avez fait un jour c’est le choix d’exister. Si vous ne l’avez pas encore fait, je vous souhaite de prendre vraiment ce chemin. Cela peut paraître abstrait mais chaque fois que vous affirmez vos goûts et vos préférences, parfois envers et contre tout, c’est déjà choisir d’exister. Chaque fois que vous acceptez de faire tel devoir ou suivre telle activité, même à contre coeur, c’est déjà choisir d’exister. Oui vous avez bien entendu, même à contre coeur. Si l’on a concédé à faire ou vivre quelque chose qui nous déplait à priori, on l’a fait parce qu’une raison plus forte, une autorité plus grande s’impose quelque part en nous. On peut le faire parce que l’on sait que c’est une des voies pour réussir plus tard, on le fait parfois par amour des parents, ou à cause de leur autorité. d. Choisir c’est faire confiance à un autre Il nous arrive souvent, quand on a des difficultés pour choisir d’aller prendre conseil chez un ami, une personne en qui on a confiance. Le dialogue avec lui éclaire parfois nos motivations et nous donne de voir ce que nous cherchons. Ce dialogue nous sert souvent de recul, de prise de distance car quand on a un choix à faire, on est souvent acculé à le faire, on est pris dans l’urgence de le faire. Alors, aller parler à un autre permet de relativiser les choses, de donner un juste place aux choses, de justes poids aux alternatives Mais il nous arrive aussi de ne pas voir clair après un tel dialogue, car nous-mêmes parfois nous ne sommes pas clairs avec nos désirs et nos motivations, parfois aussi parce que nous ne nous connaissons pas si bien que cela. C’est à ce moment qu’intervient une relation de confiance, une relation sur la durée où l’autre peut me dire en toute confiance mes goûts et mes aspirations sans prendre le pas sur mon autonomie. C’est le cas, de manière encore plus radicale, de notre relation à Dieu. Nous avons bien sûr un présupposé de départ: Dieu nous aime et nous veut du bien, notre bonheur. A partir de ce présupposé, nous pouvons dire que Dieu connaît nos désirs et nos attentes, parfois, même plus que nous même. De là, il peut nous les révéler et par ce fait pouvoir nous éclairer sur nos choix en nous engageant dans un processus de choix qui nous fait grandir et entrer dans le bonheur. 3. COMMENT CHOISIR? Quelques pistes pratiques et concrètes pour choisir. En 5 points. Quelques remarques préliminaires Il est opportun déjà de savoir d’une part si c’est un petit choix (savoir quelle option on prend, quel sport on pratique) ou un grand choix et d’autre part si on commence à s’intéresser à la question du choix ou si on connaît déjà les rudiments et que l’on veut aller plus loin. o Pour les tout petits choix (acheter un CD, sortir le soir, prendre du temps pour étudier), il n’est pas nécessaire de prendre tous les points qui suivent. Il faut simplement s’arrêter un moment pour se poser la question : est-ce que cela est raisonnable, est-ce qu’il va me faire grandir? et d’y répondre de manière la plus honnête possible. Dans notre vie quotidienne, ce qui manque c’est parfois tout juste un peu de recul. o Ce chapitre est conçu en deux niveaux: le niveau débutant et le niveau approfondissement. Si vous vous connaissez assez bien, que vous n’avez pas trop de mal à choisir et que vous désirez aller plus loin en choisissant en fonction de votre foi, lisez aussi le niveau approfondissement. Sinon, arrêtez-vous avant, en allant plus loin vous risquez d’être embrouillé. • Pour les petits choix, le processus ne doit pas durer longtemps (une ou deux heures). Pour les choix plus importants (choix d’orientation scolaire ou professionnelle, d’amis, de groupe auquel Mise à jour 2005 on appartient, d’état de vie...) il y a lieu de prendre du temps : une journée avec/sans pause entre les étapes, voire plusieurs mois. a. Bien poser la question Pour pouvoir choisir comme il faut, il convient de bien poser la question. Si la question est floue, mal définie, trop large, le choix risque d’échouer. Exemple: vous dites vais-je aller au cinéma? ou vais-je acheter un jeu vidéo... La question est trop vaste et c’est parfois la meilleure manière pour ne pas choisir. La bonne question serait : vais-je aller au cinéma ou rester à la maison pour travailler? Ou vais-je acheter une game cube ou un vélo? Donc pour bien poser la question, il faut que les alternatives soient claires et concrètes. Plus elles sont clairement posées plus le choix sera facile. Niveau 2 : Poser la question c’est préciser son désir, ne serait-ce que le désir de choisir. Avec le regard de foi, poser la question vient aussi avec le désir de prendre la décision avec Dieu, voire même de la prendre en fonction de Dieu, ou de faire sa volonté, car la sienne ne peut que vouloir le bonheur pour moi. Avec la foi, poser la question, c’est aussi offrir à Dieu le processus, en lui demandant de l’aide pour choisir ce qui fait grandir, ce qui profite à d’autres, ce qui construit l’Eglise et la société. b. Relire Relire est la deuxième étape. Pourquoi relire et quoi relire ? Pourquoi? Relire permet de voir, avec du recul, comment on est, comment on se comporte face aux situations et aux êtres,... bref qui on est. Relire c’est pour mieux se connaître, pour détecter les constantes du genre les mêmes causes produisent les mêmes effets. Mais cela n’est pas mécanique, sinon, il suffirait de relire une fois pour toutes et on entrerait tout cela dans une fiche. L’être humain évolue quel que soit l’âge. Une chose que l’on déteste un moment peut devenir une passion à un autre moment de notre vie. Exemple.• dans mon enfance, je ne supportais pas les « patates ». Aujourd’hui j ‘en raffole. Hier j ‘avais peur des pauvres, aujourd’hui je porte un regard amical sur eux parce qu ‘eux aussi sont des trésors aux yeux de Dieu. Niveau 2,: Relire permet aussi de découvrir les traces de la présence de Dieu dans notre vie. C’est écrire une histoire sainte, tel que les auteurs de la Bible l’ont fait : histoire qui se tisse au fil du temps entre moi et Dieu, entre Dieu et son peuple: ceux qui sont autour de moi. Il arrive que l’on perçoive la présence de Dieu à un moment de notre quotidien, à travers ce sentiment de grande communion ou de profonde paix. Mais ce mode de révélation de Dieu est souvent rare. Le mode habituel est que l’on vit telle paix ou tel dynamisme sans nous rendre compte. C’est seulement en le relisant que l’on perçoit, car Dieu est l’insaisissable sur le moment... on peut difficilement dire Dieu est ici ou là, mais plutôt Il était ici ou là.. D’ailleurs, l’histoire sainte décrite dans la Bible n’est qu’une grande histoire de relecture. Quoi relire? Il s’agit d’abord de repasser les événements, les moments importants de notre existence, soit sur un laps de temps donné (un jour, une semaine, un mois) soit dans un domaine donné (la vie familiale, sentimentale, amicale, d’études, de travail...). On repèrera ensuite les réactions que l’on a eues face à ces événements, ces moments, ces conversations. . . On prendra alors des notes en identifiant ce qui nous plait et ce qui nous déplait, ce que l’on aime et ce que l’on déteste. Au fil des notes, on constatera alors des constantes dans notre façon de réagir aux situations et aux choses. Niveau 2: Au-delà du repérage des réactions personnelles, on cherchera aussi à repérer ce qui nous habitait face à tels moments, événements, personnes : quels sentiments profonds (paix, joie, dynamisme ou tristesse, abattement, dégoût..). On portera alors un regard de foi en demandant à Dieu de nous éclairer et de nous montrer ce qui vient de Lui.., si cela nous a consolé, on peut déjà lui en remercier. Mise à jour 2005 c. Discerner Relire pour discerner : telle est la 3eme étape. Discerner c’est un mot de plus en plus utilisé et qui veut dire distinguer, séparer par le tri. Discerner entre le blanc et le noir c’est facile puisque ce sont deux «couleurs» opposées. Mais discerner entre le rouge framboise, le rouge fushia ou le rouge bordeaux est déjà plus complexe. Et pourtant les yeux bien exercés le font sans hésitation. Dans le MEJ, ce que nous cherchons à discerner, à distinguer d’une part nos goûts et nos désirs, et d’autre part nos envies du moment, nos besoins plus ou moins artificiels, voire superflus. Ces envies, ces besoins.., souvent nous ont été inculqués par notre société, par la pub notamment. Nous courons après des images que la société nous fait miroiter comme images de jeunes, de branchés... Il serait intéressant de vous amuser à décliner les termes suivants, avec des mots, des expressions qui sortiraient spontanément de votre tête: Si je vous dis pour s’habiller jeune, il faut avoir... pour être jeune dans le vent, il faut avoir tel jeu électronique.. pour être un crack en informatique il faut connaître... Amusez-vous après à repérer où avez-vous vu tel habillement, tel jeu... et pourquoi avez-vous trouvé cela bien, au top... Posez-vous après la question : est-ce que j’ai besoin de tout cela pour être heureux ou autrement dit, vais-je mourir si je ne les ai pas ? Est-ce que mon bonheur dépend du regard des autres, entièrement? Certes, nous sommes dépendants du regard des autres et nous avons l’illusion que ce regard nous juge à travers nos apparences. Mais nous avons à chercher à exister par nousmêmes, à affirmer nos vrais goûts (sans référence complète aux autres, ni en suivant leurs goûts, ni en étant en opposition avec les leurs) et nos vrais désirs. Un exemple :. Parfois, après une engueulade avec les parents, on a l’impression qu‘ils nous empêchent de vivre. La relecture permet de nous rendre compte si effectivement notre vie familiale n ‘est faite que d’engueulades avec les parents ou s’il y a des moments où on vit de choses intenses avec eux qui sont de l’ordre du bonheur. Le discernement nous donne de voir si au fond il y a vraiment une relation d’amour entre les parents et nous ou pas. Discerner c ‘est aussi faire la différence entre ce qui est superficiel en soi et ce qui est au plus profond, ce qui constitue notre personnalité. Niveau 2: Relire peut nous faire prendre conscience aussi qu’un autre nous accompagne sur la route, qu’il est là présent, dans nos moments de joie ou dans nos moments difficiles, dans nos moments de solitude ou dans des rassemblements. Vous avez compris, l’autre c’est Dieu. Je le perçois parce que quand il est présent je suis en paix, heureux, dynamisé... Les difficultés que je traverse deviennent moins lourdes, moins inextricables, moins fatales. Discerner c’est exercer son regard de foi pour départager ce qui vient de Dieu et ce qui vient de l’esprit mauvais dans tous les sentiments qui m’habitent face à chaque situation, chaque être, chaque chose... Ce qui ne vient pas de Dieu, c’est ce qui m’attriste, m’ennuie, me dégoûte, me freine... Il faut donc faire un tri dans mes sentiments profonds avec l’aide de Dieu, notamment les sentiments face à l’une et à l’autre alternative de la question que je me pose. d. Choisir Face à la question posée, en fonction de ce qui me fait grandir, ce qui me rend heureux, je peux faire mon choix. Je peux aussi chercher à en parler avec quelqu’un avant pour avoir un autre avis, mais éviter de le faire si je me sens influençable. Si un climat de paix, de joie (différente de l’euphorie), de dynamisme est là, parfois le choix s’impose naturellement à moi. Laisse-toi guider par ton coeur. Mais si je ne suis pas complètement tranquille, il y a lieu d’y réfléchir car je ne suis peut-être pas encore prêt. Il faut alors reprendre les deux solutions et essayer de peser chacune d’abord avec notre coeur. Si je penche d’un côté ou de l’autre, de manière évidente et paisible, alors Mise à jour 2005 le choix m’est donné. Sinon, je peux aussi peser avec ma raison pour choisir la solution la plus raisonnable. Si je suis toujours dans le trouble, si c’est un choix important, il faut alors chercher quelqu’un en qui j’ai confiance pour lui en parler. Cela peut éclaircir la situation car je suis obligé de passer par la parole et ça précise pas mal. Il y a aussi des urgences qui nous empêchent de repousser le choix, alors on prend l’alternative qui fait plus de bien à soi et aux autres, ou qui fait le moins de mal. Niveau 2 : On peut aussi, et c’est souhaitable pour tout chrétien, recevoir le choix de Dieu avec cette conviction que la volonté de Dieu est la meilleure et qu’elle ne veut que mon bonheur et celui des autres. Pour accueillir le choix de Dieu, il faut commencer par choisir Dieu. Prendre le temps de prier avec mes deux solutions en lui demandant la grâce de m’en détacher, de ne pas vouloir plus celle-ci que celle-là et de choisir seulement celle qui Lui convient. Si je suis dans la paix et qu’une des deux solutions s’impose alors je l’accueille. Sinon, si je ne suis pas dans la paix, je suis encore attaché plus à une solution qu’à l’autre. Dans ce cas, il faut prier en demandant la grâce de voir pourquoi j’en suis attaché et celle de m’en détacher. Quand je vois clair, quand je me suis écarté de l’attachement, alors la paix sera le signe de ce détachement et la prière me donnera d’accueillir le choix de Dieu. En tous les cas, ces indications ne sont pas une recette à appliquer mais un chemin à vivre, avec un autre, un accompagnateur, quand il s’agit de choix importants. Mais choisir n’est pas la dernière étape de la décision. Il faut aussi le mettre en oeuvre. e. Réaliser, s’engager, confirmer le choix Réaliser un choix c’est s’engager dans l’action, avec toute l’énergie que l’on a, avec ce désir de réussir, cette espérance que Dieu ne nous laisse pas tomber mais sera avec nous. C’est dans l’action que l’on vérifie si la décision est bonne ou non, à la mesure même de notre paix, notre joie, notre foi aussi. Niveau 2: la réalisation du choix par l’engagement s’enracine dans le mystère de l’Incarnation. S’engager dans un choix, c’est donner de la chair; de l’existence à la collaboration entre l’homme et Dieu ; c’est rendre concret le choix de Dieu. Il arrive que nous ne soyons pas tranquille dans cette phase, beaucoup de contrariétés, d’opposition de la part des autres, de difficultés qui surgissent. Il ne faut pas tomber dans le piège d’en être perturbé intérieurement. Nous ne pouvons suivre le chemin de Dieu sans que son Ennemi ne nous perturbe. Prenons alors le temps de prier pour demander la grâce de la confirmation de notre choix. Si la paix intérieure est là, cela n’enlèvera les difficultés, c’est que Dieu nous confirme dans notre choix. Sinon, il y a lieu d’en parler avec son accompagnateur. Conclusion Et après? Il ne faut pas oublier de relire les fruits de la décision et de l’action. Existent-ils, sont-ils conformes à ce que j’attends ? Est-ce qu’ils me rendent heureux, me font grandir et est-ce qu’ils servent aux autres. Reconnaître les fruits nous invite à rendre grâce à Dieu pour le choix qu’Il m’a donné de faire, pour son compagnonnage sur ce chemin de réalisation. La reconnaissance des dons de Dieu fait aussi grandir ma relation à Lui. Niveau 2. Nos choix ne sont ni infaillibles, ni immuables, ni forcément bien ou justes. Il existe toujours une marge d’erreur. Il est sage de reconnaître parfois que l’on s’est trompé au lieu de sacraliser notre choix. Il arrive que nous découvrions qu’au moment des choix nous n’avons pas été complètement libres. Alors cela dépendra si c’est un choix d’état de vie ou pas. Si c’est le premier cas, il convient de voir avec Dieu comment je peux assumer ce manque de liberté et comment la nouvelle liberté acquise peut s’engager et féconder mon choix avec sa Grâce. En tout état de cause, la parole (et la Parole aussi) doit être au centre quels que soient le choix à nouveaux frais et le chemin que l’on prendra. François Xavier LE VAN s.j. Le 29 Janvier 2005 Mise à jour 2005