Sur Internet, escort-girls et mineurs sont parfois des gendarmes !
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Sur Internet, escort-girls et mineurs sont parfois des gendarmes !
MAI 11 Mensuel 132 RUE DU FAUBOURG SAINT-DENIS 75010 PARIS - 01 40 36 44 64 Surface approx. (cm²) : 418 Page 1/1 UNITES SPECIALISEES Sur Internet, escort-girls et mineurs sont parfois des gendarmes ! Deux militaires de la section de recherches de Dijon infiltrent les forums et « chats » d'adolescents ou les sites de prostituées, pour confondre pédophiles et proxénètes qui recrutent leur proies sur la toile. evant leur ordinateur, ils revêtent l'identité d'un mineur pour démasquer les pédophiles ou d'une escort-girl pour démanteler un réseau de proxénètes : à Dijon, où la deuxième unité de cybermfiltration de France a récemment vu le jour, les gendarmes patrouillent sur Internet. Dans leur bureau, le matériel informatique saisi déborde des étagères et de puissants ordinateurs vrombissent toute la jour- D née. L'adjudant-chef S., 43 ans, et l'adjudant E., 39 ans, passent d'un forum Internet d'ados à un « ichat » fréquenté par des mineurs. « ll faut acquérir le vocabulaire des ados, fautes d'orthographe composes, comme tout bon tchateur qui se respecte », explique l'adjudant-chef S., qui insiste sur « la capacité à se créer un scénario et à se mettre dans la peau d'un personnage, comme dans une vraie infiltration ». « Pour que ce soit crédible, on se base sur des gens qui existent, comme nos enfants », détaille-t-il. Depuis octobre dernier, la section de recherche de la Gendarmerie de Dijon dispose de deux enquêteurs spécialisés, formes notamment à l'université de technologie de Troyes et habilités à « participer sous un pseudonyme aux échanges électroniques », comme l'indique la loi de mars 2007 qui encadre strictement leur action. Au côté des cinq gendarmes basés au fort de Rosny-sousBois (Seine-Saint-Denis), également affectés à la cyberinfiltration depuis début 2009, ils patrouillent sur le Net dans les domaines des « atteintes aux mineurs », de « la traite des êtres humains » et du « proxénétisme ». « Aujourd'hui, le moyen le plus facile d'approcher un gamin, ce n'est plus devant l'école, c'est sur la toile, où se développent aussi certaines formes de proxénétisme », analyse le lieutenantcolonel Francis Hans, commandant de la section de recherche de Dijon « Cette évolution fait qu'on ne peut plus suivre les affaires a posteriori. Intercepter des filles sur le parking d'un hôtel puis chercher à remonter une filière, on travaillait encore comme ça Hy a quatre ou cinq ans, plus maintenant », poursuit celui qui est à l'origine de cette deuxième unité. « Notre objectif va être, par exemple, de nous faire passer pour une jeune femme qui contacterait un site Internet d'escortgirls pour gagner de l'argent afin de voir ce qu'il y a derrière », dévoile-t-il. Face au rôle croissant d'Internet dans notre vie quotidienne, «il y a une volonté de la Gendarmerie de se développer dans ce domaine », ajoute le lieutenant-colonel Hans, qui attend deux nouveaux cyberpatrouilleurs « dans le courant de l'année » et la création « d'autres unités ailleurs en France ». Durant leur « chasse », les cybergendarmes se focalisent sur les pédophiles « susceptibles de passer à l'acte ». Une fois le contact établi avec un suspect et en cas de rendez-vous proposé au mineur fictif dans un lieu public, l'homme sera interpellé par les gendarmes. Une affaire de ce type, conduite par les cybergendarmes de Dijon qui opèrent surtout l'Est de la France dans plusieurs dossiers de pédophilie, doit être jugée prochainement. Les cybergendarmes sur les bancs dè l'université de Troyes A Troyes, la seule université de France a former des cybergendarmes propose depuis janvier 2011 une nouvelle licence aux officiers de police judiciaire (OPJ) désireux de se spécialiser dans les technologies numériques pour répondre aux besoins croissants dans ce domaine. « Le domaine numéTROYES 8006818200504/XFA/ANN/3 rique est une scene de crime à part entière », explique un formateur devant la première promotion de gendarmes spécialistes en cybercriminalité à suivre la licence « Enquêteur technologies numériques » dispensée par l'Université de technologie de Troyes (Aube). « Au même titre que l'empreinte digitale ou les traces ADN, la recherche et l'exploitation de la preuve numérique constituent des éléments déterminants pour les enquêtes Judiciaires actuelles », poursuit l'adjudant Emmanuel Bonheure, du Centre national de formation de la police judiciaire (CNFPJ), qui assure l'enseignement Reportage de Tupac POINTU. avec des professeurs de l'UTT. Selon l'adjudant Bonheure, deux cents gendarmes qualifiés « NTech » sont déjà en activité en France. « Certains sont munis d'un simple diplôme universitaire, maîs avec la licence professionnelle de l'UTT, la formation est plus complète et surtout reconnue au niveau européen » A terme, l'objectif est de pourvoir chaque brigade départementale Eléments de recherche : UNIVERSITÉ DE TECHNOLOGIE DE TROYES (10) : toutes citations et chaque section de recherche d'au moins deux gendarmes diplômés NI'Tech L'enseignement dispense en alternance à Troyes et au CNFPJ de Fontainebleau concerne aussi bien les délits liés à l'Internet, comme la diffusion d'images pédopornographiques, que le « technocrime international » qui touche à la securité des entreprises. Par Alain JULIEN