Le travail du bois aux scouts

Transcription

Le travail du bois aux scouts
FLAMBEAUX ILE-DE-FRANCE
FORMATIONS
TECHNIQUES DE CONSTRUCTIONS N°1
LA BASE DE LA CONSTRUCTION
INTRODUCTION
Cher flambeau,
Tu es un artiste !
Toi qui lis ces lignes, tu es un poète, un artiste ! Ou, du moins, tu rêves de l’être sans encore le
savoir ! En venant aux Flambeaux, tu étais à la recherche de quelque chose. Hé bien, tu l’as
enfin trouvé. Laisse-toi donc aller à la poésie dont est empreinte l’installation d’un camp !
N’ayons pas peur d’être lyrique !
La construction est un Art !
La satisfaction de penser tout d’abord, et de construire ensuite quelque chose de ses mains est
inestimable. Installer un camp c’est maîtriser le travail du bois, c’est maîtriser un art (la force
dirons certains). Il est clair que prendre une hache et tenter de massacrer un arbre ou ficeler
comme un saucisson un pauvre morceau de bois, ne fait que nous mettre face à une réalité
qu’un adage bien connu nous résume ainsi : sans la maîtrise la puissance n’est rien.
Dans un mouvement sceptique du sourcil droit, une légitime interrogation fuse dans ton esprit
flambeau telle une étincelle : Pourquoi tant de pataquès pour les constructions ?
Cher(e) ami(e), trois arguments s’offrent à toi.
D’une part, ces techniques hautement spécifiques permettront l’installation de ton camp
Beaucoup tu dois t’entrainer, persévérance tu dois apprendre.
D’autre part, le travail du bois t’amène à découvrir qu’un camp scout peut être un camp
luxueux. Tu maîtrises la puissance qui te permet d’élaborer des constructions.
Enfin, le mot est lâché, c’est un Art (la majuscule est importante).
I.UNE TECHNIQUE TRANSCENDANTE
Pour travailler le bois, il faut évidement connaître les techniques essentielles, la substantifique
moelle, pouvons-nous dire, de cet Art. Une fois ces techniques maîtrisées, tu pourras laisser
parler ta créativité. Un nouveau monde inexploré s’ouvrira à toi. Tu découvriras que tu peux
réaliser des choses dont tu n’avais jusqu’alors pas idée.
A.Le brêlage ou l’efficacité redoutable
Définition : le brêlage est un nœud qui permet d’assembler des morceaux de bois à l’aide de
ficelle ou de corde.
Objectif : assembler deux perches en croix à angles droits.
Réalisation :
Etape 1 : faire un nœud de départ sur la perche portante, généralement on utilise un nœud de
bois. Garder un brin libre sur ce nœud pour le nœud final du brêlage.
Etape 2 : faire trois tours d’assemblage. Les tours de corde ne doivent pas se chevaucher au
risque d’affaiblir le brêlage. Il faut bien serrer à chaque tour.
Etape 3 : terminer par trois tours de frappe. Et finir avec un noeud plat en utilisant le brin
libre du départ.
Astuces :
-Lorsque les perches sont rondes le brêlage tiendra mieux si l’on fait une encoche sur la
perche portante ou sur les deux. Cette technique est aussi nécessaire lorsque le poids exercé
sur la construction est important.
-Toujours aplanir les perches utilisées à l’endroit du nœud pour éviter que la ficelle ne joue.
-le credo : esthétisme, solidité, simplicité / « je veux entendre tes jointures craquer » (à dire
lorsqu’un flambeau serre son brêlage).
-bien choisir sa ficelle. Pas élastique, ni peu solide. Les ficelles constituées de plastique
peuvent parfois être trop élastiques.
-Il existe plusieurs variantes du brêlage en fonction de l’angle et du nombre de perches que
vous voulez assembler (cf. www.lesnoeuds.com).
Avantages/inconvénients :
+
-assez rapide
-solide lorsqu’il est bien serré
-facile à retenir
-pas besoin d’outil, que de la ficelle
-solidité parfois aléatoire en fonction de la ficelle et du bois utilisé (voir du concepteur)
-durée de vie limitée du fait d’une pourriture possible ou d’un poids important et régulier
supporté par la construction (pour une installation destinée à durer plus qu’un camp il vaut
mieux utiliser la technique du froissartage)
B. Le froissartage ou la solidité centenaire
On aborde ici des techniques qui permettent une grande solidité et donc une grande longévité
si elles sont bien utilisées. Par exemple, le pont de la Chapelle à Lucerne (Suisse) construit en
bois résista 660 ans !
Pause scout’historique :
C’est notamment Renard gris des plaines picardes (Michel Froissart 1891-1946) qui, durant
son laps de temps de vie terrestre, développa des techniques de travail du bois qui aujourd’hui
encore nous servent dans le scoutisme. Il s’inspira des techniques utilisées par les paysans de
l’époque pour fabriquer leurs meubles et charpentes. Cela explique le nom donné à un
ensemble de techniques : le froissartage.
Le froissartage est une technique qui peut être déclinée dans un grand nombre de variantes. Le
principe de base restant le même.
Les principes de base : tenon, mortaise, mi-bois, chevilles
1.Tenons et mortaises
On cherche à assembler deux rondins. On taille un rondin en tenon (la partie mâle de
l'assemblage), et l’on perce dans l'autre rondin une mortaise (la partie femelle de
l'assemblage).
La forme du tenon et de la mortaise peut varier.
Exemples :
2.mi-bois et chevilles
Le mi-bois est une technique d'assemblage de deux rondins par le biais d'une entaille réalisée
dans chacun d'eux au diamètre de l'autre.
Etape 1 :
Etape 2 :
On ajoute ensuite une cheville.
Source : scoutopedia
On peut mixer les deux techniques, tenon/mortaise et chevilles par exemple.
Outils :
Les outils sont sacrés. Ils doivent être huilés et leurs lames protégés à la fin de chaque
journée. Des études montrent l’impact financier énorme pour un groupe flambeau que
représente l’achat de matériel du fait du non entretien (contacter l’équipe régionale IDF).
-une tarière : on l’utilise pour percer un trou pour ensuite y insérer les chevilles.
-un ciseau à bois : pour tailler les mi-bois.
-un maillet
-une scie
Astuces :
-le mi-bois veut littéralement dire que l’encoche représente 50% du rondin. Cependant, dans
la réalité on évite cette profondeur afin de ne pas entamer le cœur du rondin et donc
compromettre sa solidité. Une encoche doit rarement dépasser le tiers de la largeur d’un
rondin. Lorsque l’on perce le trou pour la cheville, on respecte cette mène règle, un tiers du
rondin.
-Lorsque l’on frappe sur un ciseau à bois, utiliser un marteau ou un maillet du même matériau
que son manche : « Bois contre bois », « fer contre fer ». Utiliser du fer sur un manche en bois
endommage celui-ci.
-commencer le mi-bois en le délimitant par deux encoches à la scie puis évider entre celles-ci
au ciseau à bois.
-pour réaliser une mortaise percer à la tarière plusieurs trous alignés et rapprochés. Evider
ensuite entre ces trous au ciseau à bois pour n’en former plus qu’un de la taille désirée.
Avantages et inconvénients :
+
-grande solidité et longévité
-pas d’utilisation de matériaux autre que du bois (absence de ficelle)
-demande du temps et de la technique
-des rondins de bonne qualité
-de nombreux outils utilisés sur des laps de temps assez long (pas de possibilité de les faire
tourner rapidement entre les utilisateurs).
II.UNE INSTALLATION DE CAMP LUXUEUSE RENDUE POSSIBLE
Avec ces techniques il est possible d’installer un camp luxueux. En effet, il ne faut pas
confondre scoutisme et survie. La survie est un échec du scout. Le scout vit luxueusement
dans la nature, mais construit lui-même son luxe.
1.Le code de la construction
La règle du mix :
Les constructions exigent toujours de mixer l’ensemble des techniques.
L’équation T/T/M :
Elle permet de se rappeler des variables à prendre en compte dans le choix d’une technique de
construction.
Temps : le temps dont on dispose pour construire le campement. Donc la difficulté de la
technique employée.
Terrain : les particularités du terrain concernant le sol et la végétation. Puis-je creuser pour
planter des piquets ou dois-je utiliser une autre technique ?
Matériel : ais-je du bois en quantité ? Ais-je les outils nécessaires ?
Les nombres d’or :
75 cm de haut pour une table.
55 cm de haut pour une chaise.
La règle de l’hexagone :
Il existe 6 constructions fondamentales dans un campement scout. Chaque construction
permet d’impacter sur l’ensemble des domaines d’un camp notamment l’ambiance et l’état
physique des scouts.
Le credo de l’utilisation totale :
Il faut utiliser toutes les possibilités qu’offre une construction : utiliser la fin d’un piquet pour
rajouter un porte popote, etc.
« Il vaut mieux trop que pas assez »
Il vaut mieux couper un bout de bois en voyant large. C’est toujours rattrapable. L’inverse est
plus compliqué à gérer et surtout frustrant.
2.Les constructions
a.La cuisine
Sans cuisine bien aménagée pas de repas corrects. Or la nourriture joue un rôle primordial
dans l’ambiance d’un camp.
Astuce :
-une partie de la cuisine doit permettre au cuisinier de faire chauffer la nourriture sur les
butagaz sans se baisser. Il est utile de penser à faire une table ayant une hauteur adaptée.
-On peut prévoir des étagères en dessous de la table, ce qui permet d’utiliser les mêmes
piquets.
b.Les toilettes
Sans toilettes bien construits, du travail d’entretien est à prévoir (recreuser un trou,
nettoyage).
Astuce :
-La technique utilisée peut être le trépied qui permet d’éviter de creuser pour planter les
piquets.
-Rajouter un vrai siège de toilettes sur les planches. Pourquoi un scout s’irriterait-il le
derrière ?
c.La douche
Là encore la technique du trépied est utile. Il suffit ensuite de recouvrir de bâches.
Astuce :
Un deuxième trépied, plus haut que celui de la douche, permet d’installer une poubelle noire
en plastique qui peut faire office de chauffe-eau solaire. Il suffit d’y brancher un tuyau de
jardin.
d.L’établi
Construction primordiale et pourtant souvent oubliée. Les outils doivent pourvoir être rangés
chaque jour afin d’éviter les pertes et la casse.
e.La table
Le principe du trépied permet d’utiliser au maximum les piquets qui supportent la table, les
bancs, mais aussi une potentielle bâche.
6.Les « zolis trucs »
Ne jamais sous estimer les « zolis trucs ». Ca donne un cachet au campement. Comme un
illustre flambeau a pu le dire « faîtes des constructions sexy » ! Cela participe de l’animation,
du sentiment d’appartenance des jeunes à leur groupe. C’est aussi non négligeable pour la
communication post camp sur les photos présentées aux parents et potentiels flambeaux.
Exemple : un PH
III.UN ART
L’installation d’un camp est un art qui s’affine avec l’expérience.
Les constructions nécessitent du temps et sont des œuvres originales de créativité. Le test de
leur solidité par la maîtrise doit donc se faire avec pédagogie. Inutile de sauter à pieds joints
sur une table qui n’aura de toute manière jamais à supporter votre poids (tout dépend de votre
poids évidement).
Cependant, l’Art est exigent. Un brêlage bâclé doit être refait. On peut utiliser la technique
des « deux petits doigts chipoteurs ». Prendre votre pouce et votre index puis titiller les
ficelles du brêlage. Si rien ne bouge c’est impeccable.
L’installation d’un camp c’est une animation. L’animation est partout. L’ensemble des petites
règles et autres principes exposés permettent par exemple d’animer ce temps. Leur diffusion
parmi les jeunes leur permet de retenir plus facilement les techniques.
Le travail du bois accentue l’autonomie des jeunes. Ils apprennent à manier des outils, à les
entretenir, à élaborer des projets.
C’est une manière de valoriser les jeunes qui ont des capacités techniques.
Sources : scoutopedia, wikipedia, lesnoeuds.com, le pio’code.