Diagnostic(s) N° 3 - Coe
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Diagnostic(s) N° 3 - Coe
Revue de Coe-Rexecode Éditorial • Moins de dette publique passe par moins de dépense Conjoncture et prévision • Perspectives de l’économie mondiale 2007-2008 • Positionnement cyclique des économies Analyse structurelle • Quelles perspectives de croissance pour l’Amérique latine à moyen terme • Marché européen : compétitivité hors prix des biens de consommation Point de vue • Trend or cycle? On the causes of the improved economic performance in Germany AVRIL 2007 • N°3 Sommaire Coe-Rexecode est un centre d’observation et de recherches économiques tourné vers les entreprises. Les 80 adhérents correspondants de Coe-Rexecode comptent de grandes entreprises industrielles, des banques, des organismes de gestion financière, des fédérations professionnelles et des administrations. Coe-Rexecode assure un suivi conjoncturel permanent de l’économie mondiale et des prévisions économiques à l’attention de ses adhérents, sous la forme de réunions régulières, de publications et d’un accès à un centre de documentation. La participation au débat public de politique économique, soutenue par des membres associés (institutionnels), la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris et des membres partenaires (entreprises) constitue la seconde mission de Coe-Rexecode. Elle prend la forme de publication de travaux d’études spécifiques. Centre d’Observation Economique et de Recherches pour l’Expansion de l’Economie et le développement des Entreprises 29 avenue Hoche – 75008 Paris – Téléphone : 01 53 89 20 89 – Fax 01 45 63 86 79 Site Internet www.coe-rexecode.fr Michel DIDIER, directeur général Françoise BOLLOT, directrice de la communication Jean-Michel BOUSSEMART, directeur délégué Alain HENRIOT, directeur délégué Denis FERRAND, directeur pour la conjoncture et les perspectives Jacques ANAS, directeur pour les indicateurs économiques et le système d’information Secrétariat et publications : Martine Grangé Conseil d’administration : Gérard WORMS, Président • Pierre SIMON, co-Président • Pierre GADONNEIX, Vice-président Antoine GENDRY, Trésorier Administrateurs : Christian BAFFY • René BARBIER DE LA SERRE • Jean-Pascal BEAUFRET Patrick BERNASCONI • Philippe BOULIN • Jean-Louis BOUVIER • Jean-Claude BUONO Michel CICUREL • Jean-François CIRELLI • Philippe CITERNE • Martine CLEMENT Jacques CREYSSEL • Jacques-Henri DAVID • Gérard DE LA MARTINIERE Jean DESAZARS DE MONTGAILHARD • Daniel DEWAVRIN • Gérard DUMAS Denis GAUTIER-SAUVAGNAC • Jean-Loup GIROS • Manuel GOMEZ • Jean-François GOURDAIN Eric HAYAT • Yvon JACOB • Philippe LEMOINE • Bernard LEMOINE • Jean-Marc NICOLLE Vincent REMAY • Jacques TAMISIER • Jean-François VEYSSE • Bruno WEYMULLER Conseil scientifique : Christian de BOISSIEU, Président • Jean-Claude CASANOVA • Jean-Pierre HANSEN • Jean-Hervé LORENZI • Pascal MORAND • Philippe TRAINAR DIAGNOSTIC(S) : Publication du Centre d'Observation Economique et de Recherches pour l’Expansion de l’Economie et des Entreprises - 29 avenue Hoche, 75008 Paris, Tél. 01 53 89 20 89 Directeur de Publication : Michel DIDIER, Rédacteur en Chef : Alain HENRIOT, Mise en page : Martine GRANGÉ, Infographie : Dominique DALLE-MOLLE Imprimeur : PDI IMPRIMERIE 2-4 rue de Bourgogne - 95310 St-Ouen l'Aumone, N° ISSN : en cours, Dépôt légal : juillet 2006, Prix : 60 euros TTC (quatre numéros par an) Éditorial Michel DIDIER Moins de dette publique passe par moins de dépense Le rapport Pébereau (« Rompre avec la facilité de la dette publique », La Documentation Française, 2005) a ramené le sujet de la dette publique dans le débat économique. Les résultats de l’année 2006 font apparaître un recul du poids de la dette publique de 66,2 % du PIB le 31 décembre 2005 à 63,9 % du PIB à la fin 2006. Comment interpréter ce recul ? S’agit-il d’un ajustement isolé ou d’un début d’inversion de la tendance ? Pour l’instant, la dette est endiguée mais le recul de 2006 tient pour l’essentiel à des opérations de bilan. Pour aller audelà, il faudra une action de longue durée sur l’ensemble des dépenses publiques. Pour l’année 2006, le déficit de l’ensemble des administrations publiques notifié par le gouvernement français à la Commission européenne s’est élevé à 2,5 % du PIB, après 4,1 % en 2003, 3,6 % en 2004 et 3,0 % en 2005. Le besoin de financement public est donc en réduction pour la troisième année consécutive. Cette réduction doit plus à la hausse des recettes qu’à la baisse des dépenses. Le total des recettes publiques (recettes fiscales, sociales et diverses) a représenté 51,0 % du PIB en 2006. Il a retrouvé son niveau de 1999 après avoir reculé jusqu’à 49,2 % en 2003. Le mouvement de hausse de 2003 à 2006 résulte de l’augmentation des prélèvements obligatoires, qui représentent la plus grande partie des recettes publiques. Le taux des prélèvements obligatoires de 2006 (44,4 % du PIB) est le plus élevé depuis 2000. L’année 1999 était à 44,9 % du PIB. Le point le plus bas de la période récente se situait à 42,9 % du PIB en 2003. Ces fluctuations tiennent en partie aux variations du taux de croissance économique, en partie aux mesures concernant la fiscalité et les prélèvements sociaux. L’amélioration du besoin de financement public, depuis le creux de 2003 (déficit de 4,1 % du PIB), s’explique donc par la remontée du taux des prélèvements obligatoires. Aucune réduction du poids de la dépense publique (en pourcent du PIB) n’est intervenue et l’essentiel de l’augmentation des prélèvements a porté sur les entreprises. Un point surprenant est le recul de la dette de l’ensemble des administrations publiques dans le courant de l’année 2006 alors que le déficit s’est encore élevé à 2,5 % du PIB. Le PIB nominal a augmenté de 4,2 %. Le taux d’intérêt des emprunts publics à long terme a été en moyenne sur l’année de 3,8 %, à peine moins élevé que l’accroissement du PIB nominal. Cela ne suffit pas pour diminuer la dette publique. C’est « au-dessous de la ligne » que la réduction de la dette a été acquise par une réduction de la trésorerie de fin d’année d’un peu moins de 30 milliards (moins de passif et moins de disponibilités) et par des cessions de titres (moins de passif et moins d’actifs réels). 1 La compression de trésorerie ne peut être réalisée qu’une seule fois. Quant aux privatisations, les masses restantes pourraient porter principalement sur les entreprises du secteur de l’énergie et à plus long terme sur les secteurs de transports mais elles ne sont pas à la hauteur de la réduction de dette qui paraît souhaitable. L’un des défis des années à venir sera de poursuivre la réduction de la dette, mais cette fois « au-dessus de la ligne ». A partir d’un niveau particulièrement élevé des prélèvements obligatoires en 2006 (proche du niveau le plus élevé du passé), la politique économique s’oriente vers des allègements afin de réduire l’écart avec la moyenne européenne. Dans ce contexte, une plus grande maîtrise de la dépense publique est désormais incontournable. La dépense totale des administrations publiques représentait (en 2006) 53,7 % du PIB contre 47,5 % en moyenne dans la zone euro, soit un écart de 2 6,2 points de PIB. La moitié de l’écart est dû aux dépenses de fonctionnement courant des administrations dont le coût est en France supérieur d’environ 20 %à la moyenne de la zone euro. Une comparaison de l’emploi public (rapporté à la population totale) donne un écart du même ordre qui correspond à environ un million d’emplois publics en plus en France (à taille de pays comparable). Pour les autres dépenses courantes, c’est-à-dire pour les transferts liés à la redistribution (la plus large part concerne les dépenses à caractère social) l’écart est de 2,5 points de PIB (28,7 % du PIB pour la France, 26,2 % pour la zone euro). L’effort d’économie devrait donc porter à la fois sur l’emploi public et sur les dépenses de redistribution. Pour ces dernières dépenses, la question de l’organisation institutionnelle est importante. Les différences d’organisation de la redistribution expliquent en effet en partie l’écart de dépenses publiques entre pays. Conjoncture et prévision 5 Perspectives de l’économie mondiale 2007-2008 Coordonné par Denis Ferrand et Alain Henriot 27 Positionnement cyclique des économies Jacques Anas Conjoncture et prévision Perspectives de l’économie mondiale 2007-2008 Coordonné par Denis Ferrand et Alain Henriot1 La croissance de l’économie mondiale devrait un peu ralentir en 2007 et 2008, tout en restant sur un rythme nettement supérieur à la tendance de long terme. Pour l’essentiel, cette décélération s’expliquerait par une croissance américaine plus modérée, en liaison avec l’ajustement du marché immobilier. La croissance européenne, qui s’est accélérée, reviendrait progressivement vers son potentiel, après une période particulièrement favorable. os perspectives retiennent un léger tassement de la croissance mondiale en 2007. Ce tassement, qui ne s’accentuerait pas en 2008 (4,5 % en 2007 comme en 2008, après 5,3 % en 2006), est déjà assez largement acquis. Il concernerait l’ensemble des régions du monde : les Etats-Unis (2,6 % en 2007 après 3,3 % en 2006), la zone euro (2,0 % en 2007 après 2,6 %), ainsi que les pays hors OCDE (7,0 % en 2007 après 8,1 % en 2006). En termes relatifs, il toucherait plus nettement les pays développés que les pays émergents. Le prix du pétrole serait stabilisé au voisinage de 60 dollars le baril. L’inflation resterait faible et retrouverait un niveau de moins de 2 % tant aux Etats-Unis qu’en Europe. N La France connaîtrait une croissance en retrait de la moyenne européenne, comme ce fut déjà le cas en 2006, un décrochage qui reflète notamment une perte de parts de marché. 1 Modération attendue de la croissance mondiale en 2007 et 2008 Poussée d’inquiétude sur les marchés financiers Une secousse brutale a touché les marchés de capitaux à la fin février. En quelques jours, le yen s’est apprécié de 3 % par rapport à l’euro et au dollar. Les cours des actions ont reculé de 4 % en moyenne sur les principales places. Des masses importantes de capitaux se sont reportées sur les marchés obligataires, entraînant une baisse des taux d’intérêt à long terme. La volatilité s’est accrue sur tous les marchés. Cette subite bouffée d’inquiétude des opérateurs financiers est la seconde en moins d’un an. La première avait été effacée assez rapidement par la croissance persistante de l’économie mondiale et par le recul Ont également participé à la rédaction de ce document : J.M. Boussemart, C. Deneuve, S. Duchassaing, C. Lespagnol, V. Perracino et O. Reymondon. 5 Conjoncture et prévision du prix du pétrole un peu surprenant dans un contexte de croissance forte. Il est moins évident que l’hésitation des opérateurs sera cette fois levée aussi rapidement qu’au printemps dernier. On sent bien, d’une part, que la période d’expansion générale commence à rencontrer quelques obstacles, mais d’autre part, on constate aussi que les facteurs favorables n’ont pas fondamentalement changé. Une grande inertie de la croissance mondiale Les signes de solidité de la croissance mondiale ne manquent pas : fermeté des prix des matières premières, remontée récente du prix du pétrole, accélération du rythme de la production mondiale d’acier et d’aluminium à la fin de l’année dernière, poursuite à un rythme élevé de la production industrielle agrégée des pays les plus importants, commerce mondial toujours en forte expansion. Dans certaines régions du monde, l’expansion se poursuit sans véritable menace identifiable. C’est le cas de l’Europe, du Japon et de certains pays émergents. Dans d’autres régions, les signes (ou les risques) de baisse du régime de croissance se sont un peu renforcés. C’est notamment le cas des Etats-Unis et dans une certaine mesure de la Chine. Baisse de régime de l’économie américaine Il se confirme que la tendance de la croissance américaine est revenue à environ 2 % l’an ou un peu plus au second semestre 2006. Le recul des mises en chantier de logement a été particulièrement violent. Le risque d’une récession aux Etats-Unis avant la fin 2007, évoqué par Monsieur Greenspan, a contribué à déstabiliser les marchés d’actions. Ce risque existe dans la mesure où le taux d’épargne des ménages étant négatif, ceux-ci peuvent à tout moment réduire drastiquement leur consommation. Mais la probabilité d’un tel scénario nous paraît rester faible à horizon visible, les ressorts profonds de l’économie américaine étant plus vigoureux qu’il n’y paraît même si la purge immobilière n’est pas finie et si son impact sur le reste de l’économie est loin d’être encore totalement digéré Les stocks sont bas Au quatrième trimestre, le ralentissement de la formation de stocks a amputé la croissance à hauteur de plus d’un point (taux annuel). Ce phénomène ne peut être récurrent. Il y a eu antérieurement hausse involontaire des stocks mais pas de façon exagérée et ces derniers Chiffres clés des perspectives 2006 2007 2008 1 - Croissance du volume du PIB (%) Monde 5,3 4,5 4,5 Etats-Unis 3,3 2,6 2,8 Japon 2,2 2,3 2 Zone euro à 12 2,8 2,1 1,9 Union européenne à 15 2,9 2,2 2,0 Allemagne 2,9 1,9 1,9 Royaume-Uni 2,7 2,5 2,0 Italie 1,9 1,5 1,6 Espagne 3,8 3,4 2,6 Pays hors OCDE 8,1 7,0 6,7 2 - Marchés mondiaux Commerce mondial (volume)* 9,9 7,3 Prix du pétrole ($/baril, Brent)** 65,2 59,6 Prix des matières premières*** ($) 26,8 13,2 8,1 60,0 0,8 2006 2007 2008 3 - Taux de change 1$ = …yen 116 116 110 1 euro= …dollars 1,26 1,3 1,25 1£ = …$ 1,84 1,95 1,79 4 - Taux d'intérêt à 3 mois Etats-Unis (bons du Trésor) Japon (euro-yen) Zone euro (euribor) 5,2 0,3 3,1 5,2 0,7 4,0 4,4 1,0 3,9 5 - Taux d'intérêt à 10 ans Etats-Unis Japon Zone euro 4,8 1,7 3,9 4,7 1,8 4,2 4,8 2,2 4,3 6 - Taux d'inflation*** Etats-Unis Japon Zone euro 3,2 0,2 2,2 1,8 0,2 1,7 2,1 0,8 1,6 * taux de variation annuel (%) ** moyenne annuelle *** hors énergie 6 Perspectives de l’économie mondiale 2007-2008 sont plutôt bas. Depuis le début de la reprise, la variation trimestrielle des stocks est ressortie en moyenne à 0,3 % du PIB (en valeur comme en volume), soit à un rythme inférieur à la moyenne historique. Selon les comptables nationaux, l’encours des inventaires relativement au PIB, stagne à ses plus bas si l’on considère les volumes et ne s’est que modestement redressé si l’on s réfère aux les valeurs. Il faut attendre pour le premier semestre 2007 un effet positif des stocks sur l’activité. La consommation des ménages et les exportations se portent bien Etats-Unis : mises en chantier de logements 2300 Milliers par an 2000 1700 1400 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 Source : Census Au quatrième trimestre, la consommation des ménages en volume s’est fortement accrue (+ 4,2 % en rythme annualisé). Certes, le taux d’épargne demeure négatif, mais la situation patrimoniale nette des ménages reste excellente, représentant 5,7 années de revenu disponible au 31 décembre dernier. Il est vraisemblable que la consommation va se modérer sous l’effet d’un redressement du taux d’épargne mais ceci s’opèrerait graduellement et non brutalement. Elle progresserait de 3,2 % en 2007 et de 2,6 % en 2008. En volume, les exportations de biens et services, favorisées par la baisse antérieure du dollar contre la majorité des devises et notamment l’euro, ont progressé au rythme de 10 % l’an au quatrième trimestre. Les exportations de marchandises exprimées en valeur ont cessé de reculer depuis deux ans relativement à celles des 54 principaux pays exportateurs et le taux de couverture des échanges de produits non énergétiques continue de se redresser. Il est probable cependant que la demande extérieure nette ne va pas continuer de s’améliorer comme elle l’a fait au quatrième trimestre avec une contraction du volume des importations non extrapolable qui a amplifié l’effet positif venant du dynamisme des ventes à l’étranger. Il est vraisemblable néanmoins qu’elle va réserver des surprises agréables et contribuera à soutenir l’activité. Déficitaire à concurrence de 6,4 % du PIB, la balance courante pourrait présenter un déficit représentant 5,5 % du produit intérieur en 2007 et 5,3 % en 2008. Ceci devrait en principe soutenir le dollar. La purge immobilière n’est pas finie, elle est cependant bien avancée En volume, la FBCF logement a encore baissé au rythme de près de 20 % l’an au quatrième trimestre. Sa part dans le PIB est passée de 5,5 % à 4,6 %, s’affichant désormais 0,2 point en dessous de sa moyenne tendancielle. Le recul n’est probablement pas fini. Le stock de logements à vendre dans le neuf comme dans l’ancien demeure important et l’ajustement doit se poursuivre, mais le nombre de logements invendus a déjà baissé et le rythme des mises en chantier est passé sous sa norme de long terme. La baisse du volume de la FBCF logement se poursuivrait jusqu’à l’été prochain, ramenant le taux d’investissement à 4,2 %. Il se stabiliserait ensuite, avant de connaître une légère amélioration au second semestre 2008. L’investissement productif hésite L’une des surprises des comptes du quatrième trimestre a été la baisse de l’investissement des entreprises qui a concerné les biens d’équipement et aussi la construction non résidentielle, tandis que le taux de marge fléchissait. Cependant, une érosion des marges des entreprises dans cette phase du cycle n’est pas anormale. L’hypothèse d’un redémarrage de l’investissement des entreprises, certes modéré, demeure donc probable. Au total, 7 Conjoncture et prévision nous anticipons une croissance du volume du PIB de 2,6 % cette année et de 2,8 % l’an prochain, inférieure à la croissance potentielle de sorte que les pressions sur le marché du travail se relâcheraient un peu, autorisant à compter de l’automne prochain un début d’assouplissement de la politique monétaire. Graduellement, la courbe de taux se normaliserait par le recul de sa partie courte, les taux à dix ans ne continuant pas de baisser, se redressant un peu pour osciller autour des 4,8 %. Sous-évalué vis-à-vis de l’euro, le dollar ne devrait plus se déprécier vis-à-vis de la devise européenne même si l’écart positif entre les taux d’intérêt américains et européens est encore appelé à se réduire. Des signes de surchauffe en Chine Avec une hausse du PIB de 10,7 %, la Chine a connu en 2006 sa plus forte croissance depuis dix ans. Si la demande intérieure a progressé vivement (de l’ordre de 10 %), les exportations ont augmenté de 18,6 %, soit plus du double de la hausse de la demande mondiale adressée à ce pays L’excédent de la balance commerciale a, pour sa part, atteint un nouveau record en 2006, en s’établissant à 177,8 milliards de dollars. Chine : encours de crédits domestiques 30 Glissement annuel en % 25 20 15 La Chine se distingue par un poids très élevé de l’investissement dans le PIB (45,8 % en 2006) D’ailleurs, la contribution à la croissance du PIB de l’investissement a été l’an dernier environ deux fois supérieure à celle de la consommation (+6,6 % contre +3,5 % en 2006). Conscientes des risques de surchauffe inhérents à cette progression très rapide de l’investissement, les autorités chinoises ont décidé de la ralentir. Différentes mesures administratives ont ainsi été instaurées courant 2006 : un contrôle plus rigoureux des projets d’investissement, une limitation de ces derniers dans les secteurs jugés en surchauffe comme l’immobilier ou, enfin, une possibilité accrue d’investissement à l’étranger. Parallèlement, la Banque centrale chinoise a resserré ses conditions monétaires, tandis que le taux des réserves obligatoires a également été relevé. Ces mesures ont semblé porter leurs fruits puisque, selon les chiffres officiels des autorités chinoises, la progression des investissements en actifs fixes est passée d’un glissement annuel de 30 % avant l’été à 24,5 % fin 2006. Ce rythme est néanmoins encore très soutenu, l’accroissement de la quantité de monnaie reste d’ailleurs toujours très important. Le processus de durcissement des conditions monétaires se poursuivrait, ce qui se traduirait par une croissance du PIB un peu plus faible, qui reviendrait à hauteur de 9 % pour 2007 et 8,5 % en 2008, en liaison avec une modération de l’investissement. Cependant, la consommation ne décélèrerait pas à l’horizon 2008. Les exportations pourraient pâtir du ralentissement prévu de l’économie mondiale. Par ailleurs, les pressions, notamment américaines, pour une appréciation plus rapide du renminbi (+2,7 % en 2006) pourraient se concrétiser cette année, ce qui pèserait aussi sur les ventes chinoises. Japon : maintien d’une croissance autour de 2 % l’an 10 5 2001 2002 Source : FMI 8 2003 2004 2005 2006 2007 La croissance japonaise est ressortie à 2,2 % en 2006. Elle a été soutenue par des exportations toujours très bien orientées et un inves- Perspectives de l’économie mondiale 2007-2008 tissement productif en légère accélération. En revanche, la consommation privée peine toujours à se redresser. Pour les deux années à venir, le PIB en volume progresserait de 2,3 % en 2007 et 2 % en 2008. Un peu moins d’investissement productif et d’exportations… Un ralentissement de l’investissement productif interviendrait au premier trimestre 2007, mais il ne devrait pas s’accentuer par la suite. Certes, l’excédent brut d’exploitation des sociétés (EBE) non financières a reculé au quatrième trimestre mais cette baisse fait suite à une envolée au printemps et à l’été. Quatre années de hausse consécutive de l’EBE ont conduit le taux de marge à un point haut au troisième trimestre 2006. Les entreprises disposent donc d’abondants « cash flows » pour financer leurs dépenses en capital. Elles ont par ailleurs besoin d’investir, le taux d’utilisation des capacités de production étant au plus haut, renouant avec les niveaux qu’il avait connu fin 1991. Cependant, l’efficacité marginale du capital productif ayant cessé de progresser pour s’infléchir légèrement, les risques d’une situation de « surinvestissement » resurgissent. L’investissement productif ne progresserait que de 6 % en 2007 puis 5 % en 2008 contre 7 % par an en 2005 et 2006. Depuis la reprise de 2002, les exportations de biens et services en volume ont progressé de 10 % par an en moyenne. Elles ont bénéficié d’une forte dépréciation du taux de change effectif réel du yen en 2005 et 2006 (près de 20 % en deux ans). Cette dépréciation est d’autant plus remarquable que l’excédent courant japonais s’est de nouveau accru en 2006 pour ressortir en moyenne annuelle à 170 milliards de dollars. Même si l’’indice des prix à la consommation ne montre pas de signes de redressement notable, la Banque du Japon devrait poursuivre son processus de normalisation monétaire. L’hypothèse retenue est une hausse supplémentaire de 50 points de base sur la période 2007-2008 en ligne avec une crois- sance au-dessus de son rythme tendanciel mais n’allant pas en accélérant. L’écart de taux d’intérêt entre, d’une part, le Japon et, d’autre part, les Etats-Unis et la zone euro se réduirait donc. Le taux de change du yen contre le dollar reviendrait aux alentours de 110 yen pour un dollar et de 138 yen pour un euro dès début 2008. Par conséquent, si le rythme de progression des exportations resterait supérieur à celui de la demande mondiale s’adressant au Japon en 2007, l’écart s’annulerait en 2008. En outre, elles pâtiraient du ralentissement de l’investissement en Chine. … et un peu plus de consommation privée Sur l’ensemble de l’année écoulée, la progression de la consommation privée sera restée modeste et cela malgré une hausse de l’emploi. Il est vrai que les salaires mensuels réels, après un début d’année plutôt prometteur, ont de nouveau stagné tout au long du second semestre 2006. En 2007, le partage de la valeur ajoutée serait plus favorable aux salariés, ce qui conduirait la consommation privée à progresser à un rythme un peu plus soutenu à partir du printemps. Une croissance encore forte dans les pays émergents Globalement, bien que devant se modérer un peu, la croissance resterait soutenue dans les pays émergents. Solidité des économies asiatiques En 2007, la croissance des pays émergents d’Asie se modérerait à 7,8 %, en raison du ralentissement attendu chez les deux géants asiatiques. Outre des perspectives de croissance un peu en retrait déjà évoquées pour la Chine, le taux de croissance de l’économie indienne reviendrait à 8 % en 2007 et 7,8 % en 2008. Contrairement à la Chine, l’Inde est confrontée à un déficit commercial important (54 milliards de dollars en 2006). La pour9 Conjoncture et prévision suite d’une telle dérive comporte un risque de sanction sur la monnaie, comme ce fut le cas en 1990. Les autorités s’efforceront d’éviter un tel ajustement en prenant des mesures restrictives. Pour les autres pays asiatiques, la croissance globale pourrait s’élever à 4,6 % en 2007 et 2008. Les pays dont la demande interne est dynamique pourraient continuer d’observer une croissance solide. Surtout, dans un contexte de prix du pétrole stabilisé, l’inflation de ces pays refluerait légèrement, ce qui pourrait permettre davantage d’assouplissements monétaires. En revanche, les pays dont la croissance est avant tout tirée par le commerce extérieur seraient pénalisés par le ralentissement chinois. L’appréciation quasi généralisée des devises asiatiques face au dollar et au yuan qui s’est opérée en 2006 pèse également sur leur compétitivité. Atterrissage en douceur en Amérique latine En Amérique latine, région qui tend traditionnellement à amplifier à la baisse les phases de ralentissement du cycle mondial, un atterrissage en douceur semble se profiler. Le ralentissement de la croissance mondiale et la modération du cours des matières premières devraient certes peser sur la croissance régionale, qui passerait de 4,9 % en 2006 à 4,3 % en 2007 et 3,9 % en 2008. Mais ils n’ont toutefois pas une intensité suffisante pour mettre un terme brutal au cycle de croissance soutenu qui a été amorcé à la mi2003. La région semble de surcroît mieux armée que précédemment pour résister aux chocs externes. Tous les pays de la zone auraient continué à dégager des excédents courants en 2006, à l’exception de la Colombie et du Mexique, où les déficits restent cependant modérés. Les gouvernements ont mis à profit l’accroissement des réserves de change depuis deux ans pour réduire et améliorer la structure de leur dette externe, et sont même parfois devenus créditeurs nets en devises (Brésil, Mexique et Venezuela). D’une 10 manière générale, les finances publiques montrent presque partout des signes d’assainissement et la discipline budgétaire a été globalement maintenue. Les autorités monétaires sont également parvenues dans l’ensemble à garder l’inflation sous contrôle. Seuls l’Argentine et le Venezuela semblent engagés sur des trajectoires difficilement soutenables. L’ampleur des surplus budgétaires (Argentine) ou des actifs détenus par le gouvernement (Venezuela) et de confortables excédents courants limitent les risques de crise majeure à court terme. Toutefois, les stratégies hétérodoxes mises en place par les gouvernements pour contenir l’inflation (encouragement des importations via des subventions gouvernementales, assouplissement du système de contrôle des changes, baisse de la TVA en 2007 et changement d’unité monétaire à partir de 2008 au Venezuela ; gel des prix et plafonnement des salaires en Argentine) risquent de montrer leur limite d’ici à fin 2008 dans un contexte où les tensions sur les capacités sont fortes et où les politiques budgétaires restent très expansionnistes. Une croissance un peu moins forte en Europe de l’Est A l’exception de la Hongrie où le PIB en volume n’aurait progressé « que de 4 % », les pays d’Europe de l’Est ont connu une progression de leur activité en 2006 proche de 6,5 %, voire supérieure pour certains. En 2007 et 2008, le PIB en volume de la zone agrégée devrait se modérer un peu en ligne avec une croissance mondiale et européenne moins dynamique. Le moindre dynamisme des exportations n’obérerait toutefois pas la croissance, la demande intérieure restant bien orientée. Pour l’ensemble de la zone, l’activité progresserait de 5,7 % en 2007 puis de 5,4 % en 2008. Seul le PIB en volume hongrois connaîtrait un ralentissement marqué en raison du plan d’austérité budgétaire mis en place à l’automne dernier. La demande intérieure continuerait à bien se tenir même si les rythmes de progression Perspectives de l’économie mondiale 2007-2008 dans les pays se modéreraient en ligne avec un marché du travail un peu moins porteur et un rythme d’investissement plus modéré. Si l’inflation est restée contenue en Pologne et en République tchèque l’an passé, elle a en revanche accéléré en Slovaquie et surtout en Hongrie, suite à un relèvement de la TVA et des prix administrés du fuel en septembre. En 2007, l’inflation continuerait à accélérer en Hongrie et plus modérément en République Tchèque en raison d’une hausse des prix administrés (gaz et électricité) et des droits d’accise. Par conséquent, le resserrement monétaire pourrait se poursuivre en 2007. Si les déficits courants se sont creusés en 2006 dans la majorité des pays d’Europe de l’Est, ces derniers n’ont pas rencontré de difficultés de financement. Quant à la Russie, son excédent courant s’est de nouveau accru de plus de 12 milliards de dollars. Cet excédent devrait toutefois se replier un peu en 2007 puis en 2008 sous l’effet de la stabilisation du prix du pétrole. Des cours des produits de base encore tendus En 2007, la croissance des capacités d’offre de pétrole brut devrait rester soutenue et le marché correctement approvisionné, notamment grâce aux pays non membres de l’OPEP, comme la Russie. Ceux-ci devraient voir leur production s’accroître de 1,2 mb/j d’après l’AIE, chiffre certainement largement surestimé. Mais au regard d’une croissance de la demande que nous estimons proche cette année de 1,3 mb/j et d’une hausse des capacités de production de l’OPEP supérieure à 0,6 mb/j, le cartel pourrait être amené à réviser une nouvelle fois sa politique des quotas courant 2007. Les capacités inutilisées de production (excluant les pays à risque) se sont d’ailleurs accrues, atteignant 2,5 mb/j. Ces capacités disponibles n’ont pas été aussi élevées depuis novembre 2002 et pourraient rassurer les marchés. Les prix devraient ainsi se stabiliser autour de 60 dollars le baril en 2007 et 2008. Si, mesurée sur un an, la progression des cours en dollar des autres matières premières n’accélère plus, elle reste rapide. C’est surtout le nickel, dopé par la forte demande d’acier inoxydable chinoise, qui ne cesse de battre de nouveaux records. Les marchés des produits agricoles pourraient bien surprendre à nouveau en 2007, du fait d’une demande mondiale soutenue. L’Europe installée dans la croissance L’année 2006 restera un bon cru pour la zone euro, avec une croissance du PIB de 2,8 %, un niveau inconnu depuis 2000 et qui excède de 1,5 point la moyenne des cinq dernières années. Retour vers la croissance potentielle en zone euro Le léger passage à vide observé au troisième trimestre se sera ainsi révélé temporaire, la croissance redevenant très soutenue au quatrième trimestre. Les enquêtes de conjoncture donnent l’image d’une croissance de la zone euro qui devrait rester proche, voire légèrement supérieure à son potentiel courant 2007, excepté au premier trimestre où le PIB allemand sera affecté par un contrecoup des achats effectués en 2006 par anticipation. Zone euro : croissance du PIB et climat de confiance En % Points d'écart-type 3 PIB (glissement annuel) (échelle de gauche) Climat de confiance (échelle de droite) 2 1 0 -1 -2 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 Source : Eurostat et Commission européenne 11 Conjoncture et prévision Les tensions sur l’appareil productif vont-elles générer un surcroît d’inflation ? Grâce au redressement de l’activité observé l’an dernier, la zone euro a réduit l’output gap négatif qui avait été généré par cinq années de croissance molle. Le taux d’utilisation des capacités de production dans l’industrie manufacturière donne même une image d’un appareil productif encore plus tendu, en s’approchant de son pic précédent qui datait de l’année 2000. Le bon côté de cette phase de relative tension sur l’appareil productif est qu’elle génère de l’investissement, et plus spécifiquement des investissements destinés à accroître les capacités de production, comme en témoigne la bonne tenue de l’investissement en construction non résidentielle. En revanche, ce contexte de capacités de production pleinement utilisées peut laisser craindre l’apparition de tensions inflationnistes, et ce d’autant que, de son côté, le marché du travail est également plus tendu. Les prix à la production du marché intérieur sont bien sur une pente ascendante pour les biens d’équipement et les biens de consommation durables. Mais, autour de 2 % sur un an, leur rythme de progression reste modeste au regard des pics observés dans les années 1990. Les prix des biens intermédiaires sont sur une pente plus prononcée (de l’ordre de 6 % l’an), une hausse qui reflète en partie celle des prix des produits de base. Dans le même temps, l’inflation, au niveau des prix de détail, est restée remarquablement maîtrisée. Depuis le début de l’année 2007, elle est demeurée sous la barre des 2 %. Cela s’explique par une modération des prix de l’énergie, mais aussi par une stabilisation de l’inflation sous-jacente à un niveau très faible (1,5 % sur un an fin 2006). La pression baissière exercée sur les prix par la concurrence internationale et le caractère structurel de l’érosion des prix dans le secteur des nouvelles technologies concourent à ce phénomène. Du côté salarial, il est probable qu’un marché du travail plus tendu suscite une légère accélération des rémunérations, notamment outre-Rhin. Mais jusqu’ici les salaires ont 12 progressé à un rythme extrêmement modéré. La stabilisation des prix du pétrole, qui devrait permettre à l’inflation de rester durablement sous le seuil des 2 %, qui constitue le niveau de vigilance de la Banque centrale européenne, constituerait aussi un rempart contre l’enclenchement d’une boucle prixsalaire. Il reste que, dans ce contexte, la BCE devrait continuer à faire preuve d’une extrême prudence. Après un nouveau relèvement de son taux directeur attendu au début de l’été 2007 (à 4 %), elle le maintiendrait inchangé jusqu’à la mi-2008. Un mouvement baissier n’interviendrait qu’à la fin de l’année prochaine. Une croissance proche de son potentiel en 2007 et 2008 Après la forte progression du PIB au quatrième trimestre 2006, la croissance de la zone euro se modérerait sensiblement au premier trimestre 2007, essentiellement sous l’effet de deux facteurs techniques. D’une part, la consommation des ménages allemands inclura une correction afin de gommer les achats anticipés, notamment d’automobiles, effectués au cours de la seconde partie de l’année 2006. D’autre part, l’envolée des exportations au quatrième trimestre 2006, dû également en grande partie à un aléa sur les données allemandes, ne peut être extrapolée. Au-delà de ces aspects techniques, la croissance de la zone euro devrait revenir autour de son potentiel qui est encore évalué à environ 2 % l’an. Le raffermissement de la croissance de la zone euro en 2006 est largement imputable à une forte accélération des exportations, dont le rythme de croissance a pratiquement doublé (+8,1 % en 2006 contre 4,4 % en 2005 pour les biens et services en volume), et ce en dépit de la fermeté de l’euro. Courant 2007, le moteur extérieur devrait perdre un peu de sa vigueur, d’une part en raison d’une moindre progression de la demande mondiale et, d’autre part, suite aux effets décalés de l’appréciation de l’euro, notamment contre le yen. De ce point de vue, en dépit des tensions sur les capacités évoquées plus haut, l’investisse- Perspectives de l’économie mondiale 2007-2008 ment devrait s’adapter à une activité un peu moins soutenue. Un ajustement interviendrait notamment du côté de la construction résidentielle, comme le reflète une érosion du climat des affaires dans ce secteur depuis l’automne dernier. Le tassement des crédits à l’habitat et l’inflexion des permis de construire militent également pour une perte de dynamisme des mises en chantier de logements. La consommation des ménages, qui n’a pas été la composante la plus vigoureuse de la croissance l’an dernier, devrait connaître une progression autour d’un rythme de 2 % l’an en 2007 et 2008. Certes, les ménages bénéficieraient cette année d’une modération de l’inflation, grâce à une évolution moins pénalisante des prix des produits pétroliers. Mais la croissance de l’emploi, qui a gagné en intensité courant 2006, décélérerait progressivement. Le taux de chômage au plus bas depuis vingt ans Cela n’empêcherait pas le chômage de continuer à baisser, bien que plus lentement qu’en 2005 et 2006. Passé sous la barre des 7,5 % début 2007, le taux de chômage est ainsi au plus bas depuis vingt ans. Au total, le PIB progresserait de 2,1 % en 2007 et de 1,9 % en 2008. Après le creux temporaire du premier trimestre, la croissance s’installerait sur une pente proche de 2 % l’an pendant une grande partie de l’exercice de prévision. Une accélération progressive pourrait intervenir sur la seconde partie de 2008, dans le sillage d’un environnement extérieur plus favorable, lié notamment à un léger affaiblissement de l’euro. Renouveau allemand La croissance allemande a atteint 2,9 % en 2006 (données corrigées des jours ouvrables), un rythme qui n’avait plus été observé depuis 2000. Outre des exportations très sou- tenues, l’activité a bénéficié d’une accélération de l’investissement des entreprises tant en biens d’équipement que, fait nouveau, en produits de la construction. En revanche, la consommation privée n’a progressé que très modestement. Le taux de marge des entreprises s’étant fortement redressé au cours des dernières années, le partage de la valeur ajoutée serait plus en faveur des salariés en 2007 et en 2008, ce qui permettrait à la consommation privée de retrouver des couleurs. Certes, la hausse de la TVA a provoqué un vif recul des ventes au détail et tout particulièrement des achats de véhicules. Si le rebond attendu de la consommation privée en fin d’année dernière en raison d’achats anticipés avant le relèvement du taux de TVA n’a pas eu lieu, le recul des dépenses des ménages en ce début d’année est donc en revanche déjà observable dans les indicateurs conjoncturels disponibles. Pour autant, la consommation privée ne devrait pas être durablement plombée par la hausse de la TVA. D’une part, la situation sur le marché du travail s’est nettement améliorée au cours des derniers mois. Début 2007, l’emploi intérieur total a de nouveau progressé et a dépassé son point haut de mai 2001. Le taux de chômage est tombé à 9,3 % en février 2007, contre 11,4 % en février 2006. D’autre part, l’accélération de l’inflation a été nettement moindre que celle anticipée. Par conséquent, les ménages bénéficieraient d’une véritable hausse de leur pouvoir d’achat en 2007 d’autant que les entreprises pourraient enfin accorder des hausses salariales après trois années de recul du salaire horaire réel. Au total, la croissance avoisinerait 2 % en 2007 et 2008, soutenue également par l’investissement des entreprises et des exportations qui continueraient à bien se tenir. Autre bonne nouvelle pour l’économie allemande, le déficit des administrations publiques a été nettement révisé à la baisse pour l’année 2006 : - 1,7 % du PIB contre une estimation précédente à 2,3 % suite à une hausse des taxes de 7,5 % (contre 2,4 % en 2005). Une légère réduction devrait encore intervenir en 2007 et 2008. 13 Conjoncture et prévision L’Italie rebondit Sur l’ensemble de l’année 2006, la croissance est ressortie à 1,9 % selon les comptes annuels. C’est de loin la meilleure performance qu’ait connue l’Italie depuis six ans. Le rebond de la croissance est imputable tant à la demande interne qu’externe. Le rythme de croissance de la consommation des ménages a plus que doublé entre 2005 et 2006 tandis que l’investissement a renoué avec des variations positives. En effet, après un recul en 2005, la FBCF totale a crû de 2,4 % en 2006, ce redémarrage procédant d’une accélération conjointe des dépenses en construction, en équipements et en matériel de transport. Les exportations ont, elles aussi, nettement progressé en 2006 après le repli de 2005. Conséquence directe de cette embellie, le taux d’utilisation des capacités de production s’est sensiblement redressé courant 2006, dépassant de trois points sa moyenne de longue période au second semestre. Ce point constitue d’ailleurs un facteur encourageant pour la dynamique des dépenses d’équipement qui pourraient continuer de soutenir la demande cette année et en 2008. De son côté, la consommation a été stimulée par une baisse du taux d’épargne et un recours plus marqué au crédit. Pour autant, l’année 2007 serait marquée par un freinage de la consommation. En effet, les ménages pâtiront d’une fiscalité alourdie, ce qui les inciterait à relever leur taux d’épargne. La mise en place du nouveau barème de l’impôt sur le revenu ponctionnera davantage les ménages les plus aisés, tandis que de nouveaux prélèvements taxeront les biens immobiliers hérités et certains produits d’épargne. Au total, la ponction fiscale supplémentaire atteindrait 8 milliards d’euros, si l’on inclut l’augmentation des cotisations sociales des travailleurs indépendants. Certes, d’autres facteurs soutiendront la demande, à commencer par la poursuite de la désinflation. Les ménages continueraient aussi de bénéficier d’un marché du travail porteur. Le taux de chômage poursuit son recul, même si les créations d’emploi ont ralenti sur la seconde 14 partie de 2006. La réduction de la fiscalité sur le travail permettrait toutefois que le freinage de la dynamique des embauches ne soit trop marqué en 2007. Le raffermissement de l’euro, conjugué au freinage attendu de l’économie allemande pourrait peser sur les exportations italiennes. La récente stabilisation des parts de marché des industriels transalpins liée à une restauration encore timide de leur compétitivité intervient au moment où la demande mondiale tend à ralentir. Enfin, les mesures d’austérité budgétaire destinées à ramener le ratio du déficit public sous la barre des 3 % en 2007 (contre 4,8 % en 2006) amputeraient la croissance de 0,3 point cette année. Au total, le PIB croîtrait de 1,5 % cette année et 1,6 % l’an prochain. Vers un rééquilibrage de la croissance espagnole Nous privilégions un scénario de ralentissement et de rééquilibrage graduel de la croissance espagnole à horizon 2008. Certes, la nouvelle accélération de l’activité dont ont fait état les comptes du quatrième trimestre 2006 conduit à réviser à la hausse les prévisions de croissance pour 2007, du fait d’un acquis plus important. Toutefois, les données d’enquête suggèrent que l’entrée dans l’exercice en cours se fait sur un rythme un peu moins soutenu, notamment dans le secteur des services. Surtout, le durcissement des conditions monétaires dans la zone euro s’est à présent quasiment entièrement répercuté sur les taux des nouveaux prêts aux ménages et aux entreprises. Si ce renchérissement des conditions de financement n’a pas encore entraîné de modération des crédits à la consommation et des crédits aux entreprises, il commence à mordre de plus en plus nettement sur la progression des encours de crédits hypothécaire et des prix du logement, favorisant la poursuite de l’atterrissage sur le marché de l’immobilier résidentiel. Il devrait de surcroît encore alourdir la charge d’intérêt supportée Perspectives de l’économie mondiale 2007-2008 par les ménages, majoritairement endettés à taux variables. Cette contrainte risque de peser d’autant plus fortement sur le budget des ménages que leur épargne financière est à présent négative (-2,9 % du PIB en 2006 selon nos estimations). contribution des échanges extérieurs nets à la croissance serait donc moins négative. Au final, la croissance espagnole passerait de 3,8 % du PIB en 2006 à 3,4 % en 2007 et 2,6 % en 2008. Consommation et investissement en logement retrouveraient dès lors une croissance plus en ligne avec celle du pouvoir d’achat du revenu disponible brut. Celui-ci verrait sa progression accélérer légèrement en 2007, du fait de la désinflation lié au reflux des prix de l’énergie, et des allègements d’impôts qui dériveront de la réforme fiscale qui doit entrer en vigueur en 2007. En revanche, en 2008, ces facteurs favorables ne joueront plus et l’évolution du pouvoir d’achat du revenu disponible brut sera impactée par le ralentissement de la croissance de l’emploi, qui passerait de 3 % en 2007 à 2,2 % en 2008. Au final, la progression de la consommation des ménages atteindrait encore 3,5 % en 2007 mais ne dépasserait pas 2,5 % en 2008. L’investissement en logement ralentirait encore plus nettement (+3,6 % en 2007 et +1,8 % en 2008 après +6,4 % en 2006), la modération de la hausse des prix du logement ne suffisant pas à empêcher une dégradation croissante de l’accessibilité. Décélération de l’économie britannique Les marges de manouvre existant au niveau des finances publiques devraient toutefois permettre une poursuite de la croissance des investissements en infrastructures en dépit de la réduction des montants reçus au titre des fonds structurels. Les administrations publiques ont en effet enregistré un surplus budgétaire de 1,8 % en 2006, ce qui confère de confortables marges de manouvre pour faire face à un ralentissement de la croissance. Sur le front externe, l’Espagne devrait être affectée début 2007, comme les autres pays de la zone euro, par le « choc TVA » allemand, le marché allemand absorbant 11,4 % de ses exportations. En dépit d’une médiocre compétitivité, le secteur exportateur devrait bénéficier d’une évolution un peu plus favorable de l’euro à partir de la mi-2007 et, surtout, début 2008. Dans un contexte où le ralentissement de la demande intérieure modérerait la croissance des importations, la Après une année 2005 atone, la croissance britannique est ressortie à 2,7 % en 2006 en moyenne annuelle sous l’effet conjoint, d’une part, du rebond de la dépense des ménages, et d’autre part, du dynamisme de l’investissement des entreprises. La consommation des ménages montre une évolution en phase avec l’embellie du marché immobilier qui n’aura finalement connu qu’une pause au cours de l’année 2005. L’investissement des ménages ressort en hausse de 8,7 % en 2006 et l’indice Halifax du prix des maisons a atteint début 2007 des taux de progression à deux chiffres. Néanmoins, les trois relèvements successifs du taux repo de la banque d’Angleterre entre août 2006 et début janvier 2007 paraissent avoir depuis peu quelques effets perceptibles sur l’économie britannique. D’une part, le rythme de croissance de la masse monétaire a légèrement ralenti. D’autre part, l’inflation qui, malgré le reflux des prix de l’énergie, avait semblé déraper jusqu’à atteindre 3 % en décembre sur un an, paraît enfin quelque peu s’assagir début 2007. Pour 2007, les risques d’un net ralentissement de l’activité ne peuvent être totalement exclus mais paraissent néanmoins peu probables. La bonne santé des entreprises britanniques de services justifie la poursuite d’un rythme d’investissement satisfaisant. Dès lors, celles-ci devraient être en mesure de résister à la tendance à l’appréciation de la livre déjà clairement observable début 2007 (tendance que nous ne prolongeons pas jusqu’à la fin de l’année), mais également aux premiers signes perceptibles de ralentissement des exportations à destination de l’économie américaine. De plus, le scénario 15 Conjoncture et prévision d’un atterrissage en douceur du marché immobilier est privilégié. La capacité d’endettement des ménages reste en effet élevée, malgré un fort effet d’éviction des primo accédants et des ménages les plus modestes. Dès lors, l’effet d’entraînement du marché immobilier sur la consommation domestique (effet de richesse) jouera plutôt négativement cette année. La banque d’Angleterre arriverait à contenir l’inflation qui reviendrait à la fin de 2007 sur la cible fixée à 2% en rythme annuel. Un nouveau relèvement de son taux repo avant l’été 2007 serait nécessaire. Les évolutions de change que nous envisageons seraient moins défavorables au commerce extérieur à partir de la fin de l’exercice 2007 et tout au long de 2008. Mais la dépréciation de la livre vis-à-vis de l’euro et du dollar devrait être à peine suffisante pour empêcher un creusement du déficit de la balance commerciale britannique, favorisé en outre par une balance énergétique désormais déficitaire. Au total, la croissance du PIB pourrait atteindre 2,5 % en 2007 et 2 % en 2008. France : croissance modérée Le diagnostic conjoncturel de l’économie française qui suit a été réalisé en mars 2007. Depuis lors, les indicateurs qui ont été publiés soulignent la solidité de la croissance européenne, laquelle soutient la croissance française. Compte tenu des développements conjoncturels récents, une révision à la hausse de nos hypothèses de croissance pour l’économie française (1,8 % en 2007 et 2008) est probable. Par ailleurs, la prévision qui est associée à ce diagnostic ne prend pas en compte les éléments de politique économique qui ont été avancés lors de la campagne pour l’élection présidentielle. Une croissance française en retrait des performances européennes Pour la seconde année consécutive, la croissance française est restée inférieure en 2006 à 16 celle observée dans l’ensemble de la zone euro. Elle ne paraît pas à même de combler ce retard en 2007. L’acquis de croissance en début d’exercice se situe déjà en retrait de quatre dixièmes de point de PIB en France par rapport à celui obtenu pour la zone euro du fait d’une croissance plus faible en fin d’année que celle observée dans l’Union monétaire. Plus encore, le plafonnement, sinon le tassement des enquêtes de conjoncture perceptible dans l’ensemble de la zone euro, paraît plus accusé dans le cas de la France. Cette observation est particulièrement aigue dans le cas de l’industrie, secteur pour lequel l’indice synthétique de l’enquête réalisée auprès des directeurs d’achat reste au voisinage de sa moyenne de longue période dans le cas de la France quand il continue à la dépasser largement dans l’ensemble de l’Europe. Perceptible dans les données qualitatives, le décrochage de l’activité industrielle est encore plus marqué dans les indices d’activité. Entre 2004 et 2006, l’indice de la production industrielle en France a progressé de 1 % quand il avançait de 5,2 % dans l’ensemble de la zone euro. Recul persistant des parts de marché Ce décrochage de la croissance reflète pour l’essentiel le handicap de compétitivité dont pâtit l’économie française et qui ne s’est toujours pas inversé. Il s’est même plutôt accentué au cours des derniers mois, la part des exportations françaises dans celles de la zone euro ne ressortant plus qu’à hauteur de 13,5 % au quatrième trimestre 2006 quand elles s’inscrivaient à hauteur de 17 % en moyenne en 1998. Ce décrochage de la compétitivité n’est pas propre à l’industrie. Il s’étend aux activités de services dont les exportations, exprimées en valeur, restent en 2006 à un niveau inférieur à celui observé en 2002. Outre que l’environnement mondial et européen pourrait s’avérer moins porteur début 2007 qu’au cours de l’exercice passé, ce handicap de compétitivité paraît devoir rester le principal frein à une franche reprise de l’activité en France. Qui plus est, les exportations Perspectives de l’économie mondiale 2007-2008 françaises ont été soutenues de manière quasiexclusive par les ventes à destination de l’Allemagne pendant la seconde partie de l’année écoulée. Or celles-ci ont marqué le pas au cours des derniers mois en ligne probablement avec l’arrêt des achats effectués en anticipation de la hausse de la TVA intervenue outreRhin début 2007. En conséquence, et dans un contexte où l’appréciation présente de l’euro viendrait peser sur la compétitivité prix des exportations françaises, la croissance de ces dernières en volume resterait encore sensiblement inférieure à celle de la demande mondiale en 2007 et à nouveau, mais dans une moindre ampleur en 2008. L’écart négatif qui s’observe entre progression des exportations et de la demande mondiale de biens et services adressée à la France depuis 2001 se prolongerait ainsi, occasionnant de nouvelles pertes de parts de marché. Du reste, les industriels ont fait état récemment d’une nouvelle dégradation de leur position compétitive sur quelque marché que ce soit (marché mondial, de l’Union européenne ou marché intérieur). Vers un atterrissage du secteur de la construction Un second moteur d’activité et de l’emploi pourrait progressivement faire défaut au cours de l’exercice 2007, voire 2008. Les signes de ralentissement dans le secteur immobilier et de la construction résidentielle se sont multipliés au cours des derniers mois : tassement des permis de construire et recul des mises en chantier de logements depuis un an, plafonnement du chiffre d’affaires dans les activités immobilières comme des flux de nouveaux crédits à l’habitat et allongement des délais d’écoulement des stocks. Si une baisse générale des prix dans l’immobilier résidentiel ne semble pas encore d’actualité, les conditions d’un atterrissage sont désormais réunies. Le recours à certains expédients comme un nouvel allongement de la durée des prêts immobiliers ne viendrait qu’atténuer l’ampleur de cet atterrissage dans un contexte de remontée graduelle des taux d’intérêt (+ 46 points de base pour les taux moyens sur les crédits nouveaux à l’habitat d’une échéance supérieure à un an en janvier 2007 par rapport à l’année précédente). Enfin, l’entrée dans un cycle électoral prolongé du fait de la succession d’élections nationales puis municipales en 2007 et 2008 risque d’exercer un effet sédatif sur les dépenses d’investissement effectuées par les administrations publiques. Or, au cours des quatre derniers exercices, ces dépenses ont exercé une contribution positive à la croissance à hauteur d’un dixième de point de PIB chaque année, contribution qui ne s’observera probablement plus au cours de ces deux années. Les dépenses d’investissement public se modéreraient ainsi significativement, sans pour autant se retourner à la baisse en 2007, avant de rebondir quelque peu fin 2008. Une progression de la consommation en ligne avec celle du pouvoir d’achat Handicapée sur le plan extérieur, la (faible) croissance française continuerait de trouver ses ressorts au sein de sa demande interne. A l’inverse du tassement très progressif de leurs dépenses d’investissement qui s’est observé tout au long de l’exercice passé et que nous prolongeons sur l’horizon de la prévision, les ménages n’ont pas entamé le dynamisme de leurs dépenses de consommation. En début d’année, les achats de produits manufacturés, exprimés en moyenne mobile sur trois mois ont même à nouveau rebondi à 11,3 % l’an en février. De fait, le pouvoir d’achat du revenu disponible des ménages serait soutenu par le paquet fiscal 2007 (versé en début d’année pour ce qui concerne la baisse attendue de l’impôt sur les revenus) qui portera sur un montant total équivalent à 0,5 point de RDB, d’une part, et par la modération attendue de l’inflation en ligne avec le recul des prix des produits énergétiques, d’autre part. Toutefois, le contexte de remontée de taux aidant, l’incitation à la réduction de l’effort d’épargne comme au recours à l’endettement paraît fléchir. En conséquence, le rythme de progression de la consommation des ménages se rapprocherait de celui de 17 Conjoncture et prévision l’avance du pouvoir d’achat de leur revenu après l’avoir systématiquement dépassé au cours des trois derniers exercices. La progression du pouvoir d’achat du revenu disponible resterait à nouveau légèrement supérieure à celle du PIB prolongeant ainsi la situation qui s’observe en moyenne depuis 2001 (à l’exception de l’exercice 2003). Il serait soutenu notamment par une progression encore forte de l’emploi, forte relativement à la croissance somme toute modérée que nous attendons pour les deux exercices, mais également par une progression un peu plus vive des salaires sous l’effet d’une « redilatation » progressive de l’échelle des salaires. L’écrasement de cette dernière observée depuis dix ans à la suite des relèvements successifs du SMIC opérés au cours des dernières années s’inverserait ainsi très lentement. Le taux d’investissement productif vers un niveau record La progression des dépenses d’investissement des sociétés resterait pour sa part comprise dans la bande étroite qu’elle connaît depuis 2004. En l’état des informations disponibles, les comptes des sociétés non financières se seraient à nouveau dégradés en 2006, les profits bruts des sociétés non financières (avant distribution de dividendes) reculant de 3,8 % en moyenne annuelle en 2006 après déjà -5 % en 2004 et -0,5 % en 2005. Les principaux ratios de résultats dégagés par les sociétés non financières restent pour leur part au voisinage d’un niveau plancher. Cette situation relève du registre d’une quasiexception française dans le concert européen. En effet, seules les sociétés non financières 18 françaises et italiennes ont vu leur taux de marge reculer au cours de la période de basses eaux conjoncturelles qui a été observée de 2000 à 2005 (dernier point connu pour la zone euro). Outre que le repli de l’investissement productif a été bien moins prononcé en France que celui observé dans l’ensemble de la zone euro au cours de cette même période, c’est probablement dans cette situation que doivent être recherchées les explications à la progression certes régulière mais lente des dépenses d’investissement productif. Pour autant, la progression de 3,8 puis 3,1 % de ces dépenses que nous attendons respectivement pour 2007 et 2008 conduira à positionner fin 2008 le taux d’investissement (exprimé en valeur) des sociétés au voisinage de ses niveaux records touchés en 1980 et 1990. Par ailleurs, les variations de stocks ne pèseraient plus sur la croissance ainsi que cela a été le cas en 2006. Dans un contexte de croissance molle ouvrant peu de marges de manœuvre pour la politique budgétaire, et sous réserve de l’introduction d’une nouvelle soulte non anticipée pour l’heure sans parler du résultat des élections présidentielles, le solde des administrations publiques afficherait en 2007 un déficit à hauteur de 2,7 % du PIB (après 2,5 % en 2006) avant qu’il ne revienne à 2,5 % en 2008. Après avoir atteint un point haut à 44,4 % en 2006, le taux de prélèvements obligatoires se stabiliserait à hauteur de 44 % du PIB. Achevé de rédiger le 1er avril 2007 Denis Ferrand - [email protected] Alain Henriot - [email protected] Cet article est basé sur les données connues au 13 mars 2007 Perspectives de l’économie mondiale 2007-2008 Un bilan provisoire de l’emploi en France Amorcée à l’été 2003, la progression de l’emploi s’est sensiblement accélérée en France durant l’année 2006. Selon les premières estimations issues des comptes nationaux, 226 000 emplois ont été créés durant l’exercice écoulé, soit une progression de 0,9 % pour une croissance du PIB de 2 %. D’autres estimations fournies par la DARES et l’INSEE, dans sa note de conjoncture du mois de mars, évaluent à 252 000 le nombre de postes créés en 2006. Cette progression est la plus vive observée depuis 2001 quand 293 000 emplois avaient été créés durant ce seul exercice. A lui seul, le secteur marchand non agricole a créé 186 000 emplois en 2006, 60 000 l’ont été dans le secteur principalement non marchand et 20 000 postes auraient été perdus dans le secteur agricole (chiffre provisoire). Au sein du premier ensemble, les activités industrielles ont à nouveau perdu 62 000 emplois en 2006. A l’inverse, le secteur du bâtiment et des travaux publics en a créé 73 000 et celui des services marchands 175 000. Depuis le précédent creux des effectifs totaux observé à l’été 2003, 446 000 emplois nets ont été créés, tous secteurs confondus. Parmi ceux-ci 175 000 postes nets l’ont été dans le secteur de la construction, soit un accroissement de 11,4 % des effectifs de ce secteur. A l’inverse, depuis le creux de l’été 2003, l’industrie manufacturière (y compris agro-alimentaire) a perdu un peu moins de 300 000 emplois nets, soit une contraction de 8,3 % de ses effectifs. Qui plus est, cette baisse avait été amorcée bien avant l’été 2003. Depuis son précédent point haut touché au printemps 2001, l’industrie a perdu 481 000 emplois directs, soit 13 % de ses effectifs d’alors. Le secteur des services marchands a créé pour sa part 442 000 emplois nets depuis l’été 2003, soit un gonflement de ses effectifs à hauteur de 3,8 %. Une des originalités de la période récente est la forte reprise des créations d’emplois non salariés (10 % des effectifs totaux environ). Alors que ce type d’emploi reculait d’environ 60 000 postes par an en moyenne de 1990 à 2002, principalement sous l’effet du recul de l’emploi non salarié agricole, 16 000 postes non salariés auraient été créés en 2006 après déjà 32 000 en 2005. Depuis l’été 2003, les créations nettes d’emploi non salariés ont été de l’ordre de 77 000, contribuant ainsi à un peu moins d’un cinquième des créations nettes totales d’emploi. Un tiers de ces créations nettes d’emplois non salariés ont été effectuées dans le bâtiment et les travaux publics (+27 000 emplois non salariés, soit +12 %). Cette tendance n’est pas sans lien avec la bonne tenue des créations d’entreprises. Elle trouve également pour écho un nombre croissant de chômeurs bénéficiaires de l'ACCRE. Cette aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs d’entreprises a concerné 80 300 personnes sur l'ensemble de l'année 2006 après 71 100 en 2005 et 66 500 en 2004. Le nombre d’emplois aidés (y compris formation en alternance) s’est accru pour sa part de 35 000 durant l’année écoulée après 11 000 courant 2005. Au total, nous estimons à 1 161 600 le nombre de contrats d’emplois aidés, définis au sens large, fin 2006, soit 4,5 % de l’emploi total. 294 000 d’entre eux sont dans le secteur principalement non marchand. Ces derniers ont été en progression de 25 000 postes courant 2006 après -20 000 en 2005. L’emploi aidé dans le secteur marchand aurait pour sa part progressé de 9 000 postes courant 2006. Cette création de 226 000 postes en 2006 doit être mise en parallèle avec le recul du nombre de chômeurs (au sens du BIT). Entre les quatrièmes trimestres de 2005 et de 2006, le nombre de chômeurs a baissé de 269 000 occasionnant un recul de 1 point du taux de chômage. Le nombre de demandeurs d’emploi en fin de mois (catégories 1 et 6) a reculé pour sa part de 260 000. En conséquence, la somme des effectifs employés supplémentaires en 2006 et du nombre de chômeurs (au sens du BIT) en moins aboutit à un recul de la population active de 40 000 personnes en 2006. Cette observation est à comparer avec les projections de population active diffusées par l’INSEE l’été dernier, projections qui retenait une hypothèse de population active tendancielle de 188 000 personnes en plus pour 2006 (+123 000 pour 2007). Pour leur part, les précédentes projections de population active, bien qu’ajustées par l’INSEE et sur la base desquelles est encore assuré le bouclage de la population active, suggéraient une progression de la population active tendancielle de l’ordre de 29 000 personnes en 2006. Le défaut de bouclage 19 Conjoncture et prévision En glissement annuel Moyenne 1991-2003 2004 2005 2006 67 19 -60 24 50 29 41 -40 0 30 (1) (2) (3) (3b) (4)=(1)+(2)+(3) Population active tendancielle Effet "Flexion du chômage" Effet "Retrait anticipée d'activité" Effet stages et préretraites Offre de travail potentielle 200 108 2 -85 14 39 (5) (6) (7)=(5)+(6) Emploi total Chômeurs au sens du BIT Population active observée 157 36 200 51 -10 41 167 -102 65 226 -269 -43 (8)=(7)-(4) Défaut de bouclage 0 2 15 -73 de la population active (avant prise en compte des effets de flexion du chômage et du nombre de départs anticipés à la retraite) s’étage ainsi de 73 000 personnes à 232 000 selon les projections que l’on privilégie. En 2005, en s’appuyant sur la progression tendancielle de la population active issue des anciennes projections, le défaut de bouclage était de 8 000 personnes selon la note de conjoncture de l’INSEE publiée en décembre dernier. Comment résorber l’écart entre l’évolution de la population active projetée (+188 000 ou + 29 000) et celle implicitement observée (-43 000) en 2006 ? Plusieurs explications ont été avancées : – le nombre de radiations administratives du nombre de chômeurs aurait accéléré, – de nombreux chômeurs auraient été reclassés dans des catégories de chômage qui ne sont pas retenus par l’indicateur habituellement suivi, – la réforme des retraites se traduirait par d’importantes sorties anticipées du marché du travail pour les personnes disposant du nombre d’annuités nécessaires pour l’obtention d’une retraite à taux plein, – l’effet sur l’emploi du contrat nouvelle embauche (CNE) serait mal pris en compte. Les éléments précédents apportent certes quelques réponses mais ne permettent pas d’assurer un bouclage complet entre l’évolution de la population active observée et la population active tendancielle 1. Le nombre de radiations des listes du chômage n’a pas augmenté significativement en 2006 selon l’enquête « sortants », un peu plus selon les motifs de sortie du chômage pour les chômeurs de catégorie 1. Selon l’enquête « sortants », enquête réalisée chaque trimestre auprès des demandeurs d'emploi sortis des listes de l'ANPE le dernier mois du trimestre précédent et dont la dernière livraison porte sur septembre 2006, au cours des trois premiers trimestres 2006, les sorties des listes du chômage au titre des radiations administratives auraient concerné 37 400 personnes (en rythme annuel). Au cours de la même période en 2005, ce nombre était de 37 700 personnes et de 28 200 personnes durant les trois premiers trimestres de 2004 (25 400 en 2002 et 18 3000 en 2003). En revanche, la proportion de sortie du chômage pour les chômeurs de la catégorie 1 pour cause de radiations administratives a été de 10,4 % sur l’ensemble de l’année après 9,6 % en 2005 et 9,9 % en 2004. Les radiations administratives auraient été au nombre de 462 000 sur l’ensemble de l’année après 418 000 en 2005. Plus que l’effet « radiations », c’est surtout du côté des sorties pour cause d’absence au contrôle que la dérive a été soutenue, du moins par rapport à 2002. 2. Les changements de catégories des chômeurs ne paraissent pas non plus exercer une influence déterminante. En 2006, le nombre de demandeurs d’emploi en fin de mois a baissé dans toutes les catégories de chômeurs pour lesquels des indications précises sont disponibles. 20 Perspectives de l’économie mondiale 2007-2008 A notre connaissance, les catégories 4 (chômeurs en formation) et 5 (personnes ayant un emploi et déclarant en chercher un nouveau) ne font pas l’objet d’estimations précises pour l’exercice 2006. Concernant le nombre d’entrées en formation, on peut toutefois relever que la proportion de sortie du chômage au motif d’entrée en stage pour les chômeurs de catégorie 1 a fortement baissé en 2006 (7,4 % des sorties après 8,3 % en 2005, soit 329 000 sorties en année pleine en 2006 contre 364 000 en 2005). 3. Les effets de retraits anticipés d’activité sont a priori compensés par les effets positifs de flexion du chômage L’une des orientations de la loi du 21 août 2003 portant réforme des retraites est la prise en compte des très longues carrières. L’article 23 vise à permettre aux assurés qui ont commencé très jeunes leur activité et qui ont effectué une très longue carrière de prendre leur retraite avant 60 ans. Dans sa note de conjoncture de mars dernier, l’INSEE estime à 40 000 personnes l’impact baissier du nombre de départs anticipés à la retraite sur la population active tendancielle en 2006. Ce nombre est toutefois intégralement compensé par ce que les économistes nomment l’effet de flexion du chômage. Celui-ci retient que lorsque la conjoncture est mal orientée, et notamment lorsque le chômage est élevé, une partie de la population renonce à entrer sur le marché du travail ou préfère en sortir. À l’opposé, lorsque la conjoncture devient favorable, un plus grand nombre d’individus choisissent de chercher un emploi. Cet effet du taux de chômage sur la décision d’entrer ou de sortir du marché du travail est appelé « effet de flexion ». En 2006, cet effet de flexion du chômage aurait occasionné un accroissement de la population active tendancielle de l’ordre de 40 000 personnes selon nos estimations. 4. Le CNE aurait permis la création d’environ 40 000 postes depuis sa mise en œuvre Le CNE concerne au premier chef les entreprises d’une taille inférieure à 20 salariés, soit une catégorie d’entreprise traditionnellement mal mesurée par les statistiques infra-annuelles d’emploi. En outre, au cours des dernières années, c’est au sein des entreprises de moins de dix salariés que l’emploi s’est révélé être le plus dynamique. L’emploi serait ainsi sous-estimé car prenant mal en compte les créations d’emplois associées au CNE. Deux éléments de réponse peuvent désormais être opposés. Les données sur l’emploi dans le secteur concurrentiel s’appuient depuis l’automne de manière privilégiée sur les statistiques fournies par l’URSSAF, statistique qui concerne toutes les catégories d’entreprises et non les seules entreprises de plus de dix salariés comme c’est le cas avec l’enquête ACEMO qui a longtemps servi de référence pour l’évaluation de l’emploi dans le secteur marchand. Par ailleurs, « En 2005 et 2006, respectivement 280 000 et 510 000 intentions d’embauche en CNE ont été déclarées. Les résultats de deux enquêtes menées conjointement par la Dares et l’Acoss ne permettent pas d’estimer précisément le nombre d’emplois créés par le dispositif instauré en août 2006, mais fournissent des informations utiles sur certains des mécanismes en jeu. D’une part, les taux de rupture des embauches en CNE sont évalués entre 30 % à 40 % au cours des six premiers mois, et de 50 % au bout d’un an (à comparer à environ 20 % au bout de 6 mois pour les CDI et 35 % à 60 % pour les CDD selon la même enquête de la Dares). Compte tenu de ces taux de rupture estimés, le nombre de salariés en CNE aurait été d’environ 200 000 fin 2005 et d’environ 400 000 fin 2006. D’autre part, la part de ces emplois qui n’auraient pas été créés si le CNE n’avait pas existé serait comprise entre 8 % et 9 % selon les opinions déclarées par les employeurs et la part de ses emplois qui auraient été créés, mais plus tard, serait de 17 %. Si l’on tient compte de l’ensemble des informations disponibles, l’effet net correspondant serait estimé entre 5 000 et 15 000 emplois par trimestre en 2005 et 2006 » , soit entre 20 000 et 60 000 sur l’ensemble de l’année écoulée. L’ensemble des éléments d’explication précédents ne permettent pas de combler le défaut de bouclage de la population active. Il est probable que cette situation persistera au moins jusqu’à la parution de l’enquête emplois réalisée par l’INSEE dont la publication a été repoussée à l’automne prochain dans l’attente de vérifications complémentaires après des premiers résultats jugés peu satisfaisant par l’institut de statistiques. 21 Conjoncture et prévision Annexe statistique 22 Perspectives de l’économie mondiale 2007-2008 Principaux indicateurs mondiaux Part (%)1 2005 2006 Monde Etats-Unis Canada Japon Prix à la consommation3 2008 2006 2007 2008 Balance courante4 2006 2007 2008 100 20,7 1,8 6,5 5,3 3,3 2,7 2,2 4,5 2,6 2,4 2,3 4,5 2,8 2,8 2,0 3,2 2,0 0,2 1,8 1,5 0,2 -1 2,1 2,0 0,8 7,0 -850 21,4 170 16,0 -764 14,3 182 -769 12,1 194 Zone euro 15,6 Allemagne 4,1 France 3,2 Italie 2,9 Espagne 1,9 Pays-Bas 0,9 Belgique 0,6 Autriche 0,5 Grèce 0,5 Portugal 0,4 Finlande 0,3 Irlande 0,3 Luxembourg 0,0 2,8 2,9 2,0 1,9 3,8 2,9 3,0 3,2 4,1 1,3 5,8 5,3 5,2 2,1 1,9 1,8 1,5 3,4 2,7 2,1 2,3 3,4 1,5 3,0 4,5 4,6 1,9 1,9 1,8 1,6 2,6 2,4 2,1 2,2 3,2 1,7 2,7 4,2 4,4 2,2 1,7 1,7 2,1 3,5 1,2 1,8 - 1,7 1,7 1,3 1,6 2,6 1,3 1,6 - 1,6 1,5 1,4 1,9 3,0 1,6 1,7 - -14,8 127 -34,8 -41,7 -110,3 59,9 6,2 - -10,3 156 -45,8 -40,8 -129,3 61,1 6 - -27,5 151 -50,5 -40,3 -139,5 58,2 6,6 - 3,3 0,5 0,3 0,4 0,3 1,0 2,7 4,4 3,0 3,0 2,9 4,7 2,5 3,0 2,5 2,0 2,5 4,0 2,0 2,7 2,4 1,8 2,5 5,0 2,3 - 2,6 - 2,1 - -68,0 - -77,6 - -83,8 - 5,1 0,9 0,3 0,1 0,4 0,1 0,0 2,6 0,6 6,6 5,8 3,9 8,3 6,1 6,0 7,7 6,7 6,8 6,1 5,0 2,5 7,8 5,2 5,7 6,4 6,1 6,2 5,8 4,8 3,0 6,2 4,9 5,4 5,8 5,8 5,9 1,1 3,9 4,5 2,6 7,4 6,6 9,8 9,1 2,5 6,8 2,7 3,0 6,0 5,7 7,2 11,0 2,8 3,7 2,4 3,0 5,0 5,0 6,3 8,5 -7,1 -6,3 4,3 -5,9 95,6 - -8,0 -5,2 3,0 -6,5 80,0 - -8,5 -5,6 2,2 -6,8 70,0 - Asie émergente 31,4 hors Chine et Inde 7,3 Chine 16,0 Inde 6,3 Corée du Sud 1,8 Indonésie 1,7 Taiwan 1,1 Thaïlande 0,9 Philipines 0,7 Malaisie 0,5 Hong-Kong 0,4 Singapour 0,2 9,2 5,8 10,7 9,2 5,0 5,5 4,6 5,0 5,4 5,9 6,8 7,9 7,9 5,2 9,0 8,0 4,3 5,8 3,5 3,5 5,1 5 5,3 5,4 7,6 5,1 8,5 7,8 4,2 5,2 3,3 4,2 5,2 5,2 5,1 5,7 1,5 5,8 2,3 13,1 0,6 4,7 6,3 3,6 2,0 1,0 1,8 6,6 1,7 4,1 0,4 1,8 2,9 1,5 1,8 1,0 1,8 6,2 2,3 4,9 1,1 2,3 3,4 1,1 2 1,3 236,6 -16,6 6,0 8,4 25,2 3,2 5,0 23,2 18,2 36,7 279,8 -20,7 9,2 12,6 32 5,2 5,3 24,4 15,4 40,6 320,2 -21,6 8,1 15,8 36,1 5,3 5,4 25,7 14,1 45,3 Amérique latine Brésil Mexique Argentine Colombie Chili Pérou Venezuela 7,2 2,6 1,9 0,9 0,6 0,3 0,3 0,3 5,0 2,9 4,8 8,6 6,9 4,3 7,8 10,3 4,4 3,6 3,3 7,1 5,6 4,7 6,2 4,5 4,0 3,9 3,7 4,1 4,7 5,3 5,4 2,0 4,2 3,6 10,9 4,3 3,4 - 3,4 4,2 10,5 4,8 2,4 - 4 3,2 13,7 3,1 3,1 - 13,5 -1,5 6,9 -2,2 4,8 11,0 -6, 5 -2,4 2,4 10,0 -5,5 2 -2,6 1,2 27,2 18,0 16,0 2,6 1,9 5,4 5,1 4,7 4,4 5,0 4,2 - - - Royaume-Uni Suède Danemark Suisse Norvège Turquie Europe de l’Est Pologne Hongrie Slovaquie Rép. tchèque Bulgarie Roumanie Russie Ukraine Afrique Moyen-Orient 1 PIB2 2007 - - - - - - A parité de pouvoir d’achat - 2 Taux de variation annuel, en % - 3 Milliards de dollars 23 Conjoncture et prévision Taux de change et taux d'intérêt 2006 2007 2008 1e tr. 2e tr. Taux de change 1 dollar US = ...yen " = ...euro 1 euro = ...$ " = ...yen " = ...£ 1£ = ...$ 2007 3e tr. 4e tr. 1e tr. 2008 2e tr. 3e tr. 4e tr. 116 0,8 1,25 146 0,68 1,84 116 0,77 1,3 151 0,66 1,95 110 0,8 1,25 138 0,70 1,79 120 0,76 1,31 157 0,67 1,96 118 0,77 1,3 153 0,66 1,97 115 0,78 1,29 148 0,66 1,95 113 0,78 1,28 145 0,67 1,91 110 0,80 1,25 138 0,68 1,84 110 0,80 1,25 138 0,69 1,81 110 0,80 1,25 138 0,7 1,79 110 0,80 1,25 138 0,72 1,74 Taux d'intérêt à 3 mois (%) Etats-Unis (euro-dollar)5,2 Japon (euro-yen) 0,3 Royaume-Uni (Libor) 4,8 Zone euro (euribor) 3,1 5,2 0,7 5,5 4,0 4,4 1,0 5,3 3,9 5,3 0,6 5,5 3,8 5,3 0,7 5,6 4,0 5,3 0,8 5,5 4,1 5 0,9 5,5 4,1 4,7 0,9 5,5 4,0 4,5 1,0 5,5 4,0 4,3 1,0 5,3 3,9 4,1 1,1 5,0 3,8 Taux d'intérêt à 10 ans (%) Etats-Unis 4,8 Japon 1,7 Royaume-Uni 4,5 Allemagne 3,8 France 3,8 Italie 4,0 Espagne 3,8 Zone euro 3,9 4,7 1,8 4,9 4,1 4,1 4,4 4,1 4,2 4,8 2,2 5,0 4,2 4,2 4,5 4,2 4,3 4,7 1,7 4,9 4,0 4,1 4,2 4,1 4,1 4,6 1,7 4,9 4,1 4,1 4,4 4,1 4,2 4,8 1,9 5,0 4,2 4,2 4,5 4,2 4,3 4,8 2 5,0 4,2 4,2 4,5 4,2 4,3 4,8 2,1 5,0 4,2 4,2 4,5 4,2 4,3 4,8 2,2 5,0 4,2 4,2 4,5 4,2 4,3 4,8 2,2 5,0 4,2 4,2 4,5 4,2 4,3 4,8 2,2 5,0 4,2 4,2 4,5 4,2 4,3 Prix des matières premières 2005 2006 2007 2008 2007 2008 1e tr. 2e tr. 3e tr. 4e tr. 1e tr. 2e tr. 3e tr. 4e tr. Pétrole : $/baril de Brent 54,5 65,2 59,6 60,0 58,5 60,0 60,0 60,0 60,0 60,0 60,0 60,0 Matières premières hors énergie en $ (indice Coe-Rexecode) en euro (indice Coe-Rexecode) 4,4 26,8 4,1 25,6 13,2 0,8 9,8 4,2 5,5 -3,9 14,0 18,4 * Taux de variation par rapport à la période précédente, en %. 24 0,0 3,1 0,0 0,0 0,0 3,2 10,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 Perspectives de l’économie mondiale 2007-2008 Prévisions annuelles des principaux indicateurs macro-économiques de la France Variations annuelles en % 2005 2006 2007 2008 1. Compte emplois-ressources (en volume) PIB Demande interne stocks compris Demande interne hors stocks Consommation privée Consommation publique Investissement total ménages productif administrations publiques Exportations de biens et services Importations de biens et services 1,2 2,1 2,2 2,1 1,1 3,7 4,1 3,8 3,9 3,3 6,4 2,0 2,4 2,7 2,6 1,9 4,0 2,5 4,6 2,9 6,2 7,1 1,8 2,1 2,2 2,1 1,6 3,0 1,0 3,8 2,5 3,1 3,9 1,8 1,9 1,8 1,9 1,4 2,1 -0,2 3,1 1,7 5,3 5,5 2. Evolutions nominales PIB en valeur Prix de détail 3,1 1,8 4,2 1,7 3,7 1,3 3,2 1,4 3. Marché du travail Emlois salarié marchand Taux de chômage au sens du BIT (en %) Salaire mensuel de base 0,5 9,9 2,8 0,9 9 2,8 0,6 8,4 2,7 0,4 8,2 2,8 4. Comptes d'agents Pouvoir d'achat du revenu disponible brut des ménages Taux d'épargne des ménages (en % du RDB) Taux de marge des sociétés non financières (en % de la VA) Solde du compte des admnistrations publiques (en % du PIB) Dette publique (en % du PIB) 1,3 15 30 -3 66,6 2,3 15,1 30 -2,5 63,9 2,1 1,9 15,3 15,2 30,2 30,3 -2,7 -2,5 64,5 65,1 5. Commerce extérieur Balance commerciale (en milliards d'euros) Balance courante (en milliards d'euros) Balance courante (en % du PIB) -22,1 -28,5 -26,9 -34,8 -1,6 -1,6 -30,7 -35,6 -45,8 -50,5 -1,9 -2,1 Profil trimestriel de la croissance et des principaux indicateurs macro-économiques de la France Variations trimestrielles au taux annuel 2007 (en % l'an) 1e tr. 2e tr. 3e tr. 4e tr. 1e tr. 2008 2e tr. 3e tr. 4e tr. PIB en volume Consommation privée Investissement total Exportations de biens et services Importations de biens et services 1,8 2,3 2,6 3,2 4,8 1,8 2,4 2,3 3,8 5,0 1,6 1,8 2,1 4,9 5,4 1,6 1,8 2 5,2 5,6 1,7 1,9 1,9 5,4 5,6 1,8 2,0 2,0 5,5 5,6 2,0 2,2 2,2 5,7 5,6 2,2 2,3 2,3 5,9 5,6 Prix de détail (glissement sur un an en fin de période) 1,3 1,1 1,1 1,5 1,6 1,4 1,4 1,3 25 Conjoncture et prévision Positionnement cyclique des économies par Jacques Anas Cet article récurrent de la revue Diagnostic(s) vise à fournir chaque trimestre une évaluation actualisée du positionnement cyclique des grandes économies, c’est-à-dire une première datation des points de retournements récents et une détection rapide des points de retournement en cours ou imminents. L’article se clôt sur un « focus » sur la quasi-récession de la zone euro en 2001-2003. a question de la relation cyclique entre les Etats-Unis et l’Europe nous interpelle. Historiquement, tout ralentissement américain s’est traduit avec un délai de moins d’un an par un ralentissement en Europe à travers le canal du commerce international et aussi par contagion financière. Certes, la récession de 1991 avait eu un impact décalé sur l’Europe du fait du choc de la réunification allemande. Avec la création de la zone euro, certains pensaient que l’Europe gagnerait en indépendance et serait plus protégée des « éternuements » américains. Pourtant, en 2001, il y a eu contagion économique du renversement de conjoncture aux Etats-Unis. Mais la récession outre-Atlantique ne s’est traduite qu’en quasi-récession en Europe (voir focus en fin d’article) et de manière dispersée (faible diffusion et non synchronisation au sein de la zone euro). Cela aurait pu être pire et il est probable que l’euro a servi à l’époque de bouclier. Sans lui, des dévaluations différenciées entre pays auraient amplifié le ralentissement conjoncturel. L Qu’en est-il aujourd’hui ? Le ralentissement de l’économie américaine est en route (croissance de 2 à 2,5%, soit en dessous de la croissance tendancielle de l’ordre de 3,1%) mais il est mesuré et ne devrait pas s’aggraver car, cette fois, la croissance mondiale sert de support à la croissance américaine, et la faiblesse du dollar aide les exportateurs américains. La croissance européenne sera sans doute supérieure cette année à celle des Etats-Unis, ce qui s’est produit rarement depuis dix ans. Cela signifie-t-il une déconnection de l’Europe ? Il est encore trop tôt pour l’affirmer. En fait, les dangers potentiels viennent maintenantd’ailleurs, notamment de la surchauffe chinoise qui, non maîtrisée, pourrait dégénérer en un atterrissage brutal avec des implications fortes pour l’économie mondiale. Pas forcément totalement négatives d’ailleurs car, à l’instar de la crise asiatique, elle s’accompagnerait d’une baisse des cours internationaux des produits de base, apportant du pouvoir d’achat aux ménages. Dans ce monde incertain, il est utile de surveiller le cheminement des indicateurs cycliques, avancés et coïncidents. En effet, alors que les chiffres économiques publiés quotidiennement sont parfois contradictoires et en tout cas souvent révisés, ces indicateurs peuvent servir de garde-fous. Encore faut-il qu’ils gardent leur pertinence au cours du temps par une adaptation aux nouvelles réalités économiques. Ainsi peut-on se demander si l’écart de taux d’intérêt, actuellement composante des indicateurs avancés, ne devrait pas être substitué par un autre facteur. De même, peuton encore considérer que toute inflexion aux Etats-Unis est porteuse d’inflexion pour l’Europe, comme c’est le cas actuellement dans les indicateurs ? Périodiquement, une remise à plat des indicateurs est nécessaire. Aux Etats-Unis, qui ont une longue tradition 27 Conjoncture et prévision Les fluctuations de la production Cyc le d e s affair es . . B A . .. β C D . α niveau tendance Cycle des affaires ou cycle classique (business cycle ), représenté par le niveau de la production. Cyc le d e c roissan c e . A 0 . écart à tendance D phase de ralentissem ent phase de récession Cyc le d u t aux d e c r oissan c e . α . 0 B taux de croissance instantané . β Source : Coe-Rexecode 28 Cycle de croissance (growth cycle ou deviation cycle ), représenté par l'écart du niveau de la production à sa tendance. . C Cycle du taux de croissance ou cycle d'accélération (accelation cycle ), représenté par le taux de croissance instantané de la production. Positionnement cyclique des économies d’utilisation de ce type d’indicateurs, la dernière révision importante a eu lieu en 1998 par le Conference Board. A cette époque, par exemple, l’indicateur de prix des matières premières internationales a été abandonné. Mais cette révision a pris du temps et s’est faite avec un comité de conseillers prestigieux. Il est prévu cette année de faire un bilan des indicateurs avancés et coïncidents de CoeRexecode. Cela pourrait déboucher sur des aménagements et des améliorations si cela s’avérait nécessaire. Approche ABCD Le cycle économique peut être défini de plusieurs façons avec, pour chacune de ces définitions, une chronologie forcément différente des « points de retournement ». Dans le suivi empirique des cycles, on retient généralement trois définitions : le cycle classique, le cycle de croissance et le cycle d’accélération. Coe-Rexecode se concentre sur le suivi conjoncturel des pics et creux des deux premiers types de cycles, dans le cadre d’une approche intégrée dite ABCD. Depuis 1995, Coe-Rexecode a développé un système d’indicateurs mensuels probabilistes permettant de détecter en temps réel les pics et les creux des cycles classique et de croissance. Ainsi, les indicateurs avancés de retournement conjoncturel (IARC) permettent d’anticiper les points A et D du cycle de croissance. Ils sont calculés pour la France, l’Allemagne, l’Italie, la zone euro et les Etats-Unis. D’autre part, les indicateurs d’entrée et sortie de récession (IESR) fournissent une probabilité d’occurrence des points B et D, délimitant les phases de récession économique pour les Etats-Unis et la zone euro. Enfin, plus récemment, Coe-Rexecode a mis au point un indicateur statistique du rythme de croissance (IRC), qui fournit tous les mois une estimation instantanée de la vitesse de croissance de la France et de la zone euro. Nous rappelons rapidement la définition des trois types de cycles, représentés sur la figure de la page 30. Le cycle des affaires Le cycle des affaires (business cycle) ou cycle classique reproduit le cycle du niveau d’activité global d’une économie. C’est la définition la plus répandue dans la littérature. Les points de retournement (nommés B et C dans la figure 1) de ce cycle délimitent les périodes de croissance négative, ou récessions, des périodes de croissance positive. Bien entendu, dans la réalité, une période de croissance négative sera reconnue comme une récession si elle obéit aussi à des critères minimum de durée et/ou d’intensité ainsi qu’à une diffusion suffisante au sein de l’économie. Par exemple, bien que la croissance en zone euro soit devenue négative en 2001 et 2003 dans plusieurs grands pays dans le sillage de la récession américaine de 2001, cet épisode n’a pas été suffisamment diffusé pour que l’on puisse parler de récession globale (cf. focus). Les pics et creux de ce cycle classique étant les moments où la croissance s’annule pour devenir négative ou positive, on les appellera respectivement entrées et sorties de récession. Le cycle de croissance Le deuxième cycle, très largement évoqué notamment en Europe, est le cycle de croissance (growth cycle). Ce cycle est défini comme l’écart de la série utilisée (généralement le PIB) à sa tendance de long terme. Ce cycle de croissance possède des points de retournement (nommés A et D sur la figure 1) qui peuvent s’interpréter assez facilement. En effet, le pic A du cycle de croissance est le moment où le taux de croissance repasse audessous du taux de croissance tendanciel. De même, le creux C représente le moment où il repasse au-dessus. En effet, le pic est atteint lorsque la dérivée de l’écart à la tendance s’annule, donc lorsque la dérivée de la série (assimilable au taux de croissance instantané) égale la dérivée de la tendance (soit la pente de la tendance si celle-ci est linéaire). Comme il faut donner un nom aux phases baissières et haussières, nous parlerons respectivement de ralen29 Conjoncture et prévision Zone euro Etats-Unis 12000 Produit intérieur brut en milliards de dollars 2000, CVS 1900 Produit intérieur brut en milliards d'euros 2000, CVS 1700 10000 1500 8000 1300 6000 1100 900 4000 3000 700 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2500 FBCF totale en milliards de dollars 2000, CVS 1970 400 2000 350 1500 300 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2000 2005 2000 2005 FBCF totale en milliards d'euros 2000, CVS 250 1000 200 500 150 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 140 Emploi salarié non agricole en millions de personne, CVS 1970 140 1975 1980 1985 1990 1995 Emploi total en millions de personne, CVS 135 120 130 100 125 120 80 115 60 110 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 Source : Coe-Rexecode 30 1970 1975 1980 1985 1990 1995 Positionnement cyclique des économies tissement conjoncturel et de reprise (ou rebond) conjoncturelle. De même, nous dénommerons les pics A et les creux D, les points de retournement conjoncturels. Le cycle du taux de croissance Le troisième cycle est le cycle du taux de croissance ou cycle d’accélération. Le pic du cycle d’accélération (point ? sur la figure 1) représente le maximum atteint par le taux de croissance, et le creux (point ? sur la figure 1) indique que le taux de croissance est passé par son point bas. Il est difficile de donner un nom aux phases de ce cycle. Il est en tout cas périlleux de parler de ralentissement lorsque le taux de croissance franchit un pic. Par exemple, lorsque la croissance trimestrielle du PIB de la France, passe de 4 % l’an à 3 %, on ne peut parler de ralentissement conjoncturel car le PIB continue de croître à un rythme se situant au-dessus de sa croissance tendancielle. Il est aussi contestable de parler de reprise conjoncturelle lorsque la croissance passe de – 2 % l’an à – 1 %. Même si le taux augmente, il reste négatif, ce qui correspond à une baisse d’activité, donc à une période récessive. Paradoxalement, le cycle d’accélération est le plus populaire auprès des praticiens. Il est approché par le glissement annuel ou le taux de croissance trimestriel (du PIB en général). Datation des cycles La mise au point d’une chronologie officielle des points de retournement des cycles économiques d’un pays représente un outil d’une grande utilité pour les analystes économiques. Une telle chronologie permet par exemple de comparer des pays ou des zones dans une optique cyclique, ou bien de classifier des indicateurs conjoncturels en fonction de leur avance ou de leur retard par rapport au cycle de référence. A ce jour, peu de pays possèdent une chronologie officielle des cycles. La plus populaire est sans nul doute la datation du cycle classique des Etats-Unis, établie depuis 1854 et maintenue à jour par le comité de datation du NBER composé de sept experts. Leurs conclusions sur les dates d’entrée et de sortie des récessions américaines ont un impact fort sur les agents économiques, en particulier les marchés financiers, la Federal Reserve ou les décideurs politiques. D’autres instituts américains s’intéressent également à la datation des cycles, tels que par exemple l’ECRI (Economic Cycle Research Institute) ou The Conference Board. Au Japon, le ESRI (Economic and Social Datation des cycles Zone euro Roy.-Uni Etats-Unis Japon 1997:01 1997:02 1997:03 1997:04 1998:01 1998:02 1998:03 1998:04 1999:01 1999:02 1999:03 1999:04 2000:01 2000:02 2000:03 2000:04 2001:01 2001:02 2001:03 2001:04 2002:01 2002:02 2002:03 2002:04 2003:01 2003:02 2003:03 2003:04 2004:01 2004:02 2004:03 2004:04 2005:01 2005:02 2005:03 2005:04 2006:01 2006:02 2006:03 Trou d’air Ralentissement conjoncturel Récession Source : Coe-Rexecode 31 Conjoncture et prévision Research Institute), organe du gouvernement, a également effectué une datation du cycle classique japonais. En Europe, où il n’existe pas encore de datation officielle des cycles, le CEPR (Center for Economic Policy Research) s’est inspiré de l’expérience du NBER et a formé en 2003 un comité de huit experts pour déterminer les dates du cycle classique de la zone euro. L’office européen de statistiques, Eurostat, s’est également penché sur la question et a engagé de nombreux travaux de recherche sur le sujet, mais sans encore publier de datation officielle. Enfin, un nombre croissant de travaux académiques ont également contribué à la mise au point de méthodologies adaptées à la datation des cycles passés au sein de plusieurs pays et/ou zones économiques. S’agissant du cycle de croissance, l’OCDE propose également une chronologie des cycles de croissance pour ses ressortissants. Coe-Rexecode propose de son coté ses propres datations des cycles classiques et de croissance pour différents pays ou zone. Pour effectuer ces datations, nous avons travaillé sur l’indice de la production industrielle (IPI) manufacturière et le PIB trimestriel, en se basant sur un algorithme simple de Bry et Boschan (1971), modifié par Harding et Pagan (1999). Par la suite, des mesures de sévérité du cycle, définie comme le produit de l’amplitude par la durée, ont permis d’éliminer certains faux cycles. De plus, pour la zone euro dans son ensemble, nous avons assuré la cohérence entre les cycles des pays et le cycle commun agrégé. S’agissant du cycle de croissance, il a été estimé à l’aide d’un double filtre de Hodrick-Prescott pour ne recueillir que les fluctuations de moyenterme comprises entre 1,5 an et 8 ans. Principaux résultats Nous présentons les principaux résultats relatifs aux datations des cycles classiques et de 32 croissance, issus des calculs de CoeRexecode, pour les Etats-Unis et la zone euro, depuis 1970 jusqu’au quatrième trimestre 2006 (voir graphique page suivante). Depuis le début des années 1970, les récessions sont bien heureusement des phénomènes rares. Jusqu’à ce jour, les Etats-Unis ont connu cinq périodes de récessions : le premier choc pétrolier (1973-75), le second choc pétrolier ayant entraîné deux récessions consécutives (1980 et 1981-82), la récession de 1990-91 et enfin en 2001, liée en partie à l’éclatement de la bulle boursière et au surinvestissement technologique. La zone euro dans son ensemble en a connu seulement quatre, retardées de quelques mois par rapport aux Etats-Unis, la dernière récession américaine ne s’étant pas propagée à la zone monétaire européenne. S’agissant du cycle de croissance, les EtatsUnis ont connu de 1970 à 2000 six cycles de croissance, seuls les cycles de 1984 et 1994 ne s’étant pas transformés en récession. Le délai moyen entre un pic A et un pic B est d’environ sept mois, alors que ce délai est beaucoup plus court pour les sorties de cycle. On l’estime à environ un mois, sauf pour les deux dernières sorties de récession qui ont été marquées par une phase de croissance sans emploi. Sur cette même période, la zone euro a connu sept cycles de croissance, seuls les pics A de 1977, 1986, 1995 et 1998 n’ont pas été suivis par un pic B. En comparaison avec les Etats-Unis, la zone euro est ainsi davantage marquée par des ralentissements persistants que par des récessions de courte durée. Ceci explique la moindre amplitude des cycles en zone euro. Positionnement cyclique Il s’agit dans cette partie d’évaluer, dans le cadre de l’approche ABCD, le positionnement cyclique des Etats-Unis et de la zone euro. Dans un premier temps, nous rappelons la méthodologie utilisée pour mener à bien cette évaluation et notamment les indicateurs cycliques de Coe-Rexecode. Positionnement cyclique des économies Méthodologie La datation récente des points de retournement ne peut être que provisoire, comme cela a été souligné précédemment. Il est difficile a priori d’affirmer combien de temps il faut pour valider de manière définitive en « datation finale » ces points de retournement provisoires. En tout cas, si l’incertitude sur leur existence peut être levée assez rapidement, il n’en est pas de même pour la fixation de la date car les données sont souvent révisées et les effets de bord des filtres, lorsqu’ils sont utilisés, ajoutent une imprécision supplémentaire. nous utilisons l’indicateur d’entrée-sortie de récession (IESR) créé par le COE en 2000, à partir d’un modèle à changements de régimes markoviens. Pour la zone euro, une mesure du degré de diffusion et de synchronisation des mouvements cycliques peut expliquer pourquoi au niveau global on identifie ou non un changement de phase du cycle classique ou de croissance. Il est possible que des sous-ensembles cycliques persistants empêchent l’européanisation du cycle (voir par exemple Bovi, 2005) A un niveau international, il est intéressant d’examiner la diffusion et la synchronisation cyclique (voir Harding et Pagan, 2005, ou Chauvet et Yu, 2006). Evaluation du passé récent Position cyclique des Etats-Unis La méthode non paramétrique de Bry et Boschan, complétée par une mesure de la sévérité (degré combiné de durée et d’intensité), est utilisée pour identifier les points de retournement provisoires sur le passé récent. Concernant le cycle de croissance, nous utiliserons en supplément d’appréciation, l’indicateur de rythme de croissance IRC (voir encadré) qui permet d’apprécier si la pente de croissance a croisé ou non la pente tendancielle, ce qui est le signe d’un changement de phase. Notons dès à présent la difficulté à identifier les « trous d’air » qui ne sont que des pauses dans la croissance et qui se caractérisent par le caractère « transitoire » du croisement de la pente tendancielle. Evaluation en temps réel La détection en temps réel s’appuie sur des indicateurs élaborés sur la base d’une modélisation non-linéaire à changement de régimes (pour plus d’information, voir Anas et Ferrara, 2004). Pour anticiper les points A et D du cycle de croissance, nous utilisons l’indicateur avancé de retournement conjoncturel (IARC) créé par le COE en 1996. Pour détecter en temps réel les points B et C du cycle d’affaires (il est difficile de trouver un indicateur avancé pour les récessions), L’hypothèse d’une nouvelle phase baissière du cycle de croissance aux Etats-Unis ne peut encore être écartée après quatre trimestres de croissance à moins de 2,5% en termes annualisés (1,2 % au premier trimestre 2007, d’après les premières estimations). Cela ressemble à la phase baissière du milieu des années 1990 qui, consécutive alors, comme c’est le cas aujourd’hui, à un relèvement progressif des taux d’intérêt, avait pu empêcher la surchauffe et les tensions inflationnistes mais n’avait pu freiner toutefois l’ardeur boursière qui allait mener à une bulle spéculative et son éclatement en 2000. L’indicateur avancé de retournement conjoncturel IARC nous indiquera si l’on sort bientôt de cette phase de ralentissement, ce qui impliquerait un rebond de la croissance américaine au-delà de son taux de croissance tendanciel estimé à 3,1%. Rappelons que l’indicateur avait émis un signal de ralentissement en mars 2006 lorsque le seuil de 80 avait été largement franchi, impliquant alors un retour de la croissance en-dessous du rythme tendanciel estimé à 3,1%. Depuis lors, l’indicateur IARC est utilisé pour détecter la sortie de la phase actuelle de 33 Conjoncture et prévision Présentation de l’IRC L’indicateur de rythme de croissance (IRC) est un indicateur mensuel permettant d’évaluer, en temps réel, le « rythme de croissance » d’une économie. Il est calculé sur la base des enquêtes de conjoncture. Il a été calculé pour l’instant pour la France et la zone euro. Le « rythme de croissance » correspond à la croissance sous-jacente de l’économie. En effet, il apparaît que le taux de croissance trimestriel du Produit intérieur brut (PIB) publié par les différents instituts de statistiques officiels est bruité. De plus, celui-ci n’est disponible que trimestriellement avec un délai d’un à trois mois et parfois avec des révisions non négligeables. Il ne permet donc pas un suivi optimal, en temps réel, de la conjoncture. L’indicateur mensuel proposé a pour objectif de cerner chaque mois la pente « réelle » de la croissance et d’en repérer les inflexions. Il constitue donc un outil précieux pour valider les signaux des indicateurs avancés IARC. De plus, il permet de calculer chaque mois un acquis de croissance. Le rythme de croissance s’obtient par lissage de la variation trimestrielle glissante d’une estimation du PIB mensuel. Il est exprimé en rythme annualisé. Contrairement aux indicateurs de croissance publiés par d’autres organismes, l’’indicateur IRC ne vise pas à estimer la variation trimestrielle du PIB telle qu’elle est publiée par l’INSEE ou Eurostat, mais à évaluer le rythme de croissance sous-jacent qui, par définition, est moins volatil. Cependant, d’une année à l’autre, le bruit se compense, si bien que les taux de croissance annuels de l’indicateur de CoeRexecode et celui du PIB officiel sont proches. Présentation de l’IESR L’indicateur probabiliste d’entrée et de sortie de récession construit par le COE est basé sur un modèle à changements de régimes markoviens. Il fournit en sortie une probabilité instantanée d’appartenance à un régime de récession de l’économie, connue comme étant la probabilité filtrée. C’est cette probabilité estimée que nous récupérons en sortie pour construire notre indicateur probabiliste. Le modèle de Hamilton est appliqué sur un nombre fini K de séries coïncidentes avec le cycle d’affaires de référence. Pour les Etats-Unis par exemple, les séries sélectionnées sont le taux de chômage, la production industrielle, l’indice des annonces d’offres d’emploi parues dans la presse et les dépenses de construction du secteur privé. A chaque temps t, on obtient ainsi en sortie K probabilités conditionnelles d’appartenance au régime de récession. Ces probabilités conditionnelles sont alors agrégées en tenant compte des risques de première et de seconde espèce estimés empiriquement par le nombre de faux signaux et de signaux manqués. A chaque temps t, l’indicateur instantané d’entrée et de sortie de récession est alors défini comme étant l’agrégation des ces probabilités. Le signal de changement de régime est donné lorsque l’indicateur franchit le seuil de 0,5. Présentation du IARC L'indicateur avancé IARC combine l'information fournie par des séries qui ont une avance sur le cycle (elles se retournent avant que l'économie globale ne passe par son point de retournement). Pour la zone euro par exemple, les cinq séries qui composent l'indicateur sont un indicateur synthétique des principales bourses en zone euro, l'écart de taux d'intérêt (taux de rendement des obligations d’Etat à dix ans moins EURIBOR à trois mois), l'indicateur avancé du cycle économique aux Etats-Unis, un indicateur des prix de vente prévus dans le commerce de gros (biens intermédiaires industriels) et une variable synthétique des enquêtes d’opinion mensuelles en zone euro dans l'industrie des biens intermédiaires (résumé des réponses sur la production passée et prévue, les carnets de commandes global et étranger et le niveau des stocks). Les séries ont été sélectionnées parmi un inventaire de séries qui se sont révélées avoir une capacité prévisionnelle des points de retournement. Les propriétés suivantes ont été prises en considération : avance, pertinence économique, obtention rapide des données, faiblesse des révisions et de la volatilité. Chaque mois est calculé la probabilité que chacune des six séries soit passée par un point de retournement, suivant la formule des probabilités séquentielles de Neftçi. L'hypothèse est faite que la probabilité d'occurrence d'un point de retournement est indépendante de la durée de la phase en cours qui s'est déjà écoulée. Ces probabilités sont ensuite agrégées avec une pondération qui tient compte, pour chaque série, du risque de faux signal ou de celui de rater le cycle économique. 34 Positionnement cyclique des économies ralentissement économique Au mois de mars 2007, le IARC des Etats-Unis se situait à 48,7 contre - 47,9 en février, soit encore très loin du seuil de - 80 qui signalerait un retournement à la hausse dans les trois mois. Des signes positifs récents ne se sont pas confirmés : la confiance des ménages a reculé, les permis de construire n’ont peut-être pas encore touché leur point bas, l’ISM manufacturier (et même non manufacturier) rechute légèrement en mars et l’écart de taux baisse à nouveau en mars (à - 0,5%). Par contre, la Bourse repart à la hausse après le choc baissier de fin février. Indicateur avancé de retournement conjoncturel aux Etats-Unis (IARC) 100 80 60 40 20 0 -20 -40 -60 -80 -100 2004 2005 2006 Possibilité de retournement Forte probabilité de retournement Source : Coe-Rexecode Il n’est pas encore certain que le ralentissement sera léger et non durable puisqu’aucun signal de reprise n’est en vue dans l’indicateur. Cela semble contredire un certain nombre de statistiques outre--Atlantique pointant vers un rebond de l’activité. Mais un indicateur avancé sert justement de garde-fou dans les moments d’incertitude où les signaux sont contradictoires. La décision de la Fed d’abaisser ses taux pourra jouer un rôle positif dans la sortie du ralentissement à moins que les craintes de tensions inflationnistes l’en empêche. Par contre, la perspective d’un approfondissement du ralentissement en récession s’éloigne. Ce scénario, envisagé par certains économistes il y a quelques mois, est devenu peu probable. L’indicateur d’entrée et sortie de récession (IESR) de l’économie américaine valait 0,22 en février après 0,23 (révisé) en janvier 2007, alors qu’en novembre 2006 l’IESR s’était approché du seuil de 0,50, audelà duquel un signal d’entrée en récession est émis. Une seule des quatre composantes s’est retournée : les dépenses de construction du secteur privé. La baisse en volume a atteint en février un nouveau record de - 8,8% sur un an. Toutefois, le volume s’est stabilisé en février après dix mois consécutifs de baisses. Au contraire, les annonces d’offres d’emplois publiées dans les journaux se sont redressées après le creux de l’automne 2006, le taux de chômage baisse à nouveau en février (et même à 5,4% en mars) et la production industrielle manufacturière est plutôt stable depuis six mois. Cycle de croissance aux Etats-Unis 2.0 En % de la tendance du PIB Etats-Unis Indicateur d'entrée-sortie en récession 1.0 IESR 1.5 1.0 Récession 0.5 0.5 0 Non-récession -0.5 -1.0 0 -1.5 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 Source : Coe-Rexecode 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 Source : Coe-Rexecode 35 Conjoncture et prévision Etats-Unis Cycle des affaires (milliards $ 2000, CVS) 12000 11000 A B 10000 D C 9000 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2005 2006 Cycle de croissance en % 2 A 1 0 -1 D -2 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Cycle du taux de croissance en % 6 α α 4 α 2 β 0 β Taux de croissance tendanciel Taux de croissance du PIB (mm3) -2 1999 2000 2001 Source : Coe-Rexecode 36 2002 2003 2004 2005 2006 Positionnement cyclique des économies La politique de la Federal Reserve en matière de taux d’intérêt sera décisive pour l’issue de la phase en cours. Elle dépendra moins du risque de récession (qui est bas semble-t-il) que des craintes d’une résurgence de l’inflation qui peut venir des pressions salariales, du prix élevé du pétrole, des tensions sur l’utilisation des capacités de production et éventuellement d’une inflation importée par l’affaiblissement marqué du dollar. Mais la forte demande extérieure adressée aux EtatsUnis du fait d’une croissance mondiale solide ainsi que la bonne compétitivité-prix des exportations restent aussi un élément de soutien pour un rebond prochain de l’économie américaine. Position cyclique de la zone euro Trois indicateurs permettent de suivre et évaluer le positionnement cyclique de la zone euro : les indicateurs IARC, IESR et IRC. Une question préalable reste celle de la convergence des cycles en zone euro. Si la convergence avait eu tendance à s’accroitre à la fin des années 1990, en vue notamment de l’application des critères de Maastricht, il est probable qu’elle a diminué depuis 2001 avec des performances cycliques différenciées suivant les pays, notamment parmi les plus grands pays de la zone. Ainsi, par exemple, certains pays ont connu des épisodes récessifs au cours des années 2001-2003 sans que l’on Cycle de croissance Zone euro France Italie En % de la tendance du PAllemagne IB 1.5 1.0 0.5 0 -0.5 -1.0 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 Source : Coe-Rexecode puisse diagnostiquer une récession au niveau global de la zone euro. Par ailleurs, le point bas du cycle de croissance actuel est difficile à localiser (voir partie sur la datation pour plus de détails). Ce qui est clair aujourd’hui, c’est que la zone euro et tous les pays dans leur ensemble se trouvent simultanément dans la phase ascendante du cycle de croissance. La question posée est de savoir quel sera le prochain pic de ce cycle de croissance. L’indicateur avancé de retournement conjoncturel IARC de la zone euro est utilisé depuis fin 2005 pour anticiper le prochain pic du cycle de croissance. En mars 2007, l’indicateur avancé IARC pour la zone euro atteint Zone euro Indicateur du rythme de croissance 6 Indicateur d'entrée-sortie en récession 1.0 rythme annuel, en % IESR IRC taux de croissance tendanciel 4 Récession 0.5 2 Non-récession 0 -2 2000 2001 2002 Source : Coe-Rexecode 2003 2004 2005 2006 0 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 Source : Coe-Rexecode 37 Conjoncture et prévision Zone euro Cycle des affaires (milliards d'euros 2000, CVS) 1900 1800 A D 1700 1600 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2005 2006 Cycle de croissance en % 2 A 1 0 D -1 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Cycle du taux de croissance en % 6 α Taux de croissance tendanciel Taux de croissance du PIB (mm3) 4 α α 2 β 0 β β -2 1999 2000 2001 Source : Coe-Rexecode 38 2002 2003 2004 2005 2006 Positionnement cyclique des économies 77,4 contre 77,9 (révisé) en février, dépassant le premier seuil de 60 et se rapprochant du seuil significatif de 80 qui, une fois dépassé, indiquerait avec une forte probabilité un ralentissement conjoncturel dans les trois mois. Rappelons qu’un tel ralentissement signifie que la croissance repasserait en-dessous de la croissance tendancielle estimée aujourd’hui à 1,8 % l’an. On en est encore loin puisque la croissance sous-jacente (voir indicateur IRC) est redescendue de 2,8% en décembre 2006 à 2,4% en mars 2007. Zone euro Indicateur avancé de retournement conjoncturel 100 80 60 40 20 0 -20 -40 -60 -80 -100 creux du cycle de croissance 2004 2005 2006 Possibilité de retournement Forte probabilité de retournement En effet, la Bourse, en écart à la tendance, est toujours orientée à la hausse, malgré l’ajustement baissier de fin février. L’opinion des industriels du secteur des biens intermédiaires plafonne sur les derniers mois mais s’est amélioré en mars. Il est vrai que, par ailleurs, les opinions sur les prix de gros industriels intermédiaires se sont retournées à la baisse. Enfin, depuis un certain temps déjà, deux composantes anticipent un ralentissement : l’indicateur IARC pour les Etats-Unis et l’écart de taux d’intérêt, dont la baisse est continue depuis plus de deux ans et qui converge vers 0. autour de 0,5, seuil d’entrée en récession, pendant quelques mois fin 2001. Actuellement, l’indicateur d’entrée et sortie de récession (IESR) de la zone euro se situe à son seuil minimal de zéro depuis déjà trois ans, impliquant ainsi une probabilité nulle d’une entrée en récession. La logique est respectée, avant de diagnostiquer une récession, l’économie doit d’abord ralentir, c’està-dire passer par un pic de son cycle de croissance. Depuis la fin de l’année 2000, l’économie de la zone euro a frôlé, mais évité, une récession à deux reprises, fin 2001 et début 2003. D’ailleurs, l’indicateur IESR s’est stabilisé Achevé de rédiger le 25 avril 2007 Jacques Anas [email protected] Source : Coe-Rexecode 39 Conjoncture et prévision Focus sur la quasi-récession de la zone euro en 2001-2003 A-t-on le recul nécessaire pour caractériser la dernière phase baissière qu’a connue la zone euro entre fin 2000 et la mi-2003, c’est-à-dire durant 2 ans et demi ? Alors que les Etats-Unis ont connu une récession en 2001, datée par le NBER, la zone euro a-t-elle aussi, par un effet de contagion, subi une récession ? FBCF totale 12 en glissement sur un an (%) 8 4 0 Pas de récession d’un point de vue formel -4 Etats-Unis Zone euro -8 De façon formelle, et nous en tenant aux caractéristiques habituelles des récessions (durée et intensité), il n’est pas possible de retenir l’idée d’une récession globale pour la zone euro lorsqu’on examine uniquement l’évolution du PIB dans la zone euro car il n’existe pas de baisse globale suffisante d’un point-de-vue de l’intensité et de la durée. D’ailleurs, ce qui conforte ce jugement, c’est le fait que l’emploi n’a pas baissé (contrairement aux Etats-Unis lors de la dernière récession). Emploi salarié 140 en millions de personne, CVS 130 120 110 Etats-Unis Zone euro 100 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 Source : Coe-Rexecode 40 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 Source : Coe-Rexecode Par contre, il est vrai que l’investissement a connu un véritable cycle baissier qui ferait penser à une récession. En effet, les cycles d’affaires sont à rapprocher des cycles de moyen terme type Juglar (qui durent huit ans en moyenne) qui s’expliquent principalement par les fluctuations de l’investissement, alors que les cycles courts de type Kitchin (qui durent environ trois ans en moyenne) sont souvent liés aux cycles des stocks, qui résultent eux-mêmes de chocs endogènes ou exogènes. Mais alors, si on perçoit une réelle baisse des investissements durant cette période, pourquoi le PIB a-t-il résisté ? Cela tient au fait que l’autre composante de la demande finale, la consommation des ménages, a été particulièrement résistante à ce renversement de conjoncture. Pourtant, l’éclatement de la bulle boursière fin 2000 et courant 2001 aurait pu laisser envisager, par un effet de richesse négatif, une baisse de la consommation des ménages. Cela ne s’est pas produit pour diverses raisons qui tiennent à l’absence persistante d’inflation et à la baisse rapide des taux d’intérêt. Durant la crise asiatique de 1997, le même phénomène a eu lieu, la Positionnement cyclique des économies baisse des prix internationaux venant soutenir le pouvoir d’achat des ménages européens et leur consommation. l’Italie et les Pays-Bas. Mais le manque de diffusion et de synchronisation explique finalement qu’à un niveau global, il n’y a pas eu récession. Manque de diffusion et de synchronisation Cependant nous pensons que cet épisode fut une quasi-récession. D’ailleurs, en comparant l’évolution du PIB réel aux Etats-Unis et en zone euro (voir graphique ci-contre), on ne remarque pas une très grande différence si bien que parler de récession dans un cas et de non récession dans l’autre semble artificiel, surtout si l’on pense que les mesures du PIB sont approximatives et révisables, que ce soit en valeur ou en volume. S’il n’y a pas eu récession globale, il y a eu une récession industrielle dans la zone euro et c’est la première fois qu’une récession industrielle globale ne se transforme pas en récession globale. Plusieurs pays de la zone ont connu des épisodes récessifs, en particulier l’Allemagne, Croissance du PIB 120 4 trimestre 2001 = 100 110 Etats-Unis Zone euro 100 90 80 70 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 Source : Coe-Rexecode Désaccords sur la datation ? Le débat est ouvert puisque l’OCDE a acté récemment une récession en zone euro (Cotis, 2005) et que, d’après l’INSEE (Bardaji, 2006), le CEPR serait en voie de publier une datation de cette récession. Cette question est importante car la datation des phases cycliques est utile à diverses études concernant par exemple l’asymétrie des comportements au cours du cycle ou l’examen des contagions d’un pays à un autre (indicateurs de concordance). Références : Artis and alii (2003), Business Cycle Dating Committee of the Centre for Economic Policy Research, 22 sept, 2003. http://www.cepr.org/press/dating.pdf Bardaji J. et alii (2006), « Investissement des entreprises en France et en zone euro : analogies et différences avec le cycle précédent », La croissance française à l’épreuve du ralentissement international, Note de conjoncture de l’INSEE, décembre. Cotis J-P., Coppel J. (2005), « Business cycle dynamics in OECD countries : evidence, causes and policy implications», Reserve Bank of Australia Economic Conference. 41 Conjoncture et prévision Références Anas J. et Ferrara L., (2004), « Detecting cyclical turning points: the ABCD approach and two probabilistic indicators », Journal of Business Cycles Measurement and Analysis, Vol. 1, n° 2, OCDE. (disponible sur www.coe.ccip.fr sous avis experts /contributions colloques). Bengoechea P., Camacho M., Perez-Quiros G., (2006), « A useful tool for forecasting the Euro-area business cycle phases », International Journal of Forecasting, vol. 22, n° 4, pp. 735-749. Bovi M., (2005), « Economic clubs and European commitments. A business cycles race », Working Paper, ISAE. Bry G. et Boschan C., (1971), « Cyclical analysis of time series: Selected procedures and computer programs », Technical Paper, n° 20, NBER. Burns A.-F. et Mitchell W.-C., (1946), Measuring Business Cycles, Columbia University Press, NBER. Chauvet M. et Yu, (2006), International Business Cycles: G7 and OECD countries, Economic Review, Federal Reserve Bank of Atlanta. Clements M.-P. et Krolzig H.-M., (2003), « Business cycle asymmetries: characterization and testing based on Markov-Switching autoregressions », Journal of Business and Economic Statistics, Vol. 21, n°. 1, pp. 196-211. Diebold F.-X. et Rudebusch G.-D., (1999), Business Cycles: Durations, Dynamics and Forecasting, Princeton University Press, Princeton. Giannone D. et Reichlin L. (2006), « Trends and cycles in the Euro area. How much heterogeneity and should we worry about it ? », Working Paper, n°. 595, BCE. Hamilton J.-D., (1989), « A new approach to the economic analysis of non stationary time series and the business cycle », Econometrica, vol. 57, n° 2, pp. 357-384. Harding D. et A. Pagan, (2006), Journal of Econometrics, « Synchronisation of cycles », à paraître vol. 132, n° 1, pp. 59-79. Harding D. et Pagan A., (2002), « Dissecting the Cycle: A Methodological Investigation », Journal of Monetary Economics, vol. 49, n° 2, pp. 365-381. Romer C., (1999), « Changes in business cycles: Evidence and explanations », Journal of Economic Perspectives, vol. 13, n° 2. 42 Analyse structurelle 45 Quelles perspectives de croissance pour l’Amérique latine à moyen terme Mourad Ayouz et Valérie Perracino 67 Marché européen : compétitivité hors prix des biens de consommation Laurent Ferrara 43 Analyse structurelle Quelles perspectives de croissance pour l’Amérique latine à moyen terme ? par Mourad Ayouz et Valérie Perracino Cet article fait le point sur les perspectives de croissance à moyen terme de trois pays d’Amérique latine : l’Argentine, le Brésil et le Mexique. Il s’efforce notamment de déterminer dans quelle mesure l’accélération de la croissance observée entre 2003 et 2006 pourrait être l’indice d’une ébauche de décollage économique dans des pays dont la trajectoire a été particulièrement heurtée et décevante au court du dernier quart de siècle. Une analyse statistique de la position dans le cycle et une analyse comptable des sources de la croissance de ces trois économies sont utilisées pour définir plusieurs scénarios de moyen terme dont la probabilité est ensuite discutée de manière qualitative. Dans le cas du Brésil et du Mexique, un maintien des rythmes de croissance soutenus observés depuis 2003 paraît possible. Dans le cas de l’Argentine, où l’output gap est fortement positif, le diagnostic est moins optimiste. L a trajectoire des principales économies d’Amérique latine au cours du dernier quart de siècle peut apparaître décevante à bien des égards. La croissance régionale mesurée par l’agrégation du PIB en parité de pouvoir d’achat des six principales économies de la zone (Argentine, Brésil, Mexique, Chili, Colombie, Venezuela) a en effet nettement ralenti à partir du début des années 1980. Alors qu’elle atteignait 5,8 % par an en moyenne sur la période 1960-1980, elle n’ a pas dépassé 2,4 % par an sur la période 1980-2006 (cf tableau page suivante). Ce freinage a concerné la plupart des pays de la zone, à l’exception notable du Chili. Il s’est traduit par une divergence aussi bien vis-àvis des Etats-Unis que de l’ensemble du monde. L’Amérique latine offre de ce point de vue un contraste saisissant avec l’Asie (cf. page suivante). Les deux régions ont connu au cours du dernier quart de siècle des trajectoires opposées. Le PIB par habitant agrégé des dix principaux pays d’Asie émergente (Corée du Sud, Inde, Indonésie, Taiwan, Thailande, Philippines, Malaisie, Hong Kong, Singapour, Chine) équivalait à 15,5 %, en parité de pouvoir d’achat, du PIB par habitant des Etats-Unis en 2006, contre à peine 5,8 % en 1980. Cette évolution ne reflète pas seulement l’émergence spectaculaire de la Chine. A l’exception des Philippines, toutes les grandes économies de la zone ont vu leur revenu par tête progresser à un rythme supérieur, en parité de pouvoir d’achat, à celui observé aux Etats-Unis. A l’inverse, l’écart relatif entre le revenu par tête des six principaux pays d’Amérique latine pris dans leur ensemble et le revenu par tête des Etats-Unis, mesuré en parité de pouvoir d’achat, s’est nettement accru entre 1980 et 2006. Le PIB par habitant agrégé des six principales économies d’Amérique latine 45 Analyse structurelle Taux de croissance annuel moyen du PIB (%) 19602006 19601980 19802006 19801990 19901998 19982003 20032006 Monde 3,9 4,5 3,4 3,1 3,1 3,6 5,0 Etats-Unis 3,4 3,7 3,1 3,3 3,1 2,6 3,5 Amérique latine* dont : Mexique Argentine Brésil Chili Colombie Venezuela Asie émergente* dont : Corée du Sud Inde Indonésie Taiwan Thailande Philippines Malaisie Hong Kong Singapour Chine 3,9 5,8 2,4 1,4 3,5 1,3 5,2 4,3 2,5 4,4 4,3 4,2 2,8 6,4 6,5 3,4 7,3 3,5 5,4 3,9 5,0 2,6 1,8 2,3 4,9 3,3 2,0 7,5 1,9 -1,5 1,5 3,8 3,6 0,8 7,2 3,0 6,3 2,7 7,6 3,3 2,9 7,8 2,5 -2,3 2,0 2,6 1,2 -3,3 6,9 3,9 8,9 4,1 5,6 5,5 12,9 8,7 7,2 4,9 5,5 7,8 6,5 4,0 6,6 7,2 7,8 7,7 7,8 3,4 6,0 9,8 7,2 5,4 7,2 9,4 9,0 5,0 6,7 6,0 5,2 6,3 5,9 2,9 6,1 5,4 6,8 9,8 8,7 5,6 6,4 8,0 7,8 1,7 6,0 6,6 7,4 9,3 5,4 5,7 4,6 6,7 4,4 2,6 7,0 4,0 7,3 11,0 6,3 5,7 3,8 3,4 4,8 4,1 5,0 4,2 4,3 8,7 4,6 8,6 5,4 4,9 5,2 5,5 6,1 7,6 7,8 10,4 Source : Données officielles, calculs COE-Rexecode * Les agrégats régionaux sont construits en agrégeant les PIB en parité de pouvoir d'achat des principaux pays de chaque zone (Mexique, Argentine, Brésil, Chili, Colombie, Venezuela dans le cas de l'Amérique latine et Corée du Sud, Inde, Indonésie, Taiwan, Thailande, Philippines, Malaisie, Hong Kong, Singapour, Chine dans le cas de l'Asie émergente). n’était plus équivalent qu’à 23,2 % du PIB par habitant des Etats-Unis en 2006, contre 32,6 % en 1980. Seul le Chili a vu son revenu par tête progresser à un rythme supérieur à celui des Etats-Unis entre 1980 et 2006. Ces médiocres performances sont à mettre en relation avec une forte instabilité macroéconomique. Sur la période 1980-2006, la croissance des principaux pays d’Amérique latine a été non seulement plus faible mais aussi plus volatile que celle des principaux pays d’Asie émergente. Berg, Leiter, Ostry et Zettelmeyer (2006) ont notamment montré que la durée des « épisodes de croissance soutenue » où la progression du PIB par tête s’est écartée de sa tendance antérieure pour progresser à un rythme au moins égal à 2 % l’an, a été nettement plus faible dans les pays émergents d’Amérique latine que dans les pays émergents d’Asie au cours des dernières 46 décennies. Ils mettent en relation cette moindre durée des « épisodes de croissance soutenue » en Amérique latine avec des inégalités très fortes et avec une forte instabilité macroéconomique. Amérique latine De médiocres performances relatives depuis le début des années 1980 34 En % du PIB PPA par h des Etats Unis 17 Amérique latine (6 pays) (G) Asie émergente (10 pays) (D) 30 13 26 9 22 5 80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 Source : Coe-Rexecode Quelles perspectives de croissance pour l’Amérique latine à moyen terme ? Taux de croissance annuel moyen du PIB par habitant en PPA (%) 19602006 19601980 19802006 19801990 19901998 19982003 20032006 Monde 2,2 2,5 1,9 1,4 1,6 2,3 3,8 Etats-Unis 2,2 2,5 2,0 2,3 1,8 1,5 2,5 Amérique Latine dont : Mexique Argentine Brésil Chili Colombie Venezuela Asie émergente* dont : Corée du Sud Inde Indonésie Taiwan Thailande Philippines Malaisie Hong Kong Singapour Chine 1,7 3,1 0,7 -0,7 1,8 -0,2 3,8 1,9 1,1 2,3 2,6 1,9 0,0 4,6 3,3 1,8 4,6 1,5 2,7 0,4 2,8 0,8 0,5 0,5 3,4 1,3 -0,3 5,9 -0,3 -3,0 -0,6 2,1 1,5 -1,9 5,4 1,2 4,9 1,1 5,8 1,4 0,7 6,2 1,0 -3,3 0,6 1,4 -0,5 -5,1 5,7 2,6 7,9 2,7 4,4 3,9 10,9 7,6 5,7 2,8 3,6 6,0 4,4 1,4 3,9 5,2 5,5 6,1 5,6 1,1 3,6 6,9 4,3 2,4 4,4 6,8 6,9 2,9 5,8 4,0 3,6 5,3 4,5 0,7 3,6 4,0 4,4 8,6 7,5 3,4 4,4 6,5 6,1 -0,7 3,3 5,2 5,1 7,7 4,4 3,8 3,1 5,7 3,2 0,4 4,3 2,4 4,2 9,9 5,8 4,0 2,5 2,7 3,8 2,1 2,8 2,9 2,3 7,9 4,2 7,0 4,1 4,5 4,4 3,7 4,2 6,4 6,4 9,7 Source : Données officielles, calculs COE-Rexecode * Les agrégats régionaux sont construits en agrégeant les PIB en parité de pouvoir d'achat des principaux pays de chaque zone (Mexique, Argentine, Brésil, Chili, Colombie, Venezuela dans le cas de l'Amérique latine et Corée du Sud, Inde, Indonésie, Taiwan, Thailande, Philippines, Malaisie, Hong Kong, Singapour, Chine dans le cas de l'Asie émergente). De fait, la trajectoire des principaux pays d’Amérique latine depuis le début des années 1980 a été jalonnée d’épisodes hyperinflationnistes, le Chili et la Colombie faisant figure d’exception de ce point de vue avec des taux d’inflation qui n’ont jamais dépassé les 40 %. En Argentine notamment, le glissement annuel de l’indice des prix à la consommation a ponctuellement dépassé 20000 % en mars 1990. Au Brésil, il a culminé à 6832 % en avril 1990. Le Mexique et le Venezuela ont également connu ponctuellement des taux d’inflation supérieurs à 100 %. 1 Les principaux pays d’Amérique latine ont également été affectés par un nombre de crises nettement plus élevé que les principaux pays d’Asie émergente entre 1980 et 2006 (cf. tableau ciaprès). Sur la période 1980-2006, les six principaux pays d’Amérique latine ont connu vingtquatre épisodes assimilables en première approche, selon la méthode définie par Frankel et Rose (1996) et Van Rikhjekem (2000)1, à des crises de change, soit quatre en moyenne par pays. Seuls quatorze épisodes de ce type peuvent être mis en évidence au cours de la même période dans les dix principaux pays d’Asie émergente, Suivant la méthode définie par Frankel et Rose (1996) et Van Rikhjekem (2000), une crise de change est ici définie comme une dépréciation de 10 % du taux de change au cours d’un mois donné. Seules sont de surcroît prises en compte les variations supérieures (de plus de deux fois l'écart type de la variation du taux de change observée au cours des deux années précédentes) à la variation mensuelle moyenne du taux de change au cours des trois à quatorze mois précédents. Pour éviter de comptabiliser deux fois une même crise, chacun des épisodes satisfaisant à ces critères doit être éloigné de douze mois au moins du précédent. D’autres auteurs, comme Kaminsky et Reinhart (1999), prennent également en compte la variation des réserves de change, ce qui permet d’inclure les attaques spéculatives auxquelles la Banque centrale a résisté victorieusement et d’exclure certains épisodes de dévaluations. 47 Analyse structurelle Nombre de crises bancaires et crises de changes entre 1980 et 2006 Amérique latine six pays Mexique Argentine Brésil Chili Colombie Venezuela Asie émergente 10 pays Chine Corée du Sud Inde Indonésie Thailande Taiwan Philippines Malaisie Hong Kong Singapour change bancaires 25 4 5 7 2 0 7 14 4 1 1 3 2 0 2 1 0 0 12 2 4 2 2 1 1 8 1 0 0 1 2 1 2 1 0 0 1 Suivant la méthode définie notamment par Frankel et Rose (1996) et par V a n R i k h j e k e m (2000), une crise de change est ici définie comme une dépréciation de 10 % du taux de change au cours d'un mois donné. Seules sont de surcroît prises en compte les variations supérieures (de plus de deux fois l'écart type de la variation du taux de change observée au cours des deux années précédentes) à la variation mensuelle moyenne du taux de change au cours des trois à quatorze mois précédents. Pour éviter de comptabiliser deux fois une même crise, chacun des épisodes satisfaisant à ces critères doit être éloigné de douze mois au moins du précédent. 2 World Bank (2003). Caprio et Klingebiel (1999). soit 1,4 en moyenne par pays. De même, la base de données établie par la Banque mondiale en 2003, sur la base des travaux de Caprio et Klingelbiel (1999), et les données disponibles pour la période la plus récente, permettent de recenser douze épisodes distincts de crise bancaire2 dans les six principaux pays d’Amérique latine, contre huit seulement dans les dix principaux pays d’Asie émergente3. La plupart de ces crises se sont traduites par une violente décélération de la croissance 2 3 Seules les crises caractérisées de systémique ont été comptabilisées ici. Il existe souvent des liens étroits entre crise de change et crise bancaire. Voir à ce sujet Kaminsky et Reinhart 1999. 48 suivie d’une période de récupération, souvent interrompue elle-même par une nouvelle crise. Ainsi les multiples crises (crise de la dette, crises bancaires et crises de change) qui ont ponctué le début des années 1980 ont-elle valu à la décennie 1980-1990 le surnom de « décennie perdue ». Entre 1980 et 1990 la croissance régionale a de fait été inférieure à 1,5 % par an en moyenne et le PIB par habitant a reculé. La région a ensuite renoué avec des rythmes de croissance supérieurs à 3,5 % par an en moyenne à partir du début des années 1990 avec une chronologie toutefois un peu décalée selon les pays. Mais la crise mexicaine de 1994 et surtout la crise brésilienne de 1998 ont marqué le début d’une nouvelle « demi-décennie perdue » dont le point d’orgue a été la crise argentine de 2001-2002. Depuis 2003, la croissance de la zone s’est notablement accélérée, retrouvant même un rythme proche de ceux observés entre 1960 et 1980 (+5,2 % par an en moyenne sur la période 2003-2006 contre +5,8 % par an en moyenne sur la période 1960-1980). Aucun des six principaux pays de la zone n’est resté à l’écart de ce mouvement. Par ailleurs, si l’on fait abstraction de la dévaluation du bolivar vénézuélien en avril 2005 dont la caractérisation comme « crise de change » est discutable, les principaux pays de la zone n’ont pas subi de crise financière majeure. Fait remarquable, même le cycle de hausse des taux d’intérêt amorcé en 2004 aux Etats-Unis ne s’est pas traduit, comme à l’accoutumée, par des tensions sur les marchés monétaires et financiers ou par une interruption brutale des flux de capitaux à destination des principaux pays de la zone. Les places financières de la zone ont certes été affectées, comme les autres places émergentes, par une série de turbulences en mai 2006. Mais ces turbulences n’ont eu, semble-t-il, qu’un impact limité et la situation s’est normalisée rapidement. Les indices boursiers et les devises des principaux pays de la région ont effacé au cours des mois suivants la correction baissière qu’ils avaient subie alors et les spreads obligataires ont continué à s’écraser jusqu’à des niveaux planchers. La nouvelle correction qui a affecté fin février les places boursières des pays de la zone comme Quelles perspectives de croissance pour l’Amérique latine à moyen terme ? celles des pays industrialisés s’est pour l’instant également avérée sans lendemain. Le profil de croissance heurté qu’exhibent les principaux pays d’Amérique latine depuis un demi-siècle rend néanmoins difficile l’interprétation de ces évolutions favorables dans une perspective de moyen terme. L’accélération de la croissance et la relative stabilité macroéconomique observée depuis quatre ans signifient-elles que les principaux pays d’Amérique latine ont rompu avec leurs vieux démons et sont enfin engagés sur un sentier de croissance soutenue ? Les évolutions observées depuis quatre ans peuvent-elles être mises en parallèle, à certains égards, avec celles observées entre 1960 et 1980, période au cours de laquelle les pays d’Amérique latine voyaient leur PIB par habitant progresser à un rythme supérieur à celui des Etats-Unis, ou correspondent-elles à une trajectoire très différente ? S’agit-il d’un éphémère épisode de récupération après les crises qui ont jalonné la « demidécennie perdue » ? Cette hypothèse mérite un examen d’autant plus attentif qu’il y a des raisons de penser que la vive croissance qu’ont enregistré les principaux pays d’Amérique latine depuis quatre ans est en partie imputable à des facteurs conjoncturels. De fait, les pays d’Amérique latine ont bénéficié depuis quatre ans d’un environnement extrêmement favorable caractérisé par : – une abondance des liquidités mondiales et une faible aversion au risque de la part des investisseurs internationaux favorisant la recherche de rendements sur les marchés émergents ; – une croissance mondiale vive ; – une forte hausse du cours des matières premières qui a permis une amélioration des termes de l’échange des principaux pays de la zone et a dopé la croissance de leurs recettes fiscales. Aussi un diagnostic précis sur les perspectives de croissance à moyen terme des principaux pays d’Amérique latine passe-t-il en premier lieu par une analyse des ressorts de la croissance des principaux pays de la zone au cours du dernier demi siècle. La pertinence des différents scénarios de moyen terme qui pourront être esquissés sur cette base sera ensuite discutée pour chacun des principaux pays de la zone. L’analyse sera ici limitée aux trois principaux pays de la zone : Argentine, Mexique et Brésil. Position dans le cycle et sources de la croissance Pour tenter de préciser les ressorts de la croissance des trois principaux pays d’Amérique latine que sont le Brésil, l’Argentine et le Mexique au cours du dernier demi-siècle, deux types d’analyses peuvent être menées successivement : – une analyse statistique, qui permettra d’identifier les composantes cycliques, tendancielle (assimilée à la production potentielle) et saisonnière du PIB des principaux pays d’Amérique latine afin de préciser leur position dans le cycle sur la période récente, – une analyse comptable, qui permettra de préciser les sources de la croissance dans une perspective d’offre. Position dans le cycle Pour préciser la position dans le cycle d’un pays, il importe d’identifier les différentes composantes de son PIB réel : cyclique, tendancielle (assimilée à la production potentielle), saisonnière et aléatoire. Il est alors possible de calculer un « output gap », défini comme l’écart entre le PIB observé et sa composante tendancielle (ou potentielle) 4. Différentes méthodes, qui présentent l’avantage de ne pas requérir d’autres données que des séries longues de PIB réel, peuvent être utilisées : filtres de Hodrick Prescott, de Baxter King et modèles à composante inobservables proposés initialement par Harvey (1989). Dans la mesure où nous nous intéressons plus particulièrement à la période récente, nous privilégierons un modèle à composantes inobservables qui présente l’avantage de comporter des effets de bords 4 Output gap = (série observée–composante cyclique)*100/composante cyclique. 49 Analyse structurelle plus limités qu’un filtre de Hodrick-Prescott. Ce type de modèle permet également de ne pas faire d’hypothèses préalables sur la nature des séries. Dans le cas de l’Argentine, du Brésil et du Mexique, l’exercice est toutefois rendu particulièrement difficile par l’ampleur des chocs et des changements structurels qui ont marqué l’histoire récente des trois pays. Les résultats doivent donc être interprétés avec précaution et devront être, au cours de travaux ultérieurs, affinés et confrontés à ceux obtenus à partir d’autres méthodes. S’agissant des données, nous nous fondons sur les données trimestrielles de comptabilité nationale disponibles, quitte à disposer d’un historique limité à la période 1980-2006. Dans le cas de l’Argentine, nous utilisons la série trimestrielle de PIB aux prix constants de 1993 élaborée par l’INDEC sur la période 1980-2006 à partir des données du système de comptabilité nationale en base 1986 et du système de comptabilité nationale en base 1993. Dans le cas du Mexique, l’INEGI fournit également une série de PIB trimestriel en millions de pesos de 1993 sur la période 1980 2006. S’agissant du Brésil, nous utilisons la série trimestrielle de PIB reconstruite par l’IBGE sur la période 1980-2006 à partir des données de comptabilité nationale aux prix de 1980 et de la série en prix chainés de la base 1990, tout en intégrant les révisions liées au passage au nouveau système de comptabilité nationale en base 2000. Le modèle est présenté dans l’annexe 1 et l’on se contente ici d’exposer brièvement les résultats. S’agissant de la nature des séries5, une observation à « l’œil nu » suggère que seul le PIB argentin présente les caractéristiques typiques des processus avec tendance stochastique. Le trend du PIB argentin apparaît être marqué par deux périodes extrêmes, fin 1980 et début 2000. La série de PIB brésilien apparaît beaucoup plus « lisse » et la non stationnarité apparaît davantage du fait d’un trend déterministe. On peut avoir quelques doutes quant à la série du Mexique, qui présente une cassure sur la période 1995-1996. Afin de vérifier la nature des processus sous-jacents à chaque composante, nous présentons dans le tableau suivant les estimations des paramètres libres que sont les variances des composantes irrégulières, du trend, de la saisonnalité, et du cycle. L’état final de la fin de la période d’estimation est également présenté ci-dessous afin de tester la significativité des composantes non observées de nature déterministe. Résultats d’estimation du modèle à composantes inobservables Estimation finale des paramètres libres Composante Mexique Estimation Erreur std approchée Irrégulière1 Niveau1 Pente1 Saisonnalité1 Cycle (damping factor) Cycle (période) Cycle1 0,00 0,00 0,00 0,00 0,91 32,52 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00** 0,03*** 10,65*** 0,00** Argentine Estimation Erreur std approchée 0,00 0,00 0,00 0,00 1,00 25,88 0,00 0,00 0,00*** 0,00 0,00* 0,00*** 1,21*** 0,00 Brésil Estimation Erreur std approchée 0,00 0,00 0,00 0,00 0,89 45,26 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00*** 0,04*** 13,04*** 0,00*** Note : (***) significatif à 1%, (**) significatif à 5 %, (*) significatif à 10 %. Variance du terme d’erreur. 1 5 Identifier la nature de la tendance des trois séries de PIB est un préalable important. Pour simplifier, lorsque la tendance est déterministe, la chronique retrouve toujours son mouvement de long terme. Lorsque la tendance est stochastique, l’effet d’un choc à un moment donné du temps est permanent (phénomène de persistance ou d’hystérésis), c’est-à-dire que le choc se répercute à l’infini sur les valeurs futures de la série. Lorsque l’on traite un processus déterministe comme un processus stochastique, on introduit artificiellement dans la série un mouvement cyclique de court terme. A l’inverse, lorsqu’un processus stochastique est supposé être un processus déterministe, on introduit dans la série un mouvement cyclique de long terme. Pour plus de précisions, on se reportera à l’annexe II. 50 Quelles perspectives de croissance pour l’Amérique latine à moyen terme ? Analyse de signification des composantes Argentine (basée sur l’état final) Dans le cas de l’Argentine, les résultats sont dans l’ensemble cohérents avec les faits stylisés connus même si l’interprétation de certains points est parfois difficile et exigerait d’autres analyses complémentaires. Quatre périodes peuvent être distinguées : 19801990, 1991-1997, 1998-2002, 2003-2006. Sur la période 1980-1990, qui est une période caractérisée par une forte instabilité économique et par des crises récurrentes, tant le PIB tendanciel que le PIB observé présentent un profil heurté et des rythmes de croissance en moyenne faibles. L’output gap est négatif jusqu’au quatrième trimestre 1984. Entre le premier trimestre 1985 et le deuxième trimestre 1988, le niveau du PIB est ensuite supérieur à sa tendance. L’instauration de la « Convertibilité » (1991) coïncide avec le début d’une période d’accélération de la croissance du PIB tendanciel. L’output gap est positif entre le quatrième trimestre 1991 et le quatrième trimestre 1994 et négatif entre le premier trimestre 1995 et le deuxième trimestre 1998. A partir du deuxième trimestre 1998, l’économie argentine entre dans une phase de décroissance du PIB tendanciel qui s’accélère au moment de la crise de 2001 2002. Sur la période récente (2003-2006), qui nous intéresse plus particulièrement ici, le modèle fait apparaître un redressement de la croissance tendancielle et l’output gap fortement négatif apparu après la crise se réduit. Depuis la fin 2004, l’output gap est positif. La Composante DF Mexique Khi 2 Irrégulière Niveau Pente Cycle Saisonnalité 0.00 0.00 0.00 109606*** 8846.47*** 136646*** 17.73*** 279.33*** 3.88** 0.09 2.88 8.25** 32.10*** 12.92*** 74.54*** 1 1 1 2 3 Brésil Khi 2 Argentine Khi 2 Note : (***) significatif à 1%, (**) significatif à 5%, (*) significatif à 10%. Pour les trois pays, la partie irrégulière des séries n’a pas de grande importance et n’a aucune raison d’être prise en compte comme composante de la série. Comme nous le pressentions, le trend en niveau apparaît dans les trois cas peu variable. Il semble être déterministe dans le cas des séries de PIB mexicain et brésilien6. Seul le PIB argentin présente un trend de nature stochastique. Pour les trois pays, la variance de la pente du trend ne semble pas être significative statistiquement. L’analyse de la significativité des composantes basée sur l’état final montre que le trend et la pente ont un effet certain sur les trois séries. La composante saisonnière est stochastique pour le Mexique et l’Argentine mais présente une faible variabilité. Le cycle est stochastique au Mexique et en Brésil et de nature déterministe en Argentine. L’analyse de la significativité des composantes basée sur l’état final permet également de montrer que le cycle déterministe sous-jacent au PIB argentin est fortement significatif. Argentine La prise en compte du trend, du cycle et de la saisonnalité semble être suffisante pour prédire l’essentiel de la série. Bien que les séries présentent certaines parties qui peuvent s’apparenter à des cassures, la spécification parcimonieuse retenue passe les différents tests habituels sur les résidus. La qualité prédictive du modèle pour les trois pays est excellente, ce qui autorise la mesure des trends et des prévisions, au moins jusqu’à 2009, bornés entre leurs intervalles de confiances. 6 Compte tenu des travaux publiés dans ce domaine, cet aspect est assez surprenant et mériterait de plus amples investigations dans des travaux ultérieurs. PIB tendanciel et PIB observé 5.9 En logarithme (corrigé des variations saisonnières) Observé Tendanciel (lissé) 5.7 5.5 5.3 5.1 81 83 85 87 89 91 93 95 97 99 01 03 05 07 09 Source : Coe-Rexecode 51 Analyse structurelle bonne qualité prévisionnelle du modèle autorise à penser que le PIB tendanciel devrait connaître un ralentissement avec un output gap légèrement négatif. deuxième semestre 2006. Pour les cinq prochaines années, le modèle prédit que l’output gap devrait se réduire pour s’établir autour de -0.4% du PIB tendanciel en moyenne. Brésil Mexique Dans le cas du Brésil, les résultats sont également globalement cohérents avec les faits stylisés, même si l’interprétation de certains points précis est également difficile et exigerait des analyses complémentaires. La période 1980-1990 est marquée par une forte instabilité macroéconomique et par une série de crises ce qui se traduit par une croissance inférieure en moyenne à la croissance tendancielle à partir de 1982 et par un output gap très négatif entre 1986 et 1989. Sur la période 1990-1993, période caractérisée par une très forte inflation, l’output gap est en revanche fortement positif. Entre le quatrième trimestre 1994 et le troisième trimestre 1998, période marquée par la mise en place du Plan Real et par une série de chocs externes, le modèle fait apparaître un output gap en moyenne négatif. L’output gap ressort ensuite en positif jusqu’au quatrième trimestre 2003. A partir du deuxième trimestre 2003, l’output gap se réduit, devenant négatif à partir du premier trimestre 2004. Il continue à se creuser jusqu’à fin 2006, ce qui peut apparaître étonnant compte-tenu de l’accélération de la croissance observée depuis le Dans le cas du Mexique, les résultats sont globalement cohérents avec les faits stylisés, même si l’interprétation de certains points précis est également difficile et exigerait des analyses complémentaires. L’output gap positif observé au début des années 1980 se réduit et devient négatif à partir du deuxième trimestre 1983, après la crise de la dette (1982). Entre le premier trimestre 1986 et le premier trimestre 1990, période de forte volatilité macroéconomique, l’output gap restera négatif, le troisième trimestre 1988 marquant un point bas. L’output gap redevient positif entre le troisième trimestre 1990 et le deuxième trimestre 1994. L’output gap redevient fortement négatif après la crise financière de 1994, le point bas étant atteint au deuxième trimestre 1995. Entre le deuxième trimestre 1997 et le quatrième trimestre 2001, l’output gap est à nouveau positif, le point haut étant atteint au troisième trimestre 2000. Sur la période 2003 2005, l’output gap est resté négatif, redevenant très légèrement positif à partir du premier trimestre 2006. Le modèle prédit pour les cinq prochaines années un output gap oscillant entre 0.3 % et -0.3 % du PIB tendanciel. Estimation de l’output gap Brésil 4 En % du PIB tendantiel Mexique 2 2 1 0 0 -2 -1 -4 -2 81 83 85 87 89 91 93 95 97 99 01 03 05 07 Source : Coe-Rexecode 52 En % du PIB tendantiel 81 83 85 87 89 91 93 95 97 99 01 03 05 07 Source : Coe-Rexecode Quelles perspectives de croissance pour l’Amérique latine à moyen terme ? Les sources de la croissance Pour affiner le diagnostic de moyen terme, une analyse des sources de la croissance des trois grandes économies d’Amérique latine que sont l’Argentine, le Mexique et le Brésil sur longue période peut être utile. La méthode La décomposition de la croissance peut être effectuée de manière purement comptable à partir de la méthodologie définie par Solow (1957). On suppose une fonction de production de type Cobb Douglas avec des rendements d’échelles constants en condition de concurrence pure et parfaite du type : Y = 1−α α AK L Où Y est le PIB K est la quantité de capital physique utilisée dans le processus de production L est la quantité de facteur travail utilisé dans le processus de production A est la productivité totale des facteurs α est la part du travail dans le produit de l’économie Dès lors, l’équation de décomposition de la croissance peut s’écrire comme suit d ln Y d ln L d ln K d ln A =α + (1 − α ) + dt dt dt dt Le premier terme de la somme mesure la contribution du facteur travail, le deuxième la contribution du capital et le troisième la contribution de la productivité totale des facteurs. En l’absence de séries longues sur les heures effectivement travaillées, les données d’emploi fournies par le Groningen Growth and Development Center sur la période 1960-2006 sont utilisées comme proxy de la quantité de travail utilisée dans le processus de production. S’agissant des données de PIB en volume, des séries longues peuvent être reconstruites à partir des données de comptabilité nationale publiées par les différents instituts statistiques nationaux. Dans le cas du Brésil, on utilise les données publiées par l’IBGE dans le cadre des « Statistiques du XXe siècle » sur la période 1947-2006 en intégrant les révisions liées au passage au nouveau système de comptes nationaux en base 2000 à partir de 2000. Dans le cas du Mexique, l’INEGI fournit une série annuelle consolidée de PIB aux prix constant de 1980 sur la période 19001996 et une série annuelle de PIB à prix constants de 1993 sur la période 1980-2006. Dans le cas de l’Argentine, on utilise la série de PIB à prix constant de 1993 reconstruite par Maia et Nicholson (2001). Le stock de capital est calculé à partir de la méthode dite de l’inventaire permanent, ce qui suppose de disposer de données d’investissement depuis le début du XXe siècle. Pour l’Argentine les données proviennent de la base établie par Maia et Nicholson (2001) et mise à jour à partir des données d’investissement publiées par l’INDEC dans le cadre du système de comptabilité nationale en base 1993. Le calcul est effectué à un niveau détaillé, en différenciant selon les types d’investissement. Dans le cas du Mexique, une série longue d’investissement total peut être reconstituée à partir des travaux de Mariña Flores (2000) et des données de comptabilité nationale. Dans le cas du Brésil, on utilise les données publiées par l’IBGE dans le cadre des « Statistiques du XXe siècle » sur la période 1947 2006 en intégrant les révisions liées au passage au nouveau système de comptes nationaux en base 2000 à partir de l’année 2000. Les taux de dépréciation retenus sont calculés en fonction de la structure de l’investissement total, la durée de vie des constructions étant supposée plus importante que la durée de vie des machines et équipements. En retenant, de manière convention53 Analyse structurelle nelle, un taux de dépréciation annuel de 16 % pour les investissements en machines et en équipements et de 3 % pour les investissements en construction, on aboutit à un taux de dépréciation annuel moyen de 10 % pour le Mexique, de 8 % pour le Brésil et de 5 % pour l’Argentine7. Les coefficients sont choisis en fonction du partage de la valeur ajoutée au cours d’une année de base (1993 pour l’Argentine et le Mexique et 2000 pour le Brésil). Les valeurs retenues sont de 0,5 pour l’Argentine, de 0,5 pour le Brésil et de 0,7 pour le Mexique8. Faute de données suffisantes, le facteur travail est supposé homogène et les fluctuations dans l’utilisation du capital sont ignorées. Leurs effets sont donc capturés dans la productivité totale des facteurs qui est calculée comme un résidu. Les résultats Les principaux résultats sont résumés dans les tableaux page suivante9. Dans les trois pays, les fluctuations du stock de capital et de la productivité totale des facteurs expliquent la majeure partie des variations du rythme de la croissance intervenues depuis le début des années 1960. La période 1960-2003 En Argentine, le ralentissement de la croissance de la productivité totale des facteurs et celui du stock de capital expliquent respectivement 49 % et 42 % de l’écart entre les rythmes moyens de croissance observés sur la période 1960-1980 et 1980-2003. Au Brésil, le ralentissement de l’accumulation de capital 7 8 9 physique est à l’origine de 56 % de l’écart entre les rythmes moyens de croissance observés sur la période 1960-1980 et 1980-2003. Au Mexique, si l’on retient la même périodisation, la contribution de la productivité totale des facteurs au ralentissement de la croissance est un peu plus importante (46 %) et celle du stock de capital un peu plus faible (36 %). Le ralentissement de la productivité totale des facteurs s’esquisse dès le milieu des années 1970 et explique plus de la moitié de l’écart entre les rythmes de croissance observés au cours de la période 1960-1980 et de la « décennie perdue » 1980-1990 (61 % au Mexique 54 % au Brésil et 70 % en Argentine). Sur cette période, la productivité totale des facteurs s’est contractée en moyenne chaque année de 1,9 % en Argentine, 1,3 % au Mexique et 1,3 % au Brésil. La diminution de la contribution du capital s’opère essentiellement à partir du début des années 1980 et explique également une part significative de l’écart entre les rythmes de croissance observés sur la période 1960-1980 et 1980-1990 (44 % au Brésil 31 % au Mexique et 28 % en Argentine). Le stock de capital ne retrouvera jamais les rythmes de croissance qui étaient les siens au cours des années 1960, en particulier au Brésil, et ce sont les fluctuations de la productivité totale des facteurs qui sont à l’origine des fluctuations ultérieures. La décénnie 1990-1998 est marquée par un retour à des rythmes de croissance de la productivité totale des facteurs plus soutenus, avec une chronologie un peu décalée selon les pays. En Argentine, la progression de la productivité totale des facteurs se redresse à partir de 1991, date à laquelle est mis en place le currency board et atteint même un rythme jamais observé auparavant (+3,5 % par an Ces hypothèses sont globalement conformes à celles retenues dans d’autres travaux. Voir notamment Maia Nicholson (2005) et Faal (2005). Le choix de coefficients constant est une hypothèse forte mais peut être justifié par l’absence de convergence des trois pays auxquels on s’intéresse ici. Les résultats obtenus paraissent globalement cohérents avec ceux qui figurent dans la littérature. Les hypothèses relatives à la part du travail et du capital retenues, la méthode et la nature des données retenues pour générer le stock de capital peuvent toutefois expliquer certains écarts. Voir notamment Maia et Kweitel (2005), Faal (2005), Pinheiro, Serven et Thomas (2001), Bosworth and Collins (2003), Loayza et alii (2005) et Solimano et Soto (2005). 54 Quelles perspectives de croissance pour l’Amérique latine à moyen terme ? Sources de la croissance des différents facteurs de production (en %) Taux de croissance annuel moyen PIB Capital Travail TFP Contribution annuelle moyenne PIB Capital Travail TFP 3,5 0,8 -0,6 4,8 -3,1 8,9 3,5 1,0 1,0 0,9 1,4 0,5 1,6 1,2 1,5 1,5 0,5 5,2 1,0 -0,3 -1,9 3,5 -4,0 5,8 3,5 0,8 -0,6 4,8 -3,1 8,9 1,6 0,5 0,4 0,4 0,7 0,2 0,9 0,6 0,8 1,6 0,3 2,8 1,0 -0,3 -1,9 3,5 -4,0 5,8 6,6 2,5 2,4 2,8 1,9 5,7 2,9 3,3 7,7 3,4 3,9 2,2 2,5 0,5 3,5 3,1 4,2 3,0 3,7 3,0 2,8 3,9 2,1 1,6 1,2 -0,7 -1,3 0,0 -0,8 2,9 0,4 1,2 6,6 2,5 2,4 2,8 1,9 5,7 2,9 3,3 2,6 1,1 1,3 0,8 0,9 0,2 1,2 1,1 2,7 2,0 2,4 2,0 1,8 2,6 1,4 1,1 1,2 -0,7 -1,3 0,0 -0,8 2,9 0,4 1,2 7,4 2,4 2,4 1,9 1,7 3,4 8,5 2,8 4,1 1,8 2,1 1,3 3,4 2,0 3,2 0,7 1,9 3,0 1,5 0,0 -1,3 0,7 -0,3 1,3 7,4 2,4 2,4 1,9 1,7 3,4 4,3 1,4 2,0 0,9 1,0 0,6 1,7 1,0 1,6 0,3 1,0 1,5 1,5 0,0 -1,3 0,7 -0,3 1,3 Argentine 1960-1980 1980-2003 1980-1990 1990-1998 1998-2003 2003-2006 Mexique 1960-1980 1980-2003 1980-1990 1990-1998 1990-1996 1996-1998 1998-2003 2003-2006 Brésil 1960-1980 1980-2003 1980-1990 1990-1998 1998-2003 2003-2006 en moyenne) avant de décliner à nouveau brutalement à partir de 1998. Au Mexique, le redressement de la productivité totale des facteurs intervient après la crise de 1994-1995 et se prolonge en revanche jusqu’en 2000. Au Brésil, le redressement de la productivité est également intervenu plus tardivement et a été relativement limité sur la période 1990-1998. La contribution du stock de capital à la croissance a en revanche été encore plus faible qu’au cours de la période précédente, sauf en Argentine où l’écart est toutefois faible. Le ralentissement de la productivité totale des facteurs explique intégralement ou quasi-intégralement la décélération de la croissance intervenue au Brésil et en Argentine au cours de la demi-décennie suivante (1998-2003), demidécennie au demeurant marquée par des crises majeures dans les deux pays. Au Mexique, le ralentissement de la productivité totale des facteurs, comme celui de la croissance du reste, est limité aux années 2001-2002. De multiples facteurs explicatifs possibles De multiples éléments peuvent être avancés pour expliquer le ralentissement de la progression du stock de capital et, dans une moindre mesure, de l’emploi, ainsi que les fluctuations marquées de la productivité totale des facteurs observées entre 1980 et 2003 dans les trois pays d’Amérique latine étudiés ici. Les trois éléments sont du reste dans une large mesure auto-corrélés, ce qui complique l’analyse. Les liens entre progression de l’emploi et croissance du PIB ne sont notamment plus à démontrer. S’agissant des liens entre croissance du stock de capital et de la productivité totale des facteurs, de nombreux travaux [(De Long, Summers (1991, 1992) Klenow Rodriguez Clare (1997)] ont montré qu’il existait une relation forte et positive entre taux d’investissement productif et taux de croissance de la productivité totale des facteurs ainsi qu’entre croissance de la 55 Analyse structurelle productivité totale des facteurs et intensité capitalistique. Ces liens sont du reste loin d’être univoques. L’accroissement de l’intensité capitalistique ou l’introduction de nouveaux équipements incorporant des innovations technologiques peut accroître l’efficacité des facteurs de production. Inversement, une productivité plus élevée peut permettre la réalisation de projets d’investissements qui sans cela n’auraient pas été rentables. Les liens entre productivité totale des facteurs et accumulation de facteurs de production, capital comme emploi, sont sans doute d’autant plus étroits que la productivité totale des facteurs est calculée comme un résidu et incorpore donc tous les éléments non pris en compte dans la mesure du capital ou du travail (structure du stock de capital, contenu en innovation, distorsions dans l’allocation des ressources, variation de la durée du travail, niveaux d’éducation et de qualification de la main d’œuvre etc…). L’évolution de la productivité totale des facteurs risque dès lors d’être affectée par des phénomènes cycliques et d’absorber en partie les fluctuations liées à la succession de crises qu’ont connues les trois pays de la zone depuis le début des années 1980. – La décomposition de la croissance effectuée ci-dessus ne tenant pas compte, faute de données suffisantes, des variations dans l’utilisation du stock de capital, la baisse du taux d’utilisation des capacités qui apparaît usuellement dans les phases de ralentissement du cycle, et a fortiori pendant les périodes de crise, est prise en compte dans le résidu, c’est-à-dire dans la productivité totale des facteurs. Inversement la hausse des taux d’utilisation qui se produit dans les phases d’accélération du cycle, et a fortiori pendant les périodes de récupération post crises, se traduit par une accélération de la productivité totale des facteurs. L’effet peut être particulièrement intense dans les périodes de forte instabilité macroéconomique : la croissance du stock de capital est généralement faible pendant les périodes de crise, voire dans l’immédiat après crise si prévaut une forte incertitude macroécono56 mique. Les taux élevés de croissance de la productivité des facteurs observés dans les trois pays considérés au cours des périodes succédant à de fortes crises financières pourraient ainsi apparaître comme des phénomènes de rattrapage. La dynamique s’avèrerait insoutenable en l’absence de croissance soutenue du stock de capital. – Le même raisonnement peut être appliqué au facteur travail. Les variations de la durée du travail n’étant pas prises en compte dans les données d’emploi utilisées pour effectuer la décomposition de la croissance, la baisse du nombre d’heures effectivement travaillées qui intervient en période de basses eaux conjoncturelles, et a fortiori en période de crise, est capturée par la productivité totale des facteurs. Inversement la hausse du nombre d’heures travaillées qui s’opère dans les phases de reprise se traduit par une hausse de la productivité totale des facteurs. Les liens entre productivité totale des facteurs et emploi sont renforcés dans les trois pays étudiés ici par l’existence d’un important emploi informel qui n’est que très partiellement pris en compte dans les données officielles de population active. Il y a de bonnes raisons de penser que dans les périodes post-crise, la montée en puissance de l’emploi informel n’est pas capturée par les statistiques et se retrouve dans le résidu (productivité totale des facteurs). La poursuite de la phase de normalisation de l’économie peut tendre à l’inverse à surestimer l’accumulation de facteur travail (reformalisation des relations de travail) et à sous-estimer la croissance de la productivité totale des facteurs. D’une manière générale, le plus ou moins grand degré de stabilité macroéconomique joue sans doute un rôle d’autant plus important qu’il est un déterminant commun important de la croissance de la productivité totale des facteurs et du stock de capital (Fisher 1993). Une mauvaise gouvernance macroéconomique et des institutions faibles peuvent induire des pertes d’efficacité aussi bien dans le secteur public que privé. Une hyper- Quelles perspectives de croissance pour l’Amérique latine à moyen terme ? inflation, des politiques distorsives, une série de déséquilibres fondamentaux accroissant les risques de crise ou une forte insécurité juridique peuvent décourager l’investissement productif et entraîner une allocation sous-optimale des ressources en capital comme en travail. La productivité totale des facteurs s’en trouvera affectée en retour et empêchée de croître durablement à un rythme élevé. De nombreuses études récentes tendent du reste à mettre en évidence le rôle primordial de l’instabilité et de la faible gouvernance macroéconomique dans l’explication des médiocres performances de l’Amérique latine depuis le début des années 198010. D’autres études mettent également en avant les inégalités dans la distribution des richesses. L’Amérique latine présente, avec l’Afrique, le plus fort degré d’inégalités de distribution des richesses et de revenus11, ce qui se traduit par des coefficients de Gini très élevés (entre 50 et 60 pour les trois pays étudiés ici contre des indices compris entre 30 et 50 pour les pays d’Asie émergente) et ne montrant pas de signe de réduction au cours du temps. Le lien entre inégalités internes et performance économique globale a fait l’objet d’une vaste littérature depuis Kuznets. Cornia et Court (2001) trouvent un impact négatif sur la croissance pour un niveau d’inégalités trop faible (Gini < 0.25) ou trop élevé (Gini > 0.4). Pour Barro (1999), un haut niveau d’inégalité est préjudiciable dans les pays pauvres. Ces résultats sont vivement discutés car il semble qu’il y ait aussi un impact de la croissance sur le niveau d’inégalités ce qui complique l’analyse statistique. Quoi qu’il en soit, le degré d’inégalités dans la zone est régulièrement avancé par les institutions internationales comme pesant négativement sur la croissance de ces pays. 10 11 La période 2003-2006 Sur la période récente (2003-2006) qui nous intéresse plus particulièrement, le redressement de la productivité totale des facteurs apparaît une nouvelle fois comme la principale source de l’accélération de la croissance perceptible dans les principaux pays de la zone. La contribution du facteur travail ne joue positivement et significativement qu’en Argentine où la période post-crise a été marquée par une vive croissance de l’emploi. Au Mexique et surtout au Brésil, la contribution du capital à la croissance a été encore plus faible en moyenne qu’au cours de la période précédente et en Argentine, elle a été à peine plus élevée. Cette faible contribution de l’accumulation de facteurs physiques, travail (Mexique) et surtout capital (Brésil Mexique et Argentine) apparaît même comme le principal trait distinctif entre la période actuelle et la période de vive croissance observée entre 1960 et 1980. De ce point de vue, la période de croissance actuelle s’apparente sans doute davantage à celle observée entre 1991 et 1998 en Argentine, 1993-1998 au Brésil et 1996-2000 au Mexique, qui s’acheva par des crises majeures (Brésil - Argentine). Faut-il en conclure que le régime de croissance actuel n’est pas soutenable ? La faible accumulation de facteurs physiques qui le caractérise constitue-t-elle un trait durable ou peut-on s’attendre à retrouver à moyen terme un régime de croissance plus équilibré, qui serait caractérisé à la fois par une accumulation de facteurs physiques et par une vive croissance de la productivité totale des facteurs ? Quels rythmes de croissance peut-on attendre dans les cinq prochaines années compte tenu des évolutions observées depuis 2003 ? Voir Singh et Cerisola notamment pour une revue de littérature et Solimano Soto (2005) pour une analyse des liens entre évolution de la TFP en Amérique latine et instabilité macroéconomique. Deininger et Squire 1997. Ce sujet est également amplement documenté dans les différents rapports de l’ONU et de la Banque Mondiale. 57 Analyse structurelle La complexité des liens entre productivité totale des facteurs et croissance du stock de capital et la multiplicité des facteurs susceptibles d’expliquer leurs évolutions respectives rendent difficile un diagnostic a priori, exigeant une analyse plus approfondie de la situation de chaque pays. Analyse de différents scénarios de moyen terme Plusieurs scénarios de moyen terme peuvent être envisagés sur la base de l’exercice de décomposition de la croissance auquel nous nous sommes livré, selon que la récente hausse de la productivité des facteurs soit considérée comme durable ou non et selon que l’investissement retrouve ou non les rythmes de croissance qui étaient les siens lors de la période 1960-1980, permettant un redressement progressif de la croissance du stock de capital et des gains de productivité. Le facteur travail est supposé évoluer en ligne avec la population de 15 à 64 ans, ce qui revient à supposer un taux d’activité et un taux d’emploi constant. Scénarios 2007-2011 2003-2006 1 Argentine PIB Contributions - du capital - du travail - de la TFP Mexique PIB Contribution - du capital - du travail - de la TFP Brésil PIB Contribution - du capital - du travail - de la TFP 58 Scénarios 2 3 8,9 8,3 9,1 2,9 0,2 2,8 5,8 1,8 0,7 5,8 2,5 0,7 5,9 1,4 0,7 0,8 3,3 3,9 5,2 2,9 1,1 1,1 1,2 1,5 1,2 1,2 2,0 1,2 2,1 1,4 1,2 0,3 3,4 3,2 4,0 2,5 0,6 1,5 1,3 1,2 0,7 1,3 1,8 0,7 1,5 1,2 0,7 0,6 • Le scénario 1 (« scénario moyen ») prolonge les tendances récentes. Le redressement de la productivité totale des facteurs observé sur la période récente est supposé durable. La productivité totale des facteurs continue donc à croître aux mêmes rythmes que ceux observés en moyenne depuis 2003. En revanche, le taux d’investissement est maintenu constant à son niveau de 2006. • Le scénario 2 (« scénario haut ») est celui d’une croissance plus intensive en capital. Pour le Brésil et le Mexique, cette hypothèse se traduit par un retour aux taux de croissance très élevés de l’investissement observés au cours de la période 1960-2003. Dans le cas de l’Argentine, où l’investissement a enregistré des rythmes de progression historiquement élevés au cours de la période récente, cette hypothèse se traduit par un retour progressif, à horizon 2011, aux taux d’investissement plus élevés observés en moyenne au cours de la période 1960-1980. Le redressement de la productivité totale des facteurs observé sur la période récente est non seulement considéré comme durable mais est également supposé s’accélèrer légèrement. Pour le Brésil, cette accélération se traduit par un retour aux rythmes moyens de progression de la productivité totale des facteurs observés sur la période 19601980. Pour le Mexique, les rythmes de croissance de la productivité totale des facteurs observés au cours des deux dernières années sont prolongés. Dans le cas de l’Argentine, l’hypothèse retenue est celle d’une poursuite graduelle de l’accélération de la productivité totale des facteurs à partir des rythmes de croissance historiquement élevés observés au cours des dernières années. • Dans le scénario 3 (« scénario bas ») non seulement aucun changement significatif ne s’opère dans le régime d’accumulation du capital, ce qui se traduit par des taux d’investissement constants, mais le redressement de la productivité totale des facteurs observé sur la période récente n’est pas supposé durable. La productivité Quelles perspectives de croissance pour l’Amérique latine à moyen terme ? totale des facteurs retrouve des rythmes de croissance équivalents à ceux observés en moyenne sur longue période (19602006). Les rythmes de croissance moyens obtenus à horizon 2011 à l’issue de cet exercice sont assez variables non seulement selon les scénarios mais aussi selon les pays, en raison des évolutions différenciées observées sur le passé récent, nécessitant une analyse au cas par cas. Le cas du Brésil Dans le cas du Brésil, un scénario de croissance « faible » du type du scénario 3, où la productivité totale des facteurs retrouverait les rythme de croissance médiocres observés en moyenne sur la période 1960-2006 apparaît peu probable. Le redressement de la productivité totale des facteurs observé à partir de 2004 possède certes sans doute une composante cyclique. Il est notamment probablement à mettre en relation avec une utilisation plus intensive du stock de capital dans un contexte d’accélération cyclique. Un net redressement du taux d’utilisation des capacités dans l’industrie est du reste perceptible à partir de début 2004. Toutefois, le modèle à composantes inobservables que nous avons utilisé suggère que l’output gap est resté en moyenne négatif au cours des quatre dernières années, continuant même à se creuser en dépit de l’accélération de la croissance intervenue à partir du second semestre. Surtout, le redressement de la productivité totale des facteurs perceptible au cours des trois dernières années est sans doute également le reflet des mutations profondes qu’a connues l’économie brésilienne depuis trois ans et peut, de ce point de vue, apparaître durable. Les réformes introduites à partir de 1999 ont notamment permis de considérables progrès sur le front de la stabilité macroéconomique et une réduction de la vulnérabilité aux chocs externes. Sur le front monétaire, la politique de ciblage d’inflation adoptée après la mise en flottement du real en 1999 a permis une désinflation spectaculaire. Certes, les résultats sont apparus fragiles dans un premier temps. La cible d’inflation fixée par le Conseil Monétaire National a notamment été dépassée à trois reprises (2001 et, surtout, 2002, 2003), en raison d’une série de chocs d’offre défavorables et de la forte nervosité sur les marchés financiers qu’a suscité l’élection du président Lula en 2002. Depuis trois ans néanmoins, les cibles d’inflation ont été atteintes et l’inflation a nettement reflué. Le glissement annuel de l’indice des prix à la consommation (IPCA) est ainsi passé de 17,2 % en mai 2003 à 3 % en novembre 2006 et s’est stabilisé depuis à ce niveau. Cette évolution a sans doute été facilitée par une conjoncture plutôt favorable et notamment par l’appréciation du real dans un contexte de liquidité mondiale abondante, de vive croissance du commerce mondial et de hausse des cours des produits de base dont le Brésil est exportateur net. Toutefois, elle semble également pouvoir être portée au crédit des efforts de communication (publication rapide des comptes rendu des réunions de politique monétaire, explicitation des chocs ayant conduit au dépassement des objectifs d’inflation dans des « lettres ouvertes », analyse trimestrielle des risques inflationnistes dans des « rapports d’inflation » publics etc), de la rigueur et de l’indépendance dans l’usage de ses instruments dont a fait preuve la Banque centrale depuis trois ans. Les autorités monétaires ont notamment montré depuis 2002 qu’elles étaient à même de résister aux pressions émanant des responsables politiques comme de l’opinion, n’hésitant pas à remonter leur taux directeur jusqu’à 26,5 % en 2002 et jusqu’à 19,75 % en 2005 pour juguler les tensions inflationnistes, et ne le baissant que très progressivement ensuite pour ne pas compromettre leur objectif d’inflation malgré des chiffres de croissance médiocres. Elles semblent de ce fait avoir acquis une certaine crédibilité : depuis trois ans, les anticipations d’inflation sont nettement moins volatiles et tendent à converger vers le point central des intervalles cibles. 59 Analyse structurelle Sur le front budgétaire, même si la situation des finances publiques reste une source de fragilité, de considérables progrès ont également été accomplis. Les objectifs d’excédents primaires fixés annuellement, conformément à la « loi de responsabilité budgétaire » de 2001, ont été respectés, même en période de ralentissement économique ou de cycle électoral. Des conditions financières plus favorables et une politique active de refinancement ont parallèlement permis une réduction de plus de 20 points de PIB de la composante externe de la dette publique nette depuis septembre 2002, le secteur public consolidé étant même devenu créditeur net en devises à partir du mois de juin 2006. Le gouvernement a notamment remboursé par avance ses obligations auprès du FMI (5,5 milliards de dollars en juillet 2005 et 15,5 milliards de dollars en décembre 2005) et auprès du Club de Paris (1,7 milliard de dollars en mars 2006), et racheté par anticipation en avril 2006 pour 6,6 milliards de Brady Bonds. Dans ce contexte, la dette publique est restée sur une trajectoire soutenable. Le rapport de la dette nette du secteur public consolidé au PIB a même nettement reculé depuis fin 2003, passant de 57,2 % en décembre 2003 à 49,7 % en janvier 2007. Les autorités budgétaires se sont également efforcé d’améliorer la structure de la dette externe en lançant un vaste programme de rachat des titres dont la maturité était inférieure à 2010 et plus récemment à 2012. S’agissant de la dette publique interne, qui représente désormais la totalité de la dette nette du secteur public consolidé, un programme actif de refinancement a également permis de réduire l’exposition au risque de change et de taux. Les titres indexés sur le taux de change ont été éliminés et la part des titres à taux fixe dans l’ensemble des titres de la dette domestique est passée de 2,2% en décembre 2002 à 35,4 % en février 2007. Des mesures visant à élargir le marché des titres de la dette domestique en le rendant plus accessible aux investisseurs étrangers pour permettre, à moyen terme, un allongement des maturités et une poursuite de la baisse des primes de risque, ont également été adoptées. La taxe de 15 % sur les gains de capital et les revenus à laquelle 60 étaient soumis jusqu’à présent les non résidents a notamment été supprimée en février 2006. Cette stabilisation monétaire et budgétaire, même si elle demande encore à être consolidée, crée des conditions plus favorables aux gains de productivité, portant à considérer le scénario 1, qui prolonge les tendances récentes en la matière comme probable. En revanche, le passage à un régime de croissance plus soutenue fondé sur un accroissement de l’intensité en capital et sur une accélération des gains de productivité, paraît plus difficile à l’horizon de moyen/court terme retenu ici. Les obstacles à une croissance soutenue de l’investissement et de la productivité totale des facteurs restent en effet nombreux et ne peuvent être levés qu’au moyen de réformes dont le bénéfice ne sera sans doute pas perceptible avant plusieurs années. L’accès au financement reste notamment problématique même si les crédits au secteur privé non financier ont enregistré une vive progression au cours des dernières années. Le maintien d’un système de crédit administré continue en effet à drainer une part significative de l’épargne vers des investissements peu rentables12. Sur le segment non réglementé, le coût du financement reste extrêmement élevé. En dépit du net assouplissement de la politique monétaire intervenu depuis septembre 2005, les taux d’intérêt réels sont encore proches de 10 % si l’on prend comme référence le Selic, et supérieurs à 20 % sur les crédits non réglementés aux entreprises, en raison notamment des difficultés de recouvrement des prêts et de la lourdeur de la charge fiscale qui pèse sur l’intermédiation financière (OCDE, 2005 et 2006). D’une manière générale, à 32,8 % du PIB en 2006, la charge fiscale paraît relativement élevée au regard de celle qui prévaut dans les pays émergents de niveau de revenu comparable et constitue un frein à la croissance de l’investissement et de la productivité. Malgré une nette réduction depuis 1990, les taxes sur 12 Les prêts administrés représentent encore près d’un tiers du total des encours de prêts. Sur le détail du fonctionnement du système de prêts administrés, voir OCDE (2005) et OCDE (2006). Quelles perspectives de croissance pour l’Amérique latine à moyen terme ? les importations, dont on sait qu’elles peuvent être de formidables vecteurs de diffusion de l’innovation, restent notamment plus élevées que dans la moyenne des pays de l’OCDE. La pénurie d’infrastructures crée également des conditions peu propices à une accélération de l’investissement et des gains de productivité. De ce point de vue, le vaste programme d’investissement en infrastructures (504 milliards de reals entre 2007 et 2010 soit 4 à 5 points de PIB par an) présenté en janvier 2006 par le président Lula dans le cadre du « Programme d’accélération de la croissance » (PAC) apparaît bienvenu. Son financement apparaît toutefois peu assuré. Même sous les hypothèses très favorables de croissance retenues par le gouvernement, et à moins d’envisager une décrue sans précédent des taux d’intérêt, une prise en charge totale par le secteur public consolidé des dépenses prévues pousserait en effet à nouveau la dette publique à la hausse. Une implication significative du secteur privé paraît donc nécéssaire. Elle semble toutefois loin d’être acquise en dépit des incitations fiscales prévues dans le dispositif (exonération de la taxe sur les recettes des nouveaux investissements en infrastructures) du fait de la persistance d’obstacles règlementaires et du coût élevé du financement. La pénurie de main d’œuvre qualifiée qui est associée à des taux de scolarisation encore faibles, notamment dans le secondaire et dans le supérieur, et à des inégalités de revenu encore très fortes avec des poches d’exclusion sociale importantes, demeure également sans doute une limite sérieuse à une accélération de la productivité totale des facteurs (OCDE, 2005 et 2006). Le cas de l’Argentine Dans le cas de l’Argentine en revanche, un scénario du type du scénario 3 où la productivité totale des facteurs retrouverait à moyen 13 terme les rythmes de croissance très médiocres observés en moyenne sur la période 1960-2006 semble le plus plausible. Le modèle à composantes inobservables que nous avons utilisé montre du reste que l’output gap est positif depuis début 2005. En prévision, il suggère que l’output gap redeviendrait négatif à partir de 2008 et fait apparaître de surcroît un net ralentissement de la croissance tendancielle. Les forts gains de productivité observés depuis 2003 (+5,8 % par an en moyenne) sont de fait sans doute essentiellement le reflet d’un phénomène de rattrapage « post-crise » dans un contexte conjoncturel au demeurant très favorable. La productivité totale des facteurs dépassait du reste à peine en 2006 son niveau de 1998 (cf. graphique ci-dessus) et les obstacles à une poursuite de son redressement à un horizon de moyen terme paraissent nombreux. Le maintien des rythmes de croissance de la productivité totale des facteurs observés depuis quatre ans pourrait notamment être compromis par une accumulation de capital insuffisante. Certes, la progression très soutenue de l’investissement (+27,9 % par an en moyenne depuis quatre ans) a permis au stock de capital total de retrouver son niveau antérieur à la crise. Selon nos estimations, il dépassait même en 2006 son niveau de 2001 de 1,7 %. En revanche, sous les hypothèses de dépréciation du capital13 que nous avons retenues, le stock de machines et équipement s’inscrivait encore en 2006 à un niveau légèrement inférieur à celui qui était le sien avant la crise. Surtout, jamais les ratios stock de capital par employé et stock de capital sur PIB n’ont été aussi faibles depuis le début des années 1980. Cette situation se traduit par des tensions persistantes sur les capacités. Les taux d’utilisation des capacités dépassent notamment les 90 % dans certains secteurs clefs de l’industrie manufacturière (raffineries de A la suite de Maia et Nicholson (2001), nous avons retenu un taux de dépréciation de 13 % pour le stock de capital en machines et équipement (hors transport) national et de 16 % pour le stock de capital en machines et équipement (hors transport) sur la période 1998-2006 en supposant notamment, ce qui est une hypothèse plutôt favorable, que la crise dramatique qu’a connue l’économie argentine n’a pas entraîné d’accélération du vieillissement des équipements. 61 Analyse structurelle pétrole et industries métalliques de base) depuis fin 2004. Les tensions sont également importantes dans les secteurs de l’électricité et du gaz, les capacités de transport dans ce dernier secteur semblant notamment insuffisantes pour soutenir une accélération de la demande. Les risques de voir apparaître, à un horizon de cinq ans, des goulots d’étranglement et des situations de rationnement des approvisionnements en énergie qui entraîneraient probablement des pertes d’efficacité dans un grand nombre de secteurs, sont donc non négligeables. Le problème de l’énergie semble notamment particulièrement aigu dans la mesure où les investissements de capacités mettent souvent plusieurs années avant d’être opérationnels. Si le gouvernement devrait prendre en charge certains projets14 en la matière, un redressement de l’investissement privé paraît en revanche plus incertain en l’absence de résolution du conflit qui oppose l’Etat argentin aux prestataires privés de services publics, qui ont subi une compression drastique de leurs marges du fait de la pesification de l’économie et du gel de leur tarifs. Les mesures de contrôle des prix ont du reste été étendues à partir de la fin 2005 à une vaste gamme de produits à l’issue d’accords entre les principaux producteurs et distributeurs du pays et le gouvernement. Certes, cette politique hétérodoxe a permis de limiter pour l’instant le dérapage de l’inflation. Celle-ci avait nettement accéléré à partir de la fin 2004 en lien, semble-t-il, avec les tensions croissantes sur les capacités de production et avec un output gap positif. Le glissement annuel de l’indice des prix à la consommation est ainsi passé de 12,3 % en décembre 2005 à 9,1 % en mars 2007. Toutefois, outre que le récent remplacement de la responsable en charge de la mesure des prix à la consommation par une fonctionnaire du Ministère de l’économie a jeté un doute sur la crédibilité 14 15 des données, les mesures de gel des prix pourraient s’avérer inefficaces à moyen terme. Elles pourraient même peser sur l’investissement, accroître les distorsions dans l’économie et limiter les gains de productivité, conduisant à une accentuation des tensions inflationnistes. Les risques d’un dérapage de l’inflation sont d’autant plus importants que les salaires continuent à progresser à un rythme nettement supérieur à l’inflation (+18,4 % en glissement annuel en janvier 2007) et pourraient même accélérer encore à l’issue des négociations salariales qui se tiennent actuellement15. Surtout, les politiques macroéconomiques conservent une orientation très expansionniste, qui, si elle était parfaitement adaptée dans l’immédiat après-crise, paraît moins légitime à présent, l’économie tournant aux limites de ses capacités. Ces politiques expansionnistes contribuent à réduire la visibilité sur la trajectoire de moyen terme de l’économie argentine et accroissent la probabilité d’un scénario d’ajustement brutal via une accélération de l’inflation, créant un climat peu favorable à une accélération de l’investissement et au maintien de gains de productivité soutenus. La politique monétaire semble notamment peu à même de stabiliser l’économie. En dépit d’une remontée graduelle depuis quelques mois, les taux d’intérêt réels demeurent négatifs. Certes, le maintien de taux d’intérêt faibles peut paraître approprié dans un contexte où les ratios crédits sur PIB demeurent très faibles et où une vive croissance de l’investissement est nécéssaire pour limiter les tensions sur les capacités et permettre une poursuite du redressement de la productivité. Dans un contexte où les ratios de crédits sont faibles, une hausse des taux d’intérêt n’est du reste pas le meilleur outil pour refroidir la demande. En revanche, le maintien du taux Pour plus de détail, consulter la liste des projets d’investissements publics disponible sur le site du ministère de l’économie http://www2.mecon.gov.ar/pnip/basehome/invpub.php De nombreuses organisations syndicales demandent en effet des hausses de salaires supérieures ou égales à 20 %, prenant argument des substantielles revalorisations du traitement récemment accordées par le gouvernement aux enseignants (+24 % en termes nominaux) et de la possible sous-estimation de l’inflation par les chiffres officiels. 62 Quelles perspectives de croissance pour l’Amérique latine à moyen terme ? de change du peso à un niveau compétitif que semble toujours privilégier la Banque centrale risque d’entrer en conflit avec l’objectif de stabilisation de l’inflation, encourageant notamment les hausses des salaires et des prix dans le secteur des biens non échangeables. Une politique budgétaire plus restrictive pourrait être l’outil approprié pour refroidir la demande et, ce faisant, calmer les tensions inflationnistes. Les évolutions actuelles ne semblent toutefois pas aller dans ce sens, les dépenses primaires tendant à progresser plus vite que les recettes et ayant même nettement accéléré depuis quelques mois. Cette tendance devrait perdurer dans les mois à venir. La perspective des élections présidentielles de 2007, où le président Kirchner devrait être candidat à sa propre succession, rend en effet peu probable un durcissement de la politique budgétaire. Certes, le solde des administrations publiques s’inscrit toujours en excédent (+1,8 % du PIB en 2006) et les ratios dette publique/PIB et service de la dette /PIB ont continué à diminuer après l’opération de restructuration de la dette en défaut lancée le 17 janvier 2005 et le remboursement par anticipation des obligations externes contractées auprès du FMI en décembre 2005. Les risques de sanction financière à court terme paraissent donc limités et les spreads obligataires s’inscrivent du reste à un niveau plancher. A moyen terme toutefois, le rythme actuel de croissance des dépenses publiques semble difficilement soutenable, ne serait-ce que parce que la vive croissance des revenus observés depuis quatre ans reflète en partie un processus de normalisation de l’économie après la crise. La faible qualité des institutions budgétaires laisse toutefois craindre que l’ajustement des dépenses à un scénario de plus faible croissance des recettes ne soit dominé par des considérations politiques de court terme et ne se fasse au détriment des dépenses d’investissement. Le cas du Mexique Dans le cas du Mexique comme dans le cas du Brésil, le redressement de la productivité totale des facteurs observé sur la période récente possède à l’évidence une composante conjoncturelle et peut notamment être mis en relation avec une utilisation plus intensive du capital dans un contexte d’accélération cyclique. Toutefois, le modèle à composantes inobservables que nous avons utilisé suggère que l’output gap est très proche de zéro. Surtout, les progrès accomplis en matière de stabilité macroéconomique depuis la crise de 1995 rendent peu probable un retour aux rythmes très médiocres de croissance de la productivité totale des facteurs observés sur longue période. L’économie mexicaine a du reste montré une remarquable résilience depuis neuf ans. Elle a notamment été épargnée par les crises qui ont affecté les économies brésiliennes et argentine en 1998 et en 2001-2002. Sur le front de la politique monétaire, le passage à une politique de ciblage d’inflation après la crise de 1995 et l’abandon de l’ancrage par le change a permis une désinflation. Le glissement annuel de l’indice des prix à la consommation est passé de 51 % fin 1995 à 4,4 % fin 2001 et s’est depuis maintenu dans un intervalle allant de 3 à 5,5 %. Ce mouvement a été accompagné par une réduction progressive des objectifs d’inflation fixés. Les autorités monétaires visent depuis quatre ans une cible de 3 % avec un intervalle de tolérance de + ou – 1 %. La transparence du cadre de politique monétaire a été progressivement renforcée (institution d’un calendrier préfixé pour les réunions de politique monétaire et communication rapide des décisions, publication régulière de rapport d’inflation explicitant les perspectives d’évolution des prix). Le mécanisme d’intervention de la Banque centrale a également pu être modifié, le système du « corto », qui consistait à modifier le montant des fonds 63 Analyse structurelle proposés aux banques à un taux supérieur à celui du marché, ayant été remplacé à partir de 2005 par un taux directeur. Les autorités monétaires sont, dans ce contexte, parvenues à acquérir une certaine crédibilité. Depuis 2004, les anticipations d’inflation sont restées bien ancrées dans l’intervalle ciblé par les autorités monétaires, bien que le glissement annuel de l’indice des prix à la consommation ait à plusieurs reprises franchi la barre des 4 %. La politique monétaire est même parvenue à un certain degré d’autonomie par rapport au cycle américain, les autorités monétaires ayant notamment pu assouplir les conditions monétaires en 2005 au moment où la FED relevait ses taux directeurs. Sur le front budgétaire, la situation des finances publiques a été nettement assainie depuis dix ans même si elle reste fragile. Les résultats budgétaires ont été dans l’ensemble conformes aux objectifs fixés et le déficit budgétaire n’a jamais dépassé -1,2 % du PIB depuis 199516 en dépit des fluctuations cycliques et des variations des prix du pétrole. Un fond de stabilisation pétrolière a même été créé en 2000 pour amortir l’impact sur le budget des fluctuations des recettes pétrolières, qui représentent plus de 30 % des recettes publiques, et d’éviter que l’ajustement en cas de ralentissement conjoncturel ne se fasse via une compression des dépenses et notamment des dépenses d’investissement. Le poids de la dette publique a nettement diminué depuis 1995, se stabilisant depuis 2002 aux alentours de 20 % du PIB et une politique active de gestion a permis d’améliorer sa structure (allongement des maturités, réduction du poids de la dette externe et rem16 64 Le concept de déficit public retenu par le gouvernement mexicain donne une image un peu biaisée toutefois de la réalité des finances publiques dans la mesure où il exclut le coût des programmes de sauvetage du secteur financier et celui des projets mixtes d’investissement public / privé qui ont une incidence différée sur le budget (PIDIREGAS). Il inclut en revanche les recettes exceptionnelles liées notamment aux privatisations. De ce point de vue, il est préférable de se référer au « besoin de financement du secteur public ». Quoi qu’il en soit, celui-ci n’a cessé de reculer depuis sept ans, passant de 6,4 % du PIB à 1,2 % du PIB en 2006. boursement par avance de certaines obligations contractées auprès de la Banque mondiale et de la Banque interaméricaine de développement, diversification des sources de financement, remplacement sur le marché interne des instruments à taux variables par des instruments à taux fixes). Comme dans le cas du Brésil, les progrès réalisés en matière de stabilisation des conditions macroéconomiques au cours des dernières années créent des conditions plus favorables aux gains de productivité et à l’investissement, accréditant des rythmes de croissance proches en moyenne à moyen terme de ceux envisagés dans le scénario 1. Toutefois, le passage à un régime de croissance plus élevé du type de celui envisagé dans le scénario 3 paraît tout aussi peu probable d’autant que les réformes nécéssaires pourraient être rendues difficiles par les troubles politiques apparus à la suite de l’élection du président Calderon en juillet 2006 et par l’absence de majorité stable au Congrès. La pénurie de main d’œuvre qualifiée, qui se reflète dans un nombre moyen d’années de scolarisation très faible au regard de celui observé dans les autres pays de l’OCDE associés à des inégalités de revenus très fortes (OCDE, 2005 b) constitue notamment une limite sérieuse à une accélération de la productivité du travail. Les rigidités du marché du travail, qui se caractérisent par un dualisme prononcé entre un secteur formel où les emplois, généralement plus qualifiés, sont protégés par une législation très stricte et un secteur informel, drainant près de 40 % des effectifs employés, sont également généralement considérées comme un obstacle à une allocation efficiente de la main d’œuvre et aux gains de productivité (Loayza, 1997, Faal, 2005 et OCDE, 2005). Par ailleurs, l’insuffisance des infrastructures (électricité transport et communication), associée notamment aux rigidités des industries de réseaux, renchérit les coûts de production, pèse sur la productivité et crée un climat peu favorable à l’investissement (OCDE, 2005 b). Les incertitudes juridiques et le degré élevé de corruption sont également des facteurs désincitatifs. Des réformes dans ces domaines sont nécessaires pour que le Quelles perspectives de croissance pour l’Amérique latine à moyen terme ? Mexique puisse faire face à la concurrence chinoise et tirer pleinement bénéfice de l’ALENA et de sa proximité géographique avec les Etats-Unis. Les impacts pour l’économie mexicaine de la libéralisation du commerce avec les Etats-Unis et le Canada sont jugés soit positifs mais faibles (Banque Mondiale, FMI, Hufbauer et al. 2005), soit non significatifs (Weisbrot, Rosnick et Baker 2004). Cette situation est généralement attribuée aux faiblesses structurelles précédemment citées de l’économie mexicaine (degré trop limité de concurrence dans de nombreux secteurs, insuffisances de capital humain et d’infrastructures et absence de montée en gamme). Conclusion Au final, si la croissance a nettement accéléré au cours des quatre dernières années dans la plupart des pays d’Amérique latine, les conditions pour une reprise de la convergence avec les Etats-Unis à un horizon de moyen ne paraissent toujours pas réunies. Les perspectives semblent toutefois très différenciées selon les pays. En Argentine, le redressement de l’activité apparaît en grande partie comme le résultat d’un phénomène de rattrapage après la crise dramatique de 2001 dans un contexte conjoncturel au demeurant très favorable. Les rythmes de croissance observés sur la période récente ne semblent pas pouvoir être extrapolés à un horizon de moyen terme. Le modèle à composantes inobservables que nous avons estimé suggère que l’output gap est positif depuis début 2005 et prédit un net ralentissement de la croissance. L’appareil industriel fonctionne au demeurant aux limites de ses capacités et le risque de voir se généraliser des goulots d’étranglement à un horizon de cinq ans ne peut être écarté. Un maintien des rythmes de croissance élevés de la productivité totale des facteurs observés sur la période récente et une accélération dans les rythmes d’accumulation du capital paraissent d’autant moins probables que les politiques économiques contribuent à réduire la visibilité sur la trajectoire de moyen terme de l’économie argen- tine et accroissent la probabilité d’un scénario d’ajustement brutal via une accélération de l’inflation. Nous privilégions donc à horizon 2011 pour l’Argentine un scénario bas avec des rythmes de croissance plus proches de 3 % l’an en moyenne que des 9 % observés sur la période récente. Dans le cas du Brésil et du Mexique, les changements profonds intervenus depuis la fin des années 1990 incitent à davantage d’optimisme. L’accélération de la croissance est certes sans doute associée à un phénomène d’accélération cyclique, le redressement de la productivité totale des facteurs observé sur la période récente étant notamment probablement en partie le reflet d’une utilisation plus intensive des facteurs de production. Toutefois, le modèle à composantes inobservables que nous avons utilisé suggère que l’output gap est quasi nul dans le cas du Mexique et encore très négatif dans le cas du Brésil où la politique monétaire a été très restrictive au cours des dernières années. Surtout les progrès considérables accomplis en matière de stabilité macroéconomique dans les deux économies créent un climat favorable au maintien des forts gains de productivité et des taux d’investissement observés sur la période récente. Toutefois, le passage à un régime de croissance plus élevé paraît difficile à moyen terme compte tenu des faiblesses structurelles dont souffrent ces deux économies (faiblesse et coût élevé du financement bancaire, pénurie d’infrastructure, taux d’imposition élevé, importance des inégalités de revenu et faibles niveaux de formation de la main d’œuvre au Brésil ; pénurie d’infrastructure, importance des inégalités de revenu et faibles niveaux de formation de la main d’œuvre, insécurité juridique et degré élevé de corruption au Mexique). Aussi privilégions-nous pour ces deux pays des « scénarios moyens » qui correspondent à des rythmes de croissance proches de 4 % l’an au Mexique et de 3,2 % l’an au Brésil. Achevé de rédiger le 25 avril 2007 Mourad Ayouz - [email protected] Valérie Perracino - [email protected] 65 Analyse structurelle Références Barro R. J., Sala i Martin, (1996) « La croissance économique », Mc Graw –Hill. Barro R. J., (1999) « Inequalities and Growth in a Panel of Countries », Harvard University, June. Berg, Leiter, Ostry et Zettelmeyer, (2006) « What makes growth sustained » Unpublished, Washington, IMF. Bosworth B.P. et Collins S.M., (2003) « The Empirics of Growth, : an Update, Brookings Papers on Economic Activity », The Brookings Institution, n° 2. Caprio J. and D. Klingebiel D., (1999), « Episodes of Systemic and Borderline Financial Crises », World Bank Dataset, January. Cornia G.A, Court J., (2001), « Inequalities, Growth and Poverty in the Era of Liberalization and Globalization », Policy Brief, n° 4, World Institute for Development Economics Research. De Long B. and Summers L. (1991), « Equipment investment and Economic growth », Quarterly Journal of Economics, vol. 106 (2). De Long B. and Summers L. (1992), « Equipment investment and economic growth: How strong is the nexus », Brookings Papers on Economic Activity, vol. 1992 (2). Elson A., (2006), « What happened ? Why East Asia surged ahead of Latin America and some lessons for economic policy », Finance and development, vol 43, IMF, juin. Hufbauer G.C. and Schott J.J., (2005), « NAFTA Revisited », Institute for International Economics. Kaminsky et Reinhart, (1999), « The twin crises : the causes of Banking and Balance of Payments Problems », The American Economic Review, Vol. 89, No. 3, juin. Frankel J.A, Rose A.K, (1996), « Currency crashes in emerging markets : an empirical treatment », International Finance Discussion Paper, n° 534, Board of Governors of the Federal Reserve System,. Klenow, P. J. and Rodriguez-Clare A. (1997). « The Neoclassical Revival in Growth Economics: Has It Gone too Far? », NBER Macroeconomics Annual, 1997: 93-103 Loayza N., Fajnzylber P., Calderon C, « Economic Growth in Latin America and the Caribbean : Stylized Facts Explanations and Forecasts » working paper n° 265 , Banque centrale du Chili, juin 2004. OCDE « OECD Economic Surveys : Brazil », OCDE, 2005. 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L’enquête recueille l’image des produits en provenance des principaux pays européens, des pays d’Europe centrale et orientale, des Etats-Unis, du Japon, et des pays émergents d’Asie, en particulier la Chine. Les résultats montrent que les biens de consommation allemands restent en tête sur les aspects hors prix, devançant les produits français qui possèdent toujours une bonne compétitivité hors prix. orsqu’on cherche à analyser l’évolution à court terme des parts de marché d’un pays, le facteur explicatif le plus souvent évoqué est la compétitivité-prix. On dira qu’un pays est compétitif en termes de prix s’il est capable de proposer sur un marché des produits similaires à ceux de ses concurrents mais à des prix inférieurs. Cette compétitivité-prix repose principalement sur les coûts de production, la productivité (à travers les coûts salariaux unitaires), les taux de change et le comportement de marge des entrepreneurs. Mais, au-delà de cette compétitivité-prix, conjoncturelle, l’évolution des parts de marché est aussi fonction de la compétitivité hors prix, plus structurelle. Un pays est considéré comme compétitif sur les aspects hors prix s’il est capable d’imposer ses produits indépendamment de leur prix. L Ainsi, la qualité, le contenu en innovation technologique, l’ergonomie ou le design d’un produit sont des aspects qui permettent à une entreprise de gagner des parts de marché. De même, d’autres critères hors prix tels que la notoriété de la marque ou la performance des réseaux de distribution (efficacité des services commerciaux, brièveté et respect des délais de livraison) constituent des facteurs importants dans la compétition internationale. Ces critères hors prix des produits évoluent plus lentement et sont moins sensibles aux fluctuations conjoncturelles que les prix. Ils sont fonction de déterminants tels que l’effort d’investissements matériel (augmentation et amélioration des capacités de production) et immatériel (formation, marketing, logiciels, recherche et développement), l’organisation du travail et de la production ou la politique économique. L’actualité économique de ces derniers mois est également venue souligner l’importance croissante du rôle de la compétitivité hors prix dans le commerce international. En effet, cette dernière constitue un outil efficace pour les entreprises européennes face à l’arrivée massive de biens en provenance de pays à bas coûts de main-d’œuvre, possédant donc une forte compétitivité-prix. De plus, la compétitivité hors prix joue également un rôle d’amortisseur des chocs monétaires, en termes de parts de marché à l’exportation. C’est le cas notamment pour les entreprises européennes en période de surévaluation de l’euro vis-à-vis des principales monnaies, en particulier le dollar auquel sont plus ou moins arrimées la plupart des monnaies asiatiques. 67 Analyse structurelle La stagnation du dollar vis-à-vis de l’euro entre les deux enquêtes n’a pas permis aux produits américains d’améliorer leur imageprix depuis 2004 ; ils restent ainsi jugés trop chers sur le marché européen. De plus, comme ils n’ont pas restauré leur compétitivité hors prix, qui s’était fortement dégradée en 2004, ils affichent un mauvais ratio qualité-prix. En revanche, les biens de consommation japonais parviennent à conserver leur compétitivité hors prix face aux trois grands pays européens, notamment par leur qualité et leur contenu en innovation. En revanche, malgré la faiblesse du yen, les produits japonais sont jugés comme de plus en plus chers, ce qui reflète certainement un comportement de marge de la part des exportateurs. Afin de fournir une mesure de la compétitivité hors prix des pays, Coe-Rexecode mène tous les ans une enquête d’opinion auprès d’un échantillon d’importateurs européens sur l’image compétitive des produits importés de chacun des ces pays européens, ainsi que d’autres zones économiques, en termes de prix et de critères hors prix (voir encadré cidessous pour la méthodologie de l’enquête). La dernière enquête compétitivité hors prix de Coe-Rexecode, effectuée en décembre 2006, met en lumière l’avance des biens de consommation allemands sur leurs aspects hors prix. Pour les quatre secteurs considérés (habillement-textile, équipement du logement, hygiène-beauté et agro-alimentaire), les biens allemands devancent les biens français et italiens, ces derniers se positionnant en retrait des biens français. Les allemands maintiennent leur écart avec leurs deux principaux concurrents grâce à la qualité de leurs produits, mais également grâce à des scores élevés dans les services. Présents depuis 2004 dans l’enquête compétitivité hors prix, les produits chinois sont jugés comme étant extrêmement avantageux en termes de prix, affichant la meilleure image-prix. Leur appréciation relative aux prix est particulièrement élevée dans les sec- Positionnement relatif de l’image-prix et hors prix des biens de consommation en 2004 et 2006 0.6 0.5 Chine 0.4 Score prix 0.3 0.2 Asie émergente 0.1 Espagne Italie Peco France 0.0 -0.1 Etats-Unis Japon -0.2 Allemagne -0.3 Royaume-Uni -0.4 -0.5 -0.6 68 -0.5 -0.4 -0.3 -0.2 -0.1 0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 Compétitivité hors prix des biens de consommation Evolution de l’image du ratio qualité-prix des biens de consommation entre 2004 et 2006 0.60 0.40 2004 2006 0.20 0.00 -0.20 -0.40 Pe co As ie m eUn Et i at sUn is -0.60 Ro ya u Depuis 1990, Coe-Rexecode réalise chaque année une enquête auprès des importateurs de six pays européens (France, Allemagne, Italie, Royaume-Uni, Belgique et, depuis 1996, Espagne) sur l’image relative à la compétitivité des produits importés en termes de prix et de critères hors prix. L’enquête porte alternativement sur les biens de consommation, d’une part (années paires), et les biens intermédiaires et d’équipement, d’autre part (années impaires). Depuis 1998, l’enquête incorpore l’image des produits importés de l’Asie émergente. Depuis 2000, l’enquête a été également élargie aux biens en provenance des Etats-Unis et du Japon et, depuis 2002, l’image des biens en provenance des pays d’Europe centrale et orientale a été également recueillie. Enfin, depuis deux ans, Ch in e Ja po n Méthodologie de l’enquête Coe-Rexecode Les importateurs évaluent si le produit, sous ces différents aspects, est mieux, aussi bien ou moins bien placé que l’ensemble des produits concurrents présents sur leur marché (y compris les produits nationaux). Pour chaque critère, des scores sont alors calculés, en supposant que ces notes résultent d’une variable latente distribuée selon une loi n o r m a l e centrée-réduite. On en déduit donc des scores moyens relatifs pour chacun des pays d’origine, sur le critère prix et sur l’ensemble des critères hors prix. Par la suite, l’analyse des scores moyens est effectuée pour chacun des marchés considérés, puis pour chacun des secteurs. Ita lie Es pa gn e D’une manière générale, l’enquête met en évidence une amélioration significative des scores-prix des pays à bas coûts de main d’œuvre (Chine et PECO) sur le marché européen, en particulier sur deux secteurs clés, l’habillement-textile et l’équipement du logement. De plus, en dépit d’une évolution favorable de leur monnaie depuis quelques années, l’enquête révèle que les biens japonais et américains n’arrivent pas à s’imposer par leurs prix sur les marchés européens. Sur chacun des six marchés européens, les importateurs enquêtés jugent les produits des autres pays étudiés selon leur prix et leurs caractéristiques hors prix. Les critères hors prix considérés sont les suivants : la qualité, le contenu en innovation technologique, la notoriété, les délais de livraison, le service commercial, le service aux utilisateurs et le rapport qualité-prix. Depuis 2000, l’enquête incorpore également un item relatif à l’ergonomie et au design des produits. Les biens de consommation considérés dans l’enquête sont regroupés en quatre secteurs différents : habillement-textile, équipement du logement, hygiène-beauté et agro-alimentaire. ag ne Fr an ce Enfin, les produits en provenance des pays d’Europe centrale et orientale (PECO) améliorent simultanément leur compétitivité-prix et hors prix par rapport à 2004. Ceci implique un net redressement de leur ratio qualité-prix qui rejoint désormais celui des produits asiatiques ou américains. l’image des biens chinois a remplacé celle des biens belges dans l’enquête. Al le m teurs de l’habillement-textile et de l’équipement du logement. De plus, malgré la stabilité de leur monnaie face à l’euro entre les deux enquêtes, leur image-prix s’améliore sur le marché européen. Les biens chinois se différencient ainsi des biens en provenance de l’ensemble de l’Asie émergente en étant mieux jugés, à la fois sur leurs aspects prix et sur leurs aspects hors prix. © Coe-Rexecode 69 Analyse structurelle Compétitivité hors prix des pays Nous présentons ci-dessous les principaux résultats de l’enquête compétitivité hors prix de 2006 pour chacun des pays ou zones, considérés, classés par ordre décroissant selon le critère synthétique hors prix. et l’équipement du logement, bien que leur image-prix dans le secteur de l’agro-alimentaire s’améliore. Cette évolution sectorielle est peut-être due à un effet de gamme. Ainsi, le ratio qualité-prix des produits allemands se dégrade par rapport à 2004, mais reste cependant le plus apprécié. Bonne compétitivité des produits français Les produits allemands toujours devant La compétitivité hors prix des biens de consommation allemands sur le marché européen en 2006 devance nettement celle des autres pays considérés dans l’enquête. Bien que n’ayant que très peu évolué cette année, le critère hors prix des produits allemands reste largement le plus apprécié. L’écart entre les biens allemands et les biens des autres pays est surtout sensible sur les aspects liés aux services (service commercial, service client et délais de livraison). De plus, le critère de la qualité arrive en tête dans tous les secteurs. En revanche, sur les autres critères hors prix, les biens allemands sont jugés de manière équivalente aux biens français et italiens. Seul leur design est jugé un peu en retrait par rapport aux autres critères et on note que le contenu en innovation et la notoriété de leurs marques sont en recul. Les biens de consommation français présentent une bonne image sur le marché européen, à la fois sur les critères prix et hors prix. Leur image-prix se situe dans la moyenne des pays enquêtés, s’améliorant même légèrement par rapport à 2004. S’agissant des aspects hors prix, les biens français obtiennent en 2006 de bons scores et se positionnent derrière les biens allemands, juste devant les biens italiens. Les critères hors prix les plus appréciés restent la qualité, le design et la notoriété des marques. Le design français est d’ailleurs de plus en plus apprécié, se situant juste derrière celui des italiens, leaders sur ce critère. En revanche, le contenu en innovation technologique des biens est toujours en retrait vis-à-vis des autres critères. Ce fait stylisé est récurrent chez les biens français au fil des enquêtes, que ce soit pour les biens de consommation ou les biens d’équipement. S’agissant des prix, les produits allemands sont jugés de plus en plus chers sur le marché européen, notamment dans l’habillement Bien qu’en recul marqué dans le secteur de l’hygiène-beauté par rapport à la dernière Allemagne France 2004 0.50 2006 0.40 0.30 0.30 0.20 0.20 0.10 Se rv ice © Coe-Rexecode Q /P H or sP rix Pr ix D él ai s m er Se cia rv l ice Cl ie nt Co m Q Pr ix Q /P H or sP rix Co m D él ai s m e r Se cia rv l ice Cl ie nt -0.10 ua lit é D es ig n In no va tio n N ot or ié té 0.00 -0.20 Q 2006 0.10 0.00 -0.10 70 2004 Se rv ice 0.40 In no va tio n N ot or ié té 0.50 ua lit é D es ig n 0.60 © Coe-Rexecode Compétitivité hors prix des biens de consommation enquête, c’est dans ce secteur que les biens de consommation français obtiennent leurs meilleurs scores hors prix. Ils y recueillent la plus forte notoriété et rivalisent avec les biens allemands sur la qualité et avec les biens italiens sur le design. Par contre, c’est dans le secteur de l’équipement du logement que les biens français sont les moins bien positionnés, la qualité et le contenu en innovation technologique leur faisant défaut et la notoriété étant en nette baisse. Dans ces conditions, le ratio qualité-prix des biens français se rapproche de celui des biens allemands, loin devant celui des autres pays enquêtés. Par secteur, ce ratio qualité-prix est toujours bien positionné, excepté dans l’équipement du logement où il est un peu en retrait. Des produits italiens compétitifs sur les aspects hors prix Après avoir progressivement amélioré leur compétitivité hors prix, pour s’approcher désormais des biens français sur ces aspects, les biens de consommation italiens subissent un recul de leur score hors prix en 2006. En particulier, les biens italiens sont en baisse sur leurs aspects les plus appréciés, à savoir leur contenu en innovation technologique, leur notoriété et leur design. Toutefois, sur ce dernier critère, les produits italiens devancent toujours les autres pays. S’agissant des services, les biens italiens recueillent de moins bons scores, dans la moyenne des Italie 0.80 0.60 2004 0.40 2006 0.20 0.00 Q /P H or sP rix Pr ix er Se cia rv l ice Cl ie nt D él ai s m Co m Se rv ice Q ua lit é D es ig n In no va tio n N ot or ié té -0.20 © Coe-Rexecode autres pays, sans évolution notable par rapport à la précédente enquête. Par secteur, c’est dans l’équipement du logement que les produits italiens subissent la plus forte dégradation de leurs scores hors prix, en particulier pour les critères de qualité et de notoriété des marques. L’image-prix des biens italiens est celle qui subit la plus forte baisse entre les deux enquêtes. Cette évolution est principalement engendrée par le fort recul observé dans l’équipement du logement et, dans une moindre mesure, dans l’hygiène-beauté. Dans le secteur de l’équipement du logement, les produits italiens subissent certainement la concurrence sur les prix des pays à faible coût de production comme les pays asiatiques émergents et les PECO. Dans ce contexte, le score du ratio qualité-prix se dégrade, mais reste positif. Les produits japonais jugés trop chers Les biens de consommation japonais, concurrents habituels des biens des trois grands pays européens sur leurs aspects hors prix, maintiennent leur bonne image hors prix sur le marché européen. Les produits japonais sont surtout appréciés pour leurs caractéristiques intrinsèques, à savoir la qualité, le design et le contenu en innovation technologique. Sur ce dernier critère, les biens japonais sont les plus appréciés, devant les biens allemands, italiens et américains. En revanche, ils sont pénalisés par les services offerts autour des produits. En particulier, les délais de livraison sont toujours jugés trop longs, en dessous de la moyenne des autres pays, notamment dans le secteur agro-alimentaire. Par secteur, c’est dans l’habillement que les produits japonais sont les moins appréciés, alors que leurs scores dans l’hygiène-beauté se sont fortement dégradés par rapport à l’enquête précédente. 71 Analyse structurelle mentaires et de l’équipement du logement voient baisser sensiblement leur image-prix. Japon 0.40 2004 2006 0.20 0.00 -0.20 Q /P H or sP rix Pr ix er Se cia rv l ice Cl ie nt D él ai s m Co m Se rv ice Q ua lit é D es ig n In no va tio n N ot or ié té -0.40 © Coe-Rexecode Après avoir enregistré une amélioration de leur positionnement sur les prix au début des années 2000, l’image-prix des produits japonais subit un net recul en 2006 sur le marché européen. Ainsi, malgré leur bonne image hors prix, les produits japonais présentent un ratio qualité-prix négatif. L’image-prix américaine ne profite pas de la faiblesse du dollar Dans le même temps, la compétitivité hors prix des biens américains, habituellement proche de celle des trois grands pays européens, en reste éloignée en 2006. Cet écart est particulièrement marqué dans le secteur de l’habillement, surtout en ce qui concerne la qualité et le design. D’une manière générale, les biens de consommation américains sont de plus en plus appréciés pour leur contenu en innovation technologique et possèdent toujours une forte notoriété. En revanche, les scores relatifs au design et aux services se dégradent. Au total, le ratio qualité-prix des produits américains est donc en recul ; il se situe désormais juste devant celui des produits asiatiques et des PECO. Les produits britanniques toujours les plus chers La stagnation du dollar vis-à-vis de l’euro entre les deux dernières enquêtes de novembre 2004 et décembre 2006, autour d’un faible niveau, n’a pas permis aux produits américains d’améliorer leur image-prix. Ces derniers restent jugés trop chers sur le marché européen, proches des produits japonais en termes de prix. En particulier, les produits agro-ali- Après avoir enregistré une amélioration entre 2002 et 2004, la compétitivité hors prix des biens de consommation britanniques recule légèrement cette année. Cette évolution est due à une nette dégradation des scores relatifs aux services autour des produits, points forts traditionnels des produits britanniques. Dans le même temps, l’image des critères intrinsèques aux produits ne parvient pas à s’améliorer significativement. Les critères de Etats-Unis Royaume-Uni 0.40 0.40 0.20 2004 0.30 2004 2006 0.20 2006 0.10 0.00 0.00 -0.10 -0.20 -0.20 -0.30 Q /P H or sP rix Pr ix D él ai s m er Se cia rv l ice Cl ie nt Co m Se rv ice Q Q /P H or sP rix Pr ix D él ai s m e rc Se ia rv l ice Cl ie nt Se rv ice Co m ua lit é D es ig n In no va tio n N ot or ié té Q 72 © Coe-Rexecode ua lit é D es ig n In no va tio n N ot or ié té -0.40 -0.40 © Coe-Rexecode Compétitivité hors prix des biens de consommation design et de contenu en innovation technologique sont jugés en retrait de l’ensemble des critères hors prix. Parmi les secteurs, l’équipement du logement est le seul pour lequel les produits britanniques rivalisent sur les aspects hors prix avec les produits italiens, américains ou français. Malgré une amélioration par rapport à 2004 dans le secteur de l’hygiène-beauté, les biens de consommation britanniques affichent toujours la plus faible image-prix des pays considérés dans l’enquête. En fait, les biens britanniques n’arrivent pas à regagner les pertes d’image-prix subies entre 1998 et 2000, lorsque la livre s’était fortement appréciée face à l’euro. Amélioration du ratio qualité-prix espagnol Malgré une légère amélioration, l’image hors prix des biens de consommation espagnols reste la moins appréciée des pays européens, se situant toutefois devant les pays asiatiques et les PECO. Parmi les différents critères hors prix, les produits espagnols pêchent surtout par un faible contenu en innovation technologique et une maigre notoriété, dont le score se dégrade par rapport à l’enquête effectuée en 2004. Dans l’ensemble, les critères intrinsèques aux produits sont moins appréciés que les services dont les scores se situent dans la moyenne des pays. Dans les secteurs de l’hygiène-beauté et de l’agro-alimentaire, les biens espagnols ont gagné en compétitivité hors prix via les aspects intrinsèques aux produits, notamment la qualité et le design. En termes de ratio qualité-prix, les biens espagnols améliorent leur position relative en prenant la quatrième place aux produits chinois et en se rapprochant des produits italiens. Cette évolution positive de leur ratio qualité-prix est particulièrement sensible dans le secteur agro-alimentaire. Des produits chinois imbattables sur les prix Les biens de consommation en provenance de Chine sont considérés comme possédant la meilleure image–prix, devançant largement les autres pays. De plus, leur position sur les prix s’est sensiblement améliorée depuis la dernière enquête de 2004 : ils ont connu la plus forte progression des scores-prix. L’écart sur les prix avec les autres pays est particulièrement marqué dans l’habillement et dans l’équipement du logement. En revanche, leurs aspects hors prix sont moins appréciés ; ils souffrent en particulier d’un fort déficit de notoriété sur le marché européen et leurs scores sur la qualité et le design sont largement négatifs. Au total, le ratio qualité-prix des biens chinois est jugé intéressant par les importateurs européens qui le placent juste derrière celui Espagne Chine 0.20 0.60 0.10 2004 0.40 2006 0.20 0.00 0.00 -0.20 -0.10 2004 -0.40 -0.20 Q /P H or sP rix Pr ix D él ai s m er Se cia rv l ice Cl ie nt Co m ua lit é D es ig n In no va tio n N ot or ié té Se rv ice © Coe-Rexecode Q Q /P H or sP rix Pr ix D él ai s m e rc Se ia rv l ice Cl ie nt Co m Se rv ice ua lit é D es ig n In no va tio n N ot or ié té Q 2006 -0.60 © Coe-Rexecode 73 Analyse structurelle des quatre grands pays de la zone euro. Ce ratio subit toutefois un léger recul par rapport à 2004, à cause d’une nette baisse du score hors prix dans l’équipement du logement. Les biens chinois se différencient ainsi des biens en provenance de l’ensemble de l’Asie émergente en étant mieux jugés, à la fois sur les aspects prix et hors prix. Bonne compétitivité-prix pour les produits asiatiques Les biens de consommation en provenance de l’ensemble des pays émergents d’Asie possèdent toujours une très bonne image-prix sur le marché européen, en particulier dans les secteurs de l’habillement et de l’équipement du logement. De plus, le score des prix dans l’habillement augmente sensiblement par rapport à la précédente enquête de 2004, indiquant ainsi que les importateurs européens jugent les produits textiles asiatiques comme de moins en moins chers. Bien qu’en légère amélioration par rapport à 2004, la compétitivité hors prix des produits asiatiques reste très faible, se situant juste devant celle des produits en provenance des PECO. En particulier, le design des produits et la notoriété des marques obtiennent des scores très négatifs. Au total, en dépit de leur image-prix avantageuse, le ratio qualité-prix des biens asiatiques est toujours l’un des plus mal perçu sur le marché européen. Forte amélioration de la compétitivité des PECO Parmi l’ensemble des biens de consommation considérés dans l’enquête, ceux en provenance des PECO présentent la plus forte progression des scores, à la fois sur les critères prix et hors prix. Par conséquent, le ratio qualité-prix croît de manière très significative : il rejoint désormais celui des produits asiatiques et américains. Même si la compétitivité hors prix des produits PECO reste encore la plus faible, elle se rapproche nettement de celle des pays émergents d’Asie et en particulier de la Chine. Cette progression est sensible sur l’ensemble des critères hors prix, même si on peut noter que les services recueillent de meilleures appréciations que les critères intrinsèques aux produits. L’hygiène-beauté est le secteur pour lequel les produits PECO recueillent les moins mauvais jugements sur les aspects hors prix, devançant d’ailleurs les produits chinois sur ce secteur. S’agissant des prix, le score des PECO continue de s’améliorer depuis 2002 ; il est désormais supérieur à celui des quatre pays de la zone euro. La plus forte progression de l’image-prix a eu lieu dans les secteurs de l’équipement du logement et de l’agro-alimentaire. Achevé de rédiger le 16 mars 2007 Laurent Ferrara [email protected] PECO Asie 0.40 0.20 0.20 0.00 0.00 -0.20 -0.20 -0.40 -0.40 2004 -0.60 Q /P H or sP rix Pr ix D él ai s m er Se cia rv l ice Cl ie nt Co m ua lit é D es ig n In no va tio n N ot or ié té Se rv ice © Coe-Rexecode Q Q /P H or sP rix Pr ix D él ai s m e Se rc ia rv l ice Cl ie nt Co m Se rv ice In no va tio n N ot or ié té ua lit é D es ig n Q 2006 -0.80 -0.80 74 2004 -0.60 2006 © Coe-Rexecode Titre de chapitre Point de vue 77 Trend or cycle? On the causes of the improved economic performance in Germany Roland Döhrn 75 Point de vue Trend or cycle? On the causes of the improved economic performance in Germany par Roland Döhrn In 2006, the German economy grew unexpectedly strong. This gives rise to argue whether this was caused by a prudent policy enhancing potential output growth, or whether it was only a cyclical phenomenon. This paper takes the second view. Undoubtedly, Germany undertook a lot of reforms in the product market, the labour market and in fiscal policy. But their impact on potential output growth seems having been limited up to now. One reason is that reforms where not very ambitious in many fields compared to other countries, and many obstacles to higher growth continue to exist. Secondly, empirical findings on the interrelation between growth and structural reforms suggest that it takes some time until reforms will bear their fruits. But the paper also argues that potential output growth in Germany may have been underestimated in recent years. n 2006 the German economy grew unexpectedly strong. Most forecasters had underestimated the dynamics of the upswing substantially. The Consensus Forecast of GDP growth was 1.6% in January 2006 compared to 2.7 % which is the official figure published in February 2007. Currently, the perspectives for this year look promising, too. The latest RWI Essen forecasted GDP to grow at a rate of 2.3% which, admittedly, is at the upper bound of the band of predictions published to date. But also less optimistic institutions foresee growth rates that are clearly above what in recent years was considered to be trend growth, which is mostly used as a proxy for potential output growth. One year ago, most observers would have agreed that the latter is somewhere in the range between 1% and 1.5%, depending on the technique employed. I The strong expansion in 2006 triggered a discussion about the reason of this turnaround. Some argue it was caused by policy. They make the point that the German economy now benefits from several « structural » reforms that have been undertaken since the mid nineties, namely liberalizing many product markets, a deregulation of the labour market, and some fiscal reforms. Others share a more sceptical view concerning the role of policy. They argue that the upswing in 2006 is mostly a cyclical phenomenon. After five years in which the economy grew markedly slower than potential output it is quite natural in their eyes that a period of above trend growth will follow. If this would not happen, even the low estimate of potential output growth would be over-optimistic. Because the period of subdue expansion was so long the turnaround must be strong to close output gap. However, differentiating between trend and cycle is difficult. Therefore, a third explanation must be taken into consideration: Maybe, the trend growth estimates published in recent years were too low. The difficulties to determine the growth trend are well known. The 77 Point de vue procedures employed for that such as filter techniques but also – maybe to lesser extent – production functions tend to give observations at the end of the sample period a high weight. Therefore it is no wonder that all estimates of potential output growth where revised downward between 2001, when it mostly was considered to be around 1.8% (e.g. Denis et al. 2002), and 2005, when the estimates were in the range mentioned above. Up to now, Germany has experienced only one year of buoyant growth after a series of years with subdue expansion. Therefore, it is too early to expect a definite answer, whether trend growth has changed. However, it may help to look at the factors that might have influenced potential output. Undoubtedly, Germany has undertaken structural reforms in a number of fields in the past ten or fifteen years. What these reforms were and how they may have influenced growth will be discussed subsequently. The first section will spot product markets reforms, which might be a widely underestimated factor. Then, in the second section, I will turn to labour market reforms. The third will focus on fiscal reforms. Finally, the fourth section will conclude. Product market reform Like in most industrialized countries, Germany started a number of reforms in diverse product markets during 1990s. The formerly state owned postal and telecommunication service providers have become listed companies, and the state reduced its influence on the companies although still being an important sharehol- der. Amongst others in the context of creating the EU internal market, also the air and the road transport sector were liberalized. The rail transport sector is still dominated by the former state monopolist, which has not been privatized yet. But the market was opened to competitors which raised their share in particular in local markets. The supply of electricity and gas was traditionally in the hand of the private sector in Germany. Nevertheless, a small number of big suppliers were monopolists in their distribution areas, and they were exempted from German competition laws. In the meantime, a new regulation body, the Bundesnetzagentur, was established to improve the market access for new suppliers in the electricity and gas market. Since 2005, it is also responsible for the telecommunication and the rail transport market. For instance, it regulates the conditions under which new suppliers may get access to the infrastructure of the monopolists, which increases competition in these markets. To measure the extent to which markets are open are competition the OECD developed « liberalisation indices ». They range from 6 (no competition) to 0 (market is totally free) and are calculated from a large number of indicators characterizing the situation in diverse markets (for details see Convay et al., 2005, Conway and Nicoletti, 2006). These indices make evident the significant progress Germany made in deregulating markets. For network industries, the indicator stood at 4.6 in 1990, and it dropped to 2.8 in 1998 and to 1.7 in 2003. For product markets, the indicator signals a rather liberal regime already in 1998 and it fell from 1.9 to 1.4 in 2003. Also in busi- Indicators of market regulation in Germany and in the OECD countries1 GER Product market Network industries market2 Business services3 Labour market4 4.6 3.2 1990 OECD 4.7 2.4 GER 1.9 2.8 4.2 2.5 1998 OECD 2.1 3.3 2.4 2.0 GER 1.4 1.7 3.1 2.2 Source: OECD. 1 2 3 4 78 Arithmetic mean. Scaled between 6 (highly regulated) and 0 (free of regulation); Air, rail and road transportation, telecommunication, postal services, electricity and gas. Accounting, Architect, Engineering, and Legal Service. Employment Protection Legislation Index. Scaled between 4 and 0. 2003 OECD 1.5 2.3 2.1 2.0 Trend or cycle? On the causes of the improved economic performance in Germany ness services some steps toward deregulation have been taken. Nevertheless, the markets are still subject to a rather rigid regime compared to the OECD on average. It is worth noting, that Germany all in all was not a frontrunner in the « liberalisation race ». In most cases the indices fell at the same extent as they did in the OECD countries on average. There is a long list of papers showing that market liberalisation has a positive influence on potential output growth (for an overview Ahn and Hemmings, 2000). Recently, Nicoletti and Scarpetta (2005 a,b) tested the interrelation between market liberalisation indices in network industries and output as well as employment growth. Based on their results, Fuentes et al. (2006) conclude that a shift to best practice in the regulation of these industries could raise the productivity level in Germany by 5 percent within 20 years. In other words, the annual trend growth could be lifted by approximately 0.25 percentage points over this period. However, reaching best practice is quite challenging. In 2003, the liberalisation index was 1.7, as already mentioned. Best practice would mean, the index must be reduced further to 0.5. Such a low value had not been reached by any OECD member in 2003. However, as the market regulation indices improved significantly since 1990, product market deregulation should have had a significant positive impact on growth. Nevertheless, there also exist sizeable barriers to growth at the same time. Business services are – as already mentioned – still highly regulated compared to other OECD countries. Concerning product market regulation, where Germany holds a medium position amongst the OECD countries, this ranking is owed to the very open external trade regime. With respect to other forms of market regulation, e.g. impediments to register a start up business, or in terms of the state’s influence on company decisions, Germany still is an underperformer compared to other industrialised countries. Labour market reform Germany’s rigid labour market regulations are often blamed to be the most important obstacles to higher growth. Indeed, scrutinizing the factors contributing to growth, which is done here in a growth accounting framework, the particular role of labour becomes evident (see table below), (for details, Döhrn, 2005). The most prominent feature of Germany’s unfavourable growth performance between 1991 and 2004 is the negative contribution of labour input to growth. Already in the 1980’s labour input stagnated in Germany and the Euro Area, whereas it had been the main driver of growth in the U.S. Going more into detail, a good deal of the differences between the regions considered here can be explained by the low population growth in Germany compared to the U.S. Concerning this, policy has only limited means to stimulate growth potential in the short run. However, also the number of hours De-composition of GDP Growth in Germany, the Euro Area, and the U.S. 1980-2004, contribution to growth in %-points Annual average contribution of Real GDP growth Hours worked Capital Multi-Factor (%, annual avg.) Productivity Germany Euro Area U.S. 2.6 2.4 2.9 1980-1991 0.0 0.0 0.9 1.0 0.7 1.0 1.5 1.7 1.1 Germany Euro Area U.S. 1.3 1.8 3.3 1991-2004 -0.3 0.1 0.8 1.1 0.8 1.0 0.5 0.8 1.5 Source: RWI calculations based on figures from the Federal Statistical Office, BEA, ECB, and from the Groningen Growth and Development Centre (www.ggdc.net) 79 Point de vue worked per person was shrinking in Germany in the 1990s. This partly reflects the growing importance of part time employment, but is also owed to a general shortening of the number of the weekly working hours. Furthermore the activity rate remained constant over a long period while it was growing in the U.S. Only recently, the activity rate started to rise. Among others this is a consequence of having made early retirement less attractive. Finally, unemployment increased sharply, in particular long term unemployment, which also lowered growth potential. Over the last 15 years, some deregulations have taken place in the labour market, too. The OECD Employment Protection Legislation (EPL) index for Germany declined from 3.2 in 1991, which was clearly above OECD average, to 2.2 in 2003, which comes close to the OECD mean. For instance, the restrictions on the use of temporary workers were abolished between 2000 and 2004. Maybe, labour market deregulation is not fully reflected in the EPL index as some measures are not taken into account when calculating it (OECD, 2007). For example, the workplace threshold for protection against unfair dismissal was raised from 5 to 10 workers, which applies to 19% of private sector employees. Many other changes in labour market policy are not mirrored in the EPLindex, too. So, the active labour market policy was reformed, the generosity of unemployment benefits was reduced, and steps were taken to increase the efficiency of the labour administration. These measures, known as « Hartz-Reforms » were implemented between 2003 and 2005, and they are accompanied by a scientific evaluation of their effectiveness. First results suggest that reforms aim into the right direction, as they try to increase the incentives to move from welfare to work. However, many of the instruments introduced for this purpose did not work very well and have to be revised (for an overview of the Hartz-evaluation see Jacobi and Kluve, 2006). Whether these reforms being effective or not, it is a different question to what extent labour market reforms may increase growth. Most studies find no impact of labour market reforms on unemployment rates (e.g. Kluve 80 and Schmidt, 2003). However, there is much evidence that deregulated labour markets and less generous payments in the case of unemployment have a positive impact on employment (e.g. Boerri et al. 1999, Berger and Danninger, 2006). These results are consistent with the finding that reforms increase labour market participation (e.g. Macculloch and Di Tella, 2005). Nevertheless, the impact on growth is less clear. Aiginger (2004) finds a negative correlation between the severity of rules against unfair dismissal and growth in the EU countries; a result confirmed by Feld (2001) in panel regressions. However, the size of the impact is difficult to measure and depends very much on the way how EPL is quantified. As Feld (2001) shows, different measures even do not necessarily exhibit a high correlation. One reason behind this unclear picture of the influence of labour market regulation on growth may be that it is difficult to quantify the various aspects of labour market flexibility. It is not only characterized by labour legislation, but also in the way laws are enforced, by the gratuity of replacement payments, by the way wages are negotiated, and not at least by the level and structure of labour costs. In terms of hourly labour costs, Germany always was and it still is a « high wage country ». This is not necessary true when looking at unit labour costs, because the companies managed to raise productivity to a level enabling them to be competitive despite of high labour costs. This had the consequence that growth in Germany was mainly generated by capital deepening and higher productivity, as it was shown above. But high wages also were an obstacle to Negotiated wages in the Euro area and in Germany 2001-2006, yoy increase in % 2001 2002 2003 2004 2005 2006 Germany Euro area 2,0 2,6 2,0 1,2 0,9 1,1 2.6 2.7 2.4 2.1 2.1 2.2e Source: Bundesbank, ECB - eEstimate. Trend or cycle? On the causes of the improved economic performance in Germany capital formation, as companies shifted parts of their investment to countries with lower labour costs, in particular in Eastern Europe. However, concerning labour costs, Germany’s position in the Euro area improved significantly in recent years. Since 2001, the negotiated wages in Germany rose more slowly compared to the Euro area in every year. Furthermore the wage drift was negative, which means that the effective wages per hour grew slower than the negotiated rate. Globalisation of production as well as labour market reforms contributed to this wage moderation. In particular, it was triggered by of various measures to create a highly flexible segment of the labour market for persons such as students, pensioners and non-employed spouses, which are interested to work only a few hours per week (so called Minijobs). Improved possibilities to apply fixed term labour contracts, and the deregulation of temporary employment worked into the same direction. On the one hand, the low rise of wages in recent years had a negative effect on income and thus on aggregate demand. On the other hand it had a positive impact on fixed capital formation and on growth. In the end, it seems having contributed to the accelerated rise of German employment which is observed since the beginning of 2006. All in all, labour market reforms should have had a positive influence on growth through various channels. But to what extent Germany has already benefited from these reforms is difficult to determine. This is particularly true as labour market reforms seem to come into effect more slowly than fiscal reforms or pro- duct market reforms (IMF 2004). Furthermore, the Germany policy must not be seen isolated from the changes having taken place in other countries. When deciding about investment companies as a rule have the choice between different locations. As shown above, the Germany has improved its position compared to other countries in some fields, but quite oftem the conditions are still less favourable than in the OECD on average. Fiscal reforms Despite violating the Maastricht fiscal criteria between 2002 und 2005, Germany also made some progress in fiscal reform in recent years. After the reunification, the share of public expenditure in GDP started to climb and it reached its maximum in 1996 at 49.3% (see table below). Since then it was reduced stepwise, as all governments limited the increase of public expenditure strictly. Until 2006 the expenditure ratio has come down to 45.7 %, which is the lowest figure since 1989. There is much research on the influence of public finance on growth (for an overview see Afonso et al., 2005). One of the insights it provides is that growth will be spurred by lowering the expenditure ratio. For instance the ECB found that the EU countries which were successful to consolidate their budget have cut their expenditure ratio by 9 percentage points on average (ECB, 2006). Compared to this, the progress in Germany to date is still small, as the reduction was 3.6 percentage points only. However, even this little improvement could have influenced trend growth significantly. Fiscal Indicators for Germany 2001-2006, in % of GDP Expenditure ratio Revenue ratio Taxes Social security contr. Budget balance Public investment 1991 1996 2000a 2003 2005 2006 46.3 43.4 22.0 16.8 -2.9 2.6 49.3 46.0 22.4 19.0 -3.3 2.1 47.6 46.4 24.2 18.3 -1.2 1.8 48.5 44.5 22.3 18.3 -4.0 1.6 46.8 43.6 22.0 17.7 -3.2 1.3 45.7 44.0 23.0 17.4 -1.7 1.4 Source: Destatis- a-Excluding income from the UMTS auction. 81 Point de vue Following an estimate by Heitger (2001), which was drawn from a panel of industrialized countries, a reduction of the expenditure ratio by 10 percentage points would lift annual GDP growth by 0.5 percentage points. Applying this elasticity to the actual reduction of the expenditure ratio since 1996, trend growth could be about 0.15 percentage points higher than before. Since 2000, there has also been some progress in reducing the tax burden. In 2001, the corporate income tax was reduced. Up to then, two tax rates were applied: profits distributed to the shareholders or owners were taxed less than profits kept in the company. After the reform, a uniform and lower than before tax rate is applied. For profits not distributed up to then (and subject to the high rate in the past), earlier payment are reimbursed, when the profits are distributed. This led to negative « eceipts » from corporate taxes for some time, which was one reason for the deterioration of the fiscal balance. However, even after this reform corporate taxes in Germany belong to the highest in the EU. In 2008, the corporate tax rate will be reduced further, but at the same time the tax base will be broadened. This might stimulate growth, but up to now the impact of tax reforms on potential output can be expected to be small. There are more reasons to assume that the overall impact of fiscal reform on potential output growth is less pronounced up to now. Firstly, the elasticity found by Heitger is large compared other estimates. According to the findings of the he German Council of Economic Advisors (Sachverständigenrat, SVR, 2002), the reduction of the expenditure ratio could have added less than 0.1 percentage points to German trend growth, when taking into account that adjustment takes quite a long time. Secondly, other fiscal indicators were less favourable with respect to growth. As already said, fiscal balance deteriorated in particular after 2000, which should have a negative impact on trend growth accor- 1 ding to most estimates. Furthermore, public investment, which is expected to enhance growth, was reduced significantly relative to GDP since 1991. Hence it is far from clear whether fiscal reforms of contributed to higher trend growth at all. This scepticism is underpinned by the fact that « qualitative consolidation » is still lagging behind, i.e. there was no shift in the budget towards expenditures that enhance growth such as spending on education or on research and development. Conclusions This paper takes a rather sceptical view on the role economic policy played for the unexpectedly good economic performance of Germany in 2006. Of course Germany has undertaken many reforms in recent years which can be expected to enhance growth. However, putting these reforms into perspective and looking at the links between reforms and growth, it can be assumed that their impact on potential output growth is limited. Maybe, a total impact of 0.25 percentage points is a good guess. Therefore it is plausible that the strong expansion in 2006 was mainly caused by cyclical reasons. However, the recent experience in Germany also gives another example for the difficulties to determine potential output growth correctly. Up to now, there are no signs that the strong growth has boosted inflation. Even the reaction to the rise of the value added tax at the beginning of this year was moderate. This gives reason to assume that there still is enough spare capacity. Therefore, potential output growth may have been higher in recent years than it was estimated by the standard statistical methods. If today’s estimates lead to a higher trend growth, this also may correct a measurement error made in the past. Achevé de rédiger le 15 mars 2007 Roland Döhrn Head of the business cycle department, RWI, Essen1 Ndlr : l’institut allemand RWI appartient, tout comme Coe-Rexecode, au réseau Euren qui rassemble six des principaux instituts de conjoncture européens. 82 Trend or cycle? 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SVR - Sachverständigenrat zur Begutachtung der gesamtwirtschaftlichen Entwicklung) (Hrsg.) (2002), Zwanzig Punkte für Beschäftigung und Wachstum. Jahresgutachten 2002/03. Stuttgart: Metzler-Poeschel. 83 Diagnostic(s) Tarifs 2007 Tarif pour quatre numéros par an : 60 euros TTC Bulletin de commande Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Société : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . email : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse de livraison : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Code Postal : . . . . . . . . . . . . .Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Pays : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Abonnement de quatre numéros par an : 60 euros Vente aux numéros : je commande le n° . . . . . . . . . Paiement par chèque à l’ordre de Coe-Rexecode Date . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Signature Bulletin à retourner au Coe-Rexecode - 29 avenue Hoche - 75008 Paris 84 Les publications de Coe-Rexecode Diagnostic(s), revue de Coe-Rexecode, fournit des analyses structurelles et de politique économique. Chaque semestre les prévisions de Coe-Rexecode y sont présentées. Une place particulière est donnée à l’analyse cyclique. Janvier 2007, n °2 : Conjoncture et prévision : Perspectives européennes • Positionnement cyclique des économies Analyse structurelle : • La compétitivité française se dégrade • Perspectives démographiques mondiales à horizon 2050 • Un indicateur d’entrée et sortie de récession pour la zone euro Point de vue : Insatisfactions françaises sur le marché européen de l’électricité Avril 2006, n °1 : Conjoncture et prévision : Perspectives européennes • L’Europe face aux défis du textile • Produits de base • Investissement et situation financière des entreprises Analyses : Positionnement cyclique des économies • Indicateur du rythme de croissance (IRC) • Politique monétaire américaine Tendance(s), lettre d’information mensuelle, propose chaque mois un état des lieux de l'environnement économique. Dans une actualité économique foisonnante, ce quatre pages sélectionne les sujets les plus pertinents pour aider les entreprises à comprendre leurs clients et leurs marchés. Chaque mois, une rubrique est dédiée aux indicateurs originaux de Coe-rexecode. Les documents de travail présentent les travaux de recherche de Coe-Rexecode. N° 1 La compétitivité française en 2006, décembre 2006 Coe-Rexecode résulte du rapprochement de Rexecode et du Centre d’Observation Economique de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris, le 1er novembre 2006 .L’ensemble des publications périodiques du Coe et de Rexecode publiées antérieurement restent accessibles sur les sites Internet www.coe-rexecode.fr et www.coe.ccip.fr. Documents de travail du COE AIECE: general report . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .N° La compétitivité hors prix des biens intérmédiaires et d’équipement sur le marché européen en 2005 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .N° Indicateur Récession Zone Euro . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .N° Compétitivité hors prix des biens de consommation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .N° Le difficile retour en emploi des seniors . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .N° Objectif de Barcelone : 3 % du PIB pour l’effort de recherche en Europe . . . . . . . .N° L’image des biens intermédiaires et d’équipement sur le marché européen en 2003 . . . . . . . .N° Le syndrome japonais est-il transmissible aux État-Unis et à l’Europe ? . . . . . . . . . .N° L’image des biens de consommation sur le marché européen en 2002 . . . . . . . . . . .N° Pour une meilleure protection de l’emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .N° 74 - Oct. 2006 73 - Juil. 2006 72 - Juin 2006 70 - Juin 2005 69 - Avril 2005 67 - Oct. 2004 66 - Juin 2004 65 - Déc. 2003 64 - Juil. 2003 63 - Juin 2003 Ouvrages Les entreprises françaises (annuel, de 2001 à 2006) (Editions Economica) L’Europe face à la concurrence asiatique (L’Harmattan) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Nov. 2001 Documents d’étude de Rexecode Performances du marché du travail : la France à la traîne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Avril 2006 Partage de la valeur ajoutée, pouvoir d’achat et croissance économique . . . . . . . . .Mai 2005 Revue de Rexecode Véritable constitution européenne ou simple codification des textes actuels . . . . . . . . . .N° 83, 2e trim. 2004 Les perspectives économiques 2004-2005 • La France perd du terrain en Asie émergente depuis cinq ans Une croissance retrouvée mais encore fragile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .N° 81-82, 4e trim. 03/1er trim. 04 Les États-Unis en voie de désindustrialisation ? • Et si on avait baissé les charges sociales sans faire les 35 heures ? Indicateurs des cycles conjoncturels Ouvrages publiés à l’occasion des Rencontres de la Croissance (Editions Economica) • Demain l’emploi si…(2006) • La croissance par la réforme (2005) • Des idées pour la croissance : 77 économistes proposent leurs priorités pour une croissance durable en France (2003) Setori • Avril 2007