Le drame linguistique marocain

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Le drame linguistique marocain
Le drame linguistique marocain
GENCOD : 9782914773386
PASSAGE CHOISI
Extrait de l'introduction
Les Marocains se trouvent confrontés, dès leur petite enfance, à plusieurs langues :
1 - La langue maternelle (dans le sens de : la première langue que l'enfant apprend, la langue
de la mère, des parents, des premières années...), qui peut être l'arabe dialectal marocain (la
darija) ou le berbère/tamazight (plus précisément une des variantes marocaines du berbère :
tarifit du Rif, tamazight du Moyen Atlas, tachelhayt du Souss).
Plus rarement, ce peut être le français, dans le cas d'enfants de couples mixtes ou de
couples très francisés.
2 - Les langues de l'enseignement, dès les premières années de l'enseignement primaire.
C'est le plus souvent l'arabe classique/littéraire (voir définitions plus loin), mais ce peut aussi
être le français pour ceux qui sont scolarisés dans les écoles de la «Mission», ainsi que dans
les écoles privées qui suivent les programmes de la Mission ; ou même, depuis quelques
années, l'anglais, avec l'apparition d'un système scolaire privé calqué sur les programmes
américains - la Casablanca American School par exemple, très prisée par l'élite de la capitale
économique du pays.
Cependant - et c'est cela qui fait l'originalité du Maroc -même dans l'enseignement
«marocain», donc hors écoles de la Mission française et assimilées, certaines matières sont
enseignées en français. (Tout cela varie au gré des réformes et contre-réformes qui se
succèdent et c'est pourquoi il est difficile de donner une image stable et figée de la situation
linguistique au Maroc.)
Ainsi l'écrivain Mohamed Nedalis nous a affirmé qu'il avait été confronté successivement à
cinq langues : le tamazight dans la toute petite enfance, puis l'arabe littéraire à l'école en
même temps que l'arabe dialectal (dans la cour de l'école, pour communiquer avec ses
condisciples), puis, très rapidement, le français, comme «langue étrangère» - langue
étrangère paradoxale, puisque les disciplines scientifiques étaient enseignées dans cette
langue... Plus tard, au collège, il apprit l'anglais, cette fois-ci comme «vraie» langue
étrangère.
Quant à Tahar Ben Jelloun, qu'on ne présente plus, sa langue maternelle est l'arabe dialectal
(darija) de Fès. Il fréquenta d'abord l'école coranique du quartier, où il apprit le Coran en
arabe classique ; il entra ensuite, à six ans, à l'école primaire franco-marocaine bilingue :
l'enseignement était donné en français le matin, en arabe littéraire l'après-midi. Enfin, il entra
au lycée français Regnault de Tanger pour finir le cycle secondaire.
Si on peut parler dans le cas de Nedali et de Ben Jelloun de success story, il est probable
que cette diversité linguistique représente pour beaucoup d'écoliers et de collégiens un défi
redoutable. Les graves problèmes que rencontre l'enseignement au Maroc depuis des
décennies sont en grande partie causés par cet état de fait.
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