Nadia CASTAIN, Déléguée Régionale aux Droits des Femmes et à l

Transcription

Nadia CASTAIN, Déléguée Régionale aux Droits des Femmes et à l
Mme COCHART du CORIF (Collectif Régional pour l'Information et la Formation des Femmes) de Lille, animatrice de l’atelier,
travaille depuis plus de 20 ans sur les questions d'égalité, « ce qui n'est pas très rassurant », constate-t-elle, La
diversification des emplois femmes-hommes étant toujours aussi problématique et sujette à inégalités. Ce, malgré les
avancées législatives constatées en France mais dont les retombées peinent à se concrétiser dans les faits. Il faut donc une
volonté politique, essentielle, mais aussi une déclinaison sur le terrain. D'où les deux tables rondes à venir :
Table ronde N°1 : avec les acteurs institutionnels,
Table ronde N°2 : avec les acteurs de terrain.
Table ronde 1 : Quelles actions pour accompagner les
jeunes filles vers des choix plus diversifiés ?
DRDFE - Délégation régionale aux
Droits des Femmes et à l’Egalité
Délégation régionale aux droits des femmes et à l’égalité
5, rue Henri Daussy - 80000 AMIENS
Tél : 03 22 45 24 68
CIDFF
(Centres d'Information sur les droits des femmes et des familles)
Chargées de mission départementales
SOMME : Mme Seelabaye APPA - Tél : 03 22 22 01 94
Oise : Mme Céline SCOLARI - Tél : 03 44 15 74 12
Aisne : Mme Nathalie LOBJOIS - Tél : 03 23 79 30 14
Nadia CASTAIN,
Déléguée régionale aux Droits des Femmes et à l’Egalité
« La délégation régionale aux droits des femmes et à l’égalité est un service public de l’Etat, qui relève du Ministère de l’égalité
entre les femmes et les hommes. Une petite équipe régionale travaille sur le sujet auprès de M. le Préfet de Région, complétée de 3
chargées de mission départementales aux droits des femmes au plus près des territoires. Ces relais locaux aident à l’élaboration des
projets et les accompagnent dans le cadre d’actions communes avec l’Etat ».
I
l existe aujourd’hui un ministère dédié à la question de
l’égalité entre les femmes et les hommes, qui porte une volonté
forte de l’Etat de faire avancer les choses avec l’ensemble des
autres ministères.
Le budget du Ministère des droits des femmes sera parmi les 3
budgets de l’Etat en progression en 2013, avec une dotation en
augmentation de 14%.
La question de l’orientation et de la diversification des choix
d’orientation impacte la vie professionnelle des femmes de son
début jusqu’à sa fin, avec des conséquences parfois très lourdes
sur la vie personnelle et familiale.
Des initiatives sont portées en Picardie pour faire évoluer
positivement cette problématique.
La législation est particulièrement complète, très riche, mais ne
trouve pas à s’exprimer concrètement dans la vie des femmes.
Elle est pourtant facteur de progrès.
La politique nationale en matière d’égalité entre les femmes et
les hommes a des fondements basés sur des accords
internationaux. Il s’agit notamment de la convention CEDAW
particulièrement lourde pour les Etats qui l’ont signée et qui
doivent restituer un compte-rendu tous les 5 ans pour présenter
les avancées en la matière.
Il faut tenir compte aussi des orientations européennes : 9
directives européennes ont été traduites dans le droit français et
s’imposent à nous.
La législation communautaire européenne a été facteur
déclenchant d’obligations nouvelles pour les Etats sur le sujet.
Tout texte portant sur la question de l’Emploi, de la Formation,
du Développement économique, fait l’objet de directives
spécifiques autour des femmes.
Les modalités d’intervention au niveau national existent à
travers des actions spécifiques de lutte contre les inégalités
entre les femmes et les hommes. Ces inégalités, volontaires ou
non, résultent de notre culture et de notre histoire. Elles
peuvent être combattues afin que les femmes aient les mêmes
droits que les hommes, exercent les mêmes métiers, travaillent
et soient rémunérées comme ces derniers.
L’article 1142-4 du Code du Travail prévoit explicitement
d’autoriser l’action et l’engagement des crédits d’Etat pour
avancer sur cette problématique. Les actions doivent être
inscrites dans une durée relativement courte, de 3 à 4 ans
environ.
En matière d’égalité professionnelle, cette orientation du Code
du Travail concerne tous les sujets liés à l’emploi, à la formation,
à la promotion et à la rémunération, et bien sûr aux conditions
de travail.
« La Politique de l’égalité est une politique qui se décline pour
les femmes et les hommes. Notre politique est une politique
d’équilibre, sociétale, au service de tous. »
Les femmes en région Picardie constituent 51,1% de la
population.
Même si les femmes ne sont pas victimes de discrimination, des
inégalités existent entre la situation des femmes et des
hommes.
Les femmes sont beaucoup plus nombreuses à être titulaires du
Bac que les hommes. Elles sont plus souvent titulaires d’un
diplôme de 2e et 3e cycle que les hommes, mais s’insèrent
pourtant plus difficilement dans l’emploi.
La formation et un facteur de sécurisation des parcours
professionnels des femmes et de leur emploi.
Aujourd’hui en Région Picardie, 46% de la population active en
emploi sont des femmes. Elles ne sont plus les « variables
d’ajustement » d’il y a quelques années. Le salaire et l’emploi
des femmes sont essentiels à l’économie régionale. Pourtant,
les femmes sont majoritaires dans le chômage.
Par ailleurs, des directives nationales liées à la réforme des
retraites et à l’égalité professionnelle donnent l’obligation aux
entreprises de 50 salariés et plus de se doter d’un accord relatif
er
à l’égalité professionnelle depuis le 1 janvier 2012 ou à défaut
d’adopter un plan d’action égalité.
La question de l’emploi des femmes doit aussi être observée par
rapport à l’amélioration des conditions de travail. Quelques
entreprises du secteur du Bâtiment ont œuvré sur la question de
la pénibilité au travail pour une meilleure intégration des
femmes.
« Tout travail sur l’amélioration de l’emploi des femmes a
forcément des retombées positives sur l’emploi des hommes ! »
Des accords partenariaux ont été conclus en direction des
femmes et des entreprises.
Pour les femmes :
« Si on devait un jour sortir les femmes du marché du travail,
toute l’économie serait à l’arrêt : institutions publiques,
entreprises, administrations, banques… Il faudrait que cette
réalité régionale soit intégrée par tous pour qu’on change aussi
de vision ou d’interprétations des choses… »
Les écarts de rémunération en Région Picardie sont une
réalité :
A diplômes, qualifications et métiers de niveaux équivalents, cet
écart de rémunération est de 19% pour les cadres.
Il est de 11,1 % pour les professions intermédiaires et de 5,9%
pour les employés, catégorie qui compte une majorité de
femmes et très peu d’hommes.
27% des femmes salariées touchent un revenu inférieur à 794
euros par mois, contre à peine 20% des hommes. Car l’emploi
féminin relève beaucoup du travail à temps partiel : elles
occupent 4 emplois à temps partiel sur 5 en Picardie. Ce qui
représente 93 600 emplois pour les femmes et à peine 25 000
pour les hommes. Le temps partiel est plus fréquent chez les
employés et les ouvriers que chez les cadres. Les femmes
passent plus facilement au temps partiel, malgré toutes les
conséquences sur la retraite, car on fait plus facilement le
sacrifice du salaire de la femme.
Dans l’Oise, 24% des femmes sont à temps partiel, ce taux est de
31% dans l’Aisne et la Somme.
Ce faible revenu a un impact majeur sur la retraite des
femmes, qui touchent à peine 58 à 59% de la rémunération
moyenne des hommes. Avec des conséquences désastreuses sur
les soins, sur la santé, sur toute leur vie personnelle.
Cette situation, dramatique, renvoie à la question de la
précarité ou de la pauvreté des femmes.
Ces notions doivent être intégrées dans le travail sur
l’orientation des jeunes filles dès le système scolaire et sur
l’orientation des femmes, lorsqu’elles sont dans la phase de
réorientation professionnelle.
Pour une société plus équilibrée et plus juste, cette réalité ne
peut être ignorée. C’est le sens du travail mené avec un certain
nombre d’acteurs et de partenaires.
« Aujourd’hui, un seul emploi est interdit aux femmes, c’est
celui de sous-marinier. Tous les autres emplois sont ouverts aux
femmes. Il faut leur donner le choix (…) ».
Promotion des jeunes filles sorties du système scolaire, avec
l’ARIFEP
Plan régional stratégique pour l’égalité entre les femmes et
les hommes, qui engage 20 services de l’Etat sur des actions
concrètes, évaluables et suivies sur 3 ans.
Projet d’avenant au Contrat d’Objectifs et de Moyens pour
l’apprentissage avec le Conseil régional
« Nous avons à peine 3 400 filles en apprentissage et 10 305
garçons, quel que soit le niveau, alors que c’est un sysème de
formation marqué par un taux d’insertion très fort en emploi. »
Projet d’accord avec le CRDP pour créer un espace dédié à
l’orientation scolaire des jeunes filles et des femmes, avec des
ressources documentaires (livres, DVD, outils de travail,
conférences…) à destination de la communauté éducative.
Outils pour inciter les jeunes filles à aller vers l’enseignement
scientifique et technologique, tel le prix de la vocation
scientifique et technique, qui prendra une autre forme dès
l’année prochaine.
Pour toute action en direction des femmes, les financements FSE
sont bonifiés à hauteur de 65% au lieu d’être de 50%.
Pour les entreprises :
Avec La CGPME et l’AGEFOS-PME pour mener des actions de
sensibilisation et de formation à l’égalité femmes – hommes
Avec des organisations syndicales : CFDT, FO et la CFE-CGC
Avec certaines branches, notamment la Fédération du
Bâtiment et la branche Transport de voyageurs, avec Pôle
emploi et avec le CESTP-ARACT, pour l’amélioration des
conditions de travail en entreprises.
Enfin, un accord est en cours de préparation avec la Fédération
de la formation professionnelle pour que les organismes
veillent à la mixité des formations et des emplois.