Entre le 7 et le 16 siècle, plusieurs Etats africains ont existé sur les
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Entre le 7 et le 16 siècle, plusieurs Etats africains ont existé sur les
Entre le 7ème et le 16ème siècle, plusieurs Etats africains ont existé sur les terres africaines (Kanem-Bornou, 11ème siècle ; empire du Mali, 13ème siècle ; les Etats Haoussa, 12ème siècle, etc.). C’est le cas de l’empire du Ghana. Le royaume du Ghana s’est constitué au 8ème siècle avec l’exportation d’or et de sel, important pour la conservation des aliments. Il s’étendait à son apogée depuis le Diaka sur l’Ouest du Niger jusqu’à l’Océan Atlantique et du Nord au Sud depuis le Sahara jusqu’à la lisière du Mali (Gadiarou, Garentel et Iresni étaient aussi inclus dans l’empire). Il était réputé pour son abondance en or et ses dispositions géographiques qui généraient un grand commerce de caravane. Il atteignit son apogée vers les 10ème et 11ème siècles. I. Eléments historiques Sous l’angle origine, le royaume aurait commencé modestement dans l’Aouker par une simple confédération de tribus Sarakollés dont chacune exerçait son autorité sur un espace bien déterminé. Le royaume couvrait les villes de Bokounou, Ouagadou et de Kaarta. La politique expansionniste et la puissance militaire des souverains du Ghana ont fait qu’à la fin du 10ème, les principautés berbères d’Aoudaghost et de Walata, les royaumes Mazzara de Tékrour, Barisa, Diara, Sosso, Silla, étaient incorporés dans l’empire. II. Caractéristiques Le Ghana était situé au nord des deux boucles divergentes du Sénégal et du Niger. Ce pays était souvent appelé le Ouagadou ou Wagadu (pays des troupeaux). Il s'agissait d'un État soninké, car son homogénéité ethnique paraît avoir été très grande. Il était peuplé de cultivateurs sédentaires noirs soninké; les seuls éléments allogènes étaient les commerçants arabo-berbères, des pasteurs d’origine berbère et, probablement, des pasteurs peuls. Les différenciations sociales étaient peu marquées et l'esclavage insignifiant, mais il est probable qu'existaient déjà des castes professionnelles liées à un artisanat ancien et actif (forgerons, potiers, vanniers et, plus tard, cordonniers, tisserands et teinturiers). III. L’organisation politique, économique administrative et religieuse 3.1. L’organisation politique Au sommet de l’État, on a le roi; on le désigne sous plusieurs appellations “Kaya Maghan” qui signifie roi de l’or en langue Ouakaré, “Tounka” qui veut dire Seigneur ou Dieu. Ses pouvoirs étaient très étendus: il était le juge suprême. Il rendait la justice en tenant compte de l’appartenance religieuse. Ses sujets qui dans l’ensemble appartenaient à la religion traditionnelle étaient jugés selon la coutume, les musulmans, eux, l’étaient sur la base du Coran. La société était organisée en clans. Le clan royal était celui des Tounkara qui formaient avec trois autres clans l’aristocratie : (les Souba ou Magasouba étaient les guerriers du roi, les Kagoro qui formaient une élite militaire, les Magassi étaient les cavaliers du roi qui composaient la garde royale.). Ces clans qui constituent la noblesse fournissaient au roi, les grands dignitaires et hauts fonctionnaires de sa cour. On trouvait à la cour du roi, le gouvernement et le grand conseil dont les membres se recrutaient aussi bien dans l’aristocratie locale que chez les arabes et les lettrés musulmans. 3.2. L’organisation économique L’activité économique était variée. Au Sahel, on pratiquait un élevage florissant et varié de bœufs, de moutons, de chèvres, de chameaux et de chevaux. Au Nord, autour des puits et oasis, on produit des dattes. La partie Sud, plus humide était la terre des céréales: on y cultivait le mil, le sorgho, le haricot, le coton, l’igname, le henné, les légumes et la cola tiré de la zone forestière. L’artisanat occupait une place de choix: la caste des forgerons équipait l’armée, les tisserands habillaient le roi et sa suite, produisaient des bandes de cotonnade qui alimentaient le commerce. Mais le pilier de l’économie était le commerce. L’empire par sa position de géographique était un carrefour important où les produits venus d’Afrique du Nord (tissus, cuivre, argent, dattes, figues et surtout les barres de sel amenés du Sahara) étaient échangés contre les marchandises des pays du Sud (plumes rares, ivoires, esclaves, gomme arabique, bétail, céréales et surtout l’or). 3.3. L’organisation administrative L’empire était subdivisé en royaumes et en provinces eux-mêmes morcelés en villages et cantons. L’autorité du roi et de son gouvernement central s’exerçait de façon directe sur le berceau originel du royaume soninké. Les princes avaient en charge la gestion des provinces tandis que les royaumes vassaux tels que Sosso, Diara et le Tékrour conservaient leur organisation initiale et se contentaient de verser un tribut annuel et d’apporter leur contribution sur le plan militaire en fournissant à l’empereur un contingent. 3.4. L’organisation religieuse L'animisme était la religion officielle. Les habitants de l'empire du Ghana avaient pour adoration le serpent Bida. L'islam était également toléré et pratiqué par de nombreux étrangers du Maghreb et par quelques autochtones. Kan Mer, fils de l'empereur Bessi, se convertit à l'islam. Al-Bakri précise d'ailleurs que l'intendant du trésor était systématiquement choisi parmi les musulmans, tout comme l'étaient la plupart des ministres. Selon ces écrits (mais également ceux, plus tardifs, d'Ibn Battûta et d'Ibn Khaldoun) les animistes devaient se mettre à genoux et s'asperger la tête de poussière. En revanche, les musulmans saluaient quant à eux le roi en battant des mains. La capitale Koumbi Saleh était constituée de deux quartiers : l'un animiste, l'autre musulman possédant 12 mosquées. IV. L’apogée de l’empire du Ghana A la fin du 8ème siècle un soninké légendaire, le roi du Wagadou Kaya Magan Cissé refoule les étrangers berbères. Au début du règne du premier souverain des Cissé Tounkara, son royaume ne s’étend que sur le Wagadou et sur l’Awkar (ou Aoukar), mais quelques années plus tard, il réalise l’unité de tous les Soninkés. L’or est étroitement lié à la naissance et à l’importance du Ghana. La généralisation de l’utilisation du dromadaire à partir de la fin du 2ème siècle facilite les liaisons avec l’Afrique du Nord. Le « pays de l’or » correspond aux régions aurifères du Bambouk et du Bouré, sur laquelle s’étend l’autorité des souverains du Ghana, dont la capitale a été localisée à Koumbi Saleh, au sud de l’actuelle Mauritanie. À la fin du 9ème siècle, les souverains de Ghana étendent leur autorité à l’ouest sur la région aurifère du Galam et sur le Tekrour, à proximité de Djenné et de Tombouctou, et au nord sur certaines tribus berbères du Sahara. Au 10ème siècle, les Berbères d’Aoudaghost se révoltent contre l’autorité du Tounka (roi) de Ghana, qui est mis à mort par le chef des insurgés. Vers 990, un successeur du roi de Ghana assassiné s’empare du royaume d’Aoudaghost, qui est placé sous l’autorité d’un fonctionnaire. L’apogée du Ghana se situe au 11ème siècle. Le pays est richissime. La fédération de royaumes s’est peu à peu centralisée autour du roi, détenteur de tous les pouvoirs religieux, militaires et judiciaires. La capitale du royaume, Koumbi Saleh, peuplée de 20 000 habitants, est partagée entre les musulmans et les Soninkés, animistes. V. Le déclin Le Ghana n’est pas, resté éternellement souverain et autoritaire. Il connaîtra son déclin. Les causes de ce dernier sont issues d’une série de mécanismes et les conséquences feront couler l’empire. 5.1. Causes En 1076, l’empire du Ghana s’écroule sous les coups de boutoir des almoravides. Mais on pense que plusieurs facteurs pourraient expliquer ce déclin. En effet l’empire était miné de l’intérieur par des conflits de succession, les vassaux supportaient de plus en plus mal la domination du Ghana: ils aspiraient à prendre leur indépendance. 5.2. Conséquences La chute du Ghana a favorisé l’implantation de l’Islam non seulement chez les berbères mais aussi chez les noirs. Les populations furent contraintes de se convertir à l’islam ou prendre le chemin de l’exil. Les animistes Sarakollés et mandé vont se replier plus au Sud, les peuls se fixèrent dans le Fouta. Les vassaux profitèrent de l’affaiblissement pour prendre retrouver leur indépendance. La région traversa dès lors une période de trouble jusqu’à l’émergence du Mali. L’empire du Ghana a développé une brillante civilisation à travers une organisation politique remarquable et vie économique assez élaborée. Malheureusement cette belle organisation s’effondre à la fin du 11ème siècle entraînant une lutte d’hégémonie entre les anciens vassaux.