La Démodécie canine

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La Démodécie canine
La Démodécie canine
La Démodécie canine est une maladie parasitaire cutanée chez les chiens due à la présence d’un
acarien «démodex canis».
Le corps du demodex canis long et aux pattes atrophiées a une forme vermiculée.
Demodex canis fait partie des acariens microscopiques qu’on trouve dans la peau essentiellement
dans les follicules pileux où il se nourrit de sébum ainsi que des produits de l’excoriation de la peau. Il
ne se nourrit jamais de sang et il ne peut pas survivre ailleurs que sur la peau du chien.
Le corps du demodex canis long et aux pattes atrophiées a une forme vermiculée.
Le cycle de vie du demodex est d’environ 10 jours se déroulant uniquement dans le follicule pileux ou
la glande sébacée. La fécondation de la femelle étant finie, le mâle meurt, la femelle pond alors des
œufs avant de mourir elle aussi. Les œufs donnent rapidement des larves qui sortent avec le sébum
du follicule pileux pour aller en infester d’autres. Elles donneront alors par mues des adultes qui se
multiplieront à leur tour. Le demodex vit sur l’animal avec le mode de la commensalité, c’est-à-dire
qu’il se nourrit des squames et du sébum, sa multiplication n’est pas importante, contrôlée par le
système lymphocytaire de son hôte. Dans ce cas il n’y a pas agression du chien par le demodex. Le
demodex se nourrit sans gêner son hôte, dans la nature nous voyons le même cas de figure avec le
poisson rémora sur le dos du requin.
Si on parle de la population canine totale, plus de 50 % des
chiens sont infectés, on peut même dire qu’ils sont des
porteurs sains. La contamination se fait chez le chiot dans les
premiers jours de sa vie au contact de sa mère quand il a
encore une barrière immunologique absente, on parle de 10
jours, mais c‘est essentiellement dans les 3 premiers jours de
sa vie qu’il s‘infecte.
La démodécie chez le chien vieillissant, se déclarera
également à la faveur d’une immunodéficience organique
souvent due à une maladie sous-jacente, le diabète sucré ou l‘hypercortisisme. Parler de maladie
quand on découvre un démodex sur sa peau est donc une hérésie, puisque c’est un fait normal, par
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contre du fait qu’il est porteur du demodex il en devient vecteur. L’essentiel pour l’éleveur c’est de
savoir que ses reproducteurs sont porteurs et de prendre les précautions pour que la transmission ne
se fasse pas.
Qu’est-ce qu’un commensal, qu’est-ce que la commensalité?
Un être est dit commensal, ou en état de commensalité avec un autre être d’une autre espèce,
quand il en profite sans jamais l’agresser. Il est alors protégé, nourrit par son hôte, qui lui vit
normalement comme si son commensal n’existait pas, à la différence de la symbiose ou les deux
êtres profitent de l‘association. On va dire que c’est la symbiose unilatérale.
Chez les êtres unicellulaires nous avons des bactéries commensales qui vivent sur ou dans l’animal
sans causer de dégâts, elles font partie de la flore superficielle cutanée ou profonde. Chez les
acariens nous avons les parasites qui vivent sans provoquer de dégâts et c’est le cas du Demodex
chez le chien qui théoriquement ne l’agresse pas. Chez les crustacés nous avons même les balanes
qui s’attachent aux baleines par exemple pour pouvoir se déplacer dans la mer
Chez les plantes nous avons les plantes épiphytes qui sont ancrées sur d’autres plantes pour en tirer
un avantage comme une meilleure exposition à la lumière, mais sans en être un parasite pour autant.
Ce rat commensal qui a fait la gloire de notre bouledogue
Chez les êtres supérieurs, nous avons plusieurs exemples, le poisson pilote du requin le rémora qui
s’attache à lui à l’aide d’une ventouse et qui se nourrit de ses restes de table ainsi que de ses
parasites cutanés. Plus près de nous, nous avons le moineau, dit couramment «le commensal de
l’homme» qui se nourrit de ce qui l’entoure ainsi que le rat citadin qui ne vit qu’à proximité de
l’homme pour vivre de ses provisions. Nous rappellerons ce vers tiré de la fable de La Fontaine «le
singe et le chat » : «Bertrand avec Raton, l'un singe, l'autre chat, commensaux d'un logis, avaient un
commun maître»
Et chez l’homme?
Dans les temps anciens les commensaux étaient des officiers du roi qui mangeaient à la même table
pendant leurs services. Depuis on emploie le mot commensal pour les personnes mangeant à la
même table.
La contamination du chiot par le demodex se fait dans les premiers jours de sa vie.
Pour que le chiot héberge le demodex, il faut que sa mère soit obligatoirement porteuse ou qu’un
autre chien porteur vienne côtoyer le chiot. Cette contamination peut se faire dès l’accouchement et
une étude a montré que les demodex se trouvent sur la vulve. Pourquoi ces demodex se développent
alors ? Tout simplement parce que le chiot est dépourvu d’immunité. Cette immunité s’installe à
partir du 3ème jour et n’est vraiment efficace qu’à partir du 10ème jour. Le demodex peut coloniser
la peau sans problème et souvent de façon massive. Le chiot à la mamelle est en contact étroit avec
le revêtement cutané de sa mère. A partir vraiment du 10ème jour, le système immunitaire
commence à régulariser le développement du demodex, c’est-à-dire régularise la population globale
du demodex, un peu mais pas trop.
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La transmission néonatale de la mère au chiot est la seule possible.
Le processus de la maladie serait dû à l’équilibre demodex-immunité plasmocytaire du chien, tout
cela pour dire simplement que le demodex n’attaque ou se développe de façon importante que
quand le système immunitaire du chien est déficient.
Le chiot n’a pas encore d’immunité lymphocytaire, le demodex de la peau de la mère pénètre dans
les follicules pileux du chiot. Le chiot a un système immunitaire important, le demodex ne se
développe pour ainsi dire pas.
Le chiot a un système immunitaire localisé déficitaire, le demodex ne se développe que localement,
on a alors une démodécie localisée.
Le chiot a un système immunitaire général déficitaire lors de la croissance, le demodex se développe
sur tout le corps on a alors une démodécie généralisée juvénile.
L’adulte a un système immunitaire déficient dû à une maladie
générale, diabète sucré ou insipide, le demodex se développe et on a
alors une démodécie généralisée de l’adulte.
La démodécie peut se voir sur toutes les races, mais on constate une
prédisposition raciale assez nette et notre Bouledogue Français est
concerné avec d’autres, l’Américan Staffordshire Terrier, le Boston
Terrier, le Bulldog, le Bouvier Bernois, le Boxer, le Bull Terrier, le Carlin,
le Dogue Allemand, le Dogue Argentin le Dogue de Bordeaux ... Et
d’autres encore. Par contre d’autres races semblent en être exemptes, le Caniche par exemple qui ne
présente pas de forme généralisée juvénile de la maladie.
L’importance de cette maladie vient du fait quelle est souvent sous diagnostiquée et qu’elle
débouche sur des problèmes d’élevage parfois dramatiques : l’éleveur produit des chiots malades et
des chiots porteurs avec des mères porteuses du demodex, il devra donc écarter ces femelles de la
reproduction.
La démodécie déclarée cliniquement se présente de différentes façons plus ou moins graves.
La démodécie cutanée est la forme la plus courante, mais avant de parler maladie, il faut dire qu’il
n’y a pas une maladie type car les lésions cutanées provoquent des symptômes parfois différents
selon les individus, les races, expliquant souvent le sous-diagnostic de la maladie.
La forme la plus simple de la maladie est la forme localisée.
Les lésions se présentent sous la forme d’une pièce plus ou moins ronde ou le
poil s’est raréfié. Le prurit peut ou ne pas exister. C’est la forme la plus courante
et souvent guérit spontanément, car cela est dû à une baisse d’immunité locale
momentanée, ce qui explique que la maladie est sous diagnostiquée, mais si on
parle de guérison, il serait plus exact de parler de blanchiment, car le demodex
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est toujours présent et donc transmissible aux chiots ou éventuellement reviendra en grand nombre
s’il y a un manque de défense immunitaire pathologique.
Dans certaines races comme le Westie ou le Doberman, on peut observer cette localisation à
l’extrémité d’un membre, la pododermatite ou dans le conduit auditif, otodémodécie.
La forme la plus importante est la forme généralisée.
On parle de forme généralisée quand les lésions recouvrent plusieurs
parties du corps à la fois, le chien présente alors une peau rougeâtre,
irritée souvent suite au prurit, le poil peut s’éclaircir et la peau paraître
squameuse, croûteuse. Le demodex par sa présence dans le follicule
pileux peut exciter la production de sébum, excès de sébum qui ne sort
pas du follicule et qui va stationner en séchant et donner des comédons,
ces points noirs de la peau dans les régions un peu glabres, tel l’abdomen
ou l’intérieur des cuisses qui émettent un tortillon de produit gras
brunâtre quand on appuiera dessus.
Cette démodécie souvent ne s’arrête pas là car une surinfection
bactérienne qu’on appelle alors pyo-démodécie vient noircir le tableau.
Des streptocoques des staphylocoques le plus souvent, parfois hôtes
commensaux de la peau se développent sur un tégument irrité qui ne se régénère plus normalement
et qui devient un véritable milieu de culture. Cette staphylo-démodécie s’installe et ne fait que
s’amplifier. Le traitement à ce moment-là fait appel non seulement aux antiparasitaires mais encore
aux antibiotiques et il ne faudra pas arrêter le traitement rapidement pour que ni le parasite, ni le
microbe puissent favoriser le terrain de l’autre; le parasite se développera d’autant mieux que la
peau est infectée et le microbe se développera d’autant mieux que le démodex irrite les follicules
pileux.
Cette forme généralisée se constate quand il y a une déficience immunologique générale, c’est le cas
parfois lors de la croissance, démodécie généralisée juvénile, ou lors d’une maladie systémique,
diabète sucré ... comme nous l’avons déjà dit.
La démodécie généralisée est la suite de la forme cutanée qui a
envahi toute la surface du corps. L’organisme réagit contre cette
attaque et on constate les symptômes généraux des démodécies
généralisées sévères, hyperthermie, apathie et même
déshydratation, pouvant déboucher sur une septicémie en
dernier recours et il va sans dire qu’à ce niveau-là démodécie
devient une véritable urgence vétérinaire. Et n’oublions pas que
sur un adulte vieillissant on peut avoir des signes de maladies tel
le diabète sucré ou le diabète insipide qui d’ailleurs ont permis au demodex de tant se développer.
Le diagnostic doit se baser sur plusieurs critères, les symptômes, les commémoratifs et la mise en
évidence des demodex.
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Cet examen microscopique se fait grâce à un raclage cutané réalisé par votre vétérinaire, étalé sur
une lame et ensuite regardé au microscope à un petit grossissement. Ce raclage doit être énergique
non seulement à la surface de la peau mais bien en profondeur.
Mais attention, la présence d’un demodex ne veut pas dire maladie, puisque 50 % des chiens sont
porteurs de demodex sans présenter de signes cliniques.
Il faut faire un raclage au bon endroit et parfois il est nécessaire sinon indispensable de faire une
sédation pour pouvoir accéder à des endroits délicats, les extrémités par exemple.
Coupe hystopathologique
Dans le champ du microscope, on peut recenser les trois formes, adultes, larves et œufs, leur
nombre respectif permet de savoir et l’importance et le potentiel de la contamination. Lors de
pyodémodécies il est tentant de faire un raclage à l’endroit des lésions pustuleuses, mais attention le
demodex n’est pas forcément à ces endroits envahis de pus, de sang, mais plutôt dans les follicules
pileux en bon état à la périphérie des lésions où il peut se nourrir aisément de sébum.
Le raclage est le geste le plus approprié, si on veut faire plus simple on peut simplement arracher un
poil accompagné de son bulbe et le regarder au microscope et si on veut faire plus compliqué on
peut pratiquer une biopsie cutanée qui donnera encore plus d’informations.
Le pronostic pour cette maladie a bien changé: Il y a encore trente ans, avoir un chien atteint de
démodécie était une vraie catastrophe, car il n’y avait pas de traitement et même s’il y avait parfois
des accalmies, c’était une évolution toujours fâcheuse, le chien se grattait continuellement et les
plaies faisaient peine à voir. Depuis les choses se sont particulièrement améliorées avec l’apparition
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sur le marché pharmaceutique de produits qui pouvaient atteindre le parasite où il était et le
détruire en même temps. Mais il ne faut pas oublier que le traitement ne peut se faire qu’avec l’aide
du vétérinaire et qu’il est coûteux et long, en ne l’arrêtant pas quand le parasite semble ne plus être
là car des rechutes sont possibles avec une explosion démoralisante.
Il y a vingt ans encore aucun antiparasitaire ne venait à bout du demodex, le lindane et ses dérivés
utilisés alors pour les gales sarcoptiques ou les phtyrioses dues aux poux se montraient sans effet
sinon d’irriter la peau encore plus, de nombreux chiens présentant des démodécies généralisées ont
souffert le martyr toute leur vie quand celle-ci n’était pas écourtée. On a compris que si le lindane
n’avait pas d’effet, c’est parce qu’il n’allait pas à l’endroit où se développe le demodex, le follicule
pileux. Le lindane a essentiellement un effet de surface et pas une action systémique. En plus la
toxicité de ces produits se révélait plus dangereuse qu’autre chose.
Avant tout traitement, il faut partir sur de bonnes bases, c’est-à-dire savoir où on en est en début de
traitement, en cours de traitement et en fin de traitement et pour cela il faut déterminer deux ou
trois endroits précis de la peau où on fera des raclages cutanés périodiques. On établira un
recensement des adultes, des larves et des œufs quand on voit tous ces stades, pour déterminer
l’amélioration dans le traitement, en précisant que la vision des trois stades est en faveur d‘une
intense multiplication du parasite. Cela permet de comprendre aisément qu’un suivi vétérinaire sera
nécessaire dans le temps pour constater la progression dans la jugulation de la maladie.
Le nettoyage des plaies sera la première chose à faire avec éventuellement la tonte des parties
atteintes, si les poils semblent poser des problèmes.
L’amitraze possède un AMM, une autorisation sur le marché, pour la démodécie. Une AMM veut dire
que le laboratoire a fait des études sur l’efficacité et la non dangerosité de la molécule. L’amitraze
est mélangée à l’eau à raison de 0.025% à 0.1% de la solution et un bain est donné toutes les
semaines. Les effets d’une solution plus concentrée ou d’un emploi plus rapproché se montrent
plutôt néfastes que bénéfiques. Avant chaque bain on prépare la solution avec de l’eau tiède car la
solution ne se garde pas d’une fois sur l’autre, les UV détruisant la molécule d’amitraze s’oxydant par
ailleurs.
La solution est appliquée avec une éponge sur tout le corps, on se protègera les mains avec des gants
et on mettra un tablier, sans oublier de faire cette application dans une pièce bien aérée et ventilée,
car l’odeur du produit est relativement forte et agressive, pouvant provoquer des nausées. On ne
rincera pas le chien et on le séchera au sèche-cheveux pour que le produit reste sur la peau.
Après les premiers bains, le chien peut se gratter se frotter comme si quelque chose le démangeait,
mais cela ne dure pas. Parfois des rougeurs, une inflammation, voire une certaine gêne au toucher
peuvent être constatées. Quand la démodécie est très installée, les bains d’amitraze sont nécessaires
et indispensables, par contre si la démodécie n’est pas trop importante, ou si après guérison on veut
prolonger son effet, on peut utiliser des applicateurs qui contiennent de l’amitraze. C’est le cas des
Pot-on «PROMERIS DUO» où l’amitraze est alliée avec un autre antiparasitaire le metaflumizone qui
a une très bonne action sur les puces, les tiques. L’emploi en est très facile, avec une simple
application du spot-on sur la peau derrière le cou en général. La périodicité d’application est longue,
1 mois à 1mois et demi et surtout l’effet est multiple sur plusieurs parasites de la vie courante du
chien. Son utilisation en plus peut se faire à partir de la huitième semaine du chiot.
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L’ivermectine a une action sur le demodex mais cette molécule ne possède pas d’AMM, car le
laboratoire ne la destine pas à ce traitement. Si votre vétérinaire l’utilise, c’est uniquement sous sa
responsabilité en testant à la première administration sa bonne tolérance, car certaines races comme
les Colley peuvent présenter des réactions irréversibles. La présentation utilisée est celle injectable
que l’on destine aux animaux de ferme en injection. L’administration est orale à raison de 0.5 mg par
kilo. Cette dose est bien tolérée et permet d’avoir de très bons résultats.
La Milbemycine oxime est aussi une molécule qui a non seulement une AMM dans le traitement de
la démodécie, mais a surtout le mérite de pouvoir être utilisée chez les races qui peuvent être
sensibles à l’ivermectine.
La dose journalière d’environ 1mg, pouvant être doublée si nécessaire, est administrée oralement
dans un corps gras pour améliorer encore l’efficacité. Après guérison il faut toutefois une dose
d’entretien hebdomadaire. Malheureusement ce traitement est très coûteux.
Tous ces traitements actuellement peuvent être administrés en même temps que des produits
antiparasitaires ayant action sur le demodex. C’est le cas de «Advocate» du laboratoire Bayer qui
propose l’emploi de l'imidaclopride, un antiparasitaire, sous forme de pipette que l’on peut appliquer
tous les mois sur la peau de votre chien.
Beaucoup de propriétaires ont soigné et soignent encore en rappel, leur chien démodécique avec de
très bons résultats à la fréquence d’une pipette tous les mois. L’action d’advocate ne se résume pas
uniquement à son action antidémodécique mais agit également contre les autres parasites, puces,
tiques, acariens responsables des gales cutanées et auriculaires. En plus il a une action antiparasitaire
interne, contre les filaires responsables de la dirofilariosa chez le chien et également contre certains
nématodes gastro-intestinaux.
Voilà ce qu’est la démodécie
Ces photos ont été fournies par le «Rescue-Boule», association de sauvetage des Bouledogues
Français. Elles ont été prises sur des bouledogues en mauvais état cutané abandonnés par des
propriétaires qui ne pouvaient plus faire face à cette maladie.
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Mais est-ce à ces propriétaires qu’il faut porter griefs, si l’animal n’avait pas été malade, en seraientils venus à les abandonner ? Je ne le pense pas à 100%, ne serait-ce pas plutôt la faute des éleveurs
qui ont produit ces chiens porteurs de démodécie et encore ne le savaient-ils pas? Une chose est
certaine une chienne produisant une grosse quantité de chiots présentant une démodécie juvénile
est à ne plus faire reproduire, car c’est répliquer le problème de façon inexorable. Mais avant de
jeter le déshonneur sur un propriétaire d’une telle femelle, sachez toutefois que 50% des chiens sont
atteints de demodex et qu’une démodécie juvénile soignée aussitôt son apparition guérit facilement
car les médicaments actuels sont très efficaces contre la démodécie.
L’utilisation de produits anti-demodex, comme tous les antiparasitaires sous forme de spot-on par
exemple, se fait actuellement de façon systématique et sur de nombreux chiens et pourrait
déboucher sur une moindre importance du nombre des porteurs, on parle de 50 %, si ce pourcentage
diminuait, peut-être verrions-nous enfin cette maladie qui a déjà fait couler beaucoup d’encre
devenir de plus en plus rare, au grand bonheur des associations de sauvetage des chiens et pas
seulement des bouledogues.
Le demodex humain
Il y a 65 espèces de demodex, et 2 vivent sur la peau de l’homme, le saviez-vous? Ils sont
microscopiques et vivent comme chez le chien dans les follicules pileux plus spécialement ceux du
visage, poils près du nez, cils et sourcils, se nourrissant de sébum. Le demodex du chien malgré la
promiscuité qui existe entre l’homme et le chien, ne vit pas sur la peau humaine. Le demodex se
nourrit essentiellement de sébum et étant dépourvu d’anus il ne rejette que des déchets gazeux! S’il
faut du sébum, on comprendra qu’on le voit peu sur la peau des enfants mais essentiellement sur la
peau de l’adulte, qui en prenant de l’âge en est de plus en plus pourvu, surtout s’il est atteint d’une
maladie amenant une baisse de défense immunitaire. Si le nouveau-né n’en est pas porteur, la
contamination se fera par contact cutané, la larve du demodex sortant du follicule pour en coloniser
un autre, soit de la même personne soit d’une autre personne et se déplaçant à la vitesse de 12
cm/heure surtout la nuit car il est photosensible.
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