Bivouac en hamac - Carnets d`Aventures

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Bivouac en hamac - Carnets d`Aventures
Dossier
Bivouac en hamac
Bivouac en
hamac
Au delà de l'image d'Epinal "farniente détente", le hamac s'avère
être un fantastique compagnon de bivouac
La détente en pays chaud, un
chapeau de paille sur la tête, un cocktail
à la main, le tout alangui dans un hamac
accroché entre deux palmiers au bord
d’un lagon. Voilà l’image dilettante associée à cet accessoire. Pourtant, le hamac
présente aussi de nombreux avantages
pour l’amateur de voyage nature ou
d’expé. La solution traditionnelle pour le
bivouac est la tente, le tapis de sol et le
duvet. L’ensemble est plutôt lourd et le
hamac représente bien souvent une
meilleure alternative. Parmi ses avantages on peut citer rapidement : un poids
réduit, un encombrement minimal, une
position confortable, une grande polyvalence d’installation quelle que soit la
pente et la nature du sol (pierre, humidité), une mise en place discrète, sans
parler du plaisir d’être en contact avec le
milieu, de voir les étoiles avant de s’endormir et de ne pas être confiné dans
l’espace réduit d’une tente.
Zones chaudes
La tente et tapis de sol sont inadaptés
aux régions chaudes, on y étouffe. Dans
celles-ci on préférera souvent dormir à la
belle, mais si cela est envisageable
quelques nuits, on ne peut pas retenir
cette unique solution pour un voyage au
long cours ; ceci en raison des intempéries, mais aussi des animaux nuisibles ou
dangereux, souvent très présents dans
les régions tropicales ou équatoriales. La
solution reste alors le hamac avec sa
bâche. Léger et confortable ce système
permet d’être bien même lorsqu’il fait très
chaud. Sa position surélevée met l’utilisateur presque totalement à l’abri de la
faune des forêts pluviales. Une astuce
pour éviter que les fourmis et autres
rampants n’entrent dans le hamac
consiste à disposer un peu de mousse à
raser sur les cordes d’attache, cela
constitue une barrière efficace. C’est la
méthode utilisée par les légionnaires en
Guyane. Pour les zones à moustiques, il
faudra rajouter une moustiquaire
spéciale. Elle se fixe au niveau des
cordes d’attache et englobe complètement le hamac. L’ajout de la moustiquaire limite un peu la circulation d’air ;
plutôt désagréable quand il fait vrai-
Hamac coton utilisé dans le centre de la France
En haut : Les Antilles
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ment chaud, mais il faut savoir faire des
compromis !
Zones tempérées
En dehors des zones chaudes, le hamac
a aussi sa place, à condition que la
température ne soit pas trop inférieure à
zéro. Le problème est, en effet, le froid :
le hamac compresse le duvet et réduit la
couche d’air isolante qui entoure le
dormeur. Pour limiter ce problème, on
peut mettre un tapis de sol entre le
hamac et le duvet. On s’aperçoit alors
que les zones tempérées sont bien adaptées au hamac car généralement bien
boisées.
La position
On dort très bien dans un hamac, il suffit
juste d’un peu d’habitude. Quelques
astuces permettent d’améliorer le
confort : un petit objet souple (coussin,
housse remplie d’habits, etc.) placé sous
les genoux évite d’avoir les jambes
tendues toute la nuit, ce qui peut devenir
douloureux. De même, un petit oreiller
permet de varier la position, là aussi un
vêtement fait l’affaire. Au bout de
quelques nuits, on s’habitue à la position
et on dort très bien. On a par ailleurs le
plaisir de dormir chaque soir dans des
conditions identiques, ce qui n’est pas du
tout le cas dans une tente,
puisque la nature du sol
(pierres, sable) et la pente
varient d’un bivouac à l’autre.
La position sur le dos est souvent l’unique
qu’on associe au hamac ; cependant,
dormir sur le côté est non seulement
possible mais confortable, seule la position sur le ventre est délicate (et encore
en tendant beaucoup son hamac…).
La tension du hamac est très importante,
on dort moins bien dans un hamac très
relâché, sauf si son réglage permet de
dormir en diagonale dedans, selon la
méthode brésilienne. On notera que cette
dernière sollicite moins les coutures et
“suspentes” que lorsque la tension des
cordes est plus forte. Plus on tend un
hamac, plus la position de sommeil va
être “droite” (moins bananée) et se
rapprocher de celle d’un lit traditionnel.
Attention cependant, dans cette configuration le hamac doit être réglé “brins équidistants” sinon, on aura tendance à y être
compressé, et c’est très désagréable. Voir
la section réglages pour plus de détails.
Matériel
Pour bivouaquer en hamac il faut :
Le hamac (en nylon pour les zones
chaudes, le coton est plus agréable pour
les zones plus fraîches).
2 brins de cordes d’attache, ils doivent
être en corde statique, beaucoup plus
adaptée pour les réglages qu’une corde
dynamique, avec un diamètre de 6mm au
moins, plus le diamètre est gros et moins
la corde s’use. Le contact avec les arbres
et surtout les rochers est très abrasif.
Certains utilisent des sangles rapides
(celles pour fixer des objets sur le toit
d’une voiture). C’est très pratique pour
accrocher et régler le hamac mais ça ne
fonctionne qu’avec des arbres.
2 petits mousquetons (ceux d’une
dégaine d’escalade par exemple), c’est
plus pratique pour attacher le hamac.
Une faîtière (cordelette de 3mm au
minimum).
Une bâche (type toile de tente rectangulaire ou simple bâche de chantier, taille
minimum 2x3 mètres, une taille confortable en cas de pluie est 3x4).
Une moustiquaire pour les zones impaludées.
L’ensemble hamac nylon + cordes +
mousqueton + faîtière pèse 600 g
Une bâche 2x3 m pèse environ 450 g
Mise en place
La mise en place d’un hamac est rapide,
même si on lui adjoint une bâche et une
moustiquaire. Par ailleurs c’est bien plus
amusant et moins répétitif que l’installation d’une tente. Il faut réfléchir au
meilleur
En haut : Structure autoporteuse
emplacement
En bas à droite : Bout de bois bloqué dans une fissure
et, lorsqu’il
Ci-dessous : Carbet dans une grotte
n’y a pas
a s s e z
d’arbres,
voire
pas
d’arbre
du
tout, beau-
coup d’imagination est nécessaire pour
placer les hamacs. Cependant avec un
peu d’entraînement on repère bien vite
les bons emplacements. Dans les zones
non boisées mais rocheuses, il est relativement aisé de fixer le hamac entre des
pierres. On peut alors attacher la corde
sur des becquets ; planter des bouts de
bois dans des fissures pour y fixer la
corde ; ou encore faire un nœud sur la
corde, noeud que l’on coince dans un
étranglement du rocher. On peut également construire une structure autoportante avec le bois mort. Le bois flotté,
abondant sur la côte, convient très bien.
Dans les forêts sud américaines, de telles
structures s’appellent des carbets.
Un gros avantage du hamac est qu’il peut
se poser dans n’importe quelle pente,
alors que pour une tente il faut une zone
plate. En moyenne montagne par
exemple, un flanc pentu parsemé de
sapins peut servir de zone de bivouac.
Une fois qu’on a accroché les cordes, on
tend la faîtière entre les 2 points d’attache. Même si on ne met pas de bâche,
une faîtière est toujours pratique pour
accrocher la frontale et d’autres bricoles.
En forêt tropicale, on veillera à mettre une
faîtière robuste qui protégera un minimum
en cas de chute de branche. Dans des
situations particulières où le matériel et la
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Dossier
Bivouac en hamac
Le hamac selon Luc Henri Fage, spéléologue, cinéaste et photographe d’expédition
Mon hamac a été conçu en 1990, avant la traversée de la Nouvelle-Guinée avec Arnoult Seveau. Il a été moult fois amélioré
depuis. Il est constitué d’un rectangle de 80 x 210 cm, dont le bord est cousu avec des sangles résistantes, il comporte une
tente moustiquaire. Le total des nuits passées dans ce hamac, dans les forêts équatoriales de Nouvelle-Guinée ou de
Bornéo, équivaut à deux années…
À chaque extrémité, deux sangles se terminent par des boucles métalliques. On y fixe un écarteur, fait dans un morceau
de bois trouvé sur place. Deux sangles “étrangleur” enserrent chaque tronc, histoire de ne pas glisser, et sont fixées dans
les boucles métalliques de sorte que les pieds soient toujours un peu plus haut que la tête. Plus le hamac est tendu, meilleur
sera le sommeil… à l’inverse du hamac d’Amérique du Sud.
On y a cousu au-dessus une sorte de petite tente en moustiquaire, qui se ferme avec du velcro et un zip. Enfin, trois poches
cousues sur une des deux parois en tissu de la tente permettent de déposer lunette, montre, lampe frontale, etc.
On peut encore améliorer son confort en rajoutant au fond du hamac un matelas autogonflant : il évite de creuser le hamac,
et c’est appréciable au niveau des épaules, et il isole du froid venant par-dessous, inévitable même en une forêt tropicale,
à la fin de la nuit.
Une fois à l’intérieur, dans son sac à viande ou son duvet léger, on peut savourer sans crainte les bruits de la forêt, subir
les averses les plus ravageuses, et ne pas s’inquiéter des animaux.
Pour éviter que de l’eau ruisselant sur les sangles parvienne dans le hamac, il faut faire des boucles avec la partie libre de
la sangle : l’eau s’égouttera à la verticale du nœud en question.
Le seul hic de ce hamac : il n’existe pas dans le commerce. À faire soi-même donc.
Les dix commandements
• Dans la forêt, tu installeras ton hamac entre deux arbres solides, pas trop gros, et espacés de 3 mètres.
• Tu regarderas en haut, histoire de vérifier que des arbres ou des branches mortes ne puissent chuter sous une tempête
et t’aplatir (ce serait dommage).
• Tu nettoieras l’espace entre les arbres, en coupant les arbustes, en ôtant les feuilles mortes, histoire de déloger fourmis,
scolopendres, scorpions et autres bêtes. On peut étaler sur le sol ainsi nettoyé des palmes ou des grandes feuilles.
• Puis tu sortiras (d’un endroit accessible du sac à dos où tu auras eu soin de la placer), la bâche de 3,5 x 3 que tu installeras le plus haut possible.
• Et bien tendue, aux quatre coins avec des cordelettes sur des arbustes ou des piquets.
• Alors, tu pourras ouvrir ton sac, et déballer tes affaires à l’abri de la pluie.
• Le hamac tu tendras, comme décrit ci-dessus.
• Au sol, tu étaleras ta couverture de survie pour installer tes affaires, juste sous le hamac.
• Un peu de fumée pour éloigner les moustiques.
• Et quand tu te coucheras, tu apprécieras le confort et la sensation de sécurité extraordinaire de ce modeste couchage,
digne d’un roi.
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Hamac de Luc-Henri Fage
Hamac utilisé par Luc-Henri Fage lors
d'explorations spéléo sous les tropiques
Sieste en Corse (Cap sur l'Afrique)
Sardaigne (Cap sur l'Afrique)
Corse (Cap sur l'Afrique)
nourriture ne doivent pas être posés au
sol, on mettra un hamac filet au-dessus
du hamac principal, il servira de rangement.
Si nécessaire, on pose la bâche sur la
faîtière, on accroche les 4 coins, avec de
la cordelette, à la végétation environnante. On veille à ce que la bâche ne
fasse pas de poche où l’eau de pluie s’accumulerait.
Réglages
Coincement dans une fissure avec un caillou
Accrochage sur un becquet rocheux
Ci-dessous : Corse (Cap sur l'Afrique)
Un peu de technique maintenant.
Définissons quelques termes pour que la
suite soit plus compréhensible :
Corps du hamac : zone du tissu sur
laquelle l’utilisateur prendra place.
Triangle de brins : de chaque côté du
hamac un réseau de brins de cordelette
forme un triangle qui part du corps du
hamac et qui se concentre dans la
poupée.
La poupée : le bout du triangle où les
brins se rejoignent. Ils sont enserrés par
une cordelette ce qui forme un anneau
sur lequel on accroche la corde d’attache.
Cette cordelette, en étant très serrée,
maintient la distance propre de chaque
brin au corps du hamac. Le hamac a 2
poupées.
Corps
triangle de brins
poupée
La poupée
On peut régler un hamac en ajustant ses
brins. En général le triangle de brins
n’est formé que d’une seule cordelette, et
non pas de plusieurs brins distincts.
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Dossier
Bivouac en hamac
Quand le hamac n’est pas en tension, on peut
faire coulisser cette cordelette et donc faire
varier la longueur de chaque brin. C’est en
faisant varier cette distance qu’on va changer
les caractéristiques du hamac.
Si on met chaque brin à équidistance du corps
du hamac, celui ci pourra être mis en position
très tendue (plus confortable) sans
compresser le dormeur. De plus en tendant
fortement le hamac, on peut utiliser des points
d’attache très bas (proches du sol), ce qui est
souvent pratique en zone rocheuse. Nous
conseillons cette configuration.
Si on met les brins centraux plus longs que les
brins latéraux, on va destiner le hamac à une
utilisation “bananée”. Cette configuration ne
permet pas de tendre le hamac car l’utilisateur
y serait comprimé. En revanche les
contraintes sur le hamac seront moins fortes.
Coucher de soleil en Corse, tranquille…
Comment se procurer hamac et accessoires ?
Voici quelques magasins proposant des hamacs légers (liste non exhaustive) :
Trek-aventures equipement, voir www.trek-aventures.com, modèles légers en toile de parachute.
Au vieux Campeur, voir www.auvieuxcampeur.fr section Terre - Couchage, notamment une version “tout intégré” : hamac + moustiquaire + toit.
Décathlon, un modèle léger en nylon est proposé, voir www.decathlon.fr section Montagne - Matériel de randonnée - Sacs de
couchage - Accessoires.
La maison du hamac, voir www.maisonduhamac.com section Hamac tissé - Hamac camping.
Comme pour n’importe quel produit, on trouve des hamacs
à tous les prix. Evidemment les caractéristiques et la
qualité varient avec le tarif, mais en France on peut tabler
sur un budget d’environ :
30 à 45 euros pour un hamac léger (nylon par exemple)
mono place (avec en général sa housse de rangement).
De nombreux critères sont à évaluer et pourront faire
varier le prix : forme, taille, matériau, solidité, poids et
encombrement, couleurs disponibles (ça paraît secondaire, mais on a souvent envie ou besoin d’avoir un
bivouac plutôt discret).
A partir de 5 euros pour une bâche basique (type bâche de
chantier). Plusieurs critères : solidité, poids, matériau
(attention par exemple au bruit en milieu venté), finition
(présence d’œillets par exemple), couleurs disponibles.
En ce qui concerne la moustiquaire, il existe des modèles
spécifiques pour hamac mais ils sont très difficiles à
trouver (tout au moins en France métropolitaine). Reste la
solution à se bricoler soi-même avec de la moustiquaire
achetée au mètre (quelques euros le m² dans des magasins de bricolage), et des accessoires du type velcros ou zips (quelques
euros également, en mercerie ou grande surface) pour fixer la moustiquaire au hamac ou bien englober le hamac d’un “tube” en filet
moustiquaire. Choisir les matériaux en fonction de l’utilisation souhaitée : fréquence, environnement. Etant donné qu’on monte et
démonte son bivouac tous les jours, on veillera à fabriquer un système dont la mise en place et l’utilisation sont rapides et aisées
(un besoin de sortie urgente au beau milieu de la nuit n’arrive pas qu’aux autres…) et qui résiste à de nombreuses manipulations.
Ne pas oublier le système d’attache et la faîtière : cordelettes ou sangles (quelques euros) et éventuellement mousquetons (environ 10 euros la paire).
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