Blueprint n°116 - septembre 2015
Transcription
Blueprint n°116 - septembre 2015
Blueprint Belgique – België PP-PB B 018 Trimestriel / n° 116 / septembre 2015 agenda vendredi 9 octobre – 19h mardi 27 octobre – 12h30 Autour de la prothèse de genou – Avant-Pendant-Après Cercle de Wallonie (ancien Château du Val Saint Lambert), Esplanade du Val, 4100 Seraing Commission de contacts médecins généralistes-médecins hospitaliers Cardiologie interventionnelle : nouvel agrément pour le CHC Dr Philippe Marcelle ASBL des médecins, rue de Hesbaye 104, 4000 Liège samedi 10 octobre – 13h30 Journée médicale des Cliniques Saint-Joseph Cercle de Wallonie, Seraing Programme 13h30 14h 15h 16h 16h30 17h30 18h30 19h samedi 14 novembre – 8h30 Seconde journée liégeoise de l’insuffisance veineuse superficielle : 15 années d’évolution, quels impacts dans notre pratique quotidienne ? Palais des congrès de Liège jeudi 19 novembre – 14h30 et Accueil et inscriptions vendredi 20 novembre – 8h Quand la peau vieillit… Dermatologie 2nd Liège Live Surgical Day – Lectures and live transmissions gériatrique Palais des congrès de Liège Dr Chantal Bonardeaux Quand le cœur vieillit… Cardiologie mardi 24 novembre – 12h30 gériatrique Commission de contacts médecins généralistes-médecins hospitaliers Dr Mathurin Pegnyemb Une clinique spécialisée pour les troubles des conduites alimentaires Pause-café Dr Sonia Fuchs Qui mal y pense… Algologie pratique ASBL des médecins Drs Vincent Ninane et Frédéric Louis L’évolution des soins de santé dans mercredi 2 décembre – 19h les 10 prochaines années Soirée de conférences AVC Ri De Ridder, directeur général soins de Clinique Saint-Joseph (6e étage) santé, INAMI Apéritif Souper Renseignements et inscriptions : service communication du CHC Anne-Marie Mandic : 04.224.80.98 – Marianne Lebrun : 04.224.85.62 L’Opéra au profit de l’Espace+ Avis aux amateurs d’opéra ! Une représentation exceptionnelle du Barbier de Séville, de Rossini, aura lieu à l’Opéra royal de Wallonie le vendredi 16 octobre à 18h. Les places sont vendues au profit de l’Espace+, espace dédié au bienêtre des patients oncologiques. De la catégorie 1 à la catégorie 5, leur prix varie de 80 € à 14 € (de 20 € à 4 € pour les moins de 26 ans). La réservation est obligatoire et sera validée par le paiement préalable. Informations : [email protected] ou 04.224.89.92 /1 clinique et thérapeutique Dr Christian Focan / oncologie La recherche clinique en oncologie : une équipe dynamique et soudée au service des patients Introduction Basée actuellement à la clinique Saint-Joseph (service d’oncohématologie, niveau -1), sous l’autorité du Dr Marie-Pascale Graas, chef de service, une équipe de cinq universitaires collabore avec le Dr Françoise Kreutz en vue de permettre aux patients souffrant d’un cancer de bénéficier à tout moment de la meilleure prise en charge, notamment dans le cadre d’études cliniques académiques, non académiques ou de projets INAMI. A la base de leur travail, un leitmotiv : que puis-je proposer à mon patient pour améliorer son évolution sur le plan tumoral (rémission, guérison) et sur le plan d’une meilleure qualité de (sur)vie ? Une équipe dynamique et motivée Alexandro Maniglia a également obtenu son diplôme en sciences biomédicales à l’Université de Liège, en mettant l’accent sur les options recherche et biologie clinique. Son diplôme lui a permis de travailler au service d’anatomopathologie de l’hôpital Erasme (Bruxelles – ULB), service dans lequel il a pu développer ses talents de chercheur et participer à l’accréditation du laboratoire. Après cette expérience, j’ai préféré me diriger vers la recherche clinique, afin de privilégier le contact humain. Il a d’abord travaillé comme coordinateur d’études cliniques en gynécologie obstétrique et sénologie au CHU de Liège, pour ensuite enchaîner au CHC, dans le service d’oncologie. Audrey Stultiens, porteuse d’un master en sciences biomédicales, a choisi l’orientation pharmacologie et biologie clinique. Elle a ensuite prolongé sa formation grâce à cinq années de travail en laboratoire de recherche fondamentale. Elle y a étudié l’implication de protéines membranaires dans la croissance et la prolifération de cellules tumorales. Ce fut une expérience enrichissante, mais j’ai préféré privilégier le contact humain en suivant les patients participant à des études cliniques. Un master en biologie Morgan Collin a travaillé deux ans en recherche fondamentale sur la tuberculose et la paratuberculose à l’ISP-Pasteur et au CERVA (Centre d’études et de recherche vétérinaire et agrochimique). Il est ensuite devenu assistant de recherche clinique durant trois ans dans le service d’hémato-oncologie du Pr Canon, au GHdC (Grand Hôpital de Charleroi), essentiellement dans le domaine hématologique et celui des cancers pulmonaires, avant de rejoindre l’équipe du Dr Marie-Pascale Graas. De gauche à droite : Audrey Stultiens, Alexandro Maniglia, Dr Françoise Kreutz, Morgan Collin, Annie David et Ludivine Collard Un médecin Travaillant au sein de l’équipe d’oncologie du CHC depuis 1989, le Dr Françoise Kreutz a été directement impliquée en tant que coordinatrice médicale des études cliniques. Elle en organise les soumissions au comité d’éthique, est responsable des discussions concernant les contrats et facilite les démarches administratives. Elle rencontre également régulièrement les patients en consultation afin de respecter la fréquence des surveillances exigée par les protocoles. Trois masters en sciences biomédicales Ayant terminé ses études en sciences biomédicales, Ludivine Collard a quitté la cité ardente pour l’Université de Louvain qui lui a offert sa première expérience en recherche clinique en tant que coordinatrice en recherche clinique médicale. Elle a rejoint l’équipe du Pr Houssiau en rhumatologie pendant deux ans. J’y ai appris l’application d’un protocole d’étude clinique, la gestion des patients et l’organisation au sein d’un hôpital universitaire. Le point d’honneur était donné au suivi très rapproché des patients en cours d’études. C’est ensuite le service d’oncohématologie du CHC qui lui a permis de revenir dans sa ville natale. Ludivine se distingue par son professionnalisme et son humanisme. 2 / blueprint n° 116 / septembre 2015 Une infirmière clinicienne Diplômée de l’Université de Montréal (licence en sciences infirmières), Annie David fut d’abord data manager en oncologie de 2002 à 2004. Elle revient en recherche clinique au CHC en 2010. Son expérience professionnelle variée lui confère un certain jugement clinique. Elle a passé neuf ans en milieu hospitalier et quatre en santé publique ; elle a fréquenté des services aussi variés que la gériatrie, la chirurgie orthopédique, le triage et les urgences, les soins intensifs, les services de réanimation hématologique (greffe de mœlle) et de vaccination adulte et enfant. Elle s’est aussi intéressée aux patients toxicomanes et aux sans-abris. Elle fut également infirmière GMF (groupe de médecine familiale) : cela m’a amenée à développer la collaboration pluridisciplinaire dans la prise en charge de patients diabétiques, hypertendus et anti-coagulés. Quel est leur rôle ? On les surnomme les data managers, mais leur rôle ne se limite pas à l’encodage des données. Le terme coordinateur de recherche clinique leur parait davantage approprié. Dès qu’une étude est acceptée par le comité d’éthique et que les contrats sont négociés et signés, l’équipe de recherche veille à l’application du protocole selon les GCP (good clinical practice). De plus, l’équipe pratique certaines techniques telles que ECG, mesure de paramètres et prises de sang, élargissant la capacité de prendre en charge des études de phases diverses, notamment de phase I et/ou de pharmacocinétique. Ajoutons la maîtrise de l’informatique leur permettant de créer différents outils et présentations. Une référence pour le patient, une aide pour le médecin Un membre de l’équipe de recherche devient un intervenant pivot pour le patient et fait le lien entre le médecin, l’infirmière coordinatrice, le patient et l’étude. Il rencontre ainsi le patient fréquemment, est à son écoute, veille à ce que les données récoltées soient complètes, précises et réfère vers les professionnels appropriés en cas de nécessité. La proximité entre l’équipe de recherche et les médecins permet une communication continue et interactive amenant une prise en charge optimale. L’équipe encadre également le patient en organisant ses différents rendez-vous. Au sein du CHC, avec les différents services et cliniques Un protocole d’étude clinique amène davantage de travail aux services d’anatomopathologie, d’imagerie médicale (radiologie/médecine nucléaire), de biologie clinique, à la pharmacie, … L’équipe de recherche contribue à faciliter l’application d’une recherche en effectuant l’envoi du matériel d’anatomopathologie, l’envoi d’images, la gestion des prélèvements. Une étude implique également une collaboration étroite avec l’hôpital de jour médical et chirurgical, les infirmières coordinatrices, le service de préhospitalisation. L’équipe coopère avec les autres cliniques du CHC. Elle se déplace à la clinique Notre-Dame Hermalle et à l’Espérance à la rencontre des patients. Notons aussi le partenariat avec la clinique Notre-Dame Hermalle, dans le projet oncogériatrie 2 notamment. La polyvalence et la compétence de cette équipe ont amené d’autres services de l’institution à solliciter sa collaboration. Ainsi, la neurologie, la néphrologie et la gastroentérologie bénéficient de son savoir-faire. De plus, l’équipe est responsable de l’organisation de gestion multidisciplinaire d’une maladie rare, le syndrome d’Ehler-Danlos. Elle est en contact continu avec l’hôpital de jour médical et chirurgical, avec les infirmières coordinatrices oncologiques, celles spécialisées en néphrologie, avec la préhospitalisation et avec les médecins. Renommée et reconnaissance De nouvelles molécules, l’accès à des médicaments prochainement remboursés Les études permettent au CHC de rester à la pointe des toutes dernières découvertes. Certaines permettent au patient de bénéficier de nouvelles molécules approuvées par la communauté scientifique internationale, mais en attente de remboursement en Belgique. D’autres donnent l’opportunité d’ajouter une molécule prometteuse au sein d’un traitement habituel ou encore d’avoir une ligne de traitement additionnelle. Des projets académiques, de la collaboration avec d’autres hôpitaux, d’autres pays Pour l’avancée de la recherche non dirigée par les compagnies pharmaceutiques, les études académiques permettent d’effectuer des registres, de comparer des schémas de traitement en fonction de la qualité de vie, de vérifier des hypothèses. Elles permettent ainsi de garder un œil critique indépendant. C’est par le biais de ces études que le CHC converge vers un objectif commun avec différents partenaires : l’Hôpital Erasme, l’Institut Jules Bordet, l’UZ Leuven, l’Université catholique de Louvain, l’Université de Naples, l’Université de Liège, le BGDO (groupe belge d’oncologie digestive), la LYSARC (The lymphoma academic research organisation), l’IBCSG (International breast cancer study group), Unicancer, la FLCD (Fédération liégeoise d’oncologie digestive). Des projets nationaux Le service s’emploie aussi dans la réalisation de projets nationaux soutenus notamment par le Plan cancer belge ou développés en partenariat avec diverses universités (Gent, Bruxelles, Liège, …) et instances telles que l’INAMI, le FOREM et ses homologues bruxellois et flamands, … Ainsi, on a pu mener des projets en oncologie sur la cachexie, la gériatrie, la revalidation dans le cadre du cancer du sein et actuellement, la réinsertion professionnelle. Reconnaissance internationale Depuis 2013, le CHC est accrédité par l’ESMO (European society for medical oncology) en tant que centre intégré d’oncologie (CIO) et soins palliatifs. A ce jour, 150 centres au monde, mais seulement 9 en Belgique dont 2 francophones, ont obtenu ce label ! En croissance continue La qualité de l’équipe de recherche permet d’accéder sans cesse à de nouvelles études et fait connaître le CHC au sein de la communauté scientifique. L’institution se classe parmi les meilleurs recruteurs pour plusieurs études et les inclusions ne cessent de croître ! Etudes / année 60 50 40 30 20 10 0 2007 2008 2009 2011 2012 2013 2014 Inclusions / année 450 400 350 300 250 200 150 100 50 0 2007 2008 2009 2011 2012 2013 2014 En conclusion L’équipe de recherche clinique en oncologie collabore maintenant activement avec plusieurs autres services spécialisés, hôpitaux et pays. Une croissance des inclusions et du nombre d’études est très clairement démontrée. L’équipe est prête pour son expansion future dans la clinique du MontLégia avec les patients additionnels des cliniques SaintVincent (Rocourt) et de l’Espérance (Montegnée). L’équipe s’agrandira peut-être davantage, mais chose certaine, elle continuera d’unir ses efforts en vue de proposer aux patients de plus amples alternatives de traitement. En toute fin, l’équipe tient à remercier la participation de toutes les personnes impliquées de près ou de loin dans l’organisation et l’application de ces recherches. C’est aussi grâce à vous que nous effectuons un travail de qualité. /3 clinique et thérapeutique Dr Christophe Panichelli / psychiatrie De l’humour et du style Cyrano de Bergerac en psychothérapie : on imagine plutôt mal la scène, ou alors aux risques et périls du thérapeute qui devra prendre soin de peser ses mots s’il ne veut pas s’entendre rétorquer le fameux : Ah non, c’est un peu court, jeune homme !1... Le personnage ne manquait pas d’humour ni de panache, et ignorait par principe la nécessité de bâtir patiemment l’alliance thérapeutique avec ses interlocuteurs – à qui il ne faisait pas payer la séance, mais proposait plutôt un duel ! Au contraire de notre cher Cyrano Savinien Hercule, en tant que thérapeutes, il nous est essentiel, avant de renvoyer nos patients dans le monde, de pouvoir les toucher au cœur en leur faisant sentir notre compréhension et notre bienveillance. A la fin de l’envoi, je touche ! Mais quels styles d’humour pourraient être bénéfiques à nos patients ? Après une période de difficulté marquée à définir le sens de l’humour, l’étude de Martin et al.2 a posé les bases d’une différenciation entre ce qui peut être sain dans le sens de l’humour et ce qui peut être délétère pour l’équilibre psychologique de l’individu. Cette étude distingue quatre manières de faire ressortir les côtés comiques des situations : deux positives d’abord, que sont l’humour de mise en valeur et l’humour d’affiliation, et deux négatives si elles deviennent prépondérantes : l’humour d’autodérision et l’humour agressif. Le style d’humour qui permet de se valoriser sans agresser autrui est sans doute le plus connu. C’est celui du blagueur qui prend plaisir à s’émerveiller des incongruités de la vie ou à faire des traits d’esprit pour jouer avec les mots et montrer sa capacité à jongler avec les idées. Ce trait de personnalité est positivement relié à l’estime de soi et est associé à moins de dépression et d’anxiété. Si ce n’est peut-être pas le style le plus fréquemment utilisé par le thérapeute, il peut être manié avec à propos pour montrer la possibilité de conserver un regard amusé sur la réalité plutôt que de se laisser entraîner dans des sentiments dépressifs3. A certains moments, le thérapeute pourra servir de modèle pour l’utilisation de mécanismes plus efficients de la gestion de l’anxiété. L’humour d’affiliation est celui qui permet de détendre l’atmosphère dans un groupe d’amis, encore une fois sans rabaisser les autres ni soi-même. C’est avoir le souci de maintenir une bonne ambiance, détendue et amicale, en vue de passer un moment agréable ensemble. Ce style d’humour est associé lui aussi à moins de dépression et de troubles anxieux, entre autres par le biais du maintien du soutien social. C’est le style qui sera le plus souvent utilisé en thérapie. En effet, les sujets conflictuels et la souffrance des patients abordés en thérapie comportent une part anxiogène légitime et inévitable, et il sera utile d’abaisser le seuil émotionnel à certains moments pour pouvoir reprendre le travail de fond plus sereinement. Pour faciliter le changement, il est nécessaire de maintenir l’intensité émotionnelle à un niveau modéré4. 4 / blueprint n° 116 / septembre 2015 Venons-en à la fameuse tirade des nez ! (Enooooorme mon nez !!) Le style d’autodérision est l’un des plus comiques et des plus appréciés et il est très utilisé par nos humoristes de scène qui parviennent à croquer nos travers du quotidien en se moquant d’eux-mêmes avec finesse. Pensons à Gad Elmaleh qui décrit la trace que laissent ses lunettes de natation, etc. s’attirant ainsi la sympathie des salles de spectacle. Ceci illustre la capacité de cette manœuvre à se faire accepter dans un groupe de pairs, même si c’est au prix de se moquer de soi-même. Toutefois, utilisé avec exagération et de manière systématique, ce style d’humour est associé à une mauvaise estime de soi et à davantage de symptômes psychiatriques. Il sera bon de le détecter chez nos patients afin de les orienter vers d’autres manières d’entrer en relation. Au niveau psychothérapeutique, par contre, le thérapeute qui se moque de lui-même quitte la position de toute-puissance qui est parfois suggérée (espérée...) par certains patients. Cela permet de se repositionner de façon plus égalitaire, remettant le patient dans une position de responsabilité pour l’aider à affronter ses difficultés plutôt que d’espérer une aide « magique » du médecin. Enfin, l’humour agressif, s’il est récurrent, est logiquement associé à une perte du soutien social. Cyrano laissait derrière lui la trace de rancœurs cuisantes et durables chez ceux qu’il avait ainsi humiliés. Si le thérapeute s’abstiendra naturellement d’attaques aussi frontales, il pourra lui être utile de faire percevoir au patient le côté ridicule de certaines attitudes autodestructrices. Il s’agit de cette manière de taquiner affectueusement un ami très proche, dans un style qui correspond davantage à de l’humour d’affiliation2. Par expérience, nous savons que les gens ont résolu la moitié de leurs problèmes émotionnels à partir du moment où ils réussissent à rire de leur mauvaise passe, dit Paul Watzlawick5. Si l’on peut amener le patient à cette attitude d’« autocritique tendre », qui évite la condamnation culpabilisante, mais entraîne vers une responsabilisation consciente de sa manière de vivre, la thérapie aura fait un progrès considérable. le point sur Dr Jean-Paul Langhendries / néonatologie Effets protecteurs de l’allaitement prolongé sur l’émergence de pathologies chroniques non strictement héréditaires : mythes ou réalités ? Le Dr Christophe Panichelli, psychiatre et psychothérapeute systémicien, termine actuellement un doctorat sur le thème de l’utilité de l’humour en psychothérapie. Il consulte à la clinique Saint-Joseph et à la clinique de l’Espérance depuis 2006. Le lait humain exclusif constitue l’aliment idéal du jeune enfant au cours des 6 premiers mois de sa vie. Il doit être considéré aussi comme le complément nutritif idéal au cours de la diversification alimentaire qui peut débuter très progressivement entre 4 et 6 mois. Références Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, Le Livre de Poche, pièce créée en 1897. / 2 Martin, R.A., Puhlik-Doris, P., Larsen, G., Gray, J., Weir, K. (2003). Individual differences in uses of humor and their relation to psychological well-being: development of the Humor Styles Questionnaire. Journal of Research in Personality, 37:48-75. / 3 Panichelli, C. (2013). Humor, joining and reframing in psychotherapy: resolving the autodouble-bind. The American Journal of Family Therapy, 41(5):437-451. / 4 Blow, A.J., Sprenkle, D.H., & Davis, S.D. (2007). Is who delivers the treatment more important than the treatment itself ? The role of the therapist in common factors. Journal of Marital and Family Therapy, 33(3), 298-317. / 5 Watzlawick, P. (1993). Foreword of Fry WF, Salameh WA, Eds. Advances in Humor and Psychotherapy, Professional Resource Press, Sarasota, Florida. / 1 Conforté par cette sentence, on devrait s’attendre à trouver, chez l’enfant idéalement nourri au sein de façon prolongée, un effet préventif sur l’émergence de beaucoup de maladies qu’il pourrait avoir à l’âge adulte, ces maladies dites non strictement héréditaires, comme les pathologies cardiovasculaires, le cancer, le syndrome métabolique au sens large. Quand on fait l’inventaire de la littérature sur ce sujet, littérature dont par ailleurs la qualité méthodologique est rarement optimale, on constate que l’effet préventif de l’allaitement maternel n’est malheureusement pas toujours au rendez-vous. En effet, ces études sur le bienfait de l’allaitement de durée variable étant essentiellement observationnelles, on retrouve grosso modo autant d’analyses montrant des effets positifs dans la prévention de ces maladies de l’adulte que d’études n’apportant au contraire pas de différence significative sur leur émergence respective. A titre d’exemple, l’étude prospective randomisée contrôlée PROBIT (PROmotion of Breastfeeding Intervention Trial) ne permet pas de dire à 11,5 ans de vie postnatale que l’allaitement maternel exclusif et prolongé diminue les risques de développer une maladie cardiovasculaire et/ou un syndrome métabolique1. Cette étude, soutenue par l’organisation mondiale de la santé (OMS) et, en soutien, sous l’initiative des hôpitaux amis des bébés (IHAB), promettait pourtant de réels espoirs dans la mesure où l’allaitement de longue durée était particulièrement pris en compte. Alors, pourquoi trouve-t-on systématiquement ces difficultés à prouver l’intérêt d’un allaitement prolongé sur la santé à long terme de l’humain, alors que le bénéfice attendu de tous les constituants du lait humain est évident et largement prouvé ? Il existe à cela deux grandes raisons. /5 le point sur La première est liée au fait que, bien avant la naissance et à la naissance, chaque individu ne part pas avec la même potentialité d’expression de ces gènes. Certaines stratégies de survie, lesquelles sont établies précocement dans des situations de stress, peuvent ainsi définitivement hypothéquer l’avenir2. La deuxième raison est liée à l’ensemble des facteurs confondants, parfois redondants, qui s’ajoutent durant les premières années postnatales aux variations strictes des modalités nutritionnelles, si bonnes soient-elles. On parle maintenant de l’importance capitale de cet apport nutritif et de la qualité de l’environnement des mille premiers jours de vie. Il s’agit en particulier, et de façon non exhaustive, de l’influence potentiellement négative du mode de naissance, lequel a un impact sur le microbiote colonisateur, de l’influence de l’administration répétée de certains xénobiotiques et/ou toxiques, de l’influence d’une activité physique trop ou trop peu importante, de l’influence du tabagisme environnemental au même titre que celle de la pollution, enfin, de l’influence des maladies au sens large que tout individu peut rencontrer dans les premières années de sa vie. L’explication de ces différences observées entre chaque individu doit se trouver dans l’expression postnatale précoce et variable de certains gènes en rapport avec ces stimulations environnementales répétées, parfois franchement inappropriées. L’épigénétique, étymologiquement ce qui est au-dessus du gène, sur le gène, est cette science qui essaie de mettre en lumière l’influence négative de tous ces facteurs environnementaux inadéquats au début de la vie sur l’expression déterminante précoce de certains gènes, a priori sans qu’ils n’aient été altérés à la base3. Ceci différencie cette science de la génétique, laquelle étudie plus spécifiquement l’altération du gène et son type de transmission. L’expression peu appropriée de certains gènes, modifiée par des stimulations environnementales inadéquates, répétées et précoces, est probablement la clé explicative de l’absence évidente de l’effet bénéfique à long terme de l’allaitement maternel. De grands moyens sont mis en place pour essayer de déterminer au mieux comment faire face à l’avenir à ces facteurs environnementaux perturbants. Il est hautement probable qu’il faille devoir étudier très tôt les périodes respectives anténatale, périnatale et postnatale précoce. L’impact potentiellement négatif de l’utilisation excessive de certains xénobiotiques (AB’s et anti-COX’s) au cours des premiers mois de vie est notamment pointé du doigt et mérite d’être mieux étudié à l’avenir4. Il est probable aussi que davantage d’espoir est permis dans le rôle préventif que l’allaitement maternel et une progression plus adéquate de la nutrition au sens large en bas âge pourraient avoir sur l’émergence des maladies auto-immunitaires et allergiques, mais aussi des maladies infectieuses5. A ce titre, le microbiote colonisateur de l’intestin du nouveau-né semble de plus en plus clairement jouer un rôle immunitaire initiateur déterminant pour assurer une meilleure tolérance de l’antigène environnemental, dont alimentaire6. On sait par exemple qu’un enfant né par césarienne a un microbiote intestinal significativement perturbé durant les deux premiers mois de la vie6. L’impact qu’une naissance par césarienne peut avoir sur le risque augmenté de voir se développer des maladies allergiques et auto-immunitaires vient d’être mis à jour au Danemark, sur un suivi à long terme des enfants nés de la sorte7. L’allaitement prolongé est assurément le meilleur moyen d’obtenir une colonisation bactérienne la plus adéquate. Cet allaitement et une diversification alimentaire lente, non retardée audelà de 6 mois, progressive et surtout répétée pour chaque antigène nouvellement introduit, pourraient constituer, ensemble, le meilleur moyen d’assurer une induction immunitaire optimale du chorion sousmuqueux intestinal, le point de départ d’une bonne stabilité immunitaire de tout l’organisme par la suite. 6 / blueprint n° 116 / septembre 2015 Il parait maintenant impérieux de démontrer par des études randomisées prospectives de qualité que cette nouvelle approche nutritive, systématiquement lentement progressive mais non retardée, est bénéfique pour la santé future de l’humain. La prévention de beaucoup de maladies immunitaires en perpétuelle augmentation est à ce prix. Une étude récente, randomisée prospective, sur l’introduction précoce, lentement répétée, de l’arachide dans une population à risque d’allergie, va dans ce sens8. Il faut donc intensifier les recherches sur ce thème. Article rédigé d’après mon intervention lors de la journée annuelle du CEDE (Club européen des diététiciens de l’enfance), 20 mars 2015, Luxembourg Références Martin RM et al. Effects of promoting longer-term and exclusive breastfeeding on cardio-metabolic risk factors at age 11,5 years. A cluster-randomized, controlled trial. Circulation 2014; 129:321. / 2 Barker DJP. Programming the baby. In : Mothers, babies and health in later life. Edinburgh : Churchill Livingstone, 1998, p 13-41. / 3 Szyf M. Early life, the epigenome and human health. Acta Paediatr 2009; 98:1082. / 4 Langhendries JP et al. Les prostaglandines et l’immunité du chorion sous-muqueux intestinal. Questions à propos de l’usage répété du paracétamol et de l’ibuprofène en bas âge. Arch Pédiatr 2015 ; 22:311. / 5 Canani RB et al. Epigenetic mechanisms elicited by nutrition in early life. Nutrition Research Reviews 2011; 24/198. / 6 Langhendries JP et al. Etablissement du microbiote intestinal en bas âge et qualité de l’immunité ultérieure. Arch Pediatr 2010 ; 17:S110. / 7 Sevelsted A et al. Cesarean section and chronic immune disorders. Pediatrics. 2015; 135:e92. / 8 Du Toit G et al. Randomized trial of peanut consumption in infants at risk for peanut allergy. N Engl J Med 2015; 372:803. / 1 nouvelles agréations A158 (CHVE – Centre hospitalier Saint-Vincent – Sainte-Elisabeth) • Dr Ali Al-Azzeh, chirurgie plastique • Dr Kuider Zaoui, anesthésiologie vie des cliniques L’équipe d’imagerie interventionnelle : de gauche à droite : Dr P. Reginster, Dr D. Brisbois, Dr O. Cornet, Dr G. Houben, Dr J.-F. Goyers et Dr B. Daenen Catherine Marissiaux / service communication Avancée significative en neuroradiologie interventionnelle Depuis juin dernier, la clinique Saint-Joseph dispose d’un bloc interventionnel de dernière génération de deux salles. Avec ce nouvel investissement, le CHC confirme une fois encore sa volonté de garder une longueur d’avance en matière de technologie. Grâce à cet équipement, l’équipe de neuroradiologie interventionnelle se positionne dans le peloton de tête pour les traitements les plus pointus en matière d’anévrysme et d’AVC, tout en augmentant la sécurité du patient. Rencontre avec le Dr Denis Brisbois, radiologue spécialisé dans le traitement interventionnel des pathologies neurologiques et vasculaires. Que peut-on dire du nouveau bloc interventionnel ? Jusqu’il y a peu, nous avions un bloc interventionnel d’une salle. Depuis début juin, nous disposons d’une salle supplémentaire, en plus de la première salle qui a été upgradée afin de coller aux dernières évolutions technologiques. Cet investissement de 800.000 € a permis de doter la clinique Saint-Joseph d’un plateau technique identique à ce qu’on trouve dans les meilleurs hôpitaux universitaires. Ce nouveau plateau permet la prise en charge de nombreuses pathologies, mais surtout la double salle garantit la prise en charge de toute l’activité aigüe et des urgences. Un mot sur la nouvelle salle interventionnelle ? Les avancées technologiques sont très rapides dans ce domaine. Nous avons véritablement la Rolls Royce dernier cri. Cette salle est équipée du système Philips Clarity : avec une dose d’irradiation moindre, nous obtenons des images de très haute qualité. Nous bénéficions à la fois d’une augmentation de l’ergonomie de travail (avec des images de meilleure définition qu’auparavant, sur des écrans géants) et d’un réel avantage pour le patient qui est moins irradié, ce qui est surtout important lors des procédures longues et difficiles. Quelle est la spécificité de cette nouvelle salle ? Cette salle correspond à ce qu’on appelle dans le jargon une neuro suite : c’est le système dédié à la neurologie le plus moderne actuellement. Elle est, comme son nom l’indique, prioritairement orientée vers la prise en charge des pathologies neurologiques. Le système biplan, c’est-à-dire le double arceau d’acquisition d’images, permet une simultanéité d’image horizontale et verticale. Associé aux derniers développements de post-processing en image, cela augmente considérablement la qualité d’image et dès lors l’ergonomie pour l’opérateur et la sécurité du patient. Lorsqu’on travaille à revasculariser le cerveau endommagé par un AVC ou un anévrysme, on doit être pointu, précis, rapide. Je donnerais comme exemple un des derniers développements interventionnels : lors de la pose d’une prothèse Web, il est primordial de la placer au bon endroit, mais aussi de vérifier qu’elle reste en place quand on la largue, d’où l’intérêt de l’acquisition simultanée de deux vues différentes. Cette double acquisition permet en plus de réduire la dose de produit de contraste utilisée. Quelles sont les pathologies visées ? Dans ces nouvelles salles, nous pouvons prendre en charge les AVC aigus pour une thrombectomie mécanique. Nous pouvons aussi traiter les anévrysmes (rompus et non rompus et les traiter au moyen de techniques comme les coils, les stents et les prothèses) et les malformations artério-veineuses. Nous y pratiquons aussi l’embolisation tumorale cérébrale, le stenting carotidien et la vertébroplastie. En plus de toutes les autres pathologies vasculaires, oncologiques et cardiaques qui font classiquement partie des possibilités de traitement en radiologie interventionnelle. Le staff paramédical a été augmenté (on a 6 personnes actuellement) et formé en conséquence. intervenants se connaissent parfaitement et ont l’habitude de collaborer. C’est cette polyvalence qui nous permet la meilleure prise en charge et notamment celle des urgences. Nous avons mis au point un modus operandi avec les autres utilisateurs afin de libérer une salle dans les plus brefs délais, dès qu’arrive un patient dont il faut sauver le cœur ou le cerveau. Saint-Joseph est le seul hôpital en province de Liège à assurer une garde AVC 24h/24, 7j/7, avec deux radiologues rappelables et prêts à intervenir à la demande du service de neurologie. Les patients souffrant d’AVC sont pris en charge selon un itinéraire clinique structuré qui s’appuie sur cette garde et sur la stroke unit, et qui tient compte de notre nouvel équipement. Garde AVC – Stroke assurée 7j/7, 24h/24 Deux radiologues, les Drs Denis Brisbois et Olivier Cornet, sont prêts à intervenir à la demande du service de neurologie. Ce nouveau bloc interventionnel va aussi permettre la prise en charge des urgences… Absolument, c’est pour accueillir les urgences que l’agrément exige une double salle. Les /7 vie des cliniques Catherine Marissiaux / service communication Clinique du MontLégia Un chantier qui fait du bruit L’attention portée aux pieux ne doit pas masquer les avancées sur d’autres points. Les grues de chantier (9 au total), dont la plus haute culmine à 82 m, sont en cours de montage. L’alimentation électrique haute tension du chantier est réalisée, elle permettra de ne plus avoir recours aux groupes électrogènes. La pose des collecteurs d’eaux usées avance également. Dès octobre, les ouvrages hors sol vont démarrer avec l’assemblage (comme un grand Légo) des dalles et voiles de béton qui arriveront tout prêts sur le chantier. La structure de l’hôpital doit être complètement montée d’ici l’été 2016. L’étanchéité des toitures s’étalera sur les 2e et 3e trimestres 2016. En parallèle, l’essentiel des abords sera réalisé : recouvertes d’un revêtement provisoire, les futures voiries permettront à tous les corps de métier du second œuvre de circuler et d’accéder à leur zone de travail. La pose des pieux a rythmé l’été, avec les nuisances sonores que l’on sait. Pour répondre aux plaintes des riverains, le CHC a limité les horaires de travail. Si elle offre un peu de répit, cette réduction d’horaire signifie aussi un allongement de durée : la pose des pieux devrait se poursuivre jusque mi-octobre. Pour les dernières séries de pieux, la diminution de l’espace de travail obligera les entrepreneurs à passer progressivement de 6 à 2 machines, avec donc une diminution des nuisances sonores. Le chantier est malheureusement impossible à isoler et cette étape, qui est aussi la plus bruyante, constitue un mal nécessaire. Le CHC travaille avec les services de l’urbanisme de la Ville de Liège à la mise en place d’un comité de concertation de riverains, pour le suivi du chantier. Côté pont, la bretelle sud est déjà en fonction pour l’accès au chantier. La bretelle nord est en bonne voie. Les poutres principales du pont seront installées d’ici fin d’année, en principe en octobre-novembre 2015. Le pont et les bretelles d’accès à l’autoroute seront finalisés d’ici l’été 2016. La commercialisation des terrains excédentaires alentours de l’hôpital progresse elle aussi, avec 3 projets en cours de concrétisation : une maison de repos et soins du groupe Armonéa, deux projets de logement (côté rue E. Vandervelde et côté place des Marronniers), en plus du bâtiment qui accueillera les services transversaux du CHC (direction, comptabilité, facturation, achats, …) et qui sera situé en face de l’hôpital. Excellence La clinique du sein du CHC a vu son certificat de membre du Breast centres network renouvelé pour 2015. Le Breast centres network est le premier réseau international de centres exclusivement dédicacés au diagnostic et au traitement du cancer du sein. Il s’agit d’une initiative de la European school of oncology (EOS). Autre consécration, en médecine nucléaire, avec une accréditation en tant que centre d’excellence PET/CT renouvelée en juin 2015 par l’EANM (European association of nuclear medicine), pour avoir poursuivi avec succès le programme EARL (resEARch 4 Life). Le CHC est le seul centre non universitaire wallon à posséder cette reconnaissance, ce qui lui garantit la participation à de multiples études multicentriques, avec afflux constant de nouveaux patients, et suivi longitudinal des patients précédemment inclus. Comité de rédaction Dr Boris Bastens, Dr Gauthier Demolin, Dr Christian Focan, Dr Constant Jehaes, Marianne Lebrun, Dr Christian Mossay, Dr Philippe Olivier / Contact rédaction Marianne Lebrun, rue de Hesbaye 75, 4000 Liège, 04 224 85 62, [email protected] / Secrétariat Anne-Marie Mandic, 04 224 80 98 / Blueprint est le périodique de l'association des médecins exerçant aux Cliniques Saint-Joseph, membres du Centre Hospitalier Chrétien (CHC) / Clinique Saint-Joseph rue de Hesbaye 75, 4000 Liège, tél. 04 224 81 11 / Clinique de l'Espérance rue Saint-Nicolas 447-449, 4420 Montegnée, tél. 04 224 91 11 / Clinique Notre-Dame rue Sélys-Longchamps 47, 4300 Waremme, tél. 019 33 94 11 / Clinique Notre-Dame rue Basse Hermalle 4, 4681 Hermalle /s Argenteau, tél. 04 374 70 00 Photo de couverture © www.shutterstock.com