danse avec les mots - extrait

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danse avec les mots - extrait
©maquettes by association gens du monde
Éditeur : Gens du monde (association loi 1901)
ISBN 978-2-919521-27-2
SIRET : 521 903 294 000 10
©Droits réservés éditions épingle à nourrice
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(Loi du 11 mars 1957 sur la protection littéraire)
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5e concours d’écriture des contes du jour et de la nuit
danse avec les mots
recueil collectif
éditions épingle à nourrice
UN APPEL À ÉCRITURE :
DANSE AVEC LES MOTS
Un petit conte poétique en 1, 2, 3 ou 5 parties de 1500
caractères maximum et 10 mots :
Cueillir - Jouer - Liberté - Cerise - Couronne - Été Rituel - Boire - Marelle - Formidable
5 propositions musicales au choix :
Merci & Formidable de Stromae
Ma liberté, de Serge Reggiani
Lily, d'Ibrahim Maalouf
Le beau Danube bleu, de Johann Strauss
(Orchestre de Vienne dirigé par Carlos Kleiber)
Le temps des cerises, interprété par Simone Tassimot
31 lauréats parmi 119 participants (sommaire p.85)
5ème Concours des Contes du jour et de la nuit
France Musique
Une émission « spécial web » de Véronique Sauger
http://www.francemusique.fr/emission/contes-du-jour-et-de-la-nuit
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GRAND PRIX
Le jardin de Zoé, de Frédérique Coquillat (Rome, Italie)
Zoé était une petite fille formidable. Elle vivait à la
campagne entourée d’animaux et de jolies fleurs des
champs.
Sa maison était coquette et son jardin était tout son
orgueil, il était si gai : des coquelicots, des tulipes, des
jonquilles, des pervenches et de l’herbe, et de l’herbe...
comme elle aimait y jouer, s’y rouler en toute liberté !
Le matin, alors que le jour se levait et qu’elle se penchait à sa fenêtre les yeux encore lourds de sommeil,
toutes ces fleurs apparaissaient dans la rosée comme
autant de friandises colorées sous un nuage de sucre
glace.
Puis le givre se dissipait laissant éclater les couleurs
vives sous le soleil. Cependant, un matin d’été, le miracle ne se produisit pas. À la stupéfaction de la petite
fille, le jardin était devenu terne et sans vie : plus de
rouge cerise, de jaune citron ni de bleu ciel, plus de vert
non plus, seulement du gris, une symphonie de gris qui
emplit la poitrine de Zoé d’un sentiment nouveau. Elle
avait beau écarquiller ses grands yeux, rien ne bougeait.
Pourquoi tout avait-il changé ? Et pourquoi sa gorge,
tout à coup, se serrait-elle ?
Son petit menton se mit à trembler et deux grosses larmes roulèrent sur ses joues roses.
Pour la première fois, Zoé était triste.
Un grand, à sa place, aurait peut-être compris, mais elle
qui n’avait que six ans, qu’avait-elle à comprendre
sinon qu’elle avait du chagrin ?
Comment vivre sans couleurs dans un monde d’enfant ?
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Ce que Zoé ne savait pas c’est que dans son jardin,
vivaient de bien petits bonshommes.
L’un d’entre eux, qui portait une couronne, l’ayant
entendue pleurer, fut touché par son innocence. Il bondit
jusque sur la main de l’enfant et se présenta :
- Bonsoir, Zoé ! Lança-t-il d’une grosse voix qui ne
semblait pas lui appartenir.
Je suis un elfe et je vis parmi les fleurs de ton jardin ! »
Un peu surprise mais loin d’être effrayée, la petite fille
rétorqua :
- Ma maman me dit « bonjour » lorsque je me lève !
Pourquoi m’as-tu dit « bonsoir », toi ?
- Mais nous ne sommes pas le matin ! Regarde, la nuit
tombe, dit le lutin, aujourd’hui, souviens-toi, tu n’es pas
allée à l’école, tu étais bien trop malade et ta maman
t’a laissée dormir tout le jour. À présent que la fièvre
est tombée tu ouvres les volets de ta chambre en croyant
que c’est le petit matin, tu te trompes Zoé, les étoiles
vont bientôt se lever...
- Mais alors, c’est la nuit qui a cueilli les couleurs du
jardin, je voulais tellement voir mes fleurs... dit la petite
fille dans un sanglot.
Zoé pleurait maintenant à chaudes larmes. Les autres
soirs, elle était si fatiguée qu’elle se couchait sans jamais prendre le temps de regarder par la fenêtre, mais si
elle l’avait fait, elle aurait certainement vu la même
chose que le matin, ses fleurs l’auraient saluée de leurs
mille couleurs !
Pourquoi pas ce soir ?
L’elfe murmura alors soudain, comme un rituel :
Dans la nuit longue et acide
Paraît un Indien de plomb
Il a bu, titube, s’effondre et se répand
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