discours de monsieur sébastien bovet, président d`honneur de la
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discours de monsieur sébastien bovet, président d`honneur de la
DISCOURS DE MONSIEUR SÉBASTIEN BOVET, PRÉSIDENT D’HONNEUR DE LA CÉRÉMONIE DE REMISE DU DIPLÔME D’EXCELLENCE SAINT-CHARLES-GARNIER TENUE LE MERCREDI 21 MAI 2014 Bonsoir à tous, M. Gagnon, invités d’honneur, mesdames, messieurs, parents et élèves, membres du personnel. Je me présente, je m’appelle en effet Sébastien Bovet. Certains d'entre vous me connaissent peut-être. Je passe souvent à la télévision pour parler de politique. Par les temps qui courent les bulletins de nouvelles auxquels je participe ont de la grosse compétition, avec le hockey, mais on continue à travailler fort dans les coins. Les gens qui m'ont vu à la télé me disent souvent deux choses : « Je vous croyais plus petit et vous êtes moins gros en personne qu'à la télé. » Vous avez peut-être pensé ça en me voyant ce soir. Ma réponse est toute prête: je suis plus grand que je ne le parais à la télé parce que j'ai de grandes jambes qu'on ne voit pas parce que je suis toujours assis. Et pour ce qui est de mon poids, sachez que la télé donne à tout le monde, 10 livres de plus. Ces mises au point importantes étant faites, sachez que j’ai fréquenté le collège entre 1980 et 1985 à une époque, chers élèves, où vous n’étiez même pas encore le début du commencement d’une idée dans la tête de vos parents. C’était il y a longtemps, près de 30 ans, une éternité quand on a 17 ans, mais une période qui a passé en un clin d’œil pour moi, surtout quand je la regarde avec les yeux de la nostalgie. Vous verrez que plus on vieillit plus on devient nostalgique. Après le collège, je suis allé au CEGEP de Chicoutimi pour devenir pilote d’avion. Ce CEGEP est le seul au Québec qui donne cette formation, ce cours technique. Je savais faire voler un avion, assez bien d’ailleurs, je voulais voyager à travers le monde, voir du pays, rencontrer des cultures différentes, mais disons que les sciences physiques et l’orientation dans l’espace n’étaient vraiment pas mes points forts si bien qu’à peine décollée ma carrière de pilote a pris fin assez rapidement. Aujourd’hui, je ne pilote plus, mais il m’arrive de voyager, de découvrir le monde, je ne le fais pas dans le cockpit mais en classe économique. D'ailleurs une anecdote à ce sujet: je me suis tapé le trajet Toronto-Pékin l’an dernier, 13 heures de vol non-stop, sans système de divertissement, vous savez la petite télé encastrée dans le siège….. Vous essayerez ça et vous m’en donnerez des nouvelles…. Longue expérience….. Après le CEGEP, j’ai obtenu un BAC en science politique de l’Université Laval. En parallèle je faisais un peu de radio communautaire avec des amis dont Jean-François Guérin, lui allait aux Pères Maristes, d'ailleurs il a mal tourné, il est aujourd’hui à LCN et François Thérien, un ancien du Collège lui aussi qui fait les sports à l’émission du matin de Radio-Canada ici à Québec. C’est cette formation académique et cette expérience de radio communautaire qui m’ont donné les outils nécessaires pour pratiquer le métier que j’exerce aujourd’hui avec passion : le journalisme. J'ai tour à tour été journaliste la fin de semaine, journaliste aux faits divers (i.e. couvrir l'activité policière). D'ailleurs, il a rapidement fallu que je comprenne les particularités des opérations policières parce que j'ai été projeté dans ce monde autour de 1997-98, quand vous étiez passés d'une simple idée dans la tête de vos parents à de jolis bébés tous mignons et tellement adorables. 1997-98 donc, vous ne le savez peut-être pas, mais à Québec, c’était la guerre des motards criminels. Les Rock Machine et les Hells Angels se tiraient dessus dans les rues de la ville, ils faisaient brûler les bars des uns et des autres. Mon meilleur ami était mon téléphone cellulaire. À l'époque ils étaient gros comme ça, et on ne savait pas trop si chaque fois qu'on les utilisait, ils nous brûlaient les neurones ou pas…. De journaliste de faits divers, je suis devenu chef d'antenne, lecteur du bulletin de 18 heures à Radio-Canada, ici à Québec. Après, j'ai été nommé correspondant parlementaire à l'Assemblée nationale et depuis deux ans, je suis de nouveau chef, chef du bureau parlementaire de RadioCanada. Je suis fier et très honoré que la direction du Collège ait pensé à moi comme invité d'honneur de cette cérémonie. Quand M. Gagnon m'a contacté, j'ai réfléchi un peu, pas longtemps, avant d'accepter mais ce soir, j'ai bien failli ne pas être avec vous. C'est qu'aux plus hauts échelons du gouvernement, un complot a été orchestré pour m'empêcher d'être ici. Le premier ministre du Québec, M. Philippe Couillard, a décidé de prononcer aujourd'hui même, son discours d'ouverture à l'Assemblée nationale. C'est un moment extrêmement important de notre démocratie. Le moment où le premier ministre nous dit ce qu'il veut faire pour le Québec pendant les quatre prochaines années. Je dois vous avouer qu'un doute s'est installé dans mon esprit. Devais-je renoncer à mon engagement de ce soir, dire à M. Gagnon que malheureusement je devais me décommander. Où devais-je faire faux bond à Céline Galipeau et Anne-Marie Dussault qui me réclamaient ce soir pour parler du discours d'ouverture de M. Couillard? Vous connaissez mon choix puisque je suis devant vous ce soir. Céline Galipeau et Anne-Marie Dussault sont très jalouses, mais il était important pour moi de respecter ma parole. Vous serez, vous aussi, confrontés à ce genre de choix déchirants dans votre vie. Je vous invite à respecter votre parole. Ceux à qui vous l'avez donnée comptent sur vous, c'est important. Ces 30 années entre ma sortie du Collège et ce soir, sont passées en un clin d’œil, je vous le disais, elles ont été faites de hauts et de bas, de joies et de déceptions, de grands bonheurs, de petits bonheurs, de tristesse, d’amitiés, de peines d’amour, bref de toute sorte de choses. Mais il y a un dénominateur commun à tout ce qui m’est arrivé, à tout ce qui va VOUS arriver. C’est : le changement, les défis du changement. Pendant cette vie qui s’ouvre à vous, vous allez devoir vous adapter au changement. La vie n’est pas une piste de course en ligne droite où on roule à 200 kilomètres heures tout le temps. C’est une route faite de zigzag, de détours, où des fois on roule à 20 kilomètres heures. Parfois, on va même à reculons. L’important c’est de rester sur la route et savoir prendre les virages, s’adapter aux défis, aux changements… petits et grands… L’important c’est de progresser, d’évoluer… Quand je suis entré au Collège, ça s’appelait le Collège des Jésuites. Quand j’en suis sorti, c’était le Collège Saint-Charles-Garnier. Ça avait changé… Quand je suis entré au Collège, il n’y avait pas de filles dans les classes. Quand j’en suis sorti, il y avait des filles… 2 en tout, je pense, dans toute l’école… Non, en fait, 3 ou 4 par classe. Gros changement… Quand je venais ici, il fallait commander son dîner tôt à 8 heures du matin à la cafétéria parce que l’école faisait livrer les lunchs d’un sous traiteur. Quand les lunchs préchauffés étaient servis vers 11 heures et demie, c’était dé… euh vraiment pas bon. Aujourd’hui, je n’ sais pas si la bouffe est meilleure, mais au moins, elle est faite sur place! Les temps changent… Quand je venais ici au Collège, j’étais gêné, j’avais plein de boutons. Aujourd’hui, je suis toujours un peu gêné, j’ai parfois encore des boutons, mais je suis ici devant vous, et chaque soir, j’ai assez confiance en moi pour parler à des dizaines de milliers de personnes à la télé. Les temps changent… Pensez-y, vous aussi vous en avez vécu beaucoup de changements en 5 ans. Rappelez-vous cette première journée, secondaire un, une plus grosse école qu'au primaire, un territoire inconnu, une jungle! Qu'allait-il se passer dans ce merveilleux bâtiment où les murs respirent l'histoire. Cinq ans plus tard, vous voici ici, titulaires d'un diplôme d'excellence d'une des meilleures écoles de Québec. Oui, vous l'avez votre diplôme et vous pouvez en être fiers, vraiment fiers. Mais à l'extérieur de ces murs, c'est un morceau de papier. Ce que je veux vous dire c’est qu’au-delà de votre diplôme, le Collège vous a donné les outils pour faire face à cette jungle qui est à l'extérieur de ces murs. Mais rappelez- vous, à votre première journée au Collège, il y a 5 ans, vous pensiez que c'était une jungle et vous l'avez apprivoisée, vous avez trouvé des amis, des professeurs pour passer à travers et vous avez réussi. Non seulement réussi, vous avez excellé! En 5 ans, vous avez changé, le monde autour de vous a changé. Il continuera de changer. Vous êtes presque des adultes, vous avez la vie devant vous. Au fil de votre vie, vous aurez le choix de participer ou non à l’évolution de la société, au changement. Je vous invite à le faire, à participer avec passion, respect, sérénité, conviction… Vous êtes des moteurs de changement. Comprenez que votre contribution grande ou petite peut changer les choses. Soyez passionnés pour votre rue, votre quartier, votre ville, votre province, votre pays, votre monde… Impliquez-vous, dans votre maison, auprès de vos parents, de vos enfants à venir, de vos amis… Votre présence ici ce soir démontre que vous êtes capables de faire face à ces défis, que l’excellence de votre parcours académique vous prépare à cette vie de changement à l’extérieur des murs du collège. Vos enseignants vous ont donné des outils pour affronter le changement, pour vous adapter. Les suivants essaieront aussi de vous outiller le mieux possible. Vous n’êtes pas ici ce soir parce que vous êtes les plus intelligents de l’école… Bon, je sais y en a parmi vous qui le pensent… Je crois que vous êtes ici parce que vous avez travaillé fort, vous avez mis les efforts, vous vous êtes adaptés aux défis qui se présentaient devant vous et vous avez RÉUSSI. C'est exactement ce que vous devrez faire tout au long de votre vie. Pendant 5 ans, la route n’a pas été droite, vous avez parfois roulé à 200 à l’heure, mais des fois à 20 kilomètres/heure. Mais vous êtes restés sur la route. Et ce soir, en quelque sorte, vous arrivez à destination. Une destination de transit, en attente d’une nouvelle route qui elle aussi sera sinueuse, il y aura des nids de poule, mais vous saurez que vous avez les habiletés pour les éviter, pour vous adapter, pour faire face au changement… Attention, il y aura des distractions, comme des blondes ou des chums, des tentations aussi, exercez votre jugement, pensez aux conséquences de vos gestes, pour vous et pour les autres, utilisez les outils que vous avez acquis ici. Vous ferez des erreurs, on en fait tous, apprenez de vos erreurs. Soyez vous-mêmes, ne jouez pas un rôle, un personnage. En terminant, regardez à côté de vous. Qui y a-t-il? Vos parents. Lisez, sur leur visage, la fierté d’être ici avec vous ce soir. Avant même votre naissance vous avez changé leur vie, ils se sont adaptés à votre arrivée, à vos crises, votre bonne ou votre mauvaise humeur, les grands bonheurs et petits bonheurs que vous leur avez apportés. Ce soir, à ce moment précis, il n’y a qu’une chose qui compte à leurs yeux. Ils sont fiers de vous… et ils ont raison… Bravo et bonne route!