L`apprentissage moteur
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L`apprentissage moteur
1 Les parcours de motricité : un support d’éducation physique à l’école maternelle Animation pédagogique Cycle 1 J-L Allain – CPD IA . Approche de la question du point de vue de l’apprentissage moteur. Le parcours, en tant que support d’éducation physique, doit permettre de favoriser le développement des conduites motrices. Du point de vue des programmes (domaine « Agir et s’exprimer avec son corps »), nous avons vu que les parcours de motricité privilégient essentiellement le développement de la compétence 2 « Adapter des déplacements à différents types d’environnements ». La prise en compte de cette compétence renvoie, en particulier, aux activités gymniques et aux formes d’actions qui y sont liées, telles que les situations de locomotion, de rotation, de suspension ou d’équilibre. Nous avons vu également qu’il était tout à fait possible de proposer des situations, sur les parcours, en s’inspirant des activités athlétiques basées sur les actions de courir, sauter, lancer. Ces formes d’actions (courir, sauter, lancer, se suspendre, franchir, s’équilibrer ou se déplacer), ne sont encore que des activités motrices n’ayant pas leur fin en elles-mêmes. Leur fonction fondamentale, dans le cadre de l’éducation physique à l’école maternelle, est de solliciter l’activité de l’enfant, en la finalisant par rapport à des tâches à effectuer, dans le but ultime de développer sa motricité, diversifier et affiner ses conduites motrices. Au-delà de la mise en place d’un matériel et de la définition des tâches à accomplir, le parcours doit susciter l’APPRENTISSAGE. A travers le parcours, ou les situations motrices qui le composent, l’élève doit avoir quelque chose à apprendre. A partir de là, plusieurs questions se posent : Qu’y a-t-il à apprendre ? o o o Quels savoirs sont en jeu du point de vue de la motricité ? Quels sont les critères signifiants permettant d’interpréter les comportements des élèves ? Quelles sont les voies de progrès à envisager pour inscrire les élèves dans une dynamique d’apprentissage ? Quels aménagements faut-il concevoir ? o o Quels sont les critères à prendre en compte pour concevoir le parcours ? Comment adapter ces parcours à l’hétérogénéité des élèves ? Quelle gestion pédagogique convient-il de mettre en place ? o o o o o Quelle organisation du groupe-classe ? Quelle fréquence de passage des élèves ? Quelle animation du parcours ? Quelles consignes donner (du point de vue des tâches – du point de vue des modalités de fonctionnement) ? Quelles modalités d’évaluation ? Nous tenterons ici, d’apporter quelques éléments de réponse en nous appuyant sur une conception de l’apprentissage moteur, en portant un regard sur les composantes de l’acte moteur. Nous essaierons de mettre en évidence quelques repères permettant de « penser » les situations motrices à proposer, susceptibles de contribuer au développement de la motricité et en fonction de quels critères concevoir leur évolution. J-L Allain – CPD EPS – IA 44 – Novembre 2003. 2 Cette approche devrait nous permettre d’aboutir à quelques conclusions concernant des principes de mise en œuvre. Positionnement théorique Nous nous inscrivons ici dans le cadre théorique d’une « pédagogie de l’acte moteur ». [cf. vers une pédagogie de l’acte moteur. Réflexions critiques sur les pédagogies sportives. Jean-Pierre Bonnet. Vigot. Paris. 1983. Coll. Sport+enseignement] L’approche synthétique de l’apprentissage moteur L’un des principes théoriques de notre approche consiste à penser l’apprentissage selon un processus synthétique, par opposition à une démarche associationniste qui concevrait l’apprentissage (moteur) comme un empilement de savoirs. Ici, au contraire, le parti pris est de considérer que la motricité se construit par une réorganisation des conduites motrices, cognitives et affectives, au fil de l’expérience et qu’il y a interaction entre ces différents paramètres dans le processus d’apprentissage. Cela revient à considérer qu’il y a toujours, ce qu’Olivier Reboul appelle un « déjà-là » dans lequel s’intègre tout apprentissage nouveau. « Un nouvel acte moteur modifie l’ensemble de ce qui existe déjà, et se modèle lui-même en fonction du bagage antérieurement établi ». (Bonnet, 1983, p.31). La notion de stades Un autre principe lié à cette approche est la notion de stades qui ne s’organisent pas en fonction de l’âge (Piaget : stade de l’intelligence sensori-motrice / O à 2 ans, période pré-opératoire / 2 – 6 ans, opérations concrètes / 6-11 ans, opérations formelles / 11-…), mais de l’appropriation de l’acte moteur. Autrement dit, quel que soit son âge, enfant ou sportif de haut niveau, un individu confronté à un apprentissage moteur nouveau passe par les mêmes stades. Ce qui différencie le jeune enfant du sportif confirmé est le temps nécessaire pour passer d’un stade à l’autre. Les composantes de l’acte moteur Nous posons que toute réponse motrice met en jeu plusieurs processus : Le processus d’automatisation. Le processus d’équilibration. Le processus de dissociation. Le processus de coordination. La réalisation d’un acte moteur combine ces différents processus et c’est le résultat de cette combinaison, à un moment donné, qui fait la qualité de la réponse motrice. Les facteurs mis en jeu au niveau de chacune des composantes de l’acte moteur L’équilibre Equilibre Intéractions Dissociation La dissociation La coordination Intéractions La prise d’information Coordination Réponse motrice Intéractions J-L Allain – CPD EPS – IA 44 – Novembre 2003. Intéractions Prise d’information 3 L’équilibre vers un équilibre de plus en plus contrôlé Les stades de l’acte moteur : Refus du déséquilibre Ré équilibration a posteriori Anticipation sur le déséquilibre Remise en cause de la verticalité Le centre de gravité o réduction du polygone de sustentation / élévation du centre de gravité Le nombre d’appuis o réduction du nombre d’appuis La surface d’appuis o réduction de la surface d’appui L’orientation des appuis o Rapport entre nombre d’appuis surface d’appui centre de gravité orientation des appuis dans le sens du déplacement La verticalité o remise en cause de la verticalité Situations à proposer : Enjambement Contre-haut, contre-bas, plan incliné. Déplacement sur surface d’appui étroite Déplacement arrière, changement de direction, variation de rythmes… Appuis décalés par rapport à l’axe de déplacement. J-L Allain – CPD EPS – IA 44 – Novembre 2003. 4 La dissociation vers un élargissement de la sphère de contrôle Les stades de l’acte moteur Stade des syncinésies Stade de la différenciation proximale (tronc – bras…) Stade de la différenciation distale (bras – poignet) Dissociation membre effecteur / chaîne d’appui Indépendance segmentaire o o mobilisation d’une seule partie du corps. Dissociation tête-tronc, train supérieur, train inférieur. Décentration par rapport à l’axe du corps o contrôle d’actions de + en + écartées de l’axe du corps. Situations à proposer : Enjambement. Porter d’objets sur des déplacements. Lancer des objets dans une direction autre que celle de déplacement Toucher des objets éloignés de l’axe du corps, selon des orientations variées. Prendre des informations en déplacement à (« de 12h15 à 12h45 »). Lancer dans des directions et selon des trajectoires variées. J-L Allain – CPD EPS – IA 44 – Novembre 2003. 5 vers l’anticipation des actions à réaliser La coordination Les stades de l’acte moteur Juxtaposition d’actions Disparition du temps d’arrêt entre deux actions Enchaînement d’actions Distinction entre action dominante et actions dominées. Juxtaposition d’actions Disparition du temps d’arrêt entre 2 actions Enchaînement d’actions Anticipation sur l’action suivante Coordination dynamique générale (plusieurs actions en même temps) o Capacité à gérer plusieurs actions en même temps : marcher et recevoir un ballon…) Coordination d’actions (enchaînement) o o o o Augmentation de la vitesse d’exécution. Perception chronologique des opérations à réaliser. Anticipation sur les déséquilibres Perception d’un ensemble de 3 ou 4 actions comme 1 seule action (chaque action étant une partie d’un tout). Situations à proposer : Enchaînements d’actions (parcours). Recherche d’amélioration de la vitesse d’exécution. Repérage de l’action dominante dans un enchaînement (course d’élan – saut). Suppression des temps d’arrêt (critère d’évaluation) Permettre la réalisation d’un enchaînement sans temps d’arrêt) J-L Allain – CPD EPS – IA 44 – Novembre 2003. 6 La prise d’information vers un contrôle kinesthésique Les stades de l’acte moteur Le stade de la centration (acte volontaire) Le stade de la décentration (acte automatisé) Centration du regard sur l’action réalisée Regarde libéré Contrôle extéroceptif o libération progressive du regard – exercice de la perception auditive, tactile. Contrôle proprioceptif (kinesthésique) o o Renforcement des sensations proprioceptives Contrôle du geste avec quasi disparition du regard. Situations à proposer : Grande quantité d’actions. Possibilité de répétition des actions, dans un temps bref. Sollicitation du regard « ailleurs », pour inciter à la recherche d’informations kinesthésiques. J-L Allain – CPD EPS – IA 44 – Novembre 2003.