Affectivité et sexualité dans le mariage
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Affectivité et sexualité dans le mariage
Corso di preparazione fidanzati– 15-18 marzo 2012 Affettività e sessualità nel matrimonio (M & R Scotto) DVD n°72 durata 24’ Session de préparation au mariage Castel Gandolfo, 15-18 mars 2012 Affectivité et sexualité dans le mariage Maria et Raimondo Scotto Le plus profond désir de chacun d’entre nous est d’aimer et d’être aimé. Quand nous sommes amoureux de quelqu’un, nous voudrions que cet amour ne finisse jamais. Le concept du « pour toujours » est inhérent à l’amour. Aussi, quand un mariage fait naufrage, on a le sentiment de se trouver face à un échec et on est prêts à recommencer, en vue de trouver « l’amour éternel ». Il n’y a pas que le « pour toujours » qui est inhérent à l’amour, il y a aussi la fidélité, l’exclusivité, la relation privilégiée. Au fond, le mariage, c’est cela, c’est donner vie, espoir, à un amour « pour toujours », exclusif, fidèle. Mais un amour qui se construit avec le temps et qui demande un engagement constant, continu, qui commence dès la période des fiançailles. La vie affective d’un jeune couple peut sembler à première vue plus intense et plus belle que dans les autres âges de la vie. On entend souvent : « Comme ils sont beaux ! Si amoureux, si pleins d’enthousiasme, de fraîcheur et de rêves ! Malheureusement, la vie se chargera par la suite d’éteindre ce feu ». C’est un lieu commun très répandu dans le monde d’aujourd’hui. Chiara Lubich, avec ses intuitions extraordinaires, a détruit beaucoup de ces lieux communs et nous a invités au contraire à rester « d’éternels fiancés ». Que recouvre cette expression, synthétique, certes, mais si attirante ? On sait que l’état amoureux est une phase merveilleuse de la vie, faite d’émotions, de sentiments et de passion. Il est l’étincelle à l’origine de toute relation de couple. Sans cette étincelle passionnante, personne n’aurait le courage de quitter ses sécurités et sa famille d’origine pour construire une nouvelle famille. Cependant, au bout d’un certain temps, cette première phase semble s’affaiblir pour faire place à quelque chose de nouveau, à cet amour vrai qui choisit l’autre dans toute sa réalité, avec ses qualités et ses défauts. Ce passage délicat se situe généralement dans les premières années de mariage quand, au fil de la vie quotidienne, petit à petit, les deux conjoints se mettent à nu, avec leurs limites, leurs peurs, la fatigue accumulée en raison des rythmes de travail stressants, des enfants qui ne dorment pas ou qui sont malades. La redécouverte de la tendresse peut être une aide importante, cette tendresse que nous vivions presque naturellement pendant les fiançailles, mais que nous devons apprendre, au cours de notre vie de mariés, à raviver et à rechoisir pour protéger notre amour. Mais qu’est-ce que la tendresse ? Il ne faut pas la confondre avec un excès de sentimentalisme, de câlins ou d’émotivité. Elle est sans aucun doute représentée aussi par toutes ces petites manifestations d’affection qui remplissent une relation. Elle est avant tout une attitude du cœur qui englobe toute la personne. Nous pouvons dire que la tendresse commence quand on en vient à se « Affectivité et sexualité dans le mariage » R&M Scotto-mars 2012-Traduit par MN Chilaud, mars 2013 1 demander : « Qu’est-ce que je peux faire pour le (la) rendre heureux (se) ? ». En fait, la tendresse, c’est le plus de l’amour, qui s’exprime par l’écoute sincère, l’attention à l’autre, l’appréciation mutuelle, la capacité à apporter la sécurité, la participation sensible aux souffrances de l’autre, le contact physique, le baiser, l’étreinte dans les bras, le ton de la voix. Si les deux membres du couple redécouvrent la tendresse, chacun se sentira le « toi » privilégié de l’autre et cela comblera tous les vides, permettra de surmonter les tensions et les moments difficiles. Un langage d’amour La redécouverte de la tendresse aidera à mieux vivre la sexualité, cet aspect si important pour la vie des époux, parce qu’elle aide à transformer le rapport sexuel en un véritable dialogue d’amour. Chaque geste du corps, en fait, contient un langage par lequel on veut exprimer quelque chose de profond (par exemple une poignée de main pour exprimer l’affection, un sourire pour dire sa sympathie, etc.). Ainsi les gestes d’un rapport sexuel, qui représentent la plus grande expression d’intimité physique entre un homme et une femme, ne peuvent qu’exprimer un langage de donation à la fois totale et pour toujours. Jean-Paul II, dans sa Lettre aux familles, a bien résumé cette signification : « Toute la vie dans le mariage est un don, mais cela devient particulièrement évident quand les époux, en s’offrant réciproquement dans l’amour, réalisent cette rencontre qui fait des deux ‟une seule chair” »1. En réalité, on peut rechercher un rapport sexuel pour différentes raisons : gratification d’un besoin, désir d’avoir un enfant, etc., mais pour éviter l’instrumentalisation de l’autre, il est toujours important qu’il soit avant tout pour les deux époux la manière privilégiée de se manifester leur amour. On peut définir le rapport sexuel comme un type de langage particulier, par lequel un homme et une femme devraient arriver à se dire l’un à l’autre : « Je me donne totalement à toi et je t’accueille totalement dans ma vie pour toujours ». Ce n’est donc pas un don d’organes, mais le don réciproque et total de deux personnes. Ce don ne peut pas être improvisé. Si, au cours de la journée, on ne cherche pas à aimer l’autre concrètement dans toutes les occasions qui se présentent, il ne sera sûrement pas possible de l’aimer pendant le rapport sexuel. La qualité de la relation de couple se reflète toujours sur ce rapport. Bien souvent, les couples qui viennent chercher une aide auprès des sexologues ne souffrent pas de problèmes sexuels à proprement parler, mais de troubles relationnels2 , parce que, si leur relation est altérée, le désir se réduit et la vie sexuelle, quand elle existe, est peu gratifiante. Il arrive souvent qu’en améliorant cette relation, la vie sexuelle s’améliore elle aussi spontanément. Le plaisir sexuel Le rapport sexuel a la capacité de provoquer un plaisir qui, partant du corps, est en mesure de susciter une joie qui concerne la personne dans toute sa dimension psycho-physique. 1 2 Lettre aux familles, n° 12 W. Pasini: La qualità dei sentimenti. Mondadori 1992, p. 28 « Affectivité et sexualité dans le mariage » R&M Scotto-mars 2012-Traduit par MN Chilaud, mars 2013 2 Le plaisir sexuel a été donné par Dieu au couple pour qu’il soit un motif de gratitude réciproque et une aide pour vivre mieux les inévitables épreuves de la vie. L’essentiel est de ne pas en faire une idole, comme la société nous pousse aujourd’hui à le faire. Bien des fois, cependant, il n’est pas facile d’en faire l’expérience, dans la mesure où il échappe à toute technique et présuppose un abandon confiant dans l’amour. C’est pour cette raison que parfois, chez les jeunes couples, la vie sexuelle peut s’avérer difficile, en raison des tensions que peuvent créer les nouvelles responsabilités, le stress du travail, les enfants, etc. Il faut alors mobiliser toute notre créativité, améliorer notre organisation pour ne pas négliger ce type de dialogue. Parfois, pour se préparer de façon opportune, il faut être capable de se réserver des moments pour soi, rien que pour le couple, qui puissent nous aider à apaiser les tensions, à renouveler la relation. Les différences dans le comportement sexuel Quelquefois, la vie sexuelle d’un jeune couple ne fonctionne pas bien parce qu’on ne tient pas suffisamment compte des différences respectives dans la façon de vivre la sexualité. En général, la femme possède une sensibilité plus prononcée que l’homme, ce qui la rend plus attentive à la qualité de la relation sexuelle. L’homme, au contraire, peut plus facilement le dissocier de l’amour, en ce sens qu’il a une excitabilité plus immédiate que la femme. La conscience de ces différences peut aider à savoir attendre les moments de l’autre ou à savoir renoncer par amour à la gratification de ses propres pulsions. Il pourra y avoir ainsi un véritable échange de dons, dans la mesure où la femme pourra aider le mari à acquérir une plus grande sensibilité, une plus grande attention à la relation de couple et le mari, pour sa part, pourra aider sa femme à valoriser davantage la sexualité et le don du corps. L’aspect fécond du rapport sexuel Les gestes du rapport sexuel sont aussi ceux qui peuvent donner naissance à un nouvel être humain, destiné à vivre par-delà la mort. Alors le rapport sexuel peut devenir « un moment d’éternité ». L’enfant représente le fruit et le signe de l’amour conjugal. L’ouverture à la vie est une ouverture naturelle de l’amour. Un rapport sexuel qui, délibérément et sans motifs graves, ne s’ouvre pas à la fécondité physique, risque toujours d’engendrer un égoïsme à deux. Et pourtant, la fécondité ne dépend pas seulement du nombre d’enfants, mais de la capacité du couple à engendrer continuellement l’amour. Le rapport sexuel, quand il est fondé sur l’amour, manifeste en fait une fécondité multiple, qui va bien au-delà de la fécondité physique. Il est fécond avant tout pour chacun des époux et pour leur couple parce que, lorsque chacun sent qu’il est le « toi » privilégié de l’autre, le rapport sexuel contribue à augmenter en chacun des deux l’estime de soi et à faire s’épanouir leurs meilleures potentialités. Ensuite, il est fécond pour la société, soit par le don des enfants, soit par les époux eux-mêmes qui, gratifiés par leur amour, sont davantage en capacité de se donner gratuitement dans la vie sociale. Dans cette optique, on comprend qu’il n’est vraiment pas possible de dire qu’un couple est stérile simplement parce qu’il n’a pas eu d’enfant. La stérilité ou la fécondité sont un mode de vie. « Affectivité et sexualité dans le mariage » R&M Scotto-mars 2012-Traduit par MN Chilaud, mars 2013 3 La naissance des enfants La naissance des enfants est une période très délicate dans la vie d’un couple, surtout celle du premier, qui vient révolutionner la vie à deux. C’est un moment de changement intense où l’entente sexuelle est mise à l’épreuve. On risque facilement de perdre les pédales avec le bébé qui pleure la nuit, les tétées à toute heure et toutes les préoccupations concernant le nouveauné. La jeune maman a tendance à être complètement absorbée par cette nouvelle réalité et se sent souvent plus maman qu’épouse, c’est pourquoi, bien qu’elle aime toujours autant son mari, les rapports sexuels deviennent parfois le dernier de ses soucis, à cause aussi de la situation hormonale particulière où elle se trouve à ce moment-là. De son côté, le mari peut se sentir exclu de la relation entre la mère et l’enfant. Surmonter cette étape n’est pas difficile si les deux époux cherchent à développer davantage entre eux la tendresse, à faire grandir le désir de penser au bonheur de l’autre plus qu’au sien. Il est important de toujours garder la sérénité. Il s’agit de moments transitoires, pendant lesquels on donnera peut-être plus de place aux autres types de dialogue ou de manifestations affectives. La culture de la vitesse Les difficultés capables d’entraver une bonne entente sexuelle peuvent être nombreuses et différentes selon les moments de la vie. Il ne faut jamais se décourager, mais savoir attendre en gardant à l’esprit qu’au fur et à mesure que la communion dans le couple grandit, bien des problèmes se résoudront spontanément. A une époque où la culture de la vitesse pousse à avoir tout tout de suite, on est enclins à penser que l’harmonie conjugale elle aussi doit être atteinte immédiatement. En réalité, vu que la vie sexuelle est – comme nous l’avons dit – un type particulier de langage, comme pour tous les langages, il faut l’apprendre, le perfectionner patiemment et le renouveler sans cesse, l’adapter aux divers changements de la vie. Bien sûr, il peut y avoir des situations particulières, difficiles à résoudre tout seuls. Dans ces cas-là, il peut être utile de parler de nos difficultés avec un couple plus mûr, ou éventuellement avec une personne compétente en qui on peut avoir confiance. Pour conclure Il ne faut jamais sous-estimer le rapport sexuel dans le mariage. Puisqu’il est un don de Dieu pour les époux, il est nécessaire de faire tout notre possible pour le rendre toujours plus beau. Mais il ne faut pas non plus le surestimer comme s’il était toute notre vie. Même le rapport sexuel le plus beau peut laisser une certaine insatisfaction. Parce qu’aucun être humain n’est réellement capable de combler le cœur d’une autre personne : en effet, nous sommes faits pour Dieu et Lui seul peut combler complètement nos attentes. *** « Affectivité et sexualité dans le mariage » R&M Scotto-mars 2012-Traduit par MN Chilaud, mars 2013 4