Points faibles de la protection lourde en toitures terrasses

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Points faibles de la protection lourde en toitures terrasses
Fiches Pathologie
TOITURES ET CHARPENTES
« Points faibles de la protection lourde en toitures terrasses »
Le constat
Qu'il s'agisse d'une protection lourde par chape ciment ou dalles sur plots, une toiture terrasse accessible présente toujours des risques d'infiltration d'eau à plus ou moins long terme. La conception, la réalisation et/ou
l'entretien peuvent être à l'origine de ce problème.
les toitures terrasses avec protection lourde
n'échappent pas au risque de sinistre
Le diagnostic des désordres
Sur les toitures terrasses accessibles, la protection lourde assume à la fois la viabilité et la protection du revêtement d'étanchéité contre les agressions climatiques et mécaniques. Cette protection est le plus souvent
constituée d'une chape ciment, revêtue ou non de carrelage, ou de dalles sur plots.
Des infiltrations se produisent lorsque les ouvrages sensés protéger le revêtement d'étanchéité le blessent. Ces blessures affectent la partie courante ou les relevés.
Dans le cas d'une protection par chape ciment
Sous l'effet des variations hygrothermiques, la masse que constitue la chape en mortier ou en béton se dilate et se rétracte. La répercussion de ces mouvements s'avère néfaste pour le revêtement d'étanchéité car il résiste
mal aux mouvements alternés.
Résultat : il se décolle, se plisse ou se déchire.
Les deux principales causes sont :
●
Une surface de chape trop importante (surface délimitée apr les joints de fractionnement supérieure à 10 m²) ;
●
La solidarité de la chape avec le revêtement (non-interposition d'un matériau de désolidarisation lors de la mise en œuvre).
Dans le cas des dalles sur plots
Les dalles ou les plots peuvent avoir une action mécanique directe sur le revêtement ou les relevés en les blessant en surface :
●
●
Lorsqu'elles sont positionnées trop près d'un relevé mal protégé, les arêtes des dalles entaillent le revêtement ;
Lorsqu'ils sont posés sur une surface mal nettoyée ou non débarrassée des résidus de chantier, les plots peuvent recouvrir des corps coupants (clous, graviers,…) qui, sous le poids des dalles et les sollicitations de
fonctionnement, perforent progressivement le revêtement.
Les points sensibles
En ce qui concerne la protection par chape ciment, le DTU 43.1 fixe les règles minimales de dimensionnement des chapes et dalles utilisées en protection lourde.
Il préconise notamment :
●
le fractionnement en bordure des reliefs et émergences (joints de 0,02 m) ;
●
le fractionnement tous les 4 m maximum ou par surfaces maximales de 10 m² (joints de 0,01 à 0,02 m) (cf. NF P 84-204-1 article 7.1.3.2.2 et figure 59) ;
●
la désolidarisation entre le revêtement et la protection par un feutre synthétique et un film ou du sable (cf. NF P 84-204-1 article 7.2.1.2.1.2 et 7.2.3.1.2.1.1).
Ces prescriptions sont reprises dans le DTU 52.1.
En ce qui concerne les dalles sur plots, le DTU 43.1 détermine les hauteurs minimales des relevés (toujours supérieures à 0,10 m) suivant la position relative des dalles et la nature de la protection des relevés (cf. NF P 84204-1 article 8.5.2.3.1) et la dimension recommandée pour les joints (0,002 à 0,005 m entre dalles et 0,003 à 0,010 m entre dalles et émergences)
Nota
Les Avis Techniques des revêtements monocouches et bicouches font référence aux articles du DTU. Dans les configurations prévues dans les avis techniques, la pose des plots est néanmoins possible directement sur le
revêtement d'étanchéité.
Les conseils de prévention
Surtout lorsqu'elle est revêtue d'un carrelage, l'exécution de la protection lourde par chape est très souvent confiée au maçon ou au carreleur. Tous deux ont trop tendance à ignorer, encore plus que l'étancheur,
les dispositions des DTU.
Le concepteur et le titulaire du lot étanchéité doivent donc impérativement attirer l'attention de l'exécutant sur les dispositions minimales à mettre en œuvre et en vérifier la réalisation effective.
Avant la pose des plots et des dalles, il faut également veiller à avoir une surface de revêtement propre et exempte de tout corps susceptible de blesser la surface. Il faut poser, si possible, les dalles avant le
passage des autres corps d'état sur la terrasse étanchée.
Fiche mise à jour : février 2009
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Fiches Pathologie
TOITURES ET CHARPENTES
« Points faibles de la protection lourde en toitures terrasses »
Toiture-terrasse et toiture-terrasse accessible
Toiture et/ou terrasse dont la pente est inférieure à 15% (au-dessus, c'est une toiture inclinée).
On classe les toitures-terrasses en fonction de quatre critères :
a. Leur accessibilité et leur fonction
Les toitures-terrasses sont dites :
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●
●
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soit inaccessibles (sauf pour entretien et réparations exceptionnelles),
soit à zones techniques (toitures-terrasses à circulation piétonnière fréquente pour l'entretien d'éléments en émergence tels que machineries d'ascenseur) ; leur pente doit être inférieure à 7%, et leur étanchéité ne
doit pas être autoprotégée par une feuille métallique,
soit accessibles (aux piétons), sans limitation particulière,
soit circulables (circulation et stationnement de véhicules) ; on différencie ces toitures-terrasses selon qu'elles sont accessibles aux véhicules légers (moins de 2 tonnes à l'essieu) ou aux véhicules lourds (plus de 2
tonnes),
soit toitures-jardins, toitures-terrasses recouvertes de terre végétale et de plantations.
b. Leur élément porteur
Les éléments porteurs les plus courants sont :
●
soit en béton : béton armé en dalles ou coulé en place en voiles ou dalles sur ossature armée ou sur bacs d'acier, béton précontraint, planchers à poutrelles préfabriquées, panneaux de béton cellulaire armé, etc.,
●
soit en acier (bacs de tôle nervurée),
●
soit en panneaux de bois sur ossature.
c. Leur pente
On considère toujours la pente du support d'étanchéité (qui peut ne pas être celle de l'élément porteur). On distingue les toitures-terrasses :
●
à pente nulle : pente du support d'étanchéité inférieure à 1%,
●
plates : pente de 1 à 5% dans le cas général, ou 1 à 3% si le support est la tôle d'acier nervurée,
●
rampantes : pente de 5 à 15% dans le cas général, ou 3 à 7% sur acier nervuré ; au-dessus de ces valeurs, la toiture est dite inclinée.
d. leur région climatique
Les toitures soumises aux climats de montagne, à une altitude supérieure à 900 m, font l'objet de mesures spéciales pour tenir compte des surcharges dues à la forte épaisseur de neige qu'elles doivent supporter sur de
longues périodes.
Protection lourde
Protection rapportée en oeuvre, après la pose de l'étanchéité (gravillonnage libre ou aggloméré par un liant, chape ou dallage)à l'inverse de l'auto-protection, qui est intégrée au matériau d'étanchéité dès sa fabrication sous
forme soit d'une feuille métallique mince, soit de granulats durs sertis en surface.
Chape
Ouvrage en mortier de ciment surfacé, réalisé au sol sur une forme-support ; cet ouvrage a une double fonction : mettre le sol au niveau général voulu, ou en retrait du nu final nécessité par la pose éventuelle d'un
revêtement, et lui donner une bonne planéité générale ; la confection des chapes permet aussi de créer, si besoin, les légères pentes nécessaires à l'écoulement des eaux
Plot
Support de dalles amovibles pour terrasses, locaux techniques, etc., comportant généralement un dispositif à vérin de réglage de hauteur.
Schéma d'un plot (source DICOBAT)
Etancheite monocouche/bicouche
Le terme monocouche qualifie un revêtement d'étanchéité de toiture-terrasse mis en oeuvre en une seule couche, en général sous forme d'une membrane manufacturée en lés (bitume élastomère thermosoudable ou autre).
Il s'oppose au système bicouche, qui désigne un revêtement d'étanchéité mis en oeuvre par superposition de deux chapes de bitume armé disposées soit en couches croisées, soit en couches parallèles à joints décalés.
Avis technique
Document officiel de constat d'aptitudes relatif à un procédé, matériau, élément ou équipement de construction.
L'Avis Technique est établi à la demande du fabricant ou de l'importateur (le "demandeur") si la technique ou le produit concerné est trop récent ou trop innovant pour avoir fait l'objet d'une normalisation, ou être intégré
dans un Document Technique Unifié (DTU).
L'Avis Technique est élaboré par l'un des 14 Groupes Spécialisés de la Commission des Avis Techniques, dont le secrétariat est assuré par le CSTB. Ce dernier organise et conduit, en particulier, toute l'instruction technique
du dossier.
Le CSTB assure aussi, de façon exclusive, la publication et la vente des Avis Techniques
Surface de chape
Dalles sur plots
DTU 43.1 - art. 6.6.3.3.2.1 - Couche de désolidarisation
●
Cas général : elle est constituée par un lit de granulats, séparé de la protection dure par un non-tissé posé à recouvrement de 0,10 m environ.
●
Cas des surfaces < 30 m² (loggias, terrasses en retrait, balcons) : la couche de désolidarisation peut également être constituée d'un non-tissé, surmonté d'un film, posés à recouvrement de 0,10 m environ
DTU 43.1 - art. 6.6.3.3.2.2 - Protection
Elle est réalisée en mortier armé ou en béton armé de 0,04 m d'épaisseur nominale.
Note : Les DPM indiquent la solution retenue.
Cette protection tirée à la règle est laissée brute en attente de la réalisation du revêtement de sol scellé.
●
Constitution : La constitution est conforme à l'article 4.
●
le dosage du mortier est de 400 kg environ de ciment par mètre cube de sable sec ;
●
le dosage du béton est de 300 kg minimum de ciment par mètre cube de béton.
L'armature est un treillis soudé, de maille maximale 0,10 m × 0,10 m et de masse minimale 0,250 kg/m², placé sensiblement à mi-épaisseur.
Fractionnement : La protection est fractionnée :
●
en partie courante par des joints de largeur 0,01 à 0,02 m, tous les 4 m maximum dans les deux sens en limitant les surfaces entre joints à 10 m2 environ ;
●
en bordure des reliefs et des émergences par des joints de largeur 0,02 m minimum (voir figure 8).
Les joints intéressent toute l'épaisseur de la protection ; les armatures sont interrompues au droit des joints.
Les joints sont garnis d'un produit ou dispositif imputrescible et apte aux déformations alternées.
DTU 43.1 - extrait art. 7.1.3.2.2. - Cas particulier des terrasses accessibles aux piétons avec protection de partie courante par dalles sur plots
Dans le cas où le niveau fini des dalles est situé au-dessus de la tête des relevés d'étanchéité, ces derniers peuvent être réalisés :
●
soit sans protection dure ni par écran démontable (voir figure 23) :
❍
5 mm environ d'un asphalte pur étanchéité sur une hauteur de 0,10 m environ au-dessus des parties courantes (cette disposition n'est pas prévue pour le complexe 15 + 25) (voir figure 24) ; en présence d'un
pare-vapeur, la remontée en asphalte pur est supprimée et une remontée du pare-vapeur est faite dans les mêmes conditions que pour les feuilles bitumineuses (voir 5.3) ;
❍
1 couche d'EIF sur la maçonnerie non revêtue d'asphalte,
❍
1 feuille de bitume SBS type BE 35, soudée sur toute la hauteur. Le talon est de 0,10 m minimum sur l'asphalte sablé (dans 5 + 15 + 20) ou gravillonné (dans 15 + 25),
❍
1 feuille de bitume élastomérique 35 autoprotégée, soudée sur toute la hauteur. Le talon de 0,15 m minimum sur l'asphalte sablé (dans 5 + 15 + 20) ou gravillonné (dans 15 + 25) dépasse de 0, 05 m le talon
de la première couche.
DTU 43.1 - extrait art. 6.6.3.3.3 - Dimension recommandée pour les joints
Dalles
Les dalles sont conformes à l'article 4. Leurs dimensions dans le plan sont comprises entre 0,40 m et 0,60 m limites incluses. Leur classe d'appellation est :
●
T7 en terrasses privatives, si la hauteur des plots est ¡Ü 0,15 m ;
●
T11 en terrasses collectives ou en terrasses accessibles au public, ou privatives si la hauteur des plots est > 0,15 m.
Mise en œuvre
La largeur moyenne du joint entre dalles, déterminée par l'épaisseur du séparateur dans le cas de plots préfabriqués, est de 2 à 5 mm.
La largeur moyenne du joint entre les dalles et les émergences est de 3 à 10 mm.
Bibliographie
Textes de référence
●
NF P10.203 (DTU 20.12) Conception du gros oeuvre en maçonnerie des toitures destinées à recevoir un revêtement d'étanchéité.
●
NF P84-204 (DTU 43.1) Etanchéité des toitures-terrasses et toitures inclinées avec éléments porteurs en maçonnerie en climat de plaine et son amendement A1 de septembre 2007.
●
NF P84-205 (DTU 43.2) Etanchéité des toitures-terrasses, terrasses avec éléments porteurs en maçonnerie de pente supérieure.
●
NF P84-208 (DTU 43.5) Réfection des ouvrages d'étanchéité des toitures-terrasses ou inclinées.
●
DTU 52.1 (NF P61-202-1) Revêtements de sol scellés.
●
Règles professionnelles de la CSFE-FFB (Chambre syndicale française de l'étanchéité de la Fédération française du bâtiment).
Fiche mise à jour : mai 2009
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