inferno on est au début
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inferno on est au début
Labo d’Enfer 1 / Dante all Stars Bösch, Pralong, Schürch Mots-clé : le Mal, la Peur, le Bruit, la Nuit, la chute, la marche, la fatigue, le poète. VRAC - - - on est au début. Montrer qu’il faut y aller, chercher, essayer. Proben. Ouvrir, flexibiliser les matériaux. Toujours garder idée qu’on fait 1/8 ET 1/33 : on avance d’un cercle, mais on va aussi vers Lucifer, personnification du Mal. Donner un premier rythme, une première mesure à ce texte démesuré Système caractérologique, nouvelle morale inventée. Quelle est le nôtre aujourd’hui. Sortir du cliché du damné Environ 800 vers sur 15'000 de la totalité on arrive après six siècles de commentaires La digression = le cercle Métaphore de base : on (laborantins et spectateurs) entre dans le processus du Labo comme le personnage-Dante dans l’Enfer. Que faire notamment de l’analogie de situation entre les spectateurs qui entrent dans le vestibule du Labo et les candidats à la damnation qui s’apprêtent à passer sur la barque de Charon ? En quoi c’est autant un projet poétique-théâtral que politique ? (cf Schlurick) Comment rendre idée de l’expérience totale : j’entre dans un livre et je n’en ressors plus. Immersion sans retour. 2 poètes + 4 poètes (Homère, Horace, Ovide, Lucain): pourquoi sont-ils en Enfer ? qu’est-ce que la poésie face au mal ? n’a pas écrit un livre, a visité un pays voyage vers la légèreté principal péché du spectateur : le voyeurisme que produire scéniquement face à une telle fantasmagorie visuelle / telle imagination visuelle ? Bruit de l’enfer (« pleurs, soupirs et hautes plaintes résonnaient dans l’air sans étoiles»/ »fracas tournoyant »/cercle 1 : seulement des soupirs))/ Nuit de l’Enfer (lieu muet de toute lumière) on chemine du bruit vers le silence absolu, là où est Lucifer. Nouvelle langue = langue de l’exil La peur : motif central des deux premiers chants (au 19ème vers, en a déjà parlé trois fois) La mise en route, l’entrée, le passage, le pas. Contraste entre livre très structuré et chaos de ce qui est décrit : anarchie. Question du MAL / Enfer = grande réserve de mal de l’univers / on va vers Lucifer, personnification du mal / cf hypothèse de Schlu : littérature prend le parti du mal. QUI et OU White Box + Maison des Arts Barbara, Jeanne, Véronique, Michèle, Adrianna, Lucie, Lucie, Dorothea Marc, Fred, Roberto, Brice, Gaël Manon, Bernard, FRAGMENTS FORTS (1er cercle) « Au milieu du chemin de notre vie, Je me trouvais dans une forêt obscure Car la voie droite était perdue ». « Par moi on va dans la cité dolente…. Vous qui entrez laissez toute espérance. » (= effet bande-annonce film d’horreur) « Et je tombai comme celui qui succombe au sommeil » « Méditant, me dit-on sur l’Enfer, mon frère Shelley trouva que c’était un lieu à peu près semblable à la ville de Londres. Moi qui ne vis pas à Londres mais à Los Angeles je trouve en méditant sur l’Enfer qu’il doit ressembler encore plus à Los Angeles ». (Pasolini) etc… PERSONNAGES Dante promeneur / Dante scribe / Dante poète / les trois fauves (panthère : tout ce qui détourne l’homme de lui-même, lion : orgueil, louve : avarice)/ Pape Célestin V / Virgile / Homère, Horace, Ovide, Lucain / le gardien Caron : / personnages mythologiques : Electre, Hector, Penthésilée,…/ Aristote, Socrate, Platon, Euclide, Hippocrate,… ETATS PHYSIQUES/ MVTS Marche, chute, évanouissement, lourdeur, migrations de groupe, colonisation,… Labo 1 : comment commencer ? PEUR-BRUIT-NUIT / DANTE-PASOLINI-MANDELSTAM = Nos deux terza MATERIAU TEXTES 1. quatre premiers chants de L’Enfer, soit une intro littéraire en deux chants, puis, topologiquement, un vestibule et un cercle. 2. le chant VII à travers Pasolini (les avares et les prodigues = péché contre la grandeur du monde) 3. Mandelstam sur la marche, le rythme marché de la poésie de Dante + témoignages sonores de vieux Italiens sur ce qu’est La divine Comédie. + des infra-dialogues qui pourraient être donnés dans les marges, tout doucement : questionnements qu’on a sur le travail, sur l’enfer, sur le péché. Qu’est-ce que le péché pour chacun de nous aujourd’hui, question qui m’intéresse. Ex d’infra-dialogues, pas forcément à écrire : « si en italien on dit Antinferno, tu crois qu’en français on dit anti-inferno, avec deux i ou avec un seul i (essai de plusieurs accentuations) » « Ma grand-mère dit que le péché, c’est chaque fois qu’on ferme une porte » « Ils ont de la chance, les Italiens d’avoir la divine Comédie. L’un des leurs, un poète a décrit pour eux ce monde de douleur … + Liste des noms jusque-là : les poètes et les personnages de la mythologie. + d’autres passages de Pasolini, notamment sur la répétition : « « La répétition d’un sentiment se fait obsessions. Et l’obsession transforme le sentiment… » Il sourit, se moquant lui-même de son ton didactique, et précisant humblement : « Comme la répétition d’un mot dans les litanies… Répétition qui est perte de signification ; et perte de signification qui est signification… Exaltant.. Ha Ha Ha ! » Je le regardais rire dans le silence de l’ « abomination de la désolation », dans les oubliettes. Il acheva son pauvre, son innocent, son puéril éclat de rire, et continua en se maintenant constamment sur le ton de la langue parlée : « Répète à l’infini le mot sexe ; quel sens aura-t—il à la fin ? Sexe, sexe, sexe, sexe, sexe, sexe, sexe, sexe, sexe, sexe, sexe, sexe, sexe, sexe, sexe. Le monde devient objet de désir de sexe, il n’est plus le mode, mais le lieu d’un seul sentiment. Ce sentiment se répète, et avec lui il répète le monde, jusqu’à ce qu’il s’annule en s’accumulant. » (24-25) ICONO : Rassembler pour faire un coin topologique à la white box toutes les cartographies de l’enfer qu’on a, ainsi que des cartes du Grü, de Genève, des planches anatomiques. Mettre en parallèle, superposer, donner idée du voyage physique et spirituel, dans l’autre-monde et dans ce monde-ci. » + schémas ptolémaïques de l’univers. (de nombreux textes en italien pour le rythme, pour la terza rima et ses effets physiques/ cf Amodio) DANTE Voyage commence le 25 mars 1300, vendredi saint, jour oÙ le chrétien doit mourir à lui-même et descendre aux Enfers d’où il sera régénéré. Chant 1 constatation du chaos interne : égarement de soi et du monde. Chant 2 est un chant sans action, même phrase à la fin du chant 1 et à la fin du chant 2 : il entre dans la forêt : digression sur le manque de courage de Dante + annonce des 4 guides, Virgile, Béatrice, Lucie et la Vierge. Vestibule : les inexistants, les ni bien ni mal les tièdes (ignavi), dans un chaos actif, vent, hurlements, claquements de mains pour se repousser les uns les autres avec haine. Erreur capitale pour l’homme = ne pas collaborer activement à l’œuvre de la création (cf, Paso, péché contre la grandeur du monde). Ils sont pris dans premier exemple de contrappasso (punition par où on a péché) : courent derrière un étendard neutre pour ne pas être piqués, après n’avoir rien fait de leur vie. Premier fonctionnaire infernal : Charon. Presque à chaque cercle, il y a un passeur tiré de la mythologie (Minos, Cerbère, Minotaure, Géryon,…) En Enfer, on brûle et on gèle Blasphème des foules poussées sur la barque de Caron. Dante traverse inconscient l’Achéron : tremblement de terre et éclair accompagnent l’événement d’un vivant qui entre chez les morts. Premier cercle : Dante ne voit rien puisque Enfer est dans nuit totale + grondement terrifiant Les limbes : rencontre avec les poètes, tout de suite après les justes sauvés par le Christ lorsqu’il est descendu en Enfers. Poésie a une gde mission. Rencontre des grands philosophes de l’Antiquité et des personnages mythologiques. …. PASOLINI La divine Mimésis / Fragments d’enfer / Notes et fragments pour le chant VII Si on garde la métaphore qu’on a lancée (on entre dans la recherche théâtrale comme Dante en Enfer, avec idée d’être essoré, transformé, porté vers plus haut et plus lumineux, plus libre et inventif), Pasolini nous aide à aller au bout avec le titre de son ouvrage inachevé : La divine Mimésis (pas seul titre, mais premier vraisemblablement). Idée que la représentation des choses, l’art, littérature, théâtre, sont aptes à nous montrer nos mondes et nos vies dans une lumière qui donne plus de liberté. Mimésis a un pouvoir fort, divin, transformateur : on la sollicite en entrant en Labo comme Dante dans la forêt obscure. Regarder Salo ou les 120 jours, mais éviter de trop tirer vers cet enfer-là, ne pas entrer dans l’esthétique : en inventer une nous, en passant par les mots de Paso seulement, pas par ses images. Pour un Labo, on a assez à faire avec ses Notes et fragments pour le chant VII (9 pages très fortes sur le cercle des avares et des prodigues). Pasolini nous tire vers Sade. Chant VII : dénonciation du conformisme, « Les conformistes petits-bourgeois ont commis des péchés bien plus atroces que celui d’être conformiste… Le conformisme fut simplement la base nécessaire de leurs péchés, la prémisse indispensable. Par conformisme, ils furent … par exemple… des catholiques pratiquants… des bien-pensant tout entiers dévoués au travail et à la famille… qui finirent par faire faire des housses de fauteuil avec la peau de leurs victimes… » Cette dénonciation du conformisme vaut aussi théâtralement, pour nous autres, laborantins (retour à notre métaphore : Enfer=Labo). Pasolini remplace le voyage de Dante en enfer, à travers le folklore religieux médiéval, par la traversée de sa vie, à travers son folklore, son idéologie anti-bourgeoise : lutte des classes, militantisme, homosexualité, sexe, anti-bourgeoisie. Il oppose Enfer médiéval à « Enfer néocapitaliste ». Il se dédouble et se voit dans de nombreuses figures (ouvertement présenté comme un songe) : il est Dante, Virgile, les trois bêtes, il est un peu chaque figure rencontrée, même les petitsbourgeois. Pasolini, de manière générale et pas seulement ici, incarne l’hypothèse de Schlurick : l’art prend le parti du Mal. Chez Pasolini, c’est clairement pour opérer un renversement de l’abject en sublime. Enfer est un bon terrain d’ébats pour ça. Agent de ce renversement : la poésie, le poète. Même jaune et misérable comme le guide de Pasolini ici / « Tu vois tout à coup un homme différent des autres, qui crie : « Prêtres, professeurs, patrons, vous avez tort de me livrer à la justice. Je n’ai jamais été de ce peuple ; je suis de la race de ceux qui chantent dans les supplices ; je ne comprends pas les lois ; je n’ai pas de sens moral ; je suis une brute… » (p.54) MANDELSTAM …..