NALTREXONE ET ABSTINENCE D`ALCOOL À LONG TERME

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NALTREXONE ET ABSTINENCE D`ALCOOL À LONG TERME
NALTREXONE ET ABSTINENCE D’ALCOOL À LONG TERME
QUESTION : Est-ce que la prise de Naltrexone (50 mg die) favorise l’abstinence
d’alcool à long terme?
AUTEURE: Catherine Savard-Woods (AVRIL 2009)
P
:
Personnes ayant une dépendance à l’alcool
I
:
Prise de Naltrexone
C
:
Aucun traitement
O
:
Abstinence à long terme
CONTEXTE :
Question que je me posais après avoir appris que ce traitement existait en étudiant. Pas
de contexte clinique précis.
RECHERCHE :
Cochrane : mots-clés : Naltrexone et alcohol. 1 revue Cochrane : Opioid antagonists
for alcohol dependence (2005). 1 revue autre pertinente : Acamprosate supports
abstinence, Naltrexone prevents excessive drinking : evidence from meta-analysis
with unreported outcomes.
Étant donné la revue de Cochrane de janvier 2005, nous avons recherché par la suite
des articles datant de janvier 2005 et plus seulement.
Pubmed : mots-clés : Naltrexone et alcohol. 1 article et 1 méta-analyse qui semblaient
pertinents.
Trip database : mots-clés : Naltrexone et alcohol. 2 articles mais aucun qui répondaient
directement à ma question.
Clinical evidence : Aucun résultat plus récent que 2005.
RÉSULTATS :
Cochrane :
1) Srisurapanont M. et Jarusuraisin N. Opioid antagonists for alcohol dependence,
Cochrane Database of Systematic Reviews 2005, Issue 1.
Objectif : Déterminer l’efficacité relative des antagonistes opioïdes comparés à un
placebo, autres médications et traitements psychosociaux pour diminuer ou prévenir la
rechute de consommation d’alcool chez les personnes ayant une dépendance à l’alcool.
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Naltrexone et abstinence d’alcool à long terme
Méthodes : Tous les RCTs pertinents avec des participants ayant des critères
diagnostiques précis de dépendance à l’alcool et et n’étant pas déjà abstinents.
Les données de 6 articles sur les effets à moyen terme du traitement de Naltrexone seul
vs placebo ont été utilisées.
2 sur les effets à moyen terme d’un traitement de courte durée.
1a- Anton et al. Naltrexone and cognitive therapy for the treatment of outpatient
alcoholics : results of a placebo-controlled trial. American Journal of Psychiatry
1999;156(11) : 1758-64.
1b- O’Malley et al. Naltrexone and coping skills therapy for alcoholdependence : a
controlled study. Archives of General Psychiatry 1992; 49;881-7.
3 sur les effets à moyen terme d’un traitement à moyen terme
1c-Balldin et al. A 6 months controlled Naltrexone study :combined effect with
cognitive behavioral therapy in outpatient treatment of alcohol dependence.
Alcoholism : Clinical and experimental Research 2003;27 : 1142-9.
1d-Heinala et al. Targeted use of Naltrexone without prior detoxification in the
treatment of alcohol dependence : a factorial double-blind placebo-controlled trial.
Journal of Clinical Psychopharmacology 2001;21(3) :287-92.
1e-Knox PC et Donovan DM Using Naltrexone in inpatient alcoholism treatment.
Journal of Psychoactive Drugs 1999;31 : 373-88.
1 sur les effets à moyen terme d’un traitement à court ou moyen terme
1f- Krystal et al. Naltrexone in the treatment of alcohol dependence. New England
Journal of Medicine 2001;345(24) : 1734-1739.
Résultats:
Naltrexone vs placebo traitement de 12 semaines: Diminution significative des rechutes
RR=0.75 (0.59-0.95) mais aucune diminution de ceux qui continuent à boire de l'alcool
sans excès RR=0.91 (0.74-1.13)
Naltresone vs placebo traitement de plus de 12 semaines: Pas de différence au niveau
des rechutes RR=1.01 (0.92-1.11) mais augmentation du délai avant la première
consommation et diminution de l'envie de boire.
Conclusion:
Un traitement à court terme (12 semaines) de Naltrexone réduit les chances de rechutes
de 36% (NNT=7) et le nombre de reconsommation de 13% (NNT=12). Il n'y a aucun
bénéfice à traiter plus de 12 semaines.Les facteurs limitants suivants ont été identifiés:
courte durée des études, petit échantillon, abandons nombreux. Le Naltrexone devrait
être consideré pour le traitement à court terme de l'alcoolisme cependant, une thérapie
psychosociale devrait y être associée pour favoriser l'adhérence au traitement.
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Naltrexone et abstinence d’alcool à long terme
2) Rösner S. et al. Acamprosate supports abstinence, Naltrexone prevents
excessive drinking : evidence from a meta-analysis with unreported outcomes,
Journal of Psychopharmacology 2008(22) pp.11-23.
Objectif:
Compléter et comparer les profils d'efficacité de Naltrexone et de
acamprosate à l'aide de données non-publiées obtenues des fabricants de
médicaments et de chercheurs.
Critères d'inclusion:
Randomised placebo-controlled trials avec un traitement d'au
moins 4 semaines et un diagnostic d'alcoolisme selon des critères précis. Les étude de
10 sujets et plus seulement ont étés utilisées.
Outcomes: Retour à la consommation d'alcool et retour à la consommation excessive
d'alcool.
Résultats: 2182 femmes et hommes dépendants à l'alcool ont été étudiés dans 20
études. Durée moyenne du traitement était de 3 mois. Le traitement était toujours
associé à une thérapie psychosociale. Naltrexone augmente le taux d'abstinence et
diminue les chances de de reprendre une première consommation RR=0.93 (0.88-0.99)
NNT=17. 33.8% des données proviennent de données non-publiées. Il semble aussi
avoir moins de consommation excessive avec Naltrexone RR=0.88 (0.80-0.96) chez les
patients qui ont recommencé à consommer.
Conclusion: Les auteurs pensent avoir réussi à diminuer l'effet du biais de publication
et considère que le Naltrexone est efficace pour diminuer la consommation chez les
patients non-abstinents
Pubmed :
1) Srisurapanont M. et Jarusuraisin N. Naltrexone for the treatment of alcoholism :
meta-analysis of randomised controlled trials, International Journal of
Neuropsychopharmacology (2005) 8, pp.267-280.
Objectif: Faire une revue systématique des bénéfices, effets secondaires et taux
d'abandon du traitement au Naltrexone pour l'alcoolisme.
Critères d'inclusion: RCT à double insu qui compare Naltrexone au placebo et/ou
autre traitement chez les personnes ayant un diagnostic selon le DSM de problèmes
d'alcool.
Outcomes: Rechute incluant consommation excessive et la consommation d'alcool.
Méthode: 24 articles ont été retenus. 2861 sujets ( 1709 Naltrexone)
Résultats: Dans les premières 12 semaines, diminution du risque de rechute RR= 0.64
(0.51-0.82) mais le risque de rechute à long terme n'est pas diminué RR=0.91 (0.811.02)
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Naltrexone et abstinence d’alcool à long terme
Conclusion: Un traitement de Naltrexone de courte durée diminue de 36% le risque de
rechute (NNT=7) mais n'influence pas le risque de consommer de nouveau. Un
traitement de plus de 12 semaines repousse le temps de la première cosommation et
les envies de boires sans prévenir les rechutes et la consommation d'alcool.
2-Bowers T. et Snyder J. The efficacity of Acamprosate ans Naltextrone in the
treatment of alcohol Dependence : A Relative Benefits Analysis of Randomized
Controlled Trials, The American Journal of Drug ans Alcohol Abuse 2008
(34 :4),pp.449-461.
Méthode: Un total de 42 RCT ont été inclus dans l'étude. De ce nombre, 18 incluaient
Naltrexone vs placebo.
Population: Un total de 2506 femmes et hommes (1361 Naltrexone et 1145
placebo) de plus de 18 ans qui présentaient les critères de DSM de dépendance à
l'alcool. Tous les patients étaient traités en externe et ont reçu de la thérapie
psychosociale.
Résultats: L'abstinence d'alcool à 3 mois était de 37.3% pour le Naltrexone et 30.5%
pour le placebo. Un traitement à court terme de Naltrexone réduit les rechutes de
consommation excessive, la fréquence de consommation et la quantité consommée
mais n'influence pas le taux d'abstinence. Les effets semblent se poursuivre au suivi à
long terme mais le nombre d'étude et les échantillons sont petits. Une seule étude a
inclus un suivi prolongé.
Conclusion: Bénéfice équivoque. Besoin de plus d'études. La non-compliance
importante dans les études peut limiter l'efficacité observée.
CONCLUSION:
Peu d'études trouvées ont étudié l'effet de Naltrexone seul. De plus, la durée de cellesci est très limitée considérant le caractère chronique de l'alcoolisme. Il semble y avoir un
effet à moyen terme sur l'abstinence d'alcool et la quantité ingérée lorsqu'associé à une
psychothérapie.
Des études à long terme seraient souhaitables. Le Naltrexone pourrait faire partie d'un
ensemble de stratégies dans le traitement de l'alcoolisme chez des patients capables de
compliance cependant, son usage en monothérapie semble avoir peu de bénéfices à
long terme.
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