Bisou en PDF - SMAC d`agglomération bordelaise
Transcription
Bisou en PDF - SMAC d`agglomération bordelaise
KRAKATOA / ROCHER DE PALMER /ROCK ET CHANSON / ROCK SCHOOL BARBEY N° 1 LE MAGAZINE DES SCÈNES DE MUSIQUES ACTUELLES DE L’AGGLOMÉRATION BORDELAISE -2- -3- EDITO Portrait d’Elisa Dignac, du groupe A Call at Nausicaa, par Pierre Wetzel (collodion). « La photo au collodion, ça ne fait qu’un an que j’en fais. D’une certaine manière, ça rend à la photo ses lettres de noblesse. Bon, avec ça, la photo de concert, tu oublies complètement, les contraintes techniques sont énormes. Il faut beaucoup de lumière, je ne peux pas me déplacer, la plaque doit rester humide, je dois avoir mon labo à côté, le sujet doit être immobile pendant 10 secondes... » Exposition (K)ollodion, du 6 au 28 mars à la Médiathèque de Mérignac. Retrouvez l’interview de Pierre Wetzel et sa playlist sur le site de la SMAC d’agglomération. SOMMAIRE MARS - AVRIL - MAI - JUIN 2015 4 - NEWS 6 - SUPPORT YOUR LOCAL BAND ! Cockpit 8 - DOSSIER Parcours scolaires : suivez le guide ! 13 -SIMPLE ET EFFICACE Une histoire de la soul 14 -COMMENT ÇA MARCHE ? Le rider STER 16 -CARTE BLANCHE Odezenne PO DÉTAE! CHABL 18 - LIVE EXPERIENCE Le concert dont vous êtes le héros Une comptine animalière pour passer d’un âge à l’autre, une playlist à refrains pour un anniversaire, un disque de soul placé opportunément au moment du dessert pour inviter au rapprochement, un album aux paroles censurées pour marquer son territoire, le dernier Jay Z pour accompagner un trajet en tramway, un beat un peu trop présent dans les allées d’un magasin de vêtements, des morceaux qui font briller les yeux pour se marier, peut-être les mêmes pour se dire au revoir, des chansons pour la pluie, un riddim entêtant pour une sieste au soleil, trois notes qui appuient une scène de cinéma, un stabat mater pour un moment seul dans son canapé. Des musiques pour des révoltes, pour se donner du coeur à l’ouvrage, pour être ensemble. Au-delà de leur actualité ou des projets qui rythment leurs saisons, les 4 scènes de musiques actuelles de l’agglomération bordelaise (SMAC) invitent amis, voisins et connaissances de passage à partager ce qui fait la bande originale de leurs vies. Une conversation à l’écart du bruit ambiant, à laquelle vous êtes conviés. Et vous, votre bande originale, elle commence comment ? 19 - VU, ENTENDU Disques, livres et autres curiosités 20 - EXTRA BALLE Y’a pas que le musique dans la vie 22 -TÊTE D’AFFICHE Mark Lanegan, le 8 mars au Krakatoa 24 -SAVE THE DATE Sélection d’événements à ne pas manquer 26 -AGENDA Tous les concerts en un coup d’œil 29 -J’Y ÉTAIS ! Pavement à Barbey, le 8 novembre 1999 30 -TEST -4- N Deux anniversaires pour les SMAC en 2015. Deux anniversaires qui chuchotent de façon impertinente « Hey les kids, on n’est pas nés dans un chou ou une rose odorifère. Nous sommes les enfants du larsen et de la transpiration de fin de soirée ». 25 ans pour le Krakatoa. 30 ans pour Rock et Chanson. Exposition de photos et création originale signée Year of No Light et Bagarre Générale dès janvier pour Talence, succession de concerts événements en mars à Mérignac, il y aura plusieurs occasions de lever un toast. Plutôt que de faire un historique des grandes heures de chacun – le meilleur est toujours à venir – on a préféré replacer le contexte culturel dans lequel s’est créée chaque salle. Un battle 1985 vs. 1990 pour vous permettre de déterminer qui a eu le plus de mérite et de remettre en perspective l’ancienneté de ces chouettes lieux de culture. ROCK ET CH ANSON K RAKA TOA > CE QUI PASSE À LA RADIO New Kids On The Block – « Step By Step » Vanilla Ice – « Ice Ice Baby » MC Hammer – « U Can’t Touch This » Depeche Mode – « Enjoy The Silence » INXS – « Suicide Blonde » > CE QUI PASSE À LA RADIO Bruce Springsteen – « Born In The USA » Wham ! – « Wake Me Up Before You Go-Go » Dire Straits – « Money For Nothing » USA For Africa – « We Are The World » Tears For Fears – « Shout » > CE QU’ON ÉCOUTE CHEZ LES COPAINS COOLS The B-52’s – « Love Shack » Jane’s Addiction – « Been Caught Stealing » The La’s – « There She Goes » > AU CINÉ > CE QU’ON ÉCOUTE CHEZ LES COPAINS COOLS The Smiths – « How Soon Is Now ? » Jesus And Mary Chain – « Just Like Honey » Big Audio Dynamite – « E=MC2 » 1990 1 85 9 > AU CINÉ « Retour vers le futur » de Robert Zemeckis « Brazil » de Terry Gilliam « Les Goonies » de Richard Donner « Les Affranchis » de Martin Scorsese « Misery » de Rob Reiner « Cry Baby » de John Waters > TÉLEX > Issu du collectif Les Disques du Fennec entrés en Pépinière au Krakatoa, Girafes a remporté Bordeaux Mon Tremplin à Barbey, s’adjugeant aussi le Prix cou(p) de cœur du Rocher. /// Autre Prix, le Ricard Live SA : sur 10 groupes en finale, trois étaient bordelais ! À défaut de l’emporter, Banquise, Cliché et I Me Mine se sont offerts une belle vitrine. N EWS -5- BRUIT FANTÔME Connaissant l’appétit de Year Of No Light et de Bagarre Générale pour les traversées hors des clous, on s’attendait à ce que la soirée Fantôme du 29 janvier frôle le surnaturel. On y eut droit à trois créations sonores et visuelles aux frontières de l’étrange qui firent passer des frissons dans les échines des spectateurs du Rocher de Palmer. Une expérience mystique convaincante, menée sous l’aile de Rock et Chanson, qui venait conclure en beauté la conférence de la veille sur le passage de l’analogique au numérique... > Interview de Jérôme Alban (Year of No Light) à retrouver sur le site de la SMAC d’agglomération. ODEZENNE À L’OLYMPIA Juste ascension que celle d’Odezenne, qu’on évitera de ranger dans des cases aussi soigneusement qu’on vous conseillera d’aller vous faire une idée par vous-même. Après une résidence en plusieurs parties dans les 4 salles de l’agglomération, après un concert incroyable chez les amis de Vie Sauvage en juin dernier et un carton plein au quai de Brazza pour la clôture d’Agora à la rentrée, le trio bordelais investit l’Olympia pour une date unique ce 10 mars. Pourquoi l’Olympia ? Sans doute l’écrin idéal pour livrer les nouvelles chansons de l’album à venir, dans le sillage de l’EP « Rien » sorti en mai dernier. Mais surtout, comme ils disent, parce que « ça fera plaisir à nos parents ». > TÉLEX > Cette année encore, DJ Vex forme la jeune garde du scratching au Rocher : restitution en live le 25 avril à l’occasion de la venue du maître beatmaker Guts. /// Attention beau livre ! « Discover », une centaine de pochettes d’albums cultes à la moulinette graphique d’Emmanuel Bellegarde, sorti chez Les Requins Marteaux avec le soutien de Barbey. -6- SUPPORT YOUR LOCAL BAND COCKPIT Avec leur premier album bientôt sur le tarmac, le quartet rock à fort volume Cockpit ne devrait plus voler longtemps sous le seuil des radars. On ne pouvait prendre le risque de ne pas être les premiers à leur faire l’interview « Y a-t-il un pilote dans l’avion ». Y a-t-il un pilote dans l’avion ? Quatre pilotes ? Yoann (guitare et chant). Tout remonte au printemps 2013, les dernières heures du Saint-Ex. On y traînait tout le temps, on s’y croisait pour des concerts garage. Et, à force de leur filer des coups de main, ils m’avaient filé la clé pour répéter avec mes différents groupes. Ça faisait un moment que j’avais envie de jouer avec Nico (batteur), puis Jules (guitare et chant) nous a rejoints. On a monté 5 titres pour une jam session BMX à Darwin, à l’arrache. Et Gaspard (basse et chant), qui rentrait d’un an au Canada, nous a vus. -7Gaspard. Je leur ai dit « c’était pas très bon mais si vous avez besoin d’un bassiste...». Jules. Juste derrière, on nous proposait une autre date et on n’avait aucun nom à mettre sur le flyer. Dans l’urgence, c’est Cockpit qui m’est venu. Y. Vite et bien. G. Ouais, ça sonne puissant et aérien. Ça nous va pas mal. C’est quoi la compagnie ? Garage Airways ? Nico. Ouais, euh, en fait, garage, ça veut plus rien dire, ils mettent ça à toutes les sauces. Y. Dans un premier temps, l’idée c’était de faire du rock qui se joue fort, avec un peu de punk, de psyché... J. On fait du grunge-gaze, mec. Y. C’est dur à définir. En tout cas, c’est le premier groupe dans lequel j’arrive à mêler toutes mes influences à la fois. G. Pareil. Une sorte de couteau suisse, quoi. J. Un couteau suisse avec toutes les lames dehors. Chose étonnante, vous ne portez pas l’uniforme. J. Moi, j’ai des tatouages mais je ne les montre pas. C’est pas le but. Y. Pourtant vous êtes un peu déguisés dans Amphetamine Penis (l’autre groupe de Nico et Jules, ndlr). N. C’est un peu plus déconne, c’est vrai. J. Dans Cockpit, on y a à peine réfléchi : on joue, on n’est pas là pour l’attitude. N. On est nous, et on est des gentils. Y. Ouais, l’image crade ne nous correspond pas. G. Faut dire qu’avec un futur pharmacien, un étudiant en master... Y a du beau linge dans la tour de contrôle... Y. C’est vrai, on a été chanceux. On s’en est donné les moyens, on bosse, mais parmi nos potes, il s’en est trouvé plein pour nous donner un coup de main. Beaucoup des Iceberg (collectif des Crane Angels, JC Satàn, Botibol, Nunna Daul Isunyi, Strasbourg, etc., ndlr) sont nos potes, on se voit tout le temps au Wunderbar, au Café Pompier, parfois à l’Heretic. Arthur Satàn, dès qu’il nous a vus en concert, il nous a dit « je vous enregistre ». Comme on aime ce qu’il fait et comme il a un matos de folie... Il a fait l’enregistrement, le mix, et c’est Dorian Satàn qui a fait le master. J. Ça tombait bien parce qu’au même moment, Ludo, du label Adrenalin Fix, voulait un album. Lui aussi après nous avoir vus en live. « Cockpit » va donc sortir chez Adrenalin, en coprod avec Barbarella Records de La Rochelle. G. Pour la pochette, c’est encore des potes : Raph Sabbath pour le visuel, LL Cool Jo pour la typo. Les deux Strasbourg, quoi. Aucune turbulence à l’horizon, semble-t-il... N. Non, ça se goupille bien. On espère que ça va continuer à marcher, faire des tournées, sortir plusieurs albums – on s’attaque déjà à de nouveaux morceaux... G. On a entre 22 et 27 ans, ça fait tous vachement longtemps qu’on est dans la musique. Mais c’est la première fois que ça va aussi loin qu’on l’espérait. Et en aimant ce qu’on fait. Y. En plus, on a déjà des dates qui se calent : trois avec Cheaap en mars, à Rouen, Paris et Poitiers, et puis une tournée à la rentrée en France et en Europe, dans les pays voisins. À Bordeaux, sauf surprise, on va essayer de se faire rare en attendant la release party, vers fin avril-début mai. J. Bon on commence à voir les limites : on sent bien qu’on n’est pas vraiment prêts pour des formats grande scène, sur des festivals ou autres. Occuper l’espace, on ne sait pas trop comment faire. G. Ouais, on commence à sentir le besoin de résidence, on est d’ailleurs en pourparlers avec le Krakatoa pour ça. Juste un dernier truc. Comme c’est en anglais, je n’arrive pas à lire le plan de vol... G. T’inquiète, c’est assez secondaire, les paroles. J. Si tu veux tout savoir, on ne fait ni dans le politique, ni dans le sentimental. N. En fait, ce sont des histoires qui nous parlent : elles parlent de nous mais pas vraiment, sur un mode léger, un peu déconne. Y. Non, attends, des fois, on parle de choses sérieuses. Tiens, celle sur le système immunitaire. Bon, ok, on en parle d’une manière plus simple que dans « Il était une fois la vie », on y met des tanks qui détruisent les microbes, mais quand même, c’est un sujet sérieux... G. « K2000 » est assez emblématique. J. C’est vrai. Vu qu’aucun de nous n’a le permis, on se dit que si on avait Kit pour nous ramener bourrés, ce serait le rêve... Chopé au vol par Sébastien Le Jeune PL AY LIST Yoann : Lost Sounds – « Blac Static » (compilation, Fat Possum Records, 2011). Nico : The Reatards – « Teenage Hate » (Goner Records, 1998). Jules : Destruction Unit – « Deep Trip » (Sacred Bones Records, 2013). Gaspard : The Zombies – « Odessey and Oracle » (CBS, 1968). (Bonus) Gaspard : Sonic Youth – « Daydream Nation » (Enigma/Blast First, 1988). -8- - DOSSIER - PARCOURS SCOLAIRES : SUIVEZ LE GUIDE ! Au cœur du projet des SMAC, le passage de relais aux jeunes générations se paie la part belle. Notamment au travers de parcours à destination des scolaires. On a voulu voir comment ça se passe, en immersion dans les quatre lieux. « C’est quoi, une basse ? » – Et c’est une fille qui écoute AC/DC qui demande ça ! C’est dire si, en la matière, on part de zéro ou pas loin. C’est tout l’intérêt de ces parcours scolaires : tout le monde ou presque a beau écouter de la musique, bien peu sont réellement familiers avec les coulisses de sa “fabrication”. Ici, on oublie les complexes, toutes les questions sont bonnes à poser. C’est la première règle dès qu’on met le pied à Rock et Chanson, à Talence. Toute l’équipe est sur le pont en cette froide matinée de février, où déboule une classe de 4e du collège de Lacanau. En préambule, une petite vidéo montrant toutes les facettes de la SMAC, lieu de vie musical complet, depuis l’éveil aux résidences de pros et groupes émergents en passant par les cours de musique... « Z’êtes pas endormis ? (En chœur) – Non ! » Cool, allons voir ça en vrai alors. L’Antirouille, la salle de concert. Le studio d’enregistrement, sa cabine insonorisée et sa console géante. Les salles de répèt’ et leurs multiples instruments. Tiens, puisqu’on est là, let the music play ! C’est l’heure de la pratique musicale. Par petits groupes, les élèves découvrent ici les claviers et guitares, là la batterie. Objectif : apprendre à jouer en groupe et à -9reproduire un morceau test qu’ils joueront tous ensemble tout à l’heure. Dessus, on mettra les paroles élaborées au même moment par un autre groupe, celui de l’atelier d’écriture mené par des membres de l’asso Effort de Conscience. Ainsi, tandis que d’un côté, on fredonne sur la boucle enregistrée – « si, si, écoute, là, au refrain, ça colle trop bien! » – d’un autre on s’escrime sur une batterie éclatée : à toi la grosse caisse, à toi la cymbale… Et vous seriez surpris du résultat qu’on peut obtenir en une heure ! Avec parfois, il est vrai, le renfort de Catherine, la prof de musique, à l’origine de l’inscription de la classe au parcours scolaire. « Ce qui m’a séduite, c’est que Rock et Chanson propose un parcours complet, clés en main, mais modulable, indique cette passionnée de musiques actuelles : on a discuté de tout le contenu avec Marc, le responsable pédagogique. » Plus tard, elle incitera ses élèves à venir assister, hors temps scolaire, à un vrai concert à l’Antirøuille. Pour Marc et toute l’équipe, c’est toujours « un moment génial » : la transmission est au cœur du projet de la SMAC. « Mais chaque parcours mobilise tout le monde, tous les espaces ou presque. On ne peut hélas pas les multiplier à l’infini… » Victimes de leur succès. Heureusement, les classes de l’agglo et du département peuvent compter sur quatre SMAC. Toutes proposent des parcours scolaires, offrant peu ou prou la même chose : en général, une visite du lieu avec découverte des coulisses et des aspects techniques, de la pratique instrumentale, une rencontre avec des artistes, un concert. Mais chacune avec ses propres spécificités. Filons vers la Rock School Barbey qui, justement, ajoute un petit volet « prévention auditive ». Voilà Pauline en train d’expliquer les risques encourus si on écoute la musique trop fort à des terminales bac pro accueil du lycée professionnel des Chartrons, bien aidée par les détails donnés en vidéo par le chanteur Cali. « C’est qui, Cali ? » Qu’importe, le message est passé. Eux vont avoir droit à leur concert direct, dans la foulée de la visite technique. Sitôt José a-t-il fini de détailler sa partie lumière que les Odezenne, alors en résidence dans la SMAC, entrent en scène et balancent un « Chewing Gum » bien senti. Ils ne dansent pas beaucoup, nos ados – on va mettre ça sur le compte de l’heure, 14 heures, la digestion, tout ça… À moins que ça ne vienne d’Odezenne ? « C’est vrai que c’est à mille lieues de la musique qu’ils écoutent, et pourtant ils ont fini par être conquis quand même ! » précise Nelly, la référente culture du lycée. « Il a fallu beaucoup travailler sur leurs textes, leur univers. Ils étaient sous le choc avec la vidéo de “Chewing Gum” et ses poupées gonflables : ils ont beau être ados, c’est fou ce qu’ils sont conformistes. » « Des journées comme ça, reprend-elle, très riches si elles sont bien préparées en lien avec Alice, la responsable pédagogique de Barbey, c’est hyperimportant en complément des interventions que je peux proposer dans les classes, sur l’histoire des musiques actuelles par exemple. Il faut qu’ils sachent que la musique qu’ils entendent à la radio n’est pas sortie de nulle part. Surtout, il faut leur ouvrir les oreilles, aiguiser leur curiosité… Et leur donner envie de revenir, de pousser sans problème la porte d’une salle de concert. » - 10 - - DOSSIER Petits avec de grandes oreilles « Ouaiiiiiis ! Encoooooooore !!! » Une kyrielle de petites voix en folie s’échappent de la grande salle du Krakatoa. Nous voilà téléportés à Mérignac où, aujourd’hui, on accueille des petits, les CM2 de l’école Gustave Eiffel, de Cubzac-les-Ponts. Une parenthèse joyeuse pour le trio Utopies de Printemps : autour de Guillaume Martial, on retrouve Benoît, clavier du groupe Le Trottoir d’en Face rencontré sur le banc d’un stage d’écriture “chez Cabrel”, à Astaffort, et Kalam, chanteurslammeur-rappeur de Makja (et aussi l’un des fondateurs de l’asso Effort de Conscience). Avec le jeune public, l’adhésion est immédiate : ça tape dans les mains, ça chante, ça rit ! Et ça pose tout plein de questions : « Ça fait quoi d’être artiste ? » « C’est dur le piano ? » « Si vous oubliez les paroles y a quelqu’un qui vous souffle à l’oreille ? » « C’est quoi, votre style ? » – et là on sent qu’ils ont eu droit à la conférence « Blues Is Roots » sur l’histoire des musiques actuelles par le musicien Grégory Desgranges– « Combien de temps il faut pour écrire une chanson ? » Combien, tu dis ? « Trois minutes ! Démonstration ! Donnez-nous une note, un rythme et un mot et on y va ! » Et le trio se lève et crée sous leurs yeux pétillants ébahis un « rap de l’ornithorynque » qui va leur coller à la tête toute la journée. « C’est vraiment un super moment, avoue le groupe en chœur : on a l’impression de semer des graines d’amour de la musique. On se souvient tous de notre premier concert, et c’est le kif d’avoir été le premier artiste live d’une vie ! Leur spontanéité, leur fraîcheur… Même leurs éventuelles critiques peuvent nous faire grandir. » Profitons de la visite des loges et des coulisses par les élèves fièrement armés de leur “pass technicien” , pour discuter deux minutes avec Lili, la responsable action culturelle du lieu. « C’est vraiment une expérience extra pour tout le monde, les enfants, les artistes… Et pour nous aussi, parce qu’on est obligés d’inventer sans cesse : comme on n’est pas, contrairement à d’autres SMAC, adossé à une école de musique, on centre tout sur les artistes, différents à chaque fois. Il y a des bases communes, la conférence de Grégory, le “Kartable musique” donné aux classes pour préparer la visite, des ateliers dans certaines classes, des prêts d’expos, des films sur nos métiers… Ça évolue sans cesse, et c’est très complémentaire des idées qu’on peut avoir pour d’autres publics, comme ceux des médiathèques ou des hôpitaux. » Tiens, les élèves reviennent des coulisses. C’est leur tour maintenant de monter sur scène, le temps d’enregistrer la chanson qu’ils ont répétée depuis quelques semaines. Oubliez donc un instant le « Rap de l’ornithorynque » et suivez bien la maîtresse, on est partis : « Je suis le poinçonneur des Lilas… » Guillaume à la baguette, Benoît au piano, tout le monde est au point et ça envoie : une ou deux prises devraient suffire. « C’est dans la boîte, Marco ? » Pouce en l’air de l’ingé son. Parfait, voilà un joli souvenir à ramener à la maison. - 11 - Pas très chaud au début, quand les parcours avaient été créés, l’ingé son s’est pris au jeu, répondant en souriant aux questions les plus désarmantes sur sa console aux mille boutons. « C’est marrant, sourit Marco. Et je me suis découvert un certain sens de la pédagogie. » Avant de grommeler : « Et dire que quand j’étais môme, on se cognait “Connaissance du monde” sur les Incas ! » Virus contagieux Encore sans transition, on repasse des tailles S aux tailles L – terminales L, pour être exact, ceux du lycée Václav Havel de Bègles. Au Rocher de Palmer aussi, on articule le parcours autour de l’artiste. Et quels artistes ! Eux ont l’honneur de rencontrer ce soir Christian et Stella Vander, les deux têtes pensantes de Magma, éminente formation 40 ans d’âge du free rock jazzy progressif reconnue sur les scènes du monde entier. Là encore, une musique inclassable, à des annéeslumière du mainstream formaté radio. Avant ça, des heures d’écoute et d’explications en classe, plus une sieste musicale au Rocher pour revenir aux origines, n’auront pas été de trop. Et les questions s’en ressentent : « Pourquoi avoir inventé votre propre langue, le “Kobaïa” ? » « Comment on construit une carrière avec une musique sans concession ? » « Pourquoi les rythmes sont-ils aussi importants pour vous ? » Et tant dans les réponses sensibles d’une Stella – « il m’arrive de pleurer sur scène tellement je suis prise dans la musique » – que dans les départs en bops enflammés d’un Christian – « quand Coltrane fait “tee-dah tididi ta tadaah”, vous voyez ? », à chaque fois les élèves sont scotchés avec le sourire. Et juste avant le concert, l’excitation est perceptible. « Qu’est-ce qu’il est charismatique ! lance Pauline à Chloé. – C’est vrai, tous les deux, ils sont à fond dans leur truc, ils ont juste envie de partager ! » Leur oreille s’est déjà « habituée à leur son très particulier » mais « pas déplaisant ». « En tout cas, ajoute Pauline, ça donne envie de faire comme eux, de faire de la musique, de partager, de voyager. Pour moi, je pense qu’il est trop tard, je n’ai jamais touché un seul instrument ». Aussitôt reprise par Chloé, pas loin, elle non plus, d’avoir chopé le virus : « Comment ça, trop tard ? T’as que 17 ans, vas-y, lance-toi ! » Sébastien Le Jeune LE TRUC EN PLUS Toutes les infos pratiques, ressources et contacts pour développer un parcours autour des musiques actuelles avec sa classe sont sur le site de la SMAC d’agglomération bordelaise. - 12 - - DOSSIER - DIS, MAÎTRESSE... Cécile Laflaquière, professeure des écoles et par ailleurs trésorière du collectif Iceberg, a eu l’idée d’inviter dans sa classe de maternelle deux musiciens pour des ateliers aussi inventifs que décalés. Rencontre avec cette instit’ pas comme les autres et avec Baptiste Averty, clavier du groupe Lonely Walk. Mais je crois qu’on a atteint le but recherché, celui de la découverte, montrer qu’un “instrument de musique”, ce n’était pas forcément un piano ou une guitare, et qu’on pouvait produire des sons avec des objets en carton. Comment s’est monté ce projet très particulier ? Cécile : À l’origine, j’ai rencontré Lili du Krakatoa pour un stage d’observation scolaire. Ce qu’elle me proposait était plutôt intéressant, mais j’ai eu envie d’aller plus loin et de créer un projet autour de la transformation de la voix, en invitant dans ma classe des musiciens que je connaissais par ailleurs. J’ai tout de suite pensé à Baptiste, il est curieux de tout et il avait déjà eu une expérience avec les petits, je savais qu’il serait à l’aise ! Et alors, tu étais vraiment à l’aise, ou tu as quand même flippé à un moment ? Baptiste : Non, ce n’est pas si flippant, mais c’est tout de même une sacrée responsabilité, on veut bien faire ! La contrainte était stimulante, il fallait être créatif tout en collant aux objectifs, faire quelque chose de différent tout en restant pédagogue. C : C’est surtout Guillaume (ndlr : bassiste de Lonely Walk) qui m’a avoué avoir eu beaucoup plus le trac devant 20 gamins que sur scène devant 200 personnes... Ça a donné quel genre de projet ? C : En amont, j’avais travaillé avec les enfants sur la thématique des loups et des bruits qu’ils produisent... On a ensuite travaillé sur la transformation et la déformation de la voix par l’objet, avec un côté “laboratoire” qui a beaucoup plu aux enfants. B : C’était important que l’intervenant ne soit pas un chef d’orchestre, plutôt un assistant de laboratoire. On s’est présenté en chanson, mais ensuite, le but du jeu était de leur proposer toute une série d’objets pour tester euxmêmes la modification du son : des tubes en plastique, des trucs bricolés, des jouets... Pour la deuxième séance, on a travaillé avec des pédales d’effets, des micros bricolés, c’était tout aussi ludique et intéressant ! Qu’est-ce que les enfants ont retiré de cette expérience ? B : En tout cas, ils étaient très contents d’avoir le droit de faire du bruit, pour une fois, ils se sentaient très libres ! C’est beaucoup de travail en amont, ce genre d’atelier ? C : Le gros du travail pour moi, c’était de trouver un financement, il faut que l’instit’ soit assez motivé par son projet. Mais ensuite, c’est assez facile de s’adresser à quelqu’un comme Lili au Krakatoa, qui va valider votre projet et l’accompagner. B : Pour moi, c’était comme un travail de commande, mais d’une grande utilité... Je me souviens de l’enseignement de la musique à l’école quand j’étais plus jeune, c’était assez pauvre alors qu’il y a tant de choses à faire ! Est-ce qu’il y a quelque chose à changer dans la façon d’enseigner la musique aux enfants aujourd’hui ? B : À mon sens, ce qui est important, c’est d’éviter tout aspect critique, ne pas utiliser la notion de “beau”, de “bien” ou “pas bien”. D’autant qu’à leurs âges, ils n’ont aucune barrière, aucun snobisme, ce sont des éponges, tu peux leur faire tout écouter... C : C’est vrai ! Quand je leur fais écouter de la musique, je ne leur fais pas écouter du “rock pour enfant” ou de la “musique d’adulte”, je leur fais écouter de la musique, point. De Devo à Laibach en passant par Ween, comme ils n’ont aucun a priori, tout peut leur plaire ! Moondog, Robert Wyatt, Kat Onoma, The Cure… Retrouvez l’interview complète et les tops de Cécile et Baptiste sur le site de la SMAC d’agglomération ! - 13 - - SIMPLE ET EFFICACE - UNE HISTOIRE D E LA S O UL Traditions musicales d’Afrique Centrale et Occidentale Traditions musicales des colons européens Barbershop Gospel Blues Boogie woogie Jump Blues DJing Funk Rock P-Funk New Jack Swing 2-Step En 1958, Ray Charles sort l’album « Soul », acte de naissance d’une musique qui mêle la quête du sacré du gospel au groove du rhythm and blues. À la fin des années 50, l’explosion de la soul est marquée par l’affrontement de deux labels : Stax, qui porte depuis Memphis la deep soul de Wilson Pickett, Sam & Dave et Otis Redding, et Tamla Motown, porteuse d’une northern soul dansante et presque pop, qui verra exploser Barrett Strong, Diana Ross & The Supremes, Marvin Gaye, The Temptations ou Stevie Wonder. James Brown, le “parrain” de la soul, puis Curtis Mayfield, marqueront ensuite les premières heures du funk, tandis que les DJs des années 70 redécouvriront des trésors soul méconnus qui nourriront tant la culture hip-hop que la scène disco. - 14 - - COMMENT ÇA MARCHE ? - LE RIDER Contrairement à ce que l’on pourrait penser, un concert se prépare rarement (quoique) à la dernière minute. Hébergement, location de matériel, exigences culinaires des groupes, toutes ces informations plus cruciales qu’on ne le pense pour la réussite de l’événement sont contenues dans deux documents aux noms anglais qui en disent long : technical rider et hospitality rider. Le premier contient toutes les informations dont auront besoin les techniciens de la salle pour préparer l’arrivée du groupe (branchements sur scène, précisions quant aux conditions d’éclairages souhaitées, etc.), tandis que le second est très utile au régisseur général d’un lieu pour accueillir le groupe dans les meilleures conditions, prévoir un petit goûter pour leur arrivée et un repas du soir adéquat, voire... la décoration des loges. ADELINE PRATS - Rocher de Palmer L’artiste en goguette au Rocher de Palmer sait toujours à qui s’adresser lorsqu’il a besoin de la moindre chose le jour du concert : à l’instar de ses collègues des autres structures de la métropole bordelaise, Adeline est régisseuse générale au Rocher et à ce titre, en connaît un rayon question accueil des artistes et riders de groupes... C’est lequel, ton rider préféré ? Celui-ci, sans conteste, un groupe américain qui pensait nous faciliter la tâche et a entièrement rédigé son rider avec Google Translate : du coup, on y trouve une cymbale “accident” à la place de la crash, et on y apprend que « les sous-marins sont très significatifs » ... Ils voulaient sans doute nous dire que les subs (ndlr : pour “subwoofer”, soit les caissons de basse) sont essentiels à leur spectacle ! Tu préfères les riders chargés ou ceux qui contiennent peu d’informations ? C’est surtout la fiche technique qui est importante. Pour le rider d’accueil, tu peux souvent traiter ça par téléphone ou par mail assez facilement, mais quand la fiche technique est incomplète, c’est vite le bazar. Avec l’expérience, tu vois tout de suite lorsqu’une demande est imprécise et tu apprends à anticiper les soucis que tu vas avoir. Alors, qu’est-ce qu’une bonne fiche technique ? Quand ils te disent qu’ils viennent avec tout ! Plus sérieusement, c’est plus facile pour nous de travailler avec les grosses boîtes de production qui ont des fiches déjà calibrées où ils remplissent les trous. Mais sinon, si je devais donner quelques conseils aux groupes qui débutent, ce serait surtout de ne pas oublier les contacts, de faire une liste précise du matériel dont ils ont besoin en distinguant ce qu’ils amènent, et de se faire un plan de scène : ça n’a l’air de rien, mais ça nous fait gagner un temps considérable de savoir à l’avance comment on va configurer la scène et où on va ranger le matériel ! Le top 5 ultime d’Adeline : - Beethoven - « La Lettre à Elise » - Nirvana - « Lithium » - Led Zeppelin - « Babe I’m Gonna Leave You » - Pink Floyd - « Atom Heart Mother » - Gainsbourg - « La Chanson de Prévert » - 15 - RIDERS ON THE STORM Si généralement, les riders n’apportent que peu de surprises à ceux qui les lisent, on y trouve aussi parfois des petites pépites aussi incongrues qu’extravagantes. Petit florilège et top 5 des meilleurs riders de la planète. Jonathan Hénault > N°5 : LE RIDER MANIAQUE C’est un fait, les musiciens sont tous de grands malades... qui le savent (comme KC & The Sunshine Band qui interdisent les stroboscopes, craignant les crises d’épilepsie), ou plus souvent qui l’ignorent. Le célèbre rider de Van Halen incluait une clause interdisant la présence de M&M’s marrons dans les loges, tandis que chez les Beach Boys du temps de leur splendeur, on devait bien entendu leur fournir cigarettes et briquets, mais attention... pas de briquets verts ! Quant à Jay-Z, il est plutôt du genre à assumer, et n’hésite pas à demander du Valium à volonté. Pourquoi pas... > N°3 : LE RIDER MÉGALO Un peu plus mignon mais tout aussi dérangé, le rider “flower power” d’Elton John, ses longues tables couvertes de lin, ses plantes vertes et ses assortiments floraux propices à la concentration du maître. Quant à Eminem, qui en connaît un rayon question mégalomanie, sa concentration passe par l’installation d’une... salle de jeu avec table de pingpong et Playstation. > N° 2 : LE RIDER AVEC DES PÉPITES DEDANS Le pire dans tout ça, c’est que tout est vrai... Sauf chez certains artistes pour qui le rider est l’occasion de se marrer un bon coup. En France, Oldelaf « se réserve le droit de fondre en larmes pour une durée indéterminée », mais la palme revient à Iggy Pop, auteur du rider le plus drôle de l’univers : « Robots, télévangélistes, substances liées à la fabrication de goudron, hippocampes en plastique et crétins interdits devant la scène (…) Nous aurons besoin d’un ingénieur du son parlant anglais et n’ayant pas peur de la mort (simple plaisanterie… ou pas). Nous n’avons pas notre propre ingénieur du son car bientôt, les robots travailleront pour nous et oeuvreront pour un monde meilleur ». > N°4 : LE RIDER SUPERMARCHÉ Un type de rider qui a malheureusement tendance à devenir la norme dans le milieu... Certes, un mu> N°1 : LE RIDER DÉLIRANT sicien en tournée n’a pas beaucoup de temps pour DJ et producteur de talent, Diplo en connaît un rayon faire ses petites courses, mais de là à demander slips question rider : le sien inclut tout simplement un gorille et chaussettes Calvin Klein pour la semaine, il n’y a (« mais un orang-outan pourra faire l’affaire »), un jeu qu’un pas que franchissaient allègrement les Jane’s de fléchettes avec la tête de Nicolas Cage, un mariage Addiction. Kanye West est lui plutôt Neutrogena, arrangé, la troisième saison de Lost en VHS ou encore loin de l’image de bad boy qui lui colle à la peau. Les deux animaux gonflables « avec des points bonus s’il dépravés ne sont d’ailleurs pas ceux qu’on croit : la s’agit d’une espèce menacée ou disparue ». En voilà un belle Adele se soigne au vin et à la clope, tandis que qui devrait bien s’entendre avec la Française GiedRé, elle les gendres parfaits de Coldplay sont plutôt cartes qui réclame un DVD fitness de Guy Carlier, une ex de postales, chaussettes et vodka. Mais rien de compaJacques Pradel, la preuve par 3 et un bon avocat. Elle en rable au rider “spécial booze” de Rush, rhum le lundi, aura sans doute besoin. Chivas le mardi, cognac le mercredi... Page suivante : Carte blanche à Odezenne, d’après leur EP « Rien » - 18 - LIVE EXPERIENCE LE CONCERT LE PLUS FORT DU MONDE Qui a commencé à jouer comme un tordu ? Difficile à affirmer. Les premiers vestiges viennent des Who, en 1976, qui ont gagné leur place dans le Guinness Book des records pour une mesure de 126 dB constatés à 30 mètres de la scène. AC/DC a joué une série de concerts à 130 dB sur la tournée Back in Black en 1980, ne baissant la moyenne qu’après les plaintes répétées des promoteurs. Manowar ensuite. Toute une histoire. En 1984, le Guinness Book vient glorifier le groupe de « loudest performance ». 139 dB que le bouquin qualifie même de « painfully loud ». Motörhead reprend son sceptre et le Guinness Book décide de supprimer cette catégorie pour ne pas inciter à la surenchère qui aurait pu mettre en danger le public. Juste pour rire, Manowar battra encore le record. Au cas où. En 2009, KISS atteint à son tour 139 dB à Ottawa. Les appels des voisins ont débordé le standard de la police locale. Si la fiction compte, c’est dans « H2G2 » de Douglas Adams qu’on trouve le groupe qui joue le plus fort de la galaxie. Il s’agit de Disaster Area, de Pluton. Dans le livre, un observateur juge qu’il faut écouter leurs concerts à 37 000 km de la scène, enfermé dans un bunker au béton épais. Les musiciens eux-mêmes jouent de leurs instruments par télécommande à partir d’un vaisseau en orbite. Ou plus fréquemment, en orbite d’une planète totalement différente. 100 dB = marteau-piqueur à 2 mètres 120 dB = seuil de douleur 130 dB = Boeing 787 au décollage à 100 mètres KICK OUT THE TRAM Le Krakatoa et le Rocher Palmer ont beau être aux antipodes de Bordeaux, on peut aller de l’un à l’autre par la ligne de tramway A. Le trajet prend 35 minutes et 40 secondes, ce qui vous laisse très exactement le temps d’écouter trois albums très cools, à caler dans votre lecteur si vous n’aimez pas laisser tomber les deux derniers morceaux d’un disque dans le mépris des arrivés à bon port, ou si vous êtes toujours au contraire un mp3 trop court pour la dernière station. Nancy Sinatra & Lee Hazzlewood « Nancy and Lee » (1968) La définition de la classe. Et ça peut aider dans les trajets bondés de fermer les yeux et de se voir immédiatement avec une moustache et des patchs aux coudes, bien assis dans un fauteuil club au coin d’une cheminée cosy. Wire « Pink Flag » (1977) Décharné. Imprévisible. Une flopée de morceaux sous la minute. Et pourtant une sophistication arty très étonnante dans cette première vague de punk anglais. Un album meilleur à chaque fois qu’on le réécoute. Sonic Youth « Confusion is Sex » (1983) Underground. Lo-fi. Abrasif. Dissonant. Des paysages envoûtants plus que des chansons académiques. Confusion is Sex ne figure pas dans les classiques du virage entre les 80s et les 90s (« Daydream Nation », « Goo », « Dirty ») mais pose des bases solides pour tout ce que va devenir Sonic Youth. Pas un disque particulièrement easy, mais ça classe un mélomane dans les dîners de gala. - 19 - Zoé de La Taille Médiatrice au Rocher de Palmer Jérôme Alban Intervenant pédagogique à Rock et Chanson Issu du collectif de Brooklyn Pro Era, le jeune Joey Bada$$ sort son premier album à tout juste 20 ans. Dans une période où l’on entend énormément de beats rap assez froids, il revient au sample et à un groove très organique, qu’on croyait disparu depuis la fin des années 90. Pour moi qui ai grandi en écoutant Mobb Deep ou Boot Camp Click, ce son boom bap fait du bien. On entend le C.R.E.A.M. du Wu Tang Clan dans « Paper Trail$ », The Roots dans « Like Me » ou Das EFX dans « Christ Conscious ». Il rend hommage à J Dilla, fait appel à Statik Selektah et DJ-Premier, donne un coup de main à BJ the Chicago Kid, Chronixx ou Raury, 18 ans à peine, entendu récemment aux côtés de Flying Lotus. Le plus marquant reste le flow Bada$$ : mature, précis rappelant parfois l’accent des toasters jamaïcains. « B4.DA.$$ » de Joey Bada$$ (Cinematic Music Group / Pro Era) Ce recueil de textes de David Toop, chroniqueur du magazine « Wire », est une formidable machine à abattre les chapelles musicales. À travers des articles traitant entre autres des liens entre les compositeurs impressionnistes français, le jazz et les musiques électro, des studios d’enregistrement en Jamaïque comme laboratoires foutraques de recherche musicale, de l’influence des électro-acousticiens français sur la genèse du hip-hop, de l’impact des gamelans javanais sur la musique de Debussy ou encore de la continuité du travail de Stockhausen dans la musique d’Aphex Twin, David Toop nous propose un regard neuf sur les différents courants musicaux du XXe siècle. Une manière décloisonnée, vivante et décomplexée d’écouter et de faire de la musique, où les termes “musiques actuelles”, “musiques classiques” ou encore “musiques jazz et improvisées” semblent bien caducs. David Toop écoute le monde, l’environnement sonore comme une symphonie et met en avant que la musique se nourrit continuellement dans le chaos des identités, des incidents technologiques et des rencontres fortuites. « Ocean of Sound : Musiques ambiantes, mondes imaginaires et autres voix de l’éther » de David Toop (éd. Éclat) VU , E NT ENDU Quentin Lefevre, administrateur, et Julien Lavie, comptable de la Rock School Barbey De l’éloge du bon goût. Quand tu bosses dans une structure culturelle, t’as une sorte de devoir de bon goût, comme écouter Pendentif par exemple. Nous, à l’administration, on a Bide et Musique. On y trouve tout ce qu’il faut pour bâtir une culture digne de ce nom. A défaut, on fait au moins chier le reste de nos collègues en le diffusant à fond dans les bureaux. > Vienna « Pour ne pas me toucher » Un must, une poésie disco dadaïste. Impossible de l’écouter sans l’avoir en tête pour le restant de la journée. > Vivien Savage « C’est qu’le vent » Un hymne à la libération de la femme et aux synthés dégueulasses. Mention spéciale au parolier qui ne s’est pas foutu de nous. > Frédéric Lecoultre « Le poêle à mazout » Huum les traditions, les feux de cheminée, une chanson qui rappelle le temps où on pouvait s’asseoir sur les genoux de papy. > www.bide-et-musique.com, la radio de l’improbable et de l’inouï Eugène Chargé de billetterie et promo au Krakatoa « Parcs, ou comment voler les pieds sur Terre ». Dans son Parcs, le Quiberonnais Bertrand Belin, oiseau sans bec à la plume élégante, se promène et cloue le leur (de bec) à ses congénères. Il signe ici, d’un zèle éclatant, le disque du temps suspendu, des errances bucoliques et de l’émotion nue. Rythmes country, balades extatiques et humour savamment distillé. Comment un homme aussi déterminé par l’excellence artistique peut-il chanter « Aller sans but » ? « Parcs » est l’œuvre d’un héros des temps modernes, d’un cowboy chevauchant les plaines de la chanson, malice et poésie en bandoulière. Du fin fond de l’Armorique, Bertrand Belin fend les ondées avec grâce. Comment ça se danse ? L’interprétation en live de cet album figure au sommet des concerts les plus majestueux que l’homme puisse produire. « Parcs » de Bertrand Belin (Cinq7 / Wagram) - 20 - EX TR A BA LL E >> ON HAIR Il n’y a pas que la musique dans la vie, y’a les cheveux aussi. Directeur artistique de l’édition 2015 du Carnaval des Deux Rives (organisé par Musiques de Nuit et la Rock School Barbey), le coiffeur médocain Charlie Le Mindu nous a donné l’idée d’un article tout ce qu’il y a de plus capillotracté. Quoique. On vous met tout de même au défi de nous démontrer que musique et coupes de cheveux (en quatre) n’ont jamais été intimement liées, de la crête à l’afro, des cheveux longs d’Antoine aux idées courtes de Johnny, à moins que ce ne soit l’inverse. Et pour en avoir le coeur net, on s’est rendu au Petit Salon, l’un des coiffeurs les plus musicaux de la ville. C’est Lucas qui nous reçoit, les ciseaux à la main. Comment est né le Petit Salon ? À l’origine, des coiffeurs réunis par un même esprit décalé, subversif, avec une connotation politique et sociale : l’idée était de proposer un salon accessible à tous au milieu d’un quartier très populaire à l’époque, avec une certaine mixité qui nous allait bien. Ici, nos tarifs sont gradués en fonction de l’expérience du coiffeur, ce qui nous permet d’avoir un spectre de prix très large. Si ce n’était pas un salon de coiffure, ce serait un disquaire ? Sans doute ! Mes collègues alimentent la playlist du lieu en permanence, en fonction de ce qu’ils écoutent chez eux ou de ce qu’ils ont découvert en concert. Ça va bien avec la déco du lieu, alimentée par des artistes bordelais comme Jean-François Buisson ou Hugo Voisin... Même si la star reste notre squelette, tout le monde le prend en photo, on a même été obligé de lui faire une page Facebook ! Est-ce qu’on demande à un client de ce qu’il écoute avant de le coiffer ? C’est vrai que les clients nous interpellent souvent sur la musique, il y en a même qui viennent juste écouter des trucs ! Sinon, en général, on essaie de cerner la personnalité de notre client avant de le coiffer, comment il se voit lui-même. Parfois, c’est un peu « dis moi ce que tu écoutes, je te dirai qui tu es »... >> LE TRUC À LIRE « Minimum rock’n’roll : Rouflaquettes, poils de torse et cheveux à chouchous » (éd. Discobabel) La lecture essentielle pour les amateurs de poils et de musique : Marie-Pierre Bonniol, créatrice de la biennommée revue « Minimum Rock’n’Roll », a convié ici une trentaine d’auteurs plus ou moins professionnels (et plus ou moins cosmiques) à s’exprimer à leur façon sur la relation ambiguë qu’entretiennent nos cheveux avec la musique que l’on écoute. Ça pourrait être parfois un peu rasoir, voire un peu barbant, mais non... La diversité des styles littéraires, d’Eric Débris à Patrick Scarzello en passant par Rubin Steiner, du gonzo reportage en apnée à la nouvelle à-peu-près-policière, cet éclectisme vibrant fait battre vaillamment le petit coeur musclé de cet assemblage hétéroclite de textes tous plus captivants les uns que les autres. http://discobabel.free.fr LA PL AYLIST CAPILL AIRE Morceaux choisis d’artistes aux choix capillaires audacieux ou remarquables Motörhead - « Ace Of Spades » Frank Zappa - « Bobby Brown » Marvin Gaye - « What’s Going On? » Queen - « We Will Rock You » Django Reinhardt - « Minor Swing » Georges Brassens - « La Mauvaise Réputation » Sébastien Tellier - « La Ritournelle » System Of A Down - « Chop Suey » TV On The Radio - « Happy Idiot » Devendra Banhart - « Foolin’ » Iron and Wine - « Sunset Soon Forgotten » Snoop Dogg - « Who Am I » Moondog - « Invocation » Prince - « Sexy MF »... (et on vous a épargné : Francis Cabrel, Jean Ferrat, Pierre Vassiliu ou Diam’s). Retrouvez cette playlist et une sélection de groupes aux noms capillaires sur le site de la SMAC d’agglomération ! - 21 - E LA RUE A LA PAROLE Quand on le voit tiré à quatre épingles dans son costume de vendeur en boutique de sape chic, on n’imaginerait pas une seconde que, du quartier du Grand-Parc où il a grandi, Ken a gardé ce sens du contact et du partage avec les sans-abris. Ça avait commencé par de la récup’, de la nourriture, des habits qu’il glanait à gauche à droite pour les redistribuer. Et un jour, un SDF lui a demandé de lui tirer le portrait, avec sa chienne malade au bras. Le déclic. C’est à leur contact qu’il s’est peu à peu glissé dans la peau du “street photographe”. « L’Oeil de Ken », la rue plein cadre, sans misérabilisme aucun. À voir jusqu’au 27 mars au Rocher. Vernissage le 6 à 18h30. www.facebook.com/EchangePhotographique C’EST ELLES C’est Elles, d’accord, mais c’est qui, Elles ? Candice et Lucie, les deux artificières qui font exploser le petit monde de la comédie bordelaise avec leurs soirées toujours réussies. À la Rock School Barbey, vont se succéder Audrey Vernon dans « Comment épouser un milliardaire » (le 11 mars), Antoine Schoumsky « Au Parloir » (le 1er avril), Thomas VDB qui, toujours, « chante Daft Punk » (le 22 mai) et Olivia Moore dans « Mère Indigne » (le 27 mai), alors que c’est Pierre-Emmanuel Barré qui grimpera en juin (le 30) sur le Rocher de Palmer avec un spectacle au nom qui en dit long : « Pierre-Emmanuel Barré est un sale con ». Qu’il le prouve ! Chaque soir, 20h30, 18-20€. LE MAXI POUR LES MINIS Les concerts, c’est pas que pour les grands, qu’on se le dise ! Au Krakat’, la formule se double d’un atelier de création ouvert aux 7 ans et plus avec restitution sur scène ! À réserver d’urgence, tant pour le live que pour l’atelier. Tél. 05 56 24 18 28 ou [email protected] - 22 - - TÊTE D’AFFICHE - MARK L ANEGAN AU FIL DU TEMPS On a tous eu un pote taciturne. Le gars qui restait là, à une place de la bande qui ne dérange personne, et toujours avec un sourire réconfortant quand on faisait un bon mot. Et dès que ce mec murmurait ses trois grognements hebdomadaires, tout le monde arrêtait de parler et avait envie d’en savoir plus parce que ça tapait terriblement juste. Quand on a perdu de vue tout le crew bavard et exubérant, c’est de ce mec qu’on est resté proche, finalement. Mark Lanegan, c’est ce mec à l’échelle du rock. Par Arnaud d’Armagnac. - 23 Les gars qu’on a laissés sur le bord de la route au fil des années, c’est le grunge, puis le stoner et enfin une bonne partie du rock indé. Mais Mark Lanegan est toujours là. Et pour l’instant, ses rares bribes de paroles n’ont jamais arrêté de nous captiver. Trente ans et une oeuvre majeure gardée secrète. Une carrière absurde d’intégrité. Un pied dans le punk, l’autre dans la case minimisée des artistes à part. Neil Young, Daniel Johnston, Leonard Cohen. Well. Mark Lanegan. À l’origine de tout ça, une vision old school qui propulse la créativité bien au-delà de l’ego. Lanegan est un vrai artiste, dans sa plus pure et ancienne acception. Un mec terriblement normal qui devient épais, mystique et crucial uniquement dans le cadre de son expression artistique. Ce n’est pas bon pour la promo et le sponsoring par The Kooples, mais ça assure à ses disques d’être à une place très privilégiée de votre collection. Mark Lanegan n’est pas du genre à imposer son nom sur tout ce qu’il touche, mais on reconnaît son apport immédiatement, en revanche. 30 ans de carrière, 5 disques pour mieux comprendre le taiseux de Seattle. D’OÙ IL VIENT ? THE SCREAMING TREES « Sweet Oblivion » (1992) Les Screaming Trees avaient les mêmes défauts et les mêmes qualités que Mark Lanegan dans tout le reste de sa carrière : bon, constant mais discret et avec un désintérêt total pour l’image ou la promo. Ils sont de Seattle, démarrent dès 1986 et même s’ils auront les faveurs de la critique, ne resteront dans le top 3 de personne quand il faut citer les références grunge. SON MEILLEUR ALBUM SOLO MARK LANEGAN « Bubblegum » (2004) S’il ne doit en rester qu’un. Chaque morceau est une exposition universelle de la classe. On ne parle même plus de “hit”, on n’étalonne d’ailleurs pas ce genre de disque avec les instruments classiques de la critique. Ni avec ceux de l’auditeur lambda. « Bubblegum » est en lien direct avec vos tripes. Il mérite un tiroir de votre discothèque uniquement pour lui. Son « Hit the City » avec PJ Harvey mérite le panthéon de la chiale. SA MEILLEURE COLLABORATION ISOBEL CAMPBELL + MARK LANEGAN « Ballad of the Broken Seas » (2006) En Écosse, Isobel n’est plus dans Belle and Sebastian. Elle bricole un premier album solo moyen puis se met à écrire le deuxième. Elle l’écrit pour un duo du style Lee Hazzlewood/Nancy Sinatra et pense à Mark Lanegan qu’elle ne connaît pas. Elle lui envoie les bandes à l’autre bout du monde, il accepte. La meilleure opposition de style au sein d’un duo depuis Mel Gibson et Danny Glover dans « L’ Arme Fatale ». ET MAINTENANT ? MARK LANEGAN « Phantom Radio » (2014) Après avoir officié en éternel “guest parfait” sur bon nombre de projets très différents, Mark Lanegan reste sur sa lancée plus obscure et épurée depuis « Blues Funeral ». Dans quelques années, on se dira que c’était sa traversée du Styx vers son aura crépusculaire à la Tom Waits. Un pas de plus vers l’avant après 30 années de mouvement perpétuel. NOUVEAU POINT DE DÉPART QUEENS OF THE STONE AGE « Songs For The Deaf » (2002) L’album qui n’a pas quitté la platine des fans d’indie rock, de heavy metal, de rock psyché et de rock underground entre 2002 et 2003. Probablement le « Nevermind » des années 2000. En concert le 8 mars au Krakatoa (Mérignac). - 24 - SAVE Indie, increvable THE Non, il n’est pas question ici de l’archéologue au chapeau de Spielberg mais de l’esprit indie – indé si vous préférez : le Barbey Indie Club fait sa résurrection en fanfare ! Neuf dates pour découvrir la crème de la scène indé internationale à prix mini (10€ en prévente), depuis les derniers chouchous maliens en date de Damon Albarn, Songhoy Blues, jusqu’au freak folk des Woods de Brooklyn (voir agenda). Et pour quatre achetés, le 5e est offert : une aubaine pour les indievores ! L’Antirøuille coupe la prise En attendant la grande fête en extérieur le 13 juin, Rock et Chanson célèbre aussi ses 30 ans par de petites soirées ambiance “au coin du feu”. Quatre Antirøuille Unplugged sont au programme en mars et avril, à 5€ seulement (plus 3€ d’adhésion). Si certains comme Metisolea’ (le 12 mars) ou Botibol (le 23 avril) vont être dans leur élément, d’autres créeront forcément la surprise : des shoegazers comme les Be Quiet (le 26 mars) ou des metalleux comme les Great Old Ones (le 2 avril) ont un joli défi à relever. DATE Désir d’ailleurs Malgré ses influences musclées (AC/DC, The Stooges), l’ancien guitariste de Noir Désir Serge Teyssot-Gay a emprunté depuis la fin du groupe en 2003 de multiples chemins de traverse. D’une part Zone Libre et sa fusion hip hop-rock, d’autre part, Interzone avec le joueur de oud syrien Khaled Al-Jaramani. Le fruit de rencontres uniques ouvrant à toutes les expérimentations sonores, comme on le verra lors de trois jours de carte blanche proposée par le Rocher dans le cadre fantastique de la Chapelle de Mussonville, à Bègles : outre Al-Jaramani, on y croisera aussi la contrebasse free-jazz de Joëlle Léandre ou la clarinette de la Britannique Carol Robinson. Du 5 au 7 mars, 21h, 10-14€. Un certain savoir-FAIR Connaissant le flair du FAIR, le Fonds d’Action et d’Initiative Rock, on ira au concert les yeux fermés, certain de se confronter à d’intéressantes découvertes musicales. Ce dispositif national de soutien au démarrage de carrière des groupes de musiques actuelles n’a-t-il pas mis le pied à l’étrier depuis 1989 à des NTM, Mano Solo, Miossec ou Odezenne ? Tandis que notre lauréat bordelais de l’année Smokey Joe & The Kid prend la route, le Krakatoa s’offrira un plateau de poids avec l’electropop de Chapelier Fou et la French pop de Baden Baden – plus notre Thomas Skrobek tout de folk vêtu... Parlez-en autour de vous, mais n’oubliez pas : le dire, c’est bien, le FAIR, c’est mieux. Le 17 avril, 20h, 15-18€ La BD prend du volume Si vous manquez ça, c’est qu’il vous manque une case : d’un côté, les musiciens de Splendor in the Grass, bien rodés à l’exercice BD-concert (on leur doit « Les Larmes de l’Assassin » avec Thierry Murat notamment) ; de l’autre, Alfred, notre Fauve d’or 2014 à Angoulême – qui signe aussi les visuels des 30 ans de Rock et Chanson. Ensemble, après une résidence à Barbey, ils mettront en musique la magie italienne de l’album « Come Prima » au Rocher de Palmer dans le cadre du festival Bulles en Hauts de Garonne. Et c’est gratuit ! Le 21 mars, 19h30, gratuit. Réservations au 05 56 74 80 00. - 25 - Carnaval des 2 Rives Parade / 14h / Gratuit Vianney Rock SchoolBarbey 0 6 Krakatoa Electro-world / 20h30 / 15-19€ Rock et plus / 21h / 5-14€ 0 6 Pop World / 19h / Gratuit Danakil + Yaniss Odua & Artikal Band Noëmi Waysfeld & Blik Reggae / 20h30 / 21 à 25 € Yiddish & Fado / 20h30 / 18 à 22 € 1 Rock SchoolBarbey 2 Orga : Musicabourdons 1 4 Pop-Soul / 20h / 24 € Rocherde Palm er Nhac ! + Multidelta Bal folk / 20h30 / 6 - 8 € Arema Rock & Chanson 1 4 Big Red + General Levy + Djama D Baven Ragga / 20h30 / 15 - 19,80 € Rocherde Palm er Hilight Tribe Trance / 22h à 5h / 22 - 25€ Musiques de Nuit Rocher de Palmer Pop-Rock / 15h30 / Gratuit 1 1 Mark Lanegan Band + Duke Garwood + Lyenn Indie Blues-Rock / 20h / 22 - 25 € 1 3 1 5 Heavy Metal / 20h30 / 22 € PAD Rock School Barbey Humour / 20h30 / 18 - 20 € Rock / 20h30 / 5 € (+ 3 € adh.) 1 Krakatoa 4 Les Wampas + King Kong Blues + My Drummer Is Dead Jazz musette / 20h30 / 23 à 27€ Freak Kitchen Permis de Rire : Audrey Vernon Unplugged #1 : Metisolea’ + Hantcha Sylvain Luc et Richard Galliano Rocherde Palm er Rock SchoolBarbey 1 Rock & Chanson 2 Jazz vocal / 20h30 / 23 à 27€ Le Vigean - Eysines Médiathèque de Mérignac Estelle & Romain Humeau (Eiffel) Youn Sun Nah Quartet Avec la Ville d’Eysines Benjamin Clementine Orga : X Ray Prod 1 Rock SchoolBarbey 3 Orga : Mandala & friends Avec Base Prod 1 3 Jazz / 20h30 / 10-17€ 0 7 1 Rocherde Palm er 2 Chanson rock / 20h30 / 18 - 21 € Folk / 20h / 21-24 € Krakatoa Rock du désert / 20h30 / 10-13€ 8 Mademoiselle K + Le A Fink + Douglas Dare Vincent Peirani + Michel Portal + Émile Parisien Rock / 19h / Gratuit sur invitation Orga : Base Prod 1 Krakatoa 2 0 Rocherde Palm er 6 Songhoy Blues + My Name is Nobody 0 Krakatoa Avec Base Prod 0 Rocherde Palm er 7 Jazz / 18h30 / Gratuit Botibol + Monolithe Noir + A Call At Nausicaa + Be Quiet + John and The Volta + Blackbird Hill Youssef Abado Tiou Chanson / 20h30 / 5 € 0 Rocherde Palm er 7 0 6 Rock & Chanson Ernst Reijseger Chanson / 20h30 / 16-18€ 0 Chapelle de Mussonville, Bègles 0 Rocherde Palm er 0 5 6 5 0 6 0 Serge Teyssot-Gay + Joëlle 7 Léandre + K haled Al-Jarani + Carol Robinson Orange Blossom Rocherde Palm er 0 Rocherde Palm er 4 0 Rock SchoolBarbey 4 Bordeaux Avec CL Comédie MAR S 0 1 Orga : Base Prod - L’AGENDA - Chanson punk / 20h / 20 - 23 € 1 6 Rocherde Palm er Soirée Diva : Juan Mari Beltran Trio Jazz / 19h30 / 5 € Transrock Krakatoa - 26 - Orga : Corida Electro / 20h / 17-20 € 2 Rock SchoolBarbey 0 Pop Folk / 20h / 25 € 2 4 Rock SchoolBarbey Indie Rock / 20h30 / 20 € Rocherde Palm er Mozaïc Rock Challenge 2 Rock & Chanson 6 2 Rock SchoolBarbey 7 2 7 2 8 Johnny Clarke & Jah9 + Africa’n’ Percu Jazz / 19h / 50 € pour 2 concerts 2 Rocherde Palm er 8 0 1 Rock SchoolBarbey Permis de Rire : Antoine Schoumsky Humour / 20h30 / 18 - 20 € 2 Rocherde Palm er 6 Cécile McLorin Salvant & Aaron Diehl Trio Jazz vocal / 20h30 / 10 à 17 € 2 Rocherde Palm er 7 0 2 Akhenaton "IAM Alive" Rap / 20h30 / 28 - 30 € Rap / 20h30 / 26,80-33 € Muzik’o’Rama Lyre Le Temps + invités Jazz / 20h30 / 18-22 € Rocherde Palm er Lacrim + Talents d’Achille 2 Rock SchoolBarbey 8 Dal Sasso / Belmondo Big Band "A Love Supreme" + Serge Moulinié Trio Divers / 19h / 6 € Avec CL Comédie AVR I L Dal Sasso / Belmondo Big Band "200 ans d’histoire" Concerts lycéens Reggae / 21h / 15 € - L’AGENDA - Krakatoa La Fanfare Ciocarlia Electro-pop / 20h30 / 25-30 € 2 Château Palm er, Margaux 7 Rocherde Palm er Balkan Music / 20h30 / 15 à 19 € Christine & The Queens Rock / 20h30 / 5 € (+ 3 € adh.) Chanson Pop / 20h30 / 16-18 € BD-Concert / 19h30 / Gratuit 2 5 2 Rocherde Palm er 6 Unplugged #2 : John & The Volta + Be Quiet Nach Krakatoa Folk metal / 20h / 23-25 € Indie Rock / 20h30 / 10-13 € Reggae / 20h30 / 10 à 17 € Alfred & Splendor In The Grass "Come Prima" Finntroll "performing Nattfodd" + Hatesphere + Profane Omen Barbey Indie Club : The Wave Pictures + The Missing Season The Skints 2 Rocherde Palm er 6 2 5 Popa Chubby Blues / 20h30 / 23-25 € 2 Rocherde Palm er 1 Krakatoa Goûter-Concert / 15h30/ 5 € Chanson / Dès 7 ans / 19h30 / 5 € 2 Rock SchoolBarbey 6 Rap / 20h30 / 12-15 € Krakakids : Cocktail Bananas Le Prince Miiaou Monsieur Lune "Un Renaud pour moi tout seul" Tremplin musical / 20h30 / Gratuit 2 Rocherde Palm er 5 2 1 Vin’s Wazacrew "Freeson Tour" 1 Rocherde Palm er 9 Orga : Allez Les Filles Koudlam + Hørd Jazz vocal / 20h30 / 16-20 € Charlie Winston + Malo’ Orga : Base Prod 1 Rock SchoolBarbey 9 Orga : Wazacrew Robin McKelle Krakatoa 2 1 Krakatoa Orga : Tape Recordz 2 0 1 9 Orga : Euterpe Avec la Ville d’Eysines 1 Le Vigean - Eysines 8 Electroswing hip hop / 21h / 12-14 € 0 Rocherde Palm er 2 Proxima Centauri "Opus 15.1 : la jeune génération" Musique contemporaine / 20h30 / 10€ PASS 1 (30 € au lieu de 48 €) : John And The Volta + Ewert & The Two Dragons + Kid Wise + Fair Le Tour / PASS 2 (30 € au lieu de 52 €) : Great Old Ones + Jabberwocky + Guillaume Perret + Wand / PASS 3 (30 € au lieu de 45 €) : Botibol + Ewert & The Two Dragons + Low Roar + Kevin Morby - 27 - Folk metal / 20h30 / 5 € (+ 3 € adh.) Orga : Réelle Musique 1 1 Rocherde Palm er Avec Einstein On The Beach Rocherde Palm er 1 1 Piers Faccini et Vincent Segal + Jenny Lysander End Of The Weak Folk / 20h30 / 10 à 17 € Tremplin Hip Hop / 20h30 / 10-12 € 1 5 Les Massifs de Fleurs + Bruch "L’Impro On The Road" Rocherde Palm er Jazz-funk fusion / 20h30 / 28 à 32 € 2 Rock & Chanson 3 Unplugged #4 : Botibol + Cliché Pop / 20h30 / 5 € + (3 € adh.) Krakatoa Electropop / 20h / 17-20 € 1 Rock SchoolBarbey 7 Phases Cachées + Joey Larsé Hip Hop Reggae / 21h / 12-15 € 2 Rocherde Palm er 5 Guts (live band) + DJ Vex + Charles X Hip hop / 20h30 / 10-17 € - L’AGENDA Isaac Delusion + Banquise Electropop / 20h / 18-21 € Arema Rock & Chanson 0 9 Billy Cobham Band Jazz / 20h30 / 23 à 27 € 1 4 MA I Musiques de Nuit Rocher de Palmer Indie pop-folk / 20h30 / 10 à 17 € 1 0 1 4 Rock SchoolBarbey Rock SchoolBarbey Here I Come #13 : Panda Dub + Mungo’s HiFi + Feldub Dub / 21h à 4h / 15 - 19,80 € Rocherde Palm er Igit Kaaris Blues-folk / 20h30 / 16-18 € Rap / 20h30 / 21 à 25 € 1 7 1 Rock SchoolBarbey 6 Krakatoa Jabberwocky Expérimental / 20h30 / 10 € Dub / 21h à 4h / 12-15 € Rocherde Palm er Skip&Die + JuMo Electro-hip hop / 20h30 / 16-19 € Cumbia / 20h30 / 18-22 € Marcus Miller 3 0 9 La Yegros + Nahko & Medicine For The People 1 Rocherde Palm er 4 1 7 Piano classique / 20h30 / 10 à 17 € 0 Rock SchoolBarbey Orga : Baco Records Orga : MA Prod 0 8 Rock SchoolBarbey Ewert & The Two Dragons Orga : X Ray Prod Kotaro Fukuma Dub to Dub #2 : Channel One + Roots Raid & Shanti D + Dub Browser + Uptown Rebel Indie Rock / 20h30 / 10-13 € 1 Rocherde Palm er 8 Krakatoa Fair Le Tour 2015 : Chapelier Fou + Baden Baden + Thomas Skrobek Barbey Indie Club : Kid Wise + Cosmo Sheldrake Electro & Pop / 20h / 15-18 € 2 Rocherde Palm er 1 Alonzo Rival Sons Rap / 20h30 / 21 à 25 € 2 Rocherde Palm er 5 Rock / 20h30 / 21 à 25 € 2 Rocherde Palm er 9 Hindi Zahra Mamadou Barry World / 20h30 / 18 à 22 € 0 Rocherde Palm er 6 Guillaume Perret & The Electric Epic Jazz metal / 20h30 / 15 à 19 € PAD Rock School Barbey Afrobeat / 19h30 / Gratuit 0 Rocherde Palm er 8 Avec Bordeaux Cité Tango Unplugged #3 : The Great Old Ones + invité 0 Rocherde Palm er 7 0 Rock SchoolBarbey 4 Avec Cubik Prod 0 Rocherde Palm er 3 Orga : Base Prod 0 Rock & Chanson 2 Grande Soirée Tango Tango / 20h30 / 10 à 17 € Transrock Krakatoa - 28 - 2 1 Tigran & Yerevan Chamber Choir "Luys i Luso" 2 2 Krakatoa Chanson / 20h / 25 - 28 € Orga : Base Prod 2 Rocherde Palm er 4 Al Di Meola Jazz fusion / 20h30 / 35 € Burning Heads Rebel Assholes + Not Scientists Punk Rock / 20h / 16 - 19 € Tournée Europavox : Mountain Bike + James Hersey + invités Garage pop / 20h30 / 10 € Kalakan + Philippe de Ezcurra Trio Musique basque / 20h45 / 6 - 12 € Shannon Wright + invités Folk Rock / 19h30 / 12-15 € 1 L’Entrep ôt, Le Haillan 2 Barcella + Souleymane Diamanka Chanson hip hop / 20h / 15 - 18 € Barbey Indie Club : Kevin Morby + invité Indie Folk Rock / 20h30 / 10-13 € 2 Rocherde Palm er 7 Low Roar + surprises Folk-rock / 20h / 10 € Garage psyché / 20h30 / 10 - 13 € 2 2 Rock SchoolBarbey Thomas VDB "chante Daft Punk" Humour / 20h30 / 18 - 20 € 2 Rock SchoolBarbey 6 0 Rock SchoolBarbey 8 0 IBoat 4 Avec l’IBoat World / 20h / Gratuit sur réservation 2 La Caravelle, Marcheprim e 9 + The Avec Le Haillan Chanté Duende 2 Rocherde Palm er 6 Krakatoa 2 9 Maison des Arts, Sainte-Eulalie 2 Krakatoa 1 Barbey Indie Club : Wand + invités Rap / 20h30 / 23 à 27 € 2 2 Dominique A 2 Rock SchoolBarbey 1 Youssoupha & invités + Pako Sancho Piano Jazz / 20h30 / 18 à 22€ Arch Enemy + Unearth + Drone Metal / 20h / 25 € Barbey Indie Club : Cheatahs + invité Shoegaze / 20h30 / 10 - 13 € - L’AGENDA - J U IN 0 Rock SchoolBarbey 9 Barbey Indie Club : The Drones + invité Garage Rock / 20h30 / 10 - 13 € 2 3 Avec Les Rencontres Af. 2 0 Jazz vocal / 20h30 / 23 à 27€ Rocherde Palm er Krakatoa + Malamut Clan Rap / 21h / 20 € Salle Bellegrave , Pessac Le Bal de l’Afrique enchantée Bal du monde / 20h30 / 18 - 22 € 2 Rock SchoolBarbey 7 Avec CL Comédie Psyché pop / 20h30 / 10 - 13 € Eglise Ste Croix, Bordeaux 1 8 Lino (Ärsenik) Lisa Simone Avec CL Comédie Barbey Indie Club : Jacco Gardner + invités 1 Rock SchoolBarbey 5 Permis de Rire : Olivia Moore Humour / 20h30 / 18 - 20 € 0 Rock SchoolBarbey 3 Foxygen + invité Indie rock 60’s / 20h30 / 18 - 21 € 1 Rocherde Palm er 0 Avec le CH Cadillac 1 Le Vigean, Eysines 3 Rock SchoolBarbey Avec la Ville d’Eysines 1 1 Les Voix de Babel Création / 19h30 / 12 € 3 Rocherde Palm er 0 Al Jarreau Jazz & Soul / 20h30 / 33-37 € 0 Rock SchoolBarbey 2 / 0 Permis de Rire : 7 Pierre-Emmanuel Barbey Indie Club : Barré "est un sale con" Woods + invité Humour / 20h30 / 23 à 28 € Folk Rock / 20h30 / 10 - 13 € La programmation continue pendant l’été : Festival des Hauts de Garonne, Inédits de l’été... et Ouvre la Voix à la rentrée ! - 29 - - J’Y ÉTAIS - PAV E M E N T LE 8 NOVEMBRE 1999 Martial Jésus, disquaire indépendant chez Total Heaven et légende de la discussion mélomane autour du comptoir. David Lespès, programmateur au Krakatoa et membre du culte groupe pop lo-fi bordelais des années 90, Calc. Deux figures culturelles qui se souviennent d’une date marquante dans la longue liste des concerts de nos SMAC. Martial : Avant ça, Pavement n’avait encore jamais joué à Bordeaux, ce qui constituait déjà un miniévénement. David : Oui, en 1999, je fréquentais beaucoup les salles de concerts et notamment Barbey. Le passage de Pavement était un événement, après une année déjà riche en concerts à Barbey : The Notwist, Fugazi, avant Elliott Smith quelques mois plus tard. Martial : Je me souviens que les fans de la première heure avaient déjà un peu décroché, considérant « Terror Twilight », qui venait de sortir, comme un album mollasson et rangé des bécanes... Je bossais alors à la Fnac, j’avais eu droit au T-shirt promo et personne n’en voulait. Je me souviens l’avoir gardé des années durant, le portant méga troué. Depuis qu’il a été réduit à l’état de loque je m’en sers de chiffon pour nettoyer les disques d’occase au shop. Il remplit très bien ce rôle. David : J’étais un grand fan de Pavement et, à l’aube de leur séparation et après un album c’est vrai un peu mollasson, nous étions quand même heureux de voir ici ceux qui nous avaient tant fait rêver. L’attitude, le son, les morceaux, tout était là, mis à part la magie peut-être. Un groupe en fin de parcours, mais aussi la fin d’une certaine époque à Bordeaux. Le Jimmy fermera un an plus tard. Martial : Je me souviens que Stephen Malkmus était déjà un peu ailleurs, c’est vrai.. Mais je me souviens aussi de la joie de Mark Ibold et Bob Nastanovitch... Je me souviens des guirlandes lumineuses autour des micros. Je me souviens que nous ne savions pas encore que le groupe allait splitter quelques semaines plus tard. Je me souviens qu’aujourd’hui, leur attitude d’alors sur scène prend tout son sens. Pourtant je me souviens aussi que l’ambiance du concert m’avait paru magique et collait avec l’attitute laidback et cotonneuse du dernier album. Je me souviens que, comme au concert de Dinosaur Jr. à Barbey au début des 90’s, il a fallu s’armer de patience pour affronter les défenseurs du bon goût et de la vraie musique pontifier bruyamment sur la “piètre prestation” du groupe, ha ha ha. Il y avait un énorme malentendu sur cette musique dite de “slacker”. C’était un monstrueux quiproquo qui a longtemps confondu le feeling hors norme de musiciens doués et inspirés, à la pire des paresses et au « laisser-aller » généralisé. Le mot de la fin : Martial. Je me souviens que pendant ce concert à Barbey, Pavement devenait instantanément mon groupe préféré de tous les temps. J’ai découvert The Fall et le krautrock grâce à eux. - 30 - - TEST - QUEL SPECTATEUR ÊTES-VOUS ? 1. Dans quelques mois, un de vos groupes préférés passe en ville... Vous vous précipitez sur le site du groupe pour vérifier tout ça, et dans la foulée, vous montez un événement Facebook pour y poster quelques photos et infos de dernière minute. Vous achetez votre place à la Fnac sans tarder et la rangez soigneusement dans votre portefeuille, histoire de ne pas être pris au dépourvu. Vous attendez le dernier moment pour prendre votre place, de toute façon, ce n’est jamais vraiment complet. 2. Ce soir, c’est le soir du concert... Quel concert ? Ah oui, c’est vrai ! Votre agenda est désespérément vide, alors pourquoi pas... Vous filez à la salle en quatrième vitesse. Portefeuille à gauche, billet à droite, tee-shirt du groupe plié sur votre lit, téléphone chargé. Vous avez préparé méthodiquement votre soirée, il ne peut plus rien vous arriver d’affreux maintenant. Vous le savez bien, que c’est ce soir : vous avez dormi chez un copain qui habite à côté et ça fait trois heures que vous poireautez devant le tour-bus en espérant apercevoir le bout d’une santiag. 3. Dès les premières mesures, le chanteur-guitariste lâche son instrument et se lance dans une tentative de record du monde de traversée de salle ! Téléphone-caméra à la main, vous vous reculez prudemment pour vous mettre à l’abri derrière la console de son. Ah le con, il vient par ici. Vous poussez tout le monde, et surtout les mecs avec des caméras, pour avoir l’honneur d’effleurer du bout des doigts sa cuisse droite. S’il doit battre un record, ce sera grâce à vous. Il paraît que c’était un truc de fou ! En tout cas, c’est ce que vous raconterez à tout le monde. Ce que vous ne direz pas, c’est que vous étiez au bar à ce moment-là. 4. Fin du concert. La foule en délire réclame un rappel, qui finira bien par arriver Ouais ! À poil ! Vous êtes surexcité et manquez de vous prendre un pain de l’agent de sécurité qui apprécie moyennement votre enthousiasme. Perdu dans le décolleté d’une jeune fille croisée dans le coin fumeur, vous espérez surtout ne pas croiser quelqu’un que vous connaissez. Pour l’instant, elle a l’air encore persuadée que vous vous appelez John et que vous êtes le leader d’un petit groupe appelé les Beatles. C’est à dire que vous vous levez tôt demain. Tout en applaudissant poliment, vous jetez des regards anxieux à votre montre en espérant que le dernier tram n’est pas encore passé. Vous avez plus de : Vous êtes le fan ultime, le roi du pogo, le maître de la fosse, le prince du head-banging et de la danse décérébrée. Vous vivez chaque concert comme si c’était le dernier, mais à force d’énerver tout le monde, ça finira en effet par être votre dernier... Vous avez plus de : Vous êtes le spectateur contemplatif par excellence, calme et pondéré. Les merchandisers des groupes vous adorent, surtout quand ils vous aperçoivent en train de compter méthodiquement vos sous à la fin d’un concert que vous n’avez vécu qu’à travers le petit oeil de votre caméra. Mais en vrai, c’était bien ? Vous avez plus de : Vous êtes le spectateur touriste, et vous vivez chaque concert avant tout comme une bonne occasion de se marrer. On vous croise surtout au comptoir ou dans le coin fumeurs, en train de raconter le concert que vous êtes en train de louper. Touriste. - 31 - QU’EST -CE QUE C’EST ? Scènes de musiques actuelles de l’agglomération bordelaise La SMAC d’agglomération bordelaise associe le Krakatoa, le Rocher de Palmer, Rock et Chanson et la Rock School Barbey. Partenaires : Ministère de la culture et de la communication - DRAC Aquitaine, Conseil régional Aquitaine, Conseil Général de la Gironde, Bordeaux Métropole, Villes de Bordeaux, Cenon, Mérignac, Talence, Aquitaine Groupement d’Employeurs Culture. Cette publication a été réalisée avec le soutien de la Région Aquitaine au titre de l’économie sociale et solidaire. Responsable de la publication : Marie Le Moal. Comité de rédaction : association These Go To Eleven - [email protected]. Arnaud d’Armagnac, Jonathan Hénault, Sébastien Le Jeune. Réalisation graphique : Riverside Press Impression : Pixagram Lormont – imprimé en mars 2015 [email protected] www.smacdagglobx.org Crédits photo P2 Pierre Wetzel // P4 Alfred // P5 Kami / Mathieu Nieto // P6 Simon Guillo // P8&10 Luce Torres // P9 Maximilien Marie // P11 SLJ // P12 Cécile Laflaquière // P13 Marie Le Moal // P14 David Bross // P15 DR // P16-17 Odezenne // P21 Ken Wong-Youk-Hong / DR // P22 Steve Gullick // P24 Alfred – Delcourt-Mirages // P25 DR / Jean-Marc Lubrano / Winter & Winter / DR / Adrien Selbert / Tanya Bindra / © Chris Charpenel / Sylvain Caro / DR / Animal Factory / DR / Isabelle Rozenbaum / Julie Arnoux / Steve Gullick / John Waxx / Tommy N. Lance / Iris Della Roca & Lou Levy / Sung Yull Nah / DR / Micky Clement / Joker / Sylvain Bouzat / Yann Orhan / DR / Gwen Le Bras / Patrick Ullaeus / DR // P26 Jacob Blickenstaff / DR / Wazacrew / Clay Patrick McBride / Steph Dray / Emmanuelle Brisson / DR / Alain Chasseuil / DR / DR / DR / Arne Reinhardt / Tombarnes Photo / James Loveday / Because / John Abbott / Audoin Desforges / Mélina Quintin / Pascal Pittorino / Fifou / Rory Stonelove / DR / Éric Garault / French Gramm / Franck Buadès / Nicolas Guérin / Frédéric Desmesure // P27 DR / Stéphane Delavoye / Nick Caro / Mart Vares / Hamza Djenat / Laura Andalou / Taba / DR / Réelle Musique / Payram / Kalima Productions / Def Jam / J.M Dandoy / Ojoz / Claire Dorn / Romain Gamba / Sauvage / Biscuit Studio / Def Jam / Earache / Animal Factory / DR / DR / DR / Valentin Boudet / Émile Holba / Bordeaux Cité Tango Festival // P28 Nick Helderman / Franck Loriou - Agence VU / Romain Rigal / Patrick Ullaeus / Stame / Fifou / DR / DR / Richard Dumas / DR / Benjamin Boccas / Christophe Livonnen / Francesco Cabras / Olivier Donnet /Alex De Mora / Olivier Brauman / Alfred Foto / Igotz Ziarreta / DR / Thomas Rabillon / Amy Harrity / DR / DR / The Judge / Marina Chavez / Christophe Brachet / Woodsist // P29 Éric Laffargue // P30 David Bross. 4 COCKTAILS DE PRINTEMPS SCÈNES, CONCERTS À PETITS PRIX ! 2.04 Great Old Ones + invité ////// Antirøuille Rock et Chanson + 15.04 Jabberwocky ////// Krakatoa 26.03 John and the Volta + Be Quiet + ////// Antirøuille Rock et Chanson 6.05 Guillaume Perret & the Electric Epic + ////// Rocher de Palmer 07.04 Ewert and the Two Dragons + ////// Rocher de Palmer 21.05 Wand + ////// Rock School Barbey 16.04 Kid Wise ////// Rock School Barbey = 30€ au lieu de 52€ + 17.04 Le Fair le Tour - Chapelier Fou Baden Baden + Thomas Skrobek (solo) ////// Krakatoa 07.04 Ewert and the Two Dragons = 30€ au lieu de 48 € ////// Rocher de Palmer + 23.04 Botibol + Cliché ////// Antirøuille Rock et Chanson + 21.05 Low Roar ////// Krakatoa + 08.06 Kevin Morby ////// Rock School Barbey = 30€ au lieu de 43 €