Cobra.be 16 août 2012 Theater op de markt, Hasselt, Belgique Par
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Cobra.be 16 août 2012 Theater op de markt, Hasselt, Belgique Par
Cobra.be 16 août 2012 Theater op de markt, Hasselt, Belgique Par Liv Laveyne Partout où passe la compagnie G. Bistaki avec Cooperatzia, la troupe française fait un triomphe. Avec quoi ? Rien de plus que des tuiles et des sacs à main. Cela peut sembler fade, mais l'univers du G. Bistaki est parfaitement fascinant. À Hasselt, la compagnie s'approprie le site de l'Athénée royal. La silhouette de l'école se dessine en noir contre l'obscurité urbaine jamais complète. Cinq hommes nous attendent. Leurs silhouettes sont tout aussi anguleuses. Vêtus de manteaux au mollet, grisâtres et râpés, aux lourdes épaulettes, ils ressemblent à des mercenaires venus d'un pays de l'Est qui n'a pas encore été découvert. Quelque part monte le bruit de pierres que l'on broie. Les cinq hommes dansent sur une table de pique-nique, une danse russe de Cosaques pendant laquelle ils jonglent et frappent avec des sacs à main ; la vodka les éclabousse. En silence, mais fermement, ils nous font ensuite avancer. Avons-nous été enrôlés dans une armée sans savoir de quel conflit il s'agit ? Dans la cour de récréation, un gigantesque domino de tuiles rouge-brun se termine sur un choc sourd dans une brouette. Les cinq hommes exécutent une danse guerrière en jonglant avec les tuiles, ce qui effraie le reste de l'armée, le public, et l'incite à reculer. Mais l'atmosphère bascule brusquement et nous assistons à une scène familière de tous les jours, presque charmante : des gens promènent leur chien (ici, des tuiles accrochées à une ficelle) en bavardant. Dans Cooperatzia – comme le fait déjà supposer le titre – le public est associé à l'action. Il est donc chargé de s'occuper de l'un de ces animaux de compagnie surréalistes. Avec des bruits de raclement et de frottement, nous poursuivons la promenade en emmenant notre chien. Nous passons devant un cimetière dont les pierres tombales sont des tuiles ; ailleurs, des arbres ont reçu des racines faites de tuiles. Mais l'image qui est de loin la plus époustouflante est celle d'un champ de tuiles illuminant l'obscurité de lueurs incandescentes. Les cinq Bistaki traversent le champ en marchent en cadence ; les tuiles concaves se mettent à tanguer. Pierre après pierre, rangée après rangée. Le résultat est un champ de lumière vibrante, un tapis de charbons ardents. L'accord final de cet étrange parcours est une pièce de danse dans laquelle le cirque (des jongleries avec des tuiles et des sacs à main), la danse moderne, le hip-hop et l'art visuel (des projections vibrantes) se renforcent mutuellement. Pendant ce temps-là, l'individu tente de se détacher du groupe, mais y est malgré tout de nouveau intégré. Le Bistaki est une véritable expérience. Un univers à part. D'un niveau inégalé parmi les spectacles de plein air. Cela étant dit, par comparaison avec d'autres pièces de danse, la chorégraphie pourrait peut-être être plus spectaculaire (nous avons spontanément pensé à What the body does not remember de Wim Vandekeybus, où les danseurs jonglent avec des briques, pièce qui sera reprise la saison prochaine, quinze ans après sa création). Mais en ce qui concerne le mélange de cirque, de danse, de théâtre, de performance et d'art en nature/urbain, Cooperatzia s'est d'ores et déjà gravé dans notre mémoire. http://www.cobra.be/cm/cobra/podium/podium-recensie/120816-sa-recensie-theateropdemarkt