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Algérie-Maroc : Quand le business ouvre la frontière ! (El Watan, 6/2/12)
(Wednesday, 08 February 2012) - Contributed by Webmaster - Last Updated (Wednesday, 08 February 2012)
Algérie-Maroc Quand le business ouvre la frontière !El Watan (Algérie), 6/2/12, par Cherif Lahdiri à Maghnia La frontière
algéro-marocaine sera-t-elle rouverte prochainement ? Les déclarations empreintes de «signaux positifs» émanant des
plus hautes autorités des deux côtés de la frontière se multiplient. Maghnia attend depuis 18 ans la levée tant attendue
des barrières dressées sur son poste frontalier.
Mercredi 1er février. Sur le poste frontalier Akid Lotfi, à une dizaine de kilomètres de Maghnia, il règne un calme plat.
Un calme qui dure depuis 18 ans ! Les barrières sont fermées. Aucun signe ne préfigure d’une imminence de la
réouverture de la frontière.
(Depuis quelques années, la moindre opération d’entretien des édifices publics est aussitôt interprétée comme un
d’ouverture imminente de la fameuse frontière. Il suffit que des agents nettoient, passent une couche de peinture, taillent
les arbustes ou effectuent un anodin désherbage, que cela est interprété à tort comme un signe de l’imminence de
l’ouverture de la frontière. «Ce ne sont que des rumeurs. Moi je n’y crois pas, depuis le temps qu’on en parle», d
résigné, un habitant de Akid Lotfi, tout petit village plat constitué d’un pâté de maisons séparées par un asphalte
poussiéreux. D’ici l’on aperçoit le drapeau marocain. Le royaume est à peine à quelques centaines de mètres dâ€
la majorité de la population souhaite évidemment la réouverture de la frontière», affirme Adel, chauffeur de taxi.
«Si les frontières étaient rouvertes, il y aurait plus de travail. Le tourisme à destination du Maroc boostera le commerce Ã
Maghnia. Tout le monde sera content», dit Adel au volant de sa vieille Peugeot. «Moi, je suis contre la réouverture, car,
il y aurait un rush sur les produits subventionnés comme le lait et le pain», dit, de son côté, un habitant du village.
«Ceux d’ici qui sont contre la réouverture des frontières sont une minorité qui a des intérêts en tirant des ficelles de
activités informelles», insiste Adel. «Si la frontière était rouverte, il y aurait plus de rentabilité pour les commerces qui
tireront profit des escales des touristes qui se rendraient au Maroc. Ces derniers s’acquitteront, d’ailleurs, d’une taxe
sortie du territoire qui alimentera la caisse de la Maghnia», explique le chauffeur.
«Les pays du Maghreb doivent instaurer une monnaie unique», souhaite le jeune conducteur. «La fermeture de la
frontière n’arrange que les contrebandiers», estime un commerçant de Maghnia. Chef-lieu deJdaïra à vocation
agricole (connu notamment pour la culture de la pomme de terre, de la pastèque et du melon), Maghnia tire
essentiellement profit de sa proximité avec le tracer frontalier qui lui a fait naître une âme éminemment commerciale.
Conséquence : la population a triplé en deux décennies. Aujourd’hui, cette immense cité compte près de 250 000 Ã
Elle a attiré des Algériens venus, ces dernières années, des 48 wilayas. L’informel occupe une place prépondéran
dans l’économie locale. «Peu de chômeurs sollicitent l’Ansej et la CNAC pour lancer leurs projets. Ils préfèrent pl
lancer dans le business informel», souligne un cadre habitant Maghnia.
«En 1988, la frontière a été rouverte. Mais les beaux jours n’ont duré que six courtes années», déplore, nostalg
chauffeur de taxi. Il faut prendre un avion pour se rendre au royaume chérifien. Pour autant, les liens avec l’autre côté d
la frontière n’ont jamais été rompus en dépit des barrières frontalières. «Beaucoup achètent un billet d’avion
une année, entrent par avion au Maroc, puis au retour, ils empruntent, illégalement, la voie terrestre. Ainsi, ils font des
allers-retours autant qu’ils souhaitent, et, en cas de contrôle par la police, ils montrent le billet d’avion et le passeport su
lequel est apposé le sceau d’entrée sur le territoire marocain», relate un habitant.
Tout le monde sera gagnant Â
Les économistes sont unanimes : «La réouverture des frontières sera bénéfique à l’économie et aux population
deux pays». Le maintien de la fermeture n’a aucun sens, car il ne se repose sur aucun argument économique qui tient la
route. «Economiquement, on ne gagnera pas plus, certes, mais on ne perdra pas plus ce que l’on perd actuellement,
non plus», affirme Bachir Souleimane, enseignant à l’université d’Oran. «Le Maroc gagnerait des parts de marchÃ
le tourisme, en détriment notamment de la Tunisie», poursuit cet universitaire.
Le Maroc tirerait, certes, plus profit de l’ouverture des frontières en vendant des biens de consommation aux Algériens.
Mais un tel marché est insignifiant par rapport aux près de 50 milliards de dollars que dépensent les Algériens, chaque
année, dans les importations des équipements et des biens de consommation. La fermeture des frontières avec le
Maroc n’a pas empêché l’Algérie d’importer pour 50 milliards de dollars de marchandises, chaque année. Ro
marché avec le Maroc ne va pas faire exploser cette facture. Et pour cause, les échanges inter-maghrébins ne
dépassent malheureusement pas les 3% de la facture de chacun des pays de l’UMA. Les échanges entre l’Algérie
Maroc ne dépassent pas les 580 millions de dollars. Le Forum des chefs d’entreprises (FCE) avait évalué, il y a six ans
le manque à gagner découlant de la désunion des pays du Maghreb à 2 points de croissance du PIB en perdition, soit 20
milliards de dollars, chaque année, pour chaque pays du Maghreb.
La technologie défie les frontières
«Maroc télécoms vous souhaite la bienvenue.» Ce court message électronique, vous pouvez le recevoir sur votre
téléphone portable dès que vous vous éloignez d’à peine six kilomètres à l’ouest de Maghnia. Les nouvelles te
défient les frontières. Le réseau Internet marocain est aisément capté à Maghnia. «Le débit est plus puissant que le
algérien et l’accès est moins cher. De plus en plus de particuliers de Maghnia achètent des clés de connexion internet
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marocaines», indique un habitant de la région. La frontière est officiellement fermée, mais cela n’a pas empêché la
circulation illégale des biens et des personnes de continuer de plus belle. Les Algériens n’exportent pas beaucoup de
produits.
Les «fuites» vers le pays voisin concernent essentiellement les produis subventionnés à l’image du carburant,
notamment le gazole, les laitages et de la semoule. La contrebande exporte également le cuivre et les cigarettes. Les
sodas (l’Exquise et Hamoud Boualem) et les ustensiles de cuisine algériens sont aussi prisés de l’autre côté de la
frontière. Dans le sens inverse, le narcotrafic fait fureur. Aussi, beaucoup de produits traversent la frontière et
atterrissent dans le circuit commercial légal à Maghnia : les alcools, les produits agricoles, à l’image d’olives de table
des oranges, les fruits secs, le sucre (proposé à 60 DA le kilo), les médicaments qui sont en proie aux pénuries
récurrentes, à l’image notamment des contraceptifs, quelques produits carnés comme le foie, les téléphones portab
les jeans et les robes, les djelabas… Bref, le marché de Maghnia ne diffère en rien de celui d’Oudjda...
Beaucoup s’approvisionnent de l’autre côté de la frontière. Il suffit de faire le change chez le cambiste du coin (il faut
DA algériens pour avoir 1 dirham marocain) pour aller faire ses emplettes au Maroc. C’est simple : c’est que les produ
marocains sont compétitifs. En dépit des aides publiques, certains produits agricoles algériens n’arrivent pas à être
compétitifs tant en prix qu’en qualité par rapport aux produits marocains. Autre élément : de plus en plus d’explo
d’oliveraies de la région de Maghnia font appel à des agronomes marocains.
La main-d’œuvre marocaine est aussi qualifiée. Les ouvriers agricoles et les agronomes marocains ont acquis un savoirfaire, notamment après avoir travaillé dans les champs en Espagne. Aussi, les artisans du bâtiment affluent en masse Ã
Maghnia. «On leur fait appel même pour la réalisation des équipements publics, mais pour travailler en noir. C’est un
système hypocrite. Pourquoi ne pas les autoriser à travailler légalement. De telle sorte, ils transmettront ce savoir-faire
aux Algériens», critique un fin observateur de la région. Les Algériens sont habitués au business du trabendo. De plus
en plus de jeunes refusent de travailler comme ouvriers à 800 DA, préférant plutôt gagner 10 000 DA par jour dans le
trafic de carburant», explique ce connaisseur de la région.
La contrebande de carburant explose Â
A la sortie de Tlemcen, une interminable file de voitures est imposante sur toutes les stations de carburant. «En
majorité, ce sont des helaba, (terme désignant les trafiquants de carburant) qui font la chaîne», dit le chauffeur de taxi.
A l’extrême ouest du pays, l’exportation illégale de carburant est un véritable phénomène de société. Il y a qu
un bus acquis à la faveur du dispositif Ansej a été intercepté par des douaniers. Le chauffeur est interpelé en flagrant dÃ
de trafic de carburant. Au total, près d’un million et demi de litres de carburants ont été saisis, en 2011, par les
gendarmes et les douaniers. Le nombre de litres de carburant exportés illégalement est inestimable. Pas moins de 5000
gendarmes sont déployés tout au long de l’axe frontalier. Les douaniers, quant à eux, sont beaucoup moins dotés en
moyens humains et matériels. Leur effectif ne dépasse pas les 200 agents. Leur tache est immense.
Le trafic est juteux. «Un helab gagne jusqu’à 10 000 DA par jour. Les transporteurs poids lourds font jusqu’à 30 000 D
de recettes par jour en acheminant le gazole», révèle un observateur. «Des transporteurs poids lourds, poursuit ce
dernier, viennent par exemple de Kabylie et d’ailleurs pour s’installer en famille à Maghnia et y travailler dans le trafic de
carburant», relate un habitant. Un nombre inestimable de personnes issues des quatre coins du pays exercent à l’ouest
du pays comme des helaba. Ce business lucratif a explosé ces dernières années. Le carburant est stocké dans des
jerrycans qui seront par la suite acheminés de l’autre côté de la frontière à dos d’âne. Un jerrican de 20 litres de
acheté dans la station d’essence à 400 DA est revendu près du tracé frontalier à 1400 DA. En parallèle à la contreb
le narcotrafic sévit également. Gendarmes et douaniers font souvent des prises spectaculaires.
La solution est politique
Pour les économistes, la fermeture de la frontière n’est pas une solution qui freinera la contrebande. Et pour cause, M.
Rachdi, économiste, plaide pour l’instauration d’une politique de subvention des biens de consommation qui ciblerait le
classes démunies et libérer tous les prix. Ainsi, pour lui, on éradiquera une bonne fois pour toutes les trafics et
l’exportation illégale des produits subventionnés, à l’image des carburants, les laitages et les céréales, chèrem
en devises fortes. L’harmonisation des politiques de subvention entre les deux pays freinera aussi les trafics. M. Rachdi
souligne la nécessité pour les pays du Maghreb d’harmoniser leurs règlementations douanières permettant d’insta
une zone de libre-échange.
Un opérateur de Maghnia estime que la réouverture de la frontière algéro-marocaine créera des opportunités
d’investissement pour les entreprises des deux pays, à l’image du partenariat déjà existant entre des PME algérien
tunisiennes.(Entre l’Algérie et la Tunisie, les droits des Douanes sont très réduits. Ainsi, des opérateurs algériens
importent de l’électroménager du monde entier, font le montage en Tunisie et apposent le sceau «Made in Tunisie»
pour bénéficier de rabattement des droits des Douane.
Contrairement à l’Algérie, le Maroc est membre de l’OMC. Le royaume a aussi conclu des accords douaniers avec lâ€
européenne, les Etats-Unis d’Amérique, des pays arabes et la Turquie se traduisant par un démantèlement progressif
des droits de douane qui ont disparu pour la majorité des échanges commerciaux, cette année. Avec cette nouvelle
donne, les biens de consommation deviennent de moins en moins chers pour les consommateurs algériens qui
traverseront la frontière, une fois cette dernière sera ouverte. «A défaut de produire en Algérie, au lieu d’importer dâ€
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ou d’Amérique, et de contrées lointaines, il vaut mieux acheter chez nos frères marocains», dit un habitant de
Maghnia.                              Â
http://www.elwatan.com/economie/algerie-maroc-quand-le-business-ouvre-la-frontiere-06-02-2012-157868_111.php
Hicham El Moussaoui. Enseignant-chercheur à l’université sultan moulay Slimane (Maroc)
«La réouverture de la frontière aura un impact positif pour les deux pays»El Watan, 6/2/12, propos recueillis par Cherif
Lahdiri
Hicham El Moussaoui est enseignant-chercheur à l’université sultan moulay Slimane et analyste pour le projet
www.unmondelibre.org. Dans cet entretien, il affirme que l’ouverture de la frontière algérienne pourrait constituer un
déclic, un point de départ pour relancer la coopération entre les deux pays dans plusieurs domaines.
-Quel impact aura la réouverture de la frontière algéro-marocaine sur les populations locales ?
En principe, la réouverture de la frontière algéro-marocaine aura un impact positif, car les deux économies présentent
une complémentarité qui mérite d’être développée. Les deux seraient gagnants : l’économie marocaine pro
probablement d’un approvisionnement en énergie avec un meilleur coût et aussi diversifiera ses débouchés en dehor
du marché européen, l’économie algérienne qui souffre de polarisation autour des hydrocarbures pourrait développ
compétitivité et sa diversification en se mesurant aux entreprises marocaines avec qui la concurrence serait moins rude
que sur les marchés étrangers. Ainsi, cette réouverture permettra l’augmentation de la taille de marché disponible po
les entreprises des deux côtés, ce qui favorisera la création de nouvelles opportunités d’investissement.
La stimulation des échanges et des investissements sera bénéfique aux populations marocaine et algérienne dans la
mesure où elle permettra aux consommateurs d’avoir plus de liberté de choix avec un bon rapport qualité-prix, mais aus
aux jeunes d’accéder à plus d’opportunités d’emploi quand les entreprises au Maroc et en Algérie ont plus de
profiteront des économies d’échelle permises par un marché de près de 70 millions. La restructuration des secteurs
informels dans les deux économies permettra de doper la croissance dans les deux pays avec la création de plus
d’emplois, ce qui signifie plus de recettes pour l’Etat afin de financer les projets sociaux. Cela dit, l’ouverture de la
frontière ne pourrait donner ses fruits que si elle est accompagnée de mesures concrètes visant à lever toutes les
entraves (douane, bureaucratie…) à la libre circulation des flux de biens et d’investissement.
Si l’ouverture de la frontière est nécessaire pour la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux, elle reste
insuffisante si elle n’est pas accompagnée de vraies réformes structurelles visant à rendre les deux économies voisine
très attractives pour accueillir ces flux. Par conséquent, l’ouverture de la frontière algérienne pourrait être vue comme
un déclic, un point de départ pour relancer la coopération entre les deux pays dans plusieurs domaines, et c’est cette
coopération qui va réellement permettre le développement des échanges, des investissements, ce qui va améliorer le
niveau de vie des deux populations marocaine et algérienne.
-Des habitants des villes frontalières algériennes, à l’image de Maghnia estiment que les produits algériens
subventionnés deviendront plus chers et rares si la frontière est ouverte. Qu’en pensez-vous ?
La réouverture de la frontière va certainement accentuer ces flux comme on en voit partout ailleurs dans toutes les
régions frontalières (France-Belgique par exemple). Cela bien évidemment va exercer une pression sur la demande, ce
qui en principe les rendra rares et donc plus chers. Cet effet ne pourrait se concrétiser que si, d’une part, le
gouvernement algérien retirait ses subventions, et d’autre part, l’offre des biens ne s’ajuste pas.
Si à très court terme, on pouvait assister à une augmentation des prix suite à la réouverture, cette hausse ne sera pas de
longue durée. D’abord, au regard du contexte de tension sociale, il est peu probable que le gouvernement laisse filer les
prix des produits subventionnés, même si ça profitait aussi aux consommateurs marocains. Ensuite, parce qu’à moyen
et à long termes, et si l’on assiste à une réelle ouverture des marchés, à la démonopolisation du commerce extérie
l’instauration d’une vraie concurrence dans les filières concernées, cela se traduirait par une augmentation de l’o
permettra non seulement de rendre les produits plus disponibles, mais aussi moins chers.
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Enfin, le renforcement du contrôle est nécessaire pour limiter le trafic des produits subventionnés. Avec la réouverture de
la frontière, cela pourrait faire l’objet d’un partenariat où les autorités marocaines et algériennes coopéreront en m
en commun leurs moyens pour prévenir les phénomènes de contrebande et de trafic de produits subventionnés.((
-Quelles sont les conditions nécessaires pour une meilleure intégration économique du Maghreb ?
Une meilleure intégration économique du Maghreb passe par l’observation de trois conditions :(un changement
d’approche de la construction du bloc maghrébin. Jusqu’à présent, l’attention a été focalisée sur le politiqu
du problème. Nous devons donc orienter notre énergie et nos efforts vers une approche «par le bas» où les jeunes, la
classe moyenne et la société civile, principaux lésés de la situation, ont tout intérêt au changement pour contrebalance
les résistances au changement.
En d’autres termes, en densifiant les échanges économiques, intellectuels et culturels entre les différents pays
maghrébins, les interdépendances entre les différents pays seront telles que les politiques seront mis devant le fait
accompli, celui de la nécessité d’un bloc économique maghrébin intégré. C’est cette coopération informelle
toutes les composantes de la société civile qui servira de socle pour fonder cette intégration.(Deuxième condition pour
promouvoir cette intégration maghrébine est d’enlever tous les obstacles aux échanges entre les différents pays
concernés. Ainsi, une libéralisation du commerce et une ouverture des marchés sont incontournables pour fluidifier le
flux de biens, de services et de capitaux.
Ainsi, les barrières douanières et non douanières, dressées à des fins protectionnistes, de même que les procédures
douanières doivent être simplifiées et automatisées. Dans le même sens, il est important de réduire les couts de
transactions, notamment ceux relatifs au transport et à la logistique. Cela exige, d’une part, un investissement des pays
concernés dans des infrastructures communes, en partenariat entre le public et le privé, notamment les réseaux
terrestres et ferroviaires et portuaires. De même, le développement de chaines logistiques entre les pays maghrébins
donnera certainement un coup de fouet aux échanges intramaghrébins. Et pour promouvoir les flux d’investissement
entre les différents pas maghrébins, une libéralisation du secteur financier et bancaire est primordiale.
Enfin, pour que cette ouverture profite aux acteurs locaux, il est incontournable que le tissu productif soit en mesure de
profiter des opportunités offertes par cette ouverture, mais aussi relever les défis de compétitivité que cela impose. Par
conséquent, le développement de l’entrepreneuriat est une condition sine qua non de l’intégration maghrébine. C
passe par une amélioration radicale de l’environnement des affaires dans les pays maghrébins pour que les différentes
économies deviennent des réceptacles attractifs, surs et rentables pour les capitaux. Malgré certains progrès, le chemin
est encore long, car les investissements ne sont pas encore assez protégés en raison d’une justice asservie aux
politiques, mais aussi une fiscalité rédhibitoire.
Aussi, la corruption et le clientélisme ainsi que la complexité bureaucratique sont très décourageants aussi bien pour les
investisseurs locaux qu’étrangers. L’amélioration de la gouvernance est ainsi un élément clé dans la course au
des IDE mais aussi de la stimulation des investissements. C’est la libération de toutes les forces entrepreneuriales de
toutes les contraintes (intellectuelles, sociales, politiques et économiques, ainsi que la garantie d’un débouché permett
leur expression, qui permettra de réussir l’intégration maghrébine.
-L’instauration d’une monnaie unique au Maghreb est-elle une bonne idée ?
Je ne pense pas que la création d’une monnaie maghrébine soit une priorité dans la construction de l’édifice ma
pour deux raisons : primo, parce que la plupart des espaces et communautés économiques que l’on connaît ne se son
pas construits sur la base d’une monnaie commune, secundo, la création de cette monnaie sans y avoir préparé les
préalables risque de créer plus de problèmes qu’il n’en résoudra. La leçon européenne prouve qu’il ne su
mettre en place quelques règles communes pour que la monnaie unique fonctionne. Ainsi, une banque centrale
maghrébine et une politique monétaire commune seraient insuffisantes. La mise en place d’une monnaie unique exigera
aussi des politiques budgétaires communes, ce qui nécessite une coordination efficace à toute épreuve entre les
différents gouvernements maghrébins et donc une stratégie économique commune, ce qui est loin d’être le cas et s
difficile à réaliser du moins à court et à moyen terme. Car pendant que la Tunisie et le Maroc suivent des politiques semilibérales, l’Algérie est toujours prisonnière d’une politique interventionniste où l’Etat est l’acteur principal.
La construction d’une monnaie maghrébine doit plutôt être le couronnement de la construction de l’espace économ
politique maghrébin, quand on aurait développé les infrastructures institutionnelles nécessaires pour une réelle
intégration et quand on aurait réalisé une réelle convergence entre nos différentes économies. Il sera très dangereux
donc pour l’intégration maghrébine de mettre en place une monnaie commune dans un espace qui demeure
politiquement et économiquement non unifié. Pour survivre, une union monétaire a besoin, au minimum, de partager des
valeurs économiques et politiques. L’exemple de l’euro est très édifiant à cet égard.           Â
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