Notes pour "Hommage à l`iris de Suse" La - Jean

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Notes pour "Hommage à l`iris de Suse" La - Jean
Notes pour "Hommage à l'iris de Suse"
La sculpture dessinée pour le Clos des Fleurs est une forme haute destinée à se glisser dans
les perspectives nouvellement construites du quartier.
Elle semble tour à tour hiératique et ondoyante en un mouvement discret dans la lumière et
les volumes de cet environnement.
Cette présence, je la souhaite aussi faite d'une retenue, un apprivoisement de la forme par
l'habitant, le passant. Il y a là contenue l'impression d'une durée nécessaire pour voir la
forme.
En ce sens; elle n'est pas qu'une sculpture signal dont la forme nous saisit d'un regard, et si
du premier coup d'oeil, elle doit nous surprendre, c'est pour mieux nous retenir par l'envie
d'une lecture plus longue qui révéle la particularité de sa construction et sa mise en situation.
Cette sculpture, davantage encore que bien d'autres du fait de sa destination, est donc
dessinée pour jouer de ces perspectives sur les montagnes, car ici toutes nous orientent vers
des lointains différents, nous situent.
Cette sculpture n'illustre pas une idée, avec un message donné, univoque.
Elle propose plutôt des appels de formes ouverts sur des figures et des poétiques différentes.
La polysémie par laquelle peuvent s'imaginer: par exemple, une grande dame, un oiseau, une
plante, la jonction des vallées,... devient l'idée même d'un carrefour de visions, dans ce
quartier de Grenoble en plein renouvellement.
C'est ainsi que pour la nommer m'est revenue l'envie de rendre hommage à cette oeuvre de
Jean Giono: "l'iris de Suse", dont voici ci-dessous sa propre présentation :
"L'iris de Suse n'a jamais été une fleur (il n'y a pas d'iris à Suse); c'était en réalité un crochet de
lapis-lazuli qui fermait les portes de bronze du palais d'Artaxerxès (voir Mme Dieulafoy).
Ici, il n'est qu'un os minuscule, pas plus grand qu'un grain de sel (au surplus inventé) qui crochète
la voûte crânienne des oiseaux.
Que de merveilles dans un crâne d'oiseau (imaginez!), autant que dans un palais persan.
J'ai eu plusieurs fois l'intention d'intituler ce récit L'invention du zéro; en effet, un de mes
personnages est en définitive amoureux de ce symbole qui remplace dans la numération finie les
ordres d'unités absentes et multiplie ainsi à l'infini toutes les mathématiques.
C'est aller plus loin que la lune, mais qui le saura?"
(Jean Giono, texte de présentation de l'édition originale)
Jean-Patrice Rozand, 5 décembre 2011