La bataille des ondes - Texte images en liberte
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La bataille des ondes - Texte images en liberte
Sommaire ● Spectacles - Loisirs 35 à 38 ● Cinéma 39 ● Par les temps 45 ● Télévision 48 ● Sports 42 à 44 En 2006, les fréquences radiophoniques vont être replanifiées par le CSA La bataille des ondes : les grandes radios grignotent les petites ■ Dans les studios, on s’interroge. En 2006, le Conseil supérieur de l’Audiovisuel va mettre à plat les fréquences radiophoniques qui ont été distribuées à partir de 1981, date de la libération des ondes FM. Nées d’un véritable boom des années 80, les radios locales qui ont perduré jusqu’à aujourd’hui, se sentent un peu sur le fil du rasoir. Garderont-elles leurs ondes d’émission ? Ont-elles toutes un rôle à jouer sur l’antenne ? Face aux géants de la radio dont les ambitions tentaculaires gagnent du terrain, il faut défendre son identité . Un regard sur nos radios locales. Armelle Belaunde buts) ou encore RKB. Elles n’ont pas les mêmes statuts, ni le même cahier des charges suivi par le CSA à qui elles rendent compte de leurs activités, mais leur vocation d’information du pays y trouve une large place. Dernièrement, depuis l’annonce récente du projet de loi Baguet qui souhaite replanifier la distribution des ondes, il y a eu un lever de boucliers des syndicats qui soutiennent les radios locales. Car en effet, les majors de l’information radiophoniques tentent de faire pression sur le Conseil supérieur de l’audiovisuel pour récupérer des ondes FM (retirées éventuellement aux petites radios) afin de continuer leur progression géographique. Les radios locales sont donc dans l’expectative. Les plus pessimistes, se voient disparaître de la bande FM jugée trop chargée, alors que certaines, sûres de leur maintien, y voient la possibilité d’obtenir une autre fréquence pour émettre un peu plus loin. Nos radios locales n’ont donc pas dit leur dernier mot. A nnées 80 : On dit que ce sont les années de la radio. Tout a commencé en 1981, quand le candidat aux présidentielles François Mitterrand crée une radio pirate pour sa campagne électorale. Il promet de libérer les ondes et c’est ce qu’il fit. Alors que l’on n’entendait jusqu’alors dans le poste que les radios des grandes ondes comme Europe 1, RTL ou RMC, des voix nouvelles ont pris le micro sur la bande FM. Et les radios associatives locales émergent un peu partout sur le territoire français. C’est l’âge d’or des radios locales qui se lancent dans une aventure qui subit peu ou prou de réglementations. Un bon nombre d’entre elles ne dureront pas mais les plus résistantes s’inscrivent comme un reflet de la vie locale dont elles tirent leur force. Parallèlement aux petites radios, celles que l’on appelle « réseaux » perçoivent qu’il y a un enjeu économique à s’étendre un peu plus. Skyrock initie le mouvement en demandant le droit d’obtenir plus de fréquences pour diffuser plus loin que Paris. Puis NRJ, Fun radio… C’est alors que la publicité envahit les ondes gagnées par une logique commerciale d’acier : des petites radios se font avaler intégralement, d’autres finissent par intégrer des émissions ou programmes (fabriqués le plus souvent à Paris), réservant quelques plages horaires aux émissions locales. Beaucoup de radios libres se trouvent alors happées et les micros perdent peu à peu leur caractère local. Beaucoup deviennent «typées» comme , par exemple, Chérie FM qui vise un audimat plutôt féminin en passant des chansons d’amour, bien sûr. Victime de son succès, la bande de Fréquence Modulée est dès lors envahie par les réseaux. Toute ? Non, car il y en a qui n’ont jamais cessé d’affirmer leur identité. Ce sont, par exemple, Trégor FM (ou Radio Pays de Trégor, pour ceux qui se souviennent de ses dé- Fréquences Info Radios périphériques : Diffusées sur les grandes ondes. Ce sont France Inter, Europe 1, RTL, RMC Radios associatives locales : Sur la bande FM, ce sont par exemple, RKB, Radio Fréquence Cormoran Radios locales privées : Type Trégor FM sur la bande FM Les réseaux : Émissions faites à Paris et diffusées par satellite en France. Tendance à grignoter du terrain sur la bande FM, avec des décrochages locaux. Ce sont Skyrock, NRJ, Nostalgie, Chérie FM (dirigée localement à Kermaria-Sulard par Loïc Jan), RFM Décrochage : Correspond au temps consacré à des informations locales dans une programmation faite d’émissions venant des réseaux Les jeunes ont la parole, comme ici dans le studio de RKB. Radio Kreiz Breizh est purement associative Le 102.9 : la radio de pays bilingue E Se former sur le tas, rien de mieux pour libérer ses passions. lle existe depuis 1982. Sur les quatre radios associations bretonnes, elle est la radio bilingue la plus ancienne et aussi la seule en son genre dans les Côtes d’Armor. RKB est solidement implantée dans son petit bourg de Saint-Nicodème, dans un paysage de lande entre Callac et Carantec. A l’antenne, tout est « fait maison » : magazines, couvertures des foires et festivités, interviews, annonces pour les associations, slogans d’accroche, jeux, journal d’info de pays, du direct etc. La radio émet sur le Finistère et couvre tout le Trégor avec ses trois émetteurs. Elle vit uniquement de subventions publiques et d’autofinancement par le biais des annonces diffusées et par les adhésions qu’elle recueille. Cinq salariés font fonctionner la radio qui jouit d’une installation et d’un équipement très professionnels. Christian Rivoalen dirige RKB. « Avant la radio, dans le secteur, les gens s’échangeaient des cassettes qui circulaient et qui relataient la vie communale, c’était un journal d’info en breton. En 1981, quand il a été possible de lancer des radios libres, c’est tout naturellement qu’est née RKB, radio bilingue qui est à l’image de notre pays où l’on parle beaucoup breton. » La radio s’enorgueillit d’un jingle inventé par la chanteuse Marthe Vassalo: « Toutes les couleurs sont bonnes, je ne sais pas qui en est la source mais elles sont sur RKB. » Sans prétention, Christian affirme qu’il considère le tra- Derrière une voix, une tête : Christian Rivoalen anime RKB. vail de son équipe comme un vecteur de lien social. « La liberté d’expression peut nous filer entre les doigts si les petites radios disparaissent. RKB n’est pas menacée je pense car elle est très présente et implantée depuis longtemps, mais beaucoup d’autres petites radios vont l’être. La redistribution des ondes n’est pas quelque chose d’anodin pour la vie radiophonique. Je reste optimiste, car vraiment, je ne vois pas ce qui pourrait remplacer une radio locale. Les auditeurs sont nombreux, vous savez ! » Suite page 34