Extrait du banc d`essai du lecteur Lector CDP-7T par Rob

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Extrait du banc d`essai du lecteur Lector CDP-7T par Rob
Banc d’essai du lecteur Lector CDP-7T par Rob Moores, en mars 2007, paru sur :
Lecteur CD : Lector audio CDP-7T
La lecture du banc d’essai dans The Absolute Sound, de ce prétendu tueur de Lector CDP-7T m’a intrigué
et amené à en emprunter un exemplaire au distributeur UK, afin de me faire une opinion par moi-même et
sur écoute. S’agissant de la haute-fidélité italienne, les images qui me viennent à l’esprit sont celles
d’exquis joyaux audio, magnifiquement conçus et fabriqués. De toute évidence, ce Lector va à l’encontre
de ce cliché. Ce lecteur ne donne pas l’impression d’être une pièce d’horlogerie suisse construite avec un
souci maniaque du détail, il ressemble plutôt à une réalisation manuelle d’un petit artisan habitant un
minuscule village niché dans les montagnes d’Italie ! Au mieux, il paraît élémentaire, au pire
rudimentaire.
À quoi avez-vous droit pour la somme de £2000 ? Mis à part le cordon secteur, la télécommande et le
palet, vous êtes gratifié de deux boîtes noires. La plus petite des deux contient l’alimentation. L’autre,
presque deux fois plus large, abrite la mécanique de transport, le convertisseur et les tubes ! Il est orné de
deux joues en bois pour lui donner un aspect haut de gamme. La pratique de la déforestation au profit de
la décoration des appareils audio semble être une exclusivité italienne ! Il y a bien sûr, à cela, des
arguments sonores : le bois est supposé amortir le châssis et le rendre plus inerte mais, d’un point de vue
esthétique, l’effet est parfois aléatoire ! Dans le cas du Lector, ce n’est trop mal, mais les audiophiles
étant assez superficiels, il n’a pas une chance d’être préféré en comparaison visuelle à un Musical Fidelity
ou autre Cyrus ! Il n’y a, au Royaume Uni, que très peu de revendeurs distribuant la marque Lector et il
ne paraît pas difficile de dire pourquoi ! Avant d’en conclure que ce Lector n’ait que l’allure d’un appareil
bon marché, permettez-moi d’affirmer qu’il n’en est rien ! Il est solidement et parfaitement assemblé
seulement, il le cache. Comme on le dit, il ne faut jamais juger un livre sur sa couverture !
Le chargement d’un CD se fait après avoir fait glisser la trappe en plastique située sur la gauche du capot
du transport. Une fois le disque placé sur l’axe, le palet magnétique les solidarise. La fermeture de la
trappe entraîne la lecture de la table des matières du CD. L’afficheur, simple, est sur la droite de la façade
et est parfaitement lisible à près de 5 m. Il peut être éteint par l’action d’un interrupteur placé en face
arrière, ce qui, pour d’obscure raison, rend la télécommande inopérante. Etrange ! J’ai utilisé le lecteur
avec l’afficheur allumé et l’afficheur éteint sans pouvoir déceler de différence suffisante pouvant justifier
d’avoir à me lever de mon siège à chaque fois que je voulais choisir une plage différente !
J’ai installé le Lector sur mon meuble Henley d’aluminium et de verre et l’ai relié à l’amplificateur Pathos
Logos par des câbles de modulation Chord Cobra 3. Je n’ai pas utilisé de moyen d’isolation du lecteur et
n’ai pas ressenti le besoin d’explorer cette voie. Il est possible qu’un protocole d’expériences soit d’un
apport dans ce domaine mais, pour ce banc d’essai, j’ai intentionnellement utilisé ce Lector tel qu’il était,
au sortir de son carton.
J’ai placé un CD en mode répétition pour quelques jours puis je me suis installé pour écouter quelques
autres disques. La première impression a été que, contrairement à son allure fruste d’appareil d’une
centaine de dollars, il sonne comme un lecteur qui en coûterait un million ! Bon, peut-être pas autant,
même le plus élevé du haut de gamme n’atteint pas une telle somme, mais pour dire que dès les premières
notes, cette machine fut déconcertante. Je me suis trouvé incrédule, à me demander comment ces boîtes
noires sans prétention pouvaient produire un son aussi enchanteur, au médium aussi éthéré, au grave aussi
puissant et à l’aigu aussi délicat, au point d’avoir beaucoup de mal à me convaincre que j’étais en train
d’écouter un lecteur à 2000 Livres !
La première chose qui m’a frappé fut le bas du spectre. Je ne m’attendais pas du tout à ce que ce lecteur
produise une telle quantité de grave d’une telle qualité ! Des écoutes précédentes de « Broken Wings » par
Dougie Maclean extrait de son fantastique album Marching Mystery m’avaient déjà alerté de la présence
d’un bodhran (un tambour de facture irlandaise) ponctuait avec lenteur mais insistance le jeu sublime à la
guitare acoustique et le chant de Dougie Maclean. Le Lector m’a révélé bien davantage de cet instrument.
Sa part, dans le chant, sans devenir une intrusion, était alors devenue plus mélancolique. Son battement
puissant faisait avancer la chanson tel un battement de cœur. Chaque frappe sur le tambour avait
maintenant une forme, un impact et, plus important, une justification. J’en fus tellement absorbé que je
n’accordais plus réellement d’attention à rien d’autre et qu’il me fallut une nouvelle écoute. Ce n’est
qu’une fois passé le choc produit par cette performance dans le grave, que j’ai pu apprécié les autres
qualités de ce lecteur Lector !
Chaque détail du pincement des cordes de la guitare de Maclean et chaque inflexion de sa voix, était
reproduit comme si le concert avait lieu dans le local d’écoute, alors qu’en même temps un vaste et
profond panorama s’étendait par delà le mur arrière. Chaque chose était présente pour être entendue et ce
ne fut pas que pour ce seul enregistrement. Le Lector semblait à même de s’adapter à n’importe quel style
musical, sans fanfare, sans manière ! J’ai pu savourer les disques, les enchaînant les uns après les autres,
sans me questionner avec un entêtement d’audiophile sur tel ou tel aspect de l’interprétation.
Mon lecteur CD est un Wadia 302, coûtant, au UK, à peu près le double du prix du Lector. Je l’ai acquis
il y a plus d’un an et suis ravi de son rendu sonore. Je l’ai relié en symétrique à l’entrée de l’amplificateur
Pathos afin de tirer le meilleur parti de la topologie des circuits des deux appareils, la meilleure manière
de les utiliser. Le Lector est dépourvu de sorties symétriques, je n’ai donc pu le relier qu’en liaison de
modulation asymétrique. Je ne disposais que de câbles de modulation, à priori, inférieurs à ceux que
j’utilisais avec le Wadia.
Après avoir écouté quelques disques avec le Lector, j’ai fait de même avec plusieurs d’entre eux sur le
Wadia. Sans disséquer les mérites de chacun, il m’a paru évident que le Lector faisait mieux, à moitié prix
du Wadia ! Le Wadia fait tout ce qui lui est demandé mais il le fait comme un appareil hi-fi : pour ne citer
que deux aspects, mais exemplaires, la restitution du grave et celle des détails. L’impression du Wadia
était celle dont j’avais l’habitude : l’écoute de pièces distinctes d’un puzzle musical ; à moi de faire
délibérément l’effort nécessaire de relâchement pour « entendre l’image » dans sa totalité. Rien de cela
avec le Lector.
D’un point de vue matériel ou esthétique, le Lector fait figure de pauvre. On trouve sur le marché, dans la
même gamme de prix, des lecteurs Ayre, Linn, Copland, pour n’en citer que trois. Chacun d’eux a des
arguments visuels bien plus convaincants que le Lector ; ne dit-on pas que la beauté est dans les yeux de
celui regarde ! On dit aussi que la beauté n’a que l’épaisseur de la peau et sur ce plan, le Lector triomphe !
À mon avis, en termes de qualité sonore, le Lector appartient à une catégorie supérieure et en offre
largement plus qu’il en coûte
L’« upgrading » (évolution ou mise à jour) est un concept qui sévit un peu partout, de la publicité des
magazines aux diatribes des critiques, désignant la prochaine tendance. Je pense que la plupart des
transformations apportées à un système sont de purs changements qui ne sont pas nécessairement une
amélioration mais de simples différences. Si ces différences vous branchent, alors tant mieux, mais pour
bon nombre d’entre nous qui sacrifions beaucoup à notre passion hi-fi et pour la plupart des ménages,
l’achat d’un lecteur CD à £2000 n’est pas en tête de liste des priorités ! Si vous pouvez toutefois faire un
tel investissement dans un lecteur qui offre de meilleures performances qu’un autre coûtant le double,
mettez vos envies d’évolution en pratique car vous savez maintenant qu’il vous faudra dépenser plus de
£5000 pour en acquérir un encore meilleur ! À mon sens, le Lector tient d’un petit miracle dont les
prodiges valent qu’on le chérisse !
Rob Moores

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