Réussir l`action de l`État en Provence-Alpes-Côte d`Azur, nº
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Réussir l`action de l`État en Provence-Alpes-Côte d`Azur, nº
Réussir l’action de l’Etat en Provence-Alpes-Côte d’Azur Vue de Marseille n° 18 – octobre 2013 LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE, MODÈLE DE CROISSANCE RÉGIONALE DURABLE ET SOLIDAIRE Dossier/Entretiens La DREAL et l’ADEME, outils stratégiques de l’État pour construire la transition énergétique en Paca : - Thierry Laffont, directeur régional de l’ADEME Paca, - Anne-France Didier, directrice régionale de la DREAL Paca. Zoom - La réhabilitation thermique, arme de réduction massive de la précarité énergétique, Une Opération d’intérêt national expérimente la ville durable en Méditerranée, - L’Éco-Vallée plaine du Var, territoire démonstrateur de la transition énergétique. Regards dans nos départements - L’eau potable d’Allos, source d’énergie renouvelable, - Le choix du bois et une volonté de faire, à Embrun, - Les smart grids : un moyen d’optimiser la production et la consommation d’électricité solaire, - Vents favorables pour l’éolien offshore flottant, - Pôle Mer Méditerranée, moteur de compétitivité, - Les beaux fruits de la méthanisation à la ferme l’Isle sur la Sorgue. Directeur de la publication : Gilles BARSACQ, secrétaire général pour les affaires régionales. • Rédacteur en chef : Tessa FRECHIER-MEY, chef de la communication régionale. • PRÉFET DE LA RÉGION PROVENCE-ALPES Rédacteurs : ADEME, DREAL, CÔTE D’AZUR SGAR / Béatrice TONINI, Michel GIORIA, Augustin AUBERT, Astrid OLLAGNIER, Karine LISIECKI-MOTTET, Martine MARTINI, Yves LE-TRIONNAIRE, Tessa FRECHIERMEY, Jérôme LAFON. • Infographie : Sandrine BAGNIS. En ProvenceAlpes-Côte d ’A z u r, d e s milliers de citoyens, d’élus, de professionnels, d’associatifs et d’experts ont participé aux 66 rendez-vous de réflexion et d’échanges proposés au printemps par l’Etat et le Conseil régional dans le cadre du débat national sur la transition énergétique. La synthèse du débat national, signée par toutes les parties, est la marque du consensus largement partagé par les Français que la transition énergétique est indispensable pour notre société. En Provence-Alpes-Côte d’Azur nous devons plus encore qu’ailleurs nous engager dans cette ambitieuse mutation. Affirmée par l e président de l a République lors de la conférence environnementale des 20 et 21 septembre 2013, cette dynamique se concrétisera notamment dans une grande loi de programmation. La transition énergétique signe notre passage d’une société de consommation des énergies fossiles à une société décarbonée, tournée vers la sobriété et l’efficacité énergétiques. Les objectifs que se fixe la France reflète cette ambition : contenir l’évolution des températures en deçà de 2°C à l’horizon de 2100, diminuer de 30% la consommation des énergies fossiles en 2030, réduire de 50 % notre consommation d’énergie finale à l’horizon 2050. Cet élan se concréti se dans une dynamique de solutions, en particulier sur les territoires, et les projets présentés dans cette édition de Réussir en témoignent : la transition énergétique est une réalité en Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’Etat entend agir sur tous les leviers, incitatifs et régaliens, de sensibilisation et de mobilisation des acteurs régionaux pour accompagner et accélérer cette transition en région. Le formidable potentiel qu’elle révèle ne se mesure par seulement en mégawatts produits ou en tonnes de gaz à effet de serre non émis, mais aussi en empl ois, en croi ssance économique, en justice sociale. La transition énergétique suscite les innovations qui portent les germes de filières industrielles performantes et de compétences nondélocalisables, elle stimule le volontarisme politique des territoires, elle amène davantage de cohésion sociale en permettant l’accès équitable à l’énergie et ses bénéfices en termes de mobilité, de qualité de vie et de réduction de la précarité. Michel CADOT Préfet de la zone de défense Sud Préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur Préfet des Bouches-du-Rhône Dossier - Entretiens La DREAL et l’ADEME, outils stratégiques de l’État pour construire la transition énergétique en Paca Collectivités, associations, entreprises, particuliers… Les acteurs régionaux de la transition énergétique réalisent leurs projets avec deux interlocuteurs majeurs : une agence d’incitation et de moyens, l’ADEME, un service régalien et facilitateur, la DREAL. L’une et l’autre interviennent en cohérence avec les politiques publiques nationales et régionales, sous l’autorité du Préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Thierry Laffont, directeur régional de l’ADEME Paca : « Notre vocation, c’est susciter et accompagner les initiatives et innovations qui feront la transition énérgétique et écologique de notre pays». en connaissances nouvelles, recherche appliquée (via des pôles de compétitivité comme le Pôle Mer Méditerranée), développement expérimental (du type de Vertiwind ou Nice Grid), opérations de démonstration et opérations exemplaires (telle l’unité de méthanisation des Vergers du Mourgon), généralisation. Le saviez-vous ? Quelques mots pour définir l’ADEME et son action : L’Agence pour l’environnement et la maîtrise de l’énergie est un établissement public, placé sous la tutelle conjointe du ministère en charge de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, et du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, la direction régionale de l’ADEME mobilise une équipe d’une trentaine de personnes pour contribuer, en étroite collaboration avec les autres services de l’Etat (notamment la DREAL, la DIRECCTE, la DRAAF,…) à la mise en œuvre des politiques publiques sur plusieurs grandes thématiques environnementales : - efficacité énergétique et énergies renouvelables, - préservation des sols, des ressources et des matières premières, - gestion des déchets, - qualité de l’air, - lutte contre le bruit. Thierry Laffont © TERRAZ/ADEME. Comment l’ADEME favoriset-elle la transition énergétique en Provence-Alpes-Côte d’Azur ? Thierry Laffont : Notre vocation, c’est de lever les freins de la transition énergétique, de faire sauter les verrous technologiques, organisationnels et socio-économiques, et ainsi faciliter l’émergence des biens, des services et des modes de gouvernance d’une société plus sobre en énergie et en carbone. Pour cela, l’ADEME accompagne une grande diversité de projets, à différents stades : recherche Notre logique d’intervention s’inscrit donc dans un continuum qui va de l’identification de questions de recherche au déploiement de solutions. Pour favoriser et susciter l’émergence de projets, tout au long de ce continuum, nous soutenons les initiatives de veille, observation, sensibilisation, communication, animation territoriale et sectorielle visant à mobiliser ses acteurs. Quels sont les moyens d’actions concrets de l’ADEME en Paca ? Thierry Laffont : Nous mettons nos expertises techniques, accompagnements méthodologiques et aides financières à disposition des collectivités, administrations, acteurs de l’économie, associations, chercheurs... Lire la suite Retour au sommaire Dossier- Entretiens Notre appui passe par différents dispositifs adaptés à chaque objectif, cible et nature de projet (appels à projets, appels à manifestations d’intérêt, projets de gré à gré...), déclinés dans les grands programmes que sont le Fonds Chaleur, le Fonds Déchets, les Investissements d’Avenir, l’Accord-cadre État-Conseil régional-ADEME... Notre implantation régionale favorise une approche de proximité, la recherche de synergies et de complémentarités avec nos différents partenaires, , notamment la DREAL et le Conseil régional. Nous sommes ainsi bien à même de coconstruire avec eux des projets adaptés aux contextes locaux. Je pense par exemple à la valorisation des potentiels de la petite hydroélectricité ou aux réseaux de chaleur bois d’Embrun que nous accompagnons depuis de nombreuses années, ou encore à la réhabilitation thermique des logements sociaux dont nous avons fait émerger les opérations de référence à l’échelle régionale. En 2012, notre action s’est notamment matérialisée par un montant d’aides de 15,6 millions d’euros investis sur le territoire de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Les services de l’État en région accompagnent, au plan réglementaire, technique, méthodologique et avec des financements souvent déclencheurs ou déterminants, tels que les Investissements d’avenir, le Fonds unique interministériel, le Fonds Chaleur renouvelable… La direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) sont en première ligne, avec des logiques d’interventions synergiques. Anne-France Didier, directrice régionale de la DREAL Paca : « Notre mission, c’est de déployer en Paca les politiques d’État pour la transition énergétique ». Le saviez-vous ? Quelques mots pour définir la DREAL et son action : La direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement est le service de l’État chargé de piloter et décliner les politiques de développement durable du ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie, en fonction notamment des priorités issues de la conférence environnementale. 560 agents placés au croisement de nombreuses thématiques de politiques publiques : - territoire et aménagement, - logement, construction et foncier, - biodiversité, eau et paysages, - développement durable, - énergie, climat et air, - prévention des risques, - transports et infrastructures. Anne-France Didier © COM.DREAL. Comment la DREAL favoriset-elle la transition énergétique en Provence-Alpes-Côte d’Azur ? Anne-France Didier : Nous intervenons à la fois dans notre posture historique régalienne, celle du contrôle et de l’expertise, et dans un rôle de « go-beetween », où nous sommes médiateurs et facilitateurs de projets, de process, et de partenariats au service de la transition énergétique. Sur la biomasse par exemple, cette double logique d’intervention est pleinement à l’œuvre. Suite aux appels d’offres nationaux CRE biomasse, deux projets ont été sélectionnés en région Provence-Alpes-Côte d’Azur : le projet E.On de reconversion d’une centrale charbon à Gardanne (13) et la centrale thermique Inova à Brignoles (83). La DREAL accompagne d’une part les industriels concernés pour qualifier les projets et faire en sorte qu’ils soient mis en œuvre dans les meilleures conditions d’approvisionnement, et d’autre part instruit les autorisations ICPE (installations classées pour la protection de l’environnement) Lire la suite Retour au sommaire Dossier- Entretiens qui permettent d’imposer des normes d’émissions plus contraignantes que les standards, dans une région sensible à la qualité de l’air. Chaque fois que nous sommes confrontés à ces opérations à caractère industriel et environnemental, nous nous mettons ainsi en mode projet, en relation avec les autres services et instances de l’État en région. Sur le suivi de la filière biomasse, nous fonctionnons en comité de pilotage, notamment avec l’ADEME et la DRAAF. L’objectif est d’optimiser les délais des procédures administratives sans perdre en route la qualité économique et réglementaire de notre intervention, et tout en développant une capacité de retour d’expériences, de capitalisation et de v alorisation des savoirs vis à vis des partenaires. Habitués à travailler ensemble et très en amont sur des sujets complexes, nos services ont naturellement une vision transversale de leur action. Cette approche se décline maintenant sur de nombreux sujets, transports, smart grids, projets énergétiques innovants… Sur le projet de développement de l’éolien flottant, nous avons mené un travail de médiation poussé entre des interlocuteurs tels que le ministère de la Défense, les industriels, les ser- vices de l’État, avec des enjeux de taille sur la biodiversité, la sécurité en mer, les paysages… pect des règles de construction. Le chantier de la transition énergétique est donc important. Quels sont les enjeux spécifiques de la transition énergétique en Paca pour la Dreal ? La DREAL est bien sûr très présente sur ces thématiques, à travers sa contribution à la définition stratégique des Écocités et à la construction de visions territoriales cohérentes et convergentes : Schémas de cohérence territoriaux (SCoT), Plans locaux d’urbanisme (PLU), Plans de déplacements urbain (PDU), Plans climat-énergie territoriaux (PCET), Agenda 21 locaux et bien sûr le Schéma régional climat air énergie (SRCAE), élaboré avec le Conseil régional. Anne-France Didier : Ils sont multiples ! Le premier, c’est celui de la maîtrise de la demande énergétique dans une région attractive ou croissance démographique et croissance de la consommation d’énergie vont de pair. La lutte contre la précarité énergétique est aussi un enjeu fort : la rénovation thermique des logements sociaux impulsée avec l’ADEME et le Conseil régional doit contribuer à sécuriser la facture énergétique des populations les plus fragiles. La région concentre 3 des 10 premières agglomérations françaises. Les problématiques urbaines sont donc très impactantes en termes de gestion de l’énergie, d’aménagement, ou encore de mobilité, thématique pour laquelle la transition énergétique est clairement un enjeu de santé publique par la réduction des pollutions. Dans le domaine du bâtiment, on observe sur le littoral que les constructions sont de moins bonne qualité thermique que la moyenne. C’est un parc plus collectif qu’ailleurs, avec une population plus âgée, un taux de résidences secondaires plus élevé… Même dans le neuf, on constate des non-conformités sur le res- À ce propos, quels bilans du débat régional sur la transition énergétique et de la consultation publique sur le SRCAE ? Comment les propositions en PACA se distinguent et s’articulent avec les propositions du Conseil national du Débat national sur la transition énergétique ? Anne-France Didier : On a lancé la consultation publique sur le projet de SRCAE en même temps que la déclinaison régionale du débat national. On a vu qu’il y avait une très grande perméabilité entre les deux débats. Le SRCAE a évolué et s’est synchronisé avec le débat national : il sera un outil de mise en œuvre, à l’échelle régionale, des décisions de l’État sur la transition énergétique. Lire la suite Retour au sommaire Dossier- Entretiens En Paca, on constate d’ailleurs des points de consensus très cohérents avec le national. L’idée par exemple qu’il faut entrer activement dans la transition énergétique, parce qu’elle apporte la compétitivité économique, la réduction de la précarité énergétique avec tout ce qui va avec (la justice sociale, la qualité de vie, la mobilité…), les emplois non délocalisables tels que ceux créés par la rénovation dans l’ancien… Autre consensus clé : avant de parler de production, il faut parler d’efficacité énergétique, de performance énergétique dans les bâtiments et les transports notamment. points qui ne font pas encore consensus en Provence-AlpesCôte d’Azur : le développement de l’éolien terrestre par exemple - c’est l’une des rares spécificités du débat régional – et le modèle économique de l’énergie. Et cette idée qu’il faut produire plus d’énergies renouvelables, notamment le solaire photovoltaïque sur les terrains anthropisés. Il y aussi, il faut bien le dire, des Les professionnels défendent plutôt la centralisation, le tissu citoyen et les élus une production répartie et décentralisée sur le modèle d’Embrun. Au-delà de nos services experts, la transition énergétique d’autres représentations de l’État en région, en particulier la prises, la DRAAF pour le secteur de l’agriculture et de la forêt, ou les DDTM auprès des acteurs des territoires, les rectorats devient une priorité d’action pour DIRECCTE au plus près des entrela DIRM pour les activités maritimes pour l’éducation à l’environnement… Retour au sommaire Zoom La réhabilitation thermique, arme de réduction massive de la précarité énergétique Depuis 2010, des appels à projets font émerger dans le parc HLM les bâtiments démonstrateurs d’une haute performance énergétique. Le saviez-vous ? Le parc locatif social de Provence Alpes Côte d’Azur est à 70 % issu des programmes de construction d’après guerre, mis en œuvre entre 1945 et 1975. Les campagnes de réhabilitation successives n’ont pas permis de résorber entièrement le problème de « passoire thermique » dont souffrent les logements particulièrement vétustes et énergivores. Selon l’Association régionale des organismes HLM (ArHLM Paca&Corse), 17 % du parc locatif social régional, soit 47 000 logements, serait concerné. Le risque de précarisation énergétique est très important quand on observe dans le même temps une nette augmentation du nombre des ménages les plus modestes parmi les locataires de logements sociaux. Ces ménages, dont les revenus sont égaux ou inférieurs à 23 819 €/an pour quatre personnes, ont progressé de 5,5 % entre 2000 et 2006 (source Credoc). « En décembre 2008, les ministres européens du logement ont décidé que les fonds Feder devaient aussi servir à améliorer la qualité de vie des plus modestes en luttant contre la précarité énergétique par la maîtrise des charges. Une circulaire de la Datar a donné le feu vert, et en novembre 2009 le premier appel à projets pour la réhabilitation thermique des logements sociaux de Paca était lancé », explique Philippe Oliviero, directeur de l’ArHLM Paca&Corse qui représente tous les bailleurs sociaux régionaux. Signataires d’une convention de partenariat portant sur la maîtrise de l’énergie, la qualité environnementale et le développement durable, l’ArHLM Paca&Corse, le Conseil régional et l’ADEME ont animé quatre appels à projets successifs en 2010, 2011, 2012 et 2013 avec l’appui de la préfecture de région et de la DREAL. Objectif : mobiliser le Feder avec les aides de l’État et des collectivités afin de faire émerger des opérations de réhabilitation thermique suffisamment qualitatives, variées et performantes pour définir l’exemplarité à l’échelle de la région. La barre est placée à un très haut niveau : la consommation d’énergie primaire maximum du bâtiment doit être de 60 kWhep/ m² SHON/an, soit 25 % mieux que le label BBC Effinergie rénovation, et une division par 4 par rapport à la consommation unitaire moyenne du parc. Au bilan, les appels à projets sont un succès, avec 33 opérations retenues, portées par 15 bailleurs sociaux différents dans les Bouches du Rhône, le Vaucluse, le Var, les Alpes-Maritimes et les Hautes-Alpes. Les rénovations thermiques en cours concernent 110 bâtiments, soit 3011 logements pour un total de 244 600 m². Les économies d’énergies attendues à l’issue des travaux atteignent 110 kWh/m²/an. Lire la suite Retour au sommaire Zoom supérieure à la norme pour des logements neufs. Cette opération s’accompagne de progrès en qualité de vie urbaine, avec la requalification de tout un quartier. À Orange (84), la résidence Fourchevieilles (Rue du Bellay Nouveau logis provençal) réalise après réhabilitation thermique une performance énergétique À Saint-Étienne-de-Tinée (06), la réhabilitation du Col d’Auron, gérée par Côte d’Azur Habitat, aboutit à 80 % d’économie d’énergie et à la mise en place d’une chaufferie bois. Un accompagnement social des habitants est programmé dans certains immeubles pour consolider, grâce à un travail sur les usages, le confort et les baisses de charges visés par la réhabilitation thermique. « Ce que les partenaires de cette démarche ont réussi à faire », conclut Philippe Oliviero, « c’est d’articuler une procédure d’appels à projets exemplaires avec une politique de droit commun, contractualisée dans le cadre de l’aide à la pierre sur l’ensemble du patrimoine des bailleurs sociaux, et mise en œuvre par le Conseil régional à travers le programme Région Habitat Énergie Amélioration (RHEA) ». Repères : • 10,15 M€ d’aides Feder (mesures 3.1.1, maîtrise de la demande énergétique) mobilisées sur les appels à projets 2010, 2011, 2012. • 11,5 M€ d’aides attribuées via l’Accord-cadre État-Conseil régional-ADEME. • 91 M€ d’investissements totalisés par les bailleurs sociaux. Une Opération d’intérêt national expérimente la ville durable en Méditerranée Au nord de Marseille, Euroméditerranée explore un modèle urbain économe en énergie avec l’appui des Investissements d’avenir à travers le « Fonds Ville de demain ». Engagée en 1995 par l’État, la Ville de Marseille, la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole, le Conseil régional provence-Alpes-côte d’Azur et le Conseil général des Bouchesdu-Rhône, l’Opération d’intérêt national Euroméditerranée 1 avait pour ambition de stimuler l’attractivité et le rayonnement de la métropole marseillaise entre l’Europe et la Méditerranée. En 2009, l’opération Euroméditerranée élargit son périmètre, avec une extension de 170 hectares entre Cap Pinède, les Arnavaux, le village du Canet et la nouvelle tour CMA-CGM. Ici prend place Euroméditerranée 2, labellisée Écocité par le ministère de l’Écologie. L’Écocité marseillaise porte une ambition de planification urbaine : créer un véritable modèle de ville durable méditerranéenne, aménagée sans étalement urbain, adaptée aux modes de vie et à la géographie. La question énergétique y oc- cupe une place importante, dans une approche alliant modélisation climatique, valorisation des ressources locales et conception urbaine bioclimatique. Plusieurs projets sont soutenus par le fonds Ville de demain géré par la Caisse des dépôts et consignations (CDC) dans le cadre des Investissements d’avenir. Avec pour commencer une première nationale en R&D : la simulation de l’impact clima tique de l’Écocité sur le phénomène d’îlots de chaleur urbain en contexte méditerranéen. Lire la suite Retour au sommaire Zoom Le saviez-vous ? D’Euromed 1 à Euromed 2 : Epaem Euroméditerranée © Euroméditerranée-François Leclercq-TER-Marciano-Sbriglio-Setec. Réalisée par Météo France et le CNRS, soutenue par la Caisse des dépôts, les collectivités et Air Paca, cette étude a permis de vérifier comment les hypothèses d’aménagements d’Euroméditerranée pouvaient réduire ces « microclimats » urbains qui font monter la température et les factures d’énergies (ventilateurs, climatisations…). Les calculs ont validé l’effet régulateur de plusieurs éléments du projet : le parc urbain des Aygalades (trame verte de 14 ha à l’étude dans le périmètre de l’Écocité autour de la résurgence d’un ruisseau marseillais), les jardins en cœur d’îlots, l’albedo* des matériaux, et une boucle à eau de mer également en phase d’études. En produisant du chaud et du froid distribués via un réseau collectif à l’échelle de la façade maritime Nord de Marseille, ce système innovant de thalassothermie contribuerait à l’amélioration de l’efficacité énergétique et au développement des énergies renouvelables. Le principe de boucle à eau de mer est duplicable sur le pourtour méditerranéen, comme peuvent l’être les principes d’un habitat durable développés dans l’Écocité et testés au sein d’un îlot démonstrateur (58 000 m2 de logements, bureaux, hôtel et commerces) mis en chantier en 2014 sur le macro-lot Allar. La haute performance environnementale est visée : mobilité électrique, énergie positive (Bepos), mutualisation des consommations et production d’énergie, architecture bioclimatique… « Nous souhaitons un modèle de qualité de vie qui profite au maximum des conditions naturelles : des cœurs d’îlots ouverts côté mer pour récupérer les brises rafraichissantes, une orientation des bâtiments pour optimiser la ventilation naturelle et tenir compte des phénomènes de vent, des logements traversants, des puits canadiens et provençaux pour rafraîchir les parties communes, etc. Tout cela doit conduire, dans l’usage, à limiter les consommations d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre, et c’est un des enseignements attendus de l’îlot démonstrateur », explique François Jalinot, directeur général de l’Epaem. Près de 20 ans et 3,5 Mds€ d’investissements plus tard, la majeure partie de la programmation est accomplie pour Euromed 1 , les dernières opérations du périmètre initial de 310 hectares sont lancées, et Marseille a changé de visage. Principe cardinal de cette première phase d’aménagements pilotée par l’Établissement public d’aménagement Euroméditerranée (Epaem) : reconstruire la ville sur la ville dans l’équilibre entre équité sociale, croissance économique et respect de l’environnement. Sur le nouveau territoire de projets baptisé Euromediterranée 2, des aménagements sont annoncés selon un protocole financier établi en 2011 entre l’État et les collectivités. Pour cette phase, les investissements publics pourraient atteindre 1 Md€, les investissements privés 3 Mds€, et l’Epaem annonce 20 000 emplois nouveaux à venir, soit autant que ceux créés dans la dynamique d’Euroméditerranée 1. Les services de l’État (Préfecture, DREAL, DDTM…) et l’ADEME sont aux côtés de l’Epaem en apport de réflexion, outils, avis et accompagnement technique avec, par exemple, l’approche environnementale de l’urbanisme. * Indice de réfléchissement solaire. Retour au sommaire Zoom L’Éco-Vallée plaine du Var, territoire démonstrateur de la transition énergétique De la conception urbaine durable à la mise en œuvre des grands projets, l’État travaille avec les collectivités locales pour un aménagement durable du territoire. En 2009, le ministère de l’Écologie labellise 3000 ha de l’ÉcoVallée au titre de la démarche Écocité. Le Fonds Ville de demain, géré par la Caisse des dépôts et Consignation dans le cadre des Investissements d’Avenir, contribue à hauteur de 93 M€ sous forme de subventions et de participations au financement de 12 projets innovants. Parmi ces derniers, une réflexion de fond est conduite sur l’électromobilité, avec la mise en œuvre par la métropole Nice Côte d’Azur du premier système d’autopartage 100 % électrique via le déploiement de 700 points de charge. Du côté des smart grids, ces réseaux électriques intelligents, leur potentiel est exploré avec deux démonstrateurs financés par les Investissements d’Avenir : « Nice Grid » cible les quartiers d’habitat de Carros, « Reflexe » les sites tertiaires et industriels de la Métropole niçoise et de Sophia-Antipolis. Plus au sud démarrent les travaux du quartier d’affaires Grand Arenas, autre opération emblé- Grand Arenas © Mateoarquitectura / EPA. matique de l’Éco-Vallée ; EDF et GDF Suez mettent à l’étude dans le futur pôle d’échanges multimodal Nice-Aéroport deux îlots à très haute performance énergétique, alliant énergie positive, production solaire et géothermie, effacement de consommation lors de pics grâce à la mise en œuvre de stockages de froid et de chaleur. Parmi les quatre opérations prioritaires de l’Éco-Vallée - plateforme agro-alimentaire et horticole de la Baronne Lingostière, éco-quartier de Saint-Martin-duVar, technopole urbaine Nice-Meridia et Grand Arenas - ces deux dernières sont concernées par la mise en œuvre d’un « monitoring urbain », nouvel outil de mesure et d’évaluation des données environnementales pour optimiser la gestion durable de la ville. Meridia © Devillers&Associés / By Encore / EPA. Lire la suite Retour au sommaire Zoom Le saviez-vous ? Fin 2003, la Directive territoriale d’aménagement des Alpes-Maritimes, élaborée sous la responsabilité de l’État, identifiait la plaine du Var comme un secteur stratégique de développement. Meridia © Devillers&Associés / By Encore / EPA. « Dans l’ensemble de notre périmètre, nous appliquons un cadre de référence pour la qualité environnementale de Olivier Sassi. l’aménagement et la construction, élaboré en collaboration avec la préfecture des Alpes-Maritimes, la DREAL, la DDTM06, l’ADEME, les collectivités locales et les filières professionnelles », explique Olivier Sassi, directeur du développement et des projets à l’EPA. « Compatible avec les certifications environnementales na- tionales et internationales, ce cadre de référence fixe des objectifs de performance sur huit thèmes, dont l’énergie : une charte d’adhésion incite à l’excellence environnementale tous les maîtres d’ouvrages publics et privés ainsi que l’ensemble des maîtrises d’œuvre et des entreprises parties prenantes des projets de l’Éco-Vallée ». Selon l’EPA Éco-Vallée, pour construire cette ville de demain, 1600 emplois pérennes seront créés. Et 25 000 nouveaux emplois viendront investir ses nouveaux espaces d’activités économiques où s’accomplit la transition énergétique. Après un temps de diagnostics et réflexions partenariales nourris notamment par le CETE Méditerranée et la DATAR, l’État et les collectivités définissent les grandes orientations d’un projet appelé Éco-Vallée. Sur un périmètre de 10 000 hectares et 15 communes, une action réparatrice de l’environnement et un aménagement durable du territoire sont les priorités pour impulser une forte dynamique économique et sociale dans la métropole. En 2008, l’État confère au projet le statut d’Opération d’intérêt national, et en confie le pilotage à un Établissement public d’aménagement créé la même année. Retour au sommaire Regards dans nos départements Alpes de Haute-Provence / L’eau potable d’Allos, source d’énergie renouvelable Valorisation des potentiels de la petite hydroélectricité : l’exemple de la pico-centrale du Haut-Villard. Pico, micro, mini… de moins de 20 kW à 10 MW, il existe 143 petites centrales hydroélectriques en Provence-Alpes-Côte d’Azur*. La puissance installée de ce parc atteint 420 MW*, soit 13 % de l’hydroélectricité régionale. Qu’ils soient collectivités, associations d’irrigants ou exploitants de réseaux, les porteurs de projets d’installations y voient une opportunité de diversification d’activités et de recettes financières nouvelles. En vue de concilier gestion des ressources en eau, développement de la petite hydroélectricité et minimisation des impacts sur les éco systèmes et la santé humaine, les services instructeurs et les instances consultatives de l’État participent à la délivrance des autorisations nécessaires (préfectures, DDT, Onema, ARS). Les financements au titre de l’Accord-cadre ÉtatConseil régional-ADEME sont mobilisés pour les études de faisabilité, la réalisation des équipements et l’animation de le filière en ProvenceAlpes-Côte d’Azur, à travers la mission Petite hydroélectricité et environnement (PhéE). Fruit d’une dynamique associant l’ADEME, l’Onema, la DREAL, l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse et le Conseil régional, PhéE est pilotée par le Geres et la Maison régionale de l’eau. Sa vocation : appuyer les porteurs de projets et promouvoir les opérations exemplaires. Les centrales sur réseau d’adduction d’eau potable (AEP) et d’irrigation font l’objet d’une attention particulière. Infrastructures préexistantes, aménagement réduit, débits conséquents et réguliers, impact environnemental faible ou nul… Les avantages de ces installations étaient soulignés dès 2005 par une étude du potentiel régional de développement de la petite hydroélectricité, commandée par l’ADEME et le Conseil régional. Une nouvelle étude ciblée sur les AEP et les canaux d’irrigation est en cours dans les Alpes-de-Haute-Provence, à l’initiative du Conseil général et avec la participation des services de l’État. Mise en service en 2008, la pico-centrale du HautVillard à Allos est un modèle du genre. Avec une puissance de 51 kW, elle produit 356 MWh par an en turbinant les eaux du réseau AEP captées à la source des Chiens. Propriétaire de l’installation Centrale d’Allos. gérée en régie, la commune a perçu annuellement jusqu’à 45 000 euros d’EDF. Une partie de cette recette est reversée au budget municipal, le reste vient amortir l’installation qui a coûté au total 275 000 euros, financés à hauteur de 37 700 euros par le Feder et 29 400 euros par l’Accord-cadre ÉtatConseil régional-ADEME. Une bonne moitié de cet investissement a bénéficié aux entreprises locales. « En amont du projet, l’étude de préfaisabilité a été financé à 90 % par l’ADEME et le Conseil régional, l’étude de faisabilité à 80 % », précise Bernard Deleuil, chargé de mission à la mairie d’Allos. « Les énergies alternatives, ici, c’est une prise de conscience, mais on a aussi démontré que l’on peut faire aujourd’hui une production propre, non polluante et qui rapporte. Ce projet a impacté positivement les décisions des élus, par exemple sur la mise en œuvre d’un réseau de chaleur avec chaudière bois-énergie desservant six bâtiments publics ou sur la participation au Plan climat-énergie territorial (PCET) départemental ». * Source mission PHéE Retour au sommaire Regards dans nos départements Hautes-Alpes / Le choix du bois et une volonté de faire Le territoire de l’Embrunais (05) prend en main son avenir énergétique avec le soutien de l’État. Pour construire le plus important équipement boisénergie de la région, la Ville d’Embrun a procédé par étape. Premier acte en 2007 : une chaufferie bois et son réseau de chaleur desservent 3600 m2 de bâtiments communaux du quartier Delaroche (crèches, salles de loisirs, maison des associations, bureaux) ainsi qu’une maison de retraite. En 2010 et 2012, deux autres chaudières bois sont mises en service pour le réseau de chaleur du quartier de la Gare, reliant neuf bâtiments publics (3 écoles, lycée, collège, salle des fêtes, restaurant scolaire, centre des impôts…), 170 logements sociaux, trois copropriétés de 100 logements, des bureaux… « Ces projets se sont construits sur notre souhait d’innover en montrant l’exemple », explique Marc Viossat, élu municipal en charge de l’espace rural et de l’environnement, également président de la Régie bois-énergie. « Mais il a fallu prendre le temps Marc Viossat. de la pédagogie : rassurer la population sur les chaufferies bois automatisées, le potentiel d’exploitation des forêts, lever un à un les freins sur l’intégration urbaine, la filtration des fumées… ». La réussite des réseaux a permis au territoire d’activer le développement de toute une filière bois énergie locale, pour d’une part protéger et valoriser les espaces forestiers, d’autre part conforter les entreprises et les emplois : exploitants, producteurs, ingénierie, BTP, installateurs… Après avoir élaboré avec l’ADEME, l’ONF et les propriétaires forestiers le premier plan d’approvisionnement territorial (PAT) en Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Communauté de communes de l’Embrunais a réalisé en 2010 une plate-forme de séchage, stockage et broyage de bois déchiqueté sur la zone d’activité de Pralong, dédiées aux activités du bois (6 entreprises et 25 emplois en 2012). La plateforme sécurise le prix et le volume d’approvisionnement local des chaudières collectives. Son premier client (1500 tonnes par an) est la Régie bois-énergie d’Embrun, créée en 2010 par la commune pour développer les réseaux de chaleur et vendre l’énergie produite. « Nous voulions une alternative : l’objectif est atteint », conclut Marc Viossat. « Pour tous les raccordés, la facture de chauffage au bois en 2012 était inférieure au fioul de 19 % en moyenne. C’était – 12 % en 2011 ». De nouveaux projets sont en cours. « Nous voulons étendre l’alternative bois-énergie, avec son confort et son prix modéré, à l’ensemble des logements sociaux et des équipements publics d’Embrun ». Chaufferie bois du quartier de la Gare Embrun © GUIBAUD/ADEME. Repères : • Production de chaleur : 2750 5850MWh/an. • 3,7 emplois créés pour la plateforme bois et la régie. • 1600 tonnes de CO2 évitées chaque année. • 550 000 € investis pour le réseau du quartier Delaroche, financés à 49 % par l’Accord-Cadre État-Région-ADEME et le CG05. • 2,9 M€ investis pour le réseau du quartier de la Gare, financés à 54 % par le Fonds chaleur de l’ADEME, le Feder, le Conseil régional et le Conseil général des Hautes-Alpes. Retour au sommaire Regards dans nos départements Alpes-Maritimes / Les smart grids : un moyen d’optimiser la production et la consommation d’électricité solaire Bénéficiaire des Investissements d’Avenir, le projet Nice Grid à Carros (06) est le premier démonstrateur français de quartier solaire intelligent. Comment passer du système électrique actuel, caractérisé par une production centralisée et des lieux de consommations éloignés, à demain un système électrique intelligent dit smart grid ? ? L’expérimentation Nice Grid vise à tester une solution qui associe production massive d’énergies renouvelables, stockage d’électricité et maîtrise de la demande. En 2011, dans le cadre du premier Appel à manifestation d’intérêt sur les réseaux électriques intelligents, 3,5 M€ au titre du programme Investissements d’Avenir ont été attribués à ce projet, d’un montant total de 30 M€. Autour d’ErDF, coordonateur de Nice Grid, un consortium de partenaire rassemble Saft, Alstom Grid, EDF, RTE, Watteco, Armines, Daikin et Netseenergy. « Choisir Carros comme territoire test présente plusieurs avantages », précise Christophe Arnoult, responsable Grands projets et réseaux du futur au sein d’ErDF : « un environnement très favorable à l’innovation, au voisinage de l’Éco-Vallée de la Plaine du Var ; un gisement important d’énergies renouvelables, notamment solaire ; un ensemble représentatifs de clients, maisons individuelles, logements sociaux en petit résidentiel, PME et PMI… et puis Carros est une commune de l’Est-Paca, région sen- sible à la bonne gestion de l’énergie parce que située à l’extrémité du réseau de transport électrique ». Nice Grid expérimente notamment l’îlotage d’une zone de Carros, dotée de moyens de production solaire photovoltaïque et de technologies de stockage électrique (batteries lithium-ion) suffisants pour pouvoir être isolée du réseau principal, et fonctionner en totale autonomie pendant plusieurs heures. Via les nouveaux compteurs électriques communicants Linky, installés chez 1500 clients résidentiels, professionnels et collectifs, un Network energy manager (NEM) permettra d’orchestrer les prévisions de production solaire et de consommation électrique du lendemain, le pilotage à distance de certains usages (chauffe-eau, chauffage, climatisation…) ou d’équipements de stockage (batteries). Ce dispositif devrait contribuer à une évolution des comportements énergétiques. Les résultats de Nice Grid seront analysés sous tous les angles : technologique, l’expérience concentrant de nombreuses innovations pour superviser et optimiser production, stockage et consommation ; social, le consommateur devenant consomm’acteur avec la possibilité de maîtriser et réduire sa facture d’électricité ; environnemental, les émissions de CO2 devant diminuer grâce aux énergies renouvelables ; économique, Nice Grid préfigurant les offres et les pratiques d’un marché à venir, pour lequel une filière française se structure. Showroom Nice Grid. Retour au sommaire Regards dans nos départements Bouches-du-Rhône / Vents favorables pour l’éolien offshore flottant Pour faire émerger la filière, du concept à la préfiguration industrielle, un large partenariat réunit pôles de compétitivité, starts up, grandes entreprises, centres de recherche, collectivités territoriales et services de l’État. « Quand on observe l’accueil local des projets éoliens en France, il faut bien reconnaître que le public les classe souvent dans l’espèce des PUMA : Projets Utiles… Mais Ailleurs. Pour atteindre les objectifs nationaux de production énergétique éolienne, il faut Charles Smadja innover ». Ce constat a conduit Charles Smadja et Frédéric Silvert, cofondateurs de la startup Nénuphar, à développer leur propre architecture d’éolienne à axe vertical, optimiser la technologie de pale, et breveter un concept de ferme éolienne flottante qui pourrait conquérir les mers du monde. Avantage de la solution : elle exploite mieux les vents marins, forts et réguliers, en éloignant la production des côtes et leurs conflits d’usages. L’éolienne flottante s’affranchit en effet de la limite actuelle des 35 m de profondeur, au-delà de laquelle les éoliennes sur fondation ne sont plus rentables. « En Méditerranée, la bathymétrie descend tellement vite que l’éolien flottant est le seul moyen de bien exploiter le gisement », précise Charles Smadja. Avec un centre de gravité plus bas et un tirant d’eau réduit, les éoliennes flottantes à axe vertical sont en outre moins exposées aux moments déstabilisateurs. (13) un prototype terrestre pleine échelle de 2 MW, soutenu par la Direction générale de la compétitivité et de l’industrie (DGCIS) via le cluster énergétique européen Eurogia+. Le prototype en mer de 2 MW sera quant à lui développé dans le cadre du projet Vertiwind, porté par Technip avec Nénuphar et différents partenaires industriels (EDF EN, Seal Engineering, Bureau Veritas) ou académiques (Université du Sud Toulon Var, Arts et Métiers Paris Tech, IFP). Labellisé par les pôles de compétitivité Mer Méditerranée et Capenergies, Vertiwind a été retenu par les programmes Investissements d’Avenir de l’ADEME pour 7 M€ d’aides (sur un budget total de 16,8 M€). « Ce projet nécessitant une procédure d’autorisations spéciales, le SGAR de la préfecture de région a animé la coordination des services de l’État (pour optimiser les délais d’instruction, avec des points trimestriels », précise Charles Smadja. Le développement de cette technologie est réalisé par étape via des collaborations entre industriels et laboratoire de recherche, en concertation et avec l’appui de tous les acteurs du territoire dont les services de l’État et le Conseil régional Paca. Le projet Vertifloat va permettre à Nénuphar et son partenaire des Arts&Métiers Paris Tech de construire dans la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-mer Eolien flottant : © EDF EN / Nenuphar / Technip Lire la suite Retour au sommaire Regards dans nos départements Technip et Nénuphar restent en première ligne pour Inflow, troisième étape de concrétisation : la mise en place d’un site d’essai au large de Port-Saint-Louisdu-Rhône, baptisé Mistral et configuré pour deux prototypes, a reçu l’appui de FP7, le fonds R&D de l’Union européenne. Enfin, EDF EN lancera ensuite Provence grand large, une ferme pilote pré-commerciale de 13 éoliennes à axe vertical (capacité totale installée de 26 MW) financée à hauteur de 34,3 millions d’euros par le dispositif européen NER 300. 350 emplois devraient être mobilisés ou créés pour construire les éoliennes de Provence grand large, et 20 créations nettes seront nécessaires à l’exploitation de la ferme installée à 12 milles marins du rivage de Fos-sur-mer. C’est donc au voisinage d’installations pétrolières et gazières, qu’une nouvelle chaîne industrialo-portuaire de l’éolien entre en préfiguration. « On estime à 5000 le potentiel d’emploi liés à la fabrication industrielle des parcs éoliens offshore flottant, sans compter le travail fourni à la sous-traitance locale », explique Charles Smadja. « La zone de Fos, à la fois industrielle et venteuse, offre des conditions intéressantes pour la fabrication des éoliennes et pour la production d’énergie ». Eolien flottant : © EDF EN / Nenuphar / Technip Var / Pôle Mer Méditerranée, moteur de compétitivité Des énergies marines renouvelables aux biotechnologies « bleues », en passant par les navires et les ports du futur, les projets R&D labellisés par le pôle de compétitivité et soutenus par l’État explorent les possibilités de filières industrielles nouvelles. Labellisé en 2005 avec son jumeau le Pôle Mer Bretagne, le Pôle de compétitivité à vocation mondiale Mer Paca est né d’une initiative associant la DCNS à un noyau dur d’entreprises et de laboratoires : Thalès, ECA, CNIM, Ifremer, Principia et l’Université du Sud Toulon Var. Rebaptisé en juin 2013 Pôle Mer Méditerranée, il fédère aujourd’hui un réseau de plus de 350 acteurs économiques (dont 150 PME) et organismes de recherche/formation. Le contrat de performance 2013-2018 qui va lier le Pôle à l’État et aux collectivités territoriales définit une ambition commune : développer durablement l’économie maritime et littorale. Sujet décliné par plus de 200 projets de R&D label- lisés, l’énergie est un axe fort de la volonté affichée notamment par l’Etat de développer de l’économie maritime et liottorale. Une dizaine de projets se concentre sur les énergies marines renouvelables, avec une forte présence de l’éolien marin et de l’hydrolien. Le Fonds Unique Interministériel (FUI) de soutien à la recherche appliquée et les aides « Vertiwind » Pôle mer : © CNIM-Compagnie maritime Chambon. Lire la suite Retour au sommaire Regards dans nos départements des collectivités territoriales ont permis l’émergence de projets tels que : « Bilboquet » (production d’électricité par la force de la houle), « Blidar » (mesures offshore de rentabilité d’un parc éolien) et « Powermate » (système de connexion électrique sous marine, également soutenu par le Feder). De leur côté, les Investissements d’Avenir interviennent via l’ADEME pour « Vertiwind » (éolienne offshore flottante à axe vertical, et via l’Agence nationale de la recherche (ANR) pour « France Énergie Marine », projet d’institut d’excellence en énergies décarbonées dédié aux énergies marines renouvelables. D’autres projets, labellisés par le Pôle et également soutenus par le FUI, voient le jour dans la thématique des Navires du futur. « Déesse » préfigure par exemple une navette maritime hybride diesel/électro-solaire pour des transports urbains plus écologiques. Retenu par les Investissements d’avenir, le projet « Windkeeper » met au point un navire démonstrateur, éco-conçu et économe en énergie, utilisable pour la maintenance des champs éoliens offshore. « Windkeeper » Pôle mer : © CNIM-Compagnie maritime Chambon. Du côté des Ports du futur, autre thématique de R&D, le volet énergétique explore par exemple la question du branchement électrique des navires. Les biotechnologies « bleues » sont aussi un champ d’exploration de la transition énergétique. Cofinancé par l’ANR, le projet « Shamash » a testé une voie de production à haut rendement de micro-algues utilisables dans la fabrication d’un nouveau biocarburant. À partir de « Shamash », d’autres recherches applicatives sont mises en œuvre avec le soutien de l’État (ANR, FUI), tels « Salinalgue » (culture de micro-algues à grande échelle pour la production de bioénergies et bioproduits) et « Algomics » (études globales de la conversion et du stockage de l’énergie solaire chez les micro-algues). « Salinalgue » Pôle mer : © CNIM-Compagnie maritime Chambon. Le Pôle Mer a également labellisé deux outils dont le but est de dynamiser la recherche, l’innovation et lever les verrous d’une industrialisation des procédés utilisant les micro-algues : la plateforme « HélioBiotec », pôle de compétence et d’innovation de dimension européenne, et « Greenstars », institut d’excellence en énergies décarbonées réunissant les acteurs français de la valorisation des micro-algues. « À travers ces projets bien souvent portés par des PME locales, des perspectives de marchés se dessinent ou émergent », explique Patrick Baraona, directeur du Pôle Mer Méditerranée, « le Pôle et ses partenaires les accompagnent pour que notre région soit le point Patrick Baraona. de fixation de ces filières économiques et industrielles d’avenir. Nous sommes en interactions permanentes avec la Préfecture de région , la Préfecture du Var,la DIRECCTE, la DIRM Méditerranée, les DDTM, l’ADEME, les services des préfectures. Ils sont associés à nos réflexions stratégiques, et le Pôle apporte sa contribution dans les comités de filières comme il l’a fait lors du Grenelle de la mer. Être un des principaux leviers de la politique maritime intégrée est une priorité du Pôle Mer Méditerranée ». Retour au sommaire Regards dans nos départements Vaucluse / Les beaux fruits de la méthanisation à la ferme Les premiers projets de méthanisation se concrétisent en Paca. La méthanisation est un procédé biologique qui permet de valoriser les matières organiques pour produire à la fois du biogaz, donc une énergie renouvelable, et un digestat utilisable comme fertilisant. Les avantages environnementaux sont multiples : réduction des émissions de gaz à effet de serre (dans le cas d’un stockage de lisiers), meilleure gestion des déchets organiques, production d’énergie décentralisée… Pour promouvoir la filière, l’ADEME et le Conseil régional ont organisé des journées techniques de sensibilisation et de mobilisation des acteurs. Dans le secteur agricole, la méthanisation suscite l’intérêt. Une première unité est sur le point d’être mise en service par le Groupement agricole du Balcon de Gap (05). L’investissement est financé par le ministère de l’Agriculture et de la pêche dans le cadre du Plan de performance énergétique, ainsi que par l’ADEME et le Conseil régional. À l’Isle-sur-la-Sorgue (84), les responsables de l’exploitation agricole des Vergers du Mourgon ont collaboré avec les services de l’État pour mettre au point le plus ambitieux projet de méthanisation à la ferme de la région. matières organiques par an, pour obtenir par cogénération 2 158 MWh/an d’électricité et 2 213 MWh/ an d’énergie thermique. « La chaleur produite servira pour le chauffage et l’eau chaude de nos logements saisonniers. Nous envisageons aussi la création d’une serre agricole tropicale pour produire des fruits exotiques en Vaucluse dans une démarche circuit court », indique Laurent Tamisier. Un plan d’épandage a été élaboré avec la Chambre d’agriculture de Vaucluse pour mettre en œuvre les 1725 tonnes de digestat solide issus de la méthanisation. L’eau extraite de ce digestat pourra être réutilisée pour l’irrigation. Les émissions évitées de gaz à effet de serre atteindront 795 tonnes/an. L’ADEME a financé les études de faisabilité, la Dreal a instruit le dossier d’installation classée, la DDT de Vaucluse celui de la réhabilitation des logements saisonniers. L’ADEME, le Conseil régional et le Feder ont apporté 987 k€ d’aides à la construction de l’unité, dont le coût total s’élève à 3 M€. Début des travaux fin 2013, pour une mise en service au premier semestre 2014. « L’amortissement sera atteint en une dizaine d’années, et nous allons créer 2 à 3 emplois pour le pilotage et la maintenance ». À l’origine du projet, Laurent et Sylvain Tamisier, premiers producteurs français de pommes et de poires bio. « Nous cherchions une solution pour ne plus jeter les fruits non commercialisables, que nous appelons écarts », raconte Laurent. « On s’est rendu compte qu’avec notre exploitation, on atteignait déjà la capacité suffisante pour un atelier de méthanisation. Nous avons contacté d’autres producteurs locaux qui se sont montrés intéressés par cette solution verte pour leurs propres écarts de fruits et légumes ». L’unité projetée est dimensionnée en conséquence. Elle pourra méthaniser environ 10 000 tonnes de Laurent et Sylvain Tamisier. Retour au sommaire Glossaire ADEME Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. ANR Agence nationale de la recherche. ARS Agence régionale de santé. CDC Caisse des dépôts et consignation. CETE Centres d’études techniques de l’équipement. CNRS Centre national de la recherche scientifique. CRE Commission de régulation de l’énergie. CREDOC Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie. DATAR Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale. DCNS Société d’armement naval et d’énergie. DDT/ DDTM Direction départementale des territoires (et de la mer). DIRECCTE Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi. DIRM Direction interrégionale de la mer. DRAAF Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt. DREAL Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement. FEDER Fonds européen de développement régional. FUI Fonds unique interministériel. ONEMA Office national de l’eau et des milieux aquatiques. ONF Office national des forêts. SGAR Secrétariat général pour les affaires régionales. SRCAE Schéma régional climat air énergie.