Réussir l`action de l`État en Provence-Alpes-Côte d`Azur, nº

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Réussir l`action de l`État en Provence-Alpes-Côte d`Azur, nº
Réussir
l’action de l’Etat
en Provence-Alpes-Côte d’Azur
Vue de Marseille
n° 18 – octobre 2013
LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE, MODÈLE DE CROISSANCE RÉGIONALE
DURABLE ET SOLIDAIRE
Dossier/Entretiens
La DREAL et l’ADEME, outils
stratégiques de l’État pour
construire
la
transition
énergétique en Paca :
- Thierry Laffont, directeur
régional de l’ADEME Paca,
- Anne-France Didier, directrice
régionale de la DREAL Paca.
Zoom
- La réhabilitation thermique,
arme de réduction massive de la
précarité énergétique,
Une
Opération
d’intérêt
national expérimente la ville
durable en Méditerranée,
- L’Éco-Vallée plaine du Var,
territoire démonstrateur de la
transition énergétique.
Regards dans nos
départements
- L’eau potable d’Allos, source
d’énergie renouvelable,
- Le choix du bois et une volonté
de faire, à Embrun,
- Les smart grids : un moyen
d’optimiser la production et
la consommation d’électricité
solaire,
- Vents favorables pour l’éolien
offshore flottant,
- Pôle Mer Méditerranée, moteur
de compétitivité,
- Les beaux fruits de la
méthanisation à la ferme l’Isle
sur la Sorgue.
Directeur de la publication :
Gilles
BARSACQ,
secrétaire
général
pour
les
affaires
régionales. • Rédacteur en chef
: Tessa FRECHIER-MEY, chef de
la communication régionale. •
PRÉFET DE LA RÉGION
PROVENCE-ALPES
Rédacteurs : ADEME, DREAL,
CÔTE D’AZUR
SGAR / Béatrice TONINI, Michel
GIORIA, Augustin AUBERT, Astrid
OLLAGNIER, Karine LISIECKI-MOTTET, Martine
MARTINI, Yves LE-TRIONNAIRE, Tessa FRECHIERMEY, Jérôme LAFON. • Infographie : Sandrine
BAGNIS.
En ProvenceAlpes-Côte
d ’A z u r, d e s
milliers de
citoyens,
d’élus, de professionnels,
d’associatifs
et d’experts
ont participé aux 66 rendez-vous
de réflexion et d’échanges proposés
au printemps par l’Etat et le Conseil
régional dans le cadre du débat national sur la transition énergétique.
La synthèse du débat national,
signée par toutes les parties, est
la marque du consensus largement partagé par les Français
que la transition énergétique est
indispensable pour notre société.
En Provence-Alpes-Côte d’Azur
nous devons plus encore qu’ailleurs nous engager dans
cette ambitieuse mutation.
Affirmée par l e président de l a
République lors de la conférence
environnementale des 20 et 21
septembre 2013, cette dynamique
se concrétisera notamment dans
une grande loi de programmation.
La transition énergétique signe notre
passage d’une société de consommation des énergies fossiles à une
société décarbonée, tournée vers la
sobriété et l’efficacité énergétiques.
Les objectifs que se fixe la France
reflète cette ambition : contenir
l’évolution des températures en
deçà de 2°C à l’horizon de 2100,
diminuer de 30% la consommation
des énergies fossiles en 2030, réduire de 50 % notre consommation
d’énergie finale à l’horizon 2050.
Cet élan se concréti se dans une
dynamique de solutions, en particulier sur les territoires, et les
projets présentés dans cette édition de Réussir en témoignent : la
transition énergétique est une réalité en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
L’Etat entend agir sur tous les leviers,
incitatifs et régaliens, de sensibilisation et de mobilisation des acteurs
régionaux pour accompagner et
accélérer cette transition en région.
Le formidable potentiel qu’elle révèle ne se mesure par seulement en
mégawatts produits ou en tonnes de
gaz à effet de serre non émis, mais
aussi en empl ois, en croi ssance
économique, en justice sociale.
La transition énergétique suscite
les innovations qui portent les
germes de filières industrielles performantes et de compétences nondélocalisables, elle stimule le volontarisme politique des territoires,
elle amène davantage de cohésion
sociale en permettant l’accès équitable à l’énergie et ses bénéfices en
termes de mobilité, de qualité de
vie et de réduction de la précarité.
Michel CADOT
Préfet de la zone de défense Sud
Préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur
Préfet des Bouches-du-Rhône
Dossier - Entretiens
La DREAL et l’ADEME, outils stratégiques de l’État
pour construire la transition énergétique en Paca
Collectivités, associations, entreprises, particuliers… Les acteurs régionaux de la transition énergétique
réalisent leurs projets avec deux interlocuteurs majeurs : une agence d’incitation et de moyens, l’ADEME,
un service régalien et facilitateur, la DREAL. L’une et l’autre interviennent en cohérence avec les politiques publiques nationales et régionales, sous l’autorité du Préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Thierry Laffont, directeur régional de l’ADEME Paca : « Notre vocation, c’est
susciter et accompagner les initiatives et innovations qui feront la transition
énérgétique et écologique de notre pays».
en connaissances nouvelles, recherche appliquée (via des pôles de
compétitivité comme le Pôle
Mer Méditerranée), développement expérimental (du type de
Vertiwind ou Nice Grid), opérations de démonstration et opérations exemplaires (telle l’unité
de méthanisation des Vergers
du Mourgon), généralisation.
Le saviez-vous ?
Quelques mots pour définir
l’ADEME et son action :
L’Agence pour l’environnement
et la maîtrise de l’énergie est un
établissement public, placé sous
la tutelle conjointe du ministère
en charge de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie,
et du ministère de l’Enseignement
supérieur et de la Recherche.
En Provence-Alpes-Côte d’Azur,
la direction régionale de l’ADEME
mobilise une équipe d’une trentaine de personnes pour contribuer, en étroite collaboration avec
les autres services de l’Etat (notamment la DREAL, la DIRECCTE,
la DRAAF,…) à la mise en œuvre
des politiques publiques sur plusieurs grandes thématiques environnementales :
- efficacité énergétique et énergies renouvelables,
- préservation des sols, des ressources et des matières premières,
- gestion des déchets,
- qualité de l’air,
- lutte contre le bruit.
Thierry Laffont © TERRAZ/ADEME.
Comment l’ADEME favoriset-elle la transition énergétique en Provence-Alpes-Côte
d’Azur ?
Thierry Laffont : Notre vocation, c’est de lever les freins de
la transition énergétique, de
faire sauter les verrous technologiques,
organisationnels
et socio-économiques, et ainsi
faciliter l’émergence des biens,
des services et des modes de
gouvernance d’une société plus
sobre en énergie et en carbone.
Pour cela, l’ADEME accompagne
une grande diversité de projets,
à différents stades : recherche
Notre
logique
d’intervention
s’inscrit donc dans un continuum qui va de l’identification de questions de recherche
au déploiement de solutions.
Pour favoriser et susciter l’émergence de projets, tout au long
de ce continuum, nous soutenons les initiatives de veille,
observation,
sensibilisation,
communication,
animation
territoriale et sectorielle visant à mobiliser ses acteurs.
Quels sont les moyens d’actions concrets de l’ADEME en
Paca ?
Thierry Laffont : Nous mettons nos expertises techniques,
accompagnements méthodologiques et aides financières à disposition des collectivités, administrations, acteurs de l’économie, associations, chercheurs...
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Dossier- Entretiens
Notre appui passe par différents
dispositifs adaptés à chaque
objectif, cible et nature de projet (appels à projets, appels à
manifestations d’intérêt, projets de gré à gré...), déclinés
dans les grands programmes
que sont le Fonds Chaleur, le
Fonds Déchets, les Investissements d’Avenir, l’Accord-cadre
État-Conseil
régional-ADEME...
Notre implantation régionale
favorise une approche de proximité, la recherche de synergies et de complémentarités
avec nos différents partenaires,
, notamment la DREAL et le
Conseil régional. Nous sommes
ainsi bien à même de coconstruire avec eux des projets
adaptés aux contextes locaux.
Je pense par exemple à la valorisation des potentiels de la petite
hydroélectricité ou aux réseaux
de chaleur bois d’Embrun que
nous accompagnons depuis de
nombreuses années, ou encore
à la réhabilitation thermique des
logements sociaux dont nous
avons fait émerger les opérations
de référence à l’échelle régionale. En 2012, notre action s’est
notamment matérialisée par un
montant d’aides de 15,6 millions
d’euros investis sur le territoire
de Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Les services de l’État en région accompagnent, au plan réglementaire, technique, méthodologique et
avec des financements souvent déclencheurs ou déterminants, tels que les Investissements d’avenir, le Fonds unique interministériel, le Fonds Chaleur renouvelable… La direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) sont en première ligne, avec des logiques d’interventions synergiques.
Anne-France Didier, directrice régionale de la DREAL Paca : « Notre mission,
c’est de déployer en Paca les politiques d’État pour la transition énergétique ».
Le saviez-vous ?
Quelques mots pour définir la
DREAL et son action :
La direction régionale de l’environnement, de l’aménagement
et du logement est le service de
l’État chargé de piloter et décliner
les politiques de développement
durable du ministère de l’écologie, du développement durable
et de l’énergie, en fonction notamment des priorités issues de
la conférence environnementale.
560 agents placés au croisement
de nombreuses thématiques de
politiques publiques :
- territoire et aménagement,
- logement, construction et foncier,
- biodiversité, eau et paysages,
- développement durable,
- énergie, climat et air,
- prévention des risques,
- transports et infrastructures.
Anne-France Didier © COM.DREAL.
Comment la DREAL favoriset-elle la transition énergétique en Provence-Alpes-Côte
d’Azur ?
Anne-France Didier : Nous intervenons à la fois dans notre posture historique régalienne, celle
du contrôle et de l’expertise, et
dans un rôle de « go-beetween »,
où nous sommes médiateurs et
facilitateurs de projets, de process, et de partenariats au service de la transition énergétique.
Sur la biomasse par exemple,
cette double logique d’intervention est pleinement à l’œuvre.
Suite aux appels d’offres nationaux CRE biomasse, deux projets
ont été sélectionnés en région
Provence-Alpes-Côte d’Azur :
le projet E.On de reconversion
d’une centrale charbon à Gardanne (13) et la centrale thermique Inova à Brignoles (83).
La DREAL accompagne d’une part
les industriels concernés pour
qualifier les projets et faire en
sorte qu’ils soient mis en œuvre
dans les meilleures conditions
d’approvisionnement, et d’autre
part instruit les autorisations
ICPE (installations classées pour
la protection de l’environnement)
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Dossier- Entretiens
qui
permettent
d’imposer
des normes d’émissions plus
contraignantes que les standards, dans une région sensible à la qualité de l’air.
Chaque fois que nous sommes
confrontés à ces opérations à
caractère industriel et environnemental, nous nous mettons
ainsi en mode projet, en relation avec les autres services et
instances de l’État en région.
Sur le suivi de la filière biomasse, nous fonctionnons en
comité de pilotage, notamment avec l’ADEME et la DRAAF.
L’objectif est d’optimiser les
délais des procédures administratives sans perdre en route la
qualité économique et réglementaire de notre intervention, et
tout en développant une capacité
de retour d’expériences, de capitalisation et de v alorisation des
savoirs vis à vis des partenaires.
Habitués à travailler ensemble
et très en amont sur des sujets complexes, nos services
ont naturellement une vision
transversale de leur action.
Cette approche se décline maintenant sur de nombreux sujets,
transports, smart grids, projets énergétiques innovants…
Sur le projet de développement
de l’éolien flottant, nous avons
mené un travail de médiation
poussé entre des interlocuteurs
tels que le ministère de la Défense, les industriels, les ser-
vices de l’État, avec des enjeux
de taille sur la biodiversité, la
sécurité en mer, les paysages…
pect des règles de construction.
Le chantier de la transition énergétique est donc important.
Quels sont les enjeux spécifiques de la transition énergétique en Paca pour la Dreal ?
La DREAL est bien sûr très présente sur ces thématiques, à travers sa contribution à la définition stratégique des Écocités et
à la construction de visions territoriales cohérentes et convergentes : Schémas de cohérence
territoriaux (SCoT), Plans locaux d’urbanisme (PLU), Plans
de déplacements urbain (PDU),
Plans climat-énergie territoriaux
(PCET), Agenda 21 locaux et
bien sûr le Schéma régional climat air énergie (SRCAE), élaboré avec le Conseil régional.
Anne-France Didier : Ils sont
multiples ! Le premier, c’est celui de la maîtrise de la demande
énergétique dans une région attractive ou croissance démographique et croissance de la consommation d’énergie vont de pair.
La lutte contre la précarité
énergétique est aussi un enjeu
fort : la rénovation thermique
des logements sociaux impulsée avec l’ADEME et le Conseil
régional doit contribuer à sécuriser la facture énergétique des
populations les plus fragiles.
La région concentre 3 des 10 premières agglomérations françaises.
Les problématiques urbaines sont
donc très impactantes en termes
de gestion de l’énergie, d’aménagement, ou encore de mobilité, thématique pour laquelle la
transition énergétique est clairement un enjeu de santé publique
par la réduction des pollutions.
Dans le domaine du bâtiment,
on observe sur le littoral que
les constructions sont de moins
bonne qualité thermique que la
moyenne. C’est un parc plus collectif qu’ailleurs, avec une population plus âgée, un taux de résidences secondaires plus élevé…
Même dans le neuf, on constate
des non-conformités sur le res-
À ce propos, quels bilans du débat régional
sur la transition énergétique et de la consultation publique sur le
SRCAE ? Comment les
propositions en PACA
se distinguent et s’articulent avec les propositions du Conseil national
du Débat national sur la
transition énergétique ?
Anne-France Didier : On a
lancé la consultation publique
sur le projet de SRCAE en même
temps que la déclinaison régionale du débat national. On a vu
qu’il y avait une très grande perméabilité entre les deux débats.
Le SRCAE a évolué et s’est synchronisé avec le débat national : il sera un outil de mise
en œuvre, à l’échelle régionale, des décisions de l’État
sur la transition énergétique.
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Dossier- Entretiens
En Paca, on constate d’ailleurs des points de consensus
très cohérents avec le national.
L’idée par exemple qu’il faut entrer activement dans la transition
énergétique, parce qu’elle apporte
la compétitivité économique, la
réduction de la précarité énergétique avec tout ce qui va avec (la
justice sociale, la qualité de vie,
la mobilité…), les emplois non
délocalisables tels que ceux créés
par la rénovation dans l’ancien…
Autre consensus clé : avant
de parler de production, il
faut parler d’efficacité énergétique, de performance énergétique dans les bâtiments
et les transports notamment.
points qui ne font pas encore
consensus en Provence-AlpesCôte d’Azur : le développement
de l’éolien terrestre par exemple
- c’est l’une des rares spécificités du débat régional – et le
modèle économique de l’énergie.
Et cette idée qu’il faut produire
plus d’énergies renouvelables,
notamment le solaire photovoltaïque sur les terrains anthropisés.
Il y aussi, il faut bien le dire, des
Les professionnels défendent
plutôt la centralisation, le tissu citoyen et les élus une production répartie et décentralisée sur le modèle d’Embrun.
Au-delà de nos services experts, la transition énergétique
d’autres représentations de l’État en région, en particulier la
prises, la DRAAF pour le secteur de l’agriculture et de la forêt,
ou les DDTM auprès des acteurs des territoires, les rectorats
devient une priorité d’action pour
DIRECCTE au plus près des entrela DIRM pour les activités maritimes
pour l’éducation à l’environnement…
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Zoom
La réhabilitation thermique, arme de réduction massive de la précarité énergétique
Depuis 2010, des appels
à projets font émerger dans
le parc HLM les bâtiments
démonstrateurs d’une haute
performance énergétique.
Le saviez-vous ?
Le parc locatif social de Provence Alpes Côte d’Azur est à
70 % issu des programmes de
construction d’après guerre,
mis en œuvre entre 1945 et
1975.
Les campagnes de réhabilitation successives n’ont pas permis de résorber entièrement le
problème de « passoire thermique » dont souffrent les logements particulièrement vétustes
et énergivores. Selon l’Association
régionale des organismes HLM
(ArHLM Paca&Corse), 17 % du
parc locatif social régional, soit 47
000 logements, serait concerné.
Le risque de précarisation énergétique
est
très
important
quand on observe dans le même
temps une nette augmentation du nombre des ménages les
plus modestes parmi les locataires de logements sociaux.
Ces ménages, dont les revenus
sont égaux ou inférieurs à 23
819 €/an pour quatre personnes,
ont progressé de 5,5 % entre
2000 et 2006 (source Credoc).
« En décembre 2008, les ministres
européens du logement ont décidé que les fonds Feder devaient
aussi servir à améliorer la qualité
de vie des plus modestes en luttant contre la précarité énergétique par la maîtrise des charges.
Une circulaire de la Datar a donné le feu vert, et en novembre
2009 le premier appel à projets
pour la réhabilitation thermique
des logements sociaux de Paca
était lancé », explique Philippe
Oliviero, directeur de l’ArHLM
Paca&Corse qui représente tous
les bailleurs sociaux régionaux.
Signataires d’une convention de
partenariat portant sur la maîtrise
de l’énergie, la qualité environnementale et le développement
durable, l’ArHLM Paca&Corse, le
Conseil régional et l’ADEME ont
animé quatre appels à projets
successifs en 2010, 2011, 2012
et 2013 avec l’appui de la préfecture de région et de la DREAL.
Objectif : mobiliser le Feder
avec les aides de l’État et des
collectivités afin de faire émerger des opérations de réhabilitation thermique suffisamment
qualitatives, variées et performantes pour définir l’exemplarité à l’échelle de la région.
La barre est placée à un très
haut niveau : la consommation
d’énergie primaire maximum du
bâtiment doit être de 60 kWhep/
m² SHON/an, soit 25 % mieux
que le label BBC Effinergie rénovation, et une division par
4 par rapport à la consommation unitaire moyenne du parc.
Au bilan, les appels à projets sont
un succès, avec 33 opérations
retenues, portées par 15 bailleurs sociaux différents dans les
Bouches du Rhône, le Vaucluse,
le Var, les Alpes-Maritimes et les
Hautes-Alpes. Les rénovations
thermiques en cours concernent
110 bâtiments, soit 3011 logements pour un total de 244 600
m². Les économies d’énergies
attendues à l’issue des travaux
atteignent
110
kWh/m²/an.
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Zoom
supérieure à la norme pour
des logements neufs. Cette opération s’accompagne de progrès
en qualité de vie urbaine, avec la
requalification de tout un quartier.
À Orange (84), la résidence Fourchevieilles (Rue du Bellay Nouveau logis provençal) réalise
après réhabilitation thermique
une performance
énergétique
À Saint-Étienne-de-Tinée (06),
la réhabilitation du Col d’Auron,
gérée par Côte d’Azur Habitat, aboutit à 80 % d’économie
d’énergie et à la mise en place
d’une chaufferie bois. Un accompagnement social des habitants
est programmé dans certains immeubles pour consolider, grâce à
un travail sur les usages, le confort
et les baisses de charges visés
par la réhabilitation thermique.
« Ce que les partenaires de cette
démarche ont réussi à faire »,
conclut Philippe Oliviero, « c’est
d’articuler une procédure d’appels à projets exemplaires avec
une politique de droit commun,
contractualisée dans le cadre
de l’aide à la pierre sur l’ensemble du patrimoine des bailleurs sociaux, et mise en œuvre
par le Conseil régional à travers
le programme Région Habitat
Énergie Amélioration (RHEA) ».
Repères :
• 10,15 M€ d’aides Feder (mesures 3.1.1, maîtrise de la demande énergétique) mobilisées sur les appels à projets 2010,
2011, 2012.
• 11,5 M€ d’aides attribuées via l’Accord-cadre État-Conseil régional-ADEME.
• 91 M€ d’investissements totalisés par les bailleurs sociaux.
Une Opération d’intérêt national expérimente la ville durable en Méditerranée
Au nord de Marseille, Euroméditerranée explore un modèle
urbain économe en énergie
avec l’appui des Investissements d’avenir à travers le
« Fonds Ville de demain ».
Engagée en 1995 par l’État, la
Ville de Marseille, la Communauté urbaine Marseille Provence
Métropole, le Conseil régional
provence-Alpes-côte d’Azur et
le Conseil général des Bouchesdu-Rhône, l’Opération d’intérêt national Euroméditerranée 1
avait pour ambition de stimuler
l’attractivité et le rayonnement
de la métropole marseillaise
entre l’Europe et la Méditerranée.
En 2009, l’opération Euroméditerranée élargit son périmètre, avec
une extension de 170 hectares
entre Cap Pinède, les Arnavaux,
le village du Canet et la nouvelle
tour CMA-CGM. Ici prend place Euroméditerranée 2, labellisée Écocité par le ministère de l’Écologie.
L’Écocité marseillaise porte une
ambition de planification urbaine : créer un véritable modèle de ville durable méditerranéenne, aménagée sans
étalement urbain, adaptée aux
modes de vie et à la géographie.
La question énergétique y oc-
cupe une place importante, dans
une approche
alliant modélisation climatique, valorisation
des ressources locales et conception
urbaine
bioclimatique.
Plusieurs projets sont soutenus
par le fonds Ville de demain géré
par la Caisse des dépôts et consignations (CDC) dans le cadre
des Investissements d’avenir.
Avec pour commencer une première nationale en R&D : la
simulation de l’impact clima
tique de l’Écocité sur le phénomène d’îlots de chaleur urbain
en
contexte
méditerranéen.
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Zoom
Le saviez-vous ?
D’Euromed 1 à Euromed 2 :
Epaem Euroméditerranée © Euroméditerranée-François Leclercq-TER-Marciano-Sbriglio-Setec.
Réalisée par Météo France et le
CNRS, soutenue par la Caisse
des dépôts, les collectivités et
Air Paca, cette étude a permis
de vérifier comment les hypothèses d’aménagements d’Euroméditerranée pouvaient réduire
ces
« microclimats » urbains
qui font monter la température et les factures d’énergies
(ventilateurs,
climatisations…).
Les calculs ont validé l’effet
régulateur de plusieurs éléments
du projet : le parc urbain des
Aygalades (trame verte de 14
ha à l’étude dans le périmètre
de l’Écocité autour de la résurgence d’un ruisseau marseillais), les jardins en cœur d’îlots,
l’albedo* des matériaux, et une
boucle à eau de mer également
en phase d’études. En produisant
du chaud et du froid distribués
via un réseau collectif à l’échelle
de la façade maritime Nord de
Marseille, ce système innovant
de thalassothermie contribuerait à l’amélioration de l’efficacité
énergétique et au développement des énergies renouvelables.
Le principe de boucle à eau de
mer est duplicable sur le pourtour
méditerranéen,
comme
peuvent l’être les principes d’un
habitat durable développés dans
l’Écocité et testés au sein d’un
îlot démonstrateur (58 000 m2
de logements, bureaux, hôtel
et commerces) mis en chantier
en 2014 sur le macro-lot Allar.
La haute performance environnementale est visée : mobilité
électrique, énergie positive (Bepos), mutualisation des consommations et production d’énergie, architecture bioclimatique…
« Nous souhaitons un modèle de
qualité de vie qui profite au maximum des conditions naturelles :
des cœurs d’îlots ouverts côté
mer pour récupérer les brises
rafraichissantes, une orientation des bâtiments pour optimiser la ventilation naturelle et
tenir compte des phénomènes de
vent, des logements traversants,
des puits canadiens et provençaux pour rafraîchir les parties
communes, etc. Tout cela doit
conduire, dans l’usage, à limiter
les consommations d’énergie et
les émissions de gaz à effet de
serre, et c’est un des enseignements attendus de l’îlot démonstrateur », explique François Jalinot, directeur général de l’Epaem.
Près de 20 ans et 3,5 Mds€ d’investissements plus tard, la majeure partie
de la programmation est accomplie
pour Euromed 1 , les dernières opérations du périmètre initial de 310
hectares sont lancées, et Marseille a
changé de visage. Principe cardinal
de cette première phase d’aménagements pilotée par l’Établissement
public d’aménagement Euroméditerranée (Epaem) : reconstruire la ville
sur la ville dans l’équilibre entre équité
sociale, croissance économique et respect de l’environnement.
Sur le nouveau territoire de projets baptisé Euromediterranée 2, des
aménagements sont annoncés selon
un protocole financier établi en 2011
entre l’État et les collectivités. Pour
cette phase, les investissements publics pourraient atteindre 1 Md€, les
investissements privés 3 Mds€, et
l’Epaem annonce 20 000 emplois nouveaux à venir, soit autant que ceux
créés dans la dynamique d’Euroméditerranée 1.
Les services de l’État (Préfecture,
DREAL, DDTM…) et l’ADEME sont
aux côtés de l’Epaem en apport de
réflexion, outils, avis et accompagnement technique avec, par exemple,
l’approche environnementale de l’urbanisme.
* Indice de réfléchissement solaire.
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Zoom
L’Éco-Vallée plaine du Var, territoire démonstrateur de la transition énergétique
De la conception urbaine durable à la mise en œuvre des
grands projets, l’État travaille avec les collectivités
locales pour un aménagement durable du territoire.
En 2009, le ministère de l’Écologie labellise 3000 ha de l’ÉcoVallée au titre de la démarche
Écocité. Le Fonds Ville de demain, géré par la Caisse des
dépôts et Consignation dans
le cadre des Investissements
d’Avenir, contribue à hauteur de
93 M€ sous forme de subventions
et de participations au financement de 12 projets innovants.
Parmi ces derniers, une réflexion
de fond est conduite sur l’électromobilité, avec la mise en œuvre
par la métropole Nice Côte d’Azur
du premier système d’autopartage
100 % électrique via le déploiement de 700 points de charge.
Du côté des smart grids, ces
réseaux électriques intelligents,
leur potentiel est exploré
avec
deux démonstrateurs financés
par les Investissements d’Avenir : « Nice Grid » cible les
quartiers d’habitat de Carros,
« Reflexe » les sites tertiaires
et industriels de la Métropole
niçoise et de Sophia-Antipolis.
Plus au sud démarrent les travaux du quartier d’affaires Grand
Arenas, autre opération emblé-
Grand Arenas © Mateoarquitectura / EPA.
matique de l’Éco-Vallée ; EDF et
GDF Suez mettent à l’étude dans
le futur pôle d’échanges multimodal Nice-Aéroport deux îlots à très
haute performance énergétique,
alliant énergie positive, production solaire et géothermie, effacement de consommation lors de
pics grâce à la mise en œuvre de
stockages de froid et de chaleur.
Parmi les quatre opérations prioritaires de l’Éco-Vallée - plateforme agro-alimentaire et horticole de la Baronne Lingostière,
éco-quartier de Saint-Martin-duVar, technopole urbaine Nice-Meridia et Grand Arenas - ces deux
dernières sont concernées par la
mise en œuvre d’un « monitoring
urbain », nouvel outil de mesure
et d’évaluation des données environnementales pour optimiser la gestion durable de la ville.
Meridia © Devillers&Associés / By Encore / EPA.
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Zoom
Le saviez-vous ?
Fin 2003, la Directive territoriale
d’aménagement
des
Alpes-Maritimes, élaborée sous la responsabilité
de l’État, identifiait la plaine du Var
comme un secteur stratégique de développement.
Meridia © Devillers&Associés / By Encore / EPA.
« Dans l’ensemble de notre
périmètre, nous
appliquons un
cadre de référence pour la
qualité environnementale
de
Olivier Sassi.
l’aménagement
et la construction, élaboré en
collaboration avec la préfecture
des Alpes-Maritimes, la DREAL,
la DDTM06, l’ADEME, les collectivités locales et les filières professionnelles », explique Olivier
Sassi, directeur du développement et des projets à l’EPA.
« Compatible avec les certifications environnementales na-
tionales et internationales, ce
cadre de référence fixe des objectifs de performance sur huit
thèmes, dont l’énergie : une
charte d’adhésion incite à l’excellence environnementale tous
les maîtres d’ouvrages publics
et privés ainsi que l’ensemble
des maîtrises d’œuvre et des
entreprises parties prenantes
des projets de l’Éco-Vallée ».
Selon l’EPA Éco-Vallée, pour
construire cette ville de demain, 1600 emplois pérennes
seront créés. Et 25 000 nouveaux emplois viendront investir ses nouveaux espaces
d’activités économiques où s’accomplit la transition énergétique.
Après un temps de diagnostics et réflexions partenariales nourris notamment par le CETE Méditerranée et la
DATAR, l’État et les collectivités définissent les grandes orientations d’un
projet appelé Éco-Vallée.
Sur un périmètre de 10 000 hectares
et 15 communes, une action réparatrice de l’environnement et un aménagement durable du territoire sont les
priorités pour impulser une forte dynamique économique et sociale dans la
métropole.
En 2008, l’État confère au projet le statut d’Opération d’intérêt national, et en
confie le pilotage à un Établissement
public d’aménagement créé la même
année.
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Alpes de Haute-Provence / L’eau potable d’Allos, source d’énergie renouvelable
Valorisation des potentiels de la petite hydroélectricité : l’exemple de la pico-centrale du
Haut-Villard.
Pico, micro, mini… de moins de 20 kW à 10
MW, il existe 143 petites centrales hydroélectriques
en
Provence-Alpes-Côte
d’Azur*.
La puissance installée de ce parc atteint 420 MW*,
soit 13 % de l’hydroélectricité régionale. Qu’ils
soient collectivités, associations d’irrigants ou exploitants de réseaux, les porteurs de projets d’installations y voient une opportunité de diversification d’activités et de recettes financières nouvelles.
En vue de concilier gestion des ressources en
eau, développement de la petite hydroélectricité et minimisation des impacts sur les éco
systèmes et la santé humaine, les services instructeurs et les instances consultatives de l’État
participent à la délivrance des autorisations
nécessaires (préfectures, DDT, Onema, ARS).
Les financements au titre de l’Accord-cadre ÉtatConseil régional-ADEME sont mobilisés pour les
études de faisabilité, la réalisation des équipements et l’animation de le filière en ProvenceAlpes-Côte d’Azur, à travers la mission Petite hydroélectricité et environnement (PhéE).
Fruit d’une dynamique associant l’ADEME, l’Onema, la DREAL, l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse et le Conseil régional, PhéE est
pilotée par le Geres et la Maison régionale de
l’eau. Sa vocation : appuyer les porteurs de projets et promouvoir les opérations exemplaires.
Les centrales sur réseau d’adduction d’eau potable
(AEP) et d’irrigation font l’objet d’une attention particulière. Infrastructures préexistantes, aménagement réduit, débits conséquents et réguliers, impact
environnemental faible ou nul… Les avantages de
ces installations étaient soulignés dès 2005 par une
étude du potentiel régional de développement de la
petite hydroélectricité, commandée par l’ADEME et
le Conseil régional. Une nouvelle étude ciblée sur les
AEP et les canaux d’irrigation est en cours dans les
Alpes-de-Haute-Provence, à l’initiative du Conseil
général et avec la participation des services de l’État.
Mise en service en 2008, la pico-centrale du HautVillard à Allos est un modèle du genre. Avec une
puissance de 51 kW, elle produit 356 MWh par an
en turbinant les eaux du réseau AEP captées à la
source des Chiens. Propriétaire de l’installation
Centrale d’Allos.
gérée en régie, la commune a perçu annuellement
jusqu’à 45 000 euros d’EDF. Une partie de cette
recette est reversée au budget municipal, le reste
vient amortir l’installation qui a coûté au total 275
000 euros, financés à hauteur de 37 700 euros par
le Feder et 29 400 euros par l’Accord-cadre ÉtatConseil régional-ADEME. Une bonne moitié de cet
investissement a bénéficié aux entreprises locales.
« En amont du projet, l’étude de préfaisabilité a été
financé à 90 % par l’ADEME et le Conseil régional,
l’étude de faisabilité à 80 % », précise Bernard Deleuil,
chargé de mission à la mairie d’Allos. « Les énergies
alternatives, ici, c’est une prise de conscience, mais
on a aussi démontré que l’on peut faire aujourd’hui
une production propre, non polluante et qui rapporte.
Ce projet a impacté positivement les décisions des
élus, par exemple sur la mise en œuvre d’un réseau
de chaleur avec chaudière bois-énergie desservant
six bâtiments publics ou sur la participation au Plan
climat-énergie territorial (PCET) départemental ».
* Source mission PHéE
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Hautes-Alpes / Le choix du bois et une volonté de faire
Le territoire de l’Embrunais (05) prend en
main son avenir énergétique avec le soutien
de l’État.
Pour construire le plus important équipement boisénergie de la région, la Ville d’Embrun a procédé
par étape. Premier acte en 2007 : une chaufferie bois et son réseau de chaleur desservent 3600
m2 de bâtiments communaux du quartier Delaroche
(crèches, salles de loisirs, maison des associations,
bureaux) ainsi qu’une maison de retraite. En 2010
et 2012, deux autres chaudières bois sont mises
en service pour le réseau de chaleur du quartier de
la Gare, reliant neuf bâtiments publics (3 écoles,
lycée, collège, salle des fêtes, restaurant scolaire,
centre des impôts…), 170 logements sociaux, trois
copropriétés de 100 logements, des bureaux…
« Ces projets se sont construits
sur notre souhait d’innover en
montrant l’exemple », explique
Marc Viossat, élu municipal en
charge de l’espace rural et de
l’environnement, également président de la Régie bois-énergie.
« Mais il a fallu prendre le temps
Marc Viossat.
de la pédagogie : rassurer la population sur les chaufferies bois automatisées, le
potentiel d’exploitation des forêts, lever un à un
les freins sur l’intégration urbaine, la filtration des
fumées… ». La réussite des réseaux a permis au
territoire d’activer le développement de toute une
filière bois énergie locale, pour d’une part protéger et valoriser les espaces forestiers, d’autre part
conforter les entreprises et les emplois : exploitants, producteurs, ingénierie, BTP, installateurs…
Après avoir élaboré avec l’ADEME, l’ONF et les propriétaires forestiers le premier plan d’approvisionnement territorial (PAT) en Provence-Alpes-Côte d’Azur,
la Communauté de communes de l’Embrunais a réalisé en 2010 une plate-forme de séchage, stockage
et broyage de bois déchiqueté sur la zone d’activité
de Pralong, dédiées aux activités du bois (6 entreprises et 25 emplois en 2012). La plateforme sécurise le prix et le volume d’approvisionnement local
des chaudières collectives. Son premier client (1500
tonnes par an) est la Régie bois-énergie d’Embrun,
créée en 2010 par la commune pour développer les
réseaux de chaleur et vendre l’énergie produite.
« Nous voulions une alternative : l’objectif est atteint », conclut Marc Viossat. « Pour tous les raccordés, la facture de chauffage au bois en 2012
était inférieure au fioul de 19 % en moyenne.
C’était – 12 % en 2011 ». De nouveaux projets sont en cours. « Nous voulons étendre l’alternative bois-énergie, avec son confort et son
prix modéré, à l’ensemble des logements sociaux et des équipements publics d’Embrun ».
Chaufferie bois du quartier de la Gare Embrun © GUIBAUD/ADEME.
Repères :
• Production de chaleur : 2750 5850MWh/an.
• 3,7 emplois créés pour la plateforme bois et la régie.
• 1600 tonnes de CO2 évitées chaque année.
• 550 000 € investis pour le réseau du quartier Delaroche, financés à 49 % par l’Accord-Cadre État-Région-ADEME et le CG05.
• 2,9 M€ investis pour le réseau du quartier de la Gare, financés à 54 % par le Fonds chaleur de l’ADEME, le Feder, le Conseil
régional et le Conseil général des Hautes-Alpes.
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Alpes-Maritimes / Les smart grids : un moyen d’optimiser la production et la
consommation d’électricité solaire
Bénéficiaire des Investissements d’Avenir, le
projet Nice Grid à Carros (06) est le premier
démonstrateur français de quartier solaire intelligent.
Comment passer du système électrique actuel,
caractérisé par une production centralisée et des
lieux de consommations éloignés, à demain un
système électrique intelligent dit smart grid ? ?
L’expérimentation Nice Grid vise à tester une solution qui associe production massive d’énergies
renouvelables, stockage d’électricité et maîtrise
de la demande. En 2011, dans le cadre du premier Appel à manifestation d’intérêt sur les réseaux
électriques intelligents, 3,5 M€ au titre du programme Investissements d’Avenir ont été attribués
à ce projet, d’un montant total de 30 M€. Autour
d’ErDF, coordonateur de Nice Grid, un consortium
de partenaire rassemble Saft, Alstom Grid, EDF,
RTE, Watteco, Armines, Daikin et Netseenergy.
« Choisir Carros comme territoire test présente plusieurs avantages », précise Christophe Arnoult, responsable Grands projets et réseaux du futur au sein
d’ErDF : « un environnement très favorable à l’innovation, au voisinage de l’Éco-Vallée de la Plaine du
Var ; un gisement important d’énergies renouvelables, notamment solaire ; un ensemble représentatifs de clients, maisons individuelles, logements
sociaux en petit résidentiel, PME et PMI… et puis
Carros est une commune de l’Est-Paca, région sen-
sible à la bonne gestion de l’énergie parce que située
à l’extrémité du réseau de transport électrique ».
Nice Grid expérimente notamment l’îlotage d’une
zone de Carros, dotée de moyens de production
solaire photovoltaïque et de technologies de stockage électrique (batteries lithium-ion) suffisants
pour pouvoir être isolée du réseau principal, et
fonctionner en totale autonomie pendant plusieurs heures. Via les nouveaux compteurs électriques communicants Linky, installés chez 1500
clients résidentiels, professionnels et collectifs, un
Network energy manager (NEM) permettra d’orchestrer les prévisions de production solaire et de
consommation électrique du lendemain, le pilotage
à distance de certains usages (chauffe-eau, chauffage, climatisation…) ou d’équipements de stockage (batteries). Ce dispositif devrait contribuer à
une évolution des comportements énergétiques.
Les résultats de Nice Grid seront analysés sous tous
les angles : technologique, l’expérience concentrant de nombreuses innovations pour superviser et
optimiser production, stockage et consommation ;
social, le consommateur devenant consomm’acteur avec la possibilité de maîtriser et réduire sa
facture d’électricité ; environnemental, les émissions de CO2 devant diminuer grâce aux énergies
renouvelables ; économique, Nice Grid préfigurant les offres et les pratiques d’un marché à venir, pour lequel une filière française se structure.
Showroom Nice Grid.
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Bouches-du-Rhône / Vents favorables pour l’éolien offshore flottant
Pour faire émerger la filière, du concept à la
préfiguration industrielle, un large partenariat réunit pôles de compétitivité, starts up,
grandes entreprises, centres de recherche,
collectivités territoriales et services de l’État.
« Quand on observe l’accueil local des projets éoliens en France,
il faut bien reconnaître que le
public les classe souvent dans l’espèce des PUMA : Projets Utiles…
Mais Ailleurs. Pour atteindre les
objectifs nationaux de production énergétique éolienne, il faut
Charles Smadja
innover ». Ce constat a conduit
Charles Smadja et Frédéric Silvert, cofondateurs de
la startup Nénuphar, à développer leur propre architecture d’éolienne à axe vertical, optimiser la technologie de pale, et breveter un concept de ferme
éolienne flottante qui pourrait conquérir les mers du
monde. Avantage de la solution : elle exploite mieux
les vents marins, forts et réguliers, en éloignant
la production des côtes et leurs conflits d’usages.
L’éolienne flottante s’affranchit en effet de la limite
actuelle des 35 m de profondeur, au-delà de laquelle
les éoliennes sur fondation ne sont plus rentables.
« En Méditerranée, la bathymétrie descend tellement
vite que l’éolien flottant est le seul moyen de bien
exploiter le gisement », précise Charles Smadja. Avec un centre de gravité plus bas et un tirant d’eau
réduit, les éoliennes flottantes à axe vertical sont en
outre moins exposées aux moments déstabilisateurs.
(13) un prototype terrestre pleine échelle de 2 MW,
soutenu par la Direction générale de la compétitivité
et de l’industrie (DGCIS) via le cluster énergétique
européen Eurogia+. Le prototype en mer de 2 MW
sera quant à lui développé dans le cadre du projet
Vertiwind, porté par Technip avec Nénuphar et différents partenaires industriels (EDF EN, Seal Engineering, Bureau Veritas) ou académiques (Université
du Sud Toulon Var, Arts et Métiers Paris Tech, IFP).
Labellisé par les pôles de compétitivité Mer Méditerranée et Capenergies, Vertiwind a été retenu
par les programmes Investissements d’Avenir de
l’ADEME pour 7 M€ d’aides (sur un budget total de
16,8 M€). « Ce projet nécessitant une procédure
d’autorisations spéciales, le SGAR de la préfecture
de région a animé la coordination des services de
l’État (pour optimiser les délais d’instruction, avec
des points trimestriels », précise Charles Smadja.
Le développement de cette technologie est réalisé
par étape via des collaborations entre industriels
et laboratoire de recherche, en concertation et
avec l’appui de tous les acteurs du territoire dont
les services de l’État et le Conseil régional Paca.
Le projet Vertifloat va permettre à Nénuphar et son
partenaire des Arts&Métiers Paris Tech de construire
dans la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-mer
Eolien flottant : © EDF EN / Nenuphar / Technip
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Technip et Nénuphar restent en première ligne pour
Inflow, troisième étape de concrétisation : la mise en
place d’un site d’essai au large de Port-Saint-Louisdu-Rhône, baptisé Mistral et configuré pour deux
prototypes, a reçu l’appui de FP7, le fonds R&D de
l’Union européenne. Enfin, EDF EN lancera ensuite
Provence grand large, une ferme pilote pré-commerciale de 13 éoliennes à axe vertical (capacité totale installée de 26 MW) financée à hauteur de 34,3
millions d’euros par le dispositif européen NER 300.
350 emplois devraient être mobilisés ou créés pour
construire les éoliennes de Provence grand large, et
20 créations nettes seront nécessaires à l’exploitation de la ferme installée à 12 milles marins du rivage de Fos-sur-mer. C’est donc au voisinage d’installations pétrolières et gazières, qu’une nouvelle
chaîne industrialo-portuaire de l’éolien entre en préfiguration. « On estime à 5000 le potentiel d’emploi
liés à la fabrication industrielle des parcs éoliens
offshore flottant, sans compter le travail fourni à la
sous-traitance locale », explique Charles Smadja.
« La zone de Fos, à la fois industrielle et venteuse,
offre des conditions intéressantes pour la fabrication des éoliennes et pour la production d’énergie ».
Eolien flottant : © EDF EN / Nenuphar / Technip
Var / Pôle Mer Méditerranée, moteur de compétitivité
Des énergies marines renouvelables aux biotechnologies « bleues », en passant par les
navires et les ports du futur, les projets R&D
labellisés par le pôle de compétitivité et soutenus par l’État explorent les possibilités de
filières industrielles nouvelles.
Labellisé en 2005 avec son jumeau le Pôle Mer
Bretagne, le Pôle de compétitivité à vocation mondiale Mer Paca est né d’une initiative associant la
DCNS à un noyau dur d’entreprises et de laboratoires : Thalès, ECA, CNIM, Ifremer, Principia et
l’Université du Sud Toulon Var. Rebaptisé en juin
2013 Pôle Mer Méditerranée, il fédère aujourd’hui
un réseau de plus de 350 acteurs économiques
(dont 150 PME) et organismes de recherche/formation. Le contrat de performance 2013-2018 qui
va lier le Pôle à l’État et aux collectivités territoriales définit une ambition commune : développer durablement l’économie maritime et littorale.
Sujet décliné par plus de 200 projets de R&D label-
lisés, l’énergie est
un axe fort de la
volonté affichée notamment par l’Etat
de développer de
l’économie
maritime et liottorale.
Une dizaine de projets se concentre
sur les énergies
marines renouvelables, avec une
forte présence de
l’éolien marin et
de
l’hydrolien.
Le Fonds Unique
Interministériel
(FUI) de soutien à
la recherche appliquée et les aides
« Vertiwind » Pôle mer : © CNIM-Compagnie
maritime Chambon.
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des collectivités territoriales ont permis l’émergence de projets tels que : « Bilboquet » (production d’électricité par la force de la houle), « Blidar »
(mesures offshore de rentabilité d’un parc éolien)
et « Powermate » (système de connexion électrique
sous marine, également soutenu par le Feder). De
leur côté, les Investissements d’Avenir interviennent
via l’ADEME pour « Vertiwind » (éolienne offshore
flottante à axe vertical, et via l’Agence nationale de
la recherche (ANR) pour « France Énergie Marine »,
projet d’institut d’excellence en énergies décarbonées dédié aux énergies marines renouvelables.
D’autres projets, labellisés par le Pôle et également
soutenus par le FUI, voient le jour dans la thématique des Navires du futur. « Déesse » préfigure par
exemple une navette maritime hybride diesel/électro-solaire pour des transports urbains plus écologiques. Retenu par les Investissements d’avenir, le
projet « Windkeeper » met au point un navire démonstrateur, éco-conçu et économe en énergie, utilisable
pour la maintenance des champs éoliens offshore.
« Windkeeper » Pôle mer : © CNIM-Compagnie maritime Chambon.
Du côté des Ports du futur, autre thématique de
R&D, le volet énergétique explore par exemple la
question du branchement électrique des navires.
Les biotechnologies « bleues » sont aussi un champ
d’exploration de la transition énergétique. Cofinancé
par l’ANR, le projet « Shamash » a testé une voie de
production à haut rendement de micro-algues utilisables dans la fabrication d’un nouveau biocarburant.
À partir de « Shamash », d’autres recherches
applicatives sont mises en œuvre avec le soutien
de l’État (ANR, FUI), tels « Salinalgue » (culture
de micro-algues à grande échelle pour la production de bioénergies et bioproduits) et « Algomics »
(études globales de la conversion et du stockage de l’énergie solaire chez les micro-algues).
« Salinalgue » Pôle mer : © CNIM-Compagnie maritime Chambon.
Le Pôle Mer a également labellisé deux outils dont
le but est de dynamiser la recherche, l’innovation et
lever les verrous d’une industrialisation des procédés utilisant les micro-algues : la plateforme « HélioBiotec », pôle de compétence et d’innovation de
dimension européenne, et « Greenstars », institut
d’excellence en énergies décarbonées réunissant les
acteurs français de la valorisation des micro-algues.
« À travers ces projets bien souvent portés par des PME locales,
des perspectives de marchés se
dessinent ou émergent », explique
Patrick Baraona, directeur du Pôle
Mer Méditerranée, « le Pôle et
ses partenaires les accompagnent
pour que notre région soit le point
Patrick Baraona.
de fixation de ces filières économiques et industrielles d’avenir. Nous sommes en
interactions permanentes avec la Préfecture de
région , la Préfecture du Var,la DIRECCTE, la DIRM Méditerranée, les DDTM, l’ADEME, les services des préfectures. Ils sont associés à nos réflexions stratégiques,
et le Pôle apporte sa contribution dans les comités de
filières comme il l’a fait lors du Grenelle de la mer.
Être un des principaux leviers de la politique maritime
intégrée est une priorité du Pôle Mer Méditerranée ».
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Vaucluse / Les beaux fruits de la méthanisation à la ferme
Les premiers projets de méthanisation se concrétisent en Paca.
La méthanisation est un procédé biologique qui permet de valoriser les matières organiques pour produire à la fois du biogaz, donc une énergie renouvelable, et un digestat utilisable comme fertilisant. Les
avantages environnementaux sont multiples : réduction des émissions de gaz à effet de serre (dans le cas
d’un stockage de lisiers), meilleure gestion des déchets organiques, production d’énergie décentralisée…
Pour promouvoir la filière, l’ADEME et le Conseil régional ont organisé des journées techniques de sensibilisation et de mobilisation des acteurs. Dans le secteur
agricole, la méthanisation suscite l’intérêt. Une première unité est sur le point d’être mise en service par le
Groupement agricole du Balcon de Gap (05). L’investissement est financé par le ministère de l’Agriculture et
de la pêche dans le cadre du Plan de performance énergétique, ainsi que par l’ADEME et le Conseil régional.
À l’Isle-sur-la-Sorgue (84), les responsables de l’exploitation agricole des Vergers du Mourgon ont collaboré
avec les services de l’État pour mettre au point le plus
ambitieux projet de méthanisation à la ferme de la région.
matières organiques par an, pour obtenir par cogénération 2 158 MWh/an d’électricité et 2 213 MWh/
an d’énergie thermique. « La chaleur produite servira pour le chauffage et l’eau chaude de nos logements saisonniers. Nous envisageons aussi la
création d’une serre agricole tropicale pour produire des fruits exotiques en Vaucluse dans une
démarche circuit court », indique Laurent Tamisier.
Un plan d’épandage a été élaboré avec la Chambre
d’agriculture de Vaucluse pour mettre en œuvre les
1725 tonnes de digestat solide issus de la méthanisation. L’eau extraite de ce digestat pourra être
réutilisée pour l’irrigation. Les émissions évitées
de gaz à effet de serre atteindront 795 tonnes/an.
L’ADEME a financé les études de faisabilité, la Dreal
a instruit le dossier d’installation classée, la DDT
de Vaucluse celui de la réhabilitation des logements saisonniers. L’ADEME, le Conseil régional et le
Feder ont apporté 987 k€ d’aides à la construction
de l’unité, dont le coût total s’élève à 3 M€. Début
des travaux fin 2013, pour une mise en service au
premier semestre 2014. « L’amortissement sera atteint en une dizaine d’années, et nous allons créer
2 à 3 emplois pour le pilotage et la maintenance ».
À l’origine du projet, Laurent et Sylvain Tamisier,
premiers producteurs français de pommes et de poires
bio. « Nous cherchions une solution pour ne plus jeter
les fruits non commercialisables, que nous appelons
écarts », raconte Laurent. « On s’est rendu compte
qu’avec notre exploitation, on atteignait déjà la capacité suffisante pour un atelier de méthanisation.
Nous avons contacté d’autres producteurs locaux qui
se sont montrés intéressés par cette solution verte
pour leurs propres écarts de fruits et légumes ».
L’unité projetée est dimensionnée en conséquence.
Elle pourra méthaniser environ 10 000 tonnes de
Laurent et Sylvain Tamisier.
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Glossaire
ADEME
Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.
ANR
Agence nationale de la recherche.
ARS
Agence régionale de santé.
CDC
Caisse des dépôts et consignation.
CETE
Centres d’études techniques de l’équipement.
CNRS
Centre national de la recherche scientifique.
CRE
Commission de régulation de l’énergie.
CREDOC
Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie.
DATAR
Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire
et à l’attractivité régionale.
DCNS
Société d’armement naval et d’énergie.
DDT/ DDTM Direction départementale des territoires (et de la mer).
DIRECCTE Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation,
du travail et de l’emploi.
DIRM
Direction interrégionale de la mer.
DRAAF
Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt.
DREAL
Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement.
FEDER
Fonds européen de développement régional.
FUI
Fonds unique interministériel.
ONEMA
Office national de l’eau et des milieux aquatiques.
ONF
Office national des forêts.
SGAR
Secrétariat général pour les affaires régionales.
SRCAE
Schéma régional climat air énergie.