1 - Groupe de travail
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1 - Groupe de travail
Groupe de travail « Diversité » : Vendredi 16 mars 2007 10h : Audition de Madame Marie-France MALONGA Étaient présents : Pour le Conseil : Rachid Alain ARHAB, Président du groupe de travail MÉAR, Vice-Président du groupe de travail Pour les services du Conseil : DP / DG-SID 1. Compte-rendu de l’audition Rachid Arhab demande à Marie-France Malonga de rappeler les grandes lignes de l’étude qu’elle avait faite pour le CSA et les critiques que cette étude avait soulevées. Marie-France Malonga précise que son projet était d’actualiser l’étude faite par le CIEMI qui avait étudié 15 jours de programmes. Cette étude avait dressé un triple constat : sous-représentation des personnes étrangères sauf dans les séries américaines ; présentation stéréotypée et exotique de ces personnes dans les publicités ; absence, dans les médias, de professionnels issus des minorités. Apprenant que le CSA, interpellé par le Collectif-Égalité, se préoccupait de ces questions, Marie-France Malonga avait alors proposé au Président Bourges d’effectuer une étude portant sur une semaine de programmes, répartis en 7 genres différents. L’étude devait les analyser sous un angle à la fois quantitatif et qualitatif, même si pour des raisons de délais et de moyens, ce deuxième aspect n’a pu être réellement développé. Une équipe d’observateurs a aidé Marie-France Malonga dans ce travail de dénombrement. Les réactions négatives qu’a pu suscitées l’étude sont venues de quelques journalistes, hostiles aux méthodes quantitatives reposant sur le dénombrement, suspectes de faire ressurgir le débat sur d’éventuels quotas en la matière. Marie-France Malonga s’inscrit en faux contre cet amalgame. -1- Elle considère que cette étude quantitative a permis de faire prendre conscience aux chaînes d’un défaut de représentativité et a permis au Conseil de s’appuyer sur les conclusions de l’étude pour négocier avec les diffuseurs une obligation en la matière. Des critiques plus fondées ont pointé l’absence de statistiques au niveau national et par voie de conséquence, la difficulté à conclure à une sous-représentation de certaines minorités ethniques. Cette critique indéniable conduit Marie-France Malonga à privilégier, pour la suite, une approche plus qualitative. Revenant sur le terme de « minorités visibles » employé dans cette étude, Marie-France Malonga précise qu’il est repris d’une terminologie canadienne et n’est utilisé que comme un concept de travail. Il lui semble toujours pertinent et moins polémique que des termes équivalents tels que « non-blancs » employé par Eric Macé qui lui semblent plus problématiques. Alain Méar lui fait remarquer que le terme de « minorité visible » n’est pas compris dans le public. Rachid Arhab considère que le terme de « minorité visible », utile à l’époque de cette étude, est un peu daté. La question actuelle est plutôt celle de la visibilité des minorités. A une question de Rachid Arhab sur les évolutions relevées depuis l’étude de 2000, MarieFrance Malonga précise que cette date a constitué un moment charnière. Après 2000, les diffuseurs ont fait des efforts pour « colorer » davantage les émissions de jeux (qu’il s’agisse des candidats ou du public), pour mettre davantage à l’antenne des personnages de fiction (premiers ou seconds rôles) qui reflètent mieux la diversité de la société française. Enfin, s’agissant des professionnels, une plus grande diversité dans le choix des journalistes ou des chroniqueurs est indéniable. Si en termes quantitatifs les résultats obtenus sont assez satisfaisants, les avancées sont moins favorables sur un plan qualitatif, en raison de la persistance de représentations stigmatisantes et dévalorisantes. Les 82 programmes qui constituent le corpus d’étude de la thèse de Marie-France Malonga ont permis de recenser 455 personnes issues des minorités, principalement noires. 3 types principaux de représentations se dégagent : - La victime (ex : fiction Ciel d’Asile sur France 3). Il s’agit de personnages abandonnés ou qui ne peuvent se prendre en charge et qu’en général, une personne blanche va sauver ; - Le délinquant : ce type est très présent dans les documentaires et magazines ; - Le sauvage : il s’agit d’un personnage un peu primaire, qui vit selon ses instincts. Une émission comme En terre inconnue participe d’une vision néo-coloniale, sur le modèle de Tintin au Congo, qui met en scène l’arrivée d’une personnalité blanche (en l’espèce Muriel Robin dans une tribu d’Afrique noire). -2- Marie-France Malonga ne nie pas cependant que de réelles améliorations ont eu lieu, par petites touches. On relève en effet : - Des héros positifs tels que Fabien Cosma ou Un flic dont les origines ne sont pas à l’excès mises en avant; - Une représentation du métissage dans les couples qui est une spécificité française et distingue vraiment les séries françaises des séries américaines ; - Des programmes multi-culturels, tels que PJ, qui sur le modèle d’Urgences, présentent, dans un milieu professionnel, des personnes de toutes origines et aux fonctions sociales souvent valorisantes ; - Enfin, la publicité a beaucoup évolué et présente souvent le métissage comme un argument de vente. 2. Propositions A la question du périmètre de l’étude que le CSA pourrait envisager de mener sur le traitement des minorités, Marie-France Malonga a mis en garde contre une vision trop large de la diversité, même si des discriminations en fonction de l’âge ou du handicap sont indéniables. Dans un souci d’efficacité, Marie-France Malonga a proposé de procéder de manière distincte pour chaque type de minorité. L’échange a ensuite porté sur une méthodologie, qui permettrait de traduire de manière concrète la phrase figurant dans les conventions des opérateurs privés : « prendre en considération, dans la représentation à l’antenne, la diversité des origines et des cultures de la communauté nationale» : Il a été considéré comme nécessaire de définir une grille d’analyse qui identifie les demandes du CSA et permette aux chaînes d’y répondre précisément. Cette grille doit être élaborée en collaboration avec les chaînes ; Il a été évoqué la possibilité pour le Conseil de déterminer chaque année un sujet d’étude et des objectifs différents. Le Conseil pourrait choisir de faire un focus sur un genre de programmes et/ou une minorité (ex : les handicapés dans la fiction ; les minorités ethniques dans les programmes d’information ; les programmes jeunesse …). A partir de données qu’aurait élaborées le Conseil, celui-ci pourrait réunir les chaînes et leur demander, selon une grille d’analyse à définir avec eux, de rendre compte de leurs efforts en la matière voire de définir des objectifs. -3-