Traitements de substitution - Pas-de
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Traitements de substitution - Pas-de
Rem63-26032007-LM.qxd 27/03/07 11:18 Page 1 N° 63 • mars 2007 PRÉSIDENTIELLES 2007 Photos : Dominique Thiéry Nos lecteurs sont aussi vos électeurs ! 27/03/07 11:18 Page 2 2 Rem63-26032007-LM.qxd HOMMAGE Hommage à A L’ ARDENT MILITANT poussant le malade au cœur de sa prise en charge comme acteur de sa propre histoire. L remaides 63 - mars 2007 - photo : Dominique Thiéry a flamme d’Arnaud Marty-Lavauzelle s’est éteinte le 13 février 2007, à l’hôpital de la Pitié Salpétrière. Arnaud est parti doucement, un peu seul, après vingt ans de combat acharné et impressionnant contre le sida et contre sa propre maladie. Un hommage légitime particulièrement émouvant lui a été rendu lors de ses obsèques. Quand j’ai connu Arnaud, il était médecin psychiatre à l’hôpital de Poissy et au centre Monceau, spécialisé en thérapie familiale notamment auprès de familles de toxicomanes. Il a rejoint AIDES en 1987. Militant ardent, il avait le charisme d’un grand leader, se battant sur tous les fronts de l’épidémie. Des incertitudes du début à l’espoir des nouveaux traitements en passant par les années noires : il a soutenu l’accompagnement ultime des personnes, la lutte pour l’accès aux soins pour tous en France, la réduction des risques pour les usagers de drogues, la mobilisation pour l’accès aux traitements dans les pays les plus défavorisés. Il a particulièrement marqué les esprits par son combat pour l’évolution des comportements à l’égard de cette maladie. Daniel Defert avait donné au malade un rôle de “réformateur social”, Arnaud a continué en Je n’oublierai jamais cet après-midi faiblement ensoleillé de mai 1987, lorsque nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Nous allions manifestement dans le même sens, dans une confiance réciproque qui nous a soutenus tout au long du chemin parcouru ensemble. Arnaud me l’a tendrement rappelé à l’hôpital quelques jours avant sa mort, ce qui m’a profondément touchée. Arnaud a su mobiliser l’énergie de bien des personnes et a encouragé ma recherche de solutions adaptées à chacun, individualisées et innovantes dans cette “relation singulière” qui unit le patient et son soignant. C’est encore Arnaud qui m’a accompagnée dans ma démarche militante. C’est au congrès mondial sur le sida en 1992 à Amsterdam que j’ai décidé, avec lui, de rejoindre AIDES. Nous avons beaucoup travaillé sur le Mieux vivre avec son virus et plus tard sur le Mieux vivre avec ses traitements, dont le journal Remaides s’est aussi fait l’écho. Puis, il y a eu 1993 : le courage d’Arnaud d’annoncer son sida aux Assises de AIDES, le congrès de Berlin plus que déprimant face à l’absence de thérapeutiques nouvelles, la prise de conscience de la France en matière de réduction des risques. Cela a déclenché une formidable mobilisation associative. Arnaud menait ces actions avec beaucoup d’ardeur, je m’étonnais quelquefois de sa puissance de travail et de sa force de vie. Me reviennent aussi les premières réunions du TRT-5, la création d’Ensemble contre le sida et tous les petits moyens mis en œuvre pour trouver les solutions adaptées à chaque situation. 1996, l’arrivée des antiprotéases : Arnaud monte au créneau contre ce procédé choquant du tirage au sort, dénonçant la politique commerciale des laboratoires. Grâce à ces nouvelles stratégies thérapeutiques, l’état de santé des patients s’améliore, mais tous ne répondent pas de la même façon au nouveau traitement. Arnaud oriente alors son combat avec détermination vers l’obtention en temps utile de nouvelles molécules pour tous ces patients et pour lui-même. Cette course durera longtemps. Il renonce à la présidence de AIDES en 1998. Devenu membre de l’ONUSIDA, il poursuit son inlassable combat contre l’épidémie en lançant des actions de soutien pour l’accès aux traitements dans les pays du Sud et de l’Est. Il participe à la mise en place du Fond mondial de lutte contre le sida et s’engage au sein d’organisations internationales. Parallèlement, il continue à se battre pour sa propre vie avec une détermination farouche... Les années 2000 s’annoncent mal, les stratégies thérapeutiques avec deux nouvelles molécules ne sont pas au rendez-vous, nous essayons de trouver des solutions pour contenir le virus. Débute alors cette longue période alternant les hospitalisations et les retours à la vie, à la maison, et quelques échappées à l’étranger. Et, en 2006, c’est le lymphome et ses traitements qui contribueront à faire baisser les bras de cet infatigable combattant. Arnaud Marty-Lavauzelle restera toujours associé à l’Histoire du sida comme une grande figure de la lutte. Arnaud n’est plus, mais avec ce qu’il nous a légué, en générosité, en combativité solidaire et en courage, nous avons le devoir de continuer son œuvre. Dr Myriam Kirstetter Rem63-26032007-LM.qxd 27/03/07 11:18 Page 3 3 SOMMAIRE à Arnaud Marty-Lavauzelle S ’occuper des vivants, plutôt que des morts, voilà la préoccupation d’Arnaud. Mais il avait aussi un attachement à ce que la disparition des personnes touchées par le sida ne se fasse pas dans la honte, sans rites. C’est pourquoi je ne veux pas laisser son départ dans le silence et dans l’oubli. Ce ne serait pas juste. Pour lui. Et pour nous, car sa vie à AIDES, c’est aussi notre histoire. Arnaud était l’homme des brèches dans les murs de l’impossible. Ses indignations fracassantes et sa détermination militante ont permis d’ouvrir plus d’un passage pour que AIDES, autant que la lutte contre le sida, trouve des voies dégagées. ACTU 06 04 Brèves La CROI à Los Angeles SPÉCIAL PRÉSIDENTIELLES 2007 10 08 Le sida, sacrifié dans l’urne ? Cinq lecteurs-électeurs s’adressent aux candidats TRAIT’PORTRAIT 13 Après que Daniel Defert, notre président-fondateur, lui eut passé le relais, il aura permis la création d’un réseau AIDES largement installé en France. Partout où l’épidémie nécessitait que des hommes et des femmes se rassemblent dans un mouvement AIDES aux avant-postes de la défense de la dignité des personnes face aux multiples rejets d’une société excluant les séropositif(ve)s. Il a aussi été celui qui a cassé la résistance des États et des sociétés à laisser les personnes concernées s’exprimer sur l’épidémie, à leur accorder le droit de formuler une expertise à partir de leurs vécus. C’est pour cela qu’il était devenu, à la Conférence de Yokohama, en 1996, le président de toutes les associations de lutte contre le sida dans le monde, en s’exprimant en leur nom collectif. VIS TON VIH 14 15 Traitements de substitution en prison : ça bloque ! TÉMOIGNER Roland : “Une lumière dans les ténèbres” SE SOIGNER 22 Hygiène de vie : l’envie d’avoir envie ÉQUILIBRE Nutrition : diététiquement vôtre ! PRÉVENTION ET SEXUALITÉ 26 Groupes de parole sur la sexualité, pourquoi ? ET LÀ-BAS ? 28 Être homo et séropo au Mali PA 30 Vos annonces remaides 63 - mars 2007 Christian Saout Président de AIDES Le fitness viral, c’est quoi ? INTERMAIDES 19 24 Il a encore été celui qui, le premier, a décidé que les personnes du Sud devaient bénéficier des nouvelles thérapies et accéder aux traitements dans les mêmes conditions que dans les pays du Nord. C’est sur une modeste brèche, une première réunion interassociative avec AIDES à Abidjan en 1997, que s’est construite l’affirmation de la capacité des associations du Sud à dispenser les traitements bien avant que les États ne se mobilisent. Joseph, compagnon de VIH POUR Y VOIR PLUS CLAIR 21 Il a aussi été celui qui a brisé le mur du silence pour lui-même et pour les autres en prenant la parole publiquement sur sa séropositivité. Convaincu et fier que l’opinion publique, tout comme les volontaires de AIDES d’ailleurs, devaient dépasser la compassion et partager la révolte pour le changement. Rencontre avec Jean-Luc Romero, président d’Élus locaux contre le sida 27/03/07 11:18 Page 4 ACTU 4 Rem63-26032007-LM.qxd Quoi de neuf, DOC ? Prezista Prezista, appelée aussi darunavir ou TMC-114, est une nouvelle antiprotéase du laboratoire Tibotec-Janssen Cilag. Elle a obtenu récemment son autorisation de mise sur le marché (AMM). Prescrite pour lutter contre l’échec thérapeutique (personnes ayant un virus résistant), elle n’était disponible, jusqu’à maintenant, qu’en ATU (autorisation temporaire d’utilisation). Elle est désormais disponible en pharmacies hospitalières. Les essais chez les personnes prenant un traitement anti-VIH pour la première fois se poursuivent. L’indication de Prezista pourrait donc être étendue prochainement à l’ensemble des malades ayant besoin d’un traitement. remaides 63 - mars 2007 - illustration : Stéphane Blot Envie d’arrêter de fumer ? Le tabac est nocif pour la santé. C’est d’autant plus vrai pour les personnes séropositives, chez qui le tabac accroît les risques cardiovasculaires et de cancer du poumon. Depuis le 1er février 2007, date à laquelle l’interdiction de fumer est entrée en vigueur dans certains lieux publics (notamment au travail), l'assurance maladie rembourse les traitements par substituts nicotiniques (gommes, patchs, inhaleurs, pastilles). Un montant maximum de 50 euros a été défini par an et par personne. Le remboursement ne peut avoir lieu que si les substituts ont été prescrits sur ordonnance par un médecin (et ne mentionnant aucun autre traitement). Pour plus d’informations sur cette nouvelle loi, vous pouvez taper www.tabac.gouv.fr. Vous pouvez aussi appeler Tabac Info Service au 0 825 309 310 (www.tabac-info-service.fr). Nouveaux médicaments pour traiter l’échec thérapeutique Certaines personnes sont aujourd’hui en échec face à la plupart des médicaments disponibles. Pour maîtriser le virus, il faut alors faire appel à de nouveaux traitements, actifs sur les virus résistants. Plusieurs traitements de ce type existent désormais. Pouvoir les associer est une vraie opportunité ! On peut ainsi associer Prezista (nouvelle antiprotéase) et l’étravirine (TMC-125, non nucléoside en ATU, autorisation temporaire d’utilisation) de Tibotec-Janssen Cilag. Les premières données indiquent qu’on peut également associer ces médicaments à l’anti-intégrase raltegravir (MK 0518) des laboratoires MSD, celle-ci étant disponible actuellement en ATU (autorisation temporaire d’utilisation). Essai Trio Un essai associant plusieurs nouveaux médicaments pour les personnes au virus multirésistant sera prochainement lancé par l’ANRS (agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales). Il permettra d’associer les médicaments cités dans la brève précédente. Aptivus disponible en ville Aptivus (tipranavir) est une antiprotéase du laboratoire Boehringer-Ingelheim, utilisée dans le traitement du VIH en cas de résistance à d’autres médicaments (une situation conduisant à l’échec thérapeutique). Elle est désormais disponible, en France, en pharmacies de ville, et toujours à l’hôpital. LES HÉPATITES Baraclude et VIH : risque de résistance ! Baraclude (entécavir), un nouveau médicament contre l’hépatite B (VHB) autorisé en France depuis septembre 2006, doit être évité, autant que possible, pour des personnes atteintes à la fois par le VHB et le VIH. En effet, ce médicament pourrait avoir une activité sur le VIH et entraîner des mutations de ce dernier comme l’a signalé une étude récente. La notice du médicament sera bientôt modifiée pour mentionner cette nouvelle information. Biopsie du foie : pour en savoir plus ! AIDES vient d’éditer une brochure sur la biopsie du foie (examen médical parfois conseillé quand on est atteint par une hépatite virale et qui consiste à prélever un minuscule fragment de foie pour en évaluer l’état). Basée sur des témoignages de personnes qui ont fait cet examen, elle explique ce qu’est la biopsie, comment s’y préparer et répond aux principales craintes des personnes. Elle est disponible dans les délégations AIDES (pour connaître la délégation la plus proche de chez vous, composez le : 0820 160 120) ou sur www.aides.org. Rem63-26032007-LM.qxd 27/03/07 11:18 Page 5 5 4e Conférence francophone sur le sida Sous l’égide de l’ANRS (Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales), la 4e Conférence francophone sur le VIH/sida se tient à la Cité des sciences et de l’industrie à Paris du 29 au 31 mars 2007. Elle a pour buts la communication de données médicales et sociales sur la prise en charge du VIH/sida au Nord comme au Sud, d’aborder les aspects politiques et économiques de l’épidémie et de favoriser la collaboration dans la lutte contre l’épidémie. Pour en savoir plus, connaître les conclusions de la conférence, consultez : www.Vihparis2007.com Livres Comment ne pas mourir malade et idiot à la fois du Dr Jean-Marie Haegy (17 euros, éditions Panama). Après avoir raccroché sa blouse d’urgentiste à l’hôpital de Colmar, Jean-Marie Haegy prend le pouls du monde hospitalier qu’il juge malade, relève les dysfonctionnements et propose une première ordonnance. Instructif. Sur le chemin du cœur, pour un pas de plus (21,50 euros, éditions L’Harmattan) est un recueil de témoignages de personnes séropositives sur le chemin de SaintJacques de Compostelle. Préfacé par Marie de Hennezel, ce livre expose des textes de personnes marchant ensemble pour ne pas oublier, à travers le VIH, ce qui humainement les unit. Spirituel. On attendait beaucoup du nouveau film d’André Téchiné, Les témoins, sorti depuis le 7 mars. Enfin un film où le sida a le premier rôle ! L’histoire d’un jeune homo (Johan Libérau) tombant amoureux d’un flic bi (Sami Bouajila), lui-même marié à une écrivain (Emmanuel Béart), amie d’un médecin gay (Michel Blanc) très épris du jeune homo qui se révèlera séropositif... Mais Les témoins retrace les débuts tragiques du sida dans la France des années 80 et semble arriver un peu tard (ou un peu tôt), tant il est en décalage avec la réalité du VIH aujourd’hui. Le sujet aurait pourtant bien besoin d’un véritable éclairage par le cinéma actuel... Dommage. Néanmoins, le film a le mérite de s’inscrire en devoir de mémoire envers tous les séropositifs disparus et de réveiller, peut-être, les consciences. N’oublions pas la petite “séquence émotion” : lorsque Emmanuelle Béart remet un chèque à Michel Blanc, elle soutient alors les prémisses de AIDES. ACTU AIDES dans Les témoins Faites du Liens ! AIDES vient de publier Liens, une revue gratuite destinée aux intervenants de la lutte contre le sida en Afrique. Une manière de créer du lien avec tous ses partenaires africains à travers des actualités thérapeutiques, internationales... Longue vie à ce nouveau titre ! Pour en savoir plus, consultez www.aides.org Ce n’est qu’un au revoir ! irremplaçable. Pour ma part, je continuerai, à ma façon, à lutter contre le VIH/sida et contre son lot de préjugés, en réalisant un documentaire sur les difficultés de dire aux autres qu’on est séropositif(ve). Cette volonté, je la dois à cette cinquantaine de personnes qui m’ont fait confiance en témoignant à visage découvert dans les colonnes du journal. Votre courage est ma récompense. Ajoutée à celle que je viens de recevoir en votre nom : le prix du Journalist Award (ex-aequo avec une journaliste du Monde) pour un article paru dans Remaides n°60 (juin 2006) : “Dire ou ne pas dire sa séropositivité, être prudent ou militant ?” (pp. 23, 24) que je veux dédier à Gersende*. Alors, ce n’est qu’un au revoir, prenez soin de vous et que chacun suive sa bonne Étoile ! Dominique Thiéry illustration : Gersende* - remaides 63 - décembre 2007 Je ne pouvais pas quitter Remaides sans vous saluer chaleureusement, vous lecteurs, qui êtes fidèles, parfois depuis tant d’années, à ce magazine qui va bientôt atteindre sa majorité, puisqu’il “fêtera” en juillet ses dix-sept ans. Après plus de trois années en charge de la rédaction, j’ai pu, grâce à vous, à un comité rédactionnel exigeant et militant et à des maquettistes disponibles et talentueux, exercer plus que mon métier : j’ai pu vivre un engagement. C’est rare dans une “carrière” de journaliste ! Je tiens aussi à remercier tout particulièrement Fabien Sordet, Laurent Marsault, Marianne L’Hénaff, Cyrille Leblon, Stéphane Blot, PIEM, Pierre & Gilles pour leur amitié et leur qualité d’âme… Remaides va poursuivre sa belle trajectoire car s’il reste un outil essentiel d’informations sur un sujet trop souvent zappé par les médias, fort heureusement, personne n’est 27/03/07 11:18 Page 6 ACTU 6 Rem63-26032007-LM.qxd La CROI, en direct LOS ANGELES ET SON LOT DE PRIX Deux évènements importants viennent d’avoir lieu à Los Angeles (USA) : la cérémonie des Oscars... et la CROI, la grande conférence scientifique mondiale sur le VIH. Les questions sur l’accès aux traitements dans les pays du Sud , la recherche sur la transmission du VIH et les résultats d’études avec de nouveaux médicaments antiVIH prometteurs, ont très certainement remporté “le prix du jury” 2007. V oilà plusieurs années qu’on ne dispose pas, au même moment, de plusieurs médicaments actifs contre les virus résistants qui permettent de lutter avec plus efficacité contre l’échec thérapeutique. Actuellement, la période est très favorable sur ce plan, sans négliger les nouveaux médicaments mieux tolérés pour les personnes débutant un premier traitement. mission du VIH pourrait être réduite en traitant cette infection. De même, il est recommandé d’associer la recherche et le traitement des IST au dépistage du VIH chez les homosexuels. Ainsi une étude menée à San Francisco a souligné cet intérêt à propos de deux IST : les gonococcies et les chlamydioses. risque de contamination (probablement en irritant les muqueuses). Cependant, l’échec de ce microbicide ne remet pas en cause la recherche sur d’autres produits actuellement à l’étude. Circoncision Réduction de la transmission du VIH remaides 63 - mars 2007 - photo : Emmanuel Trénado Traiter les autres infections Les infections sexuellement transmissibles (IST) font malheureusement bon ménage avec le VIH… Lutter contre elles, c’est aussi lutter contre le virus. Plusieurs études sont venues confirmer les liens entre le VIH et les IST, montrant qu’ils se favorisent mutuellement. Les IST provoquent souvent des inflammations, des lésions et abîment les muqueuses génitales (vagin, verge ou anus). La muqueuse, ainsi irritée, laisse plus facilement passer le VIH. En Afrique du sud, on a pu montrer qu’un traitement par aciclovir (Zovirax), médicament utilisé contre les poussées d’herpès, permettait de réduire le nombre de poussées herpétiques (ce qui est logique), mais aussi de diminuer la quantité de VIH dans les sécrétions vaginales des femmes séropositives. On a donc des raisons de penser que la trans- Un nouvel essai international a cherché à confirmer les bons résultats, présentés l’année dernière, de l’essai mené en Afrique du Sud par l’ANRS (agence française de recherche sur le sida et les hépatites) et les autorités de santé du pays. Cet essai a mis en évidence une réduction de 50 % des nouveaux cas de séropositivité dans le groupe d’hommes circoncis par rapport aux non-circoncis. Des questions restent ouvertes sur l’application concrète de cette méthode, qui n’assure pas une protection individuelle complète comme le préservatif (voir le texte de AIDES sur la circoncision, www.aides.org et Remaides 62, pp. 18, 20). Microbicides Les microbicides sont des produits (généralement des gels) à placer dans le vagin (ou l'anus). Plusieurs sont à l'essai, pour voir s'ils évitent la contamination par le VIH. Après le N-9 (nonoxynol-9), il y a quelques années, un autre microbicide s'avère décevant, le sulfate de cellulose : il semble qu'il augmente le Les nouveaux médicaments Intéressons-nous maintenant à la moisson de résultats sur les nouveaux médicaments en développement, actifs sur les virus résistants chez les personnes en échec thérapeutique. Maraviroc Le maraviroc (laboratoires Pfizer) est un inhibiteur du co-récepteur CCR5 qui permet au VIH de s’attacher au lymphocyte T4. Il appartient à une nouvelle famille de médicaments. Chez des patients en échec aux trithérapies classiques qui reçoivent le maraviroc en plus d’un traitement de l’échec thérapeutique, on a observé, en six mois, une baisse significative de la charge virale (divisée par 10) et une hausse de près de 100 T4/mm3. Près de la moitié de ces patients en échec sévère arrive à atteindre une charge virale indétectable. Les effets indésirables graves ne semblent pas avoir été plus importants chez les patients qui reçoivent le maraviroc au cours de la période de l’étude. Ce médicament ne peut cependant pas être utilisé pour tous ceux qui en Rem63-26032007-LM.qxd 27/03/07 11:18 Page 7 7 Au Sud, du nouveau en 2e ligne ? ACTU auraient besoin. En effet, dans 50 % des cas, le virus utilise un autre co-récepteur (CXCR4). Savoir si le VIH dont on est porteur s’attache au CCR5 ou au CXCR4 demande un test spécifique (actuellement du domaine de la recherche). La 2e ligne, ce sont les traitements destinés aux personnes chez qui le premier traitement n'est plus efficace ou est mal toléré. Dans les pays du Sud, le premier traitement est souvent composé de médicaments “génériques”, vendus à prix peu élevés. Il n'en va pas de même pour la 2e ligne qui comporte souvent une antiprotéase et coûte jusqu'à 15 fois plus cher ! Raltegravir (MK 0518, Isentress) Ce premier inhibiteur d’intégrase est actuellement accessible en France, en ATU (autorisation temporaire d'utilisation). Le raltegravir (laboratoires MSD) avait déjà fait la preuve de son efficacité et de sa bonne tolérance. Il a été évalué chez des patients avec des virus multirésistants aux trithérapies classiques. Près des 2/3 des personnes obtiennent une charge virale indétectable (moins de 50 copies/ml) après quatre mois de traitement. Quand le raltegravir est associé à une première utilisation de Fuzeon ou de Prezista, l’efficacité est encore plus importante, puisque 90 % des patients obtiennent une charge virale à moins de 400 copies/ml. Le raltegravir ne semble pas non plus augmenter significativement les effets indésirables. Il sera probablement commercialisé d’ici à la fin de l’année 2007. De plus, les tests de charge virale ne sont souvent pas accessibles, en raison notamment de leur coût. Aussi, ce sont généralement les patients avec moins de 50 CD4 et présentant une infection opportuniste qui bénéficient de ces traitements de 2e ligne, ce qui est bien tard... Au niveau de l’efficacité, une étude de Médecins sans Frontières montre que 91 % des patients sont en vie après un an malgré des changements en 2e ligne très tardifs. En moyenne, les patients gagnent 131 CD4 en un an. Il y a donc urgence à rendre ces traitements de 2e ligne réellement accessibles au Sud ! Une autre anti-intégrase Un nouveau non-nucléoside Le GS 9137 (laboratoires Gilead), autre anti-intégrase, qui doit être prise avec du Norvir (ritonavir), poursuit son développement. La deuxième génération des inhibiteurs d’intégrase est en cours d’élaboration à partir des premières données de résistance connues avec le raltegravir ou le GS 9137. Le TMC 278 (laboratoires Tibotec-JanssenCilag) est un nouveau non nucléoside (même famille que Sustiva ou Viramune). Il est efficace chez les personnes commençant un traitement pour la première fois. C’est ce que confirme un essai d’un an présenté à la CROI. L’intérêt de ce médicament viendra de la confirmation de sa tolérance. Il n’est pas développé pour répondre à la question des résistances aux autres non nucléosides, comme son grand frère, le TMC 125 (ou étravirine), et doit donc rester un médicament de premier traitement. Franck Barbier, Bruno Spire, Emmanuel Trénado • Consultez www.aides.org (rubrique La santé, les traitements, AIDES à la CROI). • VIH, traitements et qualité de vie, supplément à Remaides 62 (les modes d’action des médicaments, les fiches des médicaments, etc.) photo : Emmanuel Trénado remaides 63 - mars 2007 Pour en savoir plus 27/03/07 11:18 Page 8 ACTU 8 Rem63-26032007-LM.qxd LE SIDA, SACRIFIÉ DANS L’URNE ? SPÉCIAL PRÉSIDENTIELLES Demandez le programme ! remaides 63 - mars 2007 - affiches : TBWA\Aides - illustration : Stéphane Blot AIDES a exposé ses 6 priorités à chaque candidat à la présidentielle (sauf à l’extrême droite) : • Des conditions de vie décentes : près de 30 % des personnes séropositives ont l’allocation aux adultes handicapés (AAH, 610,28 euros par mois) et plus de 40 % n’ont pas d’emploi. Comment se soigner quand il faut avant tout manger et se loger ? • Une véritable égalité des droits : discriminés, les homosexuels sont plus vulnérables face au VIH. Autoriser le mariage et l’adoption pour des couples de même sexe ferait reculer l’homophobie. • L’égalité des chances dans la prise en charge de la maladie : certaines préfectures renvoient des étrangers séropositifs dans leur pays où il n’y a pas de traitement. L’accès universel aux soins doit être mis en place, quelle que soit l’origine de la personne. • Une prévention adaptée aux femmes : 42 % des contaminations en France concernent des femmes. Elles ont un risque physiolo- Pas assez “vendeur” pour les électeurs, le VIH/sida ? Toujours est-il que, si certains candidats à l’Élysée se sont exprimés sur le sujet, ils l’ont fait pressés par des associations, dont AIDES. gique de contracter le VIH très supérieur aux hommes. Or le préservatif féminin, peu disponible, coûte 4 fois plus cher que le préservatif masculin ! La recherche sur les microbicides doit aussi se poursuivre. • Une vraie politique de réduction des risques en prison : 30 % des détenus sont des usagers de drogue. Le VIH et l’hépatite C sont six fois plus présents qu’à l’extérieur. Or l’accès au matériel de réduction des risques reste interdit en milieu carcéral. • Une lutte mondiale contre le sida à la hauteur des enjeux : 6 millions de séropositifs ont besoin d’être mis sous traitement immédiatement. Seuls 7 à 12 % ont accès aux médicaments car ils sont trop chers. La France est le 2e financeur du Fonds mondial, mais les moyens restent insuffisants. Candides candidats ? Les 12 candidats à la présidentielle ont tous un point commun : le sida ne semble pas faire partie de leur programme, même si certains ont accepté de prêter leur image à AIDES pour sa campagne “Voteriez-vous pour moi si j’étais séropositif(ve) ?”, www.aides.org Première candidate rencontrée, Dominique Voynet (Les verts) s’est dite favorable aux 6 priorités, s’interrogeant toutefois sur les limites de leur mise en œuvre. Ségolène Royal (PS) a insisté sur les conditions déplorables de détention en France : elle souhaite rendre plus accessible le préservatif en prison et, sans aborder spontanément la question, soutiendrait l’idée de la mise à disposition de seringues propres. Elle est aussi pour revaloriser l’AAH et en faciliter l’accès aux personnes séropositives. Elle entend, enfin, doubler l’aide d’État au développement pour les pays du Sud. Olivier Besancenot (LCR) s’est prononcé pour “l’égalité totale des droits entre homos et hétéros”, juge “scandaleux” le prix du préservatif féminin, milite pour une santé publique où le détenu ne serait pas “un citoyen de seconde zone”. Il propose aussi de remplacer la taxe sur les billets d’avions par “une taxe sur les bénéfices des entreprises qui profitent de leur présence dans les pays en développement”. Arlette Laguiller (Lutte ouvrière) déclare militer “depuis longtemps pour la régularisation de tous les étrangers en France, séropositifs ou non”, parle de “double peine” pour les détenus ne bénéficiant pas des moyens de prévention et trouve que ce serait “la moindre des choses que les femmes puissent prendre en main leur propre protection.” Marie-Georges Buffet (PC) promet, quant à elle, une revalorisation immédiate de 300 euros de l’AAH, augmenter le nombre d’appartements thérapeutiques pour les séropositifs et réaffirmer leur place dans les entreprises. Elle propose également une Sécurité sociale universelle “pour tous et à Rem63-26032007-LM.qxd 27/03/07 11:18 Page 9 9 ACTU “Le sida se soigne aussi par la politique !” À quelques semaines des élections, j’ai plaisir à reprendre cette formule de Willy Rozenbaum, Président du Conseil national du sida. Plus que jamais elle est d’actualité. Les circonstances électorales jointes à l’échec retentissant de “Sida Grande cause nationale 2005”, dont nous avons traîné tout au long de l’année 2006 le goût d’amertume, nous poussent à vouloir remettre le sida dans l’agenda des politiques en ce début d’année 2007. Ce sera évidemment difficile. De lui-même, aucun parti politique ne parle naturellement de l’épidémie. Les regroupements de gays dans les grands partis de gouvernement s’en abstiennent d’ailleurs aussi. À part les Verts et le Parti Socialiste. Disons-le tout net, une fois encore, si le sida est présent dans l’actualité politique à l’occasion des élections, c’est parce que nous l’aurons imposé. Pourtant les enjeux ne manquent pas pour mobiliser ceux qui aspirent à l’exercice des responsabilités nationales. Enjeu d’égalité en France, pour que la maladie Nicolas Sarkozy : nous sommes dans l’attente d’un rendez-vous et à l’heure où nous mettons sous presse nous n’avons aucune information. “Être inerte, c’est être battu” disait De Gaulle. Les présidentiables prendront-ils le risque d’ignorer le sida face aux 150 000 électeurs séropositifs potentiels ? L’urne électorale pourrait, alors, être cruelle avec certains candidats. Dominique Thiéry sont plus que d’autres confrontés au risque de transmission du VIH/sida, tout simplement parce qu’ils ne disposent pas en détention des mêmes programmes de substitution et d’échange de seringues qu’au dehors. Enjeu de liberté aussi, car il faut continuer à promouvoir des batailles engagées depuis longtemps dans la lutte contre le sida, comme le droit au mariage et à l’adoption pour les gays. La lutte contre le sida nous a appris que la vie avec le VIH/sida bouleverse bon nombre de nos clichés. C’est en respectant la vie de chacun telle qu’elle est, sans jugement, que l’on déploie la tolérance indispensable à l’acceptation sociale des personnes. C’est en plaidant pour plus d’égalité, plus de solidarité, plus de fraternité, et plus de liberté que l’on gagnera dans les cinq années du prochain mandat sur le chemin d’une plus grande acceptation des séropositifs en France et dans le monde. Christian Saout affiches : TBWA\Aides - remaides 63 - mars 2007 100 %” qui assurerait la gratuité du matériel de prévention. C’est Jean-Marie Cavada qui a été délégué par François Bayrou pour répondre aux questions. L’ancien animateur de la Marche du Siècle a prôné une société plus tolérante, favorable à l’adoption par les couples de même sexe. À l’heure du bouclage, José Bové, Gérard Schivardi (PT) et Frédéric Nihous (CPNT) avaient accepté de figurer, eux aussi, dans la campagne de AIDES, sans encore évoquer le VIH. puisse être vécue dans la dignité alors que l’allocation aux adultes handicapés (AAH) a perdu plus du tiers de son pouvoir d’achat en dix ans. Enjeu de solidarité au plan international, pour l’accès universel au traitement. Ce qui signifie l’objectif d’atteindre 0,7 % de notre produit intérieur brut (PIB) consacré à l’aide publique au développement. Il faudra des décisions budgétaires concrètes dans le quinquennat présidentiel pour y parvenir. Enjeu de fraternité, dans une République qui se doit de traiter également les uns et les autres dans l’accès aux soins. Pourtant les femmes sont loin de bénéficier des meilleures conditions pour négocier le préservatif dans leurs rapports sexuels. La perspective de leur autonomie dans la protection dépend directement des moyens affectés à la recherche sur les microbicides et de notre capacité à mettre le Fémidon à leur disposition au même prix que le préservatif masculin. Fraternité aussi pour les détenus qui 27/03/07 11:18 Page 10 10 Rem63-26032007-LM.qxd ACTU Candidats à la Présidentielle : NOS LECTEURS SONT VOS ÉLECTEURS ! LES 17 REVENDICATIONS DE AIDES remaides 63 - mars 2007 - photo : Dominique Thiéry AIDES a envoyé aux principaux candidats aux présidentielles (sauf à l’extrême droite) ses grands thèmes d’actions (voir p 8). Voici ses 17 propositions pour améliorer la qualité de vie des personnes séropositives. • Revaloriser l’allocation aux adultes handicapés (AAH : 610,28 euros à l’heure actuelle) à hauteur du SMIC. • Donner la priorité aux foyers comprenant une personne en affection de longue durée (ALD) dans l’accès aux logements sociaux. • Étendre la loi de 1987 sur l’obligation d'emploi des personnes handicapées aux personnes en affection de longue durée (ALD). • Autoriser le mariage entre deux personnes de même sexe. • Autoriser l’adoption par les couples de même sexe. • Remplacer l’aide médicale de l’État par la CMU (couverture maladie universelle) pour toute personne précarisée ou en situation irrégulière. • Respecter le droit au séjour et au travail pour les séropositifs des pays du Sud. • Faire respecter les mêmes procédures du droit au séjour par toutes les préfectures. • Préservatifs masculin et féminin à 20 centimes d’euros. • Disponibilité plus grande du préservatif féminin dans les pharmacies, les lycées et la grande distribution. • Mise en place de programmes d’échange de seringues dans les prisons. • Même accès aux traitements de substitution pour tous les détenus. • Accroître le financement du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. • Maintenir la taxe sur les billets d’avions pour financer le Fonds mondial. • Augmenter l’aide publique au développement consacrée à la santé. Ils sont cinq : Daniel, Nadia, John, Malika et Alain, nos “candidats” pour interpeller les politiques se présentant à l’élection présidentielle. Pour que ceux-ci n’oublient pas que, parmi les millions d’électeurs français, des dizaines de milliers sont, comme eux, séropositifs. Des citoyens à part entière qui ont des devoirs, des droits… et des revendications. Prénom : Daniel Âge : 45 ans Vit avec le VIH depuis : 2003 Profession : aide-soignant Situation familiale : célibataire Sa revendication : autoriser le mariage homo car l’intégration passe par l’égalité des droits Pédé et plombé, j’ai droit au respect ! Daniel vit sa séropositivité comme une donnée de plus. Ce n’est pas pour autant qu’il la néglige. “Je suis sans traitement, mais je suis très vigilant question santé.” Déformation professionnelle oblige. Daniel travaille comme aide-soignant en réanimation dans un grand hôpital. Il est actuellement en arrêt maladie. Épuisé par le virus et ... son job. “Depuis quinze ans, l’hôpital se dégrade. Ce n’est plus un service public, mais une entreprise : réduction du personnel, manque de temps, le malade est un numéro correspondant à une somme d’argent...” Il dénonce aussi la recrudescence des maladies nosocomiales (microbes contractés au sein de l’hôpital) dues, selon lui, à un manque d’hygiène. “Le ménage est fait par des entreprises extérieures payées à l’heure et qui ne font pas les recoins !” Travailler reste primordial pour lui, même s’il est difficile d’être accepté. “Si on parle du VIH, on peut être discriminé. C’est pourtant au travail qu’on aurait besoin de le dire pour bénéficier d’aménagements à cause d’une fatigabilité plus importante. Et l’allocation adulte handicapé (AAH) ne doit pas nous exclure de la vie active, mais au contraire, nous resocialiser.” Daniel est résolument tourné vers l’avenir. Après un Deug de psycho, il entame une reconversion pour devenir éducateur de jeunes sous protection judiciaire. Mais que fait la politique ?! “Plus je vieillis, plus je m’aperçois de son utilité, même si je ne suis pas dupe : les politiques ont presque tous fait l’ENA, ils ont les mêmes idées !” Néanmoins, les yeux rivés sur eux, Daniel espère un changement. “On ne fait pas la guerre tout seul. J’attends des candidats de la compassion et une ouverture totale. Ils ignorent ce que c’est de vivre avec le VIH !” Mais comment les sensibiliser ? “On pourrait créer un syndicat de personnes séropos !” D’ores et déjà, il imagine une grande action pour le prochain locataire de l’Élysée… “Sarko ne pipe mot, Ségo a fini par en parler, mais l’élu(e) devra avoir une mesure forte sur le mariage homo. Notre intégration passe par cette reconnaissance. Je suis pédé et plombé, mais je suis avant tout un citoyen. Je veux qu’on me respecte comme tel.” Daniel ne se laisse pourtant pas le choix. “Politique ou pas, on doit mettre un pied devant l’autre et continuer d’avancer !” Rem63-26032007-LM.qxd 27/03/07 11:18 Page 11 11 Voter veut dire : je suis vivante ! Pas si frêle que ça, Nadia, au deuxième abord. Séropositive depuis vingt-cinq ans, elle parle doucement, mais sa détermination est forte. “Je suis une vivante parmi beaucoup de morts. Alors témoigner, c’est crier, être dans l’action.” L’année dernière, Bruno, son ami depuis six ans, est mort du sida, chez elle. Un violent traumatisme qui la laisse seule avec son fantôme omniprésent dans l’appartement. “Je ne mange plus. Ensemble, on ne faisait qu’un. J’ai des difficultés à éplucher les fruits, c’est lui qui le faisait...” D’autres douleurs lui rappellent sans cesse la présence du virus : anorexie, dépression et une névralgie qui lui bloque le dos depuis plusieurs années. “Au niveau médical, je galère. J’ai eu une hépatite, j’ai du mal à prendre mes traitements, et mon médecin ne varie pas son discours d’un iota...” Pourtant, elle ne se laisse pas impressionner. “Si on ne veut pas être seul(e), il ne faut pas s’isoler.” Entre séances de balnéothérapie, de kinésithérapie et de psy, elle fréquente des associations, voit des amis et prend des leçons pour apprendre à conduire. “Le matin, c’est très dur, il faut vraiment que je me dise, lèvetoi et marche !” Sans emploi, Nadia touche l’AAH (allocation adulte handicapé). Lorsqu’elle a Prénom : John Âge : 26 ans Vit avec le VIH depuis : 2002 Profession : salarié à AIDES Situation familiale : célibataire Sa revendication : insérer les séropositifs en luttant contre les discriminations au travail Il faudrait un candidat séropo ! à Paris, avec une AAH (allocation adulte handicapé) de 600 euros ?” Pourtant, professionnellement, cela n’a pas toujours été rose. “J’étais réceptionniste dans un hôtel quand j’ai appris ma séropositivité. Après une primo-infection, une dépression, on m’a aménagé mes heures de travail. J’ai parlé du virus à un collègue qui l’a répété. De fil en aiguille, mon patron a voulu me licencier et mon médecin de travail m’a mis inapte. J’ai perdu mon emploi.” John n’est pas amer. “Aujourd’hui, c’est aux jeunes séropos de reprendre le flambeau, de militer. À l’heure des élections, le pays tressaille, mais que se passe-t-il concrètement ensuite ? Même la Grande Cause Nationale sida en 2005 a été décevante.” Alors John “essaie” surtout d’aller bien. Quand on a le VIH, on peut se faire du mauvais sang lorsque les politiques ne semblent pas beaucoup se soucier de la qualité de vie... “Le terrain bouge plus vite que la politique. Pour être efficace, il faudrait s’occuper des gens qu’on ne veut pas voir : les putes, les drogués, les homos, les étrangers... Un candidat séropo, ça ce serait révolutionnaire !” photos : Dominique Thiéry - remaides 63 - mars 2007 C’est pour faire bouger les choses que John a accepté de parler. “Sinon, tant que je vais bien, sans traitement, je n’ai pas trop envie...” Bien sûr, cela ne va pas toujours bien : fatigue, problèmes musculaires... John ne se plaint pas. Son androgynie à la Bowie, son rire tonitruant et son œil en éveil ne masquent pas un ressenti profond qu’il aborde avec pudeur. “Dans cette société, on est obligé de vivre caché pour se protéger. On ne peut pas être soi-même et on a l’impression de constamment mentir. On sait qu’on ne doit pas dire qu’on est séropositif. Car comment, quand, à qui le dire ? À long terme, c’est un mal-être.” Sans en avoir l’air, John s’intéresse à la politique, ou plutôt à l’absence de certains thèmes dans la campagne électorale. “Les politiques ne parlent pas du sida car ils n’y connaissent rien. Pourtant, le nombre des séropos en France correspond à la population d’une grande ville !” Et John n’aime pas les paradoxes. “D’un côté, les gens banalisent le sida et de l’autre, ils ont peur de s’engager avec nous ! Des spots de télé devraient montrer que l’on peut vivre ensemble. Peut-être les candidats se sentiraient-ils plus concernés ? La séropositivité ne doit pas être banalisée, mais admise, c’est différent.” Secrétaire à AIDES, John se sent privilégié. Ici, pas de tabou, chacun peut vivre ce qu’il est. Travailler dans une association de lutte contre le sida est aussi un acte politique. “Les assos sont là pour faire remonter la réalité. Comment peut-on vivre, tout payé, il ne lui reste que 250 euros pour vivre. “C’est difficile d’être acteur de sa vie quand on est fatigué, traumatisé et qu’on tutoie la mort chaque jour.” La politique et elle, ça fait deux. “Je n’entends pas les politiques s’exprimer sur le sida. Ils devraient venir plus souvent sur le terrain voir ce qui se passe. Je suis prête à les y emmener !” Nadia interroge : “Comment va se passer notre prise en charge demain ? Va-t-on bénéficier d’une retraite anticipée ? Y’aura-t-il des maisons de repos pour séropos vieillissants ? Le présent, je l’affronte, mais l’avenir me fait peur.” Ira-t-elle voter ? “Oui, ça veut dire : j’existe, je suis vivante ! Je voterai pour le candidat dont la priorité sera la santé. Quel que soit son état, chaque citoyen doit pouvoir participer le plus possible à la société.” La jeune femme ne manque pas de rêves : “Monter un resto de couscous comme en Algérie d’où je viens ou m’occuper d’enfants autistes. J’ai un pied dans la tombe, mais l’autre est bien dehors !” ACTU Prénom : Nadia Âge : 43 ans Vit avec le VIH depuis : 1982 Profession : éducatrice spécialisée au chômage Situation familiale : a perdu son ami Sa revendication : rencontrer les personnes séropositives incomprises et isolées 27/03/07 11:18 Page 12 ACTU 12 Rem63-26032007-LM.qxd Prénom : Malika Age : 48 ans Vit avec le VIH depuis : 1992 Profession : Animatrice sans emploi Situation familiale : célibataire Sa revendication : appliquer la loi sur le droit opposable au logement pour bénéficier d’un lieu plus adapté à son état de santé Des droits existent, appliquez-les ! Malika n’est pas du genre à avoir les deux pieds dans le même sabot. Adepte du Qi Cong, du tai chi et du massage chinois “pour mieux appréhender la souffrance”, elle a décidé de “surfer” sur sa séropositivité. “Cela ne m’a pas abattue, mais réveillée.” Une vie amoureuse bien remplie, sans enfant, elle décide en 2003 d’arrêter l’animation en centre de loisirs qu’elle fait depuis vingt ans. Après un bilan de compétences et une VAE (validation des acquis de l’expérience), elle souhaite se réinsérer dans un domaine qui allierait animation et médical. Côté traitement, la trithérapie lui réussit, même si elle se sent fragilisée par toutes ces années de prises de médicaments. “Nous sommes handicapés avec le virus du sida, les élus doivent l’entendre !” Vivant depuis vingt-quatre ans en rez-de-chaussée, Malika a fait une demande de relogement, souffrant d’un environnement peu propice à son bien-être. “C’est bruyant, étriqué, il n’y a pas d’intimité, je me sens mal et je veux déménager. C’est un droit qui existe lorsqu’on est atteint d’une maladie grave, mais les élus ne font rien. Ils se prennent pour la loi au lieu de l’appliquer !” condamne-t-elle. Croyant que révéler sa séropositivité activerait son dossier, Malika pense aujourd’hui être victime de discrimination. Prénom : Alain Age : 50 ans Vit avec le VIH depuis : 1985 Profession : gestionnaire de crédits entreprises Situation familiale : célibataire Sa revendication : réformer la société pour que les séropositifs soient perçus égaux remaides 63 - mars 2007 - photos : Dominique Thiéry Éduquons les jeunes ! Alain arrive au rendez-vous, le livre de Jean-François Kahn Les bullocrates sous le bras. Le ton est donné ! Combattant et militant de la première heure, Alain a très tôt remis à sa place le VIH, bien décidé à ce que le virus, lui, ne fasse pas de bruit. De plateaux de télé en documentaire, ou participant à la première campagne contre l’exclusion des personnes séropositives dans le milieu professionnel, partout, il a toujours affiché sa séropositivité. “On se bat en étant vrai. Je me sens moins exposé en m’exposant car cela fait avancer tout le monde.” S’il croit à la vertu de l’exemple, il ne revendique que son histoire, loin de croire qu’en matière de sida, on peut aisément tout généraliser. “Le seul point commun à tous les séropositifs est que le virus nous malmène : problèmes de santé à répétitions, hospitalisations, dépression, solitude...” Bientôt en fin de droit de sa carte d’invalidité, il s’insurge contre la MDPH (maison départementale des personnes handicapées, anciennement Cotorep) qui délivre le renouvellement de la carte de façon plus restrictive. “Ne pas me renouveler cette carte serait nier mon histoire avec le sida. Elle est une reconnaissance qui doit prendre en compte le VIH dans toutes ses dimensions et les éventuels accidents de parcours. Aujourd’hui, je vais bien, mais demain, je peux être en échappement thérapeutique !” Même si Alain a plutôt l’âme d’un “Nous sommes passés de maladie honteuse à maladie banalisée, mais les tabous persistent !” Citoyenne dans l’âme, Malika attend beaucoup des candidats à l’investiture suprême. “Ils sont en position d’amorcer de nouvelles choses. La loi du 4 mars 2002 sur le handicap reconnaît le malade comme un citoyen à part entière.” Ajoutant, guerrière : “Nos traitements sont lourds, il faut nous permettre de nous insérer professionnellement, à mi-temps, d’avoir des conditions de logement participant à une meilleure qualité de vie, de faire des campagnes médiatiques pour faire changer les mentalités. Nous avons une maladie, nous ne sommes pas une maladie !” Au niveau local, Malika pointe aussi de grandes disparités. “Il n’y a pas assez d’actions et de moyens mis en place dans les petites villes, cela crée une discrimination géographique entre séropositifs.” Malika attend avec impatience de s’exprimer par le vote. “C’est un des rares moments où une passerelle entre élus et exclus peut exister et où les politiques jettent un regard sur nous.” aventurier (il part bientôt en Jordanie), il se sent toujours “convalescent” après trois ans de suivi psy et un corps fatigué suite à tant d’assauts du virus et de traitements anti-VIH... “Les candidats commettent une grave faute en ne rendant pas assez visible la lutte contre le sida. Non seulement de plus en plus de gens vivent avec, mais de plus en plus se contaminent.” La critique n’empêche pas l’espoir. “Les politiques peuvent changer la donne en éduquant les jeunes, en se prononçant sur des schémas de vie différents, en respectant le droit fondamental énoncé au fronton de nos institutions : Égalité”. Mais sont-ils les vrais décideurs ? “Je les regarde, je les écoute et j’y crois moins ! Les médias sont aussi responsables. Les séropos devraient faire de la politique, comme Romero. Moi, j’en fais à ma manière au sein de mon entreprise bancaire depuis vingt-trois ans.” Alain a cependant plus d’incertitudes aujourd’hui qu’hier. “J’ai cotisé trente-trois ans de ma vie, vais-je pouvoir vivre avec ma retraite ? J’ai la chance d’être en vie, mais vivre avec le VIH, ce sont des années qui comptent double !” Enquête : Dominique Thiéry Rem63-26032007-LM.qxd 27/03/07 11:18 Page 13 13 TRAIT’ PORTRAIT Jean-Luc Romero POLITIQUEMENT “INCORRECT” Seule personnalité politique à assumer sa séropositivité, Jean-Luc Romero pousse la bravade en réunissant, adroitement, des politiques de tous bords au sein de son association des Élus locaux contre le sida (ELCS). À l’approche des échéances électorales, il nous livre son regard de personne touchée et engagée. R omero, pas Roméro ! Béthunois, le conseiller régional d’Ile-deFrance, directeur des Solidarités à la mairie de Vigneux-sur-Seine, n’oublie pas qu’en Espagne, d’où il vient, on ne met pas d’accent. À 47 ans, il cumule vingt ans de politique et de séropositivité. Un double combat qu’il a fini par allier pour aller plus loin, plus fort. Depuis l’annonce de sa séropositivité aux États Généraux de AIDES en 2001, il s’est imposé comme le “séropolitique de service”. Une exception française. “Des élus m’ont confié leur séropositivité, j’aimerais qu’ils la révèlent pour ne pas toujours être le seul à intervenir, mais ils sont terrorisés. Ils voient que ma carrière a été un peu bloquée…” La politique, son vrai virus En 1987, il suit la formation des assistants parlementaires à l’ENA. Dès lors, il ne cessera de s’engager en politique. Conseiller municipal, conseiller régional, secrétaire national de l’UMP, il fonde en 2004 son propre mouvement “Aujourd’hui, Autrement” pour traiter des questions de société sans étiquette partisane. “Ma force est de faire avancer mes idées. Mon premier virus, c’est la politique et il est plus fort que le virus du sida.” Ce virus de vie, titre de son second livre, va asseoir sa notoriété et servir ses combats : il est président de “Sida, Grande Cause nationale 2005”, il fait condamner un député UMP, Christian Vanneste, pour propos homophobes, il soutient la légalisation de l’euthanasie. Le sida, ni de droite, ni de gauche ! Dominique Thiéry Remaides : Comment les élus perçoivent-ils votre séropositivité ? Jean-Luc Romero : Ils l’ignorent car elle les gène. Pour eux, c’est l’aveu d’une faiblesse, une impudeur. Un politique doit paraître fort, ne pas parler des failles qui pourraient être utilisées. Ils ne peuvent pas comprendre que cette maladie peut être une force pour un combat. Je reste étonné d’avoir eu si peu de soutien, excepté Bertrand Delanoë, Jean-Paul Huchon, Alain Juppé… Le VIH a-t-il entravé votre carrière ? Il m’a aidé à me faire entendre, mais a cassé une carrière politique classique. Le sida continue à faire peur et n’est pas “rentable” politiquement. Je ne respecte pas assez les codes... Vingt ans avec un virus qui peut vous tuer demain, vous ne faites pas de plan de carrière. Je ne regrette rien, je me serais certainement ennuyé ! La maladie a gardé ma passion intacte. Je me bats pour des idées nouvelles comme le droit à la fin de vie ou avec des gens que je n’aurais jamais connus, comme les toxicomanes… Comment faire exister le sida dans la campagne présidentielle ? C’est difficile de peser : le sida n’est pas la préoccupation majeure des Français, ni des politiques, ni des médias. Pour beaucoup, c’est une affaire “réglée” en France. Nous allons profiter du Sidaction pour interpeller, avec d’autres associations, les candidats, avec un questionnaire. Nous publierons leurs réponses. Qu’avez-vous envie de dire aux candidats ? Ne baissez pas la garde sur la prévention ! Et contrairement à ce que vous pensez, vivre avec le VIH reste une survie : une pathologie de longue durée précarise, handicape la vie professionnelle et amoureuse. Patrie des Droits de l’homme, la France doit aussi défendre la libre circulation des séropositifs interdits de séjour dans certains pays ! Enfin, nous avons une responsabilité internationale : un pays riche ne doit pas laisser mourir du sida les gens au Sud. Et le ou la prochain(e) président(e) devra pérenniser l’acte révolutionnaire de Chirac sur la taxe des billets d’avions. photo : Dominique Thiéry - remaides 63 - mars 2007 En 1995, il créé ELCS. Si révéler sa séropositivité lui ferme des portes, il en enfonce d’autres, bousculant la droite, tissant des liens à gauche. “Le sida ne peut être laissé à un camp. Alors, je brusque les élus pour la délivrance d’héroïne sous contrôle médical ou des salles d’injections pour toxicomanes !” C’est par amour d’Hubert, mort du sida, qu’il puise des trésors d’énergie, se médiatise. “Les séropositifs doivent prendre la parole avec force pour être entendus.” Déjà, Jean-Luc repart en campagne faire son marché… aux voix : candidat aux législatives dans le 12e arrondissement. Il est surtout candidat pour profiter de la vie : en décidant, par exemple, du prochain voyage au bout du monde où il emmènera, comme chaque année, sa mère. “Mon virus est mon plus grand malheur et ma plus grande chance, je vis à 100 à l’heure.” Une sacrée assurance-vie pour celui qui affirme : “L’avenir dure toujours”. VIH’te dit ! Jean-Luc Romero 27/03/07 11:18 Page 14 14 Rem63-26032007-LM.qxd VIS TON VIH Joseph Kruk COMPAGNON DE VIH Des exclus, l’abbé Pierre voulait faire “des hommes debout”. Et refaire le monde. Compagnon d’Emmaüs à Soissons, Joseph Kruk, 46 ans, poursuit la volonté du fondateur, affrontant les “gnons” de la vie. Séropositif, sans famille ni travail, incarcéré à tort, il tente aujourd’hui d’ouvrir une association locale de lutte contre le sida. À l’instar du prêtre des sanslogis, il utilise les médias pour servir son combat. remaides 63 - mars 2007 - photo : Dominique Thiéry C ommunauté d’Emmaüs de Rozièressur-Crise, petite bourgade de l’Aisne, près de Soissons. Dans ce département rural, au carrefour de la région parisienne, du Nord et de l’Est de la France, le sida semble n’avoir jamais pris le train ou la voiture tant le tissu associatif est désertique. Séropositif depuis huit ans, Joseph a décidé que ça devait changer, quitte à monter au créneau et faire la une des journaux... Déjà, plusieurs articles ont été publiés dans le quotidien régional L’Union où il évoque son histoire et la création de son association Sida’accord*. “Si tu es d’accord, n’hésite pas à nous contacter sans tabou !”, tel est son slogan, pour inciter au dépistage, soutenir les personnes séropositives, notamment dans leurs démarches administratives. Joseph n’a pas eu la vie d’un long fleuve tranquille. Bisexuel, séparé de sa femme, père d’une fille de 19 ans qu’il ne voit plus, il a exercé divers métiers : parachutiste dans l’armée, commercial dans l’électroménager et responsable d’un bar hôtel restaurant dans un village. Les affaires sont florissantes, jusqu’au jour où sa sœur révèle sa séropositivité aux clients... C’est le début de la fin. Sa plainte pour chèques volés contre un homme va précipiter sa chute. En représailles, celui-ci l’accuse de viol et Joseph fait six mois de prison. Il sort blanchi, mais ruiné… Aujourd’hui, en attente de percevoir une indemnité de l’État et de trouver un siège social pour Sida’accord, il fait une halte chez Emmaüs, retrouvant ainsi ses premières amours : la vente. Et tout chiffonnier qu’il soit devenu, (*) Sida’accord, Joseph Kruk, 02000 Laon, poste restante. c’est en polo Lacoste qu’il pose devant notre objectif. Bien décidé à faire la vie dure aux préjugés. Remaides : Pourquoi voulezvous créer une association de Abdel et Joseph tenant un portrait de l’Abbé Pierre lutte contre le sida ? Joseph Kruk : Il n’y a rien sur le sentent encore obligées d’être suivies dans un sida dans l’Aisne ! Beaucoup de séropositifs hôpital éloigné de chez elles, à Reims ou à préfèrent se cacher plutôt que d’affronter Paris. Être séropositif reste tabou ! J’aimerais regards et mépris… Je voudrais les aussi proposer des moments de convivialité, rencontrer, ensemble, on peut s’aider. C’est des repas ou des voyages, histoire de s’évader très difficile de vivre avec le VIH à la campaun peu... J’ai plein de projets ! Ce lieu doit gne, les gens sont parfois primates et nous aussi mélanger personnes séropositives et voient comme des pestiférés ! Il faut parler du séronégatives pour mieux faire comprendre la sida autour de soi. Aujourd’hui, c’est une réalité de la vie avec le VIH/sida. Alors, si t’es pathologie. Avec les traitements, on peut vivre dans le coin, rejoins-moi, j’ai aussi besoin de longtemps. Alors, à nous de donner un autre bénévoles, d’un trésorier... visage au VIH en se montrant en plein jour ! Avez-vous révélé votre séropositivité à Emmaüs ? Nous sommes des SDF, chacun a sa dose de problème. Je l’ai juste dit à un compagnon que j’aime bien, Abdel. Il avait les boules… Nous n’en parlons jamais, mais il n’a pas changé son comportement avec moi. Heureusement qu’il est là ! Cela dit, dès que j’ai trouvé un siège social pour mon association, je pars d’ici. À Sida’accord, que proposerez-vous aux personnes séropositives ? Un espace où elles pourront être bien et avoir du soutien. Ce n’est pas normal qu’elles se Comment vivez-vous votre séropositivité ? J’ai toujours été un battant. Je suis d’origine polonaise, je suis têtu ! J’ai voulu me suicider quand les clients ont déserté mon bar, mais je me suis relevé. Ce qui me raccroche à la vie, c’est l’aventure. Quand on est seul, on fait comme l’Abbé Pierre, on prend son bâton et on avance ! À 22 ans, j’avais déjà mon entreprise d’artisan menuisier. Il ne faut pas regarder derrière soi et prendre tout à la rigolade ! Aujourd’hui, mon moteur, c’est trouver de l’aide pour monter Sida’accord. Chaque soir, je me dis que c’est une journée de gagnée. Entretien : Dominique Thiéry Rem63-26032007-LM.qxd 27/03/07 11:19 Page 15 15 Fitness viral : Certains virus sont plus sportifs que d’autres ! et à sa capacité à aller se multiplier dans les cellules T4. Tous les virus n’ont pas le même fitness. Certains, très actifs, dynamiques, se multiplient rapidement dans les lymphocytes T4 : la quantité de virus dans le sang (charge virale) est alors souvent élevée et le nombre de lymphocytes T4 diminue rapidement. À l’inverse, si le virus a un “mauvais fitness”, il est moins agressif, d’où une charge virale plus faible et un système immunitaire mieux préservé. POUR Y VOIR PLUS CLAIR Le fitness viral correspond à l’état de santé du virus, c’est à dire son degré d’agressivité et sa capacité à se multiplier dans les lymphocytes T4. Certaines résistances aux traitements peuvent affaiblir le fitness viral, donc ralentir l’évolution de la maladie. C’est l’un des points à considérer lors de la prise en charge de personnes en multiBonjour virus, comment te sens-tu ? échecs Ce qu’on appelle le “fitness viral” correspond à la virulence, à l’agressivité du virus thérapeutiques. Schéma 1 : Patrimoine génétique humain Existe-t-il beaucoup de virus avec des fitness différents ? De la même façon, les caractéristiques du virus sont inscrites dans son patrimoine génétique et il existe une multitude de VIH différents, ayant chacun des caractéristiques propres. Parmi ces caractéristiques, la capacité à se multiplier : le fitness. (schéma 2) Certaines personnes séropositives ont un VIH ayant un fitness agressif alors que d’autres ont un VIH plus lent, moins dynamique. C’est une des raisons pour lesquelles la maladie n’évolue pas à la même vitesse chez tout le monde. C’est également pour cela que l’on déconseille les rapports non-protégés, même entre personnes séropositives, car on s’expose alors au risque d’être surcontaminé par un virus plus virulent, ayant un fitness plus agressif. Cheveux roux Yeux vert Schéma 2 : Patrimoine génétique du VIH VIH Fitness illustrations : Stéphane Blot, Laurent Marsault : - remaides 63 - mars 2007 Chaque organisme vivant possède une multitude de caractéristiques inscrites dans son patrimoine génétique. Pour l’Homme, le patrimoine génétique (contenu dans les chromosomes) va commander la couleur des yeux, des cheveux, la taille, et tout ce qui caractérise chacun d’entre nous. (schéma 1) 27/03/07 11:19 Page 16 POUR Y VOIR PLUS CLAIR 16 Rem63-26032007-LM.qxd Les résistances aux traitements peuvent affaiblir le fitness viral. Quand le virus est en présence d’un traitement efficace, il ne peut quasiment plus se multiplier (schéma 3). En revanche, si les concentrations en médicaments ou si l’efficacité du traitement sont insuffisantes, le virus continue à se multiplier un peu, “à bas bruit”. Or lorsqu’il se multiplie, le virus du sida a une fâcheuse tendance à “se tromper”. Ainsi, même si la majorité des nouveaux virus produits ressemblent au virus “paternel”, il y aura également la fabrication de quelques virus “ratés”, génétiquement différents. La plupart de ces virus “ratés” vont mourir, mais de temps en temps, il y aura fabrication d’un virus ayant la caractéristique nouvelle d’être résistant à un (ou plusieurs) médicament(s) (schéma 4). Ce virus ne sera donc plus maîtrisé par le traitement et va se multiplier partout : la charge virale augmente et l’on constate l’échec thérapeutique. (schéma 5). remaides 63 - mars 2007 - illustrations : Laurent Marsault Schéma 3 : Traitement efficace Mais cette nouvelle caractéristique génétique (appelée “mutation de résistance”) a un coût pour le virus. Certes, le virus devient résistant au traitement et peut se multiplier, mais cette mutation le rend souvent moins dynamique, moins virulent. Le virus a perdu en fitness. Autrement dit, un virus résistant à un traitement anti-VIH est souvent un virus moins agressif… (schéma 6) Lymphocyte T4 Aucun virus n’est produit Schéma 4 : Traitement sub-optimal (T) (activité partielle, liée par exemple à une mauvaise observance) Lymphocyte T4 Quelques virus sont produits La plupart des virus sont identiques au virus “paternel” Virus muté, viable et résistant au traitement (T) Virus muté, non viable Rem63-26032007-LM.qxd 27/03/07 11:19 Page 17 17 Schéma 5 : Le traitement (T) ne marche plus car le virus est résistant à ce traitement Virus initial, sensible au traitement (T) mais agressif Virus muté, résistant au traitement (T) mais moins agressif Que se passe-t-il une fois que ce virus affaibli existe ? Lymphocyte T4 Comme le traitement n’est pas efficace sur ce virus, on va le retrouver partout dans l’organisme. Le virus “paternel”, lui, sera inhibé par le traitement (schéma 7). Mais il ne va pas disparaître totalement. Et si l’on arrête le traitement, le virus “paternel”, au fitness plus dynamique, va reprendre le dessus… (schéma 8). POUR Y VOIR PLUS CLAIR Schéma 6 Quelles conséquences pour les personnes en multi-échec ? Pour répondre à cette question, le médecin va prescrire un test génotypique. Ce test va pouvoir détailler le patrimoine génétique du virus (voir schéma 2) et dire s’il y a eu, ou non, apparition de mutation permettant la résistance du virus à un (ou plusieurs) médicament(s). Si c’est le cas le virus sera résistant au(x) médicament(s) considéré(s), mais avec parfois des conséquences intéressantes sur le fitness viral. illustrations : Stéphane Blot, Laurent Marsault : - remaides 63 - mars 2007 Comment savoir si un virus a aquis des mutations de résistances aux traitements ? Faut-il arrêter le traitement anti-VIH d’un patient en multi-échec, c’est à dire dont le virus est résistant à tous les médicaments (voir encadré) ? La réponse est aujourd’hui claire : non ! Tout dépend des médicaments et des classes thérapeutiques. Certains médicaments doivent être maintenus car ils obligent le virus à rester sous une forme “mutée”, moins agressive (schéma 7). Il s’agit des analogues nucléosidiques (notamment Epivir), et probablement, dans une moindre mesure, des antiprotéases. Si l’on arrête le traitement, le virus non-muté, agressif, va ressortir. (schéma 8). À l’inverse, les non-nucléosidiques doivent être stoppés dès l’observation de la résistance (voir encadré). En effet, la mutation permettant la résistance aux non-nucléosidiques ne diminue pas le fitness du virus. Continuer à les prendre ne présente donc aucun intérêt. Pire, si l’on maintient ce traitement, le virus risque de développer d’autres mutations complémentaires qui rendront inactifs tous les autres non-nucléosidiques à venir. 27/03/07 11:19 Page 18 POUR Y VOIR PLUS CLAIR 18 Rem63-26032007-LM.qxd Schéma 7 : En présence du traitement (T), le virus est favorisé car le virus est inhibé par (T) Schéma 8 : Si l’on arrête de prescrire (T), le virus va reprendre le dessus Inhibé par (T) Lymphocyte T4 Lymphocyte T4 Virus peu agressif. Multiplication relativement modérée remaides 63 - mars 2007 - illustrations : Laurent Marsault Virus agressif. Augmentation de la charge virale Quelles conséquences pour les personnes traitées pour la première fois ? On ne sait pas encore comment utiliser la notion de fitness viral pour les personnes n’ayant jamais été traitées. Des spécialistes se sont demandés si un traitement par monothérapie d’Epivir ne pourrait pas induire l’apparition d’un virus muté, moins agressif, donc retarder l’évolution de la maladie et la mise sous trithérapie. Si cette hypothèse était confirmée, cela pourrait présenter un intérêt, notamment dans certains pays où l’accès à des trithérapies efficaces est difficile. Cependant, l’approche est controversée et aucune étude n’a exploré cette voie de recherche pour le moment. Fabien Sordet Remerciements aux Drs Constance Delaugerre (A. Paré, Boulogne) et Jade Ghosn (Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre) Rem63-26032007-LM.qxd 27/03/07 11:19 Page 19 19 ÇA BLOQUE EN PRISON ! Tout porte à croire qu’il y a des contaminations par le VIH et par les hépatites en prison, mais rien ne bouge significativement pour qu’une politique de prévention des risques se développe. Un exemple : l’accès aux traitements de substitution pour les usagers de drogue est soumis à la bonne volonté des équipes soignantes. Explications. INTERMAIDES Les traitements de substitution : D écrocher et vouloir suivre un traitement de substitution n’est pas une décision que l’on prend facilement. Mais on n’a pas le choix lors d’une incarcération. Dès le premier rendez-vous (obligatoire) à l’unité de consultation et de soins de la prison (UCSA), le médecin donne suite à cette nécessité en prescrivant un traitement au Subutex ou à la méthadone (voir encadré). Il peut aussi orienter le détenu volontaire vers le service médico-psychologique (SMPR) ou le centre de soins spécialisés en toxicomanie (CSST). Le suivi médical est alors associé à un accompagnement social et psychologique, nécessaire à la réussite de cette thérapie. La prévention, dehors ! La prise en charge des usagers de drogue en milieu carcéral est obligatoire depuis 1996, mais les établissements pénitentiaires ne sont pas au même diapason. De nombreux médecins sont opposés à initier un traitement de substitution en prison car ils estiment que ce n’est pas le moment où l’efficacité serait la meilleure. Pourtant, bon moment ou pas, le détenu n’est-il pas, quand même, soumis au sevrage derrière les barreaux ? Les pratiques photo : Pierre & Gilles - remaides 63 - mars 2007 Seulement voilà, il n’existe pas toujours dans chaque centre de détention un SMPR ou un CSST ! Dans ce cas de figure, le seul centre de consultation et de soins est vite débordé : le soutien médical et psychologique passe à la trappe, quand ce n’est pas le traitement lui-même... Rappelons aussi que la direction pénitentiaire peut s’opposer à cette décision sanitaire pour des raisons d’ordre ou de sécurité. Résultat : un traitement interrompu de manière autoritaire qui entraîne un sevrage brutal. 27/03/07 11:19 Page 20 INTERMAIDES 20 Rem63-26032007-LM.qxd divergent donc sur les prescriptions de Subutex et de méthadone, les différentes structures travaillant chacune dans leur coin, collaborant peu ou pas du tout ensemble ! Cela rend inopérante toute politique de prévention contre le VIH et les hépatites... Pourtant les pouvoirs publics, face à l’épidémie de sida de 1990, avaient impulsé un élargissement des thérapies de substitution. Malheureusement, cette volonté s’est arrêtée aux portes de nos prisons malgré la baisse de contamination dans la population usagère de drogues. remaides 63 - mars 2007 - photo : Pierre & Gilles Ce blocage institutionnel ne revient pas à prôner à un retour à l’avant 1994 où seule l’administration pénitentiaire gérait la question sanitaire des détenus. C’est maintenant le ministère de la Santé qui organise les soins en milieu carcéral, et selon la loi avec la même qualité et continuité que ceux offerts à l’ensemble de la population. Mais force est de constater que l’inégalité persiste et le risque VIH revient sur le devant de la scène. Les taux de transmission dans les prisons ne sont pas connus (il n’existe pas d’études épidémiologiques), mais les associations qui interviennent dans les établissements pénitentiaires tirent le signal d’alarme. Un traitement de substitution mal suivi, interrompu ou un protocole modifié entraînent une rechute. Il existe des zones d’ombre en prison que l’administration pénitentiaire nie, dénie ou minore : la pratique d’injection de drogues par des détenus. Pourtant, il ressort d’une étude que 30 à 52 % d’usagers de drogues, dont le traitement a été interrompu en détention, ont réussi à s’injecter des drogues… Danger du VIH, dedans ! Fragilisées, rapidement coupées du monde “extérieur”, les personnes incarcérées réinventent des structures sociales avec leurs hiérarchies et leurs codes. Le tatouage, le piercing ainsi que l’automutilation en font partie, sans oublier les pratiques sexuelles. Le tout se fait dans des conditions d’hygiène et de protection plus que succinctes, les risques de contamination s’ajoutant alors à ceux liés aux pratiques d’injection (infections). L’aveuglement de l’administration pénitentiaire ajoutée à la non harmonisation des accès aux traitements de substitution fabriquent une bombe à retardement. Et puis c’est oublier un peu vite que les détenus de maintenant seront libres un jour... Il est urgent de poser cette réalité carcérale de santé publique. Il faut généraliser et adapter l’offre des traitements de substitution et de désintoxication, en imposant un cahier des charges précis aux unités soignantes. Et soyons fous, il serait temps d’arrêter de qualifier de criminels, les personnes sous l’emprise de drogues, d’imaginer des lieux de consommation dans des conditions sanitaires décentes à l’extérieur, comme à “l’intérieur”... Méthadone et Subutex La méthadone est un opiacé de synthèse sous forme de sirop qui supprime l’état de manque. Elle crée une dépendance psychique et physique et en cas d’arrêt brutal un état de manque sévère. Mais cette dépendance est plus facile à contrôler. Une fois la stabilisation obtenue, une diminution progressive peut s’effectuer. Le Subutex est un cachet qui bloque l’action des opiacées. Aux doses appropriées, son principe actif, la buprénorphine, calme le manque. Prescrit dans un cadre plus souple que la méthadone, il permet de reprendre une vie sociale normale. En janvier 2006, la Commission nationale des stupéfiants a émis un avis favorable au classement du Subutex comme stupéfiant. Le but : réprimer le trafic de ce produit. Face au front des associations qui ont rappelé les réussites des traitements de substitution que ce classement aurait pu remettre en cause, Xavier Bertrand, ministre de la Santé, a écouté et n’a pas mis en œuvre ce classement. Pour plus d’infos, consultez le numéro spécial Usages de drogues (supplément à Remaides n°43) sur www.aides.org ou contactez votre délégation AIDES la plus proche (tél. : 0 820 160 120 ; 0,12 euro/min). Marie-Hélène Klein Les structures de soins en prison UCSA : unité de consultation et de soins ambulatoire. Ambulatoire parce que c’est l’hôpital le plus proche qui détache une équipe de soins pour l’établissement pénitentiaire. Elle prend en charge le suivi médical. SMPR : service médico-psychologique régional. Il constitue la structure de base du secteur de psychiatrie en milieu pénitentiaire. Le SMPR inclut les soins aux toxicomanes et aux alcooliques. CSST : centre de soins spécialisés en toxicomanie. Il fonctionne en détention sous la responsabilité du médecin en charge du SMPR. Il prend en charge l’aspect médicosocial, suivi psychologique en détention, et l’orientation à la sortie vers des structures extérieures spécialisées. Rem63-26032007-LM.qxd 27/03/07 11:19 Page 21 21 UNE LUMIÈRE DANS LES TÉNÈBRES J ’habite à l’étranger depuis trente ans. Je suis français, j’ai 48 ans et je suis séropositif depuis au moins quatorze ans. Depuis que je suis abonné à Remaides, j’entretiens des correspondances avec des détenus incarcérés dans des prisons différentes à travers la France. J’ai d’abord écrit pendant quelques années à Patrick, 48 ans, séropositif, condamné à une lourde peine, hélas. La vie en détention est un chemin de misère. La discipline exigée par les gardiens, les humiliations de la part des autres détenus à cause de la séropositivité dénoncée par des gardiens, sont quotidiennes, comme le fait de ne pas avoir de télévision pour occuper son esprit dans les moments de lourde solitude, faute d’avoir de l’argent pour en louer une. Ils manquent aussi de vêtements et de chaussures. J’en ai envoyés à Patrick, mais des vêtements lui ont été refusés car le règlement interdit de porter par exemple un anorak fourré. J’avais économisé pour lui offrir au moins ce plaisir de ne pas avoir froid lors des promenades... L’importance d’une lettre Prisons de la honte Les prisons françaises sont inhabitables, manquant de lumière, et surtout d’hygiène. Le gouvernement français devrait avoir honte de la dégradation de ces bâtiments. Ce sont des endroits où l’on abrutit les détenus au maximum. Certains qui mettent fin à leur vie en sont les premiers témoins, et ceux qui dirigent le système carcéral en sont conscients, mais ils se taisent. Un jour, j’entendais sur la chaîne TV5 deux représentants du gouvernement français qui disaient que construire des nouveaux centres demandait beaucoup d’investissement. Ils disaient cela avec indifférence, ils n’avaient pas l’air d’être pressés. Ces gens-là consacrent plus de temps aux réceptions du grand monde, sautillent de joie et de vanité, pendant que les autres moisissent dans ces lieux lugubres. Je rappelle d’ailleurs que la France a été épinglée par Amnesty International. Notre pays se vante d’être le berceau des Droits de l’homme, mais j’ai plutôt l’impression que ce berceau a perdu une roue, et que le respect envers les détenus laisse énormément à désirer. Prenez votre plume ! Bien sûr, j’encourage les âmes de bonne volonté à écrire aux détenus. Ils cherchent de l’amitié, de l’écoute, de l’encouragement, du soutien et de l’affection pour se battre et tenir le coup. Il faut bien réfléchir avant de prendre cette décision car il faut de la patience, de l’écoute, de l’analyse, être très solidaire et très fidèle car votre correspondant a faim de vous lire et de vous écrire. Quel plus beau plaisir pour un détenu de savoir que quelqu’un à l’extérieur pense à lui ! Malheureusement Patrick est décédé en 2004, le 14 juillet. J’ai alors écrit pendant deux ans à un autre détenu. De lui, j’ai reçu près de 100 lettres. Il était heureux d’être libéré. Mais quelques mois après, il est tombé gravement malade. Je n’ai plus de nouvelles et ce silence m’inquiète. J’ai ensuite écrit à un garçon de 38 ans, séropositif, qui a aussi été libéré. Déboussolé après tant d’années de détention, détruit moralement, il est retourné en détention. Si les détenus qui souffrent ne peuvent pas faire entendre leur désarroi, eh bien, je le crie pour eux ! Soyez courageux et solidaires avec eux. Merci. Roland photo : Roland - remaides 63 - mars 2007 Avec Patrick, j’ai échangé plus de 200 lettres. Bien sûr, s’il me répondait, c’est que je faisais venir de France des timbres, et à mon tour, je lui en envoyais pour qu’il me réponde. Entre moi et Patrick, il y avait beaucoup de sincérité, de confiance et une grande amitié. Je suis très heureux de l’avoir épaulé pendant sa détention, de lui avoir apporté un peu de lumière dans les ténèbres où il se trouvait. Il ne faut pas croire que ce genre de correspondance est toujours facile à rédiger. Quand on reçoit une lettre d’un détenu, il faut être très attentif aux souffrances vécues, au désespoir, et surtout ressentir dans son âme le vécu journalier de chaque moment dans ces prisons, que j’appellerais plutôt des “camps de concentration”. On entasse des détenus, plus qu’il n’est permis, faute de place ! Il n’est pas toujours facile de trouver une réponse juste pour réconforter le mal de vivre auquel certains sont confrontés. Souvent, on entend des gens faire ce genre de remarques odieuses : “C’est bien fait pour eux, ils n’avaient qu’à se tenir tranquilles dans la société !” Personne n’est à l’abri du lendemain, alors pourquoi ce genre de méchanceté à leur égard ? Ils sont comme vous et moi, ils souffrent encore plus que nous. Certaines prisons surpeuplées datent de la deuxième guerre mondiale... TÉMOIGNER Vivant à l’étranger, Roland correspond avec des détenus ayant passé une petite annonce dans Remaides. Il dénonce le scandale des prisons françaises. 27/03/07 11:19 Page 22 SE SOIGNER 22 Rem63-26032007-LM.qxd Hygiène de VIH L’ENVIE D’AVOIR ENVIE Les conseils d’hygiène de vie que reçoivent les personnes séropositives sont connus de tous. Ils sont à peu près les mêmes que ceux que l’on peut lire dans la presse grand public traitant de la forme ou de la lutte contre la prise de poids. En fait, la vraie question n’est pas “Quoi faire ?”, mais plutôt “Comment puis-je arriver à le faire et m’y tenir au quotidien ?” Éléments de réponses. Les Autres, les autres, les autres remaides 63 - mars 2007 Les personnes séropositives sont confrontées à la nécessité de suivre des conseils hygiénodiététiques pour mieux lutter contre les troubles métaboliques liés à la maladie et à ses traitements. La modification des habitudes de vie est souvent prescrite en réponse aux désordres lipidiques (hausse des graisses dans le sang), aux risques cardiovasculaires, aux lipodystrophies (mauvaise répartition des graisses) ou à certains troubles musculaires. Mieux s’alimenter, boire de l’eau, faire du sport, arrêter le tabac, cela n’est pas si simple... Le patient, comme le médecin, est bien démuni face à ce problème. Lors de la consultation, le sujet est très souvent expédié en quelques conseils dont personne ne sera dupe : ni le conseilleur, conscient de l’importance de l’effort demandé, ni le conseillé, un peu coupable de ne pas avoir l’énergie de s’y soumettre. Et chacun, en son for intérieur, considère que l’initiative revient à l’autre. Le patient compte sur le médecin pour trouver une solution si la situation se détériore. Et le médecin considère qu’après tout, cette part du travail est de la responsabilité du patient. Au fil des années, la médecine est devenue à nos yeux une technique de pointe. Aussi, à l’heure des contrats de maintenance et des hot lines, attendons-nous du “technicien” qui nous soigne la résolution rapide, efficace et surtout chimique de tout problème lié à la La meilleure façon de marcher... maladie. Nous exigeons de l’autre la solution, alors que d’un point de vue comportemental nous sommes seuls maîtres à bord ! Il n’existe pas, à ce jour, de médicament miracle capable de modifier à notre guise nos habi-tudes de vie. Face à l’ampleur des changements à accomplir, nous voilà seuls. Découragés par avance. Comme “terrassés” par une paresse à renoncer à un mode de vie hérité de notre éducation ou de nos croyances. Coupables enfin de ne savoir pas, ici, prendre cette responsabilité vis-à-vis de nous-mêmes. Comme si toute énergie et tout courage nous avaient quittés… Donner du sens et choisir Cette nouvelle discipline de vie, énoncée abruptement, peut être vécue de prime abord comme un “diktat hygiéniste” propre à donner bonne conscience au prescripteur. Celui-ci semble alors rejeter les conséquences désagréables de “son” traitement sur le mode de vie de son patient. Hélas, s’il y a diktat, c’est celui de la physiologie humaine et de la biochimie. Le médecin n’en est que l’interprète. Il s’agit alors pour le patient de s’informer et de comprendre les mécanismes mis en jeu dans son organisme. Les ayant compris, il peut librement choisir de consentir ou non aux efforts demandés. Cela devient alors son propre choix, moteur essentiel de motivation. ... C’est mettre un pied devant l’autre et recommencer ! En randonnée, lorsque le chemin apparaît trop long et trop raide, nous limitons notre horizon au pas suivant pour ne pas céder au découragement. Mettre un pied devant l’autre : nous savons faire. Gravir la montagne : c’est écrasant. Cette stratégie est souvent la plus efficace. Elle peut se mettre en place par étapes : d’abord, repérer, parmi les règles proposées celles auxquelles, par le passé, nous nous soumettions sans contrainte, voire avec plaisir, afin de les remettre en place. • Le sport le plus adapté, c’est bien souvent celui qui nous procure le plus de plaisir, celui que l’on pourra pratiquer souvent et longtemps. Prendre l’avis du médecin est important, particulièrement pour les fumeurs (voir encadré). • Pour être efficace, 30 à 45 minutes d'endurance (jogging, vélo, natation, rameur, marche rapide etc.) au moins 3 ou 4 fois par semaine. Cela peut aussi consister en un petit programme varié tel que : 1- faire d’un bon pas tout ou partie du trajet pour aller au travail ; 2- aller danser une soirée entre amis ; 3- sacrifier une soirée ou une après-midi télé pour une bonne marche digestive à rythme soutenu. Progressivement, le goût de l’effort revenant, les objectifs pourront devenir plus ambitieux. Rem63-26032007-LM.qxd 27/03/07 11:19 Page 23 23 Si vous vous sentez prêt à vous (re)mettre au sport, vous pouvez profiter de l’occasion pour arrêter de fumer. Sport et tabac ne font pas bon ménage. Outre une baisse des performances, les effets nocifs du tabac augmentent lors de l’effort et majorent le risque d’accidents cardio-vasculaires. • Le changement d’habitudes est une période favorable pour l’arrêt du tabac. • La pratique d’activités physiques diminue l’envie de fumer. • Le sport ne limite en rien les dangers du tabac. Il est faux de penser que l’on neutralise la toxicité du tabac par la pratique sportive. • La cigarette après l’effort accroît sérieusement le risque d’accident cardiaque. L’activité physique ne peut donc pas être un alibi pour continuer à fumer. Même si vous êtes fermement résolu, l’arrêt du tabac est très difficile. Parlez-en à votre médecin et faites-vous aider. De la résolution à la motivation Si prendre de bonnes résolutions est chose facile, maintenir la motivation au fil des jours, des semaines, des mois et des années est un challenge bien plus ardu... Voici donc, pour finir, quelques petits conseils qui peuvent vous aider ainsi que quelques pièges à éviter lors de la mise en place d’une activité physique : • ne pas attendre que les conditions soient idéales (le temps, l’envie, la forme ) pour s’y mettre. En étant optimiste, cela arrivera une fois l’an, jamais trois fois par semaine ; • ne pas compter sur un(e) ami(e) pour vous accompagner, il y aura toujours un empêchement d’une part ou de l’autre. Si quelqu’un vous accompagne, tant mieux. Si vous êtes seul(e), allez-y quand même ; • ne pas attendre d’avoir du temps libre pour y aller. Prenez-en d’autorité en réservant les plages horaires nécessaires sur votre agenda ; • consacrer du temps à soi, donner la priorité à sa propre santé, n’est pas un acte égoïste. Il est important de se placer au centre de sa propre vie. Comment rayonner, apporter aux autres, si on se sent fatigué ou diminué ? • ne pas être dupe. Lorsque la réponse face à une action proposée est : “Oui, mais…”, cela veut dire simplement “non”, mais en se déresponsabilisant ; • la tâche est ingrate. Culpabiliser en cas de difficulté : c’est un moyen d’échapper à la contrainte en se dévalorisant. Mieux vaut se faire aider. Sans se lancer dans une longue psychothérapie, quelques entretiens avec un psychologue comportementaliste peuvent parfois débloquer la situation ; • il est également important de savoir reconnaître son propre mérite. Chaque effort fait dans la bonne direction doit être vécu avec satisfaction. L’estime de soi est un élément clé de la réussite. Yves Gilles illustration : Romain - remaides 63 - mars 2007 Envisager, ensuite, comment les différentes règles proposées peuvent être observées avec plus de facilité, par exemple : • boire un litre et demi d’eau par jour, c’est boire un demi verre d’eau (10 cl) par heure pendant 15 heures. Attention, il s’agit bien d’eau, plus la boisson est pure, mieux elle pénètre dans les cellules de l’organisme pour y remplir ses différentes fonctions ; • surveiller son alimentation est plus facile en faisant les courses. Une fois introduites chez vous, les sucreries néfastes à votre équilibre alimentaire risquent tôt ou tard d’avoir raison de vos bonnes résolutions. (Notre conseil : faites vos emplettes le ventre plein, vous résisterez mieux aux achats superflus !) SE SOIGNER Sport et tabac 27/03/07 11:19 Page 24 ÉQUILIBRE 24 Rem63-26032007-LM.qxd Diététiquement vôtre Manger est un des moments les plus importants de la santé et de la vie (nous passons 10 % de notre vie à table !) Connaître les notions simples de la diététique, associées à une hygiène de vie (alimentation saine, pas de tabac, peu d’alcool, exercice physique) est une bonne façon de trouver son équilibre. Chaque repas doit apporter des protéines, des glucides, des lipides, des fibres, des vitamines et minéraux et… du plaisir ! Les glucides Le rôle des glucides (ou sucres) est d’apporter de l’énergie. Il existe deux sortes de glucides : les sucres rapides (morceaux de sucre, coca, gâteaux, confiture...) et les sucres lents qui se trouvent dans tous les légumes, les céréales (blé, pain, pâtes, riz, maïs), les légumineuses (haricots secs, lentilles, pois chiches). remaides 63 - mars 2007 - illustration : Jacqueline Maman Les protides Les protides (ou protéines) servent à construire, réparer, entretenir les cellules des tissus (peau, muscles). Elles sont à la base de certaines hormones et constituent les anticorps et les enzymes. Elles sont d’origine animale ou végétale et apportées par les viandes, poissons, œufs, lait et laitages, fromages, soja, céréales complètes, légumineuses (la “viande du pauvre”). Attention aux abus de protéines chez les sédentaires ou chez les personnes dont les reins fonctionnent mal car les protéines se dégradent en urée et en ammoniaque pouvant fatiguer le foie et les reins. La viande, le soir devant la télé, n’est pas “brûlée”. Les protéines sont constituées par les acides aminés (aa) qui s’associent entre eux. 8 de ces acides aminés sont “essentiels”, ils ne peuvent pas être synthétisés par le corps et doivent être fournis par l’alimentation. Les protéines comprenant les 8 aa sont complètes ou certaines associations d’aliments les rendent complètes. L’œuf est complet à 94 %, le lait à 82 %, le poisson à 80 %, le fromage à 70 %, la viande à 67 %. Les lipides Exemples de plats contenant des protéines complètes avec tous les acides aminés. • Un bol de céréales (muesli) + lait. • Riz cantonnais = riz + petits pois + omelette + jambon (Chine). • Riz + lentilles + noix de cajou (Inde). • Semoule de couscous + viande + pois chiches (Orient). • Céréales complètes + tofu de soja (végétarien). • Haricots rouges + maïs + riz (Mexique). • Crêpe de sarrasin + œuf + fromage (Bretagne). • Chou-fleur + œufs durs + lait + pommes de terre (voir notre recette !) Les lipides (ou graisses) servent surtout de réserve d’énergie. Les lipides sont les précurseurs de certaines hormones (hormones sexuelles et cortisol) et constituent les membranes des cellules. On distingue les acides gras saturés des acides gras insaturés. Les acides gras saturés sont dans les graisses d’origine animale (beurre, fromage, gras de la viande, peau du poulet, charcuterie) et augmentent les triglycérides et le cholestérol dans le sang. Les acides gras insaturés se trouvent dans les graisses d’origine végétale (huile d’olive, de colza, d’arachide, non chauffées), les poissons gras (Oméga 3 dans le maquereau, thon, saumon...) et font baisser les triglycérides et le cholestérol. Rem63-26032007-LM.qxd 27/03/07 11:19 Page 25 25 Recette n°1: Le gratin de chou-fleur avec œufs durs ÉQUILIBRE Invitez-vous à table ! L’alimentation idéale doit être pauvre en graisses saturées et sucres rapides, riche en sucres lents et comporter des graisses insaturées. Il faut privilégier la cuisson à la vapeur, à l’eau, au four, en papillote pour ne pas dégrader les bons lipides. Jacqueline L’Hénaff Marianne L’Hénaff Remerciements au Dr Martine Pellae, diabétologue-nutritionniste, hôpital Bichat et à Emmanuel Garderet, diététicien à AIDES-Paris. Infos diététiques Temps de préparation : 10 mn Temps de cuisson : 35 mn Liste des courses pour deux personnes : • 400 gr de chou-fleur, frais ou surgelé (400 g surgelé = 800 g de chou-fleur frais), • 2 grosses pommes de terre (ou 3 moyennes), • 2 œufs durs (10 mn de cuisson), • 1 brique de 50 cl de béchamel (ou sauce blanche “maison” faite avec 0,5 l de lait et 3 c à soupe de maïzena, sel, poivre, muscade), • un peu de gruyère râpé (40 g). Recette : Couper le chou-fleur en bouquets, éplucher les pommes de terre et les couper en gros morceaux. Cuire le tout à la vapeur (dans une cocotte sans mettre le couvercle ou dans un cuitvapeur) ou à l’eau 10 à 15 mn. Égoutter. Disposer le chou-fleur dans un plat à four. Écaler et couper les œufs durs en 2 et les placer à une extrémité du plat et les quartiers de pommes de terre à l’autre extrémité. Napper le plat avec la béchamel ou la sauce blanche, parsemer de gruyère râpé. Cuire environ 20 mn à 200°. Le dessus doit être gratiné. Variantes : ce plat peut être fait avec du brocoli, du fenouil, des courgettes, des poireaux ou avec des endives entourées de jambon (de porc ou de dinde). Il peut être cuit au micro-ondes. S’il en reste (mais c’est rare !), il peut être congelé et repassé au four ensuite. Pour une sauce béchamel sans graisse, délayer la farine de maïs dans le lait, puis faire épaissir la sauce en ajoutant sel, poivre et noix de muscade. photo : Marianne L’Hénaff - remaides 63 - mars 2007 Le chou-fleur - comme tous les choux - est riche en fibres solubles (ce qui permet un effet de satiété et de régulation du transit), en sucres lents, en minéraux (calcium, magnésium, fer) et en antioxydants (vitamines C, B1 et B9). La sauce contient du calcium (lait) et l’association œufs + lait + fromage apporte 20 g de protéines complètes par personne. Le chou est riche en dérivés soufrés et pas toujours bien digeste. Pour une meilleure digestion, faire blanchir le chou (le plonger quelques minutes dans de l’eau bouillante) avant de le faire cuire dans une nouvelle eau. L’association sauce béchamel + fromage apporte autant de calcium qu’un yaourt. La béchamel “toute faite” est plus grasse et contient moins de protéines que “la maison”. Exemple de menu diététique : gratin de chou-fleur + salade verte + fruit. D’inspiration familiale, ce plat est complet, diététique, facile à réaliser, rapide et économique. Quel plaisir de manger un plat que l’on a préparé soi-même, qui embaume la maison et qui cale bien… Faire la cuisine est une preuve d’amour, même envers soi-même. C’est un plat très équilibré, idéal pour le repas du soir avec une salade verte. 27/03/07 11:19 Page 26 PRÉVENTION ET SEXUALITÉ 26 Rem63-26032007-LM.qxd Groupes de parole AU CHŒUR DE SA SEXUALITÉ La sexualité reste au cœur des préoccupations de nombreuses personnes séropositives, pourtant peu d’espace existe pour qu’elles puissent l’évoquer. Depuis longtemps, des associations ont mis en place des groupes de parole ou d’entraide. La réflexion sur la vie intime se fait aussi à travers le vécu des autres. Encore faut-il oser pousser la porte... D ’abord nés aux États-Unis, les groupes de parole et d’entraide ont eu pour mission de libérer une parole taboue, loin de tout jugement et de permettre le partage d’expériences. L’association des Alcooliques Anonymes fut une des premières à les mettre en place. L’idée fit son chemin, notamment en France, où des groupes furent créés par des associations de lutte contre le sida, dont AIDES. Devenant parfois les seuls lieux où les personnes séropositives peuvent se confier sur leur sexualité et leur vie affective. remaides 63 - mars 2007 - photo : Pierre & Gilles Un groupe de parole, c’est quoi ? Un groupe de parole et d’entraide est un espace de libre expression où chacun parle et écoute l’autre avec respect. Un (ou deux) animateur(s) anime(nt) le groupe qui peut se réunir une ou plusieurs fois. La rencontre dure environ deux heures avec une dizaine de personnes maximum. Les groupes peuvent être mixtes ou spécifiques (pour les femmes, les gays, les couples sérodifférents ou séroconcordants, etc.). Concernant la sexualité, certains participants préfèrent se retrouver avec des personnes “de même profil”, histoire de se sentir plus à l’aise, d’être sur une base commune pour aborder leur intimité et bénéficier plus directement de l’expérience des autres. Les homosexuels peuvent ainsi échanger sur des pratiques sexuelles qui leur sont propres, les femmes souhaitent évoquer plutôt leur intimité entre elles, dans un climat de sécurité et de confiance, ou se concerter sur des thèmes spécifiques comme l’assistance médicale à la procréation. Marie-Pierre Leclerc, qui a animé des groupes femmes à AIDES analyse : “C’est davantage un moment d’expression qu’un lieu pour avoir des solutions. Mais qui dit groupe de parole ne veut pas dire “se mettre à poil !”” Parler de sexualité “à plusieurs” ? Avec l’arrivée des trithérapies, la sexualité et le réinvestissement de la vie affective sont des questions récurrentes pour de nombreuses personnes séropositives. Besoin d’échanger, de pallier la solitude, de dire les difficultés à parler de sexualité avec le médecin, l’entourage, de dénoncer les discriminations... Le groupe de parole, c’est aussi une manière de prendre du recul, de se déculpabiliser, d’évacuer les non-dits, de parler de sa relation au corps, de ses possibles transformations physiques, et certainement de mieux appréhender d’éventuelle(s) prise(s) de risques sexuels. Non seulement, ici, on écoute, mais on comprend car on vit la même chose. C’est encore parfois un bon moyen d’avoir des informations sans oser les demander car chacun peut profiter de ce qui est dit. Enfin, on peut tout aussi bien dire qu’on a plusieurs partenaires ou, au contraire, plus de sexualité… Néanmoins, la clef de la réussite d’un groupe de parole dépend de l’investissement de chacun et de sa durée dans le temps. Si on ne peut exiger d’une personne une présence constante, sa participation régulière permettra de se livrer davantage au fil des rencontres. Plus on se connaît, plus on s’apprivoise et plus on désamorce ses angoisses. Dominique Thiéry Sexualité, parlons-en ! • À AIDES, on peut parler de sexualité et de prévention dans les accueils, les groupes de parole et d’entraide ou en entretien individuel avec un volontaire. Pour connaître la délégation la plus proche, tél. : 0 820 160 120 ; 0,12 euro/min) ou tapez www.aides.org • Contactez Ligne de vie au 0 810 037 037 ou Sida Info Service au 0 800 840 800. • Dans certains hôpitaux, des consultations de sexologie existent ou doivent se mettre en place, ainsi que des groupes de parole sur la qualité de vie affective et sexuelle. Parlez-en à votre médecin spécialiste du VIH. Rem63-26032007-LM.qxd 27/03/07 11:19 Page 27 27 Jean-Pierre : “Prendre du recul sur ma sexualité“ Militant de la première heure, René-Paul Leuraton est coordinateur à Sida Info Service, sexologue et écrivain. Il a animé de nombreux groupes de parole autour de la sexualité. Interview à chaud. Jean-Pierre, 46 ans, fréquente un groupe de parole sur la sexualité à AIDES-Paris, ouvert aux gays séropositifs et séronégatifs. Remaides : En quoi le groupe de parole est-il un bon moyen de parler sexualité ? René-Paul Leuraton : Le téléphone a longtemps été important pour pouvoir parler de l’intime et avoir des informations. Mais il ne pouvait être qu’un passage. Le groupe de parole est un moyen d’aller plus loin. Il permet aux personnes séropositives de mieux “installer” leur séropositivité dans leur existence. Aller dans un groupe de parole, c’est reconnaître qu’on a un problème. Beaucoup de gens ont du mal à parler de leur sexualité. Pouvoir l’aborder en groupe permet une entraide, de se confronter à sa propre histoire, d’échanger les expériences et d’avoir des conseils. C’est un soulagement et une prise de conscience de se dire qu’on n’est pas seul à avoir vécu telle situation. C’est aussi un espace où on peut vraiment aborder ses difficultés avec la prévention ou ses éventuelles prises de risques. Voilà une vraie représentation de la solidarité ! “Je voulais comprendre pourquoi je n’ai plus de sexualité. Elle s’est éteinte, progressivement.” Même s’il reconnaît qu’on a moins “le feu au cul” à 50 ans qu’à 20, il ne veut pas faire une croix sur sa vie sexuelle. “Le groupe de parole me permet d’avoir du recul et de ne pas prendre à chaud des risques que je pourrais regretter à froid.” JeanPierre fait partie d’un groupe où il n’y a que des gays. “C’est plus enrichissant car on a plus de points communs, on se comprend mieux. Chacun parle comme il veut : pudiquement ou en racontant des trucs pornos ! Ce sont des moments intimes, intenses, hors du temps.” Quels sont les problèmes sexuels les plus fréquents ? Les problèmes peuvent être mécaniques (difficultés d’érection à cause des traitements anti-VIH, effets indésirables avec les diarrhées, etc.), psychologiques (manque de libido, traumatisme de la contamination sexuelle, retour à la vie alors qu’on s’était préparé à mourir, etc.) ou spécifiques (nouvelle sexualité car on vient de rencontrer quelqu’un, désir d’enfant, etc.) La sexualité a toujours été codifiée, sous couvert notamment de discours religieux. Les groupes de parole permettent de remettre les choses à leur place, d’établir une nouvelle norme où la sexualité est vivante et non pas enfermée dans quelques codes moraux ou sociétaux. Entretien : D.T. Le groupe de parole contribue aussi à remettre les choses en place. “C’est un moyen de se secouer et de secouer les autres aussi, de faire prendre conscience du côté irréversible du VIH à celui qui prend des risques.” Et puis, il a compris des choses sur lui. “Ce n’est pas que je suis coincé sexuellement, c’est que je ne suis pas en harmonie. Le groupe a mis le doigt là où ça fait mal, mais c’est pour la bonne cause ! Il a facilité ma parole sur la sexualité à l’extérieur.” Pour plus d’informations, contactez AIDES-Paris au : 01 53 24 12 00. photo : Dominique Thiéry - remaides 63 - mars 2007 Quelles sont ses limites ? Le groupe de parole n’est pas une recette miracle ! On y vient chercher quelque chose, mais aussi pour donner quelque chose aux autres. Certaines histoires sont intimes ou douloureuses et requièrent une consultation avec un médecin ou un sexologue. On ne peut pas tout partager ensemble. J’ai notamment constaté que le groupe de parole destiné aux couples sérodifférents, au Kiosque, à Paris, n’avait pas marché. Certains ont dit qu’ils préféraient aborder leur sexualité avec un spécialiste plutôt que devant d’autres couples. Il y a une alchimie à trouver avec les personnes d’un groupe. Il est parfois difficile de mélanger hétéros et homos, jeunes et vieux séropos... PRÉVENTION ET SEXUALITÉ René-Paul Leuraton “On vient chercher et donner quelque chose“ 27/03/07 11:19 Page 28 ET LÀ-BAS ? 28 Rem63-26032007-LM.qxd Homo et séropo au Mali LA PAROLE LIBÉRÉE Victimes de discriminations et de violences fréquentes, les homosexuels africains sont également frappés de plein fouet par l’épidémie de VIH/sida. Pour Remaides, deux Maliens ont accepté de témoigner de leurs conditions de vie. Transgressant “l’interdit”, ils osent lever les tabous. Rencontre exceptionnelle. À remaides 63 - mars 2007 - photo : Soria Blatmann ce jour, seuls le Sénégal et l’Afrique du Sud ont mis en place des programmes de prévention spécifiques aux homosexuels. Au Mali, aucune donnée épidémiologique n’est actuellement disponible sur le nombre de personnes séropositives dans la population gay. En 2005, l’association partenaire de AIDES au Mali, ARCAD-SIDA, a réalisé une étude dont le résultat est alarmant : 77 % des hommes interrogés ne s’étaient pas protégés lors de leur dernier rapport homosexuel. ARCAD-SIDA a décidé de mettre en place un programme de prévention et de prise en charge des homosexuels. Cette action s’appuiera sur un groupe d’hommes, dont MY, 32 ans, et Jean-Marie, 57 ans, qui est également séropositif. Tous deux ont accepté de témoigner de leurs situations respectives et de partager leurs interrogations. Jean-Marie à visage découvert et MY sous pseudonyme. Nous les avons rencontrés à Bamako. Remaides : Devez-vous cacher votre homosexualité ? MY : Je suis obligé de vivre mon homosexualité dans la clandestinité. Ma mère me soutient et me protège, mais pour le reste de la famille, je suis un pestiféré. Jean-Marie : Je ne l’ai jamais cachée de ma vie. Mes parents ne m’ont jamais mis à la porte. Jean-Marie, dois-tu cacher ta séropositivité ? Je dis la vérité à mes copains. Mais ils ne veulent pas me croire ! Pour eux, être séropositif, c’est forcément être très malade, tout maigre, sale. Je suis en forme, donc ils ne me croient pas et refusent souvent de se protéger. Je dois leur prouver que je suis séropositif en leur montrant mes ordonnances… Est-ce que l’homosexualité est acceptée au Mali ? MY : L’homosexualité est très stigmatisée à cause de la religion et des mentalités. Le Mali est un pays musulman et l’homosexualité est condamnée par l’islam. La loi malienne est muette sur le sujet, mais notre culture y est foncièrement opposée. Le problème, ce n’est pas l’État, mais la société. Elle n’accepte pas les homosexuels parce qu’elle ne les comprend pas. Jean-Marie Comment s’exprime ce rejet de la société envers vous ? MY : Malgré mes efforts pour le cacher, tout finit par se savoir. Tous les jours, pour un rien, je me fais insulter, traiter de “sale pédéraste” ! Et encore, il faut savoir que la vie est un peu plus facile dans la capitale que dans le reste du pays où il y a des violences graves. Des mères jettent leur enfant à la rue parce qu’il est homosexuel. Celui-là n’a pas d’autre choix que de venir à Bamako et de se prostituer. C’est comme ça qu’on s’expose le plus au sida. Jean-Marie : On m’a beaucoup insulté aussi dans le passé, j’ai tout enduré. Mais mainte- nant, les gens de mon quartier me connaissent, ils me laissent tranquille. Il m’arrive même de sortir dans la rue, la nuit, travesti et maquillé, personne ne me dit plus rien. Comment rencontrez-vous d’autres homosexuels ? MY : À Bamako, il y a des bars et des boîtes fréquentés par les homos. Jean-Marie : Moi, je ne vais plus souvent dans ces endroits, j’habite loin du centre de Bamako. Et puis, j’ai quarante ans d’homosexualité derrière moi, j’ai bien vécu... Je suis le doyen des homosexuels au Mali ! Rem63-26032007-LM.qxd 27/03/07 11:19 Page 29 29 ARCAD-SIDA BPE 2561, Bamako (Mali). Tél. : 00 223 223 72 59. Fax : 00 223 222 49 13. Courriel : [email protected] Comment gérez-vous les risques face au VIH/sida ? Jean-Marie : Quand j’ai appris ma séropositivité, en 2002, j’étais très malade. Je ne pesais plus que 33 kilos. C’est l’association ARCAD-SIDA qui m’a sauvé la vie. J’y vais toujours une fois par mois pour prendre mes traitements, les préservatifs et les lubrifiants. MY : Le vrai problème, c’est que nous n’avons pas la culture du préservatif. Pour nous, l’homosexualité, c’est l’infidélité, la frivolité. La plupart du temps, mes partenaires ne veulent pas se protéger et j’accepte leur refus. Pour l’instant, je suis séronégatif. J’ai peur, mais la peur passe après le plaisir. Pourquoi ce projet a-t-il échoué ? MY : J’ai obtenu 65 signatures et on a déposé une demande au ministère de l’Intérieur. Là, on nous a fait comprendre que ce n’était pas une bonne idée de créer une association d’homosexuels. On a préféré renoncer pour l’instant, mais on forme un groupement sous l’aile protectrice d’ARCADSIDA. Pour le moment, le sida est la seule manière possible pour aborder la question de l’homosexualité dans notre pays. MY, tu as participé aux États Généraux Gays de AIDES, à Paris, en novembre dernier. Qu’est-ce qui t’a le plus marqué ? MY : Ces États Généraux m’ont impressionné, encouragé, revigoré ! J’ai découvert un vrai pays de liberté. Les homos français ont réussi à exposer leurs problèmes au grand jour, ils ont même fait venir le ministre de la Santé à leur rassemblement ! Je rêve qu’un jour notre ministre de la Santé vienne nous écouter, nous aussi… En discutant avec les homos français, j’ai également ressenti une vraie fraternité. J’ai compris qu’il existe une solidarité internationale gay ! Malgré toutes nos différences, nos problèmes sont identiques : la stigmatisation, l’intolérance et la précarité, surtout pour les séropositifs. Qu’est-ce qui t’a le plus inspiré ? MY : Le PACS, par exemple. Même si nous, on organise déjà des PACS clandestins ! Quand on aura plus d’expérience, on revendiquera les mêmes droits que les couples hétérosexuels. Mais pour le moment, on doit gérer la clandestinité et c’est très grave. En quoi est-ce important pour vous de témoigner? Jean-Marie : Je veux que les gens comprennent qu’on peut être séropositif et être en forme. Je veux pouvoir donner du courage et des conseils à tous. MY : Un jour, je pourrai moi aussi témoigner à visage découvert, c’est mon combat de tous les jours. Mais c’est une révolution lente. Un jour, on saura qui est qui. Un jour, je serai le leader d’une association d’homosexuels et j’irai même à la télévision pour revendiquer nos droits, haut et fort ! Interview : Soria Blatmann Remerciements à Amadigué TOGO, sociologue, responsable du projet “hommes entre eux” d’ARCAD-SIDA MY photo : Soria Blatmann - remaides 63 - mars 2007 Comment avez-vous eu l’idée de créer une association d’homosexuels ? MY : J’avais réalisé une étude sur l’homophobie au Mali pour une ONG (organisation non gouvernementale). C’était en 2000, à l’époque où Robert Mugabe, Président du Zimbabwe, avait appelé à abattre les homosexuels. Le monde occidental avait été très choqué par ces propos. J’ai rencontré des gays qui subissaient toutes sortes de stigmatisations, d’intolérances, de violences verbales et physiques. Ça m’a révolté. J’ai réuni des amis gays, je leur ai dit : “Si on ne fait rien, ils vont finir par nous abattre ici aussi ! Le Mali est un pays de démocratie et de droits de l’homme, on n’est pas obligés d’être hétéros. Notre liberté sexuelle, c’est notre droit” ! Jean-Marie : Aujourd’hui, on était 12 gays réunis dans une salle pour réfléchir ensemble aux actions qu’on va mener, je n’en croyais pas mes yeux… Bientôt, j’espère qu’on sera 30, 40 ! Pour les séropositifs, c’est la même chose, il faut qu’on se batte pour nos droits ! ET LÀ-BAS ? Pour en savoir plus 27/03/07 11:19 Page 30 PA 30 Rem63-26032007-LM.qxd vie avec une compagne, je voudrais partager les bonnes choses de la vie. En Espagne : 00.34.962.81.93.58 30 : Quadra, look crane rasé, 1.84 m, 72kg, séropo. Sans problème, sensuel, sans tabou, cherche homme même profil. 06.71.52.72.17. 30 : Jimmy, 51 ans, 1.70m, 75kg, yeux marron, cheveux en brosse, musclé, beau gosse. Cherche H, pour amitié ou plus. J’ai beaucoup d’amour à donner et à recevoir. 06.23.41.86.69. Étranger : CI : Francy, ivoirienne, 32 ans, 1.66m, 56kg, sous trithérapie, cherche H sérieux, 33 ans, non fumeur, non violent, situation stable et qui désire fonder un foyer et avoir des enfants. Tél. : 00.225.08.02.78.28 Ou [email protected] C : Marceline, camerounaise, âgée de 34 ans, recherche homme 40 à 70 ans, sérieux, honnête, fidèle, pour mariage et vie de couple. Tél. : 00.237.786.63.57. C : Bruna, femme de 33 ans, 2 enfants de 6 et 8 ans, séropositive depuis 2003. En pleine forme, je souhaite rencontrer un homme séropositif si possible pour fonder un foyer d’amour et d’harmonie. Contacts : meyelangangré@yahoo.fr. France (Régions) : 06 : Tonio, 44 ans, 1.73m, 61kg, yeux marron, cheveux cendrés, séropositif sous traitement, en bonne santé, sachant apprécier la vie, cherche F 30 à 40 ans sympa, douce, pour rompre la solitude. 06.21.19.72.22. remaides 63 - mars 2007 - illustration : Gersende* 06 : Christian, 57 ans, sage avec une petite pointe de folie et beaucoup de tendresse à donner. Je suis câlin, calme, posé, courtois, motivé pour créer et développer une relation. Je recherche une femme gentille, douce et féminine. 06.69.00.78.80. 06 : Jean-Michel, 39 ans, 1.75m, 69 kg, brun imberbe, pas trop mal. Recherche en France, mais aussi en Suisse, l’homme de sa vie. Je souhaite beaucoup d’humour et de protection. 06.65.64.04.15. 06 : Érick, 38 ans, 1.78m, 65kg, châtain clair, yeux marron, croque la vie à pleine dents. Recherche son ego, un homme simple et franc. Réponse assurée. E. Jacquet, 58553, B110, BP 1709, 06012 Nice cedex 1. 13 : Bruno, 42 ans, 1.77m, 70kg, séropositif depuis 96. Sportif, aime la musique et les sorties, je suis doux et gentil, je cherche F 35 à 45 ans pour fonder une vie à deux. On est toujours mieux à deux que seul. 06.75.92.77.17. 13 : Dominique, mère de deux jumelles de 22 ans. La vie est difficile avec la maladie. Je suis jolie à regarder et serais capable de tomber amoureuse de nouveau. J’aimerais rencontrer un H. la cinquantaine pour me donner de la douceur. Tout cela si affinités. 06.50.29.85.38. 14 : Christophe, 43 ans, 1.76m, 61kg, châtain. Séropositif sous trithérapie, je suis affectueux, câlin, j’aime les soirées simples ou enlacé dans les bras l’un de l’autre. Cherche H 30 à 45 ans, brun. 06.22.35.50.99. 22 : François, 44 ans, 1.75m, 68kg, châtain courts, yeux verts noisette, sous trithérapie. Non-fumeur, physique agréable, tendre, câlin et sentimental, j’aime les balades de bord de mer. Je cherche ami 30 à 50 ans, doux, câlin, sincère, franc, sérieux, et non-fumeur. Je voudrais construire une belle histoire d’amour. 06.16.15.06.32. après 20H. 31 : Éric, 40 ans, 1.75m, 70kg, yeux foncés, cheveux bruns rasés, séropositif depuis août 2006. Je suis sportif, j’aime le ciné, les voyages. Je désire rencontrer un H stable, de 35 à 45 ans, pour une vie heureuse à deux. 06.68.41.89.05. 31 : Xavier, black, 29 ans, je voudrais étendre mon cercle de relation amicale avec filles et garçons de la région : [email protected] 33/83 : Michel, 50 ans, 1.70m, 55 kg, séropositif depuis 20 ans. Recherche H tendre, câlin, affectueux, pour s’engager dans une relation amicale et plus si affinités. Si tu es dans le sud-est et si, toi aussi, tu désires rompre une solitude pesante, contactes-moi au : 06.89 10.60.55. 33 : Thierry, 36 ans, 1.78m, 67kg, séropositif en bonne santé, j’aime la nature, le VTT, la musique variée et le ciné. Je cherche une relation amicale avec un H simple et viril. 06.22.62.08.15. ou [email protected] 22 : Couple d’homos vivant en Bretagne, région Côtes d’Armor. Nous souhaiterions échanger avec d’autres couples des liens d’amitié, sincères et durables. Partageons nos expériences ensemble ! 06.81.15.99.26. 33 : Patrick, 47 ans, 1.78m, 66kg, châtain clair, séropositif depuis 98. Je souhaite rencontrer l’ami, le copain, et pourquoi pas le compagnon, pour partager une complicité à deux et regarder le futur entouré de tendresse. 06.70.55.39.26. 24 : Karl, 37 ans, brun, 1.73 m, 55kg, séropositif, aimant les sorties en plein air, les sports de glisse, la randonnée et la nature. Sérieux et sincère. Je recherche F même tranche d’âge pour relation amicale, voir plus si affinités. 06.89.55.54.25. 33 : Sophie, 48 ans, bonne santé et non-fumeuse, aimant la vie, je souhaiterais rencontrer un H même profil pour partager tendresse et affection. 06.85.78.11.52. 26 : Jean-Claude, 55 ans, 1.75m, 55kg, châtain aux yeux bleus, séropositif depuis 1985, sans trithérapie. J’apprécie la nature, les animaux, la musique, le bricolage. Je me sens seul après 28 ans avec le même compagnon. Je cherche une relation de confiance et amicale, si affinités, avec un H du même âge sur la région Drôme, Ardèche. Tél. : 04.75.60.41.53. Après 14H. 26. H, 67 ans, Séropositif en bonne santé, sobre, non fumeur, sérieux, je suis doux, attachant et câlin. Je vis 6 mois par an sur une plage au sud de l’espagne. Désireux d’avancer dans la 33 : Murielle, 36 ans, 1.67m, séropositive, africaine, gentille et douce, simple et pleine d’espoir. Je désire rencontrer un H du même profil pour partager une vie a deux si entente et affinités. Âge indifférent. 06.23.24.62.52 ou 06.33.33.81.70. 34 : Diane, femme en devenir, transgenre, la cinquantaine, douce, discrète et câline. Je recherche sur région 34, ou proche, ami de 45 à 55 ans, pour partager sorties, complicité et tendresse. 06.79.84.13.02. 34 : Jean-Claude, 40 ans, cherche ami pour rompre la solitude et avancer dans la vie. Car à deux, les échanges et le soutien moral sont plus agréables. J’aime les sorties, les balades, et les rencontres. 06.66.51.98.54. 35 : Patrick, 46 ans, bien physiquement, cherche H de 20 à 25 ans. Je souhaiterais construire une relation solide. Je désire tendresse et affection. J’ai la possibilité d’héberger en région Bretagne. Appelez ! 06.17.58.18.24. 54 : Jordan, H de 33 ans, 1.75m, pour 65kg, séropositif, brun, mince et agréable, en bonne santé. Je recherche F. 18 à 30 ans pour rencontre amoureuse et sérieuse. 06.10.54.70.41. 54 : Laurent, 45 ans, 1.71m, 74kg, châtain, yeux bleus, séropositif depuis 2001, recherche F ou H de 30 à 40 ans, pour partager ensemble amour et amitié. 06.19.41.20.54. 37 : Carla, la trentaine très mignonne, séropositive depuis 2003, sous trithérapie, souhaite une rencontre durable et sérieuse avec H entre 37 à 55 ans, si possible séropositif, doux et affectueux. J’aimerais rompre la solitude et créer un ménage durable. 06.34.26.57.97. 56 : Georges, 57 ans, brun, barbu, artiste peintre, séropositif. Cherche homme doux, fidèle et non-fumeur, pour vivre en Bretagne à mes cotés une belle histoire d’amour. J’aime la mer, la campagne, le vélo et la natation. Sérieux, calme et simple. 06.67.23.95.89. 37 : Nicole, 1.70m, 56 kg, en bonne santé et bien physiquement, d’une allure et de caractère jeune. Recherche ami entre 50 à 60 ans pour contact : 02.47.66.31.54. 59 : Marie, 46 ans, mord la vie à pleine dents. J’aime partager tous les petits plaisirs de la vie Cherche H fidèle et très câlin. 06.26.40.66.70. 37 : Patrick, 54 ans, brun, 1.78m, 80 kg, sérieux et travailleur avec quelques défauts. Cherche à rencontrer une femme, situation indifférente mais sérieuse. Pour construire une vie à deux simple, paisible, et heureuse. Pour moi un couple doit être dans la complicité et le respect mutuel. 02.47.46.24.08. ou 06.19.90.41.16. 37 : Laurent, célibataire, âgé de 47 ans, sans enfant. Je voudrais rompre ma solitude. Je recherche une F avec qui trouver des points de connivence, les enfants sont bienvenus. 06.89 15.03.51. 41 : F, 1.65m, 70 kg, séropositive depuis 10 ans, fidèle, gentille et calme. Aimant les sorties ciné et resto. Cherche H pour construire une vie à deux et rompre la solitude. 06.13.34 62.12. 42 : Patrick, 41 ans, séropositif, en bonne santé, sérieux, sincère et toujours honnête. Je souhaite construire un avenir de qualité, plein de bonheur, de stabilité et de fidélité, dans le but d’une vie à deux. Je recherche un compagnon sur StÉtienne ou aux alentours. 06.73.36.85.00. 44 : Denis, 40 ans, 1.75m, 67 kg, yeux marron, très sensuel et câlin. Cherche H 28 à 40 ans athlétique, doux et très protecteur pour câlin et tendresse. Souvent seul, je veux rompre les moments de solitude. 06.24.58.93.51. 45 : Angie, 35 ans, 2 enfants, , séropositive sans traitement. Cherche H, de 35 à 50 ans, pour établir une relation simple et pleine de complicité, sérieuse et stable, afin de pouvoir regarder la vie et l’avenir qui s’offrent à nous. [email protected] 59 : H, 40 ans, doux, câlin, brun, musclé, séropositif. Cherche H, 30 à 45 ans, pour rompre ma solitude. Merci de me contacter au 06.89.17.88.76. 59 : François, 52 ans, séropositif, 1.82m, 76kg, bien physiquement, caractère et look jeune. Je suis stable, sérieux, et fidèle. Cherche H 40 à 48 ans, même profil, pour vie commune, voire PACS : 06.62.52.57.03 / 03.27.32.03 81. 63 : Jean-Marc, 45 ans, 1.82m, 70kg, Séropositif depuis 2003, sans traitement, bien physiquement et nonfumeur. Super sportif aimant la nature, la mer et la montagne. Cherche à rencontrer F agréable et sportive de 30 à 45 ans pour partager moments et rompre la solitude. 06.32.38.29.55. 67 : Hugues, recherche F de 30 à 40 ans pour établir relation sérieuse et amicale, voire plus si affinités : 06.62.38.84.77. 68 : Nicole, célibataire de 55 ans, 1.62m, 48kg, séropositive depuis 2005. Cherche un ami du même âge pour briser la solitude : 03.89.66.15.37. 69 : Michel, 33 ans, 1.70m, 65kg, africain, séropositif sans traitement. Recherche F de 25 à 40 ans pour partager une relation forte et vraie dans le but de fonder un foyer. 06.99.41.26.32. ou après 18h00 : 04.69.60.45.07. 76 : F, africaine de 42 ans, séropositive depuis 95, sous trithérapie. Cherche un homme de 45 à 50 ans ayant la même pathologie pour combler l’immense solitude que je vis et pour construire une belle histoire d’amour. 06.15.66.16.69. ou 08.92.13.51 61. Rem63-26032007-LM.qxd 27/03/07 11:19 Page 31 31 83 : F, 41 ans, cherche à rencontrer sur le Var H séropositif, 40 à 50 ans, honnête, sérieux et sincère. Pour partager des activités et des moments sympas en vue d’une relation durable. 06.15.23.87.30. 84/13 : Jean-Luc, 37 ans, 65 kg, 1.70m, blond aux yeux verts, séropositif depuis 2001, cherche H de 25 à 45 ans. Pour lier amitié et voire plus si affinités. 06.78.59.36.63. 86 : Solange, 36 ans, en parfaite santé, célibataire, calme, fidèle et sans enfant, souhaiterait rencontrer H, âgé de 41 à 46 ans, aimant les voyages, sorties, et cinéma, pour construire une vie à deux dans le but d’un mariage et de fonder une famille. 06.70.34.89.23. 86 : Guy, 42 ans, recherche F plus de 30 ans, sans enfant pour amitié et plus si affinités. 06.67.17.67.50. 87 : Bouchta, H, 40 ans, vivant à Limoges. Cherche compagnie du même âge pour rompre solitude. Contactez-moi au : 06.23.43.17.94. Paris et RP : 75 : Didier, 49 ans, yeux bleus, séropositif depuis 1984, grand, mince, mignon, souffrant d’une grande solitude. Recherche H la cinquantaine tendre et câlin, aimant la vie, les voyages et surtout une vie à deux. 06.86.56.76.60. 75 : H, 46 ans, 1.72m, 65kg. Aimerais partager son 2 pièces de 50 m2 avec un garçon, sérieux et autonome de 35 à 50 ans, concerné par l’infection et aimant la nature. Écrire à : [email protected] ou par tel : 06.14.20.26.76. 75 : Abdel, 35 ans, séropositif, sportif, travailleur, facile a vivre. Je voudrais sortir de la solitude et partager des moments de bonheur. 06.17.35.37.09. 91 : Myriam, jeune black de 46 ans, sous traitement, indépendante et très nature, cherche un compagnon honnête qui aime : la marche, danser, la campagne et la mer. Courriel : [email protected] 93 : Johana, 34 ans, 1.68m, 68kg, jeune femme séropositive depuis 2003, d’origine africaine. J’ai un enfant en Afrique. Je recherche un homme séropositif de 37 à 50 ans, sérieux. Tél. : 06.99.42.07.01. 75 : H, 53 ans, désire rompre la solitude, mince, gentil, aimant la nature, les arts et les animaux. Cherche amie et peut être amour avec une personne sensible et humble. Age indifférent. 06.71.20.84.73. 91 : Pascal, 42 ans, 1.82m pour 74kg, séropo, depuis 10 ans, désirant rencontrer une jeune femme sérieuse, aimant les enfants afin de recommencer une vie basée sur la sincérité et l’amour. J’attends impatiemment ton appel. Contacts : 06.32.39.25.51 ou [email protected] 94 : Jean-Louis, 45 ans, 1.68m, pour 68 kg, situation générale stable, goût pour la nature, les voyages, le sport, l’humour et la musique. Cherche homme entre 40 à 50 ans pour complicité et partager, dans le but d’un échange culturel. 06.09.26.64.70. 75 : Emmanuel, 22 ans, 1.72m, 55kg, séropositif depuis 2006, vivant seul et dans la vie active depuis 4 ans. Cherche H de 18 à 40 ans, pour fonder une relation sérieuse. 06.74.33.63.82. 91 : Marie-Noëlle, jeune femme, de 25 ans, 1.65m, 60kg, séropositive, aimerait rencontrer un homme tendre, gentil, sérieux et sincère pour amitié et plus si affinités. 06.84.87.58.42. 75 : Gisèle, 40 ans, séropositive, depuis 2 ans avec traitement, recherche homme doux, sérieux et sincère pour partager des moments sympas. 06.15.69.03.24. 93 : Flo, femme 42 ans, célibataire et sans enfant, aimant le travail, les voyages et les sorties, cherche un homme sérieux pour fonder une famille. 06.99.91.43.78. 75 : David, 41 ans, 1.75m, 60kg, séropositif, gentil, indépendant. J’aimerais rencontrer une femme pour relation sincère. 06.61.98.12.81. 93 : Kaliana, 8 ans ; depuis 2 ans, maman est partie au ciel. Papa cherche une dame et moi aussi. Elle pourrait me border dans mon lit et me raconter des histoires avant de me coucher comme le faisait ma maman… [email protected] 75 : H, 34 ans, sportif, dynamique, souhaiterait rencontrer une F 28 à 38 ans qui aurait comme désir de fonder une famille, si affinités. 06.11.43.24.44. 75 : François, 54 ans, 1.75 m, 68 kg, sous trithérapie, doux, sympa et très timide. Assez seul, cherche H pour établir une bonne amitié. 06.78.61.87.45. 75 : Jeannie, africaine de 32 ans, et maman d’un petit garçon de 5 ans, aimerait rencontrer un H pour fonder une famille basée sur le respect, l’amour, l’honnêteté et la tolérance. 06.69.65.72.43. 78 : Hervé, 38 ans, 1.74m, 62kg, châtain, yeux verts. J’aime le ciné, la lecture, la musique, les voyages, sans oublier les plaisirs de la vie. Je cherche H de 30 à 45 ans. Envoyer courriel à : [email protected] Directeur de la publication : Christian Saout. Comité de rédaction : Franck Barbier, Cynthia Benkhoucha, Agnès Certain, Yves Gilles, Cyrille Leblon, Alain Legrand, Jacqueline L’Hénaff, Marianne L’Hénaff, Christiane MartyDouble, Thierry Prestel, Fabien Sordet, Dominique Thiéry, 93 : F, antillaise de 49 ans, séropositive, la tête sur les épaules. recherche personnes non- fumeuses, sympas et discrètes pour rompre la solitude. 06.67.33.08.67. 93 : H, séropositif, 46 ans, désire rencontrer une femme douce, sincère, pour amitié et plus si affinités. Dans l’attente de ton appel… 06.31.19.49.94. 93 : F, de couleur, 32 ans, 2 enfants, 1.64m, 69 kg, cherche H sérieux de 30 à 50 ans pour fonder un foyer qui pourra illuminer le reste de notre vie dans la gaieté, les rêves et la joie. 06.25.04.21.16. 94 : Félicienne, africaine de 37 ans, 1.66m, 75kg, sous trithérapie, en pleine forme et dans la vie active, sans enfant, avec désir de maternité souhaite rencontrer H de 38 à 50 ans pour relation durable, voire la possibilité de fonder une famille. [email protected] ou 06.03.18.06.40. 94 : H, 53 ans, châtain, 1.74m, 60kg, séropositif depuis plus de 20 ans, sous trithérapie depuis 10 ans, curieux, calme, volontaire, compréhensif, aimant les câlins, les voyages. Recherche un compagnon pour partager les bons moments de la vie, comme les difficultés. 06.26.17.63.94. ou [email protected] 95 : Chris, je voudrais correspondre avec femme de 30 à 40 ans pour relation stable, voire fonder un foyer. Je suis une personne simple qui a la tête sur les épaules. 06.68.44.29.26. 95 : Carine, jeune femme africaine, 1.60m, 56kg, bonne santé, 29 ans, sans traitement, sérieuse, câline, et pas difficile à vivre souhaite rencontrer homme même profil de 35 à 50 ans. 06.37.00.35.26. Photos et illustrations (avec nos remerciements) : Soria Blatmann, Stéphane Blot, Gersende*, Gérard Hengé, Marianne L’Hénaff, Jacqueline Maman, Laurent Marsault, PIEM, Pierre et Gilles, Roland, Romain, Dominique Thiéry, Emmanuel Trénado. • Les annonces publiées visent à rompre la solitude. Elles n’engagent que la responsabilité de leur auteur. • Nous ne publierons pas de demandes à caractère commercial ou discriminatoire ni de description de pratiques sexuelles. • Nous nous réservons le droit de raccourcir les textes un peu longs. • La reproduction de ces annonces est interdite. • Nous recevons de très nombreuses annonces et ne pouvons publier que les premières qui nous parviennent. Pour le prochain numéro, envoyez-nous votre texte avant la fin avril. Remaides n’a aucun moyen de s’assurer de la bonne foi des personnes qui font paraître une annonce ou qui y répondent : nous invitons donc nos lecteurs à faire preuve de la prudence nécessaire lors de toute rencontre avec une personne inconnue. À la mémoire des membres du comité de rédaction morts du sida : Philippe Beiso, Richard David, René Froidevaux, Yvon Lemoux, Christian Martin, Alain Pujol, Christine Weinberger. Remerciements spéciaux à Jean Deleuze (pour ses conseils). Le SNEG (Syndicat national des entreprises gaies) assure la diffusion de Remaides dans les établissements gays. Parution trimestrielle Tirage : 43 000 ex. , ISSN : 11620544. Impression : Corlet Roto, 53300 Ambrières-les-Vallèes. Remaides sur internet : www.aides.org Remaides Tour Essor, 14, rue Scandicci, 93508 Pantin Cedex Télécopie : 01 41 83 46 19. 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Coordination : Dominique Thiéry Comment passer une PA ? PA 76 : Eddy, 1.70m, 71kg, cheveux milongs, yeux marron vert. J’aime la vie simple, les soirées tranquilles à deux mais aussi sortir de temps en temps. Cherche H entre 25 à 45 ans pour une amitié et peut-être l’amour. 06.14.95.26.06. Rem63-26032007-LM.qxd 27/03/07 11:19 Page 32 LE PETIT MONDE D’HENGÉ... Interdit de campagne présidentielle Interdit de séjour Interdit de tabac 07Rem01 Mlle ❐ Mme ❐ M. ❐ Nom : __________________________ Prénom : ________________________________________________ Adresse : __________________________________________________________________________________________________________________ Code Postal : _____________________ Ville : ___________________________________________________________________________________ ❐ Je reçois déjà Remaides et je soutiens votre action en joignant un chèque (à l’ordre de AIDeS) d’un montant de _____________________ euros. ❐ Je désire recevoir Remaides et je soutiens votre action en joignant un chèque (à l’ordre de AIDeS) de _____________________________ euros. ❐ Je désire recevoir régulièrement Remaides, mais ne peux pas vous soutenir financièrement. ❐ Je reçois déjà Remaides, mais j’ai changé d’adresse (indiquer l’ancienne et la nouvelle adresse). AIDeS, remAIDeS, tour Essor, 14, rue Scandicci, 93508 Pantin Cedex. Illustration : Hengé - CPPAP 1207 H 82735 - Remaides 63 - mars 2007 Abonnez-vous à remAIDeS (merci de bien vouloir écrire en majuscules.)