Traitements de substitution - Pas-de

Transcription

Traitements de substitution - Pas-de
Rem63-26032007-LM.qxd
27/03/07
11:18
Page 1
N° 63 • mars 2007
PRÉSIDENTIELLES 2007
Photos : Dominique Thiéry
Nos lecteurs sont aussi vos électeurs !
27/03/07
11:18
Page 2
2
Rem63-26032007-LM.qxd
HOMMAGE
Hommage à A
L’ ARDENT MILITANT
poussant le malade au cœur de sa prise
en charge comme acteur de sa propre
histoire.
L
remaides 63 - mars 2007 - photo : Dominique Thiéry
a flamme d’Arnaud Marty-Lavauzelle
s’est éteinte le 13 février 2007, à l’hôpital de la Pitié Salpétrière. Arnaud est parti
doucement, un peu seul, après vingt ans de
combat acharné et impressionnant contre
le sida et contre sa propre maladie. Un hommage légitime particulièrement émouvant lui
a été rendu lors de ses obsèques.
Quand j’ai connu Arnaud, il était médecin
psychiatre à l’hôpital de Poissy et au centre
Monceau, spécialisé en thérapie familiale
notamment auprès de familles de toxicomanes. Il a rejoint AIDES en 1987. Militant
ardent, il avait le charisme d’un grand leader,
se battant sur tous les fronts de l’épidémie.
Des incertitudes du début à l’espoir des nouveaux traitements en passant par les années
noires : il a soutenu l’accompagnement ultime des personnes, la lutte pour l’accès aux
soins pour tous en France, la réduction des
risques pour les usagers de drogues, la mobilisation pour l’accès aux traitements dans les
pays les plus défavorisés.
Il a particulièrement marqué les esprits par
son combat pour l’évolution des comportements à l’égard de cette maladie. Daniel
Defert avait donné au malade un rôle de
“réformateur social”, Arnaud a continué en
Je n’oublierai jamais cet après-midi
faiblement ensoleillé de mai 1987,
lorsque nous nous sommes rencontrés
pour la première fois. Nous allions manifestement dans le même sens, dans une
confiance réciproque qui nous a soutenus tout au long du chemin parcouru
ensemble. Arnaud me l’a tendrement
rappelé à l’hôpital quelques jours avant
sa mort, ce qui m’a profondément touchée. Arnaud a su mobiliser l’énergie de bien
des personnes et a encouragé ma recherche de
solutions adaptées à chacun, individualisées
et innovantes dans cette “relation singulière”
qui unit le patient et son soignant. C’est encore Arnaud qui m’a accompagnée dans ma
démarche militante. C’est au congrès mondial
sur le sida en 1992 à Amsterdam que j’ai décidé, avec lui, de rejoindre AIDES. Nous avons
beaucoup travaillé sur le Mieux vivre avec son
virus et plus tard sur le Mieux vivre avec ses
traitements, dont le journal Remaides s’est
aussi fait l’écho.
Puis, il y a eu 1993 : le courage d’Arnaud
d’annoncer son sida aux Assises de AIDES, le
congrès de Berlin plus que déprimant face à
l’absence de thérapeutiques nouvelles, la
prise de conscience de la France en matière
de réduction des risques. Cela a déclenché
une formidable mobilisation associative.
Arnaud menait ces actions avec beaucoup
d’ardeur, je m’étonnais quelquefois de sa
puissance de travail et de sa force de vie. Me
reviennent aussi les premières réunions du
TRT-5, la création d’Ensemble contre le sida
et tous les petits moyens mis en œuvre
pour trouver les solutions adaptées à chaque
situation.
1996, l’arrivée des antiprotéases : Arnaud
monte au créneau contre ce procédé choquant du tirage au sort, dénonçant la politique
commerciale des laboratoires. Grâce à ces
nouvelles stratégies thérapeutiques, l’état de
santé des patients s’améliore, mais tous ne
répondent pas de la même façon au nouveau
traitement. Arnaud oriente alors son combat
avec détermination vers l’obtention en temps
utile de nouvelles molécules pour tous ces
patients et pour lui-même. Cette course
durera longtemps. Il renonce à la présidence
de AIDES en 1998. Devenu membre de
l’ONUSIDA, il poursuit son inlassable combat
contre l’épidémie en lançant des actions de
soutien pour l’accès aux traitements dans les
pays du Sud et de l’Est. Il participe à la mise
en place du Fond mondial de lutte contre le
sida et s’engage au sein d’organisations internationales. Parallèlement, il continue à se
battre pour sa propre vie avec une détermination farouche...
Les années 2000 s’annoncent mal, les stratégies thérapeutiques avec deux nouvelles
molécules ne sont pas au rendez-vous, nous
essayons de trouver des solutions pour contenir le virus. Débute alors cette longue période
alternant les hospitalisations et les retours à
la vie, à la maison, et quelques échappées à
l’étranger. Et, en 2006, c’est le lymphome et
ses traitements qui contribueront à faire baisser les bras de cet infatigable combattant.
Arnaud Marty-Lavauzelle restera toujours
associé à l’Histoire du sida comme une
grande figure de la lutte. Arnaud n’est plus,
mais avec ce qu’il nous a légué, en générosité, en combativité solidaire et en courage,
nous avons le devoir de continuer son œuvre.
Dr Myriam Kirstetter
Rem63-26032007-LM.qxd
27/03/07
11:18
Page 3
3
SOMMAIRE
à Arnaud Marty-Lavauzelle
S
’occuper des vivants, plutôt que des morts, voilà la préoccupation
d’Arnaud. Mais il avait aussi un attachement à ce que la disparition des personnes touchées par le sida ne se fasse pas dans la honte,
sans rites. C’est pourquoi je ne veux pas laisser son départ dans le
silence et dans l’oubli. Ce ne serait pas juste. Pour lui. Et pour nous,
car sa vie à AIDES, c’est aussi notre histoire.
Arnaud était l’homme des brèches dans les murs de l’impossible. Ses
indignations fracassantes et sa détermination militante ont permis
d’ouvrir plus d’un passage pour que AIDES, autant que la lutte contre
le sida, trouve des voies dégagées.
ACTU
06
04 Brèves
La CROI à Los Angeles
SPÉCIAL PRÉSIDENTIELLES 2007
10
08 Le sida, sacrifié dans l’urne ?
Cinq lecteurs-électeurs s’adressent aux candidats
TRAIT’PORTRAIT
13
Après que Daniel Defert, notre président-fondateur, lui eut passé le
relais, il aura permis la création d’un réseau AIDES largement installé
en France. Partout où l’épidémie nécessitait que des hommes et des
femmes se rassemblent dans un mouvement AIDES aux avant-postes
de la défense de la dignité des personnes face aux multiples rejets
d’une société excluant les séropositif(ve)s.
Il a aussi été celui qui a cassé la résistance des États et des sociétés
à laisser les personnes concernées s’exprimer sur l’épidémie, à leur
accorder le droit de formuler une expertise à partir de leurs vécus. C’est
pour cela qu’il était devenu, à la Conférence de Yokohama, en 1996,
le président de toutes les associations de lutte contre le sida dans le
monde, en s’exprimant en leur nom collectif.
VIS TON VIH
14
15
Traitements de substitution en prison : ça bloque !
TÉMOIGNER
Roland : “Une lumière dans les ténèbres”
SE SOIGNER
22
Hygiène de vie : l’envie d’avoir envie
ÉQUILIBRE
Nutrition : diététiquement vôtre !
PRÉVENTION ET SEXUALITÉ
26
Groupes de parole sur la sexualité,
pourquoi ?
ET LÀ-BAS ?
28
Être homo et séropo au Mali
PA
30
Vos annonces
remaides 63 - mars 2007
Christian Saout
Président de AIDES
Le fitness viral, c’est quoi ?
INTERMAIDES
19
24
Il a encore été celui qui, le premier, a décidé que les personnes du Sud
devaient bénéficier des nouvelles thérapies et accéder aux traitements
dans les mêmes conditions que dans les pays du Nord. C’est sur une
modeste brèche, une première réunion interassociative avec AIDES à
Abidjan en 1997, que s’est construite l’affirmation de la capacité des
associations du Sud à dispenser les traitements bien avant que les États
ne se mobilisent.
Joseph, compagnon de VIH
POUR Y VOIR PLUS CLAIR
21
Il a aussi été celui qui a brisé le mur du silence pour lui-même
et pour les autres en prenant la parole publiquement sur sa séropositivité. Convaincu et fier que l’opinion publique, tout comme les volontaires de AIDES d’ailleurs, devaient dépasser la compassion et partager
la révolte pour le changement.
Rencontre avec Jean-Luc Romero,
président d’Élus locaux contre le sida
27/03/07
11:18
Page 4
ACTU
4
Rem63-26032007-LM.qxd
Quoi de neuf, DOC ?
Prezista
Prezista,
appelée
aussi
darunavir ou TMC-114, est
une nouvelle antiprotéase du
laboratoire Tibotec-Janssen Cilag. Elle a
obtenu récemment son autorisation de mise
sur le marché (AMM). Prescrite pour lutter
contre l’échec thérapeutique (personnes
ayant un virus résistant), elle n’était disponible, jusqu’à maintenant, qu’en ATU
(autorisation temporaire d’utilisation). Elle est
désormais disponible en pharmacies hospitalières. Les essais chez les personnes prenant
un traitement anti-VIH pour la première fois
se poursuivent. L’indication de Prezista
pourrait donc être étendue prochainement à
l’ensemble des malades ayant besoin d’un
traitement.
remaides 63 - mars 2007 - illustration : Stéphane Blot
Envie d’arrêter de fumer ?
Le tabac est nocif pour la santé. C’est
d’autant plus vrai pour les personnes séropositives, chez qui le tabac accroît les risques
cardiovasculaires et de cancer du poumon.
Depuis le 1er février 2007, date à laquelle l’interdiction de fumer est entrée en vigueur dans
certains lieux publics (notamment au travail),
l'assurance maladie rembourse les traitements par substituts nicotiniques (gommes,
patchs, inhaleurs, pastilles). Un montant
maximum de 50 euros a été défini par an et
par personne. Le remboursement ne peut
avoir lieu que si les substituts ont été
prescrits sur ordonnance par un médecin (et
ne mentionnant aucun autre traitement). Pour
plus d’informations sur cette nouvelle loi,
vous pouvez taper www.tabac.gouv.fr. Vous
pouvez aussi appeler Tabac Info Service au
0 825 309 310 (www.tabac-info-service.fr).
Nouveaux
médicaments pour traiter
l’échec thérapeutique
Certaines personnes sont aujourd’hui en
échec face à la plupart des médicaments
disponibles. Pour maîtriser le virus, il faut
alors faire appel à de nouveaux traitements,
actifs sur les virus résistants. Plusieurs traitements de ce type existent désormais. Pouvoir
les associer est une vraie opportunité !
On peut ainsi associer Prezista (nouvelle antiprotéase) et l’étravirine (TMC-125, non
nucléoside en ATU, autorisation temporaire
d’utilisation) de Tibotec-Janssen Cilag.
Les premières données indiquent qu’on peut
également associer ces médicaments à
l’anti-intégrase raltegravir (MK 0518) des
laboratoires MSD, celle-ci étant disponible
actuellement en ATU (autorisation temporaire d’utilisation).
Essai Trio
Un essai associant plusieurs nouveaux médicaments pour les personnes au virus
multirésistant sera prochainement lancé par
l’ANRS (agence nationale de recherche sur le
sida et les hépatites virales). Il permettra
d’associer les médicaments cités dans la
brève précédente.
Aptivus
disponible en ville
Aptivus (tipranavir) est une antiprotéase du
laboratoire Boehringer-Ingelheim, utilisée
dans le traitement du VIH en cas de résistance à d’autres médicaments (une situation
conduisant à l’échec thérapeutique). Elle est
désormais disponible, en France, en pharmacies de ville, et toujours à l’hôpital.
LES HÉPATITES
Baraclude et VIH :
risque de résistance !
Baraclude (entécavir), un nouveau médicament contre l’hépatite B (VHB) autorisé
en France depuis septembre 2006, doit
être évité, autant que possible, pour des
personnes atteintes à la fois par le VHB et
le VIH. En effet, ce médicament pourrait
avoir une activité sur le VIH et entraîner
des mutations de ce dernier comme l’a
signalé une étude récente. La notice du
médicament sera bientôt modifiée pour
mentionner cette nouvelle information.
Biopsie du foie :
pour en savoir plus !
AIDES vient d’éditer
une brochure
sur la biopsie du
foie
(examen
médical parfois
conseillé quand
on est atteint par
une
hépatite
virale et qui
consiste à prélever
un minuscule fragment de foie pour
en évaluer l’état). Basée sur des témoignages de personnes qui ont fait cet
examen, elle explique ce qu’est la biopsie,
comment s’y préparer et répond aux principales craintes des personnes. Elle est
disponible dans les délégations AIDES
(pour connaître la délégation la plus
proche de chez vous, composez le :
0820 160 120) ou sur www.aides.org.
Rem63-26032007-LM.qxd
27/03/07
11:18
Page 5
5
4e Conférence francophone sur le sida
Sous l’égide de l’ANRS (Agence nationale de recherches sur le sida
et les hépatites virales), la 4e Conférence francophone sur le VIH/sida
se tient à la Cité des sciences et de l’industrie à Paris du 29 au 31
mars 2007. Elle a pour buts la communication de données médicales et sociales sur la prise en charge du VIH/sida au Nord comme au
Sud, d’aborder les aspects politiques et économiques de l’épidémie
et de favoriser la collaboration dans la lutte contre l’épidémie.
Pour en savoir plus, connaître les conclusions de la conférence,
consultez : www.Vihparis2007.com
Livres
Comment ne pas mourir malade et idiot à la fois
du Dr Jean-Marie Haegy (17 euros, éditions
Panama). Après avoir raccroché sa blouse
d’urgentiste à l’hôpital de Colmar, Jean-Marie
Haegy prend le pouls du monde hospitalier
qu’il juge malade, relève les dysfonctionnements et propose une première ordonnance.
Instructif.
Sur le chemin du cœur,
pour un pas de plus (21,50 euros, éditions
L’Harmattan) est un recueil de témoignages de
personnes séropositives sur le chemin de SaintJacques de Compostelle. Préfacé par Marie de
Hennezel, ce livre expose des textes de personnes marchant ensemble pour ne pas oublier, à
travers le VIH, ce qui humainement les unit.
Spirituel.
On attendait beaucoup du nouveau
film d’André Téchiné, Les témoins,
sorti depuis le 7 mars. Enfin un film
où le sida a le premier rôle ! L’histoire
d’un jeune homo (Johan Libérau) tombant amoureux d’un flic bi (Sami
Bouajila), lui-même marié à une écrivain (Emmanuel Béart), amie d’un
médecin gay (Michel Blanc) très épris
du jeune homo qui se révèlera séropositif... Mais Les témoins retrace les
débuts tragiques du sida dans la France des années 80 et
semble arriver un peu tard (ou un peu tôt), tant il est en décalage avec la réalité du VIH aujourd’hui. Le sujet aurait pourtant
bien besoin d’un véritable éclairage par le cinéma actuel...
Dommage. Néanmoins, le film a le mérite de s’inscrire en
devoir de mémoire envers tous les séropositifs disparus et de
réveiller, peut-être, les consciences. N’oublions pas la petite
“séquence émotion” : lorsque Emmanuelle Béart remet un
chèque à Michel Blanc, elle soutient alors les prémisses de
AIDES.
ACTU
AIDES dans Les témoins
Faites du Liens !
AIDES vient de publier Liens, une
revue gratuite destinée aux intervenants de la lutte contre le sida en
Afrique. Une manière de créer du lien
avec tous ses partenaires africains à
travers des actualités thérapeutiques,
internationales... Longue vie à ce
nouveau titre ! Pour en savoir plus,
consultez www.aides.org
Ce n’est qu’un au revoir !
irremplaçable. Pour ma part, je continuerai, à ma
façon, à lutter contre le VIH/sida et contre son lot de
préjugés, en réalisant un documentaire sur les difficultés de
dire aux autres qu’on est séropositif(ve). Cette volonté, je la
dois à cette cinquantaine de personnes qui m’ont fait
confiance en témoignant à visage découvert dans les colonnes du
journal. Votre courage est ma récompense. Ajoutée à celle que je viens
de recevoir en votre nom : le prix du Journalist Award (ex-aequo avec
une journaliste du Monde) pour un article paru dans Remaides n°60 (juin
2006) : “Dire ou ne pas dire sa séropositivité, être prudent ou militant ?”
(pp. 23, 24) que je veux dédier à Gersende*. Alors, ce n’est qu’un au
revoir, prenez soin de vous et que chacun suive sa bonne Étoile !
Dominique Thiéry
illustration : Gersende* - remaides 63 - décembre 2007
Je ne pouvais pas quitter Remaides sans vous saluer
chaleureusement, vous lecteurs, qui êtes fidèles, parfois depuis
tant d’années, à ce magazine qui va bientôt atteindre sa majorité,
puisqu’il “fêtera” en juillet ses dix-sept ans. Après plus de trois
années en charge de la rédaction, j’ai pu, grâce à vous, à un comité
rédactionnel exigeant et militant et à des maquettistes disponibles
et talentueux, exercer plus que mon métier : j’ai pu vivre un
engagement. C’est rare dans une “carrière” de journaliste ! Je tiens aussi
à remercier tout particulièrement Fabien Sordet, Laurent Marsault,
Marianne L’Hénaff, Cyrille Leblon, Stéphane Blot, PIEM, Pierre & Gilles
pour leur amitié et leur qualité d’âme… Remaides va poursuivre sa belle
trajectoire car s’il reste un outil essentiel d’informations sur un sujet trop
souvent zappé par les médias, fort heureusement, personne n’est
27/03/07
11:18
Page 6
ACTU
6
Rem63-26032007-LM.qxd
La CROI, en direct
LOS ANGELES
ET SON LOT DE PRIX
Deux évènements importants viennent d’avoir lieu à Los
Angeles (USA) : la cérémonie des Oscars... et la CROI,
la grande conférence scientifique mondiale sur le VIH.
Les questions sur l’accès aux traitements dans les pays
du Sud , la recherche sur la transmission du VIH et les
résultats d’études avec de nouveaux médicaments antiVIH prometteurs, ont très certainement remporté “le
prix du jury” 2007.
V
oilà plusieurs années qu’on ne dispose
pas, au même moment, de plusieurs
médicaments actifs contre les virus résistants
qui permettent de lutter avec plus efficacité
contre l’échec thérapeutique. Actuellement,
la période est très favorable sur ce plan, sans
négliger les nouveaux médicaments mieux
tolérés pour les personnes débutant un
premier traitement.
mission du VIH pourrait être
réduite en traitant cette infection.
De même, il est recommandé d’associer la recherche et le traitement des IST au
dépistage du VIH chez les homosexuels.
Ainsi une étude menée à San Francisco a souligné cet intérêt à propos de deux IST :
les gonococcies et les chlamydioses.
risque de contamination (probablement en
irritant les muqueuses). Cependant, l’échec
de ce microbicide ne remet pas en cause la
recherche sur d’autres produits actuellement
à l’étude.
Circoncision
Réduction
de la transmission du VIH
remaides 63 - mars 2007 - photo : Emmanuel Trénado
Traiter les autres infections
Les infections sexuellement transmissibles
(IST) font malheureusement bon ménage
avec le VIH… Lutter contre elles, c’est aussi
lutter contre le virus. Plusieurs études sont
venues confirmer les liens entre le VIH et les
IST, montrant qu’ils se favorisent mutuellement. Les IST provoquent souvent des
inflammations, des lésions et abîment les
muqueuses génitales (vagin, verge ou anus).
La muqueuse, ainsi irritée, laisse plus facilement passer le VIH.
En Afrique du sud, on a pu montrer qu’un
traitement par aciclovir (Zovirax), médicament utilisé contre les poussées d’herpès,
permettait de réduire le nombre de poussées
herpétiques (ce qui est logique), mais aussi
de diminuer la quantité de VIH dans les sécrétions vaginales des femmes séropositives. On
a donc des raisons de penser que la trans-
Un nouvel essai international a cherché à
confirmer les bons résultats, présentés l’année dernière, de l’essai mené en Afrique du
Sud par l’ANRS (agence française de recherche sur le sida et les hépatites) et les autorités
de santé du pays. Cet essai a mis en évidence une réduction de 50 % des nouveaux cas
de séropositivité dans le groupe d’hommes
circoncis par rapport aux non-circoncis. Des
questions restent ouvertes sur l’application
concrète de cette méthode, qui n’assure pas
une protection individuelle complète comme
le préservatif (voir le texte de AIDES sur la circoncision, www.aides.org et Remaides 62,
pp. 18, 20).
Microbicides
Les microbicides sont des produits (généralement des gels) à placer dans le vagin (ou
l'anus). Plusieurs sont à l'essai, pour voir s'ils
évitent la contamination par le VIH. Après le
N-9 (nonoxynol-9), il y a quelques années, un
autre microbicide s'avère décevant, le sulfate
de cellulose : il semble qu'il augmente le
Les nouveaux médicaments
Intéressons-nous maintenant à la moisson de
résultats sur les nouveaux médicaments en
développement, actifs sur les virus résistants
chez les personnes en échec thérapeutique.
Maraviroc
Le maraviroc (laboratoires Pfizer) est un inhibiteur du co-récepteur CCR5 qui permet au
VIH de s’attacher au lymphocyte T4. Il appartient à une nouvelle famille de médicaments.
Chez des patients en échec aux trithérapies
classiques qui reçoivent le maraviroc en plus
d’un traitement de l’échec thérapeutique, on
a observé, en six mois, une baisse significative de la charge virale (divisée par 10) et une
hausse de près de 100 T4/mm3. Près de la
moitié de ces patients en échec sévère arrive
à atteindre une charge virale indétectable. Les
effets indésirables graves ne semblent pas
avoir été plus importants chez les patients qui
reçoivent le maraviroc au cours de la période
de l’étude. Ce médicament ne peut cependant pas être utilisé pour tous ceux qui en
Rem63-26032007-LM.qxd
27/03/07
11:18
Page 7
7
Au Sud, du nouveau en 2e ligne ?
ACTU
auraient besoin. En effet, dans 50 % des cas,
le virus utilise un autre co-récepteur (CXCR4).
Savoir si le VIH dont on est porteur s’attache
au CCR5 ou au CXCR4 demande un test spécifique (actuellement du domaine de la
recherche).
La 2e ligne, ce sont les traitements destinés aux personnes chez qui le premier traitement n'est
plus efficace ou est mal toléré. Dans les pays du Sud, le premier traitement est souvent
composé de médicaments “génériques”, vendus à prix peu élevés. Il n'en va pas de même pour
la 2e ligne qui comporte souvent une antiprotéase et coûte jusqu'à 15 fois plus cher !
Raltegravir (MK 0518, Isentress)
Ce premier inhibiteur d’intégrase est actuellement accessible en France, en ATU
(autorisation temporaire d'utilisation). Le
raltegravir (laboratoires MSD) avait déjà fait la
preuve de son efficacité et de sa bonne
tolérance. Il a été évalué chez des patients
avec des virus multirésistants aux trithérapies
classiques. Près des 2/3 des personnes
obtiennent une charge virale indétectable
(moins de 50 copies/ml) après quatre mois de
traitement. Quand le raltegravir est associé à
une première utilisation de Fuzeon ou de
Prezista, l’efficacité est encore plus importante, puisque 90 % des patients obtiennent
une charge virale à moins de 400 copies/ml.
Le raltegravir ne semble pas non plus augmenter
significativement
les
effets
indésirables. Il sera probablement commercialisé d’ici à la fin de l’année 2007.
De plus, les tests de charge virale ne sont souvent pas accessibles, en raison notamment de
leur coût. Aussi, ce sont généralement les patients avec moins de 50 CD4 et présentant une
infection opportuniste qui bénéficient de ces traitements de 2e ligne, ce qui est bien tard... Au
niveau de l’efficacité, une étude de Médecins sans Frontières montre que 91 % des patients
sont en vie après un an malgré des changements en 2e ligne très tardifs. En moyenne, les
patients gagnent 131 CD4 en un an. Il y a donc urgence à rendre ces traitements de 2e ligne
réellement accessibles au Sud !
Une autre anti-intégrase
Un nouveau non-nucléoside
Le GS 9137 (laboratoires Gilead), autre
anti-intégrase, qui doit être prise avec du
Norvir (ritonavir), poursuit son développement. La deuxième génération des inhibiteurs d’intégrase est en cours d’élaboration à
partir des premières données de résistance
connues avec le raltegravir ou le GS 9137.
Le TMC 278 (laboratoires Tibotec-JanssenCilag) est un nouveau non nucléoside (même
famille que Sustiva ou Viramune). Il est
efficace chez les personnes commençant un
traitement pour la première fois. C’est ce que
confirme un essai d’un an présenté à la CROI.
L’intérêt de ce médicament viendra de la
confirmation de sa tolérance. Il n’est pas
développé pour répondre à la question des
résistances aux autres non nucléosides,
comme son grand frère, le TMC 125 (ou
étravirine), et doit donc rester un médicament
de premier traitement.
Franck Barbier, Bruno Spire,
Emmanuel Trénado
• Consultez www.aides.org (rubrique La
santé, les traitements, AIDES à la CROI).
• VIH, traitements et qualité de vie,
supplément à Remaides 62 (les modes
d’action des médicaments, les fiches
des médicaments, etc.)
photo : Emmanuel Trénado remaides 63 - mars 2007
Pour en savoir plus
27/03/07
11:18
Page 8
ACTU
8
Rem63-26032007-LM.qxd
LE SIDA, SACRIFIÉ DANS L’URNE ?
SPÉCIAL
PRÉSIDENTIELLES
Demandez le programme !
remaides 63 - mars 2007 - affiches : TBWA\Aides - illustration : Stéphane Blot
AIDES a exposé ses 6 priorités à chaque candidat à la présidentielle (sauf à l’extrême
droite) :
• Des conditions de vie décentes : près
de 30 % des personnes séropositives ont
l’allocation aux adultes handicapés (AAH,
610,28 euros par mois) et plus de 40 %
n’ont pas d’emploi. Comment se soigner
quand il faut avant tout manger et se loger ?
• Une véritable égalité des droits : discriminés,
les homosexuels sont plus vulnérables face
au VIH. Autoriser le mariage et l’adoption
pour des couples de même sexe ferait reculer l’homophobie.
• L’égalité des chances dans la prise en charge
de la maladie : certaines préfectures renvoient des étrangers séropositifs dans leur
pays où il n’y a pas de traitement. L’accès
universel aux soins doit être mis en place,
quelle que soit l’origine de la personne.
• Une prévention adaptée aux femmes : 42 %
des contaminations en France concernent
des femmes. Elles ont un risque physiolo-
Pas assez “vendeur” pour les électeurs, le VIH/sida ? Toujours est-il que,
si certains candidats à l’Élysée se sont exprimés sur le sujet, ils l’ont fait
pressés par des associations, dont AIDES.
gique de contracter le VIH très supérieur
aux hommes. Or le préservatif féminin, peu
disponible, coûte 4 fois plus cher que le
préservatif masculin ! La recherche sur les
microbicides doit aussi se poursuivre.
• Une vraie politique de réduction des risques
en prison : 30 % des détenus sont des usagers de drogue. Le VIH et l’hépatite C sont
six fois plus présents qu’à l’extérieur.
Or l’accès au matériel de réduction des
risques reste interdit en milieu carcéral.
• Une lutte mondiale contre le sida à la hauteur
des enjeux : 6 millions de séropositifs ont
besoin d’être mis sous traitement immédiatement. Seuls 7 à 12 % ont accès aux
médicaments car ils sont trop chers.
La France est le 2e financeur du Fonds
mondial, mais les moyens restent
insuffisants.
Candides candidats ?
Les 12 candidats à la présidentielle ont tous
un point commun : le sida ne semble pas faire
partie de leur programme, même si certains
ont accepté de prêter leur image à AIDES
pour sa campagne “Voteriez-vous pour moi si
j’étais séropositif(ve) ?”, www.aides.org
Première candidate rencontrée, Dominique
Voynet (Les verts) s’est dite favorable aux 6
priorités, s’interrogeant toutefois sur les
limites de leur mise en œuvre.
Ségolène Royal (PS) a insisté sur les conditions déplorables de détention en France : elle
souhaite rendre plus accessible le préservatif
en prison et, sans aborder spontanément la
question, soutiendrait l’idée de la mise à
disposition de seringues propres. Elle est
aussi pour revaloriser l’AAH et en faciliter
l’accès aux personnes séropositives. Elle
entend, enfin, doubler l’aide d’État au
développement pour les pays du Sud.
Olivier Besancenot (LCR) s’est prononcé pour
“l’égalité totale des droits entre homos et
hétéros”, juge “scandaleux” le prix du préservatif féminin, milite pour une santé
publique où le détenu ne serait pas “un
citoyen de seconde zone”. Il propose aussi de
remplacer la taxe sur les billets d’avions par
“une taxe sur les bénéfices des entreprises
qui profitent de leur présence dans les pays
en développement”.
Arlette Laguiller (Lutte ouvrière) déclare militer “depuis longtemps pour la régularisation
de tous les étrangers en France, séropositifs
ou non”, parle de “double peine” pour les
détenus ne bénéficiant pas des moyens
de prévention et trouve que ce serait “la moindre des choses que les femmes puissent
prendre en main leur propre protection.”
Marie-Georges Buffet (PC) promet, quant à
elle, une revalorisation immédiate de 300
euros de l’AAH, augmenter le nombre
d’appartements thérapeutiques pour les séropositifs et réaffirmer leur place dans les
entreprises. Elle propose également une
Sécurité sociale universelle “pour tous et à
Rem63-26032007-LM.qxd
27/03/07
11:18
Page 9
9
ACTU
“Le sida se soigne aussi par la politique !”
À quelques semaines des élections, j’ai plaisir
à reprendre cette formule de Willy Rozenbaum,
Président du Conseil national du sida. Plus que
jamais elle est d’actualité. Les circonstances
électorales jointes à l’échec retentissant de
“Sida Grande cause nationale 2005”, dont
nous avons traîné tout au long de l’année
2006 le goût d’amertume, nous poussent à
vouloir remettre le sida dans l’agenda des
politiques en ce début d’année 2007. Ce sera
évidemment difficile. De lui-même, aucun parti
politique ne parle naturellement de l’épidémie.
Les regroupements de gays dans les grands
partis de gouvernement s’en abstiennent
d’ailleurs aussi. À part les Verts et le Parti
Socialiste. Disons-le tout net, une fois encore,
si le sida est présent dans l’actualité politique
à l’occasion des élections, c’est parce que
nous l’aurons imposé. Pourtant les enjeux ne
manquent pas pour mobiliser ceux qui aspirent
à l’exercice des responsabilités nationales.
Enjeu d’égalité en France, pour que la maladie
Nicolas Sarkozy : nous sommes dans l’attente d’un rendez-vous et à l’heure où nous
mettons sous presse nous n’avons aucune
information.
“Être inerte, c’est être battu” disait
De Gaulle. Les présidentiables prendront-ils
le risque d’ignorer le sida face aux 150 000
électeurs séropositifs potentiels ? L’urne électorale pourrait, alors, être cruelle avec certains
candidats.
Dominique Thiéry
sont plus que d’autres confrontés au risque de
transmission du VIH/sida, tout simplement
parce qu’ils ne disposent pas en détention des
mêmes programmes de substitution et
d’échange de seringues qu’au dehors. Enjeu de
liberté aussi, car il faut continuer à promouvoir
des batailles engagées depuis longtemps dans
la lutte contre le sida, comme le droit au
mariage et à l’adoption pour les gays. La lutte
contre le sida nous a appris que la vie avec le
VIH/sida bouleverse bon nombre de nos
clichés. C’est en respectant la vie de chacun
telle qu’elle est, sans jugement, que l’on
déploie la tolérance indispensable à
l’acceptation sociale des personnes. C’est en
plaidant pour plus d’égalité, plus de solidarité,
plus de fraternité, et plus de liberté que l’on
gagnera dans les cinq années du prochain
mandat sur le chemin d’une plus grande
acceptation des séropositifs en France et dans
le monde.
Christian Saout
affiches : TBWA\Aides - remaides 63 - mars 2007
100 %” qui assurerait la gratuité du matériel
de prévention.
C’est Jean-Marie Cavada qui a été délégué par
François Bayrou pour répondre aux questions.
L’ancien animateur de la Marche du Siècle a
prôné une société plus tolérante, favorable à
l’adoption par les couples de même sexe.
À l’heure du bouclage, José Bové, Gérard Schivardi (PT) et Frédéric Nihous (CPNT) avaient
accepté de figurer, eux aussi, dans la campagne de AIDES, sans encore évoquer le VIH.
puisse être vécue dans la dignité alors que
l’allocation aux adultes handicapés (AAH) a
perdu plus du tiers de son pouvoir d’achat en
dix ans. Enjeu de solidarité au plan
international, pour l’accès universel au
traitement. Ce qui signifie l’objectif d’atteindre
0,7 % de notre produit intérieur brut (PIB)
consacré à l’aide publique au développement.
Il faudra des décisions budgétaires concrètes
dans le quinquennat présidentiel pour y
parvenir. Enjeu de fraternité, dans une
République qui se doit de traiter également les
uns et les autres dans l’accès aux soins.
Pourtant les femmes sont loin de bénéficier
des meilleures conditions pour négocier le
préservatif dans leurs rapports sexuels. La
perspective de leur autonomie dans la
protection dépend directement des moyens
affectés à la recherche sur les microbicides et
de notre capacité à mettre le Fémidon à leur
disposition au même prix que le préservatif
masculin. Fraternité aussi pour les détenus qui
27/03/07
11:18
Page 10
10
Rem63-26032007-LM.qxd
ACTU
Candidats à la Présidentielle :
NOS LECTEURS SONT VOS ÉLECTEURS !
LES 17 REVENDICATIONS
DE AIDES
remaides 63 - mars 2007 - photo : Dominique Thiéry
AIDES a envoyé aux principaux candidats
aux présidentielles (sauf à l’extrême droite)
ses grands thèmes d’actions (voir p 8). Voici
ses 17 propositions pour améliorer la qualité
de vie des personnes séropositives.
• Revaloriser l’allocation aux adultes
handicapés (AAH : 610,28 euros à l’heure
actuelle) à hauteur du SMIC.
• Donner la priorité aux foyers comprenant
une personne en affection de longue durée
(ALD) dans l’accès aux logements sociaux.
• Étendre la loi de 1987 sur l’obligation
d'emploi des personnes handicapées aux
personnes en affection de longue durée
(ALD).
• Autoriser le mariage entre deux personnes
de même sexe.
• Autoriser l’adoption par les couples de
même sexe.
• Remplacer l’aide médicale de l’État par la
CMU (couverture maladie universelle)
pour toute personne précarisée ou en
situation irrégulière.
• Respecter le droit au séjour et au travail
pour les séropositifs des pays du Sud.
• Faire respecter les mêmes procédures du
droit au séjour par toutes les préfectures.
• Préservatifs masculin et féminin à 20
centimes d’euros.
• Disponibilité plus grande du préservatif
féminin dans les pharmacies, les lycées et
la grande distribution.
• Mise en place de programmes d’échange
de seringues dans les prisons.
• Même accès aux traitements de
substitution pour tous les détenus.
• Accroître le financement du Fonds mondial
de lutte contre le sida, la tuberculose et le
paludisme.
• Maintenir la taxe sur les billets d’avions
pour financer le Fonds mondial.
• Augmenter l’aide publique au
développement consacrée à la santé.
Ils sont cinq : Daniel, Nadia, John, Malika et Alain, nos “candidats” pour
interpeller les politiques se présentant à l’élection présidentielle. Pour
que ceux-ci n’oublient pas que, parmi les millions d’électeurs français,
des dizaines de milliers sont, comme eux, séropositifs. Des citoyens à
part entière qui ont des devoirs, des droits… et des revendications.
Prénom : Daniel
Âge : 45 ans
Vit avec le VIH depuis : 2003
Profession : aide-soignant
Situation familiale : célibataire
Sa revendication : autoriser le mariage
homo car l’intégration passe par l’égalité
des droits
Pédé et plombé, j’ai droit au respect !
Daniel vit sa séropositivité comme une donnée de plus. Ce
n’est pas pour autant qu’il la néglige. “Je suis sans traitement, mais je suis très vigilant question santé.”
Déformation professionnelle oblige. Daniel travaille
comme aide-soignant en réanimation dans un grand hôpital. Il est actuellement en arrêt maladie. Épuisé par le virus et ... son job. “Depuis quinze ans, l’hôpital se dégrade. Ce n’est plus
un service public, mais une entreprise : réduction du personnel, manque de temps, le malade
est un numéro correspondant à une somme d’argent...” Il dénonce aussi la recrudescence
des maladies nosocomiales (microbes contractés au sein de l’hôpital) dues, selon lui, à un
manque d’hygiène. “Le ménage est fait par des entreprises extérieures payées à l’heure et
qui ne font pas les recoins !” Travailler reste primordial pour lui, même s’il est difficile
d’être accepté. “Si on parle du VIH, on peut être discriminé. C’est pourtant au travail qu’on
aurait besoin de le dire pour bénéficier d’aménagements à cause d’une fatigabilité plus
importante. Et l’allocation adulte handicapé (AAH) ne doit pas nous exclure de la vie active,
mais au contraire, nous resocialiser.” Daniel est résolument tourné vers l’avenir. Après un
Deug de psycho, il entame une reconversion pour devenir éducateur de jeunes sous
protection judiciaire.
Mais que fait la politique ?! “Plus je vieillis, plus je m’aperçois de son utilité, même si je ne
suis pas dupe : les politiques ont presque tous fait l’ENA, ils ont les mêmes idées !”
Néanmoins, les yeux rivés sur eux, Daniel espère un changement. “On ne fait pas la guerre
tout seul. J’attends des candidats de la compassion et une ouverture totale. Ils ignorent ce
que c’est de vivre avec le VIH !” Mais comment les sensibiliser ? “On pourrait créer un
syndicat de personnes séropos !” D’ores et déjà, il imagine une grande action pour le
prochain locataire de l’Élysée… “Sarko ne pipe mot, Ségo a fini par en parler, mais l’élu(e)
devra avoir une mesure forte sur le mariage homo. Notre intégration passe par cette reconnaissance. Je suis pédé et plombé, mais je suis avant tout un citoyen. Je veux qu’on me
respecte comme tel.” Daniel ne se laisse pourtant pas le choix. “Politique ou pas, on doit
mettre un pied devant l’autre et continuer d’avancer !”
Rem63-26032007-LM.qxd
27/03/07
11:18
Page 11
11
Voter veut dire : je suis vivante !
Pas si frêle que ça, Nadia, au deuxième abord. Séropositive
depuis vingt-cinq ans, elle parle doucement, mais sa détermination est forte. “Je suis une vivante parmi beaucoup de morts.
Alors témoigner, c’est crier, être dans l’action.” L’année dernière, Bruno, son ami depuis six ans,
est mort du sida, chez elle. Un violent traumatisme qui la laisse seule avec son fantôme omniprésent dans l’appartement. “Je ne mange plus. Ensemble, on ne faisait qu’un. J’ai des difficultés
à éplucher les fruits, c’est lui qui le faisait...” D’autres douleurs lui rappellent sans cesse la présence du virus : anorexie, dépression et une névralgie qui lui bloque le dos depuis plusieurs
années. “Au niveau médical, je galère. J’ai eu une hépatite, j’ai du mal à prendre mes traitements, et mon médecin ne varie pas son discours d’un iota...” Pourtant, elle ne se laisse pas
impressionner. “Si on ne veut pas être seul(e), il ne faut pas s’isoler.” Entre séances de balnéothérapie, de kinésithérapie et de psy, elle fréquente des associations, voit des amis et prend des
leçons pour apprendre à conduire. “Le matin, c’est très dur, il faut vraiment que je me dise, lèvetoi et marche !” Sans emploi, Nadia touche l’AAH (allocation adulte handicapé). Lorsqu’elle a
Prénom : John
Âge : 26 ans
Vit avec le VIH depuis : 2002
Profession : salarié à AIDES
Situation familiale : célibataire
Sa revendication : insérer les séropositifs en
luttant contre les discriminations au travail
Il faudrait un candidat séropo !
à Paris, avec une AAH (allocation
adulte handicapé) de 600 euros ?” Pourtant,
professionnellement, cela n’a pas toujours été
rose. “J’étais réceptionniste dans un hôtel
quand j’ai appris ma séropositivité. Après une
primo-infection, une dépression, on m’a
aménagé mes heures de travail. J’ai parlé du
virus à un collègue qui l’a répété. De fil en
aiguille, mon patron a voulu me licencier et
mon médecin de travail m’a mis inapte. J’ai
perdu mon emploi.” John n’est pas amer.
“Aujourd’hui, c’est aux jeunes séropos de
reprendre le flambeau, de militer. À l’heure
des élections, le pays tressaille, mais que se
passe-t-il concrètement ensuite ? Même la
Grande Cause Nationale sida en 2005 a été
décevante.” Alors John “essaie” surtout
d’aller bien. Quand on a le VIH, on peut se
faire du mauvais sang lorsque les politiques
ne semblent pas beaucoup se soucier de la
qualité de vie... “Le terrain bouge plus vite
que la politique. Pour être efficace, il faudrait
s’occuper des gens qu’on ne veut pas voir :
les putes, les drogués, les homos, les étrangers... Un candidat séropo, ça ce serait
révolutionnaire !”
photos : Dominique Thiéry - remaides 63 - mars 2007
C’est pour faire bouger les choses que John a accepté de parler.
“Sinon, tant que je vais bien, sans traitement, je n’ai pas trop
envie...” Bien sûr, cela ne va pas toujours bien : fatigue,
problèmes musculaires... John ne se plaint pas. Son androgynie
à la Bowie, son rire tonitruant et son œil en éveil ne masquent pas un ressenti profond qu’il
aborde avec pudeur. “Dans cette société, on est obligé de vivre caché pour se protéger. On ne
peut pas être soi-même et on a l’impression de constamment mentir. On sait qu’on ne doit pas
dire qu’on est séropositif. Car comment, quand, à qui le dire ? À long terme, c’est un mal-être.”
Sans en avoir l’air, John s’intéresse à la politique, ou plutôt à l’absence de certains thèmes dans
la campagne électorale. “Les politiques ne parlent pas du sida car ils n’y connaissent rien.
Pourtant, le nombre des séropos en France correspond à la population d’une grande ville !” Et
John n’aime pas les paradoxes. “D’un côté, les gens banalisent le sida et de l’autre, ils ont peur
de s’engager avec nous ! Des spots de télé devraient montrer que l’on peut vivre ensemble.
Peut-être les candidats se sentiraient-ils plus concernés ? La séropositivité ne doit pas être banalisée, mais admise, c’est différent.” Secrétaire à AIDES, John se sent privilégié. Ici, pas de
tabou, chacun peut vivre ce qu’il est. Travailler dans une association de lutte contre le sida est
aussi un acte politique. “Les assos sont là pour faire remonter la réalité. Comment peut-on vivre,
tout payé, il ne lui reste que 250 euros pour
vivre. “C’est difficile d’être acteur de sa vie
quand on est fatigué, traumatisé et qu’on
tutoie la mort chaque jour.”
La politique et elle, ça fait deux. “Je n’entends
pas les politiques s’exprimer sur le sida. Ils
devraient venir plus souvent sur le terrain voir
ce qui se passe. Je suis prête à les y
emmener !” Nadia interroge : “Comment va se
passer notre prise en charge demain ? Va-t-on
bénéficier d’une retraite anticipée ? Y’aura-t-il
des maisons de repos pour séropos
vieillissants ? Le présent, je l’affronte, mais
l’avenir me fait peur.” Ira-t-elle voter ? “Oui,
ça veut dire : j’existe, je suis vivante ! Je voterai pour le candidat dont la priorité sera la
santé. Quel que soit son état, chaque citoyen
doit pouvoir participer le plus possible à la
société.” La jeune femme ne manque pas de
rêves : “Monter un resto de couscous comme
en Algérie d’où je viens ou m’occuper
d’enfants autistes. J’ai un pied dans la tombe,
mais l’autre est bien dehors !”
ACTU
Prénom : Nadia
Âge : 43 ans
Vit avec le VIH depuis : 1982
Profession : éducatrice spécialisée au chômage
Situation familiale : a perdu son ami
Sa revendication : rencontrer les personnes
séropositives incomprises et isolées
27/03/07
11:18
Page 12
ACTU
12
Rem63-26032007-LM.qxd
Prénom : Malika
Age : 48 ans
Vit avec le VIH depuis : 1992
Profession : Animatrice sans emploi
Situation familiale : célibataire
Sa revendication : appliquer la loi sur le droit opposable au logement pour bénéficier d’un lieu plus
adapté à son état de santé
Des droits existent, appliquez-les !
Malika n’est pas du genre à avoir les deux pieds dans le même
sabot. Adepte du Qi Cong, du tai chi et du massage chinois “pour
mieux appréhender la souffrance”, elle a décidé de “surfer” sur sa séropositivité. “Cela ne m’a
pas abattue, mais réveillée.” Une vie amoureuse bien remplie, sans enfant, elle décide en 2003
d’arrêter l’animation en centre de loisirs qu’elle fait depuis vingt ans. Après un bilan de compétences et une VAE (validation des acquis de l’expérience), elle souhaite se réinsérer dans un
domaine qui allierait animation et médical. Côté traitement, la trithérapie lui réussit, même si
elle se sent fragilisée par toutes ces années de prises de médicaments. “Nous sommes handicapés avec le virus du sida, les élus doivent l’entendre !” Vivant depuis vingt-quatre ans en
rez-de-chaussée, Malika a fait une demande de relogement, souffrant d’un environnement peu
propice à son bien-être. “C’est bruyant, étriqué, il n’y a pas d’intimité, je me sens mal et je veux
déménager. C’est un droit qui existe lorsqu’on est atteint d’une maladie grave, mais les élus ne
font rien. Ils se prennent pour la loi au lieu de l’appliquer !” condamne-t-elle. Croyant que révéler sa séropositivité activerait son dossier, Malika pense aujourd’hui être victime de discrimination.
Prénom : Alain
Age : 50 ans
Vit avec le VIH depuis : 1985
Profession : gestionnaire de crédits entreprises
Situation familiale : célibataire
Sa revendication : réformer la société pour que
les séropositifs soient perçus égaux
remaides 63 - mars 2007 - photos : Dominique Thiéry
Éduquons les jeunes !
Alain arrive au rendez-vous, le livre de Jean-François Kahn
Les bullocrates sous le bras. Le ton est donné ! Combattant et
militant de la première heure, Alain a très tôt remis à sa place le
VIH, bien décidé à ce que le virus, lui, ne fasse pas de bruit. De
plateaux de télé en documentaire, ou participant à la première campagne contre l’exclusion des
personnes séropositives dans le milieu professionnel, partout, il a toujours affiché sa séropositivité. “On se bat en étant vrai. Je me sens moins exposé en m’exposant car cela fait avancer
tout le monde.” S’il croit à la vertu de l’exemple, il ne revendique que son histoire, loin de
croire qu’en matière de sida, on peut aisément tout généraliser. “Le seul point commun à tous
les séropositifs est que le virus nous malmène : problèmes de santé à répétitions, hospitalisations, dépression, solitude...” Bientôt en fin de droit de sa carte d’invalidité, il s’insurge contre
la MDPH (maison départementale des personnes handicapées, anciennement Cotorep) qui délivre le renouvellement de la carte de façon plus restrictive. “Ne pas me renouveler cette carte
serait nier mon histoire avec le sida. Elle est une reconnaissance qui doit prendre en compte le
VIH dans toutes ses dimensions et les éventuels accidents de parcours. Aujourd’hui, je vais bien,
mais demain, je peux être en échappement thérapeutique !” Même si Alain a plutôt l’âme d’un
“Nous sommes passés de maladie honteuse à
maladie banalisée, mais les tabous persistent !” Citoyenne dans l’âme, Malika attend
beaucoup des candidats à l’investiture
suprême. “Ils sont en position d’amorcer de
nouvelles choses. La loi du 4 mars 2002 sur
le handicap reconnaît le malade comme un
citoyen à part entière.” Ajoutant, guerrière :
“Nos traitements sont lourds, il faut nous
permettre de nous insérer professionnellement, à mi-temps, d’avoir des conditions de
logement participant à une meilleure qualité
de vie, de faire des campagnes médiatiques
pour faire changer les mentalités. Nous avons
une maladie, nous ne sommes pas une
maladie !” Au niveau local, Malika pointe aussi
de grandes disparités. “Il n’y a pas assez
d’actions et de moyens mis en place dans les
petites villes, cela crée une discrimination
géographique entre séropositifs.” Malika
attend avec impatience de s’exprimer par le
vote. “C’est un des rares moments où une
passerelle entre élus et exclus peut exister et
où les politiques jettent un regard sur nous.”
aventurier (il part bientôt en Jordanie), il se
sent toujours “convalescent” après trois ans
de suivi psy et un corps fatigué suite à tant
d’assauts du virus et de traitements anti-VIH...
“Les candidats commettent une grave faute en
ne rendant pas assez visible la lutte contre le
sida. Non seulement de plus en plus de gens
vivent avec, mais de plus en plus se contaminent.” La critique n’empêche pas l’espoir.
“Les politiques peuvent changer la donne en
éduquant les jeunes, en se prononçant sur des
schémas de vie différents, en respectant le
droit fondamental énoncé au fronton de nos
institutions : Égalité”. Mais sont-ils les vrais
décideurs ? “Je les regarde, je les écoute et j’y
crois moins ! Les médias sont aussi responsables. Les séropos devraient faire de la
politique, comme Romero. Moi, j’en fais à ma
manière au sein de mon entreprise bancaire
depuis vingt-trois ans.” Alain a cependant plus
d’incertitudes aujourd’hui qu’hier. “J’ai cotisé
trente-trois ans de ma vie, vais-je pouvoir vivre
avec ma retraite ? J’ai la chance d’être en vie,
mais vivre avec le VIH, ce sont des années qui
comptent double !”
Enquête : Dominique Thiéry
Rem63-26032007-LM.qxd
27/03/07
11:18
Page 13
13
TRAIT’ PORTRAIT
Jean-Luc Romero
POLITIQUEMENT “INCORRECT”
Seule personnalité politique à assumer sa
séropositivité, Jean-Luc Romero pousse la
bravade en réunissant, adroitement, des
politiques de tous bords au sein de son
association des Élus locaux contre le sida (ELCS).
À l’approche des échéances électorales, il nous
livre son regard de personne touchée et engagée.
R
omero, pas Roméro ! Béthunois, le conseiller régional d’Ile-deFrance, directeur des Solidarités à la mairie de Vigneux-sur-Seine,
n’oublie pas qu’en Espagne, d’où il vient, on ne met pas d’accent. À 47
ans, il cumule vingt ans de politique et de séropositivité. Un double
combat qu’il a fini par allier pour aller plus loin, plus fort. Depuis
l’annonce de sa séropositivité aux États Généraux de AIDES en 2001,
il s’est imposé comme le “séropolitique de service”. Une exception française. “Des élus m’ont confié leur séropositivité, j’aimerais qu’ils la
révèlent pour ne pas toujours être le seul à intervenir, mais ils sont
terrorisés. Ils voient que ma carrière a été un peu bloquée…”
La politique, son vrai virus
En 1987, il suit la formation des assistants parlementaires à l’ENA. Dès
lors, il ne cessera de s’engager en politique. Conseiller municipal,
conseiller régional, secrétaire national de l’UMP, il fonde en 2004 son
propre mouvement “Aujourd’hui, Autrement” pour traiter des questions
de société sans étiquette partisane. “Ma force est de faire avancer mes
idées. Mon premier virus, c’est la politique et il est plus fort que le virus
du sida.” Ce virus de vie, titre de son second livre, va asseoir sa
notoriété et servir ses combats : il est président de “Sida, Grande Cause
nationale 2005”, il fait condamner un député UMP, Christian Vanneste, pour propos homophobes, il soutient la légalisation de l’euthanasie.
Le sida, ni de droite, ni de gauche !
Dominique Thiéry
Remaides : Comment les élus perçoivent-ils votre séropositivité ?
Jean-Luc Romero : Ils l’ignorent car elle les gène. Pour eux, c’est
l’aveu d’une faiblesse, une impudeur. Un politique doit paraître fort,
ne pas parler des failles qui pourraient être utilisées. Ils ne peuvent
pas comprendre que cette maladie peut être une force pour un
combat. Je reste étonné d’avoir eu si peu de soutien, excepté
Bertrand Delanoë, Jean-Paul Huchon, Alain Juppé…
Le VIH a-t-il entravé votre carrière ?
Il m’a aidé à me faire entendre, mais a cassé une carrière politique
classique. Le sida continue à faire peur et n’est pas “rentable”
politiquement. Je ne respecte pas assez les codes... Vingt ans avec
un virus qui peut vous tuer demain, vous ne faites pas de plan de
carrière. Je ne regrette rien, je me serais certainement ennuyé ! La
maladie a gardé ma passion intacte. Je me bats pour des idées
nouvelles comme le droit à la fin de vie ou avec des gens que je
n’aurais jamais connus, comme les toxicomanes…
Comment faire exister le sida dans la campagne présidentielle ?
C’est difficile de peser : le sida n’est pas la préoccupation majeure
des Français, ni des politiques, ni des médias. Pour beaucoup,
c’est une affaire “réglée” en France. Nous allons profiter du
Sidaction pour interpeller, avec d’autres associations, les
candidats, avec un questionnaire. Nous publierons leurs réponses.
Qu’avez-vous envie de dire aux candidats ?
Ne baissez pas la garde sur la prévention ! Et contrairement à ce
que vous pensez, vivre avec le VIH reste une survie : une
pathologie de longue durée précarise, handicape la vie
professionnelle et amoureuse. Patrie des Droits de l’homme, la
France doit aussi défendre la libre circulation des séropositifs
interdits de séjour dans certains pays ! Enfin, nous avons une
responsabilité internationale : un pays riche ne doit pas laisser
mourir du sida les gens au Sud. Et le ou la prochain(e) président(e)
devra pérenniser l’acte révolutionnaire de Chirac sur la taxe des
billets d’avions.
photo : Dominique Thiéry - remaides 63 - mars 2007
En 1995, il créé ELCS. Si révéler sa séropositivité lui ferme des portes,
il en enfonce d’autres, bousculant la droite, tissant des liens à gauche.
“Le sida ne peut être laissé à un camp. Alors, je brusque les élus pour
la délivrance d’héroïne sous contrôle médical ou des salles d’injections
pour toxicomanes !” C’est par amour d’Hubert, mort du sida, qu’il puise
des trésors d’énergie, se médiatise. “Les séropositifs doivent prendre la
parole avec force pour être entendus.” Déjà, Jean-Luc repart en campagne faire son marché… aux voix : candidat aux législatives dans le 12e
arrondissement. Il est surtout candidat pour profiter de la vie : en
décidant, par exemple, du prochain voyage au bout du monde où il
emmènera, comme chaque année, sa mère. “Mon virus est mon plus
grand malheur et ma plus grande chance, je vis à 100 à l’heure.” Une
sacrée assurance-vie pour celui qui affirme : “L’avenir dure toujours”.
VIH’te dit ! Jean-Luc Romero
27/03/07
11:18
Page 14
14
Rem63-26032007-LM.qxd
VIS TON VIH
Joseph Kruk
COMPAGNON DE VIH
Des exclus, l’abbé Pierre voulait faire “des hommes
debout”. Et refaire le monde. Compagnon d’Emmaüs à
Soissons, Joseph Kruk, 46 ans, poursuit la volonté du
fondateur, affrontant les “gnons” de la vie.
Séropositif, sans famille ni travail, incarcéré à tort, il
tente aujourd’hui d’ouvrir une association locale de
lutte contre le sida. À l’instar du prêtre des sanslogis, il utilise les médias pour servir son combat.
remaides 63 - mars 2007 - photo : Dominique Thiéry
C
ommunauté d’Emmaüs de Rozièressur-Crise, petite bourgade de l’Aisne,
près de Soissons. Dans ce département rural,
au carrefour de la région parisienne, du Nord
et de l’Est de la France, le sida semble
n’avoir jamais pris le train ou la voiture tant le
tissu associatif est désertique. Séropositif
depuis huit ans, Joseph a décidé que ça
devait changer, quitte à monter au créneau et
faire la une des journaux... Déjà, plusieurs
articles ont été publiés dans le quotidien
régional L’Union où il évoque son histoire et
la création de son association Sida’accord*.
“Si tu es d’accord, n’hésite pas à nous
contacter sans tabou !”, tel est son slogan,
pour inciter au dépistage, soutenir les
personnes séropositives, notamment dans
leurs démarches administratives.
Joseph n’a pas eu la vie d’un long fleuve
tranquille. Bisexuel, séparé de sa femme,
père d’une fille de 19 ans qu’il ne voit plus,
il a exercé divers métiers : parachutiste dans
l’armée, commercial dans l’électroménager et
responsable d’un bar hôtel restaurant dans un
village. Les affaires sont florissantes, jusqu’au
jour où sa sœur révèle sa séropositivité aux
clients... C’est le début de la fin. Sa plainte
pour chèques volés contre un homme va
précipiter sa chute. En représailles, celui-ci
l’accuse de viol et Joseph fait six mois de prison. Il sort blanchi, mais ruiné… Aujourd’hui,
en attente de percevoir une indemnité de
l’État et de trouver un siège social pour
Sida’accord, il fait une halte chez Emmaüs,
retrouvant ainsi ses premières amours : la
vente. Et tout chiffonnier qu’il soit devenu,
(*) Sida’accord, Joseph Kruk, 02000 Laon, poste restante.
c’est en polo Lacoste qu’il
pose devant notre objectif.
Bien décidé à faire la vie dure
aux préjugés.
Remaides : Pourquoi voulezvous créer une association de
Abdel et Joseph tenant un portrait de l’Abbé Pierre
lutte contre le sida ?
Joseph Kruk : Il n’y a rien sur le
sentent encore obligées d’être suivies dans un
sida dans l’Aisne ! Beaucoup de séropositifs
hôpital éloigné de chez elles, à Reims ou à
préfèrent se cacher plutôt que d’affronter
Paris. Être séropositif reste tabou ! J’aimerais
regards et mépris… Je voudrais les
aussi proposer des moments de convivialité,
rencontrer, ensemble, on peut s’aider. C’est
des repas ou des voyages, histoire de s’évader
très difficile de vivre avec le VIH à la campaun peu... J’ai plein de projets ! Ce lieu doit
gne, les gens sont parfois primates et nous
aussi mélanger personnes séropositives et
voient comme des pestiférés ! Il faut parler du
séronégatives pour mieux faire comprendre la
sida autour de soi. Aujourd’hui, c’est une
réalité de la vie avec le VIH/sida. Alors, si t’es
pathologie. Avec les traitements, on peut vivre
dans le coin, rejoins-moi, j’ai aussi besoin de
longtemps. Alors, à nous de donner un autre
bénévoles, d’un trésorier...
visage au VIH en se montrant en plein jour !
Avez-vous révélé votre séropositivité à
Emmaüs ?
Nous sommes des SDF, chacun a sa dose de
problème. Je l’ai juste dit à un compagnon
que j’aime bien, Abdel. Il avait les boules…
Nous n’en parlons jamais, mais il n’a pas
changé son comportement avec moi. Heureusement qu’il est là ! Cela dit, dès que j’ai
trouvé un siège social pour mon association,
je pars d’ici.
À Sida’accord, que proposerez-vous
aux personnes séropositives ?
Un espace où elles pourront être bien et avoir
du soutien. Ce n’est pas normal qu’elles se
Comment vivez-vous votre séropositivité ?
J’ai toujours été un battant. Je suis d’origine
polonaise, je suis têtu ! J’ai voulu me suicider
quand les clients ont déserté mon bar, mais
je me suis relevé. Ce qui me raccroche à la
vie, c’est l’aventure. Quand on est seul, on fait
comme l’Abbé Pierre, on prend son bâton et
on avance ! À 22 ans, j’avais déjà mon entreprise d’artisan menuisier. Il ne faut pas
regarder derrière soi et prendre tout à la
rigolade ! Aujourd’hui, mon moteur, c’est
trouver de l’aide pour monter Sida’accord.
Chaque soir, je me dis que c’est une journée
de gagnée.
Entretien : Dominique Thiéry
Rem63-26032007-LM.qxd
27/03/07
11:19
Page 15
15
Fitness viral :
Certains virus sont plus sportifs
que d’autres !
et à sa capacité à aller se multiplier dans les cellules T4. Tous les virus n’ont pas le
même fitness. Certains, très actifs, dynamiques, se multiplient rapidement dans les
lymphocytes T4 : la quantité de virus dans le sang (charge virale) est alors souvent
élevée et le nombre de lymphocytes T4 diminue rapidement. À l’inverse, si le virus a un
“mauvais fitness”, il est moins agressif, d’où une charge virale plus faible et un système
immunitaire mieux préservé.
POUR Y VOIR PLUS CLAIR
Le fitness viral correspond à
l’état de santé du virus, c’est à
dire son degré d’agressivité et
sa capacité à se multiplier
dans les lymphocytes T4.
Certaines résistances aux
traitements peuvent affaiblir
le fitness viral, donc ralentir
l’évolution de la maladie.
C’est l’un des points à
considérer lors de
la prise en charge
de personnes en multiBonjour virus, comment te sens-tu ?
échecs
Ce qu’on appelle le “fitness viral” correspond à la virulence, à l’agressivité du virus
thérapeutiques.
Schéma 1 : Patrimoine génétique humain
Existe-t-il beaucoup
de virus avec des fitness différents ?
De la même façon, les caractéristiques du virus
sont inscrites dans son patrimoine génétique et
il existe une multitude de VIH différents, ayant
chacun des caractéristiques propres. Parmi ces
caractéristiques, la capacité à se multiplier : le
fitness. (schéma 2)
Certaines personnes séropositives ont un VIH
ayant un fitness agressif alors que d’autres
ont un VIH plus lent, moins dynamique. C’est une
des raisons pour lesquelles la maladie n’évolue
pas à la même vitesse chez tout le monde. C’est
également pour cela que l’on déconseille les
rapports non-protégés, même entre personnes
séropositives, car on s’expose alors au risque
d’être surcontaminé par un virus plus virulent,
ayant un fitness plus agressif.
Cheveux roux
Yeux vert
Schéma 2 : Patrimoine génétique du VIH
VIH
Fitness
illustrations : Stéphane Blot, Laurent Marsault : - remaides 63 - mars 2007
Chaque organisme vivant possède une multitude
de caractéristiques inscrites dans son
patrimoine génétique. Pour l’Homme, le
patrimoine génétique (contenu dans les
chromosomes) va commander la couleur des
yeux, des cheveux, la taille, et tout ce qui
caractérise chacun d’entre nous. (schéma 1)
27/03/07
11:19
Page 16
POUR Y VOIR PLUS CLAIR
16
Rem63-26032007-LM.qxd
Les résistances aux traitements
peuvent affaiblir le fitness viral.
Quand le virus est en présence d’un
traitement efficace, il ne peut quasiment
plus se multiplier (schéma 3).
En revanche, si les concentrations en
médicaments ou si l’efficacité du
traitement sont insuffisantes, le virus
continue à se multiplier un peu, “à bas
bruit”. Or lorsqu’il se multiplie, le virus
du sida a une fâcheuse tendance à “se
tromper”. Ainsi, même si la majorité des
nouveaux virus produits ressemblent au
virus “paternel”, il y aura également la
fabrication de quelques virus “ratés”,
génétiquement différents. La plupart de
ces virus “ratés” vont mourir, mais de
temps en temps, il y aura fabrication d’un
virus ayant la caractéristique nouvelle
d’être résistant à un (ou plusieurs)
médicament(s) (schéma 4).
Ce virus ne sera donc plus maîtrisé par
le traitement et va se multiplier partout :
la charge virale augmente et l’on
constate l’échec thérapeutique. (schéma
5).
remaides 63 - mars 2007 - illustrations : Laurent Marsault
Schéma 3 : Traitement efficace
Mais cette nouvelle caractéristique
génétique (appelée “mutation de
résistance”) a un coût pour le virus.
Certes, le virus devient résistant au
traitement et peut se multiplier, mais
cette mutation le rend souvent moins
dynamique, moins virulent. Le virus a
perdu en fitness. Autrement dit, un
virus résistant à un traitement
anti-VIH est souvent un virus
moins agressif… (schéma 6)
Lymphocyte T4
Aucun virus
n’est produit
Schéma 4 : Traitement sub-optimal (T)
(activité partielle, liée par exemple
à une mauvaise observance)
Lymphocyte T4
Quelques virus
sont produits
La plupart des virus
sont identiques
au virus “paternel”
Virus muté,
viable et résistant
au traitement (T)
Virus muté,
non viable
Rem63-26032007-LM.qxd
27/03/07
11:19
Page 17
17
Schéma 5 : Le traitement (T) ne marche plus
car le virus
est résistant à ce
traitement
Virus initial, sensible
au traitement (T)
mais agressif
Virus muté, résistant
au traitement (T)
mais moins agressif
Que se passe-t-il
une fois que ce virus affaibli existe ?
Lymphocyte T4
Comme le traitement n’est pas efficace sur ce virus,
on va le retrouver partout dans l’organisme. Le
virus “paternel”, lui, sera inhibé par le traitement
(schéma 7). Mais il ne va pas disparaître
totalement. Et si l’on arrête le traitement, le virus
“paternel”, au fitness plus dynamique, va reprendre
le dessus… (schéma 8).
POUR Y VOIR PLUS CLAIR
Schéma 6
Quelles conséquences
pour les personnes en multi-échec ?
Pour répondre à cette question, le médecin va prescrire
un test génotypique. Ce test va pouvoir détailler le
patrimoine génétique du virus (voir schéma 2) et dire
s’il y a eu, ou non, apparition de mutation permettant la
résistance du virus à un (ou plusieurs) médicament(s).
Si c’est le cas le virus sera résistant au(x)
médicament(s) considéré(s), mais avec parfois des
conséquences intéressantes sur le fitness viral.
illustrations : Stéphane Blot, Laurent Marsault : - remaides 63 - mars 2007
Comment savoir
si un virus a aquis
des mutations de résistances
aux traitements ?
Faut-il arrêter le traitement anti-VIH d’un patient
en multi-échec, c’est à dire dont le virus est
résistant à tous les médicaments (voir encadré) ?
La réponse est aujourd’hui claire : non ! Tout
dépend des médicaments et des classes
thérapeutiques.
Certains médicaments doivent être maintenus car
ils obligent le virus à rester sous une forme
“mutée”, moins agressive (schéma 7). Il s’agit des
analogues nucléosidiques (notamment Epivir), et
probablement, dans une moindre mesure, des antiprotéases. Si l’on arrête le traitement, le virus
non-muté, agressif, va ressortir. (schéma 8).
À l’inverse, les non-nucléosidiques doivent être
stoppés dès l’observation de la résistance (voir
encadré). En effet, la mutation permettant la
résistance aux non-nucléosidiques ne diminue pas
le fitness du virus. Continuer à les prendre ne
présente donc aucun intérêt. Pire, si l’on maintient
ce traitement, le virus risque de développer
d’autres mutations complémentaires qui rendront
inactifs tous les autres non-nucléosidiques à
venir.
27/03/07
11:19
Page 18
POUR Y VOIR PLUS CLAIR
18
Rem63-26032007-LM.qxd
Schéma 7 :
En présence du traitement (T),
le virus
est favorisé
car le virus
est inhibé par (T)
Schéma 8 :
Si l’on arrête de prescrire (T),
le virus
va reprendre le dessus
Inhibé par (T)
Lymphocyte T4
Lymphocyte T4
Virus peu
agressif.
Multiplication
relativement
modérée
remaides 63 - mars 2007 - illustrations : Laurent Marsault
Virus
agressif.
Augmentation
de la charge
virale
Quelles conséquences pour les personnes traitées pour la première fois ?
On ne sait pas encore comment utiliser la notion de fitness viral pour les personnes n’ayant jamais été
traitées. Des spécialistes se sont demandés si un traitement par monothérapie d’Epivir ne pourrait pas
induire l’apparition d’un virus muté, moins agressif, donc retarder l’évolution de la maladie et la mise sous
trithérapie. Si cette hypothèse était confirmée, cela pourrait présenter un intérêt, notamment dans
certains pays où l’accès à des trithérapies efficaces est difficile. Cependant, l’approche est controversée
et aucune étude n’a exploré cette voie de recherche pour le moment.
Fabien Sordet
Remerciements aux Drs Constance Delaugerre (A. Paré, Boulogne)
et Jade Ghosn (Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre)
Rem63-26032007-LM.qxd
27/03/07
11:19
Page 19
19
ÇA BLOQUE EN PRISON !
Tout porte à croire qu’il y a des contaminations par le VIH et par les hépatites en prison, mais rien
ne bouge significativement pour qu’une politique de prévention des risques se développe. Un
exemple : l’accès aux traitements de substitution pour les usagers de drogue est soumis à la bonne
volonté des équipes soignantes. Explications.
INTERMAIDES
Les traitements de substitution :
D
écrocher et vouloir suivre un traitement
de substitution n’est pas une décision
que l’on prend facilement. Mais on n’a pas le
choix lors d’une incarcération. Dès le premier
rendez-vous (obligatoire) à l’unité de consultation et de soins de la prison (UCSA), le
médecin donne suite à cette nécessité en
prescrivant un traitement au Subutex ou à la
méthadone (voir encadré). Il peut aussi
orienter le détenu volontaire vers le service
médico-psychologique (SMPR) ou le centre
de soins spécialisés en toxicomanie (CSST).
Le suivi médical est alors associé à un
accompagnement social et psychologique,
nécessaire à la réussite de cette thérapie.
La prévention, dehors !
La prise en charge des usagers de drogue en
milieu carcéral est obligatoire depuis 1996,
mais les établissements pénitentiaires ne sont
pas au même diapason. De nombreux médecins sont opposés à initier un traitement de
substitution en prison car ils estiment que ce
n’est pas le moment où l’efficacité serait la
meilleure. Pourtant, bon moment ou pas, le
détenu n’est-il pas, quand même, soumis au
sevrage derrière les barreaux ? Les pratiques
photo : Pierre & Gilles - remaides 63 - mars 2007
Seulement voilà, il n’existe pas toujours dans
chaque centre de détention un SMPR ou un
CSST ! Dans ce cas de figure, le seul centre
de consultation et de soins est vite débordé :
le soutien médical et psychologique passe à
la trappe, quand ce n’est pas le traitement
lui-même... Rappelons aussi que la direction
pénitentiaire peut s’opposer à cette décision
sanitaire pour des raisons d’ordre ou de
sécurité. Résultat : un traitement interrompu
de manière autoritaire qui entraîne un
sevrage brutal.
27/03/07
11:19
Page 20
INTERMAIDES
20
Rem63-26032007-LM.qxd
divergent donc sur les prescriptions de
Subutex et de méthadone, les différentes
structures travaillant chacune dans leur coin,
collaborant peu ou pas du tout ensemble !
Cela rend inopérante toute politique de prévention contre le VIH et les hépatites...
Pourtant les pouvoirs publics, face à l’épidémie de sida de 1990, avaient impulsé un
élargissement des thérapies de substitution.
Malheureusement, cette volonté s’est arrêtée
aux portes de nos prisons malgré la baisse de
contamination dans la population usagère de
drogues.
remaides 63 - mars 2007 - photo : Pierre & Gilles
Ce blocage institutionnel ne revient pas à
prôner à un retour à l’avant 1994
où seule l’administration pénitentiaire gérait la question
sanitaire des détenus.
C’est maintenant le
ministère de la Santé qui
organise les soins en
milieu carcéral, et selon la
loi avec la même qualité et
continuité que ceux offerts à
l’ensemble de la population.
Mais force est de constater que
l’inégalité persiste et le risque VIH revient sur
le devant de la scène. Les taux de transmission dans les prisons ne sont pas connus (il
n’existe pas d’études épidémiologiques), mais
les associations qui interviennent dans les
établissements pénitentiaires tirent le signal
d’alarme. Un traitement de substitution mal
suivi, interrompu ou un protocole modifié
entraînent une rechute. Il existe des zones
d’ombre en prison que l’administration
pénitentiaire nie, dénie ou minore : la pratique
d’injection de drogues par des détenus.
Pourtant, il ressort d’une étude que 30 à 52 %
d’usagers de drogues, dont le traitement a été
interrompu en détention, ont réussi à s’injecter des drogues…
Danger du VIH, dedans !
Fragilisées, rapidement coupées du monde
“extérieur”, les personnes incarcérées
réinventent des structures sociales avec leurs
hiérarchies et leurs codes. Le tatouage, le
piercing ainsi que l’automutilation en font
partie, sans oublier les pratiques sexuelles. Le
tout se fait dans des conditions d’hygiène et
de protection plus que succinctes, les risques
de contamination s’ajoutant alors à ceux
liés aux pratiques d’injection
(infections). L’aveuglement
de l’administration pénitentiaire ajoutée à la non
harmonisation des accès
aux traitements de substitution fabriquent une
bombe à retardement. Et
puis c’est oublier un peu
vite que les détenus de maintenant seront libres un jour...
Il est urgent de poser cette réalité
carcérale de santé publique. Il faut généraliser et adapter l’offre des traitements de
substitution et de désintoxication, en
imposant un cahier des charges précis aux
unités soignantes. Et soyons fous, il serait
temps d’arrêter de qualifier de criminels, les
personnes sous l’emprise de drogues,
d’imaginer des lieux de consommation dans
des conditions sanitaires décentes à
l’extérieur, comme à “l’intérieur”...
Méthadone
et Subutex
La méthadone est un opiacé de synthèse
sous forme de sirop qui supprime l’état de
manque. Elle crée une dépendance
psychique et physique et en cas d’arrêt
brutal un état de manque sévère. Mais
cette dépendance est plus facile à
contrôler. Une fois la stabilisation obtenue,
une diminution progressive peut s’effectuer.
Le Subutex est un cachet qui bloque
l’action des opiacées. Aux doses
appropriées, son principe actif, la
buprénorphine, calme le manque. Prescrit
dans un cadre plus souple que la
méthadone, il permet de reprendre une vie
sociale normale.
En janvier 2006, la Commission nationale
des stupéfiants a émis un avis favorable au
classement du Subutex comme stupéfiant.
Le but : réprimer le trafic de ce produit.
Face au front des associations qui ont
rappelé les réussites des traitements de
substitution que ce classement aurait pu
remettre en cause, Xavier Bertrand,
ministre de la Santé, a écouté et n’a pas
mis en œuvre ce classement.
Pour plus d’infos, consultez le numéro
spécial Usages de drogues (supplément à
Remaides n°43) sur www.aides.org ou
contactez votre délégation AIDES la plus
proche (tél. : 0 820 160 120 ; 0,12
euro/min).
Marie-Hélène Klein
Les structures de soins en prison
UCSA : unité de consultation et de soins
ambulatoire. Ambulatoire parce que c’est
l’hôpital le plus proche qui détache une
équipe de soins pour l’établissement
pénitentiaire. Elle prend en charge le suivi
médical.
SMPR : service médico-psychologique
régional. Il constitue la structure de base du
secteur de psychiatrie en milieu pénitentiaire.
Le SMPR inclut les soins aux toxicomanes et
aux alcooliques.
CSST : centre de soins spécialisés en
toxicomanie. Il fonctionne en détention sous
la responsabilité du médecin en charge du
SMPR. Il prend en charge l’aspect médicosocial, suivi psychologique en détention, et
l’orientation à la sortie vers des structures
extérieures spécialisées.
Rem63-26032007-LM.qxd
27/03/07
11:19
Page 21
21
UNE LUMIÈRE DANS LES TÉNÈBRES
J
’habite à l’étranger depuis trente ans. Je suis français, j’ai
48 ans et je suis séropositif depuis au moins quatorze ans.
Depuis que je suis abonné à Remaides, j’entretiens des
correspondances avec des détenus incarcérés dans des prisons
différentes à travers la France. J’ai d’abord écrit pendant
quelques années à Patrick, 48 ans, séropositif, condamné à
une lourde peine, hélas. La vie en détention est un chemin de
misère. La discipline exigée par les gardiens, les humiliations
de la part des autres détenus à cause de la séropositivité
dénoncée par des gardiens, sont quotidiennes, comme le fait
de ne pas avoir de télévision pour occuper son esprit dans les
moments de lourde solitude, faute d’avoir de l’argent pour en
louer une. Ils manquent aussi de vêtements
et de chaussures. J’en ai envoyés à Patrick,
mais des vêtements lui ont été refusés car le
règlement interdit de porter par exemple un
anorak fourré. J’avais économisé pour lui
offrir au moins ce plaisir de ne pas avoir froid
lors des promenades...
L’importance d’une lettre
Prisons de la honte
Les prisons françaises sont inhabitables, manquant de lumière, et surtout d’hygiène. Le gouvernement français devrait avoir
honte de la dégradation de ces bâtiments. Ce sont des endroits
où l’on abrutit les détenus au maximum. Certains qui mettent
fin à leur vie en sont les premiers témoins, et ceux qui dirigent
le système carcéral en sont conscients, mais ils se taisent. Un
jour, j’entendais sur la chaîne TV5 deux représentants du gouvernement français qui disaient que construire des nouveaux
centres demandait beaucoup d’investissement. Ils disaient cela
avec indifférence, ils n’avaient pas l’air d’être pressés. Ces
gens-là consacrent plus de temps aux réceptions du grand monde, sautillent de joie et de
vanité, pendant que les autres moisissent
dans ces lieux lugubres. Je rappelle d’ailleurs
que la France a été épinglée par Amnesty
International. Notre pays se vante d’être le
berceau des Droits de l’homme, mais j’ai
plutôt l’impression que ce berceau a perdu
une roue, et que le respect envers les détenus laisse énormément à désirer.
Prenez votre plume !
Bien sûr, j’encourage les âmes de bonne
volonté à écrire aux détenus. Ils cherchent
de l’amitié, de l’écoute, de l’encouragement, du soutien et de l’affection pour se battre et
tenir le coup. Il faut bien réfléchir avant de prendre cette décision car il faut de la patience, de l’écoute, de l’analyse, être
très solidaire et très fidèle car votre correspondant a faim de
vous lire et de vous écrire. Quel plus beau plaisir pour un détenu de savoir que quelqu’un à l’extérieur pense à lui !
Malheureusement Patrick est décédé en 2004, le 14 juillet.
J’ai alors écrit pendant deux ans à un autre détenu. De lui, j’ai
reçu près de 100 lettres. Il était heureux d’être libéré. Mais
quelques mois après, il est tombé gravement malade. Je n’ai
plus de nouvelles et ce silence m’inquiète. J’ai ensuite écrit à
un garçon de 38 ans, séropositif, qui a aussi été libéré.
Déboussolé après tant d’années de détention, détruit moralement, il est retourné en détention. Si les détenus qui souffrent
ne peuvent pas faire entendre leur désarroi, eh bien, je le crie
pour eux ! Soyez courageux et solidaires avec eux. Merci.
Roland
photo : Roland - remaides 63 - mars 2007
Avec Patrick, j’ai échangé plus de 200 lettres.
Bien sûr, s’il me répondait, c’est que je faisais
venir de France des timbres, et à mon tour, je
lui en envoyais pour qu’il me réponde. Entre moi
et Patrick, il y avait beaucoup de sincérité, de
confiance et une grande amitié. Je suis très
heureux de l’avoir épaulé pendant sa détention, de lui avoir
apporté un peu de lumière dans les ténèbres où il se trouvait.
Il ne faut pas croire que ce genre de correspondance est
toujours facile à rédiger. Quand on reçoit une lettre d’un détenu, il faut être très attentif aux souffrances vécues, au
désespoir, et surtout ressentir dans son âme le vécu journalier
de chaque moment dans ces prisons, que j’appellerais plutôt
des “camps de concentration”. On entasse des détenus, plus
qu’il n’est permis, faute de place ! Il n’est pas toujours facile
de trouver une réponse juste pour réconforter le mal de vivre
auquel certains sont confrontés. Souvent, on entend des gens
faire ce genre de remarques odieuses : “C’est bien fait pour
eux, ils n’avaient qu’à se tenir tranquilles dans la société !” Personne n’est à l’abri du lendemain, alors pourquoi ce genre de
méchanceté à leur égard ? Ils sont comme vous et moi, ils
souffrent encore plus que nous. Certaines prisons surpeuplées
datent de la deuxième guerre mondiale...
TÉMOIGNER
Vivant à l’étranger, Roland correspond avec des détenus ayant passé une petite annonce dans
Remaides. Il dénonce le scandale des prisons françaises.
27/03/07
11:19
Page 22
SE SOIGNER
22
Rem63-26032007-LM.qxd
Hygiène de VIH
L’ENVIE D’AVOIR ENVIE
Les conseils d’hygiène de vie que reçoivent les personnes séropositives sont connus de tous. Ils sont à
peu près les mêmes que ceux que l’on peut lire dans la presse grand public traitant de la forme ou de la
lutte contre la prise de poids. En fait, la vraie question n’est pas “Quoi faire ?”, mais plutôt “Comment
puis-je arriver à le faire et m’y tenir au quotidien ?” Éléments de réponses.
Les Autres,
les autres, les autres
remaides 63 - mars 2007
Les personnes séropositives sont confrontées à
la nécessité de suivre des conseils hygiénodiététiques pour mieux lutter contre les
troubles métaboliques liés à la maladie et à ses
traitements. La modification des habitudes
de vie est souvent prescrite en réponse aux désordres lipidiques (hausse des graisses dans le
sang), aux risques cardiovasculaires, aux lipodystrophies (mauvaise répartition des
graisses) ou à certains troubles musculaires.
Mieux s’alimenter, boire de l’eau, faire du sport,
arrêter le tabac, cela n’est pas si simple...
Le patient, comme le médecin, est bien
démuni face à ce problème. Lors de la consultation, le sujet est très souvent expédié en
quelques conseils dont personne ne sera
dupe : ni le conseilleur, conscient de l’importance de l’effort demandé, ni le conseillé, un
peu coupable de ne pas avoir l’énergie de s’y
soumettre. Et chacun, en son for intérieur,
considère que l’initiative revient à l’autre. Le
patient compte sur le médecin pour trouver
une solution si la situation se détériore. Et le
médecin considère qu’après tout, cette part
du travail est de la responsabilité du patient.
Au fil des années, la médecine est devenue à
nos yeux une technique de pointe. Aussi, à
l’heure des contrats de maintenance et des
hot lines, attendons-nous du “technicien” qui
nous soigne la résolution rapide, efficace et
surtout chimique de tout problème lié à la
La meilleure façon
de marcher...
maladie. Nous exigeons de l’autre la solution,
alors que d’un point de vue comportemental
nous sommes seuls maîtres à bord ! Il
n’existe pas, à ce jour, de médicament miracle capable de modifier à notre guise nos
habi-tudes de vie. Face à l’ampleur des changements à accomplir, nous voilà seuls.
Découragés par avance. Comme “terrassés”
par une paresse à renoncer à un mode de vie
hérité de notre éducation ou de nos
croyances. Coupables enfin de ne savoir pas,
ici, prendre cette responsabilité vis-à-vis de
nous-mêmes. Comme si toute énergie et tout
courage nous avaient quittés…
Donner du sens et choisir
Cette nouvelle discipline de vie, énoncée
abruptement, peut être vécue de prime abord
comme un “diktat hygiéniste” propre à
donner bonne conscience au prescripteur.
Celui-ci semble alors rejeter les conséquences
désagréables de “son” traitement sur le mode
de vie de son patient. Hélas, s’il y a
diktat, c’est celui de la physiologie humaine
et de la biochimie. Le médecin n’en est que
l’interprète. Il s’agit alors pour le patient de
s’informer et de comprendre les mécanismes
mis en jeu dans son organisme. Les ayant
compris, il peut librement choisir de
consentir ou non aux efforts demandés. Cela
devient alors son propre choix, moteur
essentiel de motivation.
... C’est mettre un pied devant l’autre et
recommencer ! En randonnée, lorsque le
chemin apparaît trop long et trop raide, nous
limitons notre horizon au pas suivant pour ne
pas céder au découragement. Mettre un pied
devant l’autre : nous savons faire. Gravir la
montagne : c’est écrasant. Cette stratégie est
souvent la plus efficace. Elle peut se mettre
en place par étapes : d’abord, repérer, parmi
les règles proposées celles auxquelles, par
le passé, nous nous soumettions sans
contrainte, voire avec plaisir, afin de les
remettre en place.
• Le sport le plus adapté, c’est bien souvent
celui qui nous procure le plus de plaisir,
celui que l’on pourra pratiquer souvent et
longtemps. Prendre l’avis du médecin est
important, particulièrement pour les
fumeurs (voir encadré).
• Pour être efficace, 30 à 45 minutes
d'endurance (jogging, vélo, natation,
rameur, marche rapide etc.) au moins 3 ou
4 fois par semaine. Cela peut aussi consister en un petit programme varié tel que :
1- faire d’un bon pas tout ou partie du trajet pour aller au travail ;
2- aller danser une soirée entre amis ;
3- sacrifier une soirée ou une après-midi
télé pour une bonne marche digestive à
rythme soutenu.
Progressivement, le goût de l’effort revenant,
les objectifs pourront devenir plus ambitieux.
Rem63-26032007-LM.qxd
27/03/07
11:19
Page 23
23
Si vous vous sentez prêt à vous (re)mettre
au sport, vous pouvez profiter de l’occasion
pour arrêter de fumer. Sport et tabac ne
font pas bon ménage. Outre une baisse des
performances, les effets nocifs du tabac
augmentent lors de l’effort et majorent le
risque d’accidents cardio-vasculaires.
• Le changement d’habitudes est une
période favorable pour l’arrêt du tabac.
• La pratique d’activités physiques diminue
l’envie de fumer.
• Le sport ne limite en rien les dangers du
tabac. Il est faux de penser que l’on
neutralise la toxicité du tabac par la
pratique sportive.
• La cigarette après l’effort accroît
sérieusement le risque d’accident
cardiaque.
L’activité physique ne peut donc pas être
un alibi pour continuer à fumer. Même si
vous êtes fermement résolu, l’arrêt du
tabac est très difficile. Parlez-en à votre
médecin et faites-vous aider.
De la résolution
à la motivation
Si prendre de bonnes résolutions est chose
facile, maintenir la motivation au fil des jours,
des semaines, des mois et des années est un
challenge bien plus ardu...
Voici donc, pour finir, quelques petits conseils
qui peuvent vous aider ainsi que quelques
pièges à éviter lors de la mise en place d’une
activité physique :
• ne pas attendre que les conditions soient
idéales (le temps, l’envie, la forme ) pour s’y
mettre. En étant optimiste, cela arrivera une
fois l’an, jamais trois fois par semaine ;
• ne pas compter sur un(e) ami(e) pour vous
accompagner, il y aura toujours un empêchement d’une part ou de l’autre. Si
quelqu’un vous accompagne, tant mieux. Si
vous êtes seul(e), allez-y quand même ;
• ne pas attendre d’avoir du temps libre pour
y aller. Prenez-en d’autorité en réservant les
plages horaires nécessaires sur votre
agenda ;
• consacrer du temps à soi, donner la
priorité à sa propre santé, n’est pas un acte
égoïste. Il est important de se placer au
centre de sa propre vie. Comment rayonner,
apporter aux autres, si on se sent fatigué ou
diminué ?
• ne pas être dupe. Lorsque la réponse face à
une action proposée est : “Oui, mais…”,
cela veut dire simplement “non”, mais en
se déresponsabilisant ;
• la tâche est ingrate. Culpabiliser en cas de
difficulté : c’est un moyen d’échapper à la
contrainte en se dévalorisant. Mieux vaut se
faire aider. Sans se lancer dans une longue
psychothérapie, quelques entretiens avec
un psychologue comportementaliste
peuvent parfois débloquer la situation ;
• il est également important de savoir
reconnaître son propre mérite. Chaque
effort fait dans la bonne direction doit être
vécu avec satisfaction. L’estime de soi est
un élément clé de la réussite.
Yves Gilles
illustration : Romain - remaides 63 - mars 2007
Envisager, ensuite, comment les différentes
règles proposées peuvent être observées avec
plus de facilité, par exemple :
• boire un litre et demi d’eau par jour, c’est
boire un demi verre d’eau (10 cl) par heure
pendant 15 heures. Attention, il s’agit bien
d’eau, plus la boisson est pure, mieux elle
pénètre dans les cellules de l’organisme
pour y remplir ses différentes fonctions ;
• surveiller son alimentation est plus facile en
faisant les courses. Une fois introduites
chez vous, les sucreries néfastes à votre
équilibre alimentaire risquent tôt ou tard
d’avoir raison de vos bonnes résolutions.
(Notre conseil : faites vos emplettes le
ventre plein, vous résisterez mieux aux
achats superflus !)
SE SOIGNER
Sport et tabac
27/03/07
11:19
Page 24
ÉQUILIBRE
24
Rem63-26032007-LM.qxd
Diététiquement vôtre
Manger est un des moments les plus importants de la santé et de la vie (nous passons 10 %
de notre vie à table !) Connaître les notions simples de la diététique, associées à une hygiène
de vie (alimentation saine, pas de tabac, peu d’alcool, exercice physique) est une bonne
façon de trouver son équilibre. Chaque repas doit apporter des protéines, des glucides, des
lipides, des fibres, des vitamines et minéraux et… du plaisir !
Les glucides
Le rôle des glucides (ou sucres) est d’apporter de l’énergie. Il existe deux sortes de
glucides : les sucres rapides (morceaux
de sucre, coca, gâteaux, confiture...) et les
sucres lents qui se trouvent dans tous les
légumes, les céréales (blé, pain, pâtes, riz,
maïs), les légumineuses (haricots secs, lentilles, pois chiches).
remaides 63 - mars 2007 - illustration : Jacqueline Maman
Les protides
Les protides (ou protéines) servent à construire, réparer, entretenir les cellules des
tissus (peau, muscles). Elles sont à la base de
certaines hormones et constituent les anticorps et les enzymes. Elles sont d’origine
animale ou végétale et apportées par les
viandes, poissons, œufs, lait et laitages,
fromages, soja, céréales complètes, légumineuses (la “viande du pauvre”).
Attention aux abus de protéines chez les
sédentaires ou chez les personnes dont les
reins fonctionnent mal car les protéines
se dégradent en urée et en ammoniaque pouvant fatiguer le foie et les
reins. La viande, le soir devant la
télé, n’est pas “brûlée”.
Les protéines sont constituées par
les acides aminés (aa) qui s’associent entre eux. 8 de ces acides
aminés sont “essentiels”, ils ne
peuvent pas être synthétisés par le
corps et doivent être fournis par
l’alimentation. Les protéines comprenant
les 8 aa sont complètes ou certaines associations d’aliments les rendent complètes.
L’œuf est complet à 94 %, le lait à 82 %,
le poisson à 80 %, le fromage à 70 %, la
viande à 67 %.
Les lipides
Exemples de plats contenant des protéines
complètes avec tous les acides aminés.
• Un bol de céréales (muesli) + lait.
• Riz cantonnais = riz + petits pois +
omelette + jambon (Chine).
• Riz + lentilles + noix de cajou (Inde).
• Semoule de couscous + viande + pois
chiches (Orient).
• Céréales complètes + tofu de soja
(végétarien).
• Haricots rouges + maïs + riz (Mexique).
• Crêpe de sarrasin + œuf + fromage
(Bretagne).
• Chou-fleur + œufs durs + lait + pommes de
terre (voir notre recette !)
Les lipides (ou graisses) servent surtout de
réserve d’énergie. Les lipides sont les précurseurs de certaines hormones (hormones
sexuelles et cortisol) et constituent les membranes des cellules. On distingue les acides
gras saturés des acides gras insaturés.
Les acides gras saturés sont dans les graisses
d’origine animale (beurre, fromage, gras de la
viande, peau du poulet, charcuterie) et
augmentent les triglycérides et le cholestérol
dans le sang. Les acides gras insaturés se
trouvent dans les graisses d’origine végétale
(huile d’olive, de colza, d’arachide, non
chauffées), les poissons gras (Oméga 3 dans
le maquereau, thon, saumon...) et font
baisser les triglycérides et
le cholestérol.
Rem63-26032007-LM.qxd
27/03/07
11:19
Page 25
25
Recette n°1:
Le gratin de chou-fleur avec œufs durs
ÉQUILIBRE
Invitez-vous à table !
L’alimentation idéale doit être pauvre en
graisses saturées et sucres rapides, riche en
sucres lents et comporter des graisses insaturées. Il faut privilégier la cuisson à la vapeur,
à l’eau, au four, en papillote pour ne pas
dégrader les bons lipides.
Jacqueline L’Hénaff
Marianne L’Hénaff
Remerciements au Dr Martine Pellae,
diabétologue-nutritionniste, hôpital Bichat
et à Emmanuel Garderet, diététicien à
AIDES-Paris.
Infos diététiques
Temps de préparation : 10 mn
Temps de cuisson : 35 mn
Liste des courses pour deux personnes :
• 400 gr de chou-fleur, frais ou surgelé (400 g surgelé = 800 g de chou-fleur frais),
• 2 grosses pommes de terre (ou 3 moyennes),
• 2 œufs durs (10 mn de cuisson),
• 1 brique de 50 cl de béchamel (ou sauce blanche “maison” faite avec 0,5 l de lait et 3 c à
soupe de maïzena, sel, poivre, muscade),
• un peu de gruyère râpé (40 g).
Recette : Couper le chou-fleur en bouquets, éplucher les pommes de terre et les couper en gros
morceaux. Cuire le tout à la vapeur (dans une cocotte sans mettre le couvercle ou dans un cuitvapeur) ou à l’eau 10 à 15 mn. Égoutter. Disposer le chou-fleur dans un plat à four. Écaler et
couper les œufs durs en 2 et les placer à une extrémité du plat et les quartiers de pommes de
terre à l’autre extrémité. Napper le plat avec la béchamel ou la sauce blanche, parsemer de
gruyère râpé. Cuire environ 20 mn à 200°. Le dessus doit être gratiné.
Variantes : ce plat peut être fait avec du brocoli, du fenouil, des courgettes, des poireaux ou
avec des endives entourées de jambon (de porc ou de dinde). Il peut être cuit au micro-ondes.
S’il en reste (mais c’est rare !), il peut être congelé et repassé au four ensuite. Pour une sauce
béchamel sans graisse, délayer la farine de maïs dans le lait, puis faire épaissir la sauce en
ajoutant sel, poivre et noix de muscade.
photo : Marianne L’Hénaff - remaides 63 - mars 2007
Le chou-fleur - comme tous les choux - est
riche en fibres solubles (ce qui permet un effet
de satiété et de régulation du transit), en
sucres lents, en minéraux (calcium,
magnésium, fer) et en antioxydants (vitamines
C, B1 et B9). La sauce contient du calcium
(lait) et l’association œufs + lait + fromage
apporte 20 g de protéines complètes par
personne. Le chou est riche en dérivés soufrés
et pas toujours bien digeste. Pour une
meilleure digestion, faire blanchir le chou (le
plonger quelques minutes dans de l’eau
bouillante) avant de le faire cuire dans une
nouvelle eau. L’association sauce béchamel +
fromage apporte autant de calcium qu’un
yaourt. La béchamel “toute faite” est plus
grasse et contient moins de protéines que “la
maison”. Exemple de menu diététique : gratin
de chou-fleur + salade verte + fruit.
D’inspiration familiale, ce plat est complet, diététique, facile à réaliser, rapide et économique.
Quel plaisir de manger un plat que l’on a préparé soi-même, qui embaume la maison et qui cale
bien… Faire la cuisine est une preuve d’amour, même envers soi-même. C’est un plat très
équilibré, idéal pour le repas du soir avec une salade verte.
27/03/07
11:19
Page 26
PRÉVENTION ET SEXUALITÉ
26
Rem63-26032007-LM.qxd
Groupes de parole
AU CHŒUR DE SA SEXUALITÉ
La sexualité reste au cœur des préoccupations de
nombreuses personnes séropositives, pourtant peu
d’espace existe pour qu’elles puissent l’évoquer.
Depuis longtemps, des associations ont mis en place
des groupes de parole ou d’entraide. La réflexion sur la
vie intime se fait aussi à travers le vécu des autres.
Encore faut-il oser pousser la porte...
D
’abord nés aux États-Unis, les groupes
de parole et d’entraide ont eu pour
mission de libérer une parole taboue, loin de
tout jugement et de permettre le partage
d’expériences. L’association des Alcooliques
Anonymes fut une des premières à les
mettre en place. L’idée fit son chemin,
notamment en France, où des groupes furent
créés par des associations de lutte contre le
sida, dont AIDES. Devenant parfois les seuls
lieux où les personnes séropositives peuvent
se confier sur leur sexualité et leur vie
affective.
remaides 63 - mars 2007 - photo : Pierre & Gilles
Un groupe de parole,
c’est quoi ?
Un groupe de parole et d’entraide est un
espace de libre expression où chacun parle et
écoute l’autre avec respect. Un (ou deux)
animateur(s) anime(nt) le groupe qui peut se
réunir une ou plusieurs fois. La rencontre
dure environ deux heures avec une dizaine de
personnes maximum. Les groupes peuvent
être mixtes ou spécifiques (pour les femmes,
les gays, les couples sérodifférents ou séroconcordants, etc.). Concernant la sexualité,
certains participants préfèrent se retrouver
avec des personnes “de même profil”, histoire de se sentir plus à l’aise, d’être sur une
base commune pour aborder leur intimité et
bénéficier plus directement de l’expérience
des autres. Les homosexuels peuvent ainsi
échanger sur des pratiques sexuelles qui leur
sont propres, les femmes souhaitent évoquer
plutôt leur intimité entre elles, dans un
climat de sécurité et de confiance, ou se
concerter sur des thèmes spécifiques comme
l’assistance médicale à la procréation.
Marie-Pierre Leclerc, qui a animé des
groupes femmes à AIDES analyse :
“C’est davantage un moment d’expression qu’un lieu pour avoir des solutions.
Mais qui dit groupe de parole ne veut pas
dire “se mettre à poil !””
Parler de sexualité
“à plusieurs” ?
Avec l’arrivée des trithérapies, la sexualité et
le réinvestissement de la vie affective sont des
questions récurrentes pour de nombreuses
personnes séropositives. Besoin d’échanger,
de pallier la solitude, de dire les difficultés à
parler de sexualité avec le médecin, l’entourage, de dénoncer les discriminations... Le
groupe de parole, c’est aussi une manière de
prendre du recul, de se déculpabiliser, d’évacuer les non-dits, de parler de sa relation au
corps, de ses possibles transformations physiques, et certainement de mieux appréhender
d’éventuelle(s) prise(s) de risques sexuels.
Non seulement, ici, on écoute, mais on comprend car on vit la même chose. C’est encore
parfois un bon moyen d’avoir des informations
sans oser les demander car chacun peut profiter de ce qui est dit. Enfin, on peut tout aussi
bien dire qu’on a plusieurs partenaires ou, au
contraire, plus de sexualité… Néanmoins, la
clef de la réussite d’un groupe de parole
dépend de l’investissement de chacun et de
sa durée dans le temps. Si on ne peut exiger
d’une personne une présence constante, sa
participation régulière permettra de se livrer
davantage au fil des rencontres. Plus on se
connaît, plus on s’apprivoise et plus on
désamorce ses angoisses.
Dominique Thiéry
Sexualité, parlons-en !
• À AIDES, on peut parler de sexualité et de prévention dans les accueils, les groupes de
parole et d’entraide ou en entretien individuel avec un volontaire. Pour connaître la
délégation la plus proche, tél. : 0 820 160 120 ; 0,12 euro/min) ou tapez www.aides.org
• Contactez Ligne de vie au 0 810 037 037 ou Sida Info Service au 0 800 840 800.
• Dans certains hôpitaux, des consultations de sexologie existent ou doivent se mettre en
place, ainsi que des groupes de parole sur la qualité de vie affective et sexuelle. Parlez-en
à votre médecin spécialiste du VIH.
Rem63-26032007-LM.qxd
27/03/07
11:19
Page 27
27
Jean-Pierre :
“Prendre du recul
sur ma sexualité“
Militant de la première heure, René-Paul Leuraton est coordinateur à Sida Info Service,
sexologue et écrivain. Il a animé de nombreux groupes de parole autour de la sexualité.
Interview à chaud.
Jean-Pierre, 46 ans, fréquente un groupe de parole
sur la sexualité à AIDES-Paris, ouvert aux gays
séropositifs et séronégatifs.
Remaides : En quoi le groupe de parole est-il un
bon moyen de parler sexualité ?
René-Paul Leuraton : Le téléphone a longtemps
été important pour pouvoir parler de l’intime et
avoir des informations. Mais il ne pouvait être
qu’un passage. Le groupe de parole est un moyen
d’aller plus loin. Il permet aux personnes
séropositives de mieux “installer” leur
séropositivité dans leur existence. Aller dans un
groupe de parole, c’est reconnaître qu’on a un
problème. Beaucoup de gens ont du mal à parler
de leur sexualité. Pouvoir l’aborder en groupe
permet une entraide, de se confronter à sa propre
histoire, d’échanger les expériences et d’avoir des conseils. C’est un soulagement et une
prise de conscience de se dire qu’on n’est pas seul à avoir vécu telle situation. C’est
aussi un espace où on peut vraiment aborder ses difficultés avec la prévention ou ses
éventuelles prises de risques. Voilà une vraie représentation de la solidarité !
“Je voulais comprendre pourquoi je n’ai plus de
sexualité. Elle s’est éteinte, progressivement.”
Même s’il reconnaît qu’on a moins “le feu au cul”
à 50 ans qu’à 20, il ne veut pas faire une croix sur
sa vie sexuelle. “Le groupe de parole me permet
d’avoir du recul et de ne pas prendre à chaud des
risques que je pourrais regretter à froid.” JeanPierre fait partie d’un groupe où il n’y a que des
gays. “C’est plus enrichissant car on a plus de
points communs, on se comprend mieux. Chacun
parle comme il veut : pudiquement ou en racontant
des trucs pornos ! Ce sont des moments intimes,
intenses, hors du temps.”
Quels sont les problèmes sexuels les plus fréquents ?
Les problèmes peuvent être mécaniques (difficultés d’érection à cause des traitements
anti-VIH, effets indésirables avec les diarrhées, etc.), psychologiques (manque de
libido, traumatisme de la contamination sexuelle, retour à la vie alors qu’on s’était
préparé à mourir, etc.) ou spécifiques (nouvelle sexualité car on vient de rencontrer
quelqu’un, désir d’enfant, etc.) La sexualité a toujours été codifiée, sous couvert
notamment de discours religieux. Les groupes de parole permettent de remettre les
choses à leur place, d’établir une nouvelle norme où la sexualité est vivante et non pas
enfermée dans quelques codes moraux ou sociétaux.
Entretien : D.T.
Le groupe de parole contribue aussi à remettre les
choses en place. “C’est un moyen de se secouer et
de secouer les autres aussi, de faire prendre
conscience du côté irréversible du VIH à celui qui
prend des risques.” Et puis, il a compris des
choses sur lui. “Ce n’est pas que je suis coincé
sexuellement, c’est que je ne suis pas en
harmonie. Le groupe a mis le doigt là où ça fait
mal, mais c’est pour la bonne cause ! Il a facilité
ma parole sur la sexualité à l’extérieur.”
Pour plus d’informations,
contactez AIDES-Paris au :
01 53 24 12 00.
photo : Dominique Thiéry - remaides 63 - mars 2007
Quelles sont ses limites ?
Le groupe de parole n’est pas une recette miracle ! On y vient chercher quelque chose,
mais aussi pour donner quelque chose aux autres. Certaines histoires sont intimes ou
douloureuses et requièrent une consultation avec un médecin ou un sexologue. On ne
peut pas tout partager ensemble. J’ai notamment constaté que le groupe de parole
destiné aux couples sérodifférents, au Kiosque, à Paris, n’avait pas marché. Certains ont
dit qu’ils préféraient aborder leur sexualité avec un spécialiste plutôt que devant
d’autres couples. Il y a une alchimie à trouver avec les personnes d’un groupe. Il est
parfois difficile de mélanger hétéros et homos, jeunes et vieux séropos...
PRÉVENTION ET SEXUALITÉ
René-Paul Leuraton
“On vient chercher et donner quelque chose“
27/03/07
11:19
Page 28
ET LÀ-BAS ?
28
Rem63-26032007-LM.qxd
Homo et séropo au Mali
LA PAROLE LIBÉRÉE
Victimes de discriminations et de violences fréquentes, les homosexuels africains sont également frappés
de plein fouet par l’épidémie de VIH/sida. Pour Remaides, deux Maliens ont accepté de témoigner de leurs
conditions de vie. Transgressant “l’interdit”, ils osent lever les tabous. Rencontre exceptionnelle.
À
remaides 63 - mars 2007 - photo : Soria Blatmann
ce jour, seuls le Sénégal et l’Afrique du
Sud ont mis en place des programmes
de prévention spécifiques aux homosexuels.
Au Mali, aucune donnée épidémiologique
n’est actuellement disponible sur le nombre
de personnes séropositives dans la population
gay. En 2005, l’association partenaire de
AIDES au Mali, ARCAD-SIDA, a réalisé une
étude dont le résultat est alarmant : 77 % des
hommes interrogés ne s’étaient pas protégés
lors de leur dernier rapport homosexuel.
ARCAD-SIDA a décidé de mettre en place un
programme de prévention et de prise en
charge des homosexuels. Cette action
s’appuiera sur un groupe d’hommes, dont MY,
32 ans, et Jean-Marie, 57 ans, qui est également séropositif. Tous deux ont accepté de
témoigner de leurs situations respectives et
de partager leurs interrogations. Jean-Marie à
visage découvert et MY sous pseudonyme.
Nous les avons rencontrés à Bamako.
Remaides : Devez-vous cacher
votre homosexualité ?
MY : Je suis obligé de vivre mon homosexualité dans la clandestinité. Ma mère me
soutient et me protège, mais pour le reste de
la famille, je suis un pestiféré.
Jean-Marie : Je ne l’ai jamais cachée de ma
vie. Mes parents ne m’ont jamais mis à la
porte.
Jean-Marie, dois-tu cacher ta séropositivité ?
Je dis la vérité à mes copains. Mais ils ne
veulent pas me croire ! Pour eux, être séropositif, c’est forcément être très malade, tout
maigre, sale. Je suis en forme, donc ils ne me
croient pas et refusent souvent de se protéger.
Je dois leur prouver que
je suis séropositif en
leur
montrant
mes
ordonnances…
Est-ce que l’homosexualité
est acceptée au Mali ?
MY : L’homosexualité est
très stigmatisée à cause
de la religion et des mentalités. Le Mali est un pays
musulman et l’homosexualité est condamnée
par l’islam. La loi malienne est muette sur le
sujet, mais notre culture y
est foncièrement opposée.
Le problème, ce n’est pas
l’État, mais la société. Elle
n’accepte pas les homosexuels parce qu’elle ne
les comprend pas.
Jean-Marie
Comment s’exprime
ce rejet de la société envers vous ?
MY : Malgré mes efforts pour le cacher, tout
finit par se savoir. Tous les jours, pour un rien,
je me fais insulter, traiter de “sale pédéraste” ! Et encore, il faut savoir que la vie est
un peu plus facile dans la capitale que dans
le reste du pays où il y a des violences graves.
Des mères jettent leur enfant à la rue parce
qu’il est homosexuel. Celui-là n’a pas d’autre
choix que de venir à Bamako et de se
prostituer. C’est comme ça qu’on s’expose le
plus au sida.
Jean-Marie : On m’a beaucoup insulté aussi
dans le passé, j’ai tout enduré. Mais mainte-
nant, les gens de mon quartier me connaissent, ils me laissent tranquille. Il m’arrive
même de sortir dans la rue, la nuit, travesti et
maquillé, personne ne me dit plus rien.
Comment rencontrez-vous
d’autres homosexuels ?
MY : À Bamako, il y a des bars et des boîtes
fréquentés par les homos.
Jean-Marie : Moi, je ne vais plus souvent dans
ces endroits, j’habite loin du centre de
Bamako. Et puis, j’ai quarante ans d’homosexualité derrière moi, j’ai bien vécu... Je suis
le doyen des homosexuels au Mali !
Rem63-26032007-LM.qxd
27/03/07
11:19
Page 29
29
ARCAD-SIDA BPE 2561, Bamako (Mali). Tél. : 00 223 223 72 59.
Fax : 00 223 222 49 13. Courriel : [email protected]
Comment gérez-vous les risques
face au VIH/sida ?
Jean-Marie : Quand j’ai appris ma séropositivité, en 2002, j’étais très malade. Je ne
pesais plus que 33 kilos. C’est l’association
ARCAD-SIDA qui m’a sauvé la vie. J’y vais
toujours une fois par mois pour prendre mes
traitements, les préservatifs et les lubrifiants.
MY : Le vrai problème, c’est que nous n’avons
pas la culture du préservatif. Pour nous, l’homosexualité, c’est l’infidélité, la frivolité. La
plupart du temps, mes partenaires ne veulent
pas se protéger et j’accepte leur refus. Pour
l’instant, je suis séronégatif. J’ai peur, mais la
peur passe après le plaisir.
Pourquoi ce projet a-t-il échoué ?
MY : J’ai obtenu 65 signatures et on a
déposé une demande au ministère de
l’Intérieur. Là, on nous a fait comprendre que
ce n’était pas une bonne idée de créer une
association d’homosexuels. On a préféré
renoncer pour l’instant, mais on forme un
groupement sous l’aile protectrice d’ARCADSIDA. Pour le moment, le sida est la seule
manière possible pour aborder la question de
l’homosexualité dans notre pays.
MY, tu as participé aux États Généraux Gays de
AIDES, à Paris, en novembre dernier.
Qu’est-ce qui t’a le plus marqué ?
MY : Ces États Généraux m’ont impressionné,
encouragé, revigoré ! J’ai découvert un vrai
pays de liberté. Les homos français ont
réussi à exposer leurs problèmes au grand
jour, ils ont même fait venir le ministre de la
Santé à leur rassemblement ! Je rêve qu’un
jour notre ministre de la Santé vienne nous
écouter, nous aussi… En discutant avec les
homos français, j’ai également ressenti une
vraie fraternité. J’ai compris qu’il existe une
solidarité internationale gay ! Malgré toutes
nos différences, nos problèmes sont
identiques : la stigmatisation, l’intolérance et
la précarité, surtout pour les séropositifs.
Qu’est-ce qui t’a le plus inspiré ?
MY : Le PACS, par exemple. Même si nous,
on organise déjà des PACS clandestins !
Quand on aura plus d’expérience, on revendiquera les mêmes droits que les couples
hétérosexuels. Mais pour le moment, on doit
gérer la clandestinité et c’est très grave.
En quoi est-ce important pour vous
de témoigner?
Jean-Marie : Je veux que les gens comprennent qu’on peut être séropositif et être en
forme. Je veux pouvoir donner du courage et
des conseils à tous.
MY : Un jour, je pourrai moi aussi témoigner
à visage découvert, c’est mon combat de tous
les jours. Mais c’est une révolution lente.
Un jour, on saura qui est qui. Un jour, je serai
le leader d’une association d’homosexuels et
j’irai même à la télévision pour revendiquer
nos droits, haut et fort !
Interview : Soria Blatmann
Remerciements à Amadigué TOGO,
sociologue, responsable du projet
“hommes entre eux” d’ARCAD-SIDA
MY
photo : Soria Blatmann - remaides 63 - mars 2007
Comment avez-vous eu l’idée
de créer une association d’homosexuels ?
MY : J’avais réalisé une étude sur l’homophobie au Mali pour une ONG (organisation
non gouvernementale). C’était en 2000, à
l’époque où Robert Mugabe, Président du
Zimbabwe, avait appelé à abattre les homosexuels. Le monde occidental avait été très
choqué par ces propos. J’ai rencontré des
gays qui subissaient toutes sortes de stigmatisations, d’intolérances, de violences
verbales et physiques. Ça m’a révolté. J’ai
réuni des amis gays, je leur ai dit : “Si on ne
fait rien, ils vont finir par nous abattre ici
aussi ! Le Mali est un pays de démocratie et
de droits de l’homme, on n’est pas obligés
d’être hétéros. Notre liberté sexuelle, c’est
notre droit” !
Jean-Marie : Aujourd’hui, on était 12 gays
réunis dans une salle pour réfléchir ensemble
aux actions qu’on va mener, je n’en croyais
pas mes yeux… Bientôt, j’espère qu’on sera
30, 40 ! Pour les séropositifs, c’est la même
chose, il faut qu’on se batte pour nos droits !
ET LÀ-BAS ?
Pour en savoir plus
27/03/07
11:19
Page 30
PA
30
Rem63-26032007-LM.qxd
vie avec une compagne, je voudrais
partager les bonnes choses de la vie.
En Espagne : 00.34.962.81.93.58
30 : Quadra, look crane rasé, 1.84 m,
72kg, séropo. Sans problème, sensuel,
sans tabou, cherche homme même
profil. 06.71.52.72.17.
30 : Jimmy, 51 ans, 1.70m, 75kg, yeux
marron, cheveux en brosse, musclé,
beau gosse. Cherche H, pour amitié
ou plus. J’ai beaucoup d’amour à
donner et à recevoir. 06.23.41.86.69.
Étranger :
CI : Francy, ivoirienne, 32 ans, 1.66m,
56kg, sous trithérapie, cherche H
sérieux, 33 ans, non fumeur, non
violent, situation stable et qui désire
fonder un foyer et avoir des enfants.
Tél. : 00.225.08.02.78.28 Ou
[email protected]
C : Marceline, camerounaise, âgée
de 34 ans, recherche homme 40 à 70
ans, sérieux, honnête, fidèle, pour
mariage et vie de couple. Tél. :
00.237.786.63.57.
C : Bruna, femme de 33 ans, 2
enfants de 6 et 8 ans, séropositive
depuis 2003. En pleine forme, je
souhaite rencontrer un homme
séropositif si possible pour fonder un
foyer d’amour et d’harmonie.
Contacts : meyelangangré@yahoo.fr.
France
(Régions) :
06 : Tonio, 44 ans, 1.73m, 61kg, yeux
marron, cheveux cendrés, séropositif
sous traitement, en bonne santé,
sachant apprécier la vie, cherche F 30
à 40 ans sympa, douce, pour rompre
la solitude. 06.21.19.72.22.
remaides 63 - mars 2007 - illustration : Gersende*
06 : Christian, 57 ans, sage avec une
petite pointe de folie et beaucoup de
tendresse à donner. Je suis câlin,
calme, posé, courtois, motivé pour
créer et développer une relation. Je
recherche une femme gentille, douce
et féminine. 06.69.00.78.80.
06 : Jean-Michel, 39 ans, 1.75m, 69
kg, brun imberbe, pas trop mal.
Recherche en France, mais aussi en
Suisse, l’homme de sa vie. Je souhaite
beaucoup d’humour et de protection.
06.65.64.04.15.
06 : Érick, 38 ans, 1.78m, 65kg,
châtain clair, yeux marron, croque la
vie à pleine dents. Recherche son ego,
un homme simple et franc. Réponse
assurée. E. Jacquet, 58553, B110, BP
1709, 06012 Nice cedex 1.
13 : Bruno, 42 ans, 1.77m, 70kg,
séropositif depuis 96. Sportif, aime la
musique et les sorties, je suis doux et
gentil, je cherche F 35 à 45 ans pour
fonder une vie à deux. On est toujours
mieux à deux que seul. 06.75.92.77.17.
13 : Dominique, mère de deux
jumelles de 22 ans. La vie est difficile
avec la maladie. Je suis jolie à
regarder et serais capable de tomber
amoureuse de nouveau. J’aimerais
rencontrer un H. la cinquantaine pour
me donner de la douceur. Tout cela si
affinités. 06.50.29.85.38.
14 : Christophe, 43 ans, 1.76m, 61kg,
châtain. Séropositif sous trithérapie, je
suis affectueux, câlin, j’aime les soirées
simples ou enlacé dans les bras l’un
de l’autre. Cherche H 30 à 45 ans,
brun. 06.22.35.50.99.
22 : François, 44 ans, 1.75m, 68kg,
châtain courts, yeux verts noisette,
sous trithérapie. Non-fumeur,
physique agréable, tendre, câlin et
sentimental, j’aime les balades de
bord de mer. Je cherche ami 30 à 50
ans, doux, câlin, sincère, franc, sérieux,
et non-fumeur. Je voudrais construire
une belle histoire d’amour.
06.16.15.06.32. après 20H.
31 : Éric, 40 ans, 1.75m, 70kg, yeux
foncés, cheveux bruns rasés,
séropositif depuis août 2006. Je suis
sportif, j’aime le ciné, les voyages. Je
désire rencontrer un H stable, de 35 à
45 ans, pour une vie heureuse à deux.
06.68.41.89.05.
31 : Xavier, black, 29 ans, je voudrais
étendre mon cercle de relation
amicale avec filles et garçons de la
région : [email protected]
33/83 : Michel, 50 ans, 1.70m, 55 kg,
séropositif depuis 20 ans. Recherche
H tendre, câlin, affectueux, pour
s’engager dans une relation amicale et
plus si affinités. Si tu es dans le sud-est
et si, toi aussi, tu désires rompre une
solitude pesante, contactes-moi au :
06.89 10.60.55.
33 : Thierry, 36 ans, 1.78m, 67kg,
séropositif en bonne santé, j’aime la
nature, le VTT, la musique variée et le
ciné. Je cherche une relation amicale
avec un H simple et viril.
06.22.62.08.15. ou [email protected]
22 : Couple d’homos vivant en
Bretagne, région Côtes d’Armor. Nous
souhaiterions échanger avec d’autres
couples des liens d’amitié, sincères et
durables. Partageons nos expériences
ensemble ! 06.81.15.99.26.
33 : Patrick, 47 ans, 1.78m, 66kg,
châtain clair, séropositif depuis 98. Je
souhaite rencontrer l’ami, le copain, et
pourquoi pas le compagnon, pour
partager une complicité à deux et
regarder le futur entouré de
tendresse. 06.70.55.39.26.
24 : Karl, 37 ans, brun, 1.73 m, 55kg,
séropositif, aimant les sorties en plein
air, les sports de glisse, la randonnée
et la nature. Sérieux et sincère. Je
recherche F même tranche d’âge pour
relation amicale, voir plus si affinités.
06.89.55.54.25.
33 : Sophie, 48 ans, bonne santé et
non-fumeuse, aimant la vie, je
souhaiterais rencontrer un H même
profil pour partager tendresse et
affection. 06.85.78.11.52.
26 : Jean-Claude, 55 ans, 1.75m,
55kg, châtain aux yeux bleus,
séropositif depuis 1985, sans
trithérapie. J’apprécie la nature, les
animaux, la musique, le bricolage. Je
me sens seul après 28 ans avec le
même compagnon. Je cherche une
relation de confiance et amicale, si
affinités, avec un H du même âge sur
la région Drôme, Ardèche. Tél. :
04.75.60.41.53. Après 14H.
26. H, 67 ans, Séropositif en bonne
santé, sobre, non fumeur, sérieux, je
suis doux, attachant et câlin. Je vis 6
mois par an sur une plage au sud de
l’espagne. Désireux d’avancer dans la
33 : Murielle, 36 ans, 1.67m,
séropositive, africaine, gentille et
douce, simple et pleine d’espoir. Je
désire rencontrer un H du même
profil pour partager une vie a deux si
entente et affinités. Âge indifférent.
06.23.24.62.52 ou 06.33.33.81.70.
34 : Diane, femme en devenir,
transgenre, la cinquantaine, douce,
discrète et câline. Je recherche sur
région 34, ou proche, ami de 45 à 55
ans, pour partager sorties, complicité
et tendresse. 06.79.84.13.02.
34 : Jean-Claude, 40 ans, cherche
ami pour rompre la solitude et
avancer dans la vie. Car à deux, les
échanges et le soutien moral sont plus
agréables. J’aime les sorties, les
balades, et les rencontres.
06.66.51.98.54.
35 : Patrick, 46 ans, bien
physiquement, cherche H de 20 à 25
ans. Je souhaiterais construire une
relation solide. Je désire tendresse et
affection. J’ai la possibilité d’héberger
en région Bretagne. Appelez !
06.17.58.18.24.
54 : Jordan, H de 33 ans, 1.75m,
pour 65kg, séropositif, brun, mince et
agréable, en bonne santé. Je
recherche F. 18 à 30 ans pour
rencontre amoureuse et sérieuse.
06.10.54.70.41.
54 : Laurent, 45 ans, 1.71m, 74kg,
châtain, yeux bleus, séropositif depuis
2001, recherche F ou H de 30 à 40
ans, pour partager ensemble amour
et amitié. 06.19.41.20.54.
37 : Carla, la trentaine très
mignonne, séropositive depuis 2003,
sous trithérapie, souhaite une
rencontre durable et sérieuse avec H
entre 37 à 55 ans, si possible
séropositif, doux et affectueux.
J’aimerais rompre la solitude et créer
un ménage durable. 06.34.26.57.97.
56 : Georges, 57 ans, brun, barbu,
artiste peintre, séropositif. Cherche
homme doux, fidèle et non-fumeur,
pour vivre en Bretagne à mes cotés
une belle histoire d’amour. J’aime la
mer, la campagne, le vélo et la
natation. Sérieux, calme et simple.
06.67.23.95.89.
37 : Nicole, 1.70m, 56 kg, en bonne
santé et bien physiquement, d’une
allure et de caractère jeune.
Recherche ami entre 50 à 60 ans pour
contact : 02.47.66.31.54.
59 : Marie, 46 ans, mord la vie à
pleine dents. J’aime partager tous les
petits plaisirs de la vie Cherche H
fidèle et très câlin. 06.26.40.66.70.
37 : Patrick, 54 ans, brun, 1.78m, 80
kg, sérieux et travailleur avec quelques
défauts. Cherche à rencontrer une
femme, situation indifférente mais
sérieuse. Pour construire une vie à
deux simple, paisible, et heureuse.
Pour moi un couple doit être dans la
complicité et le respect mutuel.
02.47.46.24.08. ou 06.19.90.41.16.
37 : Laurent, célibataire, âgé de 47
ans, sans enfant. Je voudrais rompre
ma solitude. Je recherche une F avec
qui trouver des points de connivence,
les enfants sont bienvenus. 06.89
15.03.51.
41 : F, 1.65m, 70 kg, séropositive
depuis 10 ans, fidèle, gentille et calme.
Aimant les sorties ciné et resto.
Cherche H pour construire une vie à
deux et rompre la solitude. 06.13.34
62.12.
42 : Patrick, 41 ans, séropositif, en
bonne santé, sérieux, sincère et
toujours honnête. Je souhaite
construire un avenir de qualité, plein
de bonheur, de stabilité et de fidélité,
dans le but d’une vie à deux. Je
recherche un compagnon sur StÉtienne ou aux alentours.
06.73.36.85.00.
44 : Denis, 40 ans, 1.75m, 67 kg, yeux
marron, très sensuel et câlin. Cherche
H 28 à 40 ans athlétique, doux et très
protecteur pour câlin et tendresse.
Souvent seul, je veux rompre les
moments de solitude. 06.24.58.93.51.
45 : Angie, 35 ans, 2 enfants, ,
séropositive sans traitement. Cherche
H, de 35 à 50 ans, pour établir une
relation simple et pleine de complicité,
sérieuse et stable, afin de pouvoir
regarder la vie et l’avenir qui s’offrent
à nous. [email protected]
59 : H, 40 ans, doux, câlin, brun,
musclé, séropositif. Cherche H, 30 à
45 ans, pour rompre ma solitude.
Merci de me contacter au
06.89.17.88.76.
59 : François, 52 ans, séropositif,
1.82m, 76kg, bien physiquement,
caractère et look jeune. Je suis stable,
sérieux, et fidèle. Cherche H 40 à 48
ans, même profil, pour vie commune,
voire PACS : 06.62.52.57.03 /
03.27.32.03 81.
63 : Jean-Marc, 45 ans, 1.82m, 70kg,
Séropositif depuis 2003, sans
traitement, bien physiquement et nonfumeur. Super sportif aimant la
nature, la mer et la montagne.
Cherche à rencontrer F agréable et
sportive de 30 à 45 ans pour partager
moments et rompre la solitude.
06.32.38.29.55.
67 : Hugues, recherche F de 30 à 40
ans pour établir relation sérieuse et
amicale, voire plus si affinités :
06.62.38.84.77.
68 : Nicole, célibataire de 55 ans,
1.62m, 48kg, séropositive depuis
2005. Cherche un ami du même âge
pour briser la solitude : 03.89.66.15.37.
69 : Michel, 33 ans, 1.70m, 65kg,
africain, séropositif sans traitement.
Recherche F de 25 à 40 ans pour
partager une relation forte et vraie
dans le but de fonder un foyer.
06.99.41.26.32. ou après 18h00 :
04.69.60.45.07.
76 : F, africaine de 42 ans,
séropositive depuis 95, sous
trithérapie. Cherche un homme de 45
à 50 ans ayant la même pathologie
pour combler l’immense solitude que
je vis et pour construire une belle
histoire d’amour. 06.15.66.16.69. ou
08.92.13.51 61.
Rem63-26032007-LM.qxd
27/03/07
11:19
Page 31
31
83 : F, 41 ans, cherche à rencontrer
sur le Var H séropositif, 40 à 50 ans,
honnête, sérieux et sincère. Pour
partager des activités et des moments
sympas en vue d’une relation durable.
06.15.23.87.30.
84/13 : Jean-Luc, 37 ans, 65 kg,
1.70m, blond aux yeux verts,
séropositif depuis 2001, cherche H de
25 à 45 ans. Pour lier amitié et voire
plus si affinités. 06.78.59.36.63.
86 : Solange, 36 ans, en parfaite
santé, célibataire, calme, fidèle et sans
enfant, souhaiterait rencontrer H, âgé
de 41 à 46 ans, aimant les voyages,
sorties, et cinéma, pour construire une
vie à deux dans le but d’un mariage et
de fonder une famille. 06.70.34.89.23.
86 : Guy, 42 ans, recherche F plus de
30 ans, sans enfant pour amitié et plus
si affinités. 06.67.17.67.50.
87 : Bouchta, H, 40 ans, vivant à
Limoges. Cherche compagnie du
même âge pour rompre solitude.
Contactez-moi au : 06.23.43.17.94.
Paris et RP :
75 : Didier, 49 ans, yeux bleus,
séropositif depuis 1984, grand, mince,
mignon, souffrant d’une grande
solitude. Recherche H la cinquantaine
tendre et câlin, aimant la vie, les
voyages et surtout une vie à deux.
06.86.56.76.60.
75 : H, 46 ans, 1.72m, 65kg. Aimerais
partager son 2 pièces de 50 m2 avec
un garçon, sérieux et autonome de 35
à 50 ans, concerné par l’infection et
aimant la nature. Écrire à :
[email protected] ou par tel :
06.14.20.26.76.
75 : Abdel, 35 ans, séropositif, sportif,
travailleur, facile a vivre. Je voudrais
sortir de la solitude et partager des
moments de bonheur. 06.17.35.37.09.
91 : Myriam, jeune black de 46 ans,
sous traitement, indépendante et très
nature, cherche un compagnon
honnête qui aime : la marche, danser,
la campagne et la mer. Courriel :
[email protected]
93 : Johana, 34 ans, 1.68m, 68kg,
jeune femme séropositive depuis
2003, d’origine africaine. J’ai un enfant
en Afrique. Je recherche un homme
séropositif de 37 à 50 ans, sérieux.
Tél. : 06.99.42.07.01.
75 : H, 53 ans, désire rompre la
solitude, mince, gentil, aimant la
nature, les arts et les animaux.
Cherche amie et peut être amour avec
une personne sensible et humble. Age
indifférent. 06.71.20.84.73.
91 : Pascal, 42 ans, 1.82m pour 74kg,
séropo, depuis 10 ans, désirant
rencontrer une jeune femme sérieuse,
aimant les enfants afin de
recommencer une vie basée sur la
sincérité et l’amour. J’attends
impatiemment ton appel.
Contacts : 06.32.39.25.51 ou
[email protected]
94 : Jean-Louis, 45 ans, 1.68m, pour
68 kg, situation générale stable, goût
pour la nature, les voyages, le sport,
l’humour et la musique. Cherche
homme entre 40 à 50 ans pour
complicité et partager, dans le but
d’un échange culturel. 06.09.26.64.70.
75 : Emmanuel, 22 ans, 1.72m, 55kg,
séropositif depuis 2006, vivant seul et
dans la vie active depuis 4 ans.
Cherche H de 18 à 40 ans, pour
fonder une relation sérieuse.
06.74.33.63.82.
91 : Marie-Noëlle, jeune femme, de
25 ans, 1.65m, 60kg, séropositive,
aimerait rencontrer un homme
tendre, gentil, sérieux et sincère pour
amitié et plus si affinités.
06.84.87.58.42.
75 : Gisèle, 40 ans, séropositive,
depuis 2 ans avec traitement,
recherche homme doux, sérieux et
sincère pour partager des moments
sympas. 06.15.69.03.24.
93 : Flo, femme 42 ans, célibataire et
sans enfant, aimant le travail, les
voyages et les sorties, cherche un
homme sérieux pour fonder une
famille. 06.99.91.43.78.
75 : David, 41 ans, 1.75m, 60kg,
séropositif, gentil, indépendant.
J’aimerais rencontrer une femme
pour relation sincère. 06.61.98.12.81.
93 : Kaliana, 8 ans ; depuis 2 ans,
maman est partie au ciel. Papa
cherche une dame et moi aussi. Elle
pourrait me border dans mon lit et
me raconter des histoires avant de me
coucher comme le faisait ma
maman… [email protected]
75 : H, 34 ans, sportif, dynamique,
souhaiterait rencontrer une F 28 à 38
ans qui aurait comme désir de fonder
une famille, si affinités. 06.11.43.24.44.
75 : François, 54 ans, 1.75 m, 68 kg,
sous trithérapie, doux, sympa et très
timide. Assez seul, cherche H pour
établir une bonne amitié.
06.78.61.87.45.
75 : Jeannie, africaine de 32 ans, et
maman d’un petit garçon de 5 ans,
aimerait rencontrer un H pour fonder
une famille basée sur le respect,
l’amour, l’honnêteté et la tolérance.
06.69.65.72.43.
78 : Hervé, 38 ans, 1.74m, 62kg,
châtain, yeux verts. J’aime le ciné, la
lecture, la musique, les voyages, sans
oublier les plaisirs de la vie. Je cherche
H de 30 à 45 ans. Envoyer courriel à :
[email protected]
Directeur de la publication : Christian Saout.
Comité de rédaction : Franck Barbier, Cynthia Benkhoucha,
Agnès Certain, Yves Gilles, Cyrille Leblon, Alain Legrand,
Jacqueline L’Hénaff, Marianne L’Hénaff, Christiane MartyDouble, Thierry Prestel, Fabien Sordet, Dominique Thiéry,
93 : F, antillaise de 49 ans,
séropositive, la tête sur les épaules.
recherche personnes non- fumeuses,
sympas et discrètes pour rompre la
solitude. 06.67.33.08.67.
93 : H, séropositif, 46 ans, désire
rencontrer une femme douce, sincère,
pour amitié et plus si affinités. Dans
l’attente
de
ton
appel…
06.31.19.49.94.
93 : F, de couleur, 32 ans, 2 enfants,
1.64m, 69 kg, cherche H sérieux de 30
à 50 ans pour fonder un foyer qui
pourra illuminer le reste de notre vie
dans la gaieté, les rêves et la joie.
06.25.04.21.16.
94 : Félicienne, africaine de 37 ans,
1.66m, 75kg, sous trithérapie, en
pleine forme et dans la vie active, sans
enfant, avec désir de maternité
souhaite rencontrer H de 38 à 50 ans
pour relation durable, voire la
possibilité de fonder une famille.
[email protected] ou 06.03.18.06.40.
94 : H, 53 ans, châtain, 1.74m, 60kg,
séropositif depuis plus de 20 ans, sous
trithérapie depuis 10 ans, curieux,
calme, volontaire, compréhensif,
aimant les câlins, les voyages.
Recherche un compagnon pour
partager les bons moments de la vie,
comme les difficultés. 06.26.17.63.94.
ou [email protected]
95 : Chris, je voudrais correspondre
avec femme de 30 à 40 ans pour
relation stable, voire fonder un foyer.
Je suis une personne simple qui a la
tête sur les épaules. 06.68.44.29.26.
95 : Carine, jeune femme africaine,
1.60m, 56kg, bonne santé, 29 ans,
sans traitement, sérieuse, câline, et
pas difficile à vivre souhaite
rencontrer homme même profil de 35
à 50 ans. 06.37.00.35.26.
Photos et illustrations (avec nos remerciements) :
Soria Blatmann, Stéphane Blot, Gersende*,
Gérard Hengé, Marianne L’Hénaff, Jacqueline Maman,
Laurent Marsault, PIEM, Pierre et Gilles, Roland, Romain,
Dominique Thiéry, Emmanuel Trénado.
• Les annonces publiées visent à
rompre la solitude. Elles
n’engagent que la responsabilité
de leur auteur.
• Nous ne publierons pas de
demandes à caractère commercial
ou discriminatoire ni de
description de pratiques sexuelles.
• Nous nous réservons le droit de
raccourcir les textes un peu longs.
• La reproduction de ces annonces
est interdite.
• Nous recevons de très
nombreuses annonces et ne
pouvons publier que les premières
qui nous parviennent. Pour le
prochain numéro, envoyez-nous
votre texte avant la fin avril.
Remaides n’a aucun moyen de
s’assurer de la bonne foi des
personnes qui font paraître une
annonce ou qui y répondent :
nous invitons donc nos lecteurs
à faire preuve de la prudence
nécessaire lors de toute
rencontre avec une personne
inconnue.
À la mémoire des membres du comité de rédaction morts du
sida : Philippe Beiso, Richard David, René Froidevaux, Yvon
Lemoux, Christian Martin, Alain Pujol, Christine Weinberger.
Remerciements spéciaux à Jean Deleuze (pour ses conseils).
Le SNEG (Syndicat national des entreprises gaies) assure la
diffusion de Remaides dans les établissements gays.
Parution trimestrielle Tirage : 43 000 ex. , ISSN : 11620544.
Impression : Corlet Roto, 53300 Ambrières-les-Vallèes.
Remaides sur internet : www.aides.org
Remaides
Tour Essor, 14, rue Scandicci,
93508 Pantin Cedex
Télécopie : 01 41 83 46 19.
Les articles d’informations publiés dans Remaides peuvent
être reproduits, sous réserve de mention de la source. La
reproduction des photos et des illustrations est interdite, sauf
accord de l'artiste. L’utilisation des témoignages doit donner
lieu à une autorisation. La reproduction des petites annonces
est interdite.
CPPAP 1207 H 82735
remaides 63 - mars 2007
Abonnements, petites annonces : Ludovic Bouchet.
Maquette : Stéphane Blot, courriel : [email protected]
Laurent Marsault, courriel : [email protected]
• Pour passer une annonce,
envoyez à Remaides votre texte et
vos coordonnées (nom, adresse,
téléphone). L’annonce qui paraîtra
indiquera uniquement le moyen
que vous aurez choisi (téléphone,
boîte postale, etc.) pour permettre
aux lecteurs de vous répondre.
95 : Joy, 34 ans, bon niveau
d’instruction, travaillant dans le milieu
médical, cherche homme séropo.
Bien dans sa tête et gentil pour vie
commune. Contacts : 06.22.79.70.53.
ou [email protected]
Emmanuel Trénado.
Coordination : Dominique Thiéry
Comment
passer une PA ?
PA
76 : Eddy, 1.70m, 71kg, cheveux milongs, yeux marron vert. J’aime la vie
simple, les soirées tranquilles à deux
mais aussi sortir de temps en temps.
Cherche H entre 25 à 45 ans pour une
amitié et peut-être l’amour.
06.14.95.26.06.
Rem63-26032007-LM.qxd
27/03/07
11:19
Page 32
LE PETIT MONDE D’HENGÉ...
Interdit de campagne présidentielle
Interdit de séjour
Interdit de tabac
07Rem01
Mlle ❐ Mme ❐ M. ❐
Nom : __________________________ Prénom : ________________________________________________
Adresse : __________________________________________________________________________________________________________________
Code Postal : _____________________ Ville : ___________________________________________________________________________________
❐ Je reçois déjà Remaides et je soutiens votre action en joignant un chèque (à l’ordre de AIDeS) d’un montant de _____________________ euros.
❐ Je désire recevoir Remaides et je soutiens votre action en joignant un chèque (à l’ordre de AIDeS) de _____________________________ euros.
❐ Je désire recevoir régulièrement Remaides, mais ne peux pas vous soutenir financièrement.
❐ Je reçois déjà Remaides, mais j’ai changé d’adresse (indiquer l’ancienne et la nouvelle adresse).
AIDeS, remAIDeS, tour Essor, 14, rue Scandicci, 93508 Pantin Cedex.
Illustration : Hengé - CPPAP 1207 H 82735 - Remaides 63 - mars 2007
Abonnez-vous à remAIDeS (merci de bien vouloir écrire en majuscules.)